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Le REDT, un précurseur des RNR-G - CEA

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IV. <strong>Le</strong>s outils expérimentaux pour valider les concepts<strong>Le</strong> <strong>REDT</strong>, <strong>un</strong> <strong>précurseur</strong><strong>des</strong> <strong>RNR</strong>-G<strong>Le</strong> réacteur à neutrons rapi<strong>des</strong> refroidi par gazest <strong>un</strong>e voie très innovante qui n’a pas le retourd’expérience <strong>des</strong> réacteurs au sodium.Avant d’envisager la construction – sans doutedans <strong>un</strong> cadre européen – d’<strong>un</strong> prototypeélectrogène de moyenne puissance, le <strong>CEA</strong> préparedonc <strong>un</strong> réacteur d’étude et de développementtechnologique (<strong>REDT</strong>) qui pourrait démarreren 2020 afin d’approfondir la connaissance enconditions réelles de la technologie <strong>des</strong> réacteursà neutrons rapi<strong>des</strong> et caloporteur gaz.<strong>CEA</strong>Vue d'ensemble du <strong>REDT</strong>faisant apparaître, enpartie basse, son circuitprimaire avec sonenceinte rapprochéemétallique et, en partiehaute, le bâtimentréacteur avec sonenceinte en bétonet le pont roulant <strong>des</strong>tinéà la manutention<strong>des</strong> gros composants.<strong>Le</strong> réacteur à neutrons rapi<strong>des</strong>(<strong>RNR</strong>) refroidi au gaz (<strong>RNR</strong>-G)constitue <strong>un</strong>e alternative au <strong>RNR</strong> ausodium (<strong>RNR</strong>-Na) et <strong>un</strong>e voie innovantepour les réacteurs à neutronsrapi<strong>des</strong>. Intrinsè que ment,même s’il est nettement moinsbon caloporteur que le sodium, l’hélium présente<strong>des</strong> caractéristiques attractives pour la conception etla sûreté d’<strong>un</strong> réacteur car c’est <strong>un</strong> gaz chimiquementinerte et transparent aux neutrons.En outre, le <strong>RNR</strong>-G, capable de fonctionner à plushaute température, permettrait de satisfaire <strong>des</strong> besoinsautres qu’électrogènes comme la fourniture de chaleurde procédé pour la production d’hydrogène ou de carburantde synthèse (1) , voire pour d’autres applicationsindustrielles, sans être dépendant <strong>des</strong> tensions sur lecoût de l’uranium (voir Vers <strong>des</strong> applications du nucléaireautres que la production d'électricité, p. 123). En revanche,ce concept ne dispose pas de retour d'expérienceà l’échelle d’<strong>un</strong> réacteur ayant fonctionné.Un jalon sur la voie du prototype industriel(1) carburant de synthèse: combustible hydrocarboné obtenupar synthèse et non par raffinage d’hydrocarbures naturels.Son calendrier de développement, globalement plusétalé que celui de son homologue à sodium, comportetrois gran<strong>des</strong> étapes dont la réalisation du réacteurd’étude et de développement technologique (<strong>REDT</strong>)constitue la deuxième, la première étant la levée <strong>des</strong>verrous technologiques principaux que sont le développementd’<strong>un</strong> combustible innovant et réfractaireet le choix d’options de sûreté. De petite puissance, le<strong>REDT</strong> sera capable d’asseoir la faisabilité de la conceptiondu cœur (figure 1), de la technologie du combustible,du contrôle neutronique et de l’instrumentationavant de passer à la troisième étape: la constructiond’<strong>un</strong> prototype électrogène de moyenne puissance,comparable à celui envisagé pour la filière <strong>RNR</strong>-Na.La décision de construction du <strong>REDT</strong> doit interveniren 2012, à l’issue <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de faisabilité et dedéfinition, la mise en exploitation étant programméepour 2020.<strong>Le</strong>s objectifs du <strong>REDT</strong>L’objectif général du <strong>REDT</strong> est d’établir la faisabilitédu <strong>RNR</strong>-G et de son cycle de combustible, dans <strong>un</strong>eoptique de déploiement sur le long terme, et plus précisémentde faire les démonstrations nécessaires à laqualification <strong>des</strong> solutions retenues pour la filière et leprototype industriel. <strong>Le</strong> <strong>REDT</strong> doit d'abord permettrel’établissement d’<strong>un</strong> premier référentiel de sûretévalidé par les autorités de sûreté. Ses options de sûreténe seront pas, pour certains aspects, transposables àcelles du réacteur prototype, dans lequel, par exemple,la place <strong>des</strong> systèmes actifs pourrait être moins importante.Néanmoins, ces options constitueront à l'évidence<strong>un</strong>e étape en termes de définition et de validation<strong>des</strong> options de sûreté d'<strong>un</strong> réacteur rapide àcaloporteur gaz, et la position <strong>des</strong> autorités de sûretéconstituera à cet égard <strong>un</strong>e référence pour les réacteursqui suivront.<strong>Le</strong> deuxième objectif sera la qualification <strong>des</strong> technologiesdu combustible et de l’assemblage du <strong>RNR</strong>-G.Dans le plan de développement du combustible de cedernier, le <strong>REDT</strong> se situe entre l’irradiation d’échantillons(quelques grammes) dans les réacteurs d’irradiationstechnologiques et la pleine démonstrationFigure 1.Plan dechargement ducœur du <strong>REDT</strong>.Apparaissenten rougeles barres decommande, en vertles assemblages“test”, en grisles barres d'arrêtcomplémentaireset en marron<strong>un</strong> assemblageinstrumenté.114CLEFS <strong>CEA</strong> - N° 55 - ÉTÉ 2007


(plusieurs tonnes de combustible) dans le prototypeindustriel. Il apporte la souplesse nécessaire à l’étude<strong>des</strong> différents concepts de cœurs et d’assemblages combustiblesenvisageables pour la filière et son prototype.Troisième objectif: la démonstration du fonctionnement,du contrôle et de l’instrumentation associée.L’expérience acquise avec le <strong>REDT</strong> permettra de poursuivrele développement de la filière <strong>RNR</strong>-G avecl’étape du prototype industriel.Partie d'assemblagede 19 aiguilles-test <strong>des</strong>tiné aucœur de démarrage du <strong>REDT</strong>.<strong>Le</strong>s options de référence du cœur<strong>CEA</strong>Dans sa conception, au niveau du cœur en particulier,le <strong>REDT</strong> s’apparente au réacteur prototype dontil est <strong>un</strong>e maquette à échelle réduite. Il se différencieradicalement d’<strong>un</strong> réacteur d’irradiations du typeMTR (Material Testing Reactor) comme le réacteurJules Horowitz (RJH) dont l’objectif est de couvrir defaçon large les besoins d’irradiations <strong>des</strong> différentesfilières de réacteurs (voir <strong>Le</strong> réacteur RJH: polyvalenceau service <strong>des</strong> matériaux, p. 102).<strong>Le</strong> pré-dimensionnement du cœur du <strong>REDT</strong> sera justifiépar <strong>des</strong> critères de représentativité <strong>des</strong> conditionsd’irradiation par rapport à la référence que constituele réacteur commercial <strong>RNR</strong>-G de 2400 MWth. Sontsimultanément recherchés <strong>des</strong> températures de gaineet de combustible identiques, <strong>un</strong> flux rapide et <strong>un</strong> rapportdose/taux de combustion proches de ceux du<strong>RNR</strong>-G. Un cœur caractérisé par <strong>un</strong>e puissance de50 MW et <strong>un</strong>e puissance volumique moyenne de 100à 150 MW/m 3 est apparu comme le meilleur compromisperformances /coûts à ce stade.<strong>Le</strong> combustible mis en œuvre dans cette configurationdite de “démonstration” est le combustible innovantretenu en référence pour le <strong>RNR</strong>-G. Il se présentesous la forme de plaques planes renfermant<strong>un</strong> combustible carbure (U,Pu)C. La gaine est encomposite SiC-SiCf.<strong>Le</strong> <strong>REDT</strong> est en premier lieu conçu pour fonctionneravec le combustible avancé du <strong>RNR</strong>-G, mais il doit êtreconstruit avant que le combustible <strong>RNR</strong>-G ne soit complètementqualifié. Aussi envisage-t-on <strong>un</strong> cœur dit“de démarrage”, de conception assurée, danslequel l’irradiation à caractère expérimentaldu combustible avancé du <strong>RNR</strong>-G sera réalisée dans <strong>des</strong> assemblages “test”(figure 2). En référence, le cœur de démarragesera constitué d’aiguilles à combustibleoxyde (U,Pu)O 2 et gaines métalliques(la technologie du <strong>RNR</strong>-Na). Ces der -nières imposent <strong>un</strong>e température d’héliumen sortie du cœur nettement abaisséepar rapport aux <strong>RNR</strong>-G (560 contre850 °C). <strong>Le</strong> point fort au plan de la sûretésera d’utiliser <strong>un</strong> acier pour la gaine, plusprécisément <strong>un</strong>e nuance connue pourson bon comportement en flux rapide.