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Le defi de la purete - Plough

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LE DÉFI DE LA PURETÉAvec gui<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong>Avant-propos <strong>de</strong> mère TeresaCollection Sel & Lumière2003


La collection Sel & Lumière est dirigée par Sylvain Triqueneaux.L’affirmation <strong>de</strong> Jésus : « Vous êtes le sel <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre… Vous êtes <strong>la</strong>lumière du mon<strong>de</strong> » (Mt 5.13, 14) prési<strong>de</strong> à l’esprit <strong>de</strong> cette série sur <strong>la</strong>vie chrétienne: fournir <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> réflexion et d’action à tous ceuxqui veulent vivre en témoins fidèles <strong>de</strong> Jésus-Christ afin <strong>de</strong> donner <strong>de</strong><strong>la</strong> saveur au mon<strong>de</strong> et éc<strong>la</strong>irer leurs contemporains, <strong>de</strong> sorte que <strong>la</strong>gloire en revienne au Dieu trinitaire.Copyright © 1998, Édition <strong>Plough</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation Bru<strong>de</strong>rhofTous droits réservés.Édition originale publiée en <strong>la</strong>ngue ang<strong>la</strong>ise sous le titreA Plea for purity. Sex marriage & Godpar The <strong>Plough</strong> Publishing House (États-Unis et Gran<strong>de</strong>-Bretagne)ISBN: 0-87486-960-9Traduit et adapté <strong>de</strong> l’ang<strong>la</strong>is sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s éditons Excelsis<strong>Le</strong>s citations bibliques sont extraites <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible du Semeur, 2000sauf indications contraires.© Société Biblique Internationale, 2000. Avec permission.Copyright © 2003, Éditions Excelsis, pour l’édition en <strong>la</strong>ngue françaiseB.P. 11 – 26450 Cléon d’Andran – FranceSite Internet: www.XL6.comISBN: 2-914144-77-6Tous droits réservésCouverture: Jacques Maré – IOTA CréationMise en pages: Excelsis SARL


À ma fidèle épouse Verena,sans l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ce livren’aurait pas été possible.


Avant-proposDans <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté, nous trouvons un message dontnous avons tous besoin aujourd’hui, et dans toutes les partiesdu mon<strong>de</strong>. Être pur, rester pur, ce<strong>la</strong> a un prix; celui <strong>de</strong> <strong>la</strong>connaissance <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> l’amour que nous lui portons:nous <strong>de</strong>vons l’aimer assez pour faire sa volonté. Il nous donneratoujours <strong>la</strong> force nécessaire pour nous gar<strong>de</strong>r purs, carc’est là une chose belle pour Dieu. La pureté est le fruit <strong>de</strong> <strong>la</strong>prière. Si les membres d’une famille prient ensemble, ils resterontdans l’unité et <strong>la</strong> pureté et s’aimeront les uns les autrescomme Dieu aime chacun d’eux. Un cœur pur est porteur <strong>de</strong>l’amour <strong>de</strong> Dieu et là où règne l’amour, règnent aussi l’unité,<strong>la</strong> joie et <strong>la</strong> paix.Mère Teresa <strong>de</strong> CalcuttaNovembre 1995


