12.07.2015 Views

lettre du ministre général des frères mineurs aux sœurs ... - OFM

lettre du ministre général des frères mineurs aux sœurs ... - OFM

lettre du ministre général des frères mineurs aux sœurs ... - OFM

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>lettre</strong> <strong>du</strong> <strong>ministre</strong> général<strong>des</strong> frères <strong>mineurs</strong><strong>aux</strong> sœurs pauvresde sainte claire


Mes chères Sœurs,Que le Seigneur vous donne la paix!Tandis que nous nous préparons cette annéeencore à célébrer la fête de la mère sainteClaire, mon cœur et mon esprit retournentspontanément au Congrès <strong>des</strong> Présidentes<strong>des</strong> Fédérations <strong>des</strong> Sœurs Clarisses, quenous avons convoqué au début de cette annéeà Assise. Avec vous toutes, je veux encoreremercier le Seigneur pour les jours richesde grâce que nous avons vécus ensemble.Convoquées de tous les angles de la terre,comme dans une nouvelle Pentecôte, l’Espritnous a disposés à l’écoute pour que nouscomprenions <strong>des</strong> langues et <strong>des</strong> expériencesdiverses ; il nous a donné d’expérimenterla joie d’être une seule et grande famillemultiforme; il nous a enflammés de son feu,en nous faisant ressentir l’urgence de naîtrede nouveau (cf. Jn 3,3), pour renouvelernotre fidélité à l’unique Seigneur de notrevie, celui auquel nous avons promis de suivreles traces. Dans un climat de prière et departage, pèlerins sur les lieux de François etde Claire, nous nous sommes abreuvés <strong>aux</strong>sources de notre charisme, à la grâce <strong>des</strong>origines, en admirant une fois de plus saforce et sa fraîcheur. Quelques engagementsconcrets pour la vie <strong>des</strong> Fédérations ont surgiégalement et vous avez tracé un itinérairecommun, qui vous accompagnera vers le 8 èmecentenaire <strong>du</strong> commencement de la vie <strong>des</strong>ainte Claire à saint Damien, qui se célébreraen 2012.Même s’il est impossible de rappeler icitoute la richesse de ces journées, je voudraisinsister quelque peu sur la communion devie qui s’est créée aussitôt parmi vous, signeévident de votre unité au sein d’une mêmeexpérience charismatique, qui l’emportesur toute différence de race, de langue et deculture. C’est dans cette profonde communion,que se révèle la Bonne Nouvelle que vousêtes appelées à porter au monde, témoignantqu’en Jésus-Christ nous sommes tous fils etfilles d’un même Père, frères et sœurs entrenous, capables de relations « nouvelles », entant qu’hommes et femmes qui « ne sont pasnés <strong>du</strong> sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’unvouloir d’homme mais de Dieu» (Jn 1,13).Cette même expérience de fraternité, vécuedans l’observance de l’Évangile, en sainteunité et très haute pauvreté, est à la base de lavie de Claire et de ses Sœurs à saint Damien,et à huit siècles de distance, elle engendreencore l’étonnement, interpelle et demandede se laisser convertir au Seigneur.f e m m e s é va n g é l i q u e sL’aspect mis immédiatement en évidencepar les témoignages <strong>des</strong> Sœurs de Claire auProcès de Canonisation, c’est la simplicitéévangélique de la vie menée à Saint-Damienet la forte communion qui reliait les Sœursentre elles. Ces deux éléments sont étroitementunis, parce qu’une Fraternité est d’autant plusévangélique que ses composantes croissent dansle partage de l’expérience de foi, d’où jaillit lavraie communion: « la communion naît <strong>du</strong>partage <strong>des</strong> biens de l’Esprit, un partage de foiet dans la foi, où le lien de fraternité est d’autantplus fort qu’est plus central et vital ce qui se meten commun» (Vie fraternelle en communauté [=VFC] 32). Ce sera donc le partage de l’expériencede foi dans le Seigneur Ressuscité, central dansla vie de chaque Sœur Pauvre, qui construira laFraternité. Et c’est l’Église elle-même qui noussuggère depuis toujours les voies à suivre pouraccomplir ce chemin, en nous offrant aussi lesinstruments nécessaires. En premier lieu, celuide l’écoute communautaire de la Parole: «Lepartage de la Lectio divina et <strong>des</strong> réflexionssur la Parole de Dieu a été particulièrementfructueux pour nombre de communautés […]Là où elle se pratique spontanément et dans unconsensus commun, cet échange nourrit la foi etl’espérance, tout comme l’estime et la confianceréciproque favorisent la réconciliation etalimentent la solidarité fraternelle dans la prière»(VFC 16). La prière devient ainsi le lieu où laSœur Pauvre, unie à d’autres Sœurs, accueillela parole de Dieu, assimile les sentiments quifurent ceux <strong>du</strong> Christ Jésus (cf. Phil 2,5) et, parla contemplation, se transforme tout entière enimage de sa divinité (cf. 3LAg 12-13). En effet,c’est en vivant dans l’amour de la Parole qu’ondevient demeure de la Trinité (cf. Jn 14,23) etqu’on acquiert ce regard de foi grâce auquel onpeut aussi percevoir le visage de l’Aimé danscelui <strong>des</strong> frères et <strong>des</strong> sœurs, en apprenant àlire les signes <strong>des</strong> temps et <strong>des</strong> lieux commes’ils étaient habités par l’espérance. C’est ainsique, quand les Fraternités se laissent guider parla parole de l’Évangile, elles expérimententet rendent visible la présence de l’Esprit dansl’histoire, proclamant par la parole et parl’exemple (cf. Adm 7, 4), que Dieu seul est « lebien, tout bien, le bien suprême » (LD 3). Larencontre personnelle et fraternelle, surtout de latable de la Parole et de l’Eucharistie ouvre doncà ce que l’Esprit suggère pour aujourd’hui (cf.Ap 2, 29) et permet de ne pas fuir la réalité maisd’aller à sa rencontre, pour découvrir qu’elleest toujours habitée par Dieu même dans sesaspects dramatiques.


