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Editorial Sommaire - SFMS

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hypothalamus, amygdale, néocortex organiséen six couches de neurones et divisé enlobes…) 3 . Ces caractéristiques toujours présentesdépendent de mécanismes moléculairesspécifiques, qui peuvent être identifiés etdécrits, et dont le fonctionnement explique lapermanence des processus innés observés.À un premier niveau, dans l’œuf fécondéen développement, on peut mettre en évidencedes gènes (dans le noyau ou dans lesmitochondries) et des molécules informativesqui vont déterminer de nombreux processuscellulaires (régulation de l’expression dugénome, synthèse des protéines, division cellulaire…).Ensuite on peut mettre en évidencedes molécules qui déterminent la spécialisationdes cellules (cellules de la peau, des os,du système nerveux…), l’orientation céphalocaudalede l’organisme ou la création desmembres 4 . On peut même mettre en évidencedes mécanismes innés de la variabilité, tell’épissage alternatif des ARN prémessagers,qui permettent des modifications adaptativesde l’organisme face à son environnement. Ilest donc possible d’expliquer les effets de l’influencedu milieu sur l’organisme en tant querésultat de processus biologiques identifiables– et dont certains sont innés – plutôtqu’en terme d’interactions globales.En conclusion, il est généralement possible,en détaillant les processus moléculaires,cellulaires, physiologiques ou neurobiologiques,d’identifier des éléments permanents,innés, résultat d’une ‘programmation’ biologique,qui existent toujours et partout, quelque soit l’environnement, tant que ce derniern’altère pas l’organisme. L’identification de ceséléments biologiques permanents et l’explicationdes mécanismes et processus biologiquesqui induisent cette permanence permettentde conclure à l’innéité de ces éléments.Caractéristiques des acquisitionsLes acquisitions des organismes, au senslarge, dépendent de deux grands types dephénomènes les uns qualifiés de biologiquementnormaux et les autres d’ accidentels.Les phénomènes accidentels provoquent deschangements durables qui ne sont pas ‘prévus’par le système organique. Un exemple enest la mutation de l’ADN par irradiation, lorsqu’ellen’est pas létale. Les acquisitions biologiquementnormales dépendent de mécanismeset de processus spécifiques, qui sontintégrés à la structure ‘normale’ de l’organisme.Un exemple est l’acquisition par conditionnement,qui dépend de circuits neurauxassociés les uns aux autres par des mécanismesmoléculaires facilitant le passage desinflux nerveux. Généralement, l’acquis est misen évidence par l’existence de processus d’apprentissagespécifique, qui peuvent êtredécrits en terme de structure, de mécanismesmoléculaires et/ou de processus neuraux spécifiques.a – InstinctQu’est-ce qu’un ‘instinct’ ? À quelles réalitésbiologiques correspond-il ? Quelle estl’origine et la pertinence de ce concept ? Lesdeux principaux problèmes liés au conceptd’instinct sont, d’une part, la question de sonexistence biologique et, d’autre part, l’élaborationd’une définition précise et opérationnelledu terme.L’instinct est une des hypothèses quitentent de répondre à une question fondamentalede la biologie animale : quels sontles facteurs qui déterminent et qui soustendentles comportements ? Une premièreréponse, générale, serait que l’instinct correspondraitau développement ou à uneorganisation particulière d’une structurebiologique spécifique, codée par le génome,et qui contrôlerait les comportements adaptatifsd’une espèce. L’instinct désignerait unprocessus neurobiologique inné qui est àl’origine d’un comportement qui s’exprimeen dehors de tout apprentissage. Expriméautrement, le comportement instinctuelcorrespondrait, chez les mammifères, à lamise en jeu du système musculaire squelettiquepar une structure innée et spécifiquedu système nerveux.Les observations éthologiques 5 mettenten évidence l’existence de comportementssystématiques et stéréotypés, existants endehors de tout apprentissage et de touteexpérience préalable. Les connaissances engénétique 6 , en biologie du développement 7et en neurosciences 8,9 montrent qu’il existeun génome, des