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Télécharger le numéro au format pdf - Collectif Jeune Cinéma

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J’avais diverses données distinctes sur ma tab<strong>le</strong> de travail :<strong>le</strong>s quatre plans-séquences, une vague trame fondée sur l’ordonnancementde souvenirs à discipliner et à mettre en forme et<strong>le</strong>s actrices. Othello, mon opérateur, me prévint, à un moment,qu’il ne disposerait pas d’un chargeur de 120 mètres et que <strong>le</strong>splans séquences ne pourraient être filmés dans la continuité. Celam’orienta vers un art du fragment.À partir de là, je me suis mis à écrire, sur deux cahiers différents,<strong>le</strong> texte qui serait lu et mis en espace sur <strong>le</strong>s images (surl’un) et la composition de ces dernières (sur l’<strong>au</strong>tre). L’axiomeque je devais gérer et actualiser consistait à créer <strong>le</strong> plus demini-événements à partir d’une forme et de moyens très épurés.Pas question de faire entrer <strong>le</strong> processus de la fiction <strong>au</strong> nive<strong>au</strong>de dialogues réels entre <strong>le</strong>s protagonistes : il <strong>au</strong>rait fallu desmoyens gigantesques et un ta<strong>le</strong>nt de directeur d’acteurs que jen’avais pas.L’analogie, l’inspiration, la voyance poétique m’on aidés et servis.Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda, m’a donné <strong>le</strong>s grandes lignes demon texte. Il est question, dans ce film, d’une jeune femme qui,après avoir subi un examen, sillonne la vil<strong>le</strong> durant deux heuresen attendant, inquiète, <strong>le</strong>s résultats des analyses (el<strong>le</strong> a peurd’avoir une maladie incurab<strong>le</strong>).Cet élément du texte (qui se trouve à la toute fin de Lucy en miroir)a été écrit en premier. Céline et Julie vont en bate<strong>au</strong>,un merveil<strong>le</strong>ux film de Jacques Rivette sur l’illustration, touteen nuances, d’un complicité féminine, me donna, d’abord, l’idéed’écrire uniquement un dialogue entre <strong>le</strong>s deux femmes ; conversationqui porterait sur <strong>le</strong>ur vie, <strong>le</strong>urs espoirs ou <strong>le</strong>urs désillusions.Mais tout fut remis en question lorsque je revis Le Méprisde Godard. En effet, tous <strong>le</strong>s axes de mon projet demeuraientinachevés, dans l’impasse. Comment lier, d’une manière ou d’une<strong>au</strong>tre, tous ces éléments ? La mémoire héritée de Resnais, une parabo<strong>le</strong>sur la culpabilité issue du Mépris : voilà qui commençaità organiser l’ensemb<strong>le</strong>. Quel<strong>le</strong> conclusion donner ? Seu<strong>le</strong> l’hypothèsed’une œuvre en devenir et d’une fin ouverte peut offrir unecohérence à un projet de ce type.À l’orchestration des voixIl n’y <strong>au</strong>rait plus qu’une seu<strong>le</strong> voix, mais quatre pour cimenterdes données <strong>au</strong>ssi dispersées. La mienne, cinéaste présentant, <strong>au</strong>fur et à mesure que défi<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s séquences, <strong>le</strong>s bribes de la fictioninterrompue par des considérations sur <strong>le</strong> film en train de sefaire.

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