<strong>Le</strong> tableau rassemble les principales caractéristiques<strong>des</strong> cœurs du <strong>RNR</strong>-G de 2400 MWth et du<strong>REDT</strong> (démarrage et démonstration) obtenues auterme <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> exploratoires. <strong>Le</strong>s configurations88 mmFigure 2.Assemblage “test” contenantle combustible avancé<strong>RNR</strong>-G à plaques alvéolées.<strong>RNR</strong> gaz <strong>REDT</strong> cœur <strong>REDT</strong> cœur2 400 MWth démonstration démarragepuissance <strong>un</strong>itaire (MWth) 2 400 50 50densité de puissance cœur (MW/m 3 ) 100 100 100pression hélium (bar) 70 70 70température entrée/sortie cœur ( °C) 400/850 400/850 260/560combustible (U, Pu)C-SiC (U, Pu)C-SiC pastille (U, Pu)O 2assemblage combustible plaque plaque aiguillefraction combustible/caloporteur (% vol) 22,4/40,0 23,5/31,0 36,2/42,0fraction (matrice + jeu)/structure (% vol) 17,6/20,0 18,5/27,0 3,1/18,7épaisseur plaque (mm) 7,0 6,27 –diamètre aiguille(mm) – – 6,55température max gaine/combustible ( °C) 965/1 260 1 045/1 140 615/1 045perte de charge cœur (bar) 0,44 0,58 0,62Pu/(U + Pu) (%) 15,2 34,9 27,3taux de combustion moyen/max (at %) 10,1/15,7 5,4/8,6 5,2/8,8flux rapide max (E>0,1 MeV (n/cm 2 /s) 1,4 10 15 0,94 10 15 1,1 10 15fluence rapide max (E>0,1 MeV (n/m 2 ) 3,0 10 27 1,1 10 27 1,6 10 27dose max (dpa SiC) 163 61 85dose max/taux de combustion max (dpa SiC/at%) 10,3 7,1 9,7vide He fin de vie (pcm) 253 -18 63Doppler fin de vie (pcm) -1 175 - 523 - 360fraction neutrons retardés (pcm) 344 339 353Tableau. Principalescaractéristiques comparéesdu cœur d’<strong>un</strong> <strong>RNR</strong>-Gde 2 400 MWth et <strong>des</strong> deuxcœurs prévus pour le <strong>REDT</strong>.CLEFS <strong>CEA</strong> - N° 55 - ÉTÉ 2007 115


IV. <strong>Le</strong>s outils expérimentaux pour valider les conceptsretenues affichent <strong>des</strong> performances d’irradiationconformes à l’objectif fixé (environ moins 30 %par rapport aux valeurs correspondantes du <strong>RNR</strong>-G de 2400 MWth) pour le flux rapide et pour le rapportdose/taux de combustion.La teneur en éléments fissiles (le plutonium en l’occurrence)est très nettement accrue (de l’ordre de 30 %)par rapport au <strong>RNR</strong>-G 2400 MWth. C’est la contrepartiede la petite taille du cœur <strong>REDT</strong> qui induit <strong>un</strong>accroissement significatif <strong>des</strong> fuites neutroniques.S’agissant du combustible et de son cycle, ces valeursn’ont rien de rédhibitoire: la limite pour le retraitementdu combustible oxyde est ainsi de 40-45 %Pu/(U+Pu).<strong>Le</strong>s autres paramètres importants sont les effets enmatière de réactivité : l’effet de dépressurisation del’hélium est proche de zéro, ce qui est bien sûr favorable,et l’effet Doppler est comparable à celui d'<strong>un</strong><strong>RNR</strong>-Na de taille équivalente.nismes de barres de commande, échanges thermiquesstructures/gaz, thermique du combustible, effet Doppleret dilatation de l'élément combustible… Ils gouvernentle comportement naturel du cœur et, à ce titre, représentent<strong>des</strong> paramètres majeurs de l'analyse de sûreté.Il permettra aussi d'étudier la puissance résiduelle ducœur et les conditions de son évacuation, en complément<strong>des</strong> essais qui seront faits en boucle inactive: lagestion du début <strong>des</strong> transitoires de perte de refroidissementsera en effet <strong>un</strong> point clé de la sûreté <strong>des</strong> cœursde <strong>RNR</strong>-G, dont l’inertie thermique est faible.Ces phénomènes seront évalués préalablement avec<strong>des</strong> modélisations qualifiées par <strong>des</strong> essais en effetsséparés, soit sur maquette critique, soit lors d'essaisen boucle inactive. L’objectif complémentaire du<strong>REDT</strong> est la qualification globale <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> et simulationscouplées et, par là même, la consolidation dela qualification <strong>des</strong> logiciels de conception et la réduction<strong>des</strong> incertitu<strong>des</strong>.D. Michon-Artechnique /<strong>CEA</strong>Installation Esthair(Essais thermoaérauliquesen air), aucentre <strong>CEA</strong> de Grenoble,<strong>des</strong>tinée notammentà évaluer les coefficientsde frottementet d'échange de chaleurpour l'élémentcombustible de type"aiguilles" du cœurde démarrage du <strong>REDT</strong>.La contribution aux démonstrationssur le cycle du combustible<strong>Le</strong>s technologies pour la fabrication du combustible<strong>RNR</strong>-G seront validées dans <strong>un</strong> premier temps (assemblages“tests” du cœur de démarrage) avec <strong>des</strong> assemblagesuranium-plutonium sans actini<strong>des</strong> mineurs dontla fabrication peut être réalisée en boîte à gants.Une expérience de cycle intégré portantsur environ 1 kg d’actini<strong>des</strong> (<strong>un</strong>e fractiond’assemblage du <strong>REDT</strong>) sera <strong>un</strong> point clédu programme de développement de lafilière. <strong>Le</strong> retraitement, suivi de la re-fabrication,pourrait permettre de réaliser avecle <strong>REDT</strong> <strong>un</strong>e expérience de fermeture ducycle. Au-delà de la démonstration <strong>des</strong> procédés,l'objectif sera ainsi d'étudier le comportementen pile de l'assemblage combustibledans lequel auront non seulementété réintroduits tous les actini<strong>des</strong> mineurs,mais où sera aussi présent <strong>un</strong> taux résidueld’impuretés et de produits de fission issusdu recyclage.<strong>Le</strong>s outils de fabrication <strong>des</strong> combustiblesdevront être développés en gérant rationnellementle passage <strong>des</strong> installations deR&D aux installations industrielles. Àterme, l'amont (la fourniture du combustible)et l'aval du cycle (le retraitementet la re-fabrication du combustible recyclant les actini<strong>des</strong>)seront parties intégrantes de la démarche dequalification <strong>des</strong> procédés du cycle du combustible du<strong>RNR</strong>-G pour <strong>des</strong> équipements à l'échelle d’<strong>un</strong> cœur.<strong>Le</strong>s autres apportsdu fonctionnement du <strong>REDT</strong>Au-delà <strong>des</strong> irradiations de combustible, le <strong>REDT</strong> permettrade déterminer expérimentalement d'autres points,à commencer par les effets de couplage entre la neutroniqueet la thermohydraulique du cœur. Des phénomènescomme les contre-réactions neutroniques consécutivesà <strong>des</strong> augmentations de température d'entrée,de l'échauffement du cœur ou encore de la puissance,font intervenir tous les aspects de la physique du réacteur:équilibre mécanique du cœur, support <strong>des</strong> méca-La conception d’ensemble du <strong>REDT</strong>L’objectif <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de conception du réacteur, austade <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> exploratoires, était d’identifier lespoints durs et les solutions possibles, et de disposerde données cohérentes permettant de décrire et demodéliser le réacteur pour les étu<strong>des</strong> de sûreté. <strong>Le</strong>sprincipes retenus pour sa conception sont illustréspar la figure 3.La cuve réacteur et les fonctions associéesLa cuve, constituée d’<strong>un</strong>e virole cylindrique et d’<strong>un</strong>fond hémisphérique, a <strong>un</strong> diamètre de 3 m pour <strong>un</strong>ehauteur de 8 m et <strong>un</strong>e épaisseur de 10 cm (pièces forgéesen acier 9Cr1Mo). La masse totale (incluant le couverclede cuve) est approximativement de 120 tonnes.L’hélium entre dans la cuve par <strong>un</strong> piquage latéral, <strong>des</strong>cendjusqu’au fond par <strong>un</strong> espace annulaire, remonteà travers le cœur, rejoint le plenum chaud au-<strong>des</strong>susdu cœur et ressort par le piquage latéral. L’arrangementdans la boucle primaire à l’extérieur de la cuve est detype cross-duct comportant deux tuyauteries concentriques:la tuyauterie contenant le gaz “chaud” est inséréedans celle qui contient le gaz “froid”.La partie mobile absorbante <strong>des</strong> barres de commandeest positionnée au-<strong>des</strong>sus du cœur ; les mécanismessont placés en fond de cuve, en partie froide. La manutentiondu combustible se fait sans dépose du couverclede cuve, <strong>un</strong> système de bras articulé permet ledéplacement vertical et latéral <strong>des</strong> assemblages dansla cuve : entrées et sorties se font via <strong>des</strong> sas étanchespar le haut de la cuve.