Vivre Ensemble -Octobre 2007 - Créteil

jusqu’à l’absurdela musique (L’Enlèvement au sérail de Mozart en 2003), ilssignent une nouvelle création en 2004, Les Étourdis, qu’ilsreprennent cette année, notamment à la Maison des Arts.Des défaillants jubilatoires…Inadaptés de génie, Les Étourdis chantent et dansent les facétiesburlesques du monde de l’entreprise. Une irrésistiblegalerie de portraits où l’emballement de la technique est auservice de la plus absurde des productions, relayée par unetribu d’employés dont l’incapacité à mener à bien leurs tâchesest d’autant plus jubilatoire qu’elle est absurde. MachaMakaeïeff les définit avec tendresse : “Les Étourdis sont desdéfaillants. Ils manquent. On les croirait en lévitation tellement ilssont dans le vertige. Entre imperfection et manquement, au risquede s’envoler, ils cherchent à aimer. La musique les soulève. Ils jubilentau moindre rythme, sont dansants pour un oui ou pour un non,c’est leur ivresse. La caravane, le scaphandre, le chat hargneux dansla corbeille à linge, le chien qui ne veut rien, le détecteur et lesclaques qui échappent… Le hasard comme un courant d’air, souvent,déplace tout. Les étourdis basculent alors du côté de nos mauvaissentiments, par inadvertance.”Au milieu de la nouvelle troupe de comédiens qui travaillentdésormais avec Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff, lephénoménal Patrice Thibaub, déjà aperçu dans La Cour desgrands, leur précédent spectacle, joue un chef de servicehypertendu, à moitié givré. Il règne sur son petit monde d’employésà d’infimes besognes qui accumulent gaffe sur gaffe etinstaurent sur le plateau une poésie loufoque sans pareille.Ce chef acariâtre traite son personnel en laquais, mais sonpouvoir si autocratique rend hilare et emmène tranquillementson petit monde à “péter les plombs”. Se dessine alors uncapharnaüm kafkaïen composé de chorégraphies incertaines,de scènes de mime, de ventriloquie, d’un torrent d’onomatopées,de gags et de sketches récurrents servis par une pléiadede comédiens inénarrables aux manettes d’une inventionthéâtrale surréaliste. Les portes claquent, le fax doit être prispar surprise, un emballeur semble perdu corps et biens aufond d’un carton, une chienne désobéit à la perfection tandisque son maître, sérieux comme un pape, joue du ukulélé…L’entreprise devient une boîte à malices, avec chausse-trapeset brimades burlesques. Du théâtre à l’inventivité visuelleet scénique inégalable, de la satire comique de haut vol, dela pure poésie.■Les Étourdis, du 10 au 13 octobre à 20h30à la Maison des Arts.Réservations au 01 45 13 19 19,ou en ligne : maccreteil.comVIVRE ENSEMBLE N° 275 • 39