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JEUDI 3 JANVIERLe Monde 19Dimanche 30 - Lundi 31 décembre 2007a 20.40 ARTEShackleton,aventurierde l’AntarctiqueTÉLÉFILMCharles Sturridge (GB, 2002).Avec Kenneth Branagh, LorcanCranitch, Mark McGann.Mais oui, il advient que latélévision sache rivaliseravec le cinéma. Cela grâceà la qualité du scénario,des moyens investis pourle servir à sa juste mesure,sans avoir à rougir de ladistribution, généralementrognée dans les téléfilms– surtout lesseconds rôles. Ce sont lesBritanniques, une fois deplus, qui administrent cetteleçon de savoir-faire.Ici, la star est KennethBranagh. De Shakespeareà Shackleton, l’acteur sembledécidément taillé pourles rôles extrêmes et lesépopées au long coursconduisant l’homme de lacivilisation la plus raffinéeau dépouillement radical.Mieux, le comédien prêteici son charisme à unaventurier obstiné qui, en1914, partit pour l’Antarctique,alors que l’Angleterrevenait d’entrer en guerre.Une folie, même pourSir Ernest Shackleton,déjà aguerri par plusieursmissions aux pôles : cettefois, il s’agit d’êtrele tout premier à traverserà pied et en traîneau lecontinent polaire.L’explorateur n’a mêmepas payé les dettes de saprécédente expédition,qu’importe : il porte beaule costume et possède unsens infaillible de l’organisationet de la publicité. Lematin, il use de diplomatieauprès de mécènes, à l’heuredu thé il convainc desrombières fortunées et, lesoir, mène campagne dansdes salons dorés. Avantmême d’avoir réuni lesFrank Hurley et Sir Ernest Henry Shackleton(Matt Day et Kenneth Branagh).60 000 livres nécessaires,Shackleton négocie uncontrat d’exclusivité avecle Daily Chronicle, vend lesdroits cinématographiquesde l’aventure et monte sonbureau de recrutement aucœur de Londres.Les candidatures affluentet les postulants se bousculentpour faire partie del’équipage. Une fois évincésles illuminés, vingt-huithommes sont retenus pourembarquer à bord du troismâtsbaptisé Endurance,enréférence à la devise familialede Shackleton : « Par l’endurance,nous vaincrons. »Cette maxime deviendra lafeuille de route de Schackletonaprès l’engloutissementdu navire par les glaces.Cette véritable histoirede survie, qui dura près dedeux ans dans des conditionsextrêmes, passionnales géographes et les historiens.L’adaptation signéepar Charles Sturridge restituela magnificence desétendues polaires et l’âpretédu combat mené par deshommes pour avancerdans le blizzard, se nourriret se secourir exclusivementpar eux-mêmes.Fort logiquement, cettefiction a été récompenséepar une flopée de prix,dont celui de la meilleuresérie dramatique décernépar la British Academy ofFilm and Television Arts(BAFTA) en 2003.M. S.a De lundi à jeudi 9.05FRANCE CULTURELes années« Actuel »RADIOLa Fabrique de l’histoireUne fois n’est pas coutume,nous n’avons pu écouterles quatre documentairesqu’Emmanuel Laurentin,producteur de la quotidienne« La Fabrique de l’histoire», a commandés à AnaïsKien et Perrine Kervranpour évoquer Actuel,cemagazine undergrounddu début des années 1970devenu un mensuel cultedix ans plus tard. La qualitéhabituelle de « La Fabriquede l’histoire » justifie quel’on attire l’attention sur l’extravaganteaventure quepourront suivre, delundi à jeudi, les auditeursde France Culture (ou surwww.franceculture.com) :celle d’une bande de jeunesgens qui, autour de la figurecharismatique de Jean-Fran-a 20.40 FRANCE 5Les Claquettes,quel pied !DOCUMENTAIREYves Riou et Philippe Pouchain (Fr., 2007).Première diffusion : lundi 21 décembre, 15 h 05.Une heure de bonheur ! Une fois deplus, Yves Riou et Philippe Pouchain,en joyeux « spécialistes » dudomaine, nous régalent de l’un deces chapitres savoureux qui composentle grand livre du music-hall etdu spectacle.L’humour file sa partition d’unbout à l’autre de cette histoire de l’artde danser la vie sur semelles sonores,remarquablement orchestrée par lemontage de Michel Blustein. LesClaquettes, quel pied ! (Cinétévé,TMC, Lobster Films) décline les grandesétapes de cette pratique endiabléedes origines à nos jours, sur leparquet de scènes parisiennes où seproduisent professionnels et amateursdes tap sessions.Pour le commun des mortels, l’artdes claquettes s’incarne dans lacomédie musicale hollywoodienneUn mélange de syncopes africaineset de gigue irlandaise.des années 1930-1950, sous lestraits des seigneurs et reines de latap dance – éblouissants Fred Astaire,Ginger Rogers, Gene Kelly, EleanorPowell ou encore Cyd Charisse.Or, à travers des archives aussiriches que rares, les auteurs opèrentun retour aux sources, avec cesmatches d’improvisation en sabotsou semelles de bois entre communauténoire et communauté irlandaiselors desquels, à partir des années1830, les syncopes africaines ontfusionné avec certains folkloreseuropéens, telle la gigue.A la fin du XIX e siècle,les virtuoses se produisentsur scène, où domine BillRobinson, d’une éléganceet d’une décontractionépoustouflantes, qui sera lepremier Noir à danserdevant un public de Blancs.Robinson est le premier àutiliser la pointe des piedset les frappes glissées, etc’est aussi lui qui inventecette « danse de l’escalier »que reprendront notammentles « black faces »,danseurs blancs maquillésde noir et déguisés engrooms ou en clochards.Les claquettes entrent au cinémaavec l’avènement du cinéma sonore,à la fin des années 1920. Hollywoodforme ses acteurs aux rythmes fousdes semelles d’acier – James Cagney,Joan Crawford, Clark Gable. Desenfants stars entrent dans la ronde –Samy Davis Jr, Shirley Temple, MickeyRooney, Judy Garland. A l’écran,le genre culmine en novembre 1952avec le chef-d’œuvre de StanleyDonen, Singin’in the Rain, alors quel’âge d’or s’éclipse aux sons durock’n’roll naissant…Val. C.Jean-François Bizot en 1979.DOMINIQUE FAGET/AFPçois Bizot (disparu le 8 septembre),voulaient inventerune nouvelle forme de journalismeet mettre à jour lacontre-culture en France.Les deux premiers documentairess’attachent aupremier Actuel, celui quiespérait inspirer la jeunessefrançaise en tissant unvaste réseau de contestationet de rire via la révélationdes formes d’expressionet des modes de viealternatifs à l’œuvre dans lepays. Avant Radio Nova : lagenèse (diffusé jeudi), le troisièmevolet, lui, revient surle second Actuel, paru de1980 à 1994, celui desgrands reportages de terrainécrits à la première personneet qui connut de trèsforts tirages.Martine Delahaye