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origines et causes du mal dans des societes non-occidentales

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Dans le second, celui <strong>des</strong> couvents lignagers c'est del'identification <strong>des</strong> dieux <strong>causes</strong> <strong>du</strong> <strong>mal</strong>,indépendamment de toute indication symptomatologiqueque découle celle <strong>des</strong> plantes nécessaires. Levo<strong>du</strong> est à la fois cause <strong>et</strong> remède, <strong>dans</strong> un système où"la <strong>mal</strong>adie est au principe de la création <strong>du</strong> peuplementdivin <strong>et</strong> <strong>du</strong> recrutement humain." (Augé). L'électionpour la prêtrise passe donc par l'interprétationétiologique d'une <strong>mal</strong>adie entant quedésignation divine.Mais il arrive également que traitement par la cause <strong>et</strong>traitement par le symptôme se rejoignent <strong>dans</strong> certainscas, nuanceAugé.En résumé, d'une part, un traitement végétal enfonction <strong>des</strong> symptômes est possible sans médiation parla cause <strong>et</strong> d'autre part, une interprétation divine de lacause<strong>du</strong> <strong>mal</strong> indique le traitement sans que le symptômenesoit àsa base.Tout dépend <strong>du</strong> choix initial fait par le <strong>mal</strong>ade de lapersonne à consulter, commeSindzingre 4 1' a souligné.B. Pratique magico-religieuse <strong>et</strong> pratique empiriqueL'exemple précédent illustre notamment le fait qu'iln'est pas possible de séparer d'une part, lestraitements empiriques, à base principalement deplantes, <strong>et</strong> d'autre part, les pratiques divinatoires, bienque les uns puissent être accomplis sans les autres. Lesdeux pratiques sont liées <strong>dans</strong> une symbolique qui lesunit. Les plantes sont liées à <strong>des</strong> dieux. La symboliqueest l'ensemble <strong>des</strong> représentations collectives, cellesciayant toujours trait à "comment une société sereprésente le monde?". Et la vie <strong>dans</strong> les sociétés oralesest basée sur ces représentations collectives. Uneétudiante en anthropologie a forgé c<strong>et</strong>te définition enréponse à l'une <strong>des</strong> nombreuses questions qu'ontsuscitées mes lectures <strong>dans</strong> le cadre de ce travail.Un <strong>des</strong> points de la thèse d'Augé consiste à affirmerque la symbolique constitue l'armature intellectuelle <strong>du</strong>social, c'est-à-dire "la matière première (...) <strong>des</strong> règlesjuridiques, <strong>des</strong> principes cognitifs <strong>et</strong> <strong>des</strong> mo<strong>des</strong>d'interaction propres à choque' société." (Augé,Herzlich).La pratique d'un guérisseur est à la fois empirique <strong>et</strong>"magique" ou sociale, deux sy<strong>non</strong>ymes pour Auqé.' Dansces sociétés, l' indistinct ion <strong>des</strong> deux secteurs évoquésdécoule logiquement de leur conception <strong>du</strong> monde. Cedernier est pensé sous le signe de relations entreunivers naturel, corps indivi<strong>du</strong>el <strong>et</strong> société, en termesde rapports d' homologie. On comprend dès lors que la<strong>mal</strong>adie, événement <strong>dans</strong> le monde soit souvent conçueen termes de relations.Mais si "chaque ordre r<strong>et</strong>entit sur l'autre", "la causeultime d'un trouble est toujours <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> social, ou aumoins <strong>des</strong> hommes(...)" (Augé, Herzlich). Cela revient àdire que l'interprétation de la <strong>mal</strong>adie Se fait demanière privilégiée en termes sociaux.L'exemple suivant de la pratique d'une autre sociétéafricaine, elle aussi étudiée par Augé, va me perm<strong>et</strong>tred'aborder ce qui fait basculer l'investigation médicale<strong>dans</strong> le social.Chez les Alladian de Côte d'Ivoire, l'interprétation de la<strong>mal</strong>adie peut être symptomatologique (on soigne lecorps en fonction <strong>des</strong> signes qu'il présente) <strong>et</strong>/ouétiologique (on recherche l'origine <strong>des</strong> troubles) <strong>et</strong>l'étiologie peut être sociale <strong>et</strong> / ounaturelle.Dans ces sociétés comme <strong>dans</strong> celles <strong>du</strong> Sud-Togo, lesdeux conceptions, empirico-rationnelle <strong>et</strong> sociale, seconfondent <strong>dans</strong> unemêmelogique.Si l'on peut là s'occuper <strong>du</strong> symptôme sansse soucier dela cause, il faut savoir, <strong>et</strong> Augé nousen informe, que <strong>dans</strong>bien <strong>des</strong> cas, il existe unecatégorisation étiologique <strong>des</strong>symptômes. En d'autres mots, un symptôme est souventréféré à une cause.Pour ce qui est de l'étiologie sociale,Augé cite quatre causalités alladian : agression ensorcellerie en cas de mort lente, <strong>mal</strong>édiction paternelleen cas de mort soudaine, a<strong>du</strong>ltère en cas decrachements de sang,mésentente <strong>des</strong> parents en cas dediarrhée <strong>du</strong>jeune enfant.Mais ni la symptomatologie ni la thérapeutique neperm<strong>et</strong>tent de distinguer radicalement les mauxexpliqués par une cause sociale <strong>des</strong> autres. L'auteur dec<strong>et</strong>te remarque, qui n'est autre qu' Augé, a en eff<strong>et</strong>observé qu'une interprétation sociale m<strong>et</strong>tait souventen oeuvre un symbolisme qui ressort directement à lalogique ordonnant les éléments naturels comme le sang<strong>et</strong> le chaud. Il a aussi relevé le fait que les médicamentsutilisés pour soigner <strong>des</strong> maux d'origine socialepouvaient purement <strong>et</strong> simplement être <strong>des</strong> substancesvégétales. Ces remarques valent pour toutes lessociétés qu'il a étudiées.Le symbolisme <strong>dans</strong> les sociétés africaines lignagièressert aussi bien à penser le social que le naturel. C'est cequi explique "qu'une <strong>mal</strong>adie puisse exiger deux types d<strong>et</strong>raitements: un traitement social (le rétablissementd'une relation sociale nor<strong>mal</strong>e par l'aveu, l'amende, lesacrifice ...) <strong>et</strong> un traitement végétal objectivementadministré au corps souffrant" (Augé).6 Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01

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