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- 153 -prothèses <strong>de</strong> hanche, une personne âgée et je lui aiexaminé son poignet. Bon, elle al<strong>la</strong>it… Voilà, il vousarrive toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> choses comme ça. J’ai toujoursune ordonnance avec moi, ma valise dans mon coffre<strong>de</strong> voiture.- Vous êtes mé<strong>de</strong>cin..- Tout le temps.- En premier lieu. D’accord.- Je fais <strong>de</strong> <strong>la</strong> danse. En cours <strong>de</strong> danse, il y a un garsqui a fait un ma<strong>la</strong>ise, je l’ai ausculté, j’ai entendu quec’était un RA, je lui ai dit « Ben écoute, ma<strong>la</strong>ised’effort, menace <strong>de</strong> mort ». J’ai appelé le SAMU.Vous pouvez pas… Je pense que ça décolle pas.Mais moi, je l’accepte. C’est pas… voilà. C’est mavie, <strong>de</strong> toute façon. Je ne sais pas si c’est pareil pourles autres mé<strong>de</strong>cins, mais moi, j’ai l’impression queça me colle à <strong>la</strong> peau.- Ben, je pense que chacun a une expérience trèsdifférente.- Oui. Absolument. Bon, ben je suis partie avec cetteidée. Quand j’étais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, <strong>de</strong> toute façon, j’étaistoujours bonne pour qu’il se passe <strong><strong>de</strong>s</strong>catastrophes…- On attendait que ça soit vous <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour que çaarrive.- Oui, mais c’est marrant. En fait, j’ai le mauvais œil.- Comme lorsque les spécialistes vous disent que c’estparce que vous êtes mé<strong>de</strong>cin.- Oui.- C’est intéressant comme remarque…- Parce que par exemple ma thyroï<strong>de</strong>, bon, ben, vousavez déjà dû voir <strong><strong>de</strong>s</strong> ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong> Basedow, ben, enmoyenne, on leur fait une dose d’io<strong>de</strong> et c’estterminé. Moi, on m’a fait quatre fois <strong>la</strong> dose normale.- Vous êtes très résistante, on va dire.- Alors, je ne sais pas si c’est parce que je suismé<strong>de</strong>cin, en tout cas, c’est toujours exceptionnel.- C’est toujours à part.- C’est toujours à part. Alors ça, je sais pas si c’est untruc que vous allez retrouver. Est-ce que lesmé<strong>de</strong>cins ont <strong><strong>de</strong>s</strong> pathologies à part ? Et moi, c’estvrai, c’est tout à part, <strong>la</strong> grossesse prolongée, <strong>la</strong>rupture utérine…- Oui. Mais c’est vrai que c’est quelque chose quirevient.- Pour <strong>la</strong> borréliose, j’ai eu <strong>la</strong> biologiste au téléphone,elle m’a dit « Mais vous faites partie <strong><strong>de</strong>s</strong> 10 % chezqui les anticorps persistent alors que chez <strong>la</strong> plupart<strong><strong>de</strong>s</strong> gens, ils s’en vont ». Encore une particu<strong>la</strong>rité.- D’accord. Bon…- Puis je ne vous parle pas <strong>de</strong> mes enfants.- Vous leur avez transmis cette spécificité. Bon, avant<strong>de</strong> terminer et <strong>de</strong> vous remercier <strong>de</strong> m’avoir reçue, jevou<strong>la</strong>is juste vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi est-ce quevous avez accepté <strong>de</strong> répondre à mon étu<strong>de</strong>. Qu’estcequi vous a intéressée dans cette étu<strong>de</strong> ?- Ben, je me suis dit « Tiens, ça peut être intéressant ».Justement, quelqu’un qui s’y intéresse, çam’intéressait <strong>de</strong> savoir. Pourquoi vous faites ça ?Vous avez aussi une histoire personnelledouloureuse ?- Oui, oui, alors, je vais éteindre.