DES DONNÉES PLUS COMPLÈTES POURSOUTENIR LES DYNAMIQUES SOCIALES :L’ABANDON DES MGF ET DE L’EXCISIONDepuis <strong>les</strong> années 1990, la mise à disposition de statistiques détailléessur <strong>les</strong> mutilations génita<strong>les</strong> féminines et l’excision a étayé <strong>les</strong> politiques et<strong>les</strong> programmes qui avaient <strong>pour</strong> but de promouvoir l’abandon de cettepratique et d’autres pratiques socia<strong>les</strong> qui portent préjudice à la santédes fil<strong>les</strong> et des femmes.Les MGF et l’excision ont attiré l’attention de la communauté internationaleà la fin des années 1970, en particulier à l’occasion d’un séminairede l’Organisation mondiale de la Santé consacré aux pratiquestraditionnel<strong>les</strong> qui affectent la santé des femmes et des <strong>enfants</strong>,organisé à Khartoum en 1979. Les premières statistiques sur l’enverguredu problème des MGF et de l’excision étaient très limitées et leurfiabilité était discutable, car <strong>les</strong> estimations de la prévalence reposaientsouvent sur des informations non confirmées.Les premières enquêtes démographiques et sanitaires à comporterdes questions portant spécifiquement sur <strong>les</strong> MGF et l’excision se sontdéroulées dans le Nord du Soudan entre 1989 et 1990. À la fin desannées 1990, <strong>les</strong> enquêtes démographiques et sanitaires comportantun volet MGF/excision étaient plus fréquentes dans <strong>les</strong> pays où cettepratique est courante, et <strong>les</strong> questions avaient été uniformisées. Lesinformations recherchées ont <strong>pour</strong> but de déterminer si la femmeinterrogée a été excisée et si l’une de ses fil<strong>les</strong> a été excisée, la naturede l’excision et qui l’a pratiquée, et l’attitude de la personne interrogéeface à cette pratique.Les premières enquêtes en grappes à indicateurs multip<strong>les</strong> à comporterdes questions sur <strong>les</strong> MGF et l’excision ont été lancées en 2000, et lecycle le plus récent de ces enquêtes (2005–2006) a permis de réunirdes données sur 13 pays.Les données figurant dans <strong>les</strong> enquêtes en grappes à indicateursmultip<strong>les</strong> et <strong>les</strong> enquêtes démographiques et sanitaires ont étésystématiquement réunies compte tenu des variab<strong>les</strong> suivantes :région, lieu de résidence urbain-rural, âge, ressources du ménage etniveau d’éducation et, de plus en plus, origine ethnique. Ces donnéesrévèlent que <strong>les</strong> progrès en faveur de l’abandon des MGF et de l’excisionsont plus rapides dans <strong>les</strong> pays où cette pratique ne concerne que certainsgroupes sociaux. Cette constatation est conforme à la théorie desconventions socia<strong>les</strong>. Si pratiquement toutes <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> et toutes <strong>les</strong>femmes sont excisées dans une communauté, il n’y a pas lieu deconcevoir qu’il puisse en être autrement.Les statistiques confirment qu’il existe un lien étroit entre l’origineethnique et la pratique des MGF et de l’excision – plus fort que touteautre variable sociale ou démographique. El<strong>les</strong> indiquent encore quele taux de prévalence a tendance à être très élevé dans <strong>les</strong> groupesethniques qui pratiquent <strong>les</strong> MGF et l’excision. Il est rare qu’un segmentseulement d’un groupe ethnique se livre à cette pratique; si tel est lecas, c’est probablement qu’un processus de changement social est encours. Ainsi, <strong>les</strong> efforts nationaux en faveur de l’abandon des MGF et del’excision doivent-ils s’accompagner de mesures communautaires dans<strong>les</strong> régions du pays où cette pratique est courante, et <strong>les</strong> stratégiesdoivent tenir compte du fait que <strong>les</strong> groupes ethniques s’étendentsouvent au-delà des frontières nationa<strong>les</strong>.La comparaison des données relatives aux attitudes face aux MGF età l’excision et leur taux de prévalence révèle que, dans certains pays,de nombreuses femmes ne sont pas favorab<strong>les</strong> à cette pratique maisqu’el<strong>les</strong> continuent à la subir. Ce fait vient confirmer la théorie selonlaquelle <strong>pour</strong> que cette pratique soit abandonnée à grande échelle, ilfaut que <strong>les</strong> membres des communautés qui l’appliquent changentnon seulement leurs attitudes individuel<strong>les</strong> – ce qui ne suffit pas <strong>pour</strong>entraîner un changement de comportement – mais décident explicitementet collectivement de l’abandonner. L’évolution au fil du temps estune mesure indirecte de la détermination à abandonner cette pratiqueà grande échelle, et <strong>les</strong> stratégies à appliquer dans des contextessociaux particuliers évolueront au fil du temps si un processus dechangement social est en cours.Dans huit pays, le <strong>pour</strong>centage de femmes dont <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> ont étéexcisées est supérieur au <strong>pour</strong>centage