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journal des auteurs - SACD

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cinéma < actualitéUn collectif de professionnels, le CIN 3 , a commencé à réfléchir surune mutualisation <strong>des</strong> contributions financières qui permettrait derépartir équitablement les ressources collectées auprès <strong>des</strong> salleset de laisser les distributeurs gérer la carrière <strong>des</strong> films au mieux<strong>des</strong> intérêts de chaque film. Au lieu de payer une contribution àchaque salle nouvelle, le distributeur paierait la contribution enfonction de la semaine de la plus grande couverture de territoire.Ceci afin de permettre au distributeur d’effectuer son travail dans <strong>des</strong>conditions proches <strong>des</strong> conditions actuelles. Outre la mutualisation<strong>des</strong> contributions financières, le CIN préconise que le financement<strong>des</strong> transformations soit trouvé également auprès <strong>des</strong> collectivitéslocales et <strong>des</strong> mécanismes habituels (fonds de soutien, etc.) demodernisation <strong>des</strong> salles.En avril dernier, après un an de silence qui a eu pour conséquenceprincipale de laisser surgir de nouveaux investisseurs dans lepaysage, les fameux tiers investisseurs à l’affût pour s’emparerd’une part du gâteau, le CNC a enfin, livré ce qu’il considère commela base d’un nouveau modèle économique :la mutualisation <strong>des</strong> contributions <strong>des</strong> distributeurs ouverte à tous,l’augmentation de l’aide sélective à la création et à la modernisation<strong>des</strong> salles, l’intervention de l’IFCIC 4 en garantie <strong>des</strong> prêts bancairesoctroyés aux salles.Première réflexion qui doit être suivie dans les mois prochains dedécisions réglementaires.Les <strong>auteurs</strong> dans tout ça ?Une copie 35 mm s’abîme à chaque passage. Nous avons tous, dansnotre vie de cinéaste, constaté et déploré la projection d’un film dansune copie abîmée, tronçonnée ou mutilée. Le fichier numériquerestitue l’œuvre sans jamais la détériorer, avec en plus une qualitésonore inégalée en argentique et <strong>des</strong> possibilités nouvelles pourle sous-titrage.Ces raisons à elles seules justifient que les <strong>auteurs</strong> ne soient pasles ennemis de la projection numérique…Néanmoins plusieurs questions nous interpellent avec plus oumoins d’urgence et de gravité.La première me paraît être la transformation <strong>des</strong> salles de cinéma ensalles de spectacle polyvalentes. Le numérique permet la diffusiond’autres formes de spectacles que le film, et à l’évidence les sallesvont utiliser cette possibilité : finales de championnats, retransmissiond’opéras, concerts de rock stars, etc. Ainsi CGR, le premiergroupement de salles à s’être lancé dans la projection numérique,3 Collectif <strong>des</strong> Indépendants pour le Numérique.4 Institut pour le Financement du Cinéma et <strong>des</strong> Industries Culturelles.ne cache pas sa volonté de transformation et de diversification dela programmation de ses salles.À terme, ce pourrait être la fin <strong>des</strong> salles dédiées au cinéma au profitde « lieux de diffusion » dans lesquels le film ne serait amené à jouerqu’un rôle de produit d’appel. Avec comme possible conséquence, unedisparition progressive de la diversité de l’offre cinématographiqueau public.Les autorités de tutelle devront faire attention à ce que le systèmed’aide qui a permis le développement du cinéma en France nesoit pas détourné au détriment du film pour une dilution dans « lepluri-disciplinaire » avec <strong>des</strong> contenus alternatifs, thème très à lamode en ce moment.Le CNC, dans son communiqué « Point d’étape sur les mesures<strong>des</strong>tinées à favoriser la numérisation <strong>des</strong> salles » a pris conscienceque le numérique pouvait modifier le rapport entre exploitants etdistributeurs et par conséquent du danger pour la diversité del’offre. Les préconisations du CIN, à travers la mutualisation <strong>des</strong>contributions financières, tentent de répondre en partie à cetteinquiétude.Les <strong>auteurs</strong> doivent être particulièrement vigilants s’ils veulentprotéger la diversité de l’offre de cinéma sur le territoire et conserverla possibilité pour leurs œuvres d’être présentées au mieux de leurpotentiel. Aux nouvelles métho<strong>des</strong> de travail entre distributeurs etexploitants qui vont naître de la projection numérique, <strong>auteurs</strong> etproducteurs vont devoir opposer <strong>des</strong> règles strictes afin de protégerla pluralité de l’offre et par là le maintien de leur activité.Un dernier point concerne le partage de la recette. Depuis la loi de85, la rémunération <strong>des</strong> <strong>auteurs</strong> est perçue sur le prix payé par lepublic. Mais après l’amortissement du coût du film, l’auteur voit,soit ses pourcentages augmenter, soit intervenir de nouveauxpourcentages sur les recettes. L’intervention d’une nouvelle ponctionsur le partage de la recette issue de la salle aura forcément uneincidence sur l’amortissement <strong>des</strong> films. Et, il faut bien poser laquestion : est-il normal que la transformation et la modernisation<strong>des</strong> salles de cinéma se fassent par une ponction supplémentairesur la recette, alors même que cette modernisation va permettrede diffuser d’autres spectacles que le film ? Autrement dit, CGRou un autre s’apprête à ponctionner la recette du prochain film dePascale Ferran pour équiper sa salle en numérique afin de diffuserle prochain concert de Johnny ou le prochain match <strong>des</strong> Galactics !En tous cas ceci conforte la demande insistante <strong>des</strong> <strong>auteurs</strong> de voirleur rémunération proportionnelle calculée dans tous les mo<strong>des</strong>d’exploitation où cela est possible (et ils sont plus nombreux quenos partenaires veulent nous le faire croire !) sur le prix payé parle public, ceci afin d’éviter certaines ponctions indues. ■13

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