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et canonisé la p<strong>en</strong>sée dualiste, le culte duprogrès sci<strong>en</strong>tifique, de la croissance économique,de la supériorité et de laconcurr<strong>en</strong>ce qui se nourriss<strong>en</strong>t de cettepeur de l’inconnu pour élaborer des stratégiesde “sécurité” (alim<strong>en</strong>taire, civile,militaire…). La p<strong>en</strong>sée sci<strong>en</strong>tifique dominantea été à ce point corrompue, pervertie,qu’elle nie la réalité de ce qui pourraitremettre <strong>en</strong> question ses postulats.Cette logique a donné lieu à l’eugénismede sinistre mémoire, au culte d’une racesupérieure qui serait maître et gérante dela création. Elle n’a jamais été remise <strong>en</strong>question dans notre rapport au règne animalet végétal. Notre rapport au mondeest basé sur la quête plus ou moinsconsci<strong>en</strong>te d’une race supérieure, de l’homogénéitéde la nature et de la culture :la négation même de la vie dans sa multipl<strong>ici</strong>té,sa diversité… Alors que ce systèmemorbide s’effrite parce qu’il est malade,la peur augm<strong>en</strong>te et l’autoritarisme sejustifie <strong>en</strong>vers l’homme et la nature pourmaint<strong>en</strong>ir la “sécurité”.Notre civilisation occid<strong>en</strong>tale modernereproduit le mythe de Faust : “tout savoirest un pouvoir, par le savoir tu seras l’égalou le supérieur de Dieu, de cette réalitéqui t’effraie parce qu’elle ne t’émerveilleplus. La sci<strong>en</strong>ce fera de toi un dieu, tudomineras les nations et la création pourton seul profit”.Mais la peur occulte l’objet de la peur !Cette peur <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue a pour effet d’ignorerce dont on a peur : les processus duvivant dépass<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t notre compréh<strong>en</strong>sionintellectuelle ! Nous ne pouvonsles appréh<strong>en</strong>der que par la voie inverse :l’émerveillem<strong>en</strong>t, l’amour de cet universinfini à connaître, la mise <strong>en</strong> œuvre passionnéed’une av<strong>en</strong>ture porteuse de s<strong>en</strong>s,d’épanouissem<strong>en</strong>t, de croissance de nosqualités personnelles et collectives, decréativité humaine et de fertilité naturelle.Le meilleur outil face à l’OMC, ce sont lesOLC (Organisations locales du commerce)et nous sommes tous à même de part<strong>ici</strong>perà les construire. Les meilleursoutils face à l’agro-toxico-industrie et à ladép<strong>en</strong>dance alim<strong>en</strong>taire et culturelle, cesont les sem<strong>en</strong>ces paysannes et l’agro-écologie.Nicolas Supiot ■Paysan boulanger,Présid<strong>en</strong>t du Réseau sem<strong>en</strong>ces paysannes,membre du Conseil d’administrationde Nature et Progrès.Retour sur le Réseausem<strong>en</strong>ces paysannes“La sem<strong>en</strong>ce est un produit vivant de la natureque les paysans utilis<strong>en</strong>t, multipli<strong>en</strong>tet reproduis<strong>en</strong>t dans leurs champs depuisque l’agriculture existe ; pouvoir la ressemerest un droit inaliénable des paysans, droitpremier qui doit être reconnu et respecté”.Première phrase de la “déclarationd’Auzeville”, rédigée <strong>en</strong> février2003 par les quelques 350 paysans,chercheurs et représ<strong>en</strong>tants d’associationsprés<strong>en</strong>ts aux premières r<strong>en</strong>contresorganisées à Toulouse sur lasauvegarde de la biodiversité cultivée.Après le succès et l’int<strong>en</strong>sité des échangesde ces quelques jours d’hiver 2003, les organisateursont décidé de se regrouperformellem<strong>en</strong>t pour créer un réseau quimettrait <strong>en</strong> application les idées issues deces fructueuses r<strong>en</strong>contres.C’est ainsi qu’au printemps 2003,Nature et Progrès, la FNAB, le Mouvem<strong>en</strong>tde Culture Biodynamique, laConfédération Paysanne et la Coordinationnationale des sem<strong>en</strong>ces de ferme ontmis au jour le Réseau sem<strong>en</strong>ces paysannes.Diverses associations de conservationde la biodiversité, de développem<strong>en</strong>t,des paysans et artisans sem<strong>en</strong>ciers fontégalem<strong>en</strong>t partie de ce vaste regroupem<strong>en</strong>tde structures et de personnes motivéespar le même objectif : préserver labiodiversité des plantes cultivées.Deux logiquesantagonistesAujourd’hui, les agriculteurs pratiquantune agriculture “paysanne”, et plusparticulièrem<strong>en</strong>t les agrobiologistes, ontbesoin de variétés prés<strong>en</strong>tant les caractéristiquessuivantes :• adaptation au terroir et à un mode deculture à faibles intrants ;• adaptation à un mode de transformationartisanal ;• qualités organoleptiques recherchéesdans les marchés de proximité.Face à cela, l’industrie sem<strong>en</strong>cière propose:• un nombre très restreint (pour cause der<strong>en</strong>tabilité) de variétés c<strong>en</strong>sées s’adaptersur tous les terroirs du monde grâceà des béquilles chimiques,• des variétés sélectionnées <strong>en</strong> collaborationavec l’industrie agro-alim<strong>en</strong>tairepour leur adaptation à une transformationde masse par des machines,• des goûts standardisés voire abs<strong>en</strong>tspuisque les produits sont destinés à êtrerécoltés hors maturité pour être transportéssur de longues distances, puis transformésavec aussi force béquilles artif<strong>ici</strong>elles,arômes et exhausteurs de goûts.Or, depuis un siècle que s’opère l’industrialisationde l’agriculture, les paysansont désappris l’art de sélectionnerleurs propres sem<strong>en</strong>ces et plants, toutcomme la plupart ont désappris l’art detransformer et de commercialiser euxmêmesleurs produits. La segm<strong>en</strong>tationdes métiers a conduit à la perte quasi-irrémédiabledes savoir-faire et des variétésdes plantes cultivées. C’est ainsi qu’onestime que, ces cinquante dernièresannées, 80 % des variétés de légumes cultivésont disparu ! En France, trois ouquatre variétés de blé couvr<strong>en</strong>t 60 % de lasuperf<strong>ici</strong>e des terres dédiées à cette céréale,alors que les membres du groupe“Céréales et boulange” du réseausem<strong>en</strong>ces paysannes <strong>en</strong> conserv<strong>en</strong>t plusieursc<strong>en</strong>taines dans leurs champs…Voilà d’où a émergé la nécessité de lacréation de ce réseau.SILENCE N°345 Avril 200717

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