Relations sémantiques N1-N2 dans les composés timbre-poste

1. IntroductionLa typologie des unités lexicales composées du français est extrêmementcomplexe, et le demeure même si on s'intéresse aux seuls composés binominaux(NN). Les composés timbre-poste peuvent se définir cependant assez simplement dela façon suivante : ce sont des composés endocentriques avec N1 comme recteur ettête, pour lesquels le test sémantique(art.) N1N2 est (comme) (art.) N2donne des énoncés anormaux. Ainsi, poisson perroquet ou voiture balai ne sont pasdes composés timbre-poste, alors que compte titres ou micro trottoir répondent aucritère.Il existe, et c'est là que la complexité d'ensemble de la situation réapparaît, dessous-classes sémantiquement intermédiaires pour lesquelles la prise de décisionquant à la normalité de l'énoncé-test doit reposer sur des considérations référentielleset logiques qui ne sont pas à la portée de l'informateur non-linguiste : c’est entreautres le cas lorsqu'une relation mérologique est impliquée, comme dans poissonscie ou locomotive tender. Dans l'ensemble, cependant, le critère ci-dessus permetd'isoler une classe nombreuse, intuitivement unique, mais apparaissant à premièrevue comme regroupant une infinité de sous-classes relationnelles. Il s'agit donc dedépasser une définition essentiellement négative pour parvenir à une meilleurecompréhension de la situation sémantique qui se cache derrière la multiplicité dessous-classes. Comprendre le fonctionnement des composés est en effet désirable dupoint de vue fondamental de la linguistique du français, mais aussi parce qu'enT.A.L.N. (Traitement Automatique des Langues Naturelles), l'analyse des composésnon préalablement stockés dans le dictionnaire reste un problème redoutable.Un obstacle considérable sur cette voie est constitué par la prolifération endiscours, et notamment dans le langage de la publicité et des médias, de suites NNoccasionnelles à substantif épithète (Noailly 1990) du genre événement minceur,cadeau saveur, collier vérité, de toute évidence non-lexicales, mais qu'il estpratiquement impossible de distinguer formellement des unités lexicales que sont lescomposés timbre-poste car le français ne manifeste pas de traces de la lexicalité auniveau du signifiant, notamment parce qu'il n'a pas d'accent lexical et que le traitd'union est employé de façon erratique. La lexicalité des suites NN étudiées a étévérifiée par leur présence dans les dictionnaires, mais aussi sur le moteur derecherche Google, qui se prête bien à une exploitation comme concordancier. Larecherche présentée a porté sur une collection d'unités rassemblées au fil desrencontres sur plusieurs années, ainsi que par dépouillement de terminologies, etdont l'effectif est actuellement supérieur à 600.2. Recherches antérieuresLa littérature sur les composés français, dont l'étude princeps semble remonter à1874 (Darmesteter) est abondante, mais il y a un contraste étonnant entre sonétendue et ce qui y est dit sur les composés timbre-poste, notamment sur leurs