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Editorial Sommaire - SFMS

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dire la dénomination d’un regroupement subjectifde comportements, d’états psychiqueset d’éléments divers dans un ensemble abstraitet unique qui est pensé en tant qu’entitéspécifique, ayant, par essence, des propriétéscommunes qui le distinguent radicalementdes autres entités que sont par exemplel’ ‘alimentation’, la ‘violence’ ou la ‘spiritualité’.Les processus cognitifs permettent ainsila création d’entités abstraites et symboliques,supplémentaires mais non indispensablesaux activités ‘sexuelles’ concrètes. Eneffet, chez la plupart des animaux sexuéssimples, les activités ‘sexuelles’ sont exécutéessans aucune conscience de leur nature.Dans un second temps, les processus cognitifsinfluencent la ‘sexualisation’ de l’universsubjectif du sujet par l’attribution a certainsobjets – et non à d’autres – de ce qui a étéconceptualisé comme ‘sexualité’, et ceci à partirde critères rarement objectifs (par exemple, suivantles sociétés, la caresse des seins ou le baiserbuccal peuvent être, ou non, considérés comme‘sexuel’). Ces objets, devenus ‘sexuels’, s’opposentà ceux qui ne le sont pas. Le ‘sexuel’ et le ‘nonsexuel’ sont subjectivement perçus comme étantradicalement distinct, et le ‘sexuel’ possède despropriétés spécifiques et particulières que nepossède pas le ‘non sexuel’. Cette assignation decomportements dans une entité particulièrechange considérablement le sens et la portée desactes. Et on observe que ce qui est considérécomme ‘sexuel’ organise et détermine desactions et des jugements, voire une certaine partiede l’existence de chaque individu.Enfin, dans un troisième temps, les processuscognitifs ‘complexifient’ la ‘sexualité’par l’association et la combinaison au ‘sexuel’de tout un ensemble d’autres éléments abstraits: catégories, jugement de valeurs,éthique, morale, devoir, interdits, lois, … Parexemple, les processus cognitifs sont à l’originede la formation des catégories, entreautres, d’ ‘homme’ et de ‘femme’, d’ ‘hétérosexualité’et d’ ‘homosexualité’, d’activité‘orale’, ‘anale’ ou ‘vaginale’, de ‘beau’ ou de‘laid’, de ‘bien’ et de ‘mal’… Puis, par la combinaisonde ces catégories, l’ ‘homosexualité’peut être associée par exemple à l’ ‘anormal’,l’ ‘hétérosexualité’ au ‘bien’ et le baiser au‘beau’ … Mais bien d’autres catégories etcombinaisons peuvent exister.Par ailleurs, il convient de noter que lesphénomènes cognitifs relatifs à la ‘sexualité’ne sont pas indispensables à l’activité desprocessus de la reproduction, des processusérotiques ou des processus d’attachement,mais ils peuvent les influencer de multiplefaçon. Par exemple, bien que les valeurs et lesreprésentations cognitives liées à la notion de‘sexualité’ sont des constructions culturelleset subjectives qui peuvent être complètementindépendantes et distinctes de la réalité biologique,voire être complètement erronées,elles ont une influence majeure en particuliersur le comportement érotique et elles peuventlui donner, en bien ou en mal, uneimportance sociale et psychologique quidépasse de très loin la simple sensation deplaisir intense qu’il procure.Caractéristiques innéesdes phénomènes cognitifs relatifsà la ‘sexualité’Sans entrer dans les détails, qui nécessiteraientun plus long développement, la plupartdes processus cognitifs qui rendent possiblel’élaboration des éléments abstraits de la‘sexualité’ sont de l’ordre de l’inné. Ils résultentde l’organisation du système nerveux etde l’architecture du néocortex.La macro-structure du cerveau mammalien(thalamus, hippocampe, amygdale, lobescérébraux, faisceaux d’interconnexions …), lastructure du néocortex en six couches deneurones, les mécanismes du précablagecérébral (molécule de guidage, gradientmoléculaire … ), les mécanismes de la plasticitécérébrale (modulation des récepteurs cellulaires,potentialisation à long terme, réorganisationsynaptique …), tous ces éléments,qui sous-tendent directement les processuscognitifs, sont innés.De cette macro-structure particulière etinnée découle la capacité, donc égalementinnée, à élaborer des catégories, croyances oudes valeurs qui recouvrent quasiment tous lesdomaines de la société (spiritualité, religion,morale, alimentation, mœurs …). On l’observedans toutes les sociétés