<strong>Le</strong> refroidissement en fonctionnement nominalCompte tenu de sa petite puissance et dans <strong>un</strong>e logiquede simplification du système et de minimisation ducoût d’investissement, le <strong>REDT</strong> ne sera pas doté d’<strong>un</strong>système de conversion d’énergie et ne produira pasd’électricité. Il sera refroidi par de l’hélium sous pressionavec <strong>un</strong> circuit isobare (2) équipé de soufflantes.<strong>Le</strong> secondaire est <strong>un</strong> circuit en eau sous pression, lasource froide finale étant l’air. La technologie retenuepour l’échangeur de chaleur du circuit principal estla technologie tube et calandre déjà mise en œuvre dansle réacteur japonais HTTR. La puissance en fonctionnementest évacuée au travers d’<strong>un</strong>e boucle <strong>un</strong>ique116CLEFS <strong>CEA</strong> - N° 55 - ÉTÉ 2007


(figure 3). Une réservation de puissance de 10 MW sur<strong>un</strong>e banche dérivée (non représentée) est prévue pourd’éventuelles réalisations expérimentales ultérieurescomme le test de composants tels qu'<strong>un</strong> échangeurIHX à haute température…<strong>Le</strong>s systèmes de sauvegardeComme pour le <strong>RNR</strong>-G, l’évacuation de la puissancerésiduelle repose sur la circulation du gaz et l’existenced’<strong>un</strong>e enceinte rapprochée étanche disposéeautour du circuit primaire. Cette circulation est assuréepar <strong>des</strong> moyens redondants et diversifiés, en premierlieu <strong>des</strong> moyens de pompage actifs (circulateurs).La puissance de pompage est fixée par rapportau besoin de refroidissement en conditions accidentelles(dépressurisation), la pression de repli disponibledans l’enceinte rapprochée (environ 3 · 10 5 Pa)permet de rester à <strong>un</strong> niveau de puissance très raisonnable(< 50 kW par machine). En cas de perte dudébit primaire et de non-démarrage <strong>des</strong> circulateurs<strong>des</strong> boucles d’évacuation de la puissance résiduelle,le niveau de pression dans le réacteur est suffisantpour permettre le refroidissement du cœur parconvection naturelle.<strong>Le</strong> système de sauvegarde est constitué de trois bouclesindépendantes, chac<strong>un</strong>e pouvant assurer seule lamission. Chac<strong>un</strong>e comporte <strong>un</strong> échangeur pré-dimensionnépour évacuer jusqu’à 3 % de la puissance nominale,localisé en partie haute (élévation de 15 m environpar rapport au plan médian du cœur), <strong>un</strong>circulateur et <strong>un</strong>e vanne d’isolement implantés dansla branche froide.<strong>Le</strong> développement du <strong>REDT</strong> requiert la complétudede l’étude de faisabilité en 2009 et la préparation dudossier réglementaire d’options de sûreté (DOS). Ladémarche d’étu<strong>des</strong>, analogue à celle menée par ailleurspour le <strong>RNR</strong>-G, comprend l'approche de sûreté etl'étude <strong>des</strong> systèmes de sauvegarde. Dans l’approchede sûreté, on recherche l’exhaustivité de l’analyse, lacombinaison <strong>des</strong> différents outils (probabiliste, déterministe(3) ), l’argumentation justifiant les situationsprises en compte et plus encore celles qui sont excluespar conception. L’étude de conception et de performance<strong>des</strong> systèmes de sauvegarde s’appuie sur <strong>des</strong>simulations numériques permettant d‘établir que leslimites de fonctionnement <strong>des</strong> barrières et <strong>des</strong> composantsne seront pas franchies.La démonstration de sûreté deviendra réellementconclusive lorsqu’il sera possible de justifier à la fois lescritères de découplage à respecter et la pertinence <strong>des</strong>modèles aux différents niveaux. Sur le premier point,le point fort est justement que, lorsqu’on raisonne surle cœur de démarrage, on peut fixer précisément leslimites de fonctionnement de l’élément combustible(tenue/rupture de la gaine) et, en conséquence, les performancesattendues <strong>des</strong> systèmes de sauvegarde. <strong>Le</strong>second point concerne au premier chef le cœur maisaussi les circulateurs, les échangeurs de chaleur, l’inter -action avec les structures et avec l’enceinte…(2) isobare : qualifie <strong>un</strong>e pression constante et <strong>un</strong>iformeau sein d’<strong>un</strong> fluide.(3) déterministe : définit notamment le type de calcul, les co<strong>des</strong>de calcul et les algorithmes employés dans la résolutionnumérique d’équations régissant par exemple, dans le domaine<strong>des</strong> grandeurs neutroniques, le transport <strong>des</strong> neutrons dansla matière, après en avoir “discrétisé”, c’est-à-dire transforméen quantités distinctes, les variables (espace, énergie et temps).La faisabilité étant acquise, les étu<strong>des</strong> d’avantprojetsommaire (APS) seront engagées afin depréparer la décision de construction (en 2012)en fournissant <strong>des</strong> éléments de coût du réacteurainsi que <strong>des</strong> éléments complémentaires de faisabilité(du premier cœur notamment).Parallèlement à la conception, <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> technologiquespour acquérir <strong>un</strong>e maîtrise de la technologiehélium et démontrer la viabilité <strong>des</strong> solutionsproposées seront nécessaires, en s'appuyant sur l’expérienceacquise avec les réacteurs thermiques. Certainsessais seront réalisés en air (dans l’installation Esthairpour la thermohydraulique du cœur). Des essais spécifiquesen hélium, soit à visée thermohydraulique(maquette d’assemblage à <strong>un</strong>e échelle proche de 1) ouplus technologique (maquette du circulateur, de l’échangeurde chaleur assurant la fonction d’évacuation dela puissance résiduelle…), sont prévus dans <strong>un</strong>e installationen cours de réalisation, la boucle Helite à Cadarache.L’indispensable collaborationinternationaleCondition indispensable à la réalisation duprojet, la collaboration internationale vise à partagerles efforts de recherche, accélérer les développementstechnologiques et optimiser l’utilisation<strong>des</strong> ressources humaines et financières. Elle s'exercedans deux cadres principaux, le premier étant celui duForum international Génération IV (GIF), qui a pourbut de définir et partager la R&D nécessaire pour préparerles étapes de démonstration concrétisées par lesprototypes que construiront les différents pays. <strong>Le</strong>contexte GIF devra être mis à profit autant que possible,ce qui n’exclut pas <strong>des</strong> accords particuliers (parexemple bilatéraux). <strong>Le</strong> second cadre, européen, inclut<strong>des</strong> actions au niveau de la Commission et <strong>des</strong> PCRDet <strong>des</strong> actions bilatérales avec <strong>des</strong> États membres désireuxde s’engager plus vite sur certains points, ces collaborationsétant conçues pour exercer <strong>un</strong> rôle moteurvis-à-vis <strong>des</strong> PCRD. La filière <strong>RNR</strong>-G pourrait constituer<strong>un</strong> projet fédérateur pour le nucléaire du futur.Sur <strong>un</strong> plan plus général, les acteurs français ont d'ailleursproposé à leurs homologues européens d’organiser<strong>un</strong>e évaluation comparée <strong>des</strong> trois systèmes <strong>RNR</strong>-G,<strong>RNR</strong>-Pb et ADS, pour <strong>un</strong> choix en 2012 d'<strong>un</strong>e technologiede réacteur rapide alternative au <strong>RNR</strong>-Na pouvantdonner lieu à la réalisation d’<strong>un</strong> réacteur expérimentalen Europe. <strong>Le</strong> <strong>CEA</strong> et ses partenaires soutiennentpour leur part le <strong>RNR</strong>-G dans cette entreprise.La version rapide <strong>des</strong> réacteurs à caloporteur gaz constitue<strong>un</strong>e évolution radicale par rapport aux réacteursthermiques utilisant le même caloporteur, en particuliersur le plan du combustible et <strong>des</strong> systèmes de sûreté.Un réacteur expérimental <strong>précurseur</strong> est indispensableafin de développer et de qualifier les technologies debase. <strong>Le</strong> <strong>REDT</strong> correspond à cet objectif dans le cadred’<strong>un</strong>e démarche évolutive permettant, en s’appuyantsur les technologies existantes, d’évaluer différentestechnologies innovantes et d’accompagner leur développementet leur qualification jusqu’au niveau requispour leur mise en œuvre dans le prototype industriel.> Claude Renault* et Jean-Claude Garnier**Direction de l’énergie nucléaire<strong>CEA</strong> Centres de Saclay* et de Cadarache**Figure 3.Vue 3D montranten particulier la cuve(au centre de l'image)et le circuit primairedu <strong>REDT</strong>. En haut,les trois bouclesdu système d'évacuationde la puissancerésiduelle. En basà droite, l'échangeurintermédiaire et, en<strong>des</strong>sous, son circulateur.<strong>CEA</strong>CLEFS <strong>CEA</strong> - N° 55 - ÉTÉ 2007 117


