11.07.2015 Views

voir le dossier Gaston Gentillon

voir le dossier Gaston Gentillon

voir le dossier Gaston Gentillon

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

V ILLE D E SA INT- MAUR-DES-FOSSESM U S E E D E SA INT-MAUR ● VI L LA M E DI CI S<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong>Eléments biographiques<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> est né <strong>le</strong> 13 septembre 1901 à Paris. Il est mort en 1992. Après uneformation artistique – il est élève de l’éco<strong>le</strong> Boul<strong>le</strong> 1 – il s’éloigne de sa vocation pourexercer une activité en famil<strong>le</strong>. D’abord, il travail<strong>le</strong> dans une exploitation agrico<strong>le</strong>familia<strong>le</strong> de 1922 à 1928. Puis, jusqu’à <strong>le</strong>ur fermeture en 1969, il est employé aux Hal<strong>le</strong>sde Paris. Il y exerce notamment <strong>le</strong> métier de « fort des Hal<strong>le</strong>s » 2 .<strong>Gentillon</strong> dans la guerre<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> entre dans la Résistance dès 1942. Il appartient aux F.T.P., Les FrancsTireurs et Partisans, proches du parti communiste. Dans un premier temps, il estmembre du « Front national Police » auprès du commissaire Lelièvre. Puis, en 1944, ils’instal<strong>le</strong> avec ses proches dans la ferme familia<strong>le</strong> de Monteaux, en Touraine, au lieu-ditLa Besnerie. Il entre alors dans <strong>le</strong> groupe de Résistance de Monteaux, où il est chargéde capter <strong>le</strong>s messages de Londres relatifs aux parachutages.Il est arrêté <strong>le</strong> 19 juin 1944 à Monteaux par la Gestapo qui vient sonner à sa porte. Apeine monté dans <strong>le</strong>ur voiture banalisée, <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands lui demandent l’adresse d’uncompagnon d’armes, dans la maison duquel son réseau se réunit régulièrement. Par ruse,il <strong>le</strong>ur indique l’adresse du père de son compagnon, pour laisser à ses camarades <strong>le</strong> tempsde s’enfuir.Il est ensuite amené au siège de la Gestapo à Blois. Il est traîné dans une cavefaib<strong>le</strong>ment éclairée, menotté aux poignets et aux chevil<strong>le</strong>s et couché sur <strong>le</strong> ventrependant plusieurs jours. Face à son refus de par<strong>le</strong>r et de dénoncer ses camarades, il estfrappé et torturé par <strong>le</strong>s officiers al<strong>le</strong>mands. Au bout de trois jours, b<strong>le</strong>ssé à la tête, i<strong>le</strong>st transporté à l’hôpital al<strong>le</strong>mand de Blois.<strong>Gentillon</strong> est ensuite transféré à la prison d’Orléans.Puis, il est envoyé au camp de Compiègne-Royallieu 3 , dans l’Oise. Il arrive dans ce camp <strong>le</strong>6 août 1944 et reçoit <strong>le</strong> numéro de matricu<strong>le</strong> 47 018.1 Ouverte en 1886, cette éco<strong>le</strong> d’arts appliqués bénéficie d’un rayonnement international.2 Le fort des Hal<strong>le</strong>s est un homme costaud, d’au moins 1,67m et capab<strong>le</strong> de porter une charge de 200kg sur60 mètres de distance. Sa fonction est de décharger <strong>le</strong>s marchandises pour <strong>le</strong>s apporter sur <strong>le</strong>s points devente.3 Le camp de Compiègne-Royallieu est un camp de transit, regroupant <strong>le</strong>s personnes destinées à êtredéportées en attendant <strong>le</strong>ur transport. Après <strong>le</strong> camp de Drancy, c’est <strong>le</strong> 2 e plus grand camp de transitFiche pédagogique réalisée dans <strong>le</strong> cadre de l’exposition<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> : Häftling, forçats en Al<strong>le</strong>magne hitlériennedu 3 avril au 27 juin 2010