PréfaceCe livre suscitera certainement <strong>de</strong>s réactions. D’aucuns sediront « enfin, une prise <strong>de</strong> position c<strong>la</strong>ire et nette sur <strong>la</strong>sexualité telle que <strong>la</strong> Bible l’exprime ». D’autres trouverontcertaines affirmations trop conservatrices ou traditionnelles,pas assez en dialogue avec <strong>la</strong> culture ambiante, ou pas suffisammentréalistes par rapport à <strong>la</strong> faiblesse humaine. Dansles <strong>de</strong>ux cas, ces réactions pourraient, nous l’espérons, amenerle lecteur à réfléchir plus loin, à se poser <strong>de</strong>s questions.En effet, les positions présentées par Johann ChristophArnold semblent très proches soit du discours évangélique« conservateur », soit <strong>de</strong>s positions catholiques, surtout en cequi concerne l’avortement, <strong>la</strong> contraception ou l’homosexualité.Cependant, l’auteur écrit à partir d’une théologie précise,celle <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong> <strong>la</strong> mouvance dite du« Bru<strong>de</strong>rhof ». Ces communautés se reconnaissent dans <strong>la</strong>tradition anabaptiste du XVI e siècle. La première a été fondéepar le grand-père <strong>de</strong> l’auteur pendant les années 1920 enAllemagne. Sur leur site web (www.bru<strong>de</strong>rhof.com/us/in<strong>de</strong>x.htm), nous trouvons <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription suivante: « <strong>Le</strong> Bru<strong>de</strong>rhofest une communauté internationale chrétienne <strong>de</strong>plus <strong>de</strong> 2000 membres (enfants inclus), qui s’est forméeaprès le désastre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Première Guerre mondiale, un temps<strong>de</strong> désarroi pas différent <strong>de</strong> ceux que nous avons vécus<strong>de</strong>puis. Sur quelle base nous fondons-nous? Celle que Jésusnous enseigne en matière <strong>de</strong> non-violence, <strong>de</strong> l’amour du


10 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéprochain et <strong>de</strong> l’ennemi, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fidélité dans le mariage –avec <strong>la</strong> ferme conviction que ces enseignements peuvent etdoivent se pratiquer dans <strong>la</strong> vie quotidienne ».<strong>Le</strong> discours <strong>de</strong> ce livre découle donc d’une vision c<strong>la</strong>ire etprécise <strong>de</strong> l’Église. Cette Église se définit comme communauté<strong>de</strong> disciples, suivant Jésus ensemble, mettant en pratiquele Sermon sur <strong>la</strong> montagne, pour que l’Évangile prenneforme, <strong>de</strong>vienne visible au sein du mon<strong>de</strong>. Ainsi, le célibat nese vit pas individuellement, le mariage ne se vit pas seulementen couple, mais dans le contexte d’une communauté. Ainsi,<strong>la</strong> prise <strong>de</strong> position contre l’avortement se trouve dans uneperspective entièrement « pour <strong>la</strong> vie », militant aussi contre<strong>la</strong> peine <strong>de</strong> mort, contre <strong>la</strong> guerre.Dans les <strong>de</strong>rniers paragraphes, Arnold le dit c<strong>la</strong>irement:une éthique chrétienne sexuelle a besoin d’une communautéconcrète et visible. Même si le lecteur n’est pas d’accord avectoutes les affirmations d’Arnold, une question fondamentaleest posée par ce livre. De quelle Église avons-nous besoinpour parler ouvertement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité? Et surtout, <strong>de</strong> quelleÉglise avons-nous besoin pour expérimenter et rendre visibleune vie sexuelle capable d’aller à l’encontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociétéambiante?Neal BloughSeptembre 2003


IntroductionPartout aujourd’hui, les gens sont à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tionsdurables, <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions qui ont un sens. Pour <strong>de</strong>s millions<strong>de</strong> personnes le mythe <strong>de</strong> l’histoire d’amour semble toujoursd’actualité et une nouvelle génération <strong>de</strong> jeunes hommes et<strong>de</strong> jeunes femmes croit que <strong>la</strong> liberté sexuelle est <strong>la</strong> clé <strong>de</strong>l’épanouissement. Mais, même s’ils veulent désespérémentcroire à <strong>la</strong> révolution sexuelle <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières décennies,pour beaucoup d’entre eux il est c<strong>la</strong>ir que les choses ont vraimentmal tourné. Au lieu d’apporter <strong>la</strong> liberté, <strong>la</strong> révolutionsexuelle a <strong>la</strong>issé <strong>de</strong>rrière elle un nombre incalcu<strong>la</strong>ble d’âmesblessées et solitaires. Si nous voulons faire face à cette gran<strong>de</strong>angoisse autour <strong>de</strong> nous, il est plus important que jamaispour nous tous, jeune ou vieux, d’examiner dans quelledirection va notre vie et <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r vers quoi nousnous dirigeons.<strong>Le</strong> XXI e siècle montre <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>s enseignements c<strong>la</strong>irs <strong>de</strong>l’Ancien et du Nouveau Testament sur le mariage et les re<strong>la</strong>tionsentre les sexes. Nous nous sommes détournés <strong>de</strong> Dieu,nous nous sommes révoltés contre l’ordre divin <strong>de</strong> <strong>la</strong> créationet avons justifié cette rébellion par <strong>de</strong>s arguments humains.Nous avons ignoré les paroles <strong>de</strong> Jésus et nous nous sommesmoqués <strong>de</strong> <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> l’Esprit. Mais nous n’avons trouvé niliberté, ni épanouissement.Au fil <strong>de</strong>s années, durant mon ministère pastoral, j’ai conseillé<strong>de</strong> nombreuses personnes, tant célibataires que