MÉMOA<strong>Le</strong>s éléments d’<strong>un</strong> système nucléaireAreva NPUn système nucléaire est formé par<strong>un</strong> réacteur nucléaire et le cycle ducombustible associé. Il est optimisé globalementdans sa mise en œuvre industrielle,de la matière première au déchet.Dans <strong>un</strong> tel système dont il est le pivot,le réacteur est rendu apte à recycler lecombustible afin de valoriser les matièresfissiles (uranium, plutonium), voirefertiles (uranium, thorium) et à minimiser,par transmutation, la production dedéchets à vie longue en incinérant engrande partie ses propres déchets, enl’occurrence les actini<strong>des</strong> mineurs (AM).Certains systèmes peuvent aussi inclure<strong>des</strong> <strong>un</strong>ités de traitement en ligne.<strong>Le</strong> réacteur proprement dit, quelle quesoit la filière à laquelle il appartient(Mémo B, Filières, générations et spec-Image virtuelle en 3D <strong>des</strong> composantset circuits d’<strong>un</strong> réacteur de type REP.tres neutroniques, p. 14) comprend lesmêmes éléments principaux (du moinsdans le domaine de la fission, les réacteursà fusion mettant en jeu <strong>des</strong> processusnucléaires totalement différents).<strong>Le</strong> cœur, région où sont entretenues lesréactions en chaîne, reçoit le combustiblequi contient les matières fissilesénergétiques (noyaux lourds) ainsi que<strong>des</strong> matières fertiles qui, sous l’action<strong>des</strong> neutrons, se transformeront partiellementen matières fissiles. <strong>Le</strong> combustiblepeut prendre différentes formes(pastilles, boulets, particules) etles éléments combustibles peuvent êtrerassemblés en crayons, en aiguilles ouen plaques, eux-mêmes ré<strong>un</strong>is enassemblages, ce qui est notamment lecas dans les réacteurs à eau.<strong>Le</strong> modérateur joue, lorsqu’il est nécessaire,<strong>un</strong> rôle essentiel. C’est <strong>un</strong> matériauformé de noyaux légers qui ralentissentles neutrons par diffusions élastiques.Il doit être peu capturant afin dene pas les “gaspiller” et suffisammentdense pour assurer <strong>un</strong> ralentissementefficace. <strong>Le</strong>s réacteurs à spectre thermique(Mémo B) en ont besoin, contrairementaux réacteurs à spectre rapide(qui doivent en revanche compenser lafaible probabilité de fissions induites parles neutrons rapi<strong>des</strong> par <strong>un</strong>e forte augmentationdu nombre <strong>des</strong> dits neutrons,afin de ralentir les neutrons après la fissiondont ils sont issus). Ils sont ainsiamenés à la vitesse optimale pour assurerà leur tour de nouvelles fissions. Unexemple de modérateur est le graphite,utilisé dès la première “pile” atomique,en 1942 en association avec <strong>un</strong> fluidecaloporteur gazeux.<strong>Le</strong> fluide caloporteur évacue du cœurl’énergie thermique dégagée par les fissionset transporte les calories vers lessystèmes qui mettront cette énergie sous<strong>un</strong>e forme utilisable, en général l’électricité.<strong>Le</strong> caloporteur est soit l’eau (1) dansles “réacteurs à eau” (celle-ci y joue égalementle rôle de modérateur), soit <strong>un</strong>métal liquide (sodium ou plomb), soit <strong>un</strong>gaz (historiquement le gaz carbonique,puis l’hélium, dans les réacteurs à caloporteurgaz (RCG) ou encore <strong>des</strong> sels fondus.Dans ce dernier cas, combustible etcaloporteur forment <strong>un</strong> fluide <strong>un</strong>ique, quioffre la possibilité de pouvoir retraiter encontinu les matières nucléaires puisqueles actini<strong>des</strong> y seraient dissous.<strong>Le</strong> choix d’<strong>un</strong>e filière à <strong>des</strong> répercussionsmajeures sur le choix <strong>des</strong> matériaux(Mémo E, <strong>Le</strong>s gran<strong>des</strong> familles dematériaux nucléaires, p. 76). Ainsi, lecœur <strong>des</strong> réacteurs à neutrons rapi<strong>des</strong>ne doit pas comporter d’éléments modérateurs<strong>des</strong> neutrons (eau, graphite) etleur caloporteur doit être transparent àces mêmes neutrons.Des dispositifs de contrôle (d’<strong>un</strong>e part <strong>des</strong>barres de commande, barres de contrôleou barres de pilotage et d’arrêt constituéede matériaux absorbeurs de neutrons[bore, cadmium…], et d’autre part<strong>des</strong> “poisons” neutroniques) permet-tent de réguler la population <strong>des</strong> neutronset, par là même, en influant sursa réactivité, de maintenir la puissancedu réacteur au niveau désiré, voire d’arrêterla réaction en chaîne. <strong>Le</strong>s barres,ensemble de tiges solidaires mobiles(appelées grappes) sont introduites plusou moins profondément dans le cœur.<strong>Le</strong>s poisons sont, pour leur part, ajustablesen concentration dans le circuitde refroidissement.Un circuit primaire fermé et étanche con -tient le cœur et véhicule (au moyen decirculateurs, pompes ou compresseurs)le caloporteur qui transfère sa chaleur à<strong>un</strong> circuit secondaire via <strong>un</strong> échangeurde chaleur qui peut être <strong>un</strong> générateurde vapeur (c’est le cas aussi bien dans<strong>un</strong> réacteur à eau sous pression que dansle circuit secondaire d’<strong>un</strong> réacteur à neutronsrapi<strong>des</strong> comme Phénix). La cuve,récipient contenant le cœur d’<strong>un</strong> réacteurbaigné par son fluide caloporteur,constitue, lorsqu’elle existe, la partie centralede ce circuit primaire.<strong>Le</strong> circuit secondaire sort de “l’îlotnucléaire” pour faire fonctionner via <strong>un</strong>eturbine <strong>un</strong> turboalternateur ou alimenter<strong>un</strong> réseau de chaleur. Dans les réacteursà eau lourde (1) et dans certainsréacteurs à gaz, la chaleur est transmisedu gaz à l’eau dans <strong>des</strong> échangeursde chaleur classiques.Un circuit tertiaire évacue la chaleurinutilisée via <strong>un</strong> condenseur vers <strong>un</strong>esource froide (eau d’<strong>un</strong> fleuve ou de lamer) ou air dans <strong>un</strong>e tour de refroidissementou encore <strong>un</strong> autre dispositifthermique (par exemple pour la productiond’hydrogène).D’autres éléments n’interviennent quedans <strong>un</strong>e filière donnée, comme le pressuriseur<strong>des</strong> réacteurs à eau sous pression(REP) où la pressurisation maintientl’eau à l’état liquide en l’empêchantde bouillir. L’ébullition est en revanchemise à profit dans les réacteurs à eaubouillante (REB), l’autre filière de réacteursà eau légère (REL), où l’eau ducircuit primaire entre en ébullition etentraîne directement la turbine.(1) L’eau lourde, dans laquelle le deutérium tient la place de l’hydrogène de l’eau ordinaire,a été la première forme de modérateur utilisée pour les concepts de réacteurs qui imposent de trèsfaibles absorptions <strong>des</strong> neutrons. L’eau légère s’est imposée pour les réacteurs opérationnelsde deuxième génération. Dans l’avenir, l’eau supercritique, dont les propriétés thermodynamiqueset de transport changent lors du passage du point critique (température de 374 °C pour<strong>un</strong>e pression supérieure à 22 MPa (221 bars, soit environ 200 fois la pression atmosphérique)pourrait être mise en œuvre afin d’améliorer le rendement de Carnot du réacteur (Mémo C,Cycles thermodynamiques et conversion d’énergie, p. 23).


