ATELIER 2PROMOTION DE L’AUTO-RÉHABILITATION COMME UNE DES PISTES DE LUTTECONTRE LA PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUEANIMATRICEVéronique Stel<strong>la</strong>, chargée <strong>de</strong> <strong>la</strong> missionhabitat et logement à <strong>la</strong> Fondation Abbé-Pierreet membre du réseau RappelÉCHANGES D’EXPÉRIENCESTHÈME DE L’ATELIERComment promouvoir l’auto-réhabilitation accompagnée<strong>de</strong>s logements ? Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s conditionsà réunir, <strong>le</strong>s questions à prendre en compte(<strong>le</strong>s freins et <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers), <strong>le</strong>s partenariats à construirepour développer <strong>de</strong> tels projets à <strong>Montreuil</strong> ?Sophie Catroux-Schmitt (Associationnationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s compagnons bâtisseurs) etOlivier Horvais (association « Bien habiteren Seine-Saint-Denis »)1. PRÉSENTATION DES DÉMARCHESD’AUTO-RÉHABILITATIONLa Fondation Abbé-Pierre agit pour <strong>le</strong> logement <strong>de</strong>sdéfavorisés avec comme postu<strong>la</strong>t <strong>de</strong> repartir du besoin<strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. À ce titre, <strong>la</strong> mission habitat et logementdéveloppe plusieurs activités d’insertion socia<strong>le</strong>« par » et « <strong>dans</strong> » <strong>le</strong> logement. Depuis plusieursannées, el<strong>le</strong> agit en lien avec <strong>le</strong> réseau Rappel et <strong>le</strong>sacteurs associatifs <strong>de</strong> terrain pour lutter <strong>contre</strong> <strong>la</strong> <strong>précarité</strong><strong>énergétique</strong>, notamment à travers <strong>le</strong> programme« 2 000 toits pour 2 000 famil<strong>le</strong>s » (2008-2011).La démarche projet d’auto-réhabilitation accompagnéeest un <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> lutte <strong>contre</strong> <strong>la</strong> <strong>précarité</strong><strong>énergétique</strong>. Son intérêt rési<strong>de</strong>, non pas <strong>dans</strong>l’entrée travaux, mais <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> proximitéqui se noue avec <strong>le</strong>s ménages <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur logement.Les travaux d’embellissement ne sont qu’unprétexte à <strong>la</strong> mise en œuvre d’une démarche plusstructurée <strong>de</strong> développement social local. D’ail<strong>le</strong>urs,l’auto-réhabilitation accompagnée a peu d’inci<strong>de</strong>ncesur <strong>la</strong> diminution du coût <strong>de</strong>s travaux. L’enjeu est <strong>de</strong>définir avec <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s causes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>précarité</strong><strong>énergétique</strong> pour proposer une réponse adaptéeà <strong>le</strong>ur vécu.Le prix <strong>de</strong> l’énergie, <strong>la</strong> situation économique duménage et l’état du bâti sont <strong>le</strong>s 3 facteurs qui, combinés,font <strong>la</strong> <strong>précarité</strong> <strong>énergétique</strong>. Il n’y a pas <strong>de</strong><strong>le</strong>vier sur <strong>le</strong> prix <strong>de</strong> l’énergie, en revanche, <strong>la</strong> situationéconomique et l’état du bâti peuvent être interrogéspar l’entrée <strong>dans</strong> <strong>le</strong> logement.Par exemp<strong>le</strong>, un ménage <strong>dans</strong>un logement <strong>la</strong>bellisé Bâtimentbasse consommationpeut se retrouver en situation<strong>de</strong> <strong>précarité</strong> <strong>énergétique</strong>.Alors, <strong>le</strong> travail d’accompagnementcib<strong>le</strong>ra <strong>la</strong>maîtrise <strong>de</strong>s énergiesà partir <strong>de</strong> l’économie<strong>de</strong> consommation.Les ménages <strong>le</strong>splus pauvres, quantà eux, se retrouventgénéra<strong>le</strong>ment <strong>dans</strong><strong>de</strong>s logements passoiresthermiques.Les travauxd’embellissement ne sontqu’un