humaines et cheztous les individus.Caractéristiques instinctuellesdes phénomènes cognitifs relatifsà la ‘sexualité’Au niveau comportemental, l’effet desactivités cognitives se manifeste par la modulationou la création de comportementsdiversifiés. Les observations éthologiquesn’ont pas mis en évidence de séquences comportementalesstéréotypées spécifiques à desactivités cognitives. Au niveau neurobiologique,les processus cognitifs agissent sur lescomportements par l’intermédiaire du systèmemoteur pyramidal (aire motrice supplémentaire,cortex moteur…). On ne connaîtpas actuellement dans ces structures de précablagesou de programmations spécifiquesdéclenchant des séquences motrices stéréotypéespropres à une activité cognitive. Parailleurs, ces structures néocorticales sontconnues pour être le siège de phénomènes deplasticité, de stabilisation sélective et de réorganisation,difficilement compatibles avecl’existence de précablages ou de programmationsspécifiques. Pour toutes ces raisons, iln’existe vraisemblablement pas de caractéristiquesinstinctuelles des processus cognitifsrelatifs à la sexualité.Caractéristiques acquisesdes phénomènes cognitifs relatifsà la ‘sexualité’Tous les éléments cognitifs abstraits relatifsà la ‘sexualité’ sont acquis : le conceptinitial de ‘sexualité’ est acquis, puis la totalitédes catégorisations, des valeurs, descroyances ou des représentations relatives àce qui est défini comme ‘sexualité’ est égalementacquis. Tous ces éléments ‘sexuels’ abstraitssont principalement appris durant l’enfanceau cours des interactions sociales.À noter néanmoins ces acquisitions ne seréalisent pas de n’importe quelle manière,mais en fonction des caractéristiques fonctionnelleset des limitations propres au systèmenerveux. Par exemple, s’il existe des distinctionsculturelles entre le ‘mâle’ et la‘femelle’, entre l’ ‘homosexualité’, l’ ‘hétérosexualité’et la ‘bisexualité’, entre ce qui estsexuellement ‘bien’ ou ‘mal’, c’est parce que lacatégorisation est une caractéristique fonctionnelleintrinsèque, obligatoire et automatiquedu cerveau. Dans l’hypothèse spéculativeoù le processus de catégorisation n’existeraitpas, il est certain que la sexualité humaine(tant au niveau des représentations que descomportements) serait très différente.ConclusionLes processus cognitifs sont à l’origine,entre autres, de phénomènes de catégorisation,d’abstraction et de symbolisation, quipermettent l’élaboration potentielle, au niveausubjectif, de nombreux concepts (‘liberté’, ‘violence’,‘sexualité’, ‘reproduction’, ‘érotisme’,‘amour’, ‘normalité’, ‘bien’, ‘mal’, ‘beau’, etc.).Tous ces éléments cognitifs abstraits créent lesconditions d’un « bain culturel » dans lequelsont appris les comportements, les attitudes,les codes et les valeurs d’une société en matièrede ce qui y est éventuellement conceptualiséet distingué en tant que ‘sexualité’.L’importance quantitative et qualitative de cesapprentissages confirme le caractère fondamentalementculturel de la sexualité.Quasiment l’ensemble des processuscognitifs sont innés, mais leur contenu abstraitet symbolique est totalement acquis, ouplutôt, peut être acquis en fonction ducontexte culturel. En effet, le contenu abstraitdes phénomènes cognitifs relatifs à la‘sexualité’ est très dépendant du développementconceptuel de la société où vit le sujet,et peut être nul, simple ou très élaboré.Dans les sociétés occidentales, les phénomènescognitifs relatifs à la Œsexualité‚ ontainsi une influence majeure sur tous lesaspects psychiques et comportementaux ducomportement érotique et de l'attachementromantique.Remarques pour le clinicienL’ensemble des données présentées cidessuspermet de préciser certaines étiologiespossibles des troubles ‘sexuels’ relatifs auxprocessus cognitifs.Par rapport aux aspects innés des processuscognitifs, les problèmes concernent lesatteintes structurelles et/ou les dysfonctionsde ces processus. La neurologie ou la neuropsychologienous en donnent plusieursexemples cliniques, comme le syndrome deKlüver et Bucy, où la personne atteinte manifeste,entre autres, une hypersexualité enverstous les objets de son environnement.Par rapport aux aspects acquis des cognitions‘sexuelles’, les problèmes concernent20 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1

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