MÉMOBFilières, générations et spectres neutroniques<strong>Le</strong>s filières de réacteurs nucléaires correspondentaux nombreuses combinaisonsde trois éléments fondamentaux:<strong>un</strong> caloporteur, <strong>un</strong> modérateur (lorsquenécessaire) et <strong>un</strong> combustible, presque toujoursl’uranium, éventuellement mélangéà du plutonium (voir Mémo A, <strong>Le</strong>s élémentsd’<strong>un</strong> système nucléaire, p. 10).De très nombreuses formules ont été expérimentéesdepuis les débuts de l’èrenucléaire industrielle dans les années 1950,et seulement <strong>un</strong> petit nombre d’entre ellesont été sélectionnées pour les différentesgénérations de réacteurs opérationnelsélectrogènes.On appelle ainsi filière <strong>un</strong>e voie possible deréalisation de réacteurs nucléaires capablesde fonctionner dans <strong>des</strong> conditions <strong>des</strong>écurité et de rentabilité satisfaisantes,définie essentiellement par la nature ducombustible, l’énergie <strong>des</strong> neutrons impliquésdans la réaction en chaîne, la naturedu modérateur et celle du caloporteur.Elle mérite ce nom dans la mesure où elleest à l’origine d’<strong>un</strong>e série de réacteursprésentant <strong>un</strong>e continuité technologique.Se rattachent plus ou moins directementà telle ou telle filière les réacteurs derecherche et d’essais, rarement construitsen série.Ces filières sont classées en deux gran<strong>des</strong>familles, selon le spectre neutronique choisi:thermique ou rapide (<strong>un</strong>e plage recouvranten partie les deux domaines est possible<strong>Le</strong>s quatre tranches REP de la centrale EDF d’Avoine, près de Chinon, appartiennent à la deuxièmegénération de réacteurs nucléaires.pour <strong>des</strong> réacteurs de recherche), suivantqu’on laisse les neutrons qui s’échappentdirectement lors de la fission conserverleur vitesse de quelque 20000 km à laseconde ou qu’on les ralentit afin de les mettreen équilibre thermique (les thermaliser)avec la matière dans laquelle ils diffusent.<strong>Le</strong> spectre neutronique, distribution en énergiede la population <strong>des</strong> neutrons présentsdans le cœur d’<strong>un</strong> réacteur, est ainsi le spectrethermique dans la quasi-totalité <strong>des</strong>réacteurs en service dans le monde, notammenten France, dans les 58 REP (réacteursà eau sous pression) du parc EDF. Dans cesréacteurs fonctionnant à l’uranium enrichiet éventuellement au plutonium, la chaleurest transférée du cœur à <strong>des</strong> échangeursde chaleur par de l’eau maintenue sous <strong>un</strong>epression élevée dans le circuit primaire.Avec les REB (réacteurs à eau bouillante)dans lesquels l’ébullition de l’eau se faitdirectement dans le cœur, les REP constituentla grande famille <strong>des</strong> réacteurs àeau légère (REL) dans lesquels l’eau ordinairejoue à la fois le rôle de caloporteuret de modérateur.La mise en œuvre du spectre rapide est,actuellement, limitée à <strong>un</strong> petit nombre deréacteurs à vocation essentiellement expérimentale,comme Phénix en France, Monjuet Joyo au Japon ou BOR-60 en Russie. Dansces <strong>RNR</strong>(réacteurs à neutrons rapi<strong>des</strong>)sansM. Brigaud/ EDF Médiathèque


MÉMO suiteBmodérateur, la majorité <strong>des</strong> fissionssont produitespar <strong>des</strong> neutrons présentant <strong>des</strong> énergiesdu même ordre de grandeur que cellequ’ils possèdent lors de leur production parfission. Quelques réacteurs de ce type ont étéréalisés avec <strong>un</strong>e vocation de productionindustrielle (Superphénix en France, BN 600en Russie) ou étudiés dans cette optique (principalementEFR au niveau européen dans lesannées 80-90, BN 800 en Russie, CEFR enChine et PFBR en Inde).<strong>Le</strong>s réacteurs électrogènes sont regroupésen quatre générations. La première générationcomprend les réacteurs, développésdans les années 50/70, qui ont permis ledécollage de la production électronucléairedans les différents pays développés, en particulierde la filière UNGG (Uranium NaturelGraphite Gaz) modérés au graphite et refroidisau gaz carbonique en France, de la filièreMagnox au Royaume-Uni et, aux États-Unis,le premier réacteur terrestre (1) à eau souspression (PWR, Pressurized Water Reactor)construit à Shippingport.Bien que comparable par certains côtés à<strong>des</strong> réacteurs de première génération, lafilière soviétique RBMK (celle <strong>des</strong> réacteursde Tchernobyl) est classée dans la secondegénération du fait en particulier de sa périodede mise en service. <strong>Le</strong>s RBMK, modérésau graphite et refroidis à l’eau ordinairebouillante dans <strong>des</strong> tubes de force, ont étédéfinitivement disqualifiés par l’accident deTchernobyl en 1986.(1) Aux États-Unis comme en France, les premiersréacteurs à eau sous pression ont été <strong>des</strong> réacteurs<strong>des</strong>tinés à la propulsion navale (sous-marins).La deuxième génération est celle <strong>des</strong> réacteurs,actuellement en service, entrés enfonctionnement entre les années 70 à 90.Exclusivement à vocation électrogène, la plupart(87 % du parc mondial) sont <strong>des</strong> réacteursà eau, à l’exception notable <strong>des</strong> AGR(Advanced Gas Reactor) britanniques. <strong>Le</strong>urcombustible standard est formé de pastillesfrittées d’oxyde d’uranium enrichi aux environsde 4 % en uranium 235, empilées dans<strong>des</strong> tubes étanches (crayons) qui, ré<strong>un</strong>is enfaisceaux, forment <strong>des</strong> assemblages. <strong>Le</strong>sPWR (REP en français) dominent le marché,représentant 3 réacteurs nuclé aires sur 5dans le monde. En font partie les différents“paliers” de réacteurs REP réalisés en Francepour EDF par Framatome (aujourd’hui ArevaNP). <strong>Le</strong>s réacteurs russes de la série VVER1000 sont comparables aux REP occidentaux.Bien que moins nombreux que les REP,les BWR (Boiling Water Reactor) ou REB(réacteurs à eau bouillante) se trouventnotamment aux États-Unis, au Japon ou enAllemagne. Enfin les réacteurs à uraniumnaturel de type Candu, de conception canadienne,et leurs équivalents indiens se maintiennentactivement. Ce sont également <strong>des</strong>réacteurs à eau sous pression, mais utilisantl’eau lourde (D 2 O) comme modérateur et caloporteurd’où le nom PHWR (PressurisedHeavy Water Reactor) donné à cette filière.La troisième génération correspond à <strong>des</strong>installations qui commencent à être misesen chantier en vue d’<strong>un</strong>e mise en service àpartir de 2010 environ. Elle comprend en particulierl’EPR franco-allemand conçu parAreva NP (Framatome et Siemens à l’origine),qui propose également <strong>un</strong> réacteur à eaubouillante, le SWR 1000 et qui s’est récemmentrapproché du Japonais Mitsubishi HeavyIndustries. Elle comporte aussi les AP1000et AP600 de Westinghouse, société dontToshiba a pris le contrôle, l’ESBWR et l’ABWRII de General Electric, qui s’associe à Hitachi,les ACR canadiens et l’AES 92 russe, ainsique <strong>des</strong> projets de petits réacteurs intégrés.<strong>Le</strong>s projets de réacteurs à haute températuremodulaires du type GT-MHR (projetinternational) ou PBMR (du Sud-AfricainEskom) appartiennent à la troisième maispeuvent préfigurer <strong>des</strong> réacteurs de quatrièmegénération.La quatrième génération en cours d’étude,attendue vers 2040 sur <strong>un</strong> plan industriel,pourrait théoriquement faire appel à l’<strong>un</strong> oul’autre <strong>des</strong> six concepts retenus par le Foruminternational Génération IV (voir l’encadré de<strong>Le</strong>s enjeux d’<strong>un</strong>e production durable d’énergie,p.6). En dehors de l’utilisation électrogène, lesréacteurs de cette génération pourraient êtreaptes à la cogénérationd’électricité et de chaleur,voire présenter pour certains d’entre eux<strong>un</strong>e vocation exclusivement calogène, en vued’obtenir, soit <strong>un</strong>e chaleur “basse température”(vers 200 °C) pour le chauffage urbain,soit <strong>un</strong>e chaleur “moyenne température” (entre500 et 800 °C) pour <strong>des</strong> applications industriellesdont le <strong>des</strong>salement d’eau de mer n’estqu’<strong>un</strong>e possibilité parmi d’au tres, soit encore<strong>un</strong>e chaleur “haute – voire très haute – température”(entre 1000 et 1200 °C), pour <strong>des</strong>applications spécifiques comme la productiond’hydrogène, la gazéification de la biomasseou le craquage d’hydrocarbures.


