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Sem<strong>en</strong>ces et souveraineté alim<strong>en</strong>taireIl faut être consci<strong>en</strong>t que le confort dont nous jouissons <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>tprovi<strong>en</strong>t du pillage des ressources naturelles à l’échelle mondialeet de l’exploitation des populations que le “modèle” des pays richesa r<strong>en</strong>dues orphelines de leurs cultures et savoir-faire ancestraux.Progressivem<strong>en</strong>t, celles-ci sont dépossédées de leurs bi<strong>en</strong>s les plus précieuxet les plus vitaux : leurs terres et leurs sem<strong>en</strong>ces traditionnelles.à des terres naturellem<strong>en</strong>tfertiles et à des sem<strong>en</strong>ces adaptéesL’accèsaux conditions pédoclimatiqueslocales est indisp<strong>en</strong>sable aux pratiquesagricoles autonomes vis-à-vis de l’agrotoxico-industrie,la techno-sci<strong>en</strong>ce et l’économi<strong>en</strong>éolibérale qu’elles souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t.Une auth<strong>en</strong>tique souveraineté alim<strong>en</strong>tair<strong>en</strong>e peut naître que de l’autonomie du paysansur sa terre, ses sem<strong>en</strong>ces et sa culture.Est-elle souveraine, la collectivité paysannedont les terres sont dev<strong>en</strong>ues stérilessans apport d’<strong>en</strong>grais pétrochimiques ?Dont les sem<strong>en</strong>ces sont stériles ou improductivessans l’apport de phytosanitairestoxiques et de matériel agricole gourmand<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> énergie ? Dont la culture etl’équilibre alim<strong>en</strong>taire ont été pulvériséspar l’uniformisation ?L’insécurité alim<strong>en</strong>taireNotre agriculture occid<strong>en</strong>tale dép<strong>en</strong>se<strong>en</strong>tre 7 et 12 calories d’énergie fossilepour <strong>en</strong> produire une à vocation alim<strong>en</strong>taire! Ceci <strong>en</strong> fait l’agriculture la moinsproductive de toute la planète. Ce que lemonde occid<strong>en</strong>tal nomme “sécurité alim<strong>en</strong>taire”est <strong>en</strong> réalité la plus grandeinsécurité que l’on puisse connaître.Est-elle souveraine la collectivité humainedont les besoins vitaux sont produits àl’autre bout de la planète dans une dép<strong>en</strong>dancetotale vis-à-vis de l’agro-industrieet d’une économie mondiale aussi virtuelleque fragile ?Le culte de la croissance économique etses li<strong>en</strong>s incestueux avec la recherchesci<strong>en</strong>tifique réductionniste et mécanisteont exigé un système totalitaire savamm<strong>en</strong>tmasqué, mais pourtant dev<strong>en</strong>uquasi incontournable par la dép<strong>en</strong>danceissue des sem<strong>en</strong>ces industrielles et lalégislation prév<strong>en</strong>tive criminalisant lespratiques alternatives.Quel est l’homme le plus libre, le plussouverain ? C’est naturellem<strong>en</strong>t celui quipeut subv<strong>en</strong>ir à ses besoins et à ceux de lacollectivité à laquelle il part<strong>ici</strong>pe, sansdép<strong>en</strong>dance vitale d’influ<strong>en</strong>ces extérieures.Notre modèle de civilisation a éliminéde nombreux paysans pour privilégierquelques “exploitants agricoles” quisont les esclaves <strong>en</strong>dormis de la logiqueperverse actuelle. Qu’advi<strong>en</strong>dra-t-il lorsquele “reste du monde” n’acceptera plusle scandale de cette agriculture inepte,sponsorisée au pétrole pas cher, avec sesaides à l’exportation destructrices desagricultures locales ?En fait, des sem<strong>en</strong>ces sélectionnées par etpour des paysans selon leurs pratiquesagri-culturelles et agroécologiques sont laseule voie pour une réelle et durable