gènes du développement, desmolécules de guidage, des structures neuralesprécablés, c’est-à-dire tout un ensemble depropriétés et de structures qui rendent possiblel’existence chez les mammifères de réactionsinnées. L’ensemble de ces données rendplausible l’hypothèse éthologique et biologiquede l’existence d’un ‘instinct’.Définition du concept d’instinctIl existe dans la littérature scientifique denombreuses définitions de la notion d’ ‘instinct’10,11 . Le problème est que, suivant la définitionutilisée, la notion d’instinct peutrecouvrir des réalités différentes. La prise encompte des données éthologiques combinéesavec les données neurobiologiques devraitalors permettre une meilleure précision etune plus grande objectivité de la définition.Les observations éthologiques montrentque les comportements qui semblent innéspeuvent être soit très stéréotypés (tels lesréflexes), soit avoir une expression relativementvariable (telles les réactions émotionnelles).En outre, les données neurobiologiquesnous enseignent qu’il existe des structuresneurales ‘précablées’ 12 et donc susceptiblesde produire des réactions innées stéréotypées,mais également qu’il existe des mécanismespermettant une certaine plasticiténeurale 13 qui pourrait être à l’origine de réactionsinnées variables.La prise en compte de l’ensemble de cesdonnées amène à proposer deux définitions,l’une au sens strict et l’autre au sens large, dela notion d’ ‘instinct’ :Définition au sens strictLa définition stricto sensu correspond,tout en restant compatible avec les donnéesneurobiologiques, à l’archétype de l’instinct :la ‘programmation’ complète, contrôlée etfinalisée d’une action ou d’une réaction comportementale.Une proposition d’une définition de l’instinct,au sens strict, pourrait ainsi être formulée: action ou réaction comportementale,innée, fixe, immédiatement parfaite sansexpérience préalable et sans apprentissage,provoquée par des stimuli internes ouexternes spécifiques.Ces réactions sont déterminées par l’existencede structures neurales spécifiquementorganisées (récepteurs spécifiques, et/ousynapses spécifiques, et/ou neuromédiateursspécifiques, et/ou précablage spécifique…),dont la formation est indépendante desinfluences du milieu extérieur à l’organisme.L’exemple type de telles réactions instinctivesdu système nerveux, est représenté parles réflexes.Il s’agit également d’un pur problème determinologie car l’instinct (dans son sens originelle plus strict), concept de l’éthologie, etle réflexe, concept de la neurophysiologie,correspondent à la même réalité, analysée àdes niveaux différents. Les données neurobiologiquescomplètent et expliquent souventles observations éthologiques.Définition au sens largeLa définition lato sensu de l’instinct correspond,tout en restant compatible avec les donnéesneurobiologiques, à la configuration minimalisteet aux limites extrêmes de ce qui estinné. Le critère minimaliste de l’innéité serait laréalisation d’une action ou d’une réaction comportementaleen l’absence d’expérience.Une proposition d’une définition de l’instinct,au sens large, pourrait donc être formuléeainsi : action ou réaction comportementale,innée, réalisée sans expérience préalable,mais dont seule la réaction globale est innée etnon les détails variables de sa réalisation.Ces réactions sont provoquées par l’existencede structures neurales dont la macrostructureest génétiquement déterminée,mais dont la microstructure, plastique,dépend des influences de l’environnement.L’exemple type de telles réactions comportementalesinstinctives, au sens large, sontles réactions provoquées par les émotionsprimaires.Les réactions instinctives de peur en sontun bon exemple, elles sont commandées parl’amygdale, qui est une structure clé pourcette réaction émotionnelle 14,15 . L’amygdaleexiste chez tous les mammifères et son développementest indépendant des influencesexternes : tous les mammifères ont ainsi desréactions instinctives de peur. Par contre, lamicrostructure des neurones de l’amygdale(avec des propriétés électrophysiologiquesparticulières des membranes neuronales, une14 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1

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