Histoire de la Bretagne ancienne et moderne - Lecteurs.com
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qu’ils donnèrent aux intérêts spirituels <strong>et</strong> matériels <strong>de</strong> leurs diocèses. Lavie d’Abai<strong>la</strong>rd fut, au contraire, semée d’épreuves : son âme était plus ar<strong>de</strong>nte,il avait trop aimé le mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> sa gloire trompeuse ; il ne rencontra<strong>la</strong> guérison que dans l’humilité, <strong>et</strong> le repos que dans <strong>la</strong> tombe.Cependant <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Conan venait <strong>de</strong> mourir, <strong>et</strong> son fils s’apprêtait à<strong>la</strong> suivre dans le tombeau, en proie <strong>de</strong>puis un an à une ma<strong>la</strong>die grave,qui <strong>la</strong>issait peu d’espérance. Avant d’expirer, il déc<strong>la</strong>ra aux seigneursqu’il avait mandés auprès <strong>de</strong> sa personne, qu’il désavouait pour son filsHoël, qu’il avait pourtant toujours désigné <strong>com</strong>me son héritier présomptif.Cinquante années <strong>de</strong> guerres furent le triste résultat <strong>de</strong> ce funesteaveu, dont il est difficile <strong>de</strong> <strong>com</strong>prendre le motif.La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Conan III ne changea rien aux dispositions <strong>de</strong>s <strong>com</strong>tés<strong>de</strong> Nantes <strong>et</strong> <strong>de</strong> Cornouailles ; ils reconnurent Hoël. Eudon, gendredu feu duc, lui déc<strong>la</strong>ra <strong>la</strong> guerre, que les Nantais soutinrent avec courage.Ils al<strong>la</strong>ient suc<strong>com</strong>ber enfin, si Eudon n’eût trouvé un ennemi plusredoutable à <strong>com</strong>battre dans le fils <strong>de</strong> Berthe, sa femme. Conan IV sortaità peine <strong>de</strong> l’adolescence, quand tous les jeunes seigneurs se rangèrentsous l’étendard qu’il venait <strong>de</strong> lever, en revendiquant le duché <strong>de</strong> songrand-père. Une sang<strong>la</strong>nte bataille décida momentanément en faveur <strong>de</strong>son beau-père ; mais il se réfugia en Angl<strong>et</strong>erre pour y préparer lesmoyens <strong>de</strong> se venger. Henri II, roi d’Angl<strong>et</strong>erre, le mit à <strong>la</strong> tête d’uncorps <strong>de</strong> troupes considérable, <strong>et</strong> lui dit : « Cousin, entre nous autres souverains,il n’est <strong>de</strong> loi que celle du plus fort. Je ne suis pas clerc, <strong>et</strong> n’aipas étudié ce que vaut le droit que tu invoques ; mais chasse tes ennemis,<strong>et</strong> je le tiens pour certain <strong>et</strong> vali<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout point. » Conan n’eut qu’à semontrer sur le sol <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Br<strong>et</strong>agne</strong>, pour voir revenir à lui ses anciens partisans,<strong>et</strong> même ceux qui naguère avaient suivi les drapeaux d’Eudon.Rennes, assiégée par Conan, se défendit avec opiniâtr<strong>et</strong>é. Encouragé parc<strong>et</strong>te résistance, Eudon vint attaquer Conan dans ses propres r<strong>et</strong>ranchements; mais, après un ru<strong>de</strong> <strong>com</strong>bat, Eudon dut prendre <strong>la</strong> fuite, <strong>et</strong>Rennes fut oblige <strong>de</strong> se rendre. Conan, autour duquel se rassemblèrenttous les seigneurs br<strong>et</strong>ons, reçut leur hommage, <strong>et</strong> se déc<strong>la</strong>ra duc <strong>de</strong> <strong>Br<strong>et</strong>agne</strong>sous le nom <strong>de</strong> Conan IV.Les Nantais, ne reconnaissant pas à Hoël assez d’énergie ou <strong>de</strong> talentpour l’opposer avec succès au nouveau duc, le chassèrent ignominieusement,sans que <strong>de</strong>puis aucun événement ait révélé son sort. Ils appelèrentGeoffroy, <strong>com</strong>te d’Anjou, frère <strong>de</strong> Henri II, roi d’Angl<strong>et</strong>erre, sedonnèrent à lui, <strong>et</strong> renoncèrent, en quelque sorte, au nom <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>ons.C<strong>et</strong>te erreur singulière, c<strong>et</strong>te faute immense eut les suites les plus affligeantes.Geoffroy mourut <strong>de</strong>ux ans après, <strong>et</strong>, en vertu d’une nouvelle49