12 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretémariées. Pour beaucoup, le domaine sexuel n’est pas celui <strong>de</strong><strong>la</strong> joie, mais celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> frustration, <strong>de</strong> <strong>la</strong> confusion, et mêmedu désespoir. Ils recherchent l’unité <strong>de</strong> cœur et d’âme avecl’autre, mais ils sont tellement aveuglés par <strong>la</strong> notion d’amourromantique que leurs attentes les plus profon<strong>de</strong>s restent voilées.Ils savent que le mariage et l’union sexuelle sont <strong>de</strong>sdons <strong>de</strong> Dieu, que cette re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>vrait être <strong>la</strong> plus intime et<strong>la</strong> plus satisfaisante qu’un homme et une femme puissentpartager. Mais ils se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pourquoi elle est <strong>de</strong>venuepour eux – et pour beaucoup d’autres – source <strong>de</strong> tant <strong>de</strong>solitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> peine.Je ne suis pas un scientifique et je n’étudie pas le domainesocial. Mais, si les résultats d’étu<strong>de</strong>s récentes ont pu mettreen évi<strong>de</strong>nce quelque chose, c’est bien ceci: les retombéesdues à l’acceptation dans notre culture <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuellesoccasionnelles sont dévastatrices sur le p<strong>la</strong>n social. AuxÉtats-Unis, plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s mariages échouent. À peuprès 40 % <strong>de</strong>s enfants en Amérique vivent dans une autremaison que celle <strong>de</strong> leur père biologique. La pauvreté, les crimesavec violence, <strong>la</strong> délinquance, le changement fréquent <strong>de</strong>partenaire sexuel, l’alcoolisme, <strong>la</strong> toxicomanie, les ma<strong>la</strong>diesmentales et le suici<strong>de</strong> ont tous leurs racines dans <strong>la</strong> faillite <strong>de</strong><strong>la</strong> famille et l’érosion <strong>de</strong>s liens du mariage.Dans le même temps, ceux qui réservent les re<strong>la</strong>tionssexuelles au mariage (bien que leur nombre soit en diminution),sont beaucoup moins susceptibles d’avoir une liaisonou <strong>de</strong> divorcer, et ceux qui s’engagent pour <strong>la</strong> vie envers leurpartenaire ont <strong>de</strong>s vies plus heureuses 1 .Alors que les courants actuels indiquent un dé<strong>la</strong>brementcontinu, <strong>de</strong>s signes encourageants montrent que l’on remet1. Pour un résumé <strong>de</strong>s données actuelles <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuelles horsmariage, lisez: Glenn T. STANTON, Why Marriage Matters: Reasons toBelieve in Marriage in Postmo<strong>de</strong>rn Society, Colorado Springs, Pinon Press,1997.


