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Epuisem<strong>en</strong>t de la planèteAprès la fin du pétroleL’<strong>en</strong>volée des prix du pétrole, un triplem<strong>en</strong>t des prix <strong>en</strong> deux ans,a provoqué de nombreux articles dans les médias et des débats pour savoirsi nous avions atteint le pic de Hubbert, mom<strong>en</strong>t où la demande devi<strong>en</strong>tsupérieure aux capacités de production. Ce débat — fort intéressant —<strong>en</strong> masque un autre beaucoup plus général :l’extinction généralisée des ressources de la planète.Le pic de Hubbert pour le pétrole nesignifie pas que nous n’avons plusde pétrole mais que, celui-ci dev<strong>en</strong>antplus rare, il sera v<strong>en</strong>du au plus offrant…et donc, d’une part les prix vonts’<strong>en</strong>voler, d’autre part, les conflits internationauxpour le contrôle des ressources,déjà bi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ts, vont s’int<strong>en</strong>sifier.Globalem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> supposant que la demandede pétrole soit maint<strong>en</strong>ue à sonniveau actuel et que l’on ne trouve plusde nouvelles ressources, les experts desag<strong>en</strong>ces internationales estim<strong>en</strong>t que l’ondispose <strong>en</strong>core d’une cinquantaine d’annéesde réserves.Déjà — cela se voit au niveau desconstructions des nouvelles c<strong>en</strong>tralesélectriques — la t<strong>en</strong>dance est au r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>tde l’usage du gaz. Mais ce recoursau gaz, utilisable facilem<strong>en</strong>t pour la productionélectrique, et assez facilem<strong>en</strong>tcomme carburant dans les transports, nesera que de courte durée : à consommationconstante, il ne resterait que 70 ansde réserves prouvées. Une durée qui, dansla réalité, sera moindre du fait de la croissanceprévisible de la demande pour suppléerau pétrole.Le charbon reste <strong>en</strong>core abondantpuisque les réserves sont estimées à 230ans. Mais plusieurs problèmes se pos<strong>en</strong>t.D’un part, la relance des mines ne sera passocialem<strong>en</strong>t facile à faire, un quart desréserves sont aux Etats-Unis — quiavai<strong>en</strong>t ant<strong>ici</strong>pé <strong>en</strong> ne les exploitant quetrès peu jusqu’à maint<strong>en</strong>ant. D’autre part,augm<strong>en</strong>ter l’utilisation de ce combustiblerevi<strong>en</strong>drait à provoquer d’importantesémissions de gaz à effet de serre et doncaggraver les problèmes climatiques déjàs<strong>en</strong>sibles.Alors, le recours au nucléaire ? Aucunespoir de ce côté : les réserves prouvéessont estimées à 85 ans, le pic de Hubbertest sans doute déjà proche puisque p<strong>en</strong>dantque le prix du pétrole a triplé, celuide l’uranium a été multiplié par sept.On peut alors miser sur les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables pour maint<strong>en</strong>ir une croissancemondiale… sans doute, dans ledomaine de l’énergie. Mais c’est oublierun peu vite qu’il ne faut pas que de l’énergiepour produire des objets. Il faut aussidiffér<strong>en</strong>ts matériaux et dans le seuldomaine des métaux, la situation est déjàt<strong>en</strong>due.Des matériaux<strong>en</strong> voies de disparitionL’indium, découvert à la fin du 19 esiècle, est un métal utilisé au départ principalem<strong>en</strong>tdans les fusibles et les transistors.D’usage plus réc<strong>en</strong>t, on le trouvedans les écrans plats de télévision ou d’ordinateur,mais égalem<strong>en</strong>t dans les photopiles.Problème : ce métal est particulièrem<strong>en</strong>trare et les stocks connus ne permettrontpas d’assurer plus de 13 ans de laconsommation actuelle. Treize ans !Les stocks connus d’arg<strong>en</strong>t ne permett<strong>en</strong>tde répondre à la demande actuelleque pour les 28 prochaines années, l’oraux 37 prochaines années, le plomb n’estplus disponible que pour 43 ans, le zinc45 ans, le cuivre 63 ans, le nickel 93 ans,le fer 118 ans, le platine 184 ans.Ces chiffres symboliques cach<strong>en</strong>t uneréalité économique bi<strong>en</strong> plus dramatique.Le pic de Hubbert, mom<strong>en</strong>t donc où lademande dépasse l’offre, arrive forcém<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> plus tôt que ces délais.Avec une croissance de la demande <strong>en</strong>moy<strong>en</strong>ne de 4,5 % au niveau mondial, lesprix s’<strong>en</strong>vol<strong>en</strong>t déjà. Certains veul<strong>en</strong>t<strong>en</strong>core croire à des phénomènes spéculatifs,à un retard d’adaptation des capacitésde production. Mais la réalité est plus dramatique: la nature généreuse n’<strong>en</strong> peutplus et les limites de son exploitation ontété atteintes.29SILENCE N°345 Avril 2007Quelles solutions ?Dans le cadre du “développem<strong>en</strong>tdurable” — compr<strong>en</strong>dre la non-remise <strong>en</strong>cause de la logique économique actuelle— on avance que le recyclage des matériauxdevi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus intéressantau fur et à mesure que les prix augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t.C’est vrai et cela peut permettre degagner un peu de temps lorsque ces matériauxsont utilisés tels quels. Il existe ainsid’importants stocks de cuivre recyclablesdans les conduites électriques anci<strong>en</strong>nes…que les ferrailleurs recherch<strong>en</strong>t déjàactivem<strong>en</strong>t. Mais cette vision a toutefoisdes limites.Georgescu-Roeg<strong>en</strong>, dans son livre Ladécroissance, rappelle les principes de lathermodynamique et <strong>en</strong> particulier lephénomène de l’<strong>en</strong>tropie. L’<strong>en</strong>tropiemesure la dégradation irréversible de certainsphénomènes. Ainsi, lorsque lesmatériaux sont utilisés sous forme d’alliage,il est extrêmem<strong>en</strong>t diff<strong>ici</strong>le de les recyclersous leur forme initiale et, <strong>en</strong>tropieoblige, on n’<strong>en</strong> retrouve jamais autantqu’au départ. Pour donner un exempleparlant, on peut réutiliser les vieux pneuspour <strong>en</strong> fabriquer des neufs… mais ce quia été usé sur des milliers de kilomètres deroute ne sera jamais récupérable. Mêmepour des filières à fort taux de recyclagecomme le fer ou le verre, on ne dépassejamais 75 à 80 % de recyclage.Le recyclage est donc un moy<strong>en</strong> dereculer l’échéance, mais pas une solution.La solution passe par une diminutionrapide et importante des besoins <strong>en</strong> cesmatériaux, un <strong>en</strong>jeu que résume bi<strong>en</strong>l’image de la décroissance.Michel Bernard ■

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