MÉMOCCycles thermodynamiqueset conversion d’énergiePour convertir à grande échelle de lachaleur en électricité, il faut mettreen œuvre <strong>un</strong> cycle thermodynamique. <strong>Le</strong>rendement η de la conversion est toujoursinférieur au rendement de Carnot:T fη =1- ----où T c est la température de la sourcechaude et T f la température de la sourcefroide.D’<strong>un</strong>e manière générale, on distingue enmatière de conversion d’énergie le cycledirect, dans lequel le fluide issu de lasource chaude actionne directement ledispositif utilisateur (turbo-alternateurpar exemple) et, par opposition, le cycleindirect où le circuit caloporteur est distinctde celui qui effectue la conversionproprement dite de l’énergie. <strong>Le</strong> cycleindirect combiné peut ajouter à ceschéma <strong>un</strong>e turbine à gaz et, par l’intermédiaired’<strong>un</strong> générateur de vapeur,<strong>un</strong>e turbine à vapeur.Tout système construit autour d’<strong>un</strong> réacteurnucléaire est <strong>un</strong>e machine thermiquemettant eu œuvre ces principes de lathermodynamique. Comme les centralesthermiques classiques brûlant <strong>des</strong> combustiblesfossiles (charbon, fioul), les centralesnucléaires utilisent la chaleur provenantd’<strong>un</strong>e “chaudière”, en l’occurrencedélivrée par les éléments combustiblesoù se déroulent les fissions. Cette chaleurest transformée en énergie électrique1entréed’airT ccompresseurcombustibleFigure.Cycle de Brayton utilisé pour <strong>un</strong>e turbine à gaz à cycle ouvert.en faisant subir à <strong>un</strong> fluide (de l’eau dansla plupart <strong>des</strong> réacteurs actuellement enservice) <strong>un</strong> cycle thermodynamique indirect,dit de Rankine (ou de Hirn-Rankine),qui consiste en <strong>un</strong>e vaporisation de l’eauà pression constante au niveau de lasource chaude, <strong>un</strong>e détente de la vapeurdans <strong>un</strong>e turbine, <strong>un</strong>e condensation de lavapeur sortant à basse pression de la turbine,et <strong>un</strong>e compression de l’eau condenséeafin de ramener cette eau à la pressioninitiale. Dans ce schéma, le circuitd’eau qui circule dans le cœur (circuit primaire,voir Mémo A : <strong>Le</strong>s éléments d’<strong>un</strong>système nucléaire) est distinct de celui quieffectue la conversion proprement ditede l’énergie. Avec <strong>un</strong>e température maximalede vapeur de quelque 280 °C et <strong>un</strong>epression de 7 MPa, le rendement énergétiquenet (ratio de la puissance électriqueproduite sur la puissance thermiquedégagée par le cœur du réacteur)est de l’ordre d’<strong>un</strong> tiers pour <strong>un</strong> réacteurà eau sous pression de 2 e génération.Celui-ci peut passer à 36-38 % pour <strong>un</strong>REP de 3 e génération comme l’EPR, enaugmentant la température, car l’équationde Carnot montre bien l’intérêt deproduire de la chaleur à haute températurepour obtenir <strong>un</strong> rendement élevé.De fait, augmenter la température ensortie de cœur d’<strong>un</strong>e centaine de degréspermet <strong>un</strong> gain en rendement de plusieurspoints.turbine2 3 4chambre decombustiongaz brûléspuissancemécanique<strong>Le</strong>s propriétés thermodynamiques d’<strong>un</strong>gaz caloporteur comme l’hélium permettentd’aller plus loin, et de viser <strong>un</strong>etempérature d’au moins 850 °C en sortiede cœur. Pour en profiter pleinement,il est théoriquement préférable d’utiliser<strong>un</strong> cycle direct de conversion d’énergie,le cycle de Joule-Brayton, où le fluide sortantdu réacteur (ou de tout autre “chaudière”)est envoyé directement dans laturbine qui entraîne l’alternateur, commec’est le cas dans les centrales électrogènesau gaz naturel et à cycle combiné ouencore dans <strong>un</strong> réacteur d’avion. Avec cecycle, il est même possible de porter lerendement de production d’électricité de51,5 % à 56 % en faisant passer T1 de850 °C à 1 000 °C.En effet, depuis <strong>un</strong> demi-siècle, l’utilisationdu gaz naturel comme combustiblea conduit au développement spectaculaire<strong>des</strong> turbines à gaz (TAG) qui peuventfonctionner à <strong>des</strong> très hautes températures,supérieures au millier de °C. C’estce type de conversion d’énergie qui constitue,pour les réacteurs nucléaires dufutur, <strong>un</strong>e alternative séduisante aux turbinesà vapeur.<strong>Le</strong>s cycles thermodynamiques <strong>des</strong> TAGsont très largement utilisés, qu’il s’agisse<strong>des</strong> systèmes de propulsion ou <strong>des</strong> gran<strong>des</strong>centrales électrogènes à combustiblefossile. Ces cycles, nommés cycles deBrayton (figure), consistent simplementà aspirer et comprimer de l’air pour l’injecterdans <strong>un</strong>e chambre de combustion(1→2), brûler le mélange air-combustibledans la chambre de combustion (2→3),détendre les gaz brûlés dans <strong>un</strong>e turbine(3→4). À la sortie de la turbine, les gazbrûlés sont relâchés dans l’atmosphère(c’est la source froide), ce cycle est doncqualifié d’ouvert. Si la source chaude est<strong>un</strong> réacteur nucléaire, il devient très difficilede fonctionner en cycle ouvert avecde l’air (ne serait-ce que parce qu’il fautrespecter le principe <strong>des</strong> trois barrièresde confinement entre le combustiblenucléaire et l’environnement). Pour fermerle cycle, il suffit d’ajouter <strong>un</strong> échangeuren sortie de turbine, pour refroidirle gaz (via <strong>un</strong> échangeur vers la sourcefroide) avant de le ré-injecter dans le compresseur.La nature du gaz n’est alorsplus imposée par la combustion.


MÉMODQu’est-ce que la modélisationmulti-physique et multi-échelle ?La modélisation multi-physique etmulti-échelle est <strong>un</strong>e approche deR&D relativement récente née de lanécessité de prendre en compte, dansla modélisation d’<strong>un</strong> système dont oncherche à prédire le comportement, tousles phénomènes, dans la pratique couplésentre eux, agissant sur (ou présentsdans) ce système. C’est la forme la pluscomplète de modélisation d’<strong>un</strong> enchaînementde phénomènes divers et d’ordresde grandeur très différents puisqu’ilen intègre toute la connaissance,théorique comme empirique, et ce à différenteséchelles, dans <strong>des</strong> briques élémentairesqu’il s’agit d’assembler.Sur le plan physique, elle prend encompte les couplages entre phénomènesélémentaires de nature différente.Dans le domaine de la physique <strong>des</strong>réacteurs, on couple par exemple lamécanique <strong>des</strong> structures, la neutroniqueet la thermohydraulique.Ce type de modélisation vise aussi à donner<strong>un</strong>e <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> phénomènes àdifférentes échelles. Dans le domainede la physique <strong>des</strong> matériaux, il s’agirapar exemple de déduire les propriétésmacroscopiques d’<strong>un</strong> matériau polycristallinà partir de sa <strong>des</strong>cription àl’échelle la plus microscopique (l’atome),via <strong>des</strong> niveaux de <strong>des</strong>cription emboîtés(la dynamique moléculaire, la dynamique<strong>des</strong> dislocations). Tout le problèmeest de lier ces différents niveauxde <strong>des</strong>cription en utilisant la bonneinformation pour passer d’<strong>un</strong>e échelleà l’autre sans discontinuité, de manipulerde façon modulaire ces lois decomportement valables à diverseséchelles (figure).C’est donc <strong>un</strong> calcul numérique composite,selon l’échelle spatiale considérée,qui fait “tourner” le modèle d’ensemble.D’autant plus composite queles chercheurs sont amenés à “enchaîner”<strong>des</strong> modèles déterministes et <strong>des</strong>modèles probabilistes, soit parce qu’ilsn’ont pas la connaissance exhaustive<strong>des</strong> mécanismes élémentaires en jeu,soit parce que la résolution numérique<strong>des</strong> équations déterministes du systèmeserait difficile ou trop lourde. D’où lerecours à <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> comme cellede Monte Carlo, en particulier.Enfin, le multi-échelle raccorde, par <strong>des</strong>techniques de superposition, <strong>des</strong> modèlesnumériques à <strong>des</strong> échelles différentes.Cela permet, pour conserverl’exemple <strong>des</strong> matériaux, d’effectuer <strong>des</strong>“zooms” sur <strong>des</strong> zones particulièrementsensibles aux contraintes comme <strong>des</strong>Figure.L’amélioration de la fiabilité et de la rentabilité du combustible nucléaire nécessite <strong>un</strong>emodélisation fine dudit combustible (ici du MOX). <strong>Le</strong>s caractéristiques microstructurales(porosité, taille et répartition <strong>des</strong> amas, taille de grain…) ont <strong>un</strong> impact direct surle comportement du crayon combustible sous irradiation, et donc sur la maniabilitédu réacteur ainsi que sur la durée de vie de ce crayon.fissures, <strong>des</strong> soudures ou <strong>des</strong> supports.La modélisation multi-physique etmulti-échelle pose donc de façon aiguële problème de la compatibilité et de lacohérence <strong>des</strong> co<strong>des</strong> de calcul qui constituentles briques élémentaires de la<strong>des</strong>cription. Mais les résultats sont à lahauteur de la difficulté: dans le domaine<strong>des</strong> matériaux métalliques, notamment,il est maintenant possible de mener <strong>un</strong>edémarche de prévision <strong>des</strong> propriétésmacroscopiques en partant <strong>des</strong> “premiersprincipes” de la physique atomiqueet de la dynamique moléculaire(voir note (1) p. 79) (méthode ab initio)en passant par la <strong>des</strong>cription physique<strong>des</strong> microstructures. Dans lenucléaire, l’étude <strong>des</strong> matériaux soumisà l’irradiation illustre bien cetteapproche, puisqu’il est enfin devenupossible de lancer <strong>un</strong> pont entre laconnaissance <strong>des</strong> défauts à l’échellemacroscopique et la modélisation <strong>des</strong>phénomènes de création <strong>des</strong> défautsponctuels à l’échelle atomique.Si la physique constitue évidemment lepremier niveau de ce type de modélisation,les deux autres sont mathématiqueet numérique, dans la mesure où ils’agit de raccorder entre eux <strong>des</strong> résultatsde mesures ou de calculs valablesà <strong>des</strong> échelles différentes, puis de mettreen œuvre les algorithmes élaborés.La modélisation multi-physique et multiéchellen’est donc rendue possible quepar la conjonction de deux progrès parallèles: celui de la connaissance <strong>des</strong> phénomènesélémentaires et celui de lapuissance de calcul informatique.<strong>Le</strong> <strong>CEA</strong> est l’<strong>un</strong> <strong>des</strong> rares organismes dansle monde à pouvoir développer <strong>un</strong>e tellemodélisation multi-physique et multiéchelledans ses différents secteurs derecherche et de développement en concentrant<strong>un</strong> vaste ensemble d’outils de modélisation,d’expérimentation et de calcul luipermettant à la fois de démontrer la validité<strong>des</strong> théories, la pertinence <strong>des</strong> technologieset de faire progresser les étu<strong>des</strong>de composants, tant dans le domainenucléaire (où s’effectuent d’ailleurs <strong>des</strong>couplages entre co<strong>des</strong> partiels <strong>CEA</strong> etEDF) que, par exemple, dans celui <strong>des</strong>nouvelles technologies de l’énergie.


