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origines et causes du mal dans des societes non-occidentales

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00. Etsociétés orales n'est pas figée sur une taxinomie maisconsiste en une intégration de tous les élémentsappartenant au contexte de la <strong>mal</strong>adie, <strong>et</strong> parmi eux <strong>non</strong><strong>des</strong> moindres sont les positions de force sociales <strong>des</strong>indivi<strong>du</strong>s mis en cause.A ce stade de la <strong>des</strong>cription, il est possible deconsidérer que ces pratiques sont fallacieuses, si on lesexamine en pensant vérité scientifique. Ce qui esttroublant, si on abandonne la comparaison par cecritère-là, c'est leur efficacité vérifiée de nombreusesfois, une efficacité symbolique qui répond à uneexigence de sens. Parfois elles servent la guérison,parfois pas. Toutefois, le système qui les englobe estcohérent en soi. Par les pratiques liées au <strong>mal</strong>, au<strong>mal</strong>heur, à la <strong>mal</strong>adie, les sociétés orales rappelent unordre social <strong>et</strong> naturel. Dans le cas où <strong>des</strong>professionnels de la médecine occidentale travaillent<strong>dans</strong> les sociétés orales, Sindzingre a remarqué quel'évolution <strong>des</strong> techniques de soin n'avait pas entraînéde soi la modification <strong>des</strong> modèles traditionnelsd'explication, <strong>et</strong> cela pour une bonne raison, qui suit."L'efficacité - reconnue - de la biomédecine n'affectepas la pensée causale puisque celle-ci n'a justement pasc<strong>et</strong>te efficacité, mais l'explication pour fonctionpremière".3. Ce que la conception <strong>des</strong> sociétés orales m' amènecomme réflexion par rapport à la biomédecine oudécalcageA posteriori,j 'ai remarqué que Nicole Sindzingre <strong>et</strong> moiavions utilisé le même exemple <strong>du</strong> rhume. C'est dire sichez nous le rhume est une <strong>mal</strong>adie-type. Je ne pensepas qu'il en soit ainsi <strong>dans</strong> les sociétés étudiées parc<strong>et</strong>te femme. Sous c<strong>et</strong>te perspective géographique, onvoit apparaître la dimension sociale de la <strong>mal</strong>adie,concept phare de l'article d' Augé.La dimension sociale de la <strong>mal</strong>adie correspond àl'ensemble <strong>des</strong> rapports sociaux qui se jouent <strong>et</strong> sedisent à travers l'événement <strong>mal</strong>adie.La <strong>mal</strong>adie, elle, est, toujours selon mes termes, unévénement à partir <strong>du</strong>quel se fait, se construit <strong>et</strong> Sedéconstruit le sens ë!onnéà notre rapport au social. Ladimension sociale de la <strong>mal</strong>adie peut à /' occasion semarquer sur le plan relationnel : on ne m<strong>et</strong> pas enquarantaine les porteurs de grippe ou d'autres <strong>mal</strong>adiescontagieuses.Attardons-nous sur le rhume en vue de cerner ceconcept.Le rhume est une <strong>mal</strong>adie dont les germes responsablesont toutes les 'chances' de s'installer <strong>dans</strong> lesorganismes <strong>des</strong> sociétés <strong>occidentales</strong>. C'est une <strong>mal</strong>adieque l'on peut évoquer sans culpabilité, <strong>non</strong> parce qu'elleest dénuée de causalité sociale - on peut se protéger <strong>du</strong>rhume ainsi que d'affections respiratoires plus gravestelles que laryngites, pharyngites <strong>et</strong> consoeurs; sanspour autant s'en prémunir, on peut en diminuerl'apparition - mais bien parce qu'elle est tenue d'abordpour uneaffection bénigne <strong>du</strong>e à <strong>des</strong> germes <strong>et</strong> pouvanttoucher tout type de personne.Néanmoins,unsans-abri aura plus de' chances', onaimeà parler de probabilités <strong>dans</strong> les sociétés in<strong>du</strong>strialisées(<strong>et</strong> pas seulement en Occident), de contracter unrhume, voire de mourir d'une <strong>des</strong> circonstancesfavorables à son infection, le froid, qu'un cadre moyen,se déplaçant essentiellement en voiture, disposant d'unlogement correctement chauffé <strong>et</strong> vêtu en fonction <strong>des</strong>conditions climatiques.Dans une société comme celle <strong>des</strong> Fodo<strong>non</strong>, où l'on n'apas coupé la <strong>mal</strong>adie de l'infortune, qui <strong>dans</strong> leurconception l'englobe, une maison qui prend feu <strong>et</strong> une<strong>mal</strong>adie infectieuse exigent de la même manière uneinterprétation, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te interprétation ne se distingueen rien <strong>du</strong> point de vue de la forme, observe Sindzingre.La mêmesérie finie de <strong>causes</strong>peut être connectée aussibien à un <strong>des</strong>tin <strong>mal</strong>heureux qu'à un trouble organique,rapporte-t-elle.Si, chez nous aussi, on peut déterminer pour <strong>mal</strong> <strong>et</strong><strong>mal</strong>adie un type identique de cause, son contenu seraalors dépourvu de toute intentionnalité. Il appartiendraà <strong>des</strong> catégories <strong>du</strong> genre biochimique, psycholoqique",puis on désignera une cause sociale au suj<strong>et</strong> d'un<strong>mal</strong>heur plutôt qued'une <strong>mal</strong>adie.Sindzingre a décelé combien est primordiale laperception de l'indivi<strong>du</strong> ou <strong>du</strong> groupe souffrant dontdépend la décision <strong>et</strong> la dénomination de l'état <strong>et</strong> <strong>du</strong>seuil à partir <strong>des</strong>quels une interprétation s'impose,même si un codage sociétal lui préexiste. Chez lesFodo<strong>non</strong>, par les morts en série d'enfants, tout lelignagese ressent "<strong>mal</strong>ade".Ils considèrent <strong>mal</strong>adies <strong>et</strong> <strong>mal</strong>heurs en série comme<strong>des</strong> signes <strong>du</strong> t<strong>et</strong>e ou toro : celui qui subit une répétitiond'événements <strong>mal</strong>heureux est dit <strong>des</strong>tiné à uneexistence de <strong>mal</strong>heur. C<strong>et</strong>te interprétation légitimeévidemment les <strong>mal</strong>heurs à venir, mais elle est parfoisaussi sanction de comportements excessifs ou au moinsrepréhensibles socialement.Ici <strong>et</strong> là-bas, l'interprétation qu'on donne au <strong>mal</strong> feraqu'on ira ou<strong>non</strong>consulter unsoignant.Décider à qui on s'adresse, choix dont j'ai fait mentionplus haut, est encore une étape supplémentaire.L'existence d'un chemin thérapeutique au Sud-Togo,8 Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01

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