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par Rémi TROPÉ, janvier-février 2010 - Palais de la découverte

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the energy was the Pedal-A-Watt bicycle stand that creates 75 to 200 watts at 12 to 25volts DC <strong>de</strong>pending on ri<strong>de</strong>r's strength, and may be used to charge a battery so that thepower may be used at a <strong>la</strong>ter time. The cigarette lighter plug with 12 feet of cable plugsdirectly into the PowerPak for charging. The 12 vdc voltage regu<strong>la</strong>tion provi<strong>de</strong>s a level14.2 volt output and converts any "excess" input voltage into useable output amperage.The PowerPak is a small, portable combination of a 400 watt inverter and a 300 watthourbattery. The PowerPak also has a typical household outlet, allowing you to plugappliances in (up to 400 watts) and power them (Human Power Generator. The Pedal-A-Watt Stationary Bike Generator). The potential cost benefit of this system will bediscussed <strong>la</strong>ter.Pedal-A-WattPowerPakThe following is a table of the potential energy that may be generated by the spinningroom based on the estimate that a person may be able to generate between 20 wh(weak,small person)-100 wh (strong, <strong>la</strong>rge person) (MotorWave):


Terre & Universque <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> Hanovre fut <strong>la</strong> première à l’introduiredans un orchestre.Il épousa Anna-Ilse Moritzen, fille d’uncitoyen <strong>de</strong> Neustadt-lès-Hanovre <strong>de</strong> qui ileût dix enfants. Seuls six vécurent et toushéritèrent <strong>de</strong>s dons musicaux <strong>de</strong> leur père.William, né en 1738, est le troisième et dèsl’âge <strong>de</strong> quatre ans on lui fit jouer d’unviolon construit spécialement pour lesenfants. Il semble que William ait eu legoût et une gran<strong>de</strong> facilité pour apprendre.Son éducation fut soignée et il acquit trèsvite un soli<strong>de</strong> bagage sco<strong>la</strong>ire.À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 1740, suite à <strong>la</strong> mort <strong>de</strong>Frédéric I er <strong>de</strong> Prusse et <strong>de</strong> l’empereurCharles, commença <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> successiond’Autriche. Après l’annexion <strong>de</strong> <strong>la</strong>Silésie <strong>par</strong> Frédéric II <strong>de</strong> Prusse, lesguerres ravagèrent l’Allemagne durant 12ans. C'est dans ce contexte qu’Isaac s’occupa<strong>de</strong> <strong>par</strong>faire l’éducation musicale <strong>de</strong>ses enfants, avec le secret espoir <strong>de</strong> lesvoir un jour entrer dans l’orchestre <strong>de</strong> <strong>la</strong>Cour. À 14 ans, William fut engagé commehauboïste dans <strong>la</strong> Gar<strong>de</strong> hanovrienne. Ilse passionna alors pour <strong>la</strong> philosophie et<strong>la</strong> métaphysique. Sa sœur Caroline, donton re<strong>par</strong>lera plus loin, raconte dans sesmémoires que son « frère William et sonpère discutaient <strong>par</strong>fois avec une tellepassion, que sa mère était obligée […] <strong>de</strong>leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> se calmer pour <strong>la</strong>isserdormir les petits qui <strong>de</strong>vaient aller àl’école le len<strong>de</strong>main […] Mon père étaitpassionné d’astronomie et il avait <strong>de</strong>bonnes connaissances dans cette science[…] Il prenait p<strong>la</strong>isir à ai<strong>de</strong>r mon frèreWilliam dans ses étu<strong>de</strong>s scientifiques. Ill’aidait aussi à se servir d’un globeterrestre sur lequel était gravé l’équateuret l’écliptique ». Ce récit est intéressant,puisqu’il nous apprend que les <strong>de</strong>uxgrands axes qui vont être déterminantsdans <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> William lui sont transmis etenseignés directement <strong>par</strong> son père.C’est au cours d’une tournée faite <strong>par</strong> <strong>la</strong>Gar<strong>de</strong> hanovrienne en Angleterre en 1756,que William, accompagné <strong>de</strong> son père et<strong>de</strong> son frère aîné, apprit <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ang<strong>la</strong>iseet établit <strong>de</strong>s contacts avec <strong>de</strong>s familleséprises <strong>de</strong> musique, contacts