Introduction 13en question les frissons <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuelles au rabais et <strong>la</strong>facilité apparente <strong>de</strong> l’amour sans engagement. Ceci est toutparticulièrement vrai parmi <strong>la</strong> « génération X ». De plus enplus <strong>de</strong> jeunes espèrent établir <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions authentiques etfon<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s foyers sûrs, apportant ainsi l’espoir renouveléqu’une famille bi-parentale est toujours possible.Maintes et maintes fois, j’ai vu que lorsqu’on accepte <strong>de</strong>remettre sa vie à Jésus, on peut sortir <strong>de</strong> son malheur. Si l’ona le courage et l’humilité nécessaires pour répondre à sonappel à <strong>la</strong> repentance, Jésus peut apporter une liberté et unbonheur durables.Jésus apporte une vraie révolution. Il est <strong>la</strong> source même<strong>de</strong> l’amour, car il est lui-même l’amour. Son enseignementn’est pas une question <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>rie ou <strong>de</strong> permissivité: il offreà ceux qui le suivent un chemin tout à fait différent. I<strong>la</strong>pporte une pureté qui nous libère du péché et nous permet<strong>de</strong> vivre une vie complètement nouvelle.Peu <strong>de</strong> choses dans notre culture contemporaine nourrissentou protègent cette vie nouvelle que Jésus veut nous donner.On parle constamment <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> l’engagementdans le mariage et d’une vie <strong>de</strong> famille saine, mais combienparmi nous sont disposés à agir pour faire <strong>de</strong> ces valeurs uneréalité concrète? Beaucoup sont tentés <strong>de</strong> blâmer <strong>la</strong> sociétépour ses influences corruptrices. Mais qu’en est-il <strong>de</strong> nousqui nous disons chrétiens? Combien sont prêts à débrancher<strong>la</strong> télévision et à examiner sérieusement leur mariage, leursre<strong>la</strong>tions et leur vie personnelle? Combien soutiennent réellementles frères et sœurs autour d’eux dans leur lutte quotidiennepour rester purs? Combien prennent <strong>de</strong>s risques pouraffronter le péché dans leur vie et celle <strong>de</strong>s autres? Combiense montrent vraiment responsables?On observe une douleur immense parmi ceux qui seréc<strong>la</strong>ment du Christ: <strong>de</strong>s familles brisées, <strong>de</strong>s épouses battues,<strong>de</strong>s enfants négligés et maltraités et <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions coupa-


14 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretébles. Cependant, au lieu <strong>de</strong> protester avec véhémence, nousrestons indifférents. Quand allons-nous nous réveiller et réaliserque cette apathie est en train <strong>de</strong> nous détruire?Plus que jamais nous <strong>de</strong>vons retrouver une compréhension<strong>de</strong> l’Église: c’est un corps vivant dont les membres engagéspartagent <strong>la</strong> vie dans <strong>la</strong> pratique active du bien dansl’amour. Mais il nous faut d’abord commencer par nousmêmes,puis essayer d’encourager les autres autour <strong>de</strong> nous.Nous <strong>de</strong>vons connaître suffisamment nos jeunes pour pouvoirles gui<strong>de</strong>r dans leurs re<strong>la</strong>tions et leurs engagements <strong>de</strong>toute <strong>la</strong> vie. Nous <strong>de</strong>vons offrir un soutien constant auxmariages autour <strong>de</strong> nous; nous <strong>de</strong>vons travailler pour <strong>la</strong> guérison<strong>de</strong> nos frères et sœurs lorsque ceux-ci trébuchent outombent et accepter leur ai<strong>de</strong> lorsque nous sommes nousmêmestombés.Par-<strong>de</strong>ssus tout, nous <strong>de</strong>vons montrer au mon<strong>de</strong> que lesenseignements uniques <strong>de</strong> Jésus et <strong>de</strong> ses apôtres sont <strong>la</strong> seuleréponse à l’esprit <strong>de</strong> notre temps. C’est <strong>la</strong> raison pour<strong>la</strong>quelle j’ai écrit ce livre. Je ne suis ni un bibliste érudit, ni unthérapeute professionnel, et je suis pleinement conscient dufait que <strong>la</strong> majeure partie <strong>de</strong> ce que j’ai écrit va à contre-courant<strong>de</strong> <strong>la</strong> « sagesse » actuelle. Mais je sens qu’il est urgent <strong>de</strong>partager mes convictions concernant l’appel <strong>de</strong> Jésus à unevie d’amour, <strong>de</strong> pureté, d’honnêteté et d’engagement: c’estlà notre seul espoir.Ce livre n’est pas uniquement le livre d’une personne,mais celui du Bru<strong>de</strong>rhof, <strong>la</strong> communauté religieuse à <strong>la</strong>quellej’appartiens. Et tout ce que j’ai écrit, je l’ai fait pour exprimerles sentiments que partagent ses membres. Mon souci et monespoir sont que nous tous – hommes et femmes <strong>de</strong> cetemps – puissions nous arrêter pour reconsidérer le <strong>de</strong>ssein<strong>de</strong> Dieu concernant <strong>la</strong> sexualité et le mariage.Il est bien triste que beaucoup aujourd’hui aient tout simplementabandonné <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> vivre une vie pure. Ils se


