6. Trouble de l’aversion sexuelle~ Anxiété extrême et/ou dégoût provoqué par l’idée et/ou la tentatived‘avoir une quelconque activité sexuelleManque persistantde désir sexuel,ressentir du désirouila relationsexuelleTroubledudésirde l'intérêtsexuelTrouble del'excitationsubjectivenonLubrificationouiIncapacitépersistante àêtre excitéeTrouble del'exitationsexuellenonLa stimulation donne uneimpression pesso psychique d'excitationnonouinonEnquête sexuelle détailléeouiOui, sans signe génital d'excitationTrouble mixte del'excitation subjectiveet génitaleAbsence, retardou baissede l'intensitéde l'orgasme,récurrentsmalgrè uneexitationimportanteTrouble del'orgasmeTrouble del'excitationgénitaleAlgorithme diagnostique des DSFTableau 3PARAMETRES DESCRIPTIFS : Il s’agit de composants intégraux dudiagnosticIl est recommandé de compléter et clarifier le diagnostic des DSF enprécisant les caractéristiques suivantes :- La dysfonction est elle primaire (existant depuis le début de la viesexuelle) ou secondaire (acquise) ?- Est-elle constante ou situationnelle ?nonDouleurrécurrentelors de tentativede pénétrationou lorsde la pénétrationouiDyspareunieDifficulté depénétrationvaginale,peurs diverses,évitement,contracturemusculaire ?non oui nonVaginisme- Il faut quantifier de degré de souffrance associée : aucune, légère,modérée, sévère. En l’absence de souffrance, une modificationde la réponse sexuelle peut avoir un intérêt épidémiologique,mais peu d’importance clinique.- Il faut aussi clarifier les facteurs contextuels :~ Passés : facteurs négatifs du registre de l’éducation, de perteset/ou des traumatismes (physiques, sexuels, émotionnels), desrelations interpersonnelles passées, des limitations culturelleset/ou religieuses~ Actuels : difficultés relationnelles actuelles, dysfonction sexuelledu partenaire, stimulation sexuelle inadéquate, contextessexuel et émotionnel insatisfaisants~ Médicaux : pathologies médicales et psychiatriques, traitementsmédicamenteux, addictionsCommentaires :Cette classification peut paraître lourde et aride mais si nous voulonstous parler de la même chose et participer à des recherches cliniquesou les promouvoir nous nous devons de l’adopter, mais ausside l’adapter et de l’enrichir de notre expérience.La multidisciplinarité de la <strong>SFMS</strong> va permettre à ses membres d’affinercette traduction (personnelle), de revoir cette classification sousl’angle de la francophonie, afin d’aboutir à des définitions compréhensibleset utilisables par tous, patients et confrères, dans le cadredu groupe de travail consacré à la nosographie des DysfonctionsSexuelles Féminines qui s’est constitué au sein de notre Société.ArticlesSEXUALITÉ : INSTINCT OU APPRENTISSAGE ?Serge Wunsch est chercheur en psychobiologieet Doctorant en Neurosciences.Philippe Brenot est psychiatre et anthropologue,Directeur d’Enseignement au DIU deSexologie à l’Université Paris 5.RésuméLa nature apprise et/ou instinctuelle ducomportement sexuel humain est examinée àpartir des données de la neurobiologie. Cetterevue de la littérature concerne principalementl’analyse des structures et des fonctionsneurobiologiques (neuromédiateurs, récepteursde stimuli-signaux, réseaux neurauxprécablés, réflexes spécifiques, instincts…),innées et spécifiques, qui sous-tendent lesdifférents aspects de ce qui est culturellementappelé ‘sexualité’ : la reproduction, leplaisir érotique, l’attachement romantique etles phénomènes cognitifs. Des données éthologiqueset ethnologiques complètent cettelecture neurobiologique.Si l’on observe chez les mammifères uneorganisation anatomique et physiologiqueinnée spécifique de la reproduction, aucontraire, par rapport aux comportements, iln’existe aucune donnée actuellement disponiblepermettant de valider, chez l’Homme,l’hypothèse de l’existence d’un instinct sexuelou d’un instinct de la reproduction. On peut,par contre, observer l’existence d’un réseauinné de structures limbiques qui serait à l’originedes sensations émotionnelles de plaisirérotique, provoquées par certaines stimulationscorporelles. Il semble que ces sensationsintenses de plaisir érotique seraient à l’originede la formation de l’attachement romantique,ainsi que du développement et de l’acquisitiondu comportement sexuel, dont le coït vaginal,nécessaire à la reproduction et à la survie del’espèce. Les processus cognitifs, innés,auraient une influence déterminante en permettantl’élaboration et l’acquisition d’élémentsabstraits (représentations, valeurs,croyances…) qui transforment