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journal des auteurs - SACD

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actualité > cinémaCinéma numériqueUn joyeux « bordel » !Par Bertrand van EffenterreComment qualifier autrement les ratés etles avatars de la projection numérique ?Dernier exemple, la décision du circuitaméricain Regal (6 793 écrans pour 551cinémas) de passer un accord avec Sonypour un équipement numérique en 4K alorsque le 2K 1 paraissait jusqu’alors la normeacceptée par tous…Ne nous y trompons pas, la transformationde l’exploitation <strong>des</strong> films par la projectionnumérique recouvre <strong>des</strong> enjeux très divers,dont le moindre n’est pas que les sallesde cinéma pourraient à l’avenir projeter <strong>des</strong> retransmissions deconcerts, de matchs, d’événements culturels de toutes natures etne plus être seulement dédiées à la projection de films.Quelques notions techniques.Aujourd’hui, la projection d’un film de cinéma se fait grâce à unecopie sur support argentique, la copie 35 mm. La rotation trèsrapide <strong>des</strong> films dans les salles impose depuis pas mal de temps<strong>des</strong> tirages de copies de plus en plus importants sur certains filmsqui grèvent lourdement le budget de distribution. Avec l’apparitiondu numérique, la profession a longtemps rêvé de voir les coûts <strong>des</strong>ortie diminués grâce à la disparition du support argentique auprofit d’un fichier informatique moins onéreux.La technique existe : un fichier numérique crypté de haute résolution(Digital Cinema Package ou DCP) qui sert de support, un serveurinformatique qui permet de stocker les fichiers et un projecteurspécifique forment la base de ce nouveau mode de diffusion.Une clé de lecture (Key Delivery Message ou KDM) permet de contrôlerl’accès au fichier et donc de protéger les droits <strong>des</strong> différentsayants droit. Sans clé, pas d’accès aux films, donc pas de piratage…Deux problèmes se posent : le coût <strong>des</strong> équipements pour les salles,et la période de coexistence de deux systèmes de projection, le 35 mmet le numérique, dans le même lieu. Il y a non seulement l’achatde l’équipement numérique – une estimation autour de 100 000euros par écran, sans même aborder le problème de la 3D – maiségalement la transformation de la cabine, par exemple l’installationde la climatisation nécessitée par les nouveaux projecteurs, pourlaquelle il faut encore compter, avec <strong>des</strong> différences notables suivantles salles, un budget à peu près équivalent 2 .Pendant quelques années il faudra faire coexister deux installations,1 Une image 2K correspond à 2048 pixels par ligne sur 1080 lignes. Cette norme adoptéedans un premier temps par les majors américaines a été reprise en France sousla forme Afnor qui définit ainsi les exigences pour une salle de cinéma numérique.2 Lire l’étude passionnante faite par L’ADRC sur l’évolution du parc de salles de laRégion Centre.projecteur 35 et projecteur numérique dans le même lieu, souventexigu, tant que la bascule vers le tout numérique ne sera pasachevée. Ce problème de coexistence de deux filières existe aussipour le producteur puisqu’il va devoir payer les frais aussi bien dela filière argentique que de la filière numérique.Les exploitants hésitent à investir dans du matériel dont personne nepeut garantir la pérennité. Dans l’univers du numérique, l’expériencemontre que la désuétude du matériel intervient très vite. La décisionde Regal prouve à l’évidence que le passage se fait aujourd’hui dansune confusion technologique qui risque de faire de gros dégâts chezceux qui auront fait le mauvais choix…Des solutions qui n’en sont pas vraiment.Les exploitants, qui ne sont pas persuadés <strong>des</strong> réels avantages poureux et pour les spectateurs du passage à la projection numérique,se sont tournés vers les distributeurs et les producteurs censés êtreles premiers bénéficiaires <strong>des</strong> éventuelles économies apportées parle numérique. C’est ainsi qu’est née aux États-Unis la Virtual PrintFee (VPF) ou contribution financière numérique. Le distributeurverse à la salle une contribution en contrepartie de l’effort que lasalle a fait pour s’équiper en numérique. Un péage en quelque sorte.Évidemment, chez nous, le système de la VPF a été repris. Desinvestisseurs nouveaux ont fait leur apparition dans le paysagecinématographique. Se situant à l’interface entre l’exploitant et ledistributeur, ils ont proposé de prendre en charge tout ou partiede l’équipement numérique <strong>des</strong> salles et de récupérer auprès dudistributeur la fameuse contribution en contrepartie de leur apport.Le distributeur (et le producteur dont il est le mandataire) n’a plusen charge le coût <strong>des</strong> copies, mais il paie un droit de passage àchaque salle. Petite constatation : les premiers chiffres avancéspour cette contribution par ces nouveaux intervenants ne sont pastrès loin du prix de tirage d’une copie argentique.Comment les tiers intervenants vont-ils s’inscrire dans la réglementationtrès encadrée du cinéma ? Ceci est une question qui n’est pasréglée. Comme ne l’est pas non plus la question de la contributionfinancière dans le partage de la recette.Très vite les inconvénients de ce système sont apparus. Lorsquele distributeur paie une copie de film, il amortit le prix au fur et àmesure <strong>des</strong> passages dans les différentes salles qui diffusent le film.La contribution financière du distributeur, à l’inverse, est due pourchaque lieu de diffusion. Une logique d’investissement remplace unelogique d’amortissement. La carrière <strong>des</strong> films en serait forcémentaffectée. Et pas forcément dans le bon sens ! De plus cette logiqued’investissement risque d’accroître la concentration sur les filmsporteurs au détriment de la diversité.12

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