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ExpériencePeut-on respirersans risques à Habay ?Apprendre aux enfants à jong<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s lichens, partir ensuite pour de vrais re<strong>le</strong>vés sur <strong>le</strong> terrainet interpréter la qualité de l’air dans <strong>le</strong> village.8Mesurons <strong>le</strong>s pollutionsC’est avec la collaboration deVinciane Schockert etDominique Renoy, animateursdu CRIE de Habay que Mme Rauschet ses élèves de 5 et 6 e primaire de l’éco<strong>le</strong>de la Communauté française deHabay mènent depuis l’année dernièreun projet de sensibilisation à l’environnementsur <strong>le</strong> thème de l’utilisation deslichens comme indicateurs de pollutionatmosphérique. « Nous <strong>le</strong>ur avons proposéce thème parce que <strong>le</strong>s enfants souhaitaienttravail<strong>le</strong>r sur la qualité de l’air mais nesavaient pas vraiment de quel<strong>le</strong> façon aborder<strong>le</strong> problème. C’était une grande expériencecar nous n’avions jamais traité des lichensavec des enfants et nous craignions vraimentque ce thème <strong>le</strong>s dépasse », confie Vinciane.Le jeu de l’observationAprès avoir scruté quelquestroncs d’arbres dans <strong>le</strong>s pelousesde <strong>le</strong>ur éco<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s enfants observenten classe, une dizained’espèces de lichens à utiliserpour déterminerla qualité de l’air.Vus de tout près,c’est vrai qu’ilssont très différents<strong>le</strong>s unsdes autres !Par groupeet en travaillant<strong>le</strong>ursens del’observation,<strong>le</strong>senfantsapprennentà différencier<strong>le</strong>slichens enréalisant euxmêmesune cléd’identification àpartir de la forme,la cou<strong>le</strong>ur, la tail<strong>le</strong>, <strong>le</strong>saspérités, l’épaisseur…Cette étape apparaît capita<strong>le</strong>pour la suite du projet car sur <strong>le</strong>terrain ils devront être capab<strong>le</strong>s de différencier<strong>le</strong>s espèces. D’autre part, cettedémarche <strong>le</strong>s incite à être vraimentactifs dans la découverte et l’appropriationde la matière.Bien sûr, il existe bien plus de lichensdans la réalité ! Mais comment faireSYMBIOSES n o 48 – Automne 2000pour reconnaître 300 espèces enquelques mois et avec quel intérêt vuque tous <strong>le</strong>s lichens ne sont pas de bonsindicateurs de la qualité de l’air? Évidemment,avec 10 espèces supplémentaires,<strong>le</strong>s résultats que nous obtiendrionsseraient peut-être plus fins, plusprécis mais ce que nous voulons avanttout, c’est développer une sensibilisationà la qualité de l’environnement, etplus précisément, à la qualité de l’air.L’album de famil<strong>le</strong>Après quelques notions sur labiologie des lichens, <strong>le</strong>s enfantsconnaissent déjà pas mal dechoses sur cette symbiose 1 . Encore fautilêtre sûr qu’ils ne se tromperont pasdans l’identification sur <strong>le</strong> terrain. C’estpourquoi <strong>le</strong>s enfants réalisent un carnet« photos » et la carte d’identité denos lichens, ce qui <strong>le</strong>ur permet de faire<strong>le</strong> point sur <strong>le</strong>s caractéristiques dechaque lichen. Aussi, pour êtresûr de ne pas s’emmê<strong>le</strong>r <strong>le</strong>spinceaux avec desnoms latins, l’équipedu CRIE fait<strong>le</strong> choix d’utiliser<strong>le</strong>s nomsde code enfonction de<strong>le</strong>urs caractéristiques.P a rexemp<strong>le</strong>,« la saladefrisée » aulieu dePlastimatiaglauca,« <strong>le</strong> lichenorangé » àla place deXanthoria parietina.Aprèss’être entraînés àla reconnaissancedes lichens dans <strong>le</strong>urjardin, <strong>le</strong>s enfants sontamenés en forêt, histoire devérifier l’efficacité du carnet photos etde <strong>le</strong>urs identifications. « Et là, quel<strong>le</strong>surprise! Nos jeunes lichénologues jong<strong>le</strong>ntavec <strong>le</strong>s noms latins comme des vrais “pro”!Nous <strong>le</strong>s avions vraiment sous-estimés. Quel<strong>le</strong><strong>le</strong>çon ! Nous continuons à “latiniser” jusqu’àla fin du projet », s’enthousiasmeVinciane.Enfin des mesures !Les enfants réalisent ensuite desre<strong>le</strong>vés par petits groupes suivantdes itinéraires définis en forêt, àla périphérie du village, dans celui-ci et<strong>le</strong> long de l’autoroute. Les cartes derépartition des lichens, élaborées à partirdes données récoltées par <strong>le</strong>s enfants,permettent de déterminer <strong>le</strong> degré depollution de l’air dans <strong>le</strong>s zones étudiées.Ces résultats sont d’ail<strong>le</strong>urs présentésaux adultes (élus communaux,famil<strong>le</strong>s, naturalistes, membres du PlanCommunal de Développement de laNature) avec beaucoup de sérieux. Lesjeunes sont fiers de faire pénétrer <strong>le</strong>sgrands dans un monde qu’aucun d’euxne connaissait : celui des lichens, avec<strong>le</strong>urs noms latins et <strong>le</strong>urs mystères.Et des résultats…Les re<strong>le</strong>vés étant plutôt rassurants,<strong>le</strong>s enfants concluent que l’air deHabay est respirab<strong>le</strong>. Davantagedans la forêt que <strong>le</strong> long de l’autorouteoù ils déconseil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s balades desanté. En classe ils recherchent ensemb<strong>le</strong>des solutions au problème des pollutions.On par<strong>le</strong> de co-voiturage etc. Lesenfants décident de se déplacer à piedou à vélo plutôt qu’en voiture notammentpour se rendre à l’éco<strong>le</strong>. Et pourassurer la pérennité du projet, <strong>le</strong>s élèvesplantent des fruitiers haute-tige dans <strong>le</strong>jardin de l’éco<strong>le</strong> qui serviront de supportà la colonisation des lichens dans<strong>le</strong>s années à venir.Aujourd’hui, <strong>le</strong>s enfants ne regardentplus <strong>le</strong>s lichens de la même façon : ils<strong>le</strong>s scrutent en vacances chez <strong>le</strong>ur grandmère,en attendant <strong>le</strong> bus,… Ils ontappris à observer et à comprendre l’intérêtde l’observation. Ils ont éga<strong>le</strong>mentcompris l’al<strong>le</strong>rgie de certains lichens àla pollution atmosphérique et l’importancede préserver l’environnement pardes actions à <strong>le</strong>ur niveau.Vinciane Schockertresponsab<strong>le</strong> du CRIE de HabayCRIE de Habay-la-Neuve36 rue de la Comtesse Adè<strong>le</strong>6721 Anlier (T/F : 063/42 47 27)1 Le lichen est une association entre un champignonet une algue.