la simpleétreinte des corps en actes éminemment chargéesde sens et de symboles : la ‘sexualité’.Mots-clésSerge WUNSCHet Philippe BRENOT, ParisComportement sexuel, inné/acquis, instinct,neurobiologie des comportements,reproduction, plaisir érotique, attachement,culture, sexualité.Introduction« Le sexe est le cerveau de l’instinct », affirmeAndré Suarès dans Voici l’Homme, en reprenantl’idée populairement largement répandueselon laquelle la sexualité est certainement la« chose » la plus naturelle, et donc la plus instinctuelle,qui soit. Or toute la recherche, fondamentaleet clinique, sur la sexualité, nous enmontre le caractère fondamentalement appris.Qu’en est-il du déterminisme de la sexualité ?Est-ce un instinct, ou un apprentissage ? Cesdeux dimensions concourent-elles à laconstruction de la sexualité du sujet humain ?L’objectif de cet article est de présenter defaçon synthétique, en fonction des dernières12 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1
connaissances en neurobiologie, les hypothèsesactuelles les plus plausibles relatives àla part des facteurs innés et acquis dans laconstruction de la sexualité humaine. Nous neprésenterons que les hypothèses clés ainsi queles données essentielles, mais n’aborderonspas les questions de fond (comme la spécificitédes comportements, animaux et humains)pour lesquelles nous renvoyons à une importantebibliographie et à une série d’articlesgénéraux sur « Les fondements neuro-biologiquesde la sexualité humaine » parus, et àparaître dans Sexologies.L’article présente l’essentiel des donnéesqui permettent de préciser à la fois : (1) lanotion culturelle de ‘sexualité’, (2) les processusbiologiques impliqués dans la ‘sexualité’,(3) les éléments concrets permettant la transcriptionbiologique des concepts abstraitsd’inné et d’acquis, et (4) la part respective desfacteurs ‘innés’ ou ‘acquis’ dans les différentescomposantes de ce qui est culturellementappelé ‘sexualité’.Notion de ‘Sexualité’Il existe un grand nombre de définitionsdu concept de sexualité. Ce mot est apparu enfrançais au XIX e siècle et désigne en biologie« le caractère de ce qui est sexué, et l’ensembledes caractères propres à chaque sexe » 1 . Ilprendra au XX e siècle, surtout avec l’influencede la psychanalyse, le sens de « vie sexuelle ».Plus communément, pour la majorité deslocuteurs, la définition usuelle contemporainede ce concept est plus vague, et la notionde ‘sexualité’ recouvre d’une manière assezlâche tout ce qui a plus ou moins rapportavec les organes génitaux, les zones érogèneset le plaisir particulier provenant de cesrégions corporelles.Par ailleurs, l’observation des différentessociétés humaines montre que les pratiques,les croyances et les valeurs ‘sexuelles’, ainsique le contenu de la notion de ‘sexualité’,varient grandement suivant les cultures etsuivant les époques 2 . La sexualité, qui peutparaître si naturelle et si évidente correspondraiten fait à la perception subjective d’unconstruit culturel.Afin de prendre en compte tous ces éléments,nous utiliserons le mot sexualité au senscommunément admis de la notion de ‘sexualité’– car elle est le reflet des représentationsculturelles en usages – mais définirons, surune base plus rigoureuse et scientifique, les différentsprocessus psychobiologiques qui soustendentle phénomène de la ‘sexualité’.Ces définitions supplémentaires, renduesnécessaires par la mise en évidence de cesprocessus psychobiologiques, esquissent unnouveau cadre d’étude de la sexualité. Cesdéfinitions, présentées dans les chapitres suivants,sont élaborées en fonction des processusneurobiologiques qui sont à l’origine dece qui est appelé sexualité, c’est-à-dire lesétats psychiques et les comportements enrelation avec les organes génitaux et le plaisirérotique.La sexualité – comme d’ailleurs toutcomportement complexe (maternel, agression,communication …) – qui est subjectivementperçue comme un phénomène unitaire,serait en fait essentiellement uneconstruction cognitive, résultante de l’activitéconjointe de plusieurs systèmes cérébraux.Ces systèmes, relativement indépendantsles uns des autres, auraient de surcroîtdes fonctions biologiques autres quesexuelles. La fonction ‘sexuelle’ n’apparaîtraitévidente que pour un observateur extérieur,analysant des processus et des comportementssubjectivement présélectionnésen raison de leur conformité avec le modèleculturellement dominant et ‘naturel’ de lasexualité.Inné et acquisLa problématique de l’inné et de l’acquisest une problématique ancienne