Introduction 15nourrissent du mythe <strong>de</strong> <strong>la</strong> « libération » sexuelle et essaient<strong>de</strong> vivre avec les déceptions qui en découlent; lorsque leursre<strong>la</strong>tions échouent, ils tentent alors <strong>de</strong> justifier leurs erreurs.Ils ne voient pas combien <strong>la</strong> pureté est un don extraordinaire.Je crois que, au plus profond <strong>de</strong> nos cœurs, se cachel’attente <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions sans nuages et d’un amour qui dure. Ilfaut du courage et <strong>de</strong> l’autodiscipline pour vivre réellement<strong>de</strong> façon différente, mais c’est possible. Partout où l’Église estfidèle – où une communauté <strong>de</strong> personnes s’engage à vivre<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions authentiques et honnêtes – il y a alors ai<strong>de</strong> etespérance pour chaque personne et chaque mariage. Puissece livre donner cette conviction à chaque lecteur.Johann Christoph ArnoldJuin 1998


PARTIE 1Au commencement


CHAPITRE 1À l’image <strong>de</strong> DieuDieu dit: Faisons les humains à notre image, selon notreressemb<strong>la</strong>nce, pour qu’ils dominent sur les poissons <strong>de</strong> <strong>la</strong>mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute <strong>la</strong> terreet sur toutes les bestioles qui fourmillent sur <strong>la</strong> terre. Dieucréa les humains à son image: il les créa à l’image <strong>de</strong>Dieu; homme et femme il les créa. Dieu les bénit; Dieuleur dit: « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez <strong>la</strong>terre et soumettez-<strong>la</strong> ».Genèse 1.26-28a, NBSDans le chapitre ouvrant l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> création, nouslisons que Dieu a créé l’humanité – l’homme et <strong>la</strong> femme – àsa propre image, qu’il l’a bénie et lui a ordonné <strong>de</strong> se multiplieret <strong>de</strong> prendre soin <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre. Dès le début, Dieu serévèle comme le Créateur qui « vit tout ce qu’il avait fait, etce<strong>la</strong> était très bon ». Là, au tout début <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible, Dieu nousrévèle son cœur. Nous y découvrons son p<strong>la</strong>n pour nos vies.Parmi les chrétiens <strong>de</strong> notre siècle, beaucoup, sinon <strong>la</strong> plupart,considèrent l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> création comme un mythe et<strong>la</strong> rejettent. D’autres insistent sur <strong>la</strong> seule validité d’une interprétation<strong>la</strong> plus stricte et <strong>la</strong> plus littérale possible <strong>de</strong> <strong>la</strong>Genèse. Je respecte simplement <strong>la</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu telle qu’elleest. D’un côté, je ne songerais pas à en retirer quoi que cesoit, <strong>de</strong> l’autre, je crois que les scientifiques ont raison <strong>de</strong>


