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Témoignage de Lisette Baldensperger

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TémoignagesLes incorporés <strong>de</strong> force face à leur <strong>de</strong>stinBunker <strong>de</strong> défense anti-aérienne (Flakturm) tel qu’ilsexistaient à Berlin. «Notre bunker était du même type,mais il était dépourvu <strong>de</strong> DCA».(Extrait <strong>de</strong> Der Freiwillige n°9, 1985, p.26)et moi avons décidé <strong>de</strong> ne plus courir dansles bois, mais <strong>de</strong> nous rendre au bunker. Là,nous disions au planton que nous étionsenvoyées pour le service (Einsatz). Une foisdans la place, on montait dans le dortoir queles occupants légitimes venaient <strong>de</strong> quitterpour rejoindre leurs postes et on dormait jusqu’àla fin <strong>de</strong> l’alerte qui, en principe, duraitquatre heures. On se levait quand retentissaitla sirène et nous disions au planton que leservice était fini et que nous pouvions regagnernotre baraque.Pour sortir <strong>de</strong> notre bunker, par exemplepour chercher une batterie, il fallait qu’onnous donne une carte qu’il fallait rendre auretour. J’en avais conservé une et je l’avaistoujours quand je suis partie à Salzburg, le20 avril 1944; c’était le jour anniversaire duFührer, mais il y avait peu <strong>de</strong> drapeaux accrochésdans les rues. A 6 heures et <strong>de</strong>mie dumatin, le planton ne m’a pas <strong>de</strong>mandé mafeuille <strong>de</strong> permission. Comme on n’avait pas<strong>de</strong> billet <strong>de</strong> train, nous sommes passés encourrant <strong>de</strong>vant le guichetier: on savait qu’ilne pouvait pas nous courir après et, <strong>de</strong> toutefaçon, personne ne se serait risqué à poursuivre<strong>de</strong>s jeunes filles en uniformes du RAD ettout le mon<strong>de</strong> savait que nous n’avions pasd’argent.Un jour, le Feldwebel - un Sarrois nomméKühner - m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> lui chercher unebouteille <strong>de</strong> bière. Je l’ai secouée avant <strong>de</strong> luidonner et, bien sûr, la bière a été projetée jusqu’auplafond du Hochbunker (qui se trouvaità 4m <strong>de</strong> haut) lorsqu’il l’a ouverte! LeFeldwebel était trempé et furieux. Il m’a accuséà plusieurs reprises d’avoir secoué la bouteille,mais j’ai nié à chaque fois. Ayant retrouvémes camara<strong>de</strong>s, je leur ai avoué que jel’avais fait. Les Alleman<strong>de</strong>s étaient surprises,car, pour elles, une parole donnée était sacrée.Les Alsaciennes ne faisaient pas l’unanimitéchez les Allemands. Une «camara<strong>de</strong>», originaire<strong>de</strong>s Sudètes, m’a une fois dit: «Vous, lesAlsaciens, vous êtes <strong>de</strong>s dégénérés avec votresang <strong>de</strong> nègre, <strong>de</strong> juif. Espèce <strong>de</strong> Franzosenkopf(tête <strong>de</strong> Français)!». Je lui ai répondu «Merci,barbare!» et nous nous sommes battues.Lorsque nous sommes revenues au service, leFeldwebel Kühner a bien vu qu’il s’était passé12

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