et polémique,mais c’est également une des questionsfondamentales de l’étude des organismesvivants : quelle est la part des caractèresinnés, qui découlent de l’expression dugénome interagissant avec les molécules de lacellule primitive, de celles, acquises, qui proviennentde l’influence des différents environnements(chorionique, utérin, écologique,familial et culturel).Actuellement, cette approche est jugéenon pertinente par de nombreux auteurs, carle développement des organismes est perçucomme une interaction réciproque de différentsfacteurs qui s’inter-influencent, et dontil serait impossible ou sans intérêt de séparerou d’identifier les facteurs de causalité.Néanmoins, les dernières connaissances engénétique, en biologie du développement eten neurosciences, par, d’une part, l’identificationprécise des mécanismes et des processusbiologiques en cause, et, d’autre part, l’identificationprécise des différents environnementset de leurs influences respectives, permettentd’apporter des éléments de précision.Ces données, même si elles ne permettent pasde tout expliciter, démontrent l’existence decaractéristiques qui sont indubitablement del’ordre de l’inné, et d’autres qui ne peuventêtre qu’acquises.Proposition de définitionsDans une première analyse, globale, onpeut identifier quatre phénomènes biologiqueset neurobiologiques relatifs à ce quiest culturellement appelé sexualité.1°) La reproduction, ensemble de processusphysiologiques et comportementaux quipermettent le coït vaginal reproducteur etle développement d’un nouvel organisme.La reproduction dépend principalementdes structures les plus simples du systèmenerveux (hypothalamus et système nerveuxautonome).2°) Le comportement érotique, qui correspondà la recherche des plaisirs intensesprovoqués par la stimulation du corps. Lecomportement érotique dépend desstructures ‘émotionnelles’ du cerveau(structures dites limbiques).3°) L’attachement, qui correspond à la formationde liens affectifs entre le sujet et deséléments de son environnement.L’attachement dépend également de certainesstructures limbiques.4°) Les processus cognitifs, qui correspondentaux activités les plus élaborées du cerveau: mémoire, catégorisation, représentations…Les processus cognitifs dépendentdes structures les plus complexes dusystème nerveux (aires néocorticales).Ces quatre phénomènes sont identifiés etdistingués les uns des autres parce qu’ilsdépendent de l’activité de systèmes neurobiologiquesdistincts. Les progrès continus desneurosciences permettront de préciser demanière plus détaillée le nombre, le rôle et lesprocessus de ces systèmes neuraux qui soustendentla construction de la ‘sexualité’.Il semble d’ailleurs absolument nécessaire,dans l’élaboration de définitions relatives aupsychisme et aux comportements, de fonderces définitions sur des réalités structurelleset/ou fonctionnelles du système nerveux,dans la mesure où, en dernière analyse, c’estla structure neurale qui est à l’origine de cesphénomènes. Il semble également nécessaire,dans l’étude de la sexualité, tant par rapportaux comportements, aux aspects psychiques,aux phénomènes culturels, ou ici par rapportaux facteurs innés et acquis, de tenir comptede ces quatre composantes.Plan de l’articleL’article est composé de cinq grandes parties: la première aborde le problème de latranscription biologique des facteurs innés etacquis, et les quatre suivantes traitent successivementdes quatre composantes de lasexualité humaine (reproduction, comportementérotique, attachement, cognitions).1 – Transcriptionbiologique de l’innéet de l’acquisComment se traduisent, en terme destructures et de fonctions biologiques, l’innéet l’acquis ? Que doit-on chercher pour préciserla part respective de ces facteurs ?Caractéristiques de l’innéitéLes caractéristiques innées sont celles quiexistent indépendamment de l’influence desdifférents environnements (du chorion, del’utérus, du milieu écologique, familial et culturel).Ces caractéristiques sont toujours présentesà la fin du développement de l’organisme,sauf dans les cas extrêmes où l’environnementprovoque un développement pathologique(famine, maladies graves…), qui dépasseles capacités adaptatives de l’organisme (physiologiedu jeûne, système immunitaire…). Parexemple, le système nerveux des mammifèresprésente de nombreuses caractéristiquesinnées : l’organisation générale du cerveauest toujours la même (systèmes sensoriels, systèmemoteur, système nerveux autonome,Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 13