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La lettre de l'institut Upsa de la douleur - 9

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AbstractsC o u r r i e r<strong>La</strong> consommation <strong>de</strong> morphine au long coursdéprime-t-elle l’immunité?Selon une étu<strong>de</strong> récente, <strong>la</strong> prise au long cours (un an)<strong>de</strong> morphine orale dans <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chronique ne modifiepas l’immunité cellu<strong>la</strong>ire, mais aggrave <strong>la</strong> réponsei m m u n i t a i r e humorale, déjà altérée chez les patientsd o u l o u r eux chroniques. Ces données ont-elles un réelimpact clinique ? Des étu<strong>de</strong>s sont en cours pour led é t e rm i n e r .les interactions entre morphine et système immunitaire ont <strong>de</strong>puisplusieurs années suscité un grand intérêt, notamment dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong>morphine est <strong>de</strong> plus en plus utilisée, non seulement chez les patientsc a n c é reux, mais aussi dans le traitement <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s chroniques nonc a n c é reuses. Ainsi <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s expérimentales chez l’animal ont montréque <strong>la</strong> morphine altérait <strong>de</strong> nombreux paramètres immunologiques. Enclinique, les sujets toxicomanes à l’héroine présentent une susceptibilitéa c c rue aux infections, ce qui n’est pas seulement lié à l’utilisation <strong>de</strong>seringues et à un état général précaire. Il était donc important <strong>de</strong> sepencher sur ce problème, chez <strong>de</strong>s douloureux chro n i q u e s .Les auteurs <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> ont donc évalué plusieurs paramètre simmunologiques chez 10 patients douloureux chroniques, pour <strong>la</strong> plupart(7/10) non cancéreux (névralgie post-zostérienne, pancréatite, <strong>douleur</strong>l o m b a i re, <strong>douleur</strong> plexique), avant et à 1, 4 et 12 semaines <strong>de</strong> traitementpar morphine orale (à <strong>de</strong>s doses <strong>de</strong> 30 à 240 mg/jour), par comparaisonà 8 sujets contrôlés appariés non traités. Les mesures ont inclu <strong>de</strong>sp a r a m è t res d’immunité cellu<strong>la</strong>ire et humorale mesurés à partir <strong>de</strong> cellulesen culture s .Les résultats indiquent que <strong>la</strong> morphine ne modifie pas les paramètre sd’immunité cellu<strong>la</strong>ire : en part i c u l i e r, le taux <strong>de</strong> lymphocytes totaux, ainsique <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s sous-popu<strong>la</strong>tions lymphocytaires, incluant le rapportCD4/CD8 n’a pas été modifié par comparaison aux taux <strong>de</strong> départ etaux sujets contrôles. En revanche, <strong>la</strong> production <strong>de</strong> certaines cytokines(l’interleukine 2) qui agissent en activant les lymphocytes CD8 a été accru eau bout d’un mois sous morphine, et <strong>la</strong> production d’immunoglobulines Get M, déjà altérée chez les patients douloureux avant le traitement, a étée n c o re réduite sous morphine. Ces données suggèrent que <strong>la</strong> morphine nedéprime pas l’immunité cellu<strong>la</strong>ire, mais aggrave certains paramètres <strong>de</strong>l’immunité humorale chez <strong>de</strong>s patients douloureux chro n i q u e s .◗ Cette étu<strong>de</strong> a le mérite <strong>de</strong> souligner en pratique clinique les intéractionspossibles entre système immunitaire, <strong>douleur</strong> chronique et consommation<strong>de</strong> morphine. Ces données ont-elles <strong>de</strong>s conséquences cliniques? Parexemple, peut-on en conclure les sujets traités par morphine risquent unesensibilité accrue aux infections ? Les auteurs se gar<strong>de</strong>nt bien <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>sconclusions aussi hâtives <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, qui n’a porté que sur dix patientsprésentant <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s d’étiologies variées. En outre, notons que l’étu<strong>de</strong>ne permet pas <strong>de</strong> préciser ce qu’il advient au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> trois mois <strong>de</strong>traitement, alors que les patients poursuivent généralement leurconsommation <strong>de</strong> morphiniques au long cours.Palm S., Lehzen S., Mignat C., Steinman J., Leimenstoll G., Maier C., Doesprolonged oral treatment with sustained release morphine tablets influence immunefunction ? Anesth. Analg., 1986; 86 : 166-172.Nous avons reçu plusieurs cour r i e r sre<strong>la</strong>tifs au dossier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lettre N°7 surl’algodystrophie. Nous reproduisons ici lec o m m e n t a i r e du Dr Julien Benaim, duCentre <strong>de</strong> rééducation et <strong>de</strong> réadaptationfonctionnelles Rosemond <strong>de</strong> Marseille.« L’article sur l’algodystrophie <strong>de</strong> Nadine Attalest particulièrement intéressant. Cet article estparfaitement documenté et fait une très belle revue<strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature. Je voudrais exprimer cependantmon total désaccord sur un aspect thérapeutique.En effet, Nadine Attal nous dit au chapitre"<strong>La</strong> rééducation" : « <strong>la</strong> physiothérapie, précédée d’unemise en décharge du membre douloureux tient unep<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s SDRC ».Cette notion est à mon avis extrêmementcontestable. Je crois au contraire qu’il faut, dans <strong>la</strong>mesure du possible, éviter à tout prix <strong>de</strong> supprimerl ’ a p p u i; certes, il faut adapter celui-ci si <strong>la</strong> poursuited’un appui intégral est impossible ou l’adapter parune décharge partielle à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cannes ang<strong>la</strong>isesou par une rééducation en balnéothérapie; mais ilest à mon sens fondamental que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte du piedgar<strong>de</strong> le contact avec le sol.En effet, <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l’appui entraînant <strong>la</strong>suppression <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s encourage le patient àne plus poser son pied. Le cercle vicieux est alorsinstauré : le patient n’appuie plus ce qui entraîneune décalcification du pied, ce qui entraînel’apparition <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s plus gran<strong>de</strong>s lors <strong>de</strong>l’appui, ainsi <strong>de</strong> suite.À notre avis, il est fondamental <strong>de</strong> veiller à gar<strong>de</strong>rle maximum d’appui et en tout cas <strong>de</strong> faire en sorteque le pied gar<strong>de</strong> le contact, même frôlé, avec le sol.Nous suivons au Centre actuellement une patiente quinous pose un problème majeur : en effet en raisond’une algodystrophie d’un pied, elle a été prise encharge dans un Centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur où <strong>de</strong>s blocs ontété effectués et où le pied a été mis en décharge.Nous suivons cette patiente <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans et noussommes encore dans l’impossibilité <strong>de</strong> lui fairereprendre un appui malgré toutes les ressourcespharmacopées, <strong>de</strong> <strong>la</strong> physiothérapie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> rééducation,<strong>de</strong> <strong>la</strong> balnéothérapie. »Dr Julien Benaim7

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