qui leurseront très utiles lors <strong>de</strong> leur retour enAngleterre. Rentrés en Allemagne, débuta<strong>la</strong> Guerre <strong>de</strong> Sept Ans (1) qui prit fin en 1763.Après <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Hastenbeck du26 juillet 1757, William, qui n’avait pasd’obligations militaires vu son jeune âge,se cacha dans Hanovre alors occupée <strong>par</strong>les Français. Puis, il traversa les lignesennemies pour se rendre à Hambourg oùil fut rejoint <strong>par</strong> son frère Jacob. Et, au moisd’octobre 1757, ils s’embarquèrent pourl’Angleterre.La carrièred’un musicien solisteÀ peine arrivé à Londres avec son frère,William proposa ses services commecopiste dans un magasin <strong>de</strong> musique. Onlui confia un opéra et le travail fut exécutési promptement qu’on lui confia d’autrestravaux <strong>de</strong> copie. Le travail ne lui manquapas. Plus tard, Jacob fut engagé aprèsconcours, comme musicien <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour.Pour William c’est une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> précaritéqui commence, <strong>par</strong>tagée entre voyages,concerts et étu<strong>de</strong>s. En 1762, il retrouveraune certaine stabilité en étant nommédirecteur <strong>de</strong>s concerts à Leeds où il<strong>de</strong>meurera durant quatre ans. On trouvealors dans sa correspondance le débutd’une insatisfaction intellectuelle : « Qu’ilest dommage que <strong>la</strong> musique ne soit pasune science cent fois plus difficile. » Il fautdire que lorsque ses journées n’étaient pascopieusement remplies, il souffrait beaucoup<strong>de</strong> l’oisiveté. En 1764, il retourna àHanovre, après sept années d’absence,puis revint en Angleterre.(1) Cette guerre dont les épiso<strong>de</strong>s eurent lieu dansl’Ancien, le Nouveau Mon<strong>de</strong> et aux In<strong>de</strong>s, avait pour enjeule contrôle <strong>de</strong> l’Allemagne et <strong>la</strong> suprématie coloniale.Le traité <strong>de</strong> Paris, signé en 1763, marqua <strong>la</strong> fin<strong>de</strong>s hostilités : <strong>la</strong> France céda au Royaume-Uni le Canada,<strong>la</strong> Louisiane à l’Espagne, recouvra <strong>la</strong> Gua<strong>de</strong>loupe,<strong>la</strong> Martinique, Belle-Île et <strong>de</strong>s comptoirs en Afrique.Les frontières <strong>de</strong> l’Europe restèrent inchangées.DÉCOUVERTE N° 366 \ JANVIER-FÉVRIER <strong>2010</strong> \ 15


formé le chœur en vue <strong>de</strong> cette prestation.Ses succès susciteront <strong>de</strong>s jalousies dans lemilieu musical <strong>de</strong> Bath. Rapi<strong>de</strong>ment, il eut<strong>la</strong> mainmise sur <strong>la</strong> vie musicale <strong>de</strong> cetteville. Cependant, son intérêt croissant pourl’astronomie al<strong>la</strong>it y mettre un terme en1782, suite à son dé<strong>par</strong>t pour Datchet.Dessin représentant William et Caroline Herschelen train d’observer. © SPL.L’année 1766 fut une année décisivepuisqu’il fut nommé organiste à Halifax,puis directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique à <strong>la</strong> Chapelleoctogone <strong>de</strong> Bath. Les Romains avaientfait <strong>de</strong> cette ville l’une <strong>de</strong>s plus renomméespour ses stations thermales. MaisBath <strong>de</strong>vint le ren<strong>de</strong>z-vous élégant <strong>de</strong>l’aristocratie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gentry au XVIII e siècle,un carrefour littéraire et un lieu <strong>de</strong> prédilection<strong>de</strong>s artistes : « Les grands seigneursy fréquentaient les filles d’opéra et le charmantabbé Prévost y regardait évoluer lesManons et les Des Grieux britanniques. »On oublie trop souvent que WilliamHerschel a consacré trente années <strong>de</strong> savie à <strong>la</strong> musique, c’est-à-dire autant qu’àl’astronomie. Il jouait aussi bien du violon etdu hautbois, que <strong>de</strong> l’orgue et du c<strong>la</strong>vecin, etétait compositeur <strong>de</strong> surcroît. Il composa,entre 1760 et 1764, vingt-quatre symphoniesdont six pour « grand orchestre ».En 1767 est inauguré à <strong>la</strong> chapelle octogone<strong>de</strong> Bath le nouvel orgue <strong>de</strong> Snetzler, aucours d’un concert dirigé <strong>par</strong> Herschel avec,au programme, l’exécution du