La Sœur pauvre est donc appelée à être une «femmeévangélique », tout comme le disait Jean-Paul II de sainteClaire, «en qui resplendit de manière toute spéciale lemystère <strong>du</strong> Christ» (Rencontre avec les Clarisses et lesSœurs cloîtrées au Proto-monastère d’Assise, le 10janvier 1993). Une femme amoureuse, convaincue queson accomplissement ne peut advenir qu’en suivant leSeigneur sur un chemin de foi partagée avec les Sœurs,femme réconciliée avec son histoire personnelle, mêmelorsqu’elle est marquée par de profon<strong>des</strong> blessures,désireuse d’adhérer au projet évangélique, même quandil dépasse sa compréhension personnelle.e n s a i n t e u n i t éLa vie fraternelle clarienne, fondée sur l’écoutede l’Évangile qui se fait vie, trouve dans « l’unité del’amour mutuel » (RsC 10,7) sa première et sa pluséloquente expression. Cette unité, vécue dans l’accueilet la valorisation de la diversité d’autrui, insère laSœur pauvre dans un processus dynamique, un état deformation permanente, où existe toujours et à nouveauun appel à instaurer <strong>des</strong> relations authentiques avec soimême,avec les Sœurs, avec les autres et avec Dieu.De cette manière « la personne consacrée se libèreprogressivement <strong>du</strong> besoin de se mettre au centre detout et de posséder l’autre, et de la peur de se donner<strong>aux</strong> frères; elle apprend plutôt à aimer comme le Christl’a aimée, grâce à cet amour qui s’est répan<strong>du</strong> dan soncœur et la rend capable de s’oublier elle-même et de sedonner comme l’a fait son Seigneur» (VFC 22). Unefemme experte dans la vie de restitution de l’amour, queDieu a répan<strong>du</strong> dans son cœur (cf. Rm 5,5), à traversles paroles, les sentiments, les comportements et leschoix quotidiens. La Sœur Pauvre ne trouve pas dansla communauté un refuge commode, mais le lieu oùelle s’engage à construire la communion, se sentantcor-responsable de la fidélité <strong>aux</strong> choix de la Fraternité,favorisant un climat de sérénité, de compréhension etd’aide mutuelle (cf. VFC 57).En se gardant «de tout orgueil, vaine gloire, envie,avarice, souci et préoccupation de ce siècle, critique etmurmure, dissension et division» (RsC 10,6), chaquejour un peu plus, la Sœur Pauvre fait confiance àsa Fraternité et, en même temps, la soutient en lacontemplant dans le mystère de Dieu. Dans cettecontemplation, elle exprime, donc, son action de grâcespersonnelle pour ce qu’elle reçoit sans cesse de laFraternité. En effet, une vraie Fraternité se forme dansla contemplation de cet amour trinitaire, où l’on apprendà découvrir la beauté et la dimension positive d’autruiainsi que la sienne, à orienter ses besoins en tenantcompte <strong>des</strong> autres, à rester toujours ouvert à la relation,comme Dieu le fait avec nous, même quand nous ne luisommes pas fidèles (cf. 2Tim 2, 13). Seulement si elleest illuminée et soutenue par cet amour, il sera possibleque la sainte unité vainque les conflits inévitables etreste intègre au-delà de ces tensions : « Il est toujourspossible d’améliorer et de cheminer ensemble