connaître leur aspect initial. Ces interventions, qui avaientlieu dans les ateliers des orfèvres locaux, montrent que cesbijoux ont été portés avant d’être déposés dans la tombe.Cette dernière, comme l’indique un article de Salzmannpublié en 1863, contenait de la céramique comparable àcelle découverte dans le tombeau A, un contexte funéraireinédit et très diversifié, reconstitué à l’occasion de cetteexposition.La découverte du mycénienUn des apports des premières fouilles de Rhodes fut la miseau jour, dix ans avant les fouilles de Schliemann à Mycènes,d’une céramique d’un type inconnu, comme le préciseBiliotti dans un rapport sur ses fouilles d’Ialysos, daté du 16juin 1868. Peu de temps auparavant, des chambressépulcrales contenant une céramique identique furenttrouvées à Camiros. C’est donc à Camiros et non à Ialysos,comme on le dit souvent, que furent exhumés à Rhodes lespremiers exemplaires de céramique mycénienne. À cettedate, les fouilles effectuées par Salzmann à Camiros étaientfinancées par un mécène passionné d’archéologie, AugusteParent, qui se consacra, en 1867, à la fondation d’un muséearchéologique régi par des principes très novateurs. Après ladislocation du musée parisien survenue en 1869, à la suited’une faillite du mécène, les collections furent acquises trèspartiellement par le Louvre. Une des œuvres les plus impressionnantes de cette série est le rhyton au poulpe,représenté sur la bannière de l’exposition et la couverture du catalogue.Les fouilles danoises (1902-1914)Avec les fouilles danoises, l’archéologie rhodienne entre dans l’ère des publications scientifiques et del’exploration systématique des cités. Les premières recherches se concentrèrent, entre 1902 et 1905, surl’acropole de Lindos. Les archéologues Karl Frederik Kinch et Christian Blinkenberg, assistés par desarchitectes, dont les travaux firent date, dégagèrent en grande partie le sanctuaire d’Athéna et découvrirent,dans la cavité du rocher, deux dépôts votifs qui livrèrent un très grand nombre d’offrandes : statuettes encalcaire chypriote, objets en ivoire souvent égyptiens ou levantins, coquillages de la mer Rouge avec desdécors gravés exotiques, œuvres en bronze ou en faïence, korés en marbre, etc. témoignent de la positionstratégique de Lindos comme escale sur la route maritime entre l’Orient et l’Occident.Les fouilles se sont ensuite portées sur différents points du territoire de Lindos, notamment sur le site deVroulia, à la pointe sud de l’île et à Exochi.Les fouilles italiennes (1912-1945)En 1912, les troupes italiennes, se substituant à la domination de l’Empire ottoman occupèrent Rhodes et lesîles du Dodécanèse. En dehors des restaurations effectuées dans la ville médiévale (1914-1918) et del’installation du musée, en 1915, dans l’hôpital des Chevaliers, les archéologues italiens (Amedeo Maiuri,Giulio Jacopi, Luciano Laurenzi, Luigi Morricone…) ont conduit d’importants programmes de fouilles àCamiros et à Ialysos, entraînant des découvertes spectaculaires, comme les kouroi de Camiros ou le dépôt votifdu sanctuaire d’Athéna à Ialysos, dont certaines pièces encore inédites sont présentées dans la vitrine centralede la dernière salle. Les publications de ces fouilles furent décisives pour établir et affiner les chronologies, quiintégraient désormais, avec la découverte de la nécropole de Trianda, près de Ialysos, la période minoenne,encore inconnue sur l’île. En 1937, les Italiens reprirent les travaux à Lindos et firent subir aux monuments del’acropole de pesantes restaurations visant à projeter la rhétorique fasciste dans la magnifique scénographienaturelle et architecturale du sanctuaire.10
Les fouilles grecques aux XIX e et XX e sièclesDepuis 1947, le service archéologique grec a seul en charge la sauvegarde et l’investigation des antiquités àRhodes. Le premier éphore du Dodécanèse, Ioannis Kondis, s’est concentré sur la cité de Rhodes, un des raresexemples de ville densément peuplée dont on puisse reconstituer avec certitude le plan hippodamien. Plusrécemment, l’éphorie a défini des zones archéologiques protégées en vue d’explorations futures. L’essentieldes opérations consiste en des fouilles de sauvetage, destinées à protéger et à documenter des antiquitésmenacées par des constructions modernes. Celles effectuées à Ialysos et dans les environs de Lindos ontconsidérablement renouvelé le champ de nos connaissances, notamment pour les périodes hautes.Nous présentons ici une sélection d’œuvres provenant des tombes mycéniennes de Pylona, ainsi qu’uncontexte funéraire inédit de la nécropole d’Aghia Agathè, datant du XI e siècle avant J.-C. et étonnammentriche pour cette phase tardive de l’époque mycénienne.Rhodes, terre d’échangesImportant carrefour des échanges en Méditerranée orientale, l’île de Rhodes a accueilli un nombreimpressionnant d’importations égyptiennes et surtout orientales : la Syrie, la Phénicie, la Phrygie (au nord del’actuelle Turquie), l’Ourartou (l’Arménie) et Chypre figurent parmi les régions bien représentées. Pointd’orgue de l’exposition, une large vitrine centrale présente, dans une muséographie aérienne, une mosaïque depetits objets précieux, les orientalia et egyptiaca de Rhodes, qui inspirèrent parfois l’artisanat local et quifurent trouvés pour la plupart dans les trois sanctuaires d’Athéna à Camiros, Ialysos et Lindos. On trouve aussides objets provenant des quatre coins du monde grec et du lointain Occident.Egyptiaca et orientalia trouvés dans les sanctuaires d’Athéna à RhodesUne culture mixte : la circulation des objets et des hommesSi l’hypothèse des premiers fouilleurs, convaincus de découvrir à Camiros une ville phénicienne, n’est plusadmise depuis longtemps, de nombreux témoignages archéologiques renseignent sur la mixité culturelle del’île. Quelques dossiers épigraphiques illustrent l’ampleur de ce phénomène. Le sphinx de Vroulia est unesculpture en calcaire chypriote, dédiée dans un sanctuaire grec et présentant sur l’aile une inscription enalphabet phénicien. Autre exemple, les fragments d’un même vase présentant une inscription grecque et uneautre, phénicienne. Par ailleurs, l’importance des vases de style chypriote, syrien ou phénicien tournés dans11