Messie <strong>de</strong>Georg Haen<strong>de</strong>l (1685-1759), œuvre poursolistes, chœur et orchestre. Herschel avaitWilliam et Caroline à BathNombre <strong>de</strong> ses frères avaient pu profiter <strong>de</strong>sa notoriété et être engagés dans différentesformations musicales. Caroline était <strong>la</strong> seulequeWilliam n’avait encore pu ai<strong>de</strong>r, l’émancipation<strong>de</strong>s femmes n’ayant pas encore eulieu ! Malgré <strong>la</strong> volonté d’indépendance <strong>de</strong>Caroline, sa mère qui était d’avis qu’unejeune fille n’était bonne qu’à s’occuper <strong>de</strong> <strong>la</strong>cuisine et du ménage, l’avait pour ainsi direcloîtrée. Tout au plus lui avait-elle donnél’autorisation <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong>couture, pourvu que ses travaux se limitentà coudre ses propres affaires. Ce fut sonfrère Alexandre qui <strong>la</strong> sauva <strong>de</strong> cet enfermement.Elle possédait une très jolie voix ;aussiWilliam pria sa mère <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser venirpour <strong>la</strong> tester. En échange <strong>de</strong> quoi, il promità sa mère <strong>de</strong> lui trouver une bonne pour lestravaux domestiques. Elle décida d’exercerseule sa voix, car cette possibilité <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>.William quitta l’Angleterre pour ramenersa sœur à Bath. Bien qu’il eût toutes lespeines du mon<strong>de</strong> à convaincre sa mère, il y<strong>par</strong>vint et ils quittèrent Hanovre le 16 août1772 pour arriver à Bath le 27. Le voyage futcatastrophique : tempête en mer, mât dubateau brisé, diligence versée dans le fossé.Dès leur arrivée à Londres,William emmenasa sœur dans les boutiques d’opticien,indice annonciateur <strong>de</strong> sa <strong>découverte</strong> <strong>de</strong>l’astronomie ! Arrivée à Bath, Caroline sesentit bien seule, cependant William euttout loisir <strong>de</strong> faire d’elle une interprète envue <strong>de</strong>s concerts et oratorios. Tous lesmatins durant six semaines, leçon d’ang<strong>la</strong>is,leçon d’arithmétique, puis <strong>de</strong>ux ou troisleçons <strong>de</strong> chant. Quant elle sut suffisammentd’ang<strong>la</strong>is, elle suivit à <strong>la</strong> cathédrale lesrépétitions du chœur dirigées <strong>par</strong> William.La société « polie » <strong>de</strong> Bath avec son ton artificiel<strong>la</strong> gênait beaucoup, ce qui renforçaitson isolement. Plus tard à Slough, ce senti-16 \ DÉCOUVERTE N° 366 \ JANVIER-FÉVRIER <strong>2010</strong>


Terre & Universment dis<strong>par</strong>ut totalement au contact <strong>de</strong>shommes <strong>de</strong> sciences qui appréciaient sesqualités. En 1778, soit six années après sonarrivée à Bath, Caroline semb<strong>la</strong>it <strong>la</strong>ncéedans une belle carrière musicale.On lui offrit même un contrat pour lefestival <strong>de</strong> Birmingham ; elle refusa l’offre,ne vou<strong>la</strong>nt se produire que sous <strong>la</strong> direction<strong>de</strong> son frère : son éducation basée sur <strong>la</strong>soumission lui fit manquer une occasion<strong>de</strong> gagner sa complète indépendance. Sansdoute ce pas à franchir était-il trop grandpour elle. À <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> 1780, elle continua àchanter <strong>de</strong> temps à autre en public, mais <strong>la</strong>nouvelle passion <strong>de</strong> son frère pour l’astronomielui prit tout son temps libre. Aussidécida-t-elle <strong>de</strong> faire le sacrifice <strong>de</strong> sonambition pour l’ai<strong>de</strong>r dans ses nouveauxtravaux. C’est ainsi qu’elle assimi<strong>la</strong> lesleçons d’algèbre, <strong>de</strong> géométrie et <strong>de</strong> trigonométriesphérique. Elle s’en tint d’ailleurs là,estimant que c’était bien suffisant pour <strong>la</strong>pratique <strong>de</strong> l’astronomie. Plus tard, sonneveu John Herschel écrira : « Elle n’avaitrien d’un génie mathématique, mais sonextraordinaire application dans les effortssoutenus, alliée à <strong>la</strong> précision extrême danstout ce qu’elle faisait, furent pour mon pèreune ai<strong>de</strong> aussi précieuse, peut-être mêmeplus, que si elle avait eu une connaissancemathématique plus poussée. »Quant àWilliam, il exécuta encore quelquesprestations publiques et privées : en 1802,lors <strong>de</strong> sa visite à Paris où il rencontra Napoléon,il joua sur l’orgue <strong>de</strong> Notre-Dame.