vers lacommunauté qui sait vivre le pardon et l’amour. Lescommunautés, ne peuvent en effet éviter tous les conflits.L’unité qu’elles doivent construire est une unité quis’édifie au prix de la réconciliation » (VFC 24). Quan<strong>du</strong>ne Fraternité de Sœurs Pauvres entreprend ce chemin,comme le demande l’Église, elle devient une véritableécole où s’apprend la spiritualité de communion (cf.Novo Millennio Ineunte 43).Il importe de se former et de se laisser former à uneparité <strong>des</strong> relations au sein de la Fraternité, dans le respectde la différence naturelle <strong>des</strong> rôles. En particulier, cellequi a reçu dans la Fraternité le ministère de l’autoritéest appelée à vivre cette « obédience » particulière, surles traces <strong>du</strong> Christ venu pour servir et non pas pourêtre servi (cf. Mt 20,28). Pour ce motif, au service <strong>des</strong>Sœurs, tout comme Claire, l’Abbesse sera la premièreà cultiver la vie dans l’Esprit, à exercer le discernementnécessaire au sujet <strong>des</strong> Sœurs et de la Fraternité, en selaissant guider par la Parole de Dieu, par la Règle et parles Constitutions; elle sera une diligente animatrice dela vie liturgique parce que celle-ci constitue le cœur dela vie de la Fraternité; elle sera attentive <strong>aux</strong> dons quechaque Sœur a reçus <strong>du</strong> Seigneur et les promouvra; elleinsufflera courage et espérance chez celles qui viventdans les difficultés et la souffrance; elle aura soin demaintenir vivants le charisme et le sens ecclésial de laFraternité; elle accompagnera le chemin de Formationpermanente <strong>des</strong> Sœurs (cf. Le service de l’autorité etde l’obéissance 13). Mais la sainte unité sera observéeavec respect par chaque Sœur dans la mesure où elleabandonnera sa propre volonté afin d’accomplir celle<strong>du</strong> Père, dans l’obéissance et selon l’exemple <strong>du</strong> Christ(cf. 2Lf 11). «Il peut cependant advenir à la personneconsacrée elle-même ‘d’apprendre l’obéissance’ àpartir de la souffrance, ou bien de certaines situationsparticulières et difficiles: quand, par exemple, onlui demande d’abandonner certains projets et idéespersonnelles, de renoncer à la prétention de gérerseule sa vie et sa mission; ou chaque fois que ce quilui est demandé (ou qui le lui demande) lui semblehumainement peu convainquant. Qui se trouve dans detelles situations n’oubliera pas alors que la médiationest limitée de par sa nature et inférieure à ce à quoi ellerenvoie, d’autant plus s’il s’agit de médiation humaineface à la volonté divine; mais elle se souviendra aussi,chaque fois qu’elle se trouvera face à un commandementlégitime, que le Seigneur demande d’obéir à l’autoritéqui le représente à ce moment-là et que le Christ luimême‘a appris l’obéissance à travers les épreuvesqu’il a soufferts’ » (Le service de l’autorité et del’obéissance 10).s a n s r i e n e n p r o p r eCe chemin de liberté qui permet de suivre enFraternité le Seigneur <strong>des</strong> seigneurs, implique aussi,pour être crédibles et fidèles à la vocation personnelle,