MÉMOE<strong>Le</strong>s gran<strong>des</strong> familles de matériaux nucléaires(1) <strong>Le</strong>s céramiques seront employées seules ouincorporées à <strong>des</strong> composites pouvant être dutype CerCer (céramique dans <strong>un</strong>e matriceégalement céramique) ou CerMet (matériaucéramique intégré dans <strong>un</strong>e matricemétallique). S’agissant d’<strong>un</strong> combustiblenucléaire, c’est <strong>un</strong> mélange intime de produitsmétalliques et de composés réfractaires, leséléments fissiles étant contenus dans <strong>un</strong>e seulephase ou dans les deux.<strong>Le</strong>s conditions spécifiques imputablesaux rayonnements régnant dans lesréacteurs nucléaires imposent d’avoirrecours à <strong>des</strong> matériaux présentant <strong>des</strong> propriétésparticulières qui peuvent être classésen deux gran<strong>des</strong> catégories: les matériauxde gainage et de structure d’<strong>un</strong>e part,et les matériaux combustiblesd’autre part.Pour les <strong>un</strong>s comme pour les autres, les sixconcepts de systèmes de quatrième générationretenus par le Forum internationalGEN IV exigent le plus souvent de privilégier<strong>des</strong> formules innovantes (tableau p.71).<strong>Le</strong>s propriétés de résistance à la température,à la pression, à la fatigue, à la chaleur,à la corrosion, souvent sous contrainte, quedoivent présenter d’<strong>un</strong>e manière généraleles matériaux impliqués dans tout processindustriel doivent, dans le domaine nucléaire,être pour l’essentiel maintenues malgré leseffets de l’irradiation, imputables en particulierau flux de neutrons. L’irradiation accélèreou amplifie en effet <strong>des</strong> phénomènescomme le fluage (fluage d’irradiation) ouen crée d’autres comme le gonflement oula croissance, qui désigne <strong>un</strong>e déformationanisotrope obtenue sous flux de neutronsen l’absence de toute autre sollicitation.<strong>Le</strong>s matériaux de structure sont notammentsoumis au phénomène d’activationpar bombardement par les neutrons ou d’autresparticules (photons, électrons).Ceux qui entrent dans la structure <strong>des</strong> combustibles(les assemblages, les gaines ouautres plaques) sont en outre soumis à d’autrescontraintes. Enfin, le combustible luimêmeest <strong>un</strong> matériau prenant par exemple,dans les réacteurs à eau légère actuels,la forme de céramiques d’uranium et/oude plutonium frittées sous forme de pastilles.L’irradiation neutronique peut provoquer<strong>un</strong>e modification importante <strong>des</strong> propriétés<strong>des</strong> matériaux. Dans les métaux etleurs alliages, mais aussi dans d’autresmatériaux soli<strong>des</strong> comme les céramiques(1) , ces changements sont liés à l’évolution<strong>des</strong> défauts ponctuels que cetteirradiation produit et aux atomes étrangersproduits par les réactions nucléaireset qui se substituent à l’<strong>un</strong> <strong>des</strong> atomes duréseau cristallin. La nature et le nombrede ces défauts dépendent à la fois du fluxde neutrons et de leur énergie, mais ceuxqui provoquent <strong>des</strong> évolutions structuralesnotables sont, dans les réacteurs àneutrons thermiques comme dans lesréacteurs à neutrons rapi<strong>des</strong>, les neutronsrapi<strong>des</strong>.Un cristal présente toujours <strong>des</strong> défauts, etl’irradiation peut en créer de nouveaux. <strong>Le</strong>sdéfauts ponctuels sont de deux types: leslac<strong>un</strong>es (<strong>un</strong> atome est chassé de son emplacementdans le cristal), et les interstitiels(<strong>un</strong> atome excédentaire se place en surnombreentre les plans du réseau cristallin).<strong>Le</strong>s dislocations, qui délimitent <strong>un</strong>e régionoù l’empilement du cristal est perturbé par<strong>un</strong> glissement localisé affectant <strong>un</strong> plan atomique,constituent pour leur part <strong>des</strong> sourceset <strong>des</strong> puits pour les défauts ponctuels.<strong>Le</strong>s lac<strong>un</strong>es peuvent se grouper sous formed’amas lac<strong>un</strong>aires, de boucles ou de cavités,les interstitiels sous celle d’amas d’intersticielsou de boucles de dislocation. Parailleurs, les atomes de cuivre, de manganèseet de nickel d’<strong>un</strong> alliage d’acier de cuve,par exemple, tendent à se rassembler enamas (clusters) en durcissant l’acier. Enfin,les joints de grain sont <strong>des</strong> défauts qui délimitentdeux cristaux d’orientation différenteet <strong>des</strong> facteurs de fragilisation potentiels.De nombreuses propriétés du métal y sontmodifiées.<strong>Le</strong>s dommages causés à ces matériaux s’exprimenten dpa (déplacements par atome),ndpa signifiant que tous les atomes du matériauont été déplacés nfois en moyenne pendantl’irradiation.<strong>Le</strong>s structures cristallines<strong>Le</strong>s matériaux métalliques ont <strong>un</strong>e structurecristalline: ils sont constitués de larépétition périodique dans l’espace d’<strong>un</strong>ecellule élémentaire appelée maille et constituéed’atomes dont le nombre et la positionsont précisément déterminés. La répétitionde ces structures leur confère <strong>des</strong>propriétés particulières. Trois de ces structuresdéfinissant la position <strong>des</strong> atomes sontimportantes:• la structure cubique centrée (celle à l’ambiantedu fer, du chrome, du vanadium). <strong>Le</strong>smatériaux présentent généralement <strong>un</strong>etransition en température de comportementductile/fragile.• la structure cubique à faces centrées(nickel, aluminium, cuivre, fer haute température).• la structure hexagonale (celle du zirconiumou du titane).En fonction de la température et de la composition,le métal s’organisera en cristauxélémentaires, les grains, avec différentesmicrostructures, les phases. <strong>Le</strong>ur arrangementa <strong>un</strong>e influence importante sur lespropriétés <strong>des</strong> métaux, en particulier <strong>des</strong>aciers. La ferrite du fer pur, à la structurecubique centrée, devient <strong>un</strong>e austénite, structurecubique à faces centrées au-delà de910 °C. La martensite est <strong>un</strong>e structureparticulière obtenue par <strong>un</strong>e trempe qui ladurcit suivie d’<strong>un</strong> revenu qui la rend moinsfragile. La bainite est <strong>un</strong>e structure intermédiaireentre la ferrite et la martensiteégalement obtenue par trempe puis revenu.Parmi les métaux, les aciers inoxydables àforte teneur en chrome (plus de 13 %), dontla résistance à la corrosion et à l’oxydationest imputable à la formation d’<strong>un</strong>e pelliculed’oxyde de chrome à leur surface, se taillentla part du lion. Si l’on considère que le critèred’inoxydabilité est la teneur en chromequi doit être supérieure à 13 %, il existe troiscatégories principales : les ferritiques, lesausténitiques et les austéno-ferritiques.<strong>Le</strong>s familles d’aciers<strong>Le</strong>s aciers ferritiques à structure cristallinecubique centrée (F17 par exemple) ont<strong>un</strong>e faible concentration de carbone (0,08 à0,20 %) et <strong>un</strong>e concentration élevée dechrome. Ne contenant en général pas denickel, ce sont <strong>des</strong> alliages fer/chrome oufer/chrome/molybdène dont la teneur enchrome varie de 10,5 à 28 %: ils ne manifestentpas <strong>un</strong> durcissement appréciablelors de la trempe et ne se durcissent quepar écrouissage. <strong>Le</strong>ur coefficient de dilatationest faible, ils sont très résistants à l’oxydationet adaptés aux températures élevées.Dans le nucléaire, l’acier bainitique 16MND5à bas taux de carbone et faiblement allié(1,5 % de manganèse, 1 % de nickel et 0,5 %de molybdène) occupe <strong>un</strong>e place centralepuisqu’il constitue le matériau de cuve <strong>des</strong>REP français, choisi pour ses qualités à <strong>un</strong>etempérature de 290 °C et soumis à <strong>un</strong>efluence de 3·10 19 n·cm -2 pour <strong>des</strong> neutronsd’énergie supérieure au MeV.<strong>Le</strong>s aciers martensitiques, qui présentent<strong>un</strong>e structure cristallinecubique centrée,sont<strong>des</strong> aciers ferritiques avec moins de 13 %de chrome (9 à 12 % en général) et <strong>un</strong> maxi-