prétexte à <strong>la</strong> miseen œuvre d’une démarcheplus structurée<strong>de</strong> développementsocial local.Le mouvement <strong>de</strong>s CompagnonsBâtisseurs mène <strong>de</strong>sactions en faveur <strong>de</strong> l’insertion parl’habitat qui se concrétisent <strong>le</strong> plus souvent par <strong>de</strong>schantiers d’auto-réhabilitation accompagnée auprès<strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions en difficulté. Cette démarche est baséesur <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s personnes à l’amélioration<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur habitat, <strong>de</strong> l’efficacité énergé tique et sonappropriation. Le réseau est actif <strong>dans</strong> 6 régions <strong>de</strong>France. Il développe, en partenariat avec <strong>le</strong>s re<strong>la</strong>islocaux, <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> diagnostics partagés et assurel’Assistance en maîtrise d’ouvrage pour <strong>le</strong> montageet <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> chantiers en auto-réhabilitationaccompagnée.46
Les ateliers opérationnelsPromotion <strong>de</strong> l’auto-réhabilitation comme une <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> lutte <strong>contre</strong> <strong>la</strong> <strong>précarité</strong> <strong>énergétique</strong>Le Mouvement <strong>de</strong>s compagnons bâtisseurs est basésur <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> solidarité et d’entrai<strong>de</strong>. Le choixd’agir à partir du logement permet <strong>de</strong> retisser <strong>de</strong>sliens sociaux, familiaux, <strong>de</strong> sorte que <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> seretrouve bien chez soi. La démarche est « accompagnée» car el<strong>le</strong> mobilise un encadrement technique(différents corps <strong>de</strong> métiers du bâtiment) et<strong>la</strong> capacité socia<strong>le</strong> pour faire avec <strong>le</strong>s ménages.La notion du « faire avec » au travers <strong>de</strong>s chantiersd’auto-réhabilitation consiste au transfert <strong>de</strong> compétences,<strong>de</strong> savoir-faire sans re<strong>la</strong>tion hiérarchique.La dynamique col<strong>le</strong>ctive vise à inciter <strong>le</strong>s habitantsà s’impliquer <strong>de</strong> sorte à favoriser <strong>le</strong>dép<strong>la</strong>cement du lien bénéficiaire àcelui d’acteur du lien social, jusqu’àparfois <strong>de</strong>venir un acteur d’unestructure d’entrai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> solidarité(passeur <strong>de</strong> re<strong>la</strong>is).La notiondu « faire avec »au travers <strong>de</strong>schantiers d’autoréhabilitationconsiste au transfert<strong>de</strong> compétences,<strong>de</strong> savoir-fairesans re<strong>la</strong>tionhiérarchique.Les dispositifs sontmobilisés pour adapterl’auto-réhabilitation aucontexte local auprès<strong>de</strong>s propriétaires occupants/bail<strong>le</strong>urset <strong>de</strong>slocataires du parcpublic/privé.L’association « Bien habiteren Seine-Saint-Denis »est un nouvel opérateur<strong>de</strong> l’insertion socia<strong>le</strong> par <strong>le</strong>logement. Son interventionse fon<strong>de</strong> sur <strong>le</strong>s principes duMouvement <strong>de</strong>s compagnonsbâtisseurs.L’objectif est d’accompagner à <strong>la</strong> réalisation<strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> réhabilitation en favorisant,d’une part, l’utilisation du savoir-faire <strong>de</strong>s habitantset, d’autre part, en développant <strong>le</strong>urs compétencesau « bien habiter ».2. LA MOBILISATION DES MÉNAGESET L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL LOCALLa ren<strong>contre</strong> s’opère en lien avec <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urssociaux qui orientent <strong>le</strong> public déjà i<strong>de</strong>ntifié sur <strong>le</strong> territoire.En Provence, <strong>la</strong> mobilisation s’est faite à partirdu