une pauvreté <strong>des</strong> biens qui, en situant les Sœurs au mêmeniveau que celui <strong>des</strong> pauvres, les rend fidèles imitatricesde Jésus-Christ, qui s’est fait pauvre pour nous en cemonde (cf. RsC 8,3). Ainsi, tandis qu’elles témoignerontd’avoir trouvé la perle précieuse, les Sœurs Pauvreschoisiront de partager le sort <strong>des</strong> pauvres, avant toutparce que « la pauvreté évangélique est une valeur enelle-même, car la première <strong>des</strong> Béatitu<strong>des</strong> nous renvoieà l’imitation <strong>du</strong> Christ pauvre. Sa première signification,en effet, est de témoigner de Dieu comme vraie richesse<strong>du</strong> cœur humain. Mais c’est justement pour cette raison,qu’elle conteste avec force l’idolâtrie de Mammon, ense proposant comme un appel prophétique face à unesociété qui, en tellement d’endroits <strong>du</strong> monde <strong>du</strong> bienêtre,risque de perdre le sens de la mesure et le sensmême <strong>des</strong> choses» (Vita Consecrata 90).Dans la Lettre Claire d’Assise et d’aujourd’hui de2004, je vous avais invitées à faire une évaluation de lapauvreté, en vous orientant à partir de questions que jeconsidère encore importantes aujourd’hui: « Commentexprimons-nous concrètement ‘ le vivre sans rien enpropre ‘ ? Quelle formes de pauvreté et de minoritésommes-nous appelés à ‘inventer’ ou à ‘récupérer’, pourque notre engagement à ‘vivre sans rien en propre’ soitvraiment un témoignage visible et crédible, significatif etsignifiant ? Quel est le vrai fondement de notre pauvreté ?Sommes-nous convaincues que l’’itinérance’, compriseavant tout comme désappropriation et liberté d’esprit,soit une caractéristique de la vocation franciscaine etclarienne et une exigence de notre ’vivre sans rien enpropre’ ? Quelles sont notre attitude et notre dispositionface <strong>aux</strong> changements que, par nécessité, nous devonsentreprendre ? » Il s’agit d’une invitation, chères Sœurs,à vivre fidèlement votre forme de vie pour être un signeprophétique, une présence historique de Dieu dans lemonde.Le cri <strong>des</strong> pauvres, qui monte jusqu’à Dieu, ne peutpas vous laisser indifférentes. Dans vos Constitutions,à propos <strong>du</strong> témoignage de la pauvreté, on écrit ceci :« Dans toute leur manière de vivre, aussi bien indivi<strong>du</strong>elleque collective, les Sœurs donneront un témoignage depauvreté, et en esprit de solidarité, se conformeront àla teneur de vie d’une grande part de l’humanité, quivit dans le monde en condition d’indigence» (CCGG153,3). Les pauvres nous poussent à <strong>des</strong> choix concrets,en assumant aussi dans les signes extérieurs une viecohérente dans sa simplicité.Comme vous êtes appelées à suivre le Christ pauvreen conformité, si cela s’avère nécessaire, vous irez àla recherche de nouvelles formes d’expression del’Évangile, à travers un témoignage plus visible depauvreté aussi bien personnelle que fraternelle. Je penseaussi à l’importance <strong>du</strong> travail dans notre vie, en tantqu’instrument privilégié de partage de la précarité <strong>des</strong>personnes qui travaillent et vivent normalement grâce àun salaire indivi<strong>du</strong>el.Le monde a de plus en plus besoin de témoins,de personnes qui, par la grâce de Dieu, se donnenttotalement, de « femmes capables d’accepter l’inconnuede la pauvreté, d’être attirées par la simplicité etl’humilité, amantes de la paix, immunisées contre lescompromis, décidées à l’abnégation totale, libres et enmême temps obéissantes, spontanées et tenaces, douceset fortes dans la certitude de la foi » (EvangelicaTestificatio 31).Et pour cette raison, alors que nous nous préparonsà célébrer la solennité de sainte Claire, je prie aussi afinque, par sa maternelle intercession, le Seigneur vousconcède de rendre grâces chaque jour pour le granddon de la vocation que vous avez reçue, de la protégerjalousement et de la renouveler continuellement, etqu’ainsi chacune d’entre vous soit toujours d’avantageun exemple et un miroir, non seulement pour les autres,mais aussi pour ses propres Sœurs (cf. TestsC 19).Très chères Sœurs, «Soyez toujours <strong>des</strong> amantesde Dieu, de vos âmes et de toutes vos Sœurs, et soyeztoujours soucieuses d’observer ce que vous avez promisau Seigneur» (BénsC 14).Que le Seigneur vous bénisse toujours et partout!Roma, 3 juillet 2008Fête de saint Thomas Apôtre.Votre frère et serviteur,Fr è r e Jo s é Ro d r i g u e z Ca r b a l l o, <strong>OFM</strong>Ministre généralProt. 099122

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!