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origines et causes du mal dans des societes non-occidentales

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unepersonne atteinte <strong>du</strong> virus <strong>du</strong> S.I.D.A ..2. La conception <strong>des</strong> sociétés oralesDans ces sociétés, les arts de la guérison privilégient,quant à eux, une conception extériorisante de la<strong>mal</strong>adie, à laquelle est conféré souvent un sens social,é<strong>non</strong>ce Zémpleni. Que la personne ayant le statut socialde thérapeute soit guérisseur, devin ou chamane,elle sepréoccupe principalement <strong>du</strong> 'pourquoi?' . Selon la mêmeclassification, c'est ici l'origine qui Sera préférentiellementla cible <strong>des</strong> investigations thérapeutiques. Deplus, tous les thérapeutes procèdent <strong>dans</strong> unedémarchecentrée sur le <strong>mal</strong>ade: chaque cas sera le suj<strong>et</strong> d'unecure singulière. Le rapport <strong>du</strong> <strong>mal</strong>adeà son milieu social,l'état même de ce milieu <strong>et</strong> la disposition <strong>des</strong> agentshumains ou extrahumains sont essentiels, poursuitZempléni <strong>dans</strong> son étude <strong>des</strong> étiologies existantes. Unaxiome courant de ces pratiques est: "le traitement <strong>des</strong>états <strong>des</strong> corps propres <strong>des</strong> indivi<strong>du</strong>s passe par l<strong>et</strong>raitement approprié <strong>des</strong> états <strong>des</strong> corps sociauxauxquels ils appartiennent", ajoute-t-il.Augé, qui n'utilise jamais le qualificatif de 'sociétésorales' mais spécifie l'espace géographique concerné<strong>dans</strong> ses propos, convient que, <strong>dans</strong> la médecin<strong>et</strong>raditionnelle, les agents sont souvent anthropomorphesou zoomorphes <strong>et</strong> l'origine de nature sociale.Néanmoins, ces conceptions coexistent avec l'étiologieasociale ou impersonnelle, ce qu'il a observé, toutcomme Zémpleni. S'appuyant sur un anthropologue, ilécrit: "II n'y a donc pas plus de sens pour Horton à direqu'un penseur africain traditionnel s'intéressedavantage aux <strong>causes</strong> surnaturelles que naturelles qu'iln'yen aurait à dire qu'un physicien s'intéressedavantage à la théorie atomique qu'aux <strong>causes</strong>naturelles."C'est ainsi qu'une <strong>mal</strong>adie peut faire l'obj<strong>et</strong> d'uneconception <strong>des</strong> états pathologiques en termes deprincipes impersonnels, tels que chaud <strong>et</strong> froid.Autrement dit, <strong>dans</strong> les sociétés orales, on sait aussisoigner unrhume.A ce stade-ci, le lecteur pourrait cependant encorecroire qu'il tient la distinction chère à la penséeoccidentale, caractérisée par la prévalence de ladémarche analytique, entre un secteur empiricorationnel<strong>et</strong> un secteur magique comme les dénommeAugé, chacun plus caractéristique d'un <strong>des</strong> deux typesde société ici en question. Toutefois, il aura déjà étédérangé par la coexistence de différentes étiologies<strong>dans</strong> ces sociétés - dont celle que nous utilisons - pourexpliquer une <strong>mal</strong>adie.A ce suj<strong>et</strong>, Augé examine de très près la distinctionfaite par quantité d'anthropologues entre agentsimpersonnels <strong>et</strong> <strong>non</strong>-intentionnels <strong>et</strong> agents personnels<strong>et</strong> intentionnels, pour différencier médecines moderne<strong>et</strong> traditionnelle, <strong>et</strong> ce faisant, il dissèque <strong>et</strong> réfuteleurs arguments.Il constate au sein de c<strong>et</strong>te analyse qu'elles sontpensées<strong>dans</strong> une même continuité logique.Non seulement les deux conceptions étiologiques- impersonnelle <strong>et</strong> personnelle - coexistent <strong>dans</strong> cessociétés mais encore <strong>dans</strong> toute société, nousapprendZempléni.Nous allons à présent étudier ces points en détail, àtravers la <strong>des</strong>cription de plusieurs pratiques de soin.Mais avant d'aller plus loin, je tiens à consigner uneremarque rapportée par Augé : l' historien de lamédecine a rappelé que, comme les indivi<strong>du</strong>s <strong>et</strong> lessociétés, les représentations, les dieux, ... ont un âge.Les conceptions <strong>des</strong> sociétés orales décrites <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>ravail sont donc également datées.A. Symptôme <strong>et</strong> causeLes sociétés auxquelles on accole parfois le qualificatif'traditionnelles', de par leur oralité, n'ont pas unsystème taxinomique fixe <strong>et</strong> fermé, comme l'expliqu<strong>et</strong>rès clairement Zernpléni.' Les données récoltées <strong>dans</strong>ces sociétés ne sont donc pas totalisées <strong>et</strong> organiséesen système, mais diffusées inégalement. Elles seprésentent d'abord sous la forme de pratiques propresà chaque type de guérisseur, qui a une connaissanceparticulière <strong>et</strong> personnalisée. L'<strong>et</strong>hnographe, quiprovient de sociétés où l'écriture a favorisé lasystématisation, la standardisation <strong>et</strong> aussi ladésocialisation <strong>des</strong> théories étiologiques", est sansdoute le seul à s'efforcer d'en extraire un modèleapplicable d'un cas à l'autre" (Zempléni). Pour illustrer<strong>des</strong> éléments <strong>du</strong> schéma de pensée de la <strong>mal</strong>adie <strong>dans</strong>ces sociétés, voici l'exemple de deux systèmesthérapeutiques en usage <strong>dans</strong> la région <strong>du</strong> Sud-Togo,tels qu'étudiés par Augé 3 : deux itinéraires possibles,qui privilégient l'un le symptôme, l'autre la cause.Dans le premier, celui <strong>des</strong> guérisseurs indivi<strong>du</strong>els, c'estla nature <strong>des</strong> plantes choisies pour traiter le symptômequi entraîne secondairement l'accomplissement de rites<strong>et</strong> de sacrifices à l'égard <strong>des</strong> dieux qui en sont lesmaîtres. Le vo<strong>du</strong> (dieu) désigné n'est qu'associé à laguérison <strong>du</strong> <strong>mal</strong> dont il n'est pas nécessairementresponsable. L'interprétation symptomatique se fait enfonction de la connaissance <strong>du</strong> corps <strong>et</strong> de seséquilibres.Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01 5

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