-- Interruption <strong>de</strong> l’entretien quelques minutes- Ça n’a pas changé mon point <strong>de</strong> vue, ça ne m’a pasaigrie contre les gens. Et ça, je pense que c’est unechance, parce que moi, j’ai vu d’autres mé<strong>de</strong>cins…Ici à F, nous avons perdu dix mé<strong>de</strong>cins en 10 ans, <strong>de</strong>mort violente. Alors, il y a eu <strong><strong>de</strong>s</strong> suici<strong><strong>de</strong>s</strong>, il y a eu<strong><strong>de</strong>s</strong> morts violentes, et <strong><strong>de</strong>s</strong> acci<strong>de</strong>nts, <strong><strong>de</strong>s</strong> infarctus,enfin, voilà. Et il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> patients quelquefois qui vousracontent qu’ils viennent vous voir parce qu’ils nepeuvent plus aller chez ce mé<strong>de</strong>cin parce qu’il parle<strong>de</strong> lui, <strong>de</strong> sa pathologie, ou bien qu’il leur dit « C’estpas grave, moi aussi, j’ai mal au dos ». Et ça, c’est untruc qu’il ne faut pas faire. Je me suis renduecompte que c’était un truc qu’il ne faut pas faire.Parce que j’ai eu plusieurs fois <strong><strong>de</strong>s</strong> patients quisont venus comme ça. Et j’ai dit « Ben non,effectivement. Pardonnez lui parce que peut-être,c’est qu’il est vraiment pas bien s’il en arrive là ».Moi je ne suis jamais méchante avec les confrèresqui souffrent. Mais c’est vrai que le confrère quisouffre et qui ne se rend pas compte que çainterfère dans son fonctionnement, c’est pas trèsbon pour les patients.- Ça <strong>de</strong>vient dangereux pour <strong>la</strong> pratique.- Je sais pas si c’est dangereux, mais en tout cas,c’est pas bon. Dangereux, peut-être pas…- Moins objectif.- Voilà. Et les patients le ressentent.- Bien sûr.- Donc, c’est vrai qu’il faut toujours arriver à élu<strong>de</strong>rles questions personnelles que les gens peuventnous poser.- Et pour se protéger et pour les protéger.- Voilà. Sans franchement, non plus, les remballer,mais gentiment trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> voies <strong>de</strong> secours, voilà.Pour ne pas rentrer dans les détails, parce quesinon, ça va pas quoi ! Si c’est le patient qui vousinterroge sur <strong>la</strong> pathologie… Alors, en mêmetemps, moi j’ai <strong>la</strong> chance, j’ai jamais mal nulle part,j’ai jamais mal au dos. Donc, c’est vrai que je vaisparler bien puis que je dirais autrement si j’avaisça. Parce que j’ai un souvenir d’un mé<strong>de</strong>cin quimalheureusement est disparu, mais qui avait toutle temps <strong><strong>de</strong>s</strong> lumbagos, etc… Le pauvre, il enbavait et ça, vous pouvez pas le cacher non plus,un lumbago. Une grossesse on ne peut pas <strong>la</strong>cacher, mais c’est pas une ma<strong>la</strong>die. Mais unlumbago, c’est une souffrance. Et je pense quepeut-être ça changerait ma vision, je ne sais pas.Parce que il faut bien bosser aussi, parce que…- En gardant son propre rôle.- Le pire, ça doit quand même être les dépressions.- Oui.- Quand un mé<strong>de</strong>cin est déprimé, pour s’intéresseraux autres, ça ne doit pas être évi<strong>de</strong>nt.- Moi j’ai choisi délibérément <strong>de</strong> ne m’intéresserqu’aux pathologies organiques dans l’étu<strong>de</strong>. Parceque effectivement tout ce qui est du registrepsychologique et psychiatrique ça implique unautres questionnaire, un autre type d’analyse.C’est un autre sujet, en fait.- C’est vrai, mais en même temps, c’est un sujet. Ama connaissance, il y a énormément <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cinsqui souffrent <strong>de</strong> dépression, d’alcoolisme, <strong>de</strong> burnout.Ça doit pas arriver par hasard.- Non, non, c’est sûr que c’est une profession quiexpose à ces risques.- C’est vrai, comme tous les soignants. Notammentquand on est isolé. Je pense qu’être en groupe,c’est quand même une chance. Pour moi c’étaitvraiment une chance, dans un groupe qui étaitsoli<strong>de</strong>, qui s’entendait bien, où il y avait <strong>de</strong>l’humour, où il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> tas <strong>de</strong> choses positives,<strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’entre ai<strong>de</strong>, du soutien.- C’est une protection…- L’échange verbal, voilà.- Oui, c’est essentiel dans <strong>la</strong> profession.- Moi ça m’a bien aidée, ça m’a bien aidée.- Bon, et bien je vous remercie beaucoup.

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