À l’époque, c’était l’un <strong>de</strong>s meilleurs et <strong>de</strong>splus grands, avec cinq c<strong>la</strong>viers et quarantecinqjeux. Antoine Desprez, titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>sorgues <strong>de</strong> Notre-Dame note qu’il avaitinvité « Monsieur Herschel, le grand scientifiqueet musicien bien connu, à jouer<strong>de</strong>vant une gran<strong>de</strong> assemblée ; il improvisasi bril<strong>la</strong>mment que les gens se regardaient,saisis d’admiration ». Et pourtant cet événementse tenait vingt ans après <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> sacarrière musicale.Le compositeurLe XVIII e siècle connaît un tournant décisifvers les années 1750-1760 : si <strong>la</strong> premièremoitié se p<strong>la</strong>ce sous le signe du rationa-Manuscrit <strong>de</strong> <strong>la</strong> symphonie n°15 en mi bémol majeur <strong>de</strong> W. Herschel.© The British Library Board. Tous droits réservés.lisme philosophique, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> sera sousle signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité préromantique.À <strong>la</strong> raison c<strong>la</strong>ssique, succè<strong>de</strong>ra l’émotivitéd’un Di<strong>de</strong>rot, l’affectivité d’un Rousseau.D’un point <strong>de</strong> vue musical, nous sommesdans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition entre lestyle baroque et le style c<strong>la</strong>ssique. Historiquement,c’est <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Jean-SébastienDÉCOUVERTE N° 366 \ JANVIER-FÉVRIER <strong>2010</strong> \ 17


Figure 2. La Machina caelestis d’Hevelius. Extrait <strong>de</strong> Johannes Hevelius, Machina Caelestis, 1673.Bach en 1750 qui marque le début du c<strong>la</strong>ssicismeen musique. Le romantismemusical ne commencera vraiment qu’audébut du XIX e siècle (1820) et perdurerajusqu’au début du XX e siècle.Les œuvres <strong>de</strong> Herschel et ses influencesmusicales évolueront au cours <strong>de</strong> sacarrière <strong>de</strong> compositeur : si les compositionsdu début (1759) ressemblent à celles<strong>de</strong> Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788),<strong>de</strong>uxième fils vivant du grand Jean-Sébastien,celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> maturité sontplus proches <strong>de</strong> Haen<strong>de</strong>l.L’œuvre musicale <strong>de</strong> Herschel se résumeainsi (d’après Dominique Proust) : dix-huitsymphonies pour petite formation (1760-1762), six symphonies pour grandorchestre (1762-1764), douze concertospour hautbois, violon, alto (1759-1764),<strong>de</strong>ux concertos pour orgue, six sonatespour violon, violoncelle et c<strong>la</strong>vecin(publiées en 1769), douze solos pour violonet basse continue (1763), vingt-quatrecapriccios et une sonate pour violon seul,un Te Deum, un ensemble <strong>de</strong> psaumes <strong>de</strong>motets et d’antiennes, six fugues pourorgues, vingt-quatre sonates pour orgue,trente-trois voluntaries et pièces pourorgue, trois sonates pour c<strong>la</strong>vecin,vingt-cinq variations sur l’échelle ascendante<strong>de</strong> <strong>la</strong> gamme, <strong>de</strong>ux menuets pourc<strong>la</strong>vecin, un traité d’harmonie.Au total, <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> composition se situeentre 1759 et 1770 (année <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong>Ludwig Van Beethoven) : vingt-quatresymphonies (pour petits ou grands orchestres),<strong>de</strong>s sonates pour violon et continuo,douze concertos pour violon, alto, hautbois,orgue, <strong>de</strong>s sonates pour le c<strong>la</strong>vecin, <strong>de</strong>spièces <strong>de</strong> musique religieuse dont un Te<strong>de</strong>um et un Jubi<strong>la</strong>te restés à l’état <strong>de</strong> manuscritset un traité d’harmonie incomplet.En 1992, Dominique Proust, astronome etmusicien <strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong> Paris-Meudon, a enregistré sur l’orgue Cavaillé-Coll <strong>de</strong> l’église Notre-Dame <strong>de</strong> l’Assomptionà Meudon, l’intégrale <strong>de</strong>s six fuguesalternant avec trois <strong>de</strong>s trente-trois voluntarieset <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s vingt-quatre sonatespour orgue. Il est amusant <strong>de</strong> songer qu’en1846 le facteur d’orgue Aristi<strong>de</strong> Cavaillé-Coll (1811-1899) a réalisé en col<strong>la</strong>boration18 \ DÉCOUVERTE N° 366 \ JANVIER-FÉVRIER <strong>2010</strong>


