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ExpérienceÉvaluer la pollution des cours d’eaupar « <strong>le</strong>s petites bêtes »Comment mener une animation qui allie à la fois rigueur scientifique, va<strong>le</strong>urs éducatives et qui soitattrayante pour <strong>le</strong>s enfants ?Il y a quelques années déjà, NicolasKling<strong>le</strong>r se faisait engager par <strong>le</strong>Contrat Rivière Hoëgne et Wayai avecpour bagage six ans d’expériencecomme animateur louveteaux, une passiondébordante pour la nature, unelicence en environnement et un brinde témérité. Sa mission : mettre sur piedune animation de sensibilisation auxproblèmes de pollution des cours d’eau.« De par mes études scientifiques, j’ai étéformé aux principes rigoureux et parfois fastidieuxd’évaluation de la qualité des coursd’eau par la méthode de l’Indice BiotiqueGlobal Normalisé (IBGN) basée sur l’identificationde macroinvertébrés sensib<strong>le</strong>s auxpollutions. Après avoir expérimenté cetteméthode durant plusieurs années je suis arrivéà deux constats. D’une part, l’IBGNexprime plus la sensibilité des macroinvertébrésaux concentrations en oxygène qu’auxpollutions organiques et de ce fait ne s’appliqueLors pas des toujours tris. bien aux rivières tumultueusesardennaises. De plus, souvent acides,ces rivières éloignent un certain nombre d’espècessensib<strong>le</strong>s alors que la rivière n’est peutêtrepas polluée pour autant. D’autre part,l’exigence de cette méthode anéantit souventla motivation des enfants qui aiment jouer,découvrir, être plongé dans du “concret”. J’aidonc réfléchi à un bon compromis. »Avec l’aide du coordinateur duContrat de Rivière, expert dans <strong>le</strong>domaine, Nicolas met sur pied uneméthode simplifiée adaptée pour <strong>le</strong>senfants où l’IBGN est pondéré parla présence d’espèces résistantes auxpollutions.Des maths au bord del’eau !En fonction de l’affinité avecla pollution organique, certainsmacroinvertébrés se voient attribuerune cote. Pour <strong>le</strong>s per<strong>le</strong>s, trèssensib<strong>le</strong>s aux pollutions : 10/10. Pour<strong>le</strong>s éphémères, ancy<strong>le</strong>s, planaires, etc. :8/10; <strong>le</strong>s sangsues : 5/10. Les diptères(chironomes, simulies, etc.) : très résistantsaux pollutions : 3/10; etc. Etl’évaluation fina<strong>le</strong> de la qualité? Unsimp<strong>le</strong> calcul de moyenne ! Parexemp<strong>le</strong>, si <strong>le</strong>s enfants capturent une« sorte » de diptères (3/10), trois« sortes » d’éphémères (8/10), une« sorte » de per<strong>le</strong>s (10/10), cinq« sortes » de trichoptères (8/10), deux« sortes » de sangsues (5/10), lamoyenne pondérée attribue une cote de7.2/10 pour cette rivière. Pas trop mal!Fiab<strong>le</strong> la méthode? Comparé à d’autresétudes d’IBGN réalisées par des scientifiquessur <strong>le</strong>s mêmes ruisseaux auxmêmes périodes, Nicolas obtient, defaçon généra<strong>le</strong>, une cote de plus oumoins 0,5 point plus sévère. Logiquedans la mesure où la méthode tientcompte des « polluorésistants ».Une méthodologie activeMunis d’un pinceau et d’uneépuisette, par groupe de 2, <strong>le</strong>senfants partent à la découvertede la rivière pendant plus ou moins 30minutes. L’un soulève <strong>le</strong>s cailloux,l’autre rac<strong>le</strong> <strong>le</strong> fond avec l’épuisette.Quant aux cailloux, à l’aide du pinceau,ils sont délicatement balayés de tous<strong>le</strong>urs occupants. Ensuite ils observent,tripotent, regardent, comparent, pourarriver à trier <strong>le</strong>s bestio<strong>le</strong>s, souvent defaçon autonome, dans une quinzainede seaux. Sur chacun d’eux une illustrationprécise <strong>le</strong> type de macroinvertébréqu’il accueil<strong>le</strong>ra. Le temps de lapêche écoulée, par groupe de deux toujours,devant chacun des seaux, <strong>le</strong>senfants procèdent au comptage dunombre de « sortes » d’individus danschacun des seaux.M’sieur, v’là une troisqueues « !JE NE VEUX PAS en faire des scientifiquesen 3 heures! Pour <strong>le</strong>s enfants, <strong>le</strong>s nomsscientifiques n’ont pas de sens en soi.Mes objectifs prioritaires sont de faire découvrirla diversité des formes de vie dans larivière et de philosopher sur <strong>le</strong>s conséquencesde la pollution de nos cours d’eau notammentpar <strong>le</strong>s rejets des eaux usées domestiques,première cause de pollution de nos ruisseauxet rivières. »« Responsabiliser et faireconfianceL’animateur est là pour aider,pour favoriser une observation plussubti<strong>le</strong> : « regarde bien, certains éphémèresnagent comme des dauphins, d’autresont une grosse tête tandis que cel<strong>le</strong>s-là rampentau fond du seau… ». Une vérificationsévère et systématique de <strong>le</strong>urcomptage risquerait d’anéantir <strong>le</strong>s objectifséducatifs tels qu’autonomie,confiance, respect… « Je considère que dans<strong>le</strong> cadre d’animation Éducation relative àl’Environnement, l’aspect éducatif prévautsur la rigueur scientifique. Dans une certainemesure, sans inculquer de bêtises, ilfaut accepter une marge d’erreur dans l’appréciationdes enfants. Si l’animateur connaîtbien <strong>le</strong>s caractéristiques de la rivière, il pourraresponsabiliser <strong>le</strong>s enfants au niveau destris, des comptages… Et n’intervenir que lorsd’erreurs trop criantes. »Du sérieux !MÊME SI JE CONSIDÈRE qu’une animationmenée de la sorte donne uneva<strong>le</strong>ur indicatrice de la qualité del’eau, <strong>le</strong>s résultats obtenus par <strong>le</strong>s enfantspeuvent être pris au sérieux. On peut <strong>le</strong>urfaire confiance, en général meil<strong>le</strong>urs “fouineurs”que <strong>le</strong>s adultes, <strong>le</strong>s enfants ont scrutétous <strong>le</strong>s habitats de la rivière et <strong>le</strong>ur pêcherévè<strong>le</strong> une bonne représentativité de la populationdes macroinvertébtés de la rivière. »Marie-Françoise DucarmeNicolas Kling<strong>le</strong>r, CRIE deComblain, 25 rue Grand Pré, 4170Comblain-au-Pont (T : 04/369 99 74– F : 087/53 06 10).Le CRIE dispose d’un fascicu<strong>le</strong> explicatif de la méthodeMesurons <strong>le</strong>s pollutionsSYMBIOSES n o 48 – Automne 2000 9

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