souverainetéalim<strong>en</strong>taire.Nous devons avoir l’honnêteté de reconnaîtreque notre agriculture et notre“sécurité alim<strong>en</strong>taire” sont les plus précairesque l’on puisse imaginer, que cesystème se fissure et que les rustines neti<strong>en</strong>dront plus bi<strong>en</strong> longtemps — épizooties,fin des aides PAC et de notre “modèle”agricole, cracks boursiers, guerre del’eau et du pétrole, etc. Au risque de choquer,je p<strong>en</strong>se sincèrem<strong>en</strong>t que noussommes <strong>en</strong> bi<strong>en</strong> plus grave danger àmoy<strong>en</strong> terme dans nos pays surdéveloppés,que les populations paupérisées parnotre système néo-colonialiste qui ont sugarder <strong>en</strong>vers et contre tout et tant bi<strong>en</strong>que mal leurs sem<strong>en</strong>ces et leur culture.A plus d’un titre, nous devrions parler desouverainetés alim<strong>en</strong>taire et culturelle car lesdeux sont intimem<strong>en</strong>t liées, et êtreconsci<strong>en</strong>ts que les sem<strong>en</strong>ces paysannes etla terre nourr<strong>ici</strong>ère <strong>en</strong> sont les deux piliers.Les sem<strong>en</strong>ces,patrimoinede l’humanité?Ce magnifique concept signifie <strong>en</strong> réalité,au regard des législations liées aux droitsde propriété intellectuelle : “sem<strong>en</strong>ces,patrimoine exclusif d’intérêts privés”.Car, pour qu’une collectivité paysanne15SILENCE N°345 Avril 2007puisse faire valoir ses droits sur une variétéissue de son héritage agri-culturel oude son propre travail de sélection, il fautque cette variété soit décrite selon des critèresréductionnistes qui n’ont de s<strong>en</strong>sque pour l’industrie et qui élimin<strong>en</strong>td’emblée les variétés hétérogènes adaptéesà l’agro-écologie et à l’agriculturepaysanne. De plus, ces collectivités paysannesont rarem<strong>en</strong>t une exist<strong>en</strong>ce juridiqueeff<strong>ici</strong><strong>en</strong>te pour faire valoir leursdroits dans les pays du Sud, et ont pourainsi dire disparu des pays du Nord.Au Nord justem<strong>en</strong>t, nous devons de touteurg<strong>en</strong>ce préserver ce qui reste d’héritageagri-culturel lié à un sol, une région, fairereconnaître et protéger nos variétéslocales. Mais une variété n’étant pasnécessairem<strong>en</strong>t issue d’un seul terroir,nous devons reconstituer des collectivitéspaysannes liées par une démarche globale(agro-écologie, filières courtes…) quidoiv<strong>en</strong>t se forger une id<strong>en</strong>tité forte ausein de cette guerre économique et donnerune exist<strong>en</strong>ce juridique à ces variétésqui ne répond<strong>en</strong>t à aucun critère reconnuet que nous devons exprimer et fairevaloir. Ceci afin de se protéger du biopiratageet conserver notre droit d’usage.Au Nord comme au Sud, il faut se réapproprierd’urg<strong>en</strong>ce ce qui reste d’héritageagri-culturel, reconstruire nos id<strong>en</strong>titéscollectives face à une machine quicherche à nous détruire, et resterconsci<strong>en</strong>ts des mécanismes qui l’alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ttels que l’économie de marché, laséparation des tâches, l’hyper-spécialisation,la fragm<strong>en</strong>tation des connaissances,la croissance économique, la législationprév<strong>en</strong>tive... Il faut construire des collectivitéspaysannes de terrain, non nécessairem<strong>en</strong>tliées par un même terroir, mais àdes valeurs communes comme l’agroécologie,la relocalisation de l’économie etl’agriculture…Car lorsque le sélectionneur moderneisole une céréale qui a bi<strong>en</strong> répondu à sonitinéraire agro-industriel :- à grand r<strong>en</strong>fort d’énergie fossile, d’azote

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