20 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureténous prévenir contre une prise en compte trop littérale durécit biblique <strong>de</strong> <strong>la</strong> création. Comme Pierre l’a dit, « mais ilest un point que vous ne <strong>de</strong>vez pas oublier, bien-aimés: c’estque, <strong>de</strong>vant le Seigneur, un jour est comme mille ans et milleans sont comme un jour » (2 P 3.8, BC).L’image <strong>de</strong> Dieu nous distingueComment exactement les êtres humains ont-ils été créésreste un mystère qu’il appartient à Dieu seul <strong>de</strong> dévoiler.Cependant, je suis sûr d’une chose: personne ne trouve <strong>de</strong>sens ou <strong>de</strong> but à sa vie sans Dieu. Plutôt que <strong>de</strong> rejeter l’histoire<strong>de</strong> <strong>la</strong> création, simplement parce que nous ne <strong>la</strong> comprenonspas, il nous faut trouver son véritable sens etredécouvrir ce que ce<strong>la</strong> veut dire pour nous aujourd’hui.En ces temps dépravés, nous avons presque complètementperdu le respect dû au p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> Dieu, tel qu’il est décrit dans<strong>la</strong> Genèse. Nous ne donnons pas assez d’importance au sens<strong>de</strong> <strong>la</strong> création – <strong>la</strong> valeur tout à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> <strong>la</strong>femme en tant que créatures formées à l’image et à <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce<strong>de</strong> Dieu. Cette ressemb<strong>la</strong>nce nous donne une p<strong>la</strong>cetoute spéciale, par rapport au reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> création et rend toutevie humaine sacrée (Gn 9.6). Considérer <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> quelqueautre façon – par exemple, voir les autres du seul point <strong>de</strong> vue<strong>de</strong> leur utilité et pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont Dieu les considère – c’estne pas tenir compte <strong>de</strong> leur valeur et <strong>de</strong> leur dignité.Que veut dire création « à l’image <strong>de</strong> Dieu »? Ce<strong>la</strong> signifieque nous <strong>de</strong>vons être une image vivante <strong>de</strong> Dieu. Ce<strong>la</strong> veutdire que nous <strong>de</strong>vons poursuivre, en tant que co-ouvriers,son travail <strong>de</strong> création et entretenir <strong>la</strong> vie. Ce<strong>la</strong> veut dire quenous lui appartenons et que notre être, notre existencemême, <strong>de</strong>vrait toujours rester en re<strong>la</strong>tion avec lui, soumis àson autorité. Dès que nous nous séparons <strong>de</strong> Dieu, nous perdons<strong>de</strong> vue le but <strong>de</strong> notre existence sur terre.


À l’image <strong>de</strong> Dieu 21Dans <strong>la</strong> Genèse, nous lisons que nous avons en nousl’esprit <strong>de</strong> Dieu: « L’Éternel Dieu façonna l’homme avec <strong>de</strong><strong>la</strong> poussière du sol, il lui insuff<strong>la</strong> dans les narines le souffle <strong>de</strong>vie, et l’homme <strong>de</strong>vint un être vivant » (Gn 2.7). En nousdonnant son esprit, Dieu a fait <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>s êtres responsables,ayant <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> penser et d’agir et <strong>de</strong> le faire dansl’amour.Mais même si nous avons en nous un esprit vivant, nousne sommes que <strong>de</strong>s images du Créateur. Et lorsque nousobservons <strong>la</strong> création du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> Dieu, et non pas dupoint <strong>de</strong> vue humain, nous comprenons quelle est notre vraiep<strong>la</strong>ce dans l’ordre divin <strong>de</strong>s choses. Celui qui ne veut pasadmettre qu’il vient <strong>de</strong> Dieu et qui refuse <strong>la</strong> réalité du Dieuvivant dans sa vie sera vite perdu et ressentira un vi<strong>de</strong> terrible.Au bout du compte, il finira par idolâtrer sa propre personneet ce piège l’entraînera vers le mépris <strong>de</strong> lui-même et lemépris <strong>de</strong>s autres.Nous aspirons tous à ce qui est impérissableQue serions-nous si Dieu n’avait pas insufflé son souffleen nous? La théorie <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> Darwin, en elle-même,est dangereuse et vaine, parce qu’elle n’est pas centrée surDieu. Quelque chose en nous s’insurge contre l’idée mêmeque nous soyons issus d’un mon<strong>de</strong> qui n’a pas <strong>de</strong> but. La soifpour tout ce qui dure, pour ce qui est impérissable, est quelquechose <strong>de</strong> profondément ancré dans l’esprit humain.Puisque nous sommes faits à l’image <strong>de</strong> Dieu et que Dieuest éternel, nous ne pouvons tout simplement pas disparaîtreen fumée lorsque nous mourons. Notre vie est enracinéedans l’éternité. Christophe Blumhardt 2 a écrit: « Nos viesportent <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> l’éternité, <strong>la</strong> marque du Dieu éternel2. Christoph Friedrich Blumhardt (1842-1919), pasteur allemand, auteur etsocialiste religieux.