<strong>Le</strong>s six concepts sélectionnés par le Forum GEN IVDes six concepts de réacteurs sélectionnés par le Forum international Génération IV en fonction de leurcapacité à répondre aux critères évoqués, trois, et à terme quatre, mettent en œuvre les neutrons rapi<strong>des</strong>,les trois autres (à terme deux) les neutrons thermiques. Deux <strong>des</strong> six systèmes utilisent d’autre partle gaz comme caloporteur (ce sont donc <strong>des</strong> RCG, réacteurs à caloporteur gaz). Ces six concepts sont:<strong>Le</strong> GFR<strong>Le</strong> GFR (Gas Fast Reactor, en français <strong>RNR</strong>-G) est <strong>un</strong> réacteur àhaute température (RHT) refroidi au gaz, généralement à l’hélium,à neutrons rapi<strong>des</strong>, permettant le recyclage homogène ou hétérogène<strong>des</strong> actini<strong>des</strong> tout en conservant <strong>un</strong> gain de régénérationsupérieur à 1. <strong>Le</strong> concept de référence est <strong>un</strong> réacteur refroidi àl’hélium en cycle direct ou indirect avec <strong>un</strong> rendement élevé (48 %).L’évacuation de la puissance résiduelle en cas de dépressurisationest possible en convection naturelle quelques heures aprèsl’accident. <strong>Le</strong> maintien d’<strong>un</strong>e circulation forcée est nécessaire dansla première phase de l’accident. La puissance volumique dans lecœur est déterminée de façon à limiter la température du combustibleà 1600 °C en transitoire. <strong>Le</strong> combustible, innovant, estconçu pour retenir les produits de fission (pour <strong>un</strong>e températureinférieure à la limite de 1600 °C) et éviter leur relâchement wensituations accidentelles. <strong>Le</strong> recyclage du combustible usé est envisagésur le site même du réacteur par <strong>un</strong> procédé soit pyrochimique,soit hydrométallurgique. <strong>Le</strong> GFR est <strong>un</strong> concept très performanten termes d’utilisation <strong>des</strong> ressources naturelles et deminimisation <strong>des</strong> déchets à vie longue. Il se situe dans la lignetechnologique gaz, en complément <strong>des</strong> concepts à spectre thermiqueGT-MHR (1) , PBMR (2) et VHTR.(1) GT-MHR : Gas-Turbine Modular High Temperature Reactor.(2) PBMR : Pebble Bed Modular Reactor.<strong>Le</strong> SFR<strong>Le</strong> SFR (Sodium Fast reactor, en français <strong>RNR</strong>-Na) est <strong>un</strong> réacteurrefroidi au sodium liquide, à neutrons rapi<strong>des</strong> associé à <strong>un</strong> cyclefermé permettant le recyclage de l’ensemble <strong>des</strong> actini<strong>des</strong> et larégénération du plutonium. Du fait de la régénération de la matièrefissile, ce type de réacteur peut fonctionner très longtemps sansintervention sur le cœur. Deux options principales sont envisagées:l’<strong>un</strong>e qui, associée à <strong>un</strong> retraitement de combustible métallique,conduit à <strong>un</strong> réacteur de puissance <strong>un</strong>itaire intermédiairede 150-500 MWe, l’autre, caractérisée par <strong>un</strong> retraitement Purexde combustible mixte d’oxy<strong>des</strong> (MOX), correspond à <strong>un</strong> réacteurde puissance <strong>un</strong>itaire élevée, entre 500 et 1500 MWe. <strong>Le</strong> SFR présentede très bonnes propriétés d’utilisation <strong>des</strong> ressources naturelleset de gestion <strong>des</strong> actini<strong>des</strong>. Il a été évalué comme ayant debonnes caractéristiques de sûreté. Plusieurs prototypes de SFRexistent dans le monde, dont Joyo et Monju au Japon, BN600 enRussie et Phénix en France. <strong>Le</strong>s principaux enjeux de rechercheconcernent le recyclage intégral <strong>des</strong> actini<strong>des</strong> (les combustiblescomportant <strong>des</strong> actini<strong>des</strong> sont radioactifs, donc délicats à fabriquer),l’inspection en service (le sodium n’est pas transparent), lasûreté (<strong>des</strong> approches de sûreté passive sont à l’étude) et la réductiondu coût d’investissement. <strong>Le</strong> remplacement de l’eau par duCO 2 supercritique comme fluide de travail dans le système deconversion est également à l’étude.wpompe<strong>Le</strong> LFRle LFR (<strong>Le</strong>ad Fast Reactor, en français <strong>RNR</strong>-Pb) est <strong>un</strong> réacteurrefroidi au plomb (ou alliage au plomb plomb-bismuth), à neutronsrapi<strong>des</strong> associé à <strong>un</strong> cycle fermé du combustible permettant<strong>un</strong>e utilisation optimale de l’uranium. Plusieurs systèmesde référence ont été sélectionnés. <strong>Le</strong>s puissances <strong>un</strong>itaires vontde 50-100 MWe, pour les concepts dits battery jusqu’à 1200 MWe,incluant les concepts modulaires de 300-400 MWe. Ces conceptsont <strong>un</strong>e gestion du combustible à longue durée (10 à 30 ans). <strong>Le</strong>scombustibles peuvent être soit métalliques, soit de type nitrureet permettent le recyclage de l’ensemble <strong>des</strong> actini<strong>des</strong>.wréacteurplenum froidplenum chaudhéliumpuits dechaleurbarresde contrôlebarresde contrôlesodiumprimaire(chaud)tête d’échangeurquatreéchangeursde chaleurà tube en Umoduleréacteurà cartouchecombustibleamoviblemodule derefroidissementcœurcaloporteurplomb liquideéchangeurde chaleurréacteurgénérateurturbineintercoolergénérateurde vapeurpompepompepompe sodiumsecondairesodiumprimaire(froid)puits dechaleurintercoolercompresseurpuissanceélectriquerécupérateurde chaleurcompresseurturbinecompresseurpuits dechaleurprécoolerturbine générateurpuissanceélectriquecondenseurpuits de chaleurgénérateurpuissanceélectriquerécupérateurde chaleurpuits dechaleur


arresde contrôleréacteurcaloporteurhéliumcœur duréacteurréflecteurgraphitesoufflantebarresde contrôlecœurréacteurpompepuits dechaleuréchangeurde chaleureau supercritiquepompe<strong>un</strong>ité de productiond’hydrogèneturbinecondenseurgénérateurpuits de chaleureauoxygènehydrogène<strong>Le</strong> VHTRle VHTR (Very High Temperature Reactor, en français RTHT)est <strong>un</strong> réacteur à très haute température à neutrons thermiquesrefroidi au gaz hélium et initialement prévu pourfonctionner avec <strong>un</strong> cycle de combustible ouvert. Sespoints forts sont l’économie et surtout la sûreté. Son aptitudeau développement durable est similaire à celle d’<strong>un</strong>réacteur de troisième génération, en raison de l’utilisationd’<strong>un</strong> cycle ouvert. Il est dédié à la production d’hydrogène,même s’il doit aussi permettre la production d’électricité(seule ou en cogénération). La particularité du VHTR estson fonctionnement à très haute température (>1 000 °C)pour fournir la chaleur nécessaire à <strong>des</strong> procédés dedécomposition de l’eau par cycle thermochimique(iode/soufre) ou électrolyse à haute température. <strong>Le</strong> systèmede référence a <strong>un</strong>e puissance <strong>un</strong>itaire de 600 MWthet utilise l’hélium comme caloporteur. <strong>Le</strong> cœur est constituéde blocs prismatiques ou de boulets.wpuissanceélectrique<strong>Le</strong> SCWRle SCWR (Supercritical Water Reactor, en français RESC)est <strong>un</strong> réacteur refroidi à l’eau supercritique à neutronsthermiques dans <strong>un</strong>e 1 re étape (cycle du combustibleouvert) et à neutrons rapi<strong>des</strong> dans sa configuration aboutie(cycle fermé pour <strong>un</strong> recyclage de l’ensemble <strong>des</strong>actini<strong>des</strong>). Deux cycles de combustible correspondent àces deux versions. <strong>Le</strong>s deux options ont <strong>un</strong> point de fonctionnementen eau supercritique identique : pression de25 MPa et température de sortie du cœur de 550 °C permettant<strong>un</strong> rendement thermodynamique de 44 %. Lapuissance <strong>un</strong>itaire du système de référence est de1700 MWe. <strong>Le</strong> SCWR a été évalué comme ayant <strong>un</strong> potentielélevé de compétitivité économique.wselpurifiéréacteurbarresde contrôlepompe<strong>un</strong>ité de retraitement selcombustiblebouchon froidréservoirs de secourssel derefroidissementpompeéchangeur de chaleurgénérateurturbineintercoolerpuissanceélectriquerécupérateurde chaleurcompresseur<strong>Le</strong> MSR<strong>Le</strong> MSR (Molten Salt Reactor, en français RSF) est <strong>un</strong> réacteurà sels fondus (cœur liquide et cycle fermé par traitementcontinu par pyrochimie), à neutrons thermiques etplus précisément épithermiques. Son originalité est lamise en œuvre d’<strong>un</strong>e solution de sels fondus servant à lafois de combustible (liquide) et de caloporteur. La régénérationde la matière fissile est possible avec <strong>un</strong> cycleuranium-thorium optionnel. <strong>Le</strong> MSR intègre dans saconception <strong>un</strong> recyclage en ligne du combustible et offreainsi l’opport<strong>un</strong>ité de regrouper sur le même site <strong>un</strong> réacteurproducteur d’électricité et son usine de retraitement.<strong>Le</strong> sel retenu pour le concept de référence (puissance <strong>un</strong>itairede 1 000 MWe) est <strong>un</strong> fluorure de sodium, de zirconiumet d’actini<strong>des</strong>. La modération de spectre est obtenuedans le cœur par la présence de blocs de graphitetraversés par le sel combustible. <strong>Le</strong> MSR comprend <strong>un</strong>circuit intermédiaire en sels fluorures et <strong>un</strong> circuit tertiaireà eau ou hélium pour la production d’électricité.wpuits dechaleur

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