développement d’une communication pour réaliser<strong>de</strong>s diagnostics partagés préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s aux chantiersd’auto-réhabilitation. L’émergence d’un projetpeut se faire à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique d’un bail<strong>le</strong>ur,<strong>de</strong>s habitants au sein d’un territoire défini. Ensuite,<strong>la</strong> famil<strong>le</strong> est prise en compte <strong>dans</strong> sa spécificité <strong>dans</strong>l’habitat, <strong>de</strong>s périmètres opérationnels qui peuventexister (Opah RU, PNRQAD, PRU, CUCS…) qui sontautant <strong>de</strong> paramètres et <strong>de</strong> <strong>le</strong>viers à actionner.L’accompagnement <strong>de</strong>s ménages est réalisé par <strong>de</strong>stravail<strong>le</strong>urs sociaux, à partir <strong>de</strong> visites à domici<strong>le</strong>. Lerepérage <strong>de</strong>s ménages par <strong>le</strong> croisement <strong>de</strong>s fichiersprofessionnels (FSE, CAF, Cnav…) n’est pas suffisant,il est nécessaire d’al<strong>le</strong>r au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s.La ren<strong>contre</strong> s’opère et <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion se tisse avec <strong>le</strong>ménage <strong>de</strong> sorte à garantir <strong>de</strong>s réponses adaptées à<strong>le</strong>ur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, à <strong>le</strong>urs désirs. Ce positionnementest essentiel et diffère d’autres mo<strong>de</strong>s opératoires quipeuvent pousser à l’injonction. L’accompagnementse concrétise par <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> savoir-faire puispar <strong>le</strong> retrait en douceur pour <strong>la</strong>isser p<strong>la</strong>ce à l’autonomie<strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. Pour ce faire, <strong>la</strong> doub<strong>le</strong> fibre estnécessaire : accompagnement social et technique.La Fondation Abbé-Pierre favorise l’essaimage <strong>de</strong>l’outil réhabilitation auprès <strong>de</strong>s habitants et <strong>de</strong>sacteurs <strong>de</strong> proximité <strong>de</strong> sorte à produire <strong>de</strong> l’entrai<strong>de</strong>et <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité.L’accompagnement cib<strong>le</strong> l’appropriation du logementpar <strong>le</strong>s ménages occupants. De fait, il intervient<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s parties privées. L’auto-réhabilitation intervientpeu sur <strong>le</strong>s parties communes pour agir sur<strong>la</strong> réappropriation <strong>de</strong> l’espace col<strong>le</strong>ctif. En Provence,une expérience d’auto-réhabilitation s’est faite surune copropriété mais peu sur <strong>le</strong>s parties communes.L’association Bien Habiter entend susciter <strong>la</strong> dynamiquecol<strong>le</strong>ctive par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong> « chantier famil<strong>le</strong> »qui est composé d’un encadrant technique, d’habitantsqui ont réalisé <strong>le</strong>ur expérience d’auto réhabilitationet <strong>de</strong> nouveaux intéressés.Une expérience a démarré avec une association pourréhabiliter un local à usage partagé <strong>de</strong> l’animation<strong>de</strong> quartier à Clichy-sous-Bois avec <strong>la</strong> Scic HabitatsSolidaires.En Suisse, l’expérience d’animation col<strong>le</strong>ctive s’estopérée au travers <strong>de</strong>s dynamiques d’habitat groupéet participatif pour concevoir une buan<strong>de</strong>rie, parexemp<strong>le</strong>, <strong>de</strong>stinée à un usage partagé. L’espacecommun peut être un vecteur <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s utilisateurspour <strong>la</strong>ncer une opération d’auto-construction.L’espace privatif sera davantage privilégié <strong>dans</strong><strong>le</strong>s chantiers d’auto-réhabilitation <strong>de</strong> sorte à garantirl’insertion socia<strong>le</strong> du ménage <strong>dans</strong> son logement.47