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Femmes & VIH pays Sud - Médecins du Monde

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Traitement antirétroviral et relations hommes-femmes au Camerounqui ont plutôt tendance à en parler avec une ou plusieurs personnes, comme leleur recommandent les soignants. Laurent Vidal a montré qu’à Abidjan, lesmalades rencontrés dans un centre de traitement antituberculeux disent plusfacilement leur statut sérologique aux personnes qui peuvent les aider financièrement; l’annonce aux proches est alors en relation avec le niveau de dépendanceéconomique <strong>du</strong> malade [13]. Selon les résultats de notre étude, le choixdes personnes qui seront informées suit les rôles sociaux masculins et féminins,et les différences de statuts entre hommes et femmes. Lorsqu’un homme estinformé, c’est souvent parce qu’il a le pouvoir économique et est engagé par uneforme de responsabilité (notamment familiale) vis-à-vis de la personne sous traitement.Lorsque c’est une femme qui est informée, c’est parce qu’elle peutapporter une aide matérielle 13 , des soins ou un appui psychologique. Ainsi,comme dans d’autres contextes sociaux et économiques, ce sont les femmesqui recueillent le plus souvent la « confidence » concernant la séropositivité [14].Bien que les hommes et les femmes soient en principe traités de manière similairedans le système de soins, des différences dans les relations avec les soignantset dans les relations entre patients apparaissent. Les hommes s’exprimentmoins que les femmes face au médecin et semblent moins qu’elles vouloirpartager leur expérience entre patients, principalement <strong>du</strong> fait d’une crainte dela stigmatisation.L’un des résultats inatten<strong>du</strong>s de l’étude est l’expression de discours affirméspar les professionnels de santé concernant les différences qu’ils perçoivententre hommes et femmes. Selon eux, les rôles et les statuts sociaux genrésdéterminent des différences nettes entre hommes et femmes dans les attitudesvis-à-vis <strong>du</strong> traitement antirétroviral, de la prise en charge et de la dimensionsociale de la maladie. Ces différences modèlent aussi selon eux des attitudespsychologiques. Certains soignants ont un discours qui essentialise cette différenceen l’associant à des instincts, tels que l’instinct maternel ou l’instinct desurvie, quand il s’agit des femmes. Ce propos glisse souvent vers un discoursmoral qui condamne les hommes, perçus comme égoïstes, et plaint les femmes,perçues comme altruistes. Les soignants mettent en rapport les attitudesconcernant le « partage <strong>du</strong> statut » et les circonstances de la contamination, leshommes étant considérés comme ayant été contaminés par leurs relationsextra-conjugales et les femmes dans le cadre de relations conjugales avec unconjoint qui n’a pas dévoilé son statut ou n’a pas cherché à le connaître. Il enrésulte une représentation assez péjorative des hommes sous traitement antirétroviralparmi les soignants : s’exprimant peu, indisciplinés et inconstants,centrés sur eux-mêmes et trop vulnérables aux « pressions sociales ». Cettereprésentation concernant les hommes fait écho à celles relevées dans lecontexte ivoirien sur la « vulnérabilité » des femmes face au <strong>VIH</strong> qui les « emprisonnent» dans un certain nombre de stéréotypes [15, 16]. On peut alors sedemander si les représentations des soignants vis-à-vis des patients ne contribuentpas à renforcer les obstacles des hommes dans le système de soins.Ces résultats invitent à s’interroger sur la nécessité de raffiner les stratégiesd’information et de communication envers les patients sous traitement antirétroviralen fonction <strong>du</strong> genre.13 L’aide matérielle, fournie aussi bien par un homme que par une femme, est en conformité avecles « rôles sociaux » au Cameroun.51

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