<strong>Gentillon</strong> est déporté en direction de Buchenwald 4 à la mi-août. Il est transporté dans <strong>le</strong>convoi n°265, qui arrive à destination <strong>le</strong> 21 août 1944. Dans ce convoi, on compte 1249hommes, pour l’essentiel des résistants, parmi <strong>le</strong>squels des noms célèbres comme celuide Robert Antelme ou de Marcel Dassault. Seuls 52% d’entre eux sont revenus dedéportation.C’est <strong>le</strong> dernier convoi parti de Compiègne. Initia<strong>le</strong>ment prévu pour <strong>le</strong> 14 août, il estretardé par des résistants qui font sauter la locomotive du train. Les détenus quittentfina<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> camp <strong>le</strong> matin du 17 août, en camion, pour rejoindre un autre trainstationné dans la forêt de Rethondes. Ils sont chargés dans <strong>le</strong>s wagons à bestiaux dans<strong>le</strong> courant de l’après-midi.Le convoi ne part que <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain matin, 18 août et il est arrêté à plusieurs reprises enraison de tentatives d’évasion et d’essais de la Croix-Rouge pour stopper <strong>le</strong> convoi. Deplus, <strong>le</strong> consul général de Suède Raoul Nordling tente à plusieurs reprises d’arrêter <strong>le</strong>train. Le commandement militaire al<strong>le</strong>mand vient en effet de lui confier l’administrationdu camp de Royallieu. Mais <strong>le</strong>s officiers al<strong>le</strong>mands refusent de lui obéir et <strong>le</strong> trainredémarre après plusieurs heures d’arrêt en gare de Reims.<strong>Gentillon</strong> arrive donc à Buchenwald <strong>le</strong> 21 août 1944 et il reçoit <strong>le</strong> matricu<strong>le</strong> 81 238. Ilpasse sa première semaine dans <strong>le</strong> camp sous la pluie, sans abri, avant d’être affecté àune baraque.A l’issue de cette semaine, il est intégré à une unité de travail, un Kommando, affecté àla carrière située à proximité du camp. C’est grâce à sa maîtrise de la sculpture qu’ilobtient ce travail. En effet, il est initia<strong>le</strong>ment destiné au Kommando du Bau-Lager 5 . Maisil est transféré à la demande d’un Kapo 6 qui souhaite faire réaliser des sculptures dedéportés dans la pierre de la carrière. L’une des sculptures de <strong>Gentillon</strong> réalisée à cetteoccasion est d’ail<strong>le</strong>urs présentée au musée de Buchenwald.<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> est évacué de Buchenwald <strong>le</strong> 9 avril 1945, deux jours seu<strong>le</strong>ment avantla libération du camp par <strong>le</strong>s troupes américaines. <strong>Gentillon</strong> doit d’abord traverser à piedla forêt jusqu’à Weimar avant de monter dans un train, dans un wagon découvert àhouil<strong>le</strong>. Le convoi se dirige dans un premier temps vers l’Est avant de bifurquer vers <strong>le</strong>Sud pour traverser la Bohême et éviter <strong>le</strong>s troupes soviétiques, qui avancent pourrejoindre <strong>le</strong>s armées américaines.Avec un camarade, <strong>Gentillon</strong> tente à deux reprises de s’évader. Il y parvient la secondefois, vers <strong>le</strong> 20 avril, en sautant du train. Les deux fuyards reçoivent alors l’aideinattendue d’un officier de la Wehrmacht, qui <strong>le</strong>s découvre mais ne donne pas l’a<strong>le</strong>rte.Ils trouvent refuge dans <strong>le</strong> camp de prisonniers de guerre de Moosburg, à proximité deDachau, dans <strong>le</strong> sud de l’Al<strong>le</strong>magne.français. Situé à l’emplacement d’une ancienne caserne, en périphérie de Compiègne, il est placé souscontrô<strong>le</strong> de la Wehrmacht dès son ouverture en 1941 et jusqu’en 1944.4 Le camp de concentration (Konzentrazionslager) de Buchenwald est ouvert en 1937. Il est situé dans laforêt aux environs de Weimar, dans <strong>le</strong> centre de l’Al<strong>le</strong>magne.5 Il s’agit d’un kommando chargé de travaux de construction.6 Les Kapos sont des déportés à qui <strong>le</strong>s SS ont confié la gestion d’une partie de la vie du camp.Fiche pédagogique réalisée dans <strong>le</strong> cadre de l’exposition<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> : Häftling, forçats en Al<strong>le</strong>magne hitlériennedu 3 avril au 27 juin 2010


