© Sven LaurentLuc Jabon,Président du Comité belge de la <strong>SACD</strong>2
Le chaudronde la créationDepuis que l'auteur est plongé dans la forêt de la révolution numérique/technologique,depuis que la crise frappe les budgets culturels, on finirait par oublierquelques fondamentaux.Or, au-delà ou en deçà de tout appareillage technique, et quel que soit le support, ily a toujours le temps de la création. Que ce temps soit solitaire ou collectif, il relèveraimmanquablement d'une conjonction entre une idée, une intuition, et unetrace, une empreinte que cette création laissera dans le réel (écriture, voix, image,musique, son, geste chorégraphique, etc.) Cette conjonction peut être fulgurante aupoint que la trace passe avant l'idée (le jet du peintre). Elle peut aussi mûrir longtempsà l'esprit, dans les corps, jusqu'à ce qu'un résultat se concrétise.Après ce moment d'imagination initiale, vient évidemment le travail pour qu'unecréation prenne sa forme définitive. Puis, parfois longtemps après, il y aura ou noncet accord du monde envers l'œuvre réalisée.Négliger l'importance de ce temps de la création et le travail qui en découle estl'erreur trop souvent commise par les tenants de la logique purement financière.Ceux-ci, à force de s'intéresser uniquement aux effets commerciaux d'une oeuvre,finissent par s'imaginer que cette oeuvre se crée toute seule ou qu'ils pourraientmême en (pré)déterminer la naissance.C'est oublier que la logique de la création est celle du risque, de l'aventure, de lachance, de la liberté, de la diversité. Sinon, nous ne ferions que reproduire ce quinous est déjà donné. Même si cette logique se conjugue avec l'économique (il faut del'argent pour produire, créer, vivre - un peu - de ses œuvres), sa finalité reste, duranttout le temps de la fabrication, indécise, fragile, ouverte.C'est à la lumière de notre attachement accordé à ce moment de création et à ce travailde l'œuvre et de son/ses auteur(s) que prennent sens l'engagement et l'activitéde la <strong>SACD</strong>. D'abord en cherchant inlassablement à protéger la liberté de créationet à valoriser le travail qui la constitue. En plaidant également pour que l'auteursoit au centre des dispositifs d'aides et de subventions publiques. En combattantenfin des préjugés politiques encore tenaces selon lesquels l'autonomie de la création,c'est juste un auteur qui invente dans son coin, imperméable aux enjeux économiquesqui le dépassent, indifférent aux politiques culturelles qui soutiennentson activité artistique.3