22 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéqui nous a créés à son image. Il ne veut pas que nous soyonsengloutis dans ce court passage terrestre, mais nous appelle àlui, à ce qui est éternel 3 .»Dieu a mis l’éternité dans notre cœur et, profondémentenfoui en chacun <strong>de</strong> nous, il y a ce désir d’éternité. Lorsquenous le nions et vivons uniquement pour le présent, tout cequi nous arrive dans <strong>la</strong> vie restera comme enveloppé d’énigmesqui ne cesseront <strong>de</strong> nous tourmenter, et nous <strong>de</strong>meureronsvraiment insatisfaits. Ceci s’avère tout particulièrementvrai dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité. <strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuellesoccasionnelles souillent le désir et <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> l’âme pource qui est éternel. Aucune personne, aucune organisationhumaine ne pourra jamais combler le désir profond <strong>de</strong> nosâmes.La voix <strong>de</strong> l’éternité est ce qui parle le plus directement ànotre conscience. C’est pourquoi <strong>la</strong> conscience est peut-êtrece qu’il y a <strong>de</strong> plus profond en nous. Elle nous avertit, nousréveille et nous dirige dans <strong>la</strong> tâche que Dieu nous a confiée(Rm 2.14-16). Chaque fois que notre âme est blessée, notreconscience nous le fait douloureusement sentir. Si nousécoutons notre conscience, elle nous gui<strong>de</strong>. Cependant, lorsquenous sommes séparés <strong>de</strong> Dieu, notre conscience vacilleet s’égare. Ceci est vrai non seulement pour un individu, maisaussi pour un mariage.Déjà, dans <strong>la</strong> Genèse, au chapitre 2, nous voyons combienle mariage est important. Lorsque Dieu créa Adam, il dit quetout ce qu’il avait fait était bon. Puis il créa <strong>la</strong> femme, pourqu’elle soit l’ai<strong>de</strong> et le partenaire <strong>de</strong> l’homme, car il vit qu’iln’était pas bon pour l’homme d’être seul. C’est là un grandmystère: l’homme et <strong>la</strong> femme, le masculin et le féminin, sontensemble à l’image <strong>de</strong> Dieu, et tous <strong>de</strong>ux cohabitent en lui.3. Johann CHRISTOPH et Christophe Friedrich BLUMHARDT, Now is Eternity,Rifton, <strong>Plough</strong>, 1976, p. 13.