Il est rapatrié à bout de forces et en mauvaise santé <strong>le</strong> 19 mai 1945.<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> obtient <strong>le</strong> titre de déporté par décision ministériel<strong>le</strong> en date du 24août 1953. Par décret du 26 novembre 1981, il est reconnu « grand invalide » en raisondes privations et sévices subis à Buchenwald.L’aventure des carnets de croquis<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> réalise des croquis pendant toute la période de sa détention puis de sadéportation, de juin 1944 à avril 1945. Il dessine son quotidien, dans la clandestinité etau péril de sa vie, tout homme pris par <strong>le</strong> S.S. avec du matériel pour écrire dans <strong>le</strong>scamps étant passib<strong>le</strong> d’une condamnation à mort.Alors qu’il est emprisonné à Orléans, sa femme lui adresse un colis contenant deuxcarnets de croquis. <strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> explique : « Le dérou<strong>le</strong>ment de la vie matériel<strong>le</strong>m’avait déraillé de ma voie artistique, et il fallut <strong>le</strong> choc de mon arrestation et de madéportation pour réveil<strong>le</strong>r ma passion de dessiner. »Par la suite, <strong>Gentillon</strong> parviendra à conserver, parfois presque miracu<strong>le</strong>usement, cescarnets, alors même que <strong>le</strong>s S.S. multiplient <strong>le</strong>s fouil<strong>le</strong>s. Ainsi, <strong>le</strong> 17 août, juste avant demonter dans <strong>le</strong> wagon qui doit <strong>le</strong>s conduire à Buchenwald, <strong>le</strong>s déportés sont fouillés.<strong>Gentillon</strong> se déshabil<strong>le</strong> par avance, faisant mine de bonne volonté, pour étoufferd’éventuels soupçons. Il cache ses carnets entre <strong>le</strong>s plis de ses vêtements, qu’il tientdans ses bras. Sa ruse fonctionne et <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands oublient de vérifier s’il cache quelquechose dans sa veste.Dès son arrivée au camp de Buchenwald, <strong>Gentillon</strong> est informé que ses vêtements vontlui être en<strong>le</strong>vés. Les nouveaux arrivants sont en effet traditionnel<strong>le</strong>ment rasés, dévêtuset de nouveaux vêtements <strong>le</strong>ur sont assignés. Dépité, il cache ses carnets dans <strong>le</strong>scoutures de sa veste, espérant que <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands ne <strong>le</strong>s trouveront pas mais sans espoirde <strong>le</strong>s re<strong>voir</strong> lui-même. Par hasard, il se trouve que <strong>le</strong>s SS manquent en ce mois d’août1944 de vêtements et laissent donc certains déportés reprendre <strong>le</strong>urs propres habits.C’est ainsi que <strong>Gentillon</strong> retrouve ses carnets et continue à croquer son quotidienjusqu’en avril 1945. Il dit à ce propos : « C’était pour moi un besoin impérieux de notercette vie, incroyab<strong>le</strong> d’inhumanité. »A cette date, <strong>Gentillon</strong> sauve une dernière fois ses carnets alors qu’il est évacué entrain en direction de la Tchécoslovaquie. Dans une gare, il aperçoit un prisonnier deguerre français qui marche <strong>le</strong> long du quai. Il lui remet alors ses deux carnets en luifaisant promettre de <strong>le</strong>s expédier chez lui, une fois de retour en France.Lorsque <strong>Gentillon</strong> lui-même est rapatrié en France, en mai 1945, il retrouve donc sescarnets. Il passe l’été 1945 à mettre au propre ses dessins. Mais ce n’est que plus tardqu’il <strong>le</strong>s publie.Au tournant des années 1970, il fréquente un cerc<strong>le</strong> d’artistes et d’amateurs d’artgravitant autour du musée de Saint-Maur. Le conservateur du musée, Roger Grel<strong>le</strong>t, luiFiche pédagogique réalisée dans <strong>le</strong> cadre de l’exposition<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> : Häftling, forçats en Al<strong>le</strong>magne hitlériennedu 3 avril au 27 juin 2010


donne alors l’idée de publier ses dessins sous forme de lithographies 7 , en utilisant lapresse de l’atelier. <strong>Gentillon</strong> accepte – il réalise d’ail<strong>le</strong>urs lui-même <strong>le</strong>s lithographies - etc’est Vercors qui préface l’ouvrage. Le musée reçoit alors en don deux exemplaires durecueil, ce qui permet de <strong>le</strong> présenter actuel<strong>le</strong>ment dans son intégralité, recto et verso.SourcesDossier de <strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> conservé au Bureau des archives des victimes des conflitscontemporains (Service Historique de la Défense)<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> : artiste et homme d’actions, 1901-1992 : Recueil biographique réalisépar Claude <strong>le</strong> Goas, neveu de <strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong>, en 20037 Cette technique d’impression à plat consiste à réaliser un dessin sur une pierre calcaire plate, dessin quipeut ensuite être imprimé sur papier en de nombreux exemplaires.Fiche pédagogique réalisée dans <strong>le</strong> cadre de l’exposition<strong>Gaston</strong> <strong>Gentillon</strong> : Häftling, forçats en Al<strong>le</strong>magne hitlériennedu 3 avril au 27 juin 2010

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!