de femmes qui soutiennentcette pratique. Des études récentes donnent des indicationsthéoriques et pratiques selon <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’abandon est possibleà grande échelle si l’on fait comprendre aux communautés quipratiquent ces mutilations que dans d’autres communautés, <strong>les</strong>jeunes fil<strong>les</strong> trouvent un mari même sans avoir été mutilées 3 .Le changement des attitudes individuel<strong>les</strong>n’entraîne pas toujours un changement des pratiquesPourcentage de jeunes fil<strong>les</strong> et de femmes âgées de 15 à 49 ansdont au moins une fille a été excisée et <strong>pour</strong>centage de jeunes fil<strong>les</strong>et de femmes âgées de 15 à 49 ans qui estiment que la pratique dela MGF/excision doit se <strong>pour</strong>suivre, dans <strong>les</strong> pays où le niveau desoutien est plus faible que le taux de prévalence chez <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>MauritanieÉrythréeDjiboutiÉthiopieGuinée-BissauBurkina FasoSénégalBénin2111201825280 % 10 % 20 % 30 %40 % 50 % 60 % 70 %Source : enquêtes en grappes à indicateurs multip<strong>les</strong>, enquêtes démographiques etsanitaires et autres enquêtes nationa<strong>les</strong>, 2002–2007.313537384949536366Pourcentage de jeunes fil<strong>les</strong>et de femmes dont au moinsune fille est exciséePourcentage de jeunes fil<strong>les</strong>et de femmes qui pensent quecette pratique doit se <strong>pour</strong>suivre14 Progrès <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>enfants</strong>
Travail des <strong>enfants</strong>Selon l’UNICEF, 150 millions d’<strong>enfants</strong> âgés de 5 à 14 ans travaillentdans le monde. Cette estimation est extraite des données réuniesdans 102 pays. Le travail des <strong>enfants</strong> est surtout courant enAfrique subsaharienne, où plus d’un tiers des <strong>enfants</strong> travaille.Understanding Children’s Work (Comprendre le travail des<strong>enfants</strong>), un projet interinstitutions de l’Organisation internationaledu Travail (OIT), de la Banque mondiale et de l’UNICEF,a examiné <strong>les</strong> données de plusieurs pays <strong>pour</strong> <strong>les</strong>quels desdonnées comparab<strong>les</strong> sur le travail des <strong>enfants</strong> existent. Uneréduction de l’engagement des <strong>enfants</strong> dans une activité économiquea été constatée dans la majorité des pays, y compris dansde grands pays comme le Brésil, l’Inde et le Mexique. Mais dansplusieurs pays, la tendance reste stable ou le travail des <strong>enfants</strong>est même en progression 4 .Selon <strong>les</strong> estimations de l’OIT, plus des deux tiers des activitéséconomiques impliquant des <strong>enfants</strong> interviennent dans le secteuragricole. Les <strong>enfants</strong> des zones rura<strong>les</strong> – <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> en particulier –commencent à travailler dans l’agriculture quand ils n’ont parfoispas plus de 5 ou 7 ans 5 .Le travail des <strong>enfants</strong> est à la fois la cause et la conséquence dela pauvreté et il perpétue la paupérisation en compromettantgravement l’éducation des <strong>enfants</strong>. En commençant à travaillertrès jeunes, la plupart des <strong>enfants</strong> retardent leur entrée à l’école,Plus d’un tiers des <strong>enfants</strong> travaillent enAfrique subsahariennePourcentage d’<strong>enfants</strong> âgés de 5 à 14 ans qui travaillentAfrique de l’Estet australeAfrique de l’Ouest et centrale(À l’exclusion du Nigéria)Afrique subsaharienne(À l’exclusion du Nigéria)Asie du SudAmérique latine etCaraïbesAsie de l’Est et PacifiqueMoyen-Orient etAfrique du NordECO/CEIPays en développementPays <strong>les</strong> moins avancés6109110 % 10 %20 %30 %Source : enquêtes en grappes à indicateurs multip<strong>les</strong>, enquêtes démographiques etsanitaires et autres enquêtes, 1999–2007.13163034353640 %Le travail des <strong>enfants</strong> est le plus courant en Afrique subsaharienne, mais il existe aussi dans certaines régions d’AsiePourcentage d’<strong>enfants</strong> âgés de 5 à 14 ans qui travaillent30 % ou plus20–29 %10–19 %Moins de 10 %Données non disponib<strong>les</strong>Note : cette carte est stylisée et n’est pas à l’échelle. Elle ne reflète aucune prise de position de la part de l’UNICEF quant au statut juridique des pays ou territoires, ni quant au tracé deleurs frontières. La ligne en pointillé représente approximativement la ligne de démarcation au Jammu-et-Cachemire sur laquelle l’Inde et le Pakistan se sont accordés. Le statut final duJammu-et-Cachemire n’a fait l’objet d’aucun accord entre <strong>les</strong> parties. Les données <strong>pour</strong> le Jammu-et-Cachemire sont extraites de l’Enquête nationale sur la santé des famil<strong>les</strong> (Inde), 2005–2006.Source : enquêtes en grappes à indicateurs multip<strong>les</strong>, enquêtes démographiques et sanitaires et autres enquêtes nationa<strong>les</strong>, 1999 -2007.Un bilan de la protection de l’enfant15