À l’image <strong>de</strong> Dieu 23Ils <strong>de</strong>viennent ensemble ce que jamais nul ne pourrait êtretout seul, séparément.Tout ce qui a été créé par Dieu nous donne un aperçu <strong>de</strong>sa nature: les montagnes majestueuses, les océans immenses,les rivières, les gran<strong>de</strong>s étendues d’eaux, les tempêtes, le tonnerreet les éc<strong>la</strong>irs, les icebergs si imposants, les prairies, lesfleurs, les arbres et les fougères. Tout ceci évoque <strong>la</strong> puissance,<strong>la</strong> ru<strong>de</strong>sse, le côté viril, mais aussi <strong>la</strong> douceur, le côtématernel, <strong>la</strong> sensibilité. Et tout comme les différentes formes<strong>de</strong> vie dans <strong>la</strong> nature n’existent pas les unes sans les autres,ainsi les enfants <strong>de</strong> Dieu, hommes et femmes, n’existent passéparément. Ils sont différents, mais sont tous <strong>de</strong>ux faits àl’image <strong>de</strong> Dieu et ont besoin l’un <strong>de</strong> l’autre pour accomplirleur véritable <strong>de</strong>stinée.Lorsque l’image <strong>de</strong> Dieu est dégradée, les re<strong>la</strong>tionshumaines manquent leur butC’est une tragédie que dans beaucoup <strong>de</strong> nos sociétésd’aujourd’hui, les différences entre l’homme et <strong>la</strong> femmesoient estompées et déformées. L’image pure, naturelle <strong>de</strong>Dieu, est en train d’être détruite. On parle en permanence <strong>de</strong>l’égalité <strong>de</strong>s femmes, mais en réalité, les femmes n’ont jamaisété autant maltraitées et exploitées. Dans les films, à <strong>la</strong> télévision,dans les magazines et sur les panneaux publicitaires, <strong>la</strong>femme idéale (et <strong>de</strong> plus en plus l’homme idéal) est dépeinteuniquement comme un objet sexuel.De manière générale, dans nos sociétés, on ne considèreplus le mariage comme sacré. <strong>Le</strong>s mariages sont <strong>de</strong> plus enplus <strong>de</strong>s expériences ou <strong>de</strong>s contrats entre <strong>de</strong>ux personnesqui évaluent tout en fonction <strong>de</strong> leurs propres intérêts. Lorsquele mariage échoue, on peut toujours divorcer à l’amiable,et ensuite faire une autre tentative avec un nouveau partenaire.Beaucoup ne prennent même plus <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> se pro-


24 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretémettre fidélité; ils vivent simplement ensemble. On se moquequelquefois <strong>de</strong>s femmes qui élèvent leurs enfants ou qui restentmariées au même homme. Et même si leur mariage seporte bien, on les considère souvent comme <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong>l’oppression, ayant besoin d’être « délivrées » <strong>de</strong> <strong>la</strong> dominationmasculine.Bien souvent, on ne considère plus les enfants comme unbien précieux. Dans <strong>la</strong> Genèse, Dieu ordonne: « Soyezféconds et multipliez-vous. » Aujourd’hui, nous évitons le« far<strong>de</strong>au » <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants non désirés grâce à l’avortementlégalisé. On considère les enfants comme une gêne; ce<strong>la</strong>revient trop cher <strong>de</strong> les mettre au mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> les élever, et <strong>de</strong>les envoyer à l’université. Ils sont une contrainte économiquedans nos vies matérialistes. De plus, ils dévorent trop <strong>de</strong>notre temps pour que nous les aimions.Dans ces conditions, est-il surprenant que beaucoupaujourd’hui aient perdu espoir? Que beaucoup aient abandonnél’idée d’un amour qui dure? La vie a perdu sa valeur;c’est une vie au rabais; <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gens ne <strong>la</strong> voient pluscomme un don <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s progrès <strong>de</strong>s techniques biomédicalesainsi que celles du dépistage <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies fœtales permettentà un nombre <strong>de</strong> plus en plus grand <strong>de</strong> couples <strong>de</strong>choisir l’avortement pour <strong>de</strong>s raisons égoïstes. Sans Dieu, <strong>la</strong>vie est absur<strong>de</strong>; et ne reste plus que l’obscurité et <strong>la</strong> blessureprofon<strong>de</strong> causée par <strong>la</strong> séparation d’avec lui.Malgré les efforts <strong>de</strong> nombreuses personnes dévouées,l’Église aujourd’hui a