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Dossier pédagogique ENTRE LES MURS - cineclass

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DOCUMENTS D’ACCOMPAGNEMENTFrançaisCorpus:une éducation idéale ?Les auteurs humanistes furent à l’origined’une critique des méthodes et des contenusde l’enseignement hérités de l’époquemédiévale. L’enseignement de l’universités’était figé : il était fondé sur l’autorité, le cultede la mémoire et la méthode scolastique quireposaient sur le formalisme, le traditionalismeet le refus de la contradiction.En réaction à ce formalisme, les humanistesprônaient le développement de l’espritcritique. Il est intéressant de chercher lespoints de convergences entre les principesprônés par les auteurs humanistes etles finalités que se donne aujourd’huil’enseignement du français au lycée.DOCUMENT 1 : ERASME, Del’éducation des enfants (1529)Dans son essai, Erasme rappelle que leplaisir est l’un des moteurs essentiels del’apprentissage.Tu vas me demander les connaissances quicorrespondent à l’esprit des enfants et qu’ilfaut leur infuser dès leur prime jeunesse. Enpremier lieu, la pratique des langues. Lestout-petits y accèdent sans aucun effort,alors que chez les adultes elle ne peuts’acquérir qu’au prix d’un grand effort. Lesjeunes enfants y sont poussés, nous l’avonsdit, par le plaisir naturel de l’imitation, dontnous voyons quelques traces jusque chezles sansonnets et les perroquets. Et puis– rien n’est plus délicieux – les fables despoètes. Leurs séduisants attraits charmentles oreilles enfantines, tandis que lesadultes y trouvent le plus grand profit,pour la connaissance de la langue autantque pour la formation du jugement et dela richesse de l’expression. Quoi de plusplaisant à écouter pour un enfant que lesapologues d’Esope qui, par le rire et lafantaisie, n’en transmettent pas moins despréceptes philosophiques sérieux ? Le profitest le même avec les autres fables despoètes anciens. L’enfant apprend que lescompagnons d’Ulysse ont été transforméspar l’art de Circé en pourceaux et en d’autresanimaux. Le récit le fait rire mais, en mêmetemps, il a retenu un principe fondamental dela philosophie morale, à savoir : ceux qui nesont pas gouvernés par la droite raison et selaissent emporter au gré de leurs passionsne sont pas des hommes mais des bêtes. Unstoïcien s’exprimerait-il plus gravement ? Etpourtant le même enseignement est donnépar une fable amusante. Je ne veux pas teretenir en multipliant les exemples, tant lachose est évidente.document 2 : François RABELAIS,« Comment Gargantua fut institué parPonocrates en telle discipline qu’il neperdait heure du jour » (Gargantua,1534, Chapitre 21, texte modernisé).Rabelais fait ici la description d’uneéducation idéale, qui intègre le corpset l’esprit, et que l’on peut opposer àl’éducation absurde imposée par le« grand docteur en théologie nomméMaistre Thubal Holoferne » (chapitre 13)consistant essentiellement à savoir réciterl’alphabet dans les deux sens et à écrireen belles lettres gothiques.Gargantua se réveillait donc vers quatreheures du matin. Pendant qu’on l’astiquait,on lui lisait une page de la divine Ecriture,à haute et intelligible voix et avec unediction claire ; mission confiée à un jeunepage natif de Basché, nommé Anagnotes.En fonction du thème et du sujet dece passage, il se consacrait à vénérer,adorer, prier et supplier le bon Dieu, dont lalecture montrait la majesté et le jugementmerveilleux.Puis il se retirait aux lieux d’aisances pourse purger de ses excréments naturels. Làson précepteur répétait ce qui avait étélu en lui en expliquant les points les plusobscurs et difficiles.En revenant, ils considéraient l’état duciel : s’il se présentait comme ils l’avaientnoté le soir précédent, dans quelle partiedu zodiaque entraient le soleil et la lunepour la journéeCela fait, il était habillé, peigné, coiffé,adorné et parfumé ; pendant ce tempson lui répétait les leçons de la veille.Lui-même les récitait par cœur et entirait quelques conclusions pratiques surla condition humaine ; ils y passaientparfois jusqu’à deux ou trois heures, maisd’habitude ils s’arrêtaient lorsqu’ils avaientfini de s’habiller. Puis pendant trois bonnesheures on lui faisait la lecture.Cela fait, ils sortaient, en conversanttoujours du sujet de la leçon, et allaient serécréer au Jeu de Paume du Grand Braqueou dans une prairie ; ils jouaient à la balleou à la paume, s’exerçant le corps aussilestement qu’ils l’avaient fait auparavantde leur esprit.Ils jouaient librement, abandonnant lapartie quand ils voulaient et s’arrêtantordinairement quand ils étaient bien ensueur ou fatigués. Alors, bien essuyés etfrottés, ils changeaient de chemise et, sepromenant tranquillement, ils allaient voirsi le déjeuner était prêt. En attendant, ilsrécitaient clairement, en y mettant le ton,quelques sentences retenues de la leçon.Cependant, Monsieur l’Appétit venait, et ilss’asseyaient à table au moment opportun.Au début du repas, on lisait quelque histoireplaisante tirée des anciennes légendes,jusqu’à ce qu’il eût bu son vin.Alors, selon l’envie, on continuait la leçon<strong>Dossier</strong> <strong>pédagogique</strong> 13

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