Terre & Universavec Urbain Le Verrier (1811-1877), directeur<strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong> Paris et découvreur<strong>de</strong> Neptune, une soufflerie rég<strong>la</strong>ble,alimentant un système <strong>de</strong> miroirs rotatifsafin <strong>de</strong> mesurer avec précision <strong>la</strong> vitesse<strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière entre l’Observatoire <strong>de</strong> Pariset <strong>la</strong> butte Montmartre.En 2003, les London Mozart P<strong>la</strong>yers enregistrèrentune <strong>par</strong>tie <strong>de</strong>s symphoniesd’Herschel, ce qui nous permet <strong>de</strong> lesdécouvrir avec bonheur, ce répertoiren’étant jamais exécuté.Quelle aurait été l’évolution <strong>de</strong> son stylemusical ? On ne peut le dire, car sa carrière<strong>de</strong> musicien s’interrompt en 1782.Prémices <strong>de</strong> changements…Dès 1773, William Herschel avait étudiél’Optique <strong>de</strong> Adam Smith et l’Astronomie <strong>de</strong>James Ferguson (1797-1867). Mais sontempérament passionné ne le cantonnepas à <strong>de</strong> simples lectures. Rapi<strong>de</strong>ment, ilveut observer ces astres merveilleux dontles ouvrages font <strong>de</strong> remarquables<strong>de</strong>scriptions. Aussitôt dit, aussitôt fait !Mais, à l’époque, le maniement <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s lunettes astronomiques n’est pascommo<strong>de</strong> : il suffit <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r lesp<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> <strong>la</strong> Machina caelestis (1673) <strong>de</strong>Johannes Hevelius (1611-1687) (fig. 2) pours’en convaincre. La lunette est suspendueà <strong>de</strong>s mâts, p<strong>la</strong>ntés en plein air et le toutest manipulé avec <strong>de</strong>s cordages. On sedoute <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté qu’il y avait à manipuler<strong>de</strong> tels instruments !C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle d’autressystèmes optiques vont ap<strong>par</strong>aître : télescopes<strong>de</strong> James Gregory (1638-1675) en1663, télescope <strong>de</strong> Newton en 1671, télescope<strong>de</strong> Laurent Cassegrain (1629-1693) en1672. William Herschel va s’intéresser à <strong>la</strong>fabrication <strong>de</strong> ces différents modèles etconsigner le récit <strong>de</strong> leur fabrication dans<strong>de</strong>s carnets qui sont conservés à l’observatoire<strong>de</strong> l’université d’Oxford.« Au cours <strong>de</strong> l’année 1773, je commençaisà me procurer les matériaux <strong>de</strong>stinés àmes projets en astronomie. Le 19 avril,j’achetais un quadrant <strong>de</strong> Hadley, et peuaprès l’Astronomie <strong>de</strong> Ferguson. En mai, jeme procurais quelques lentilles <strong>de</strong> courtedistance focale et je fis fabriquer <strong>de</strong>s tubes,en débutant <strong>par</strong> un <strong>de</strong> quatre pieds <strong>de</strong>type Huygens. Avec cette lunette, jecommençais d’observer les p<strong>la</strong>nètes et lesétoiles. Elle grossissait près <strong>de</strong> 40 fois. »LA CONSTRUCTION DE TÉLESCOPES« EN SÉRIE »En <strong>janvier</strong> 1774, il instal<strong>la</strong> un miroir <strong>de</strong>cinq pieds et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> distance focale qui luipermit d’observer l’anneau <strong>de</strong> Saturne avecun grossissement <strong>de</strong> quarante fois. Il se mità polir <strong>de</strong>s miroirs, plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux centsmentionne Caroline, qui ne doit sûrementpas exagérer ; car dans tout ce qu’il entreprend,William fait preuve <strong>de</strong> passion etil lui arrive <strong>de</strong> travailler seize heures <strong>de</strong>suite. Et sitôt un télescope terminé, il encommence un autre : en 1776 il achève untélescope <strong>de</strong> vingt pieds (fig. 3) soit 6 mètres<strong>de</strong> distance focale, puis un suivant <strong>de</strong>trente pieds, sans <strong>par</strong>ler <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction<strong>de</strong> fours pour couler les miroirs en fer.Ces miroirs étaient lourds, puisque celui<strong>de</strong> 20 pieds pesait 213 kg ! Il fallut imaginertout un système <strong>de</strong> cordages, poulies etautres montures pour manipuler le télescope: « Le tube en fer reposait à sa <strong>par</strong>tieinférieure sur une gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>te-forme tournante,l’autre bout étant suspendu <strong>par</strong> <strong>de</strong>scordages et <strong>de</strong>s pa<strong>la</strong>ns à une constructionen charpente <strong>de</strong> bois, également supportée<strong>par</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme, et mobile avec elle. »Toutes ces entreprises tenaient <strong>de</strong> <strong>la</strong>prouesse ; en effet, <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong> cesinstruments gigantesques ne se faisait passans quelques déboires, comme on peutbien l’imaginer. Caroline raconte dans sesmémoires qu’une fois, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuissond’un miroir, le moule qui contenait leDÉCOUVERTE N° 366 \ JANVIER-FÉVRIER <strong>2010</strong> \ 19


Figure 3. Le télescope <strong>de</strong> 20 pieds en 1783. © Royal Astronomical Society.L'un <strong>de</strong>s premierstélescopes fabriqués <strong>par</strong>Herschel « le 7 pieds ».© Royal Astronomical Society.métal en fusion se fissura. Le métalcommença à couler sur les pierres du sol,les faisant éc<strong>la</strong>ter jusqu’au p<strong>la</strong>fond !UNE RENCONTRE DÉTERMINANTEMais jusque-là, Herschel ne fait pas encore<strong>par</strong>tie <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s scientifiques<strong>de</strong> son temps.À <strong>la</strong> fin du mois <strong>de</strong> décembre1779, il fait <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lune : i<strong>la</strong> installé un <strong>de</strong>s télescopes dans <strong>la</strong> ruesituée <strong>de</strong>vant sa maison au n° 5 RiversStreet à Bath, <strong>de</strong>meure qui n’a pas <strong>de</strong> jardin,mais située près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Literary and PhilosophicalSociety of Bath : « Tandis que j’observais,un gentleman passant <strong>par</strong> là s’arrêtaafin <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r dans l’instrument. […] Lelen<strong>de</strong>main matin, ce gentleman, qui s’avéraêtre le Dr Watson, sonna à ma porte afin <strong>de</strong>me remercier pour ma gentillesse <strong>de</strong> luiavoir fait voir <strong>la</strong> Lune ; il me manda qu’unesociété littéraire était en train <strong>de</strong> s’installerà Bath et m’invita à en <strong>de</strong>venir membre, ceque j’acceptai <strong>de</strong> suite. » Les séances hebdo-madaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> société furent pour lui l’occasion<strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s scientifiques qui lestimulèrent dans <strong>la</strong> rédaction d’articlesscientifiques. Les premiers articles furenttransmis à <strong>la</strong> Royal Society, <strong>par</strong> l’intermédiairedu Dr William Watson. Déjà, Herschels’était fait connaître à Bath comme unmusicien exalté, construisant <strong>de</strong>s télescopes<strong>de</strong> plus en plus puissants que l’onvenait même voir <strong>de</strong> Londres ! Désormais,Herschel rédige <strong>de</strong>s articles dont NevilMaskelyne (1732-1811), l’astronome royal,n’hésite pas à critiquer le contenu scientifique; ce<strong>la</strong> va le pousser à se perfectionnerdans <strong>la</strong> rédaction <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> manière àce qu’ils soient irréprochables. De l’astronomeamateur « éc<strong>la</strong>iré », il va ainsi <strong>de</strong>venirun scientifique professionnel. Trente et unarticles vont <strong>par</strong>aître au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxannées précédant <strong>la</strong> <strong>découverte</strong> d’Uranus.Tous ne traitent pas d’astronomie, maismontrent son goût pour les spécu<strong>la</strong>tionsphilosophiques et l’expérimentation.20 \ DÉCOUVERTE N° 366 \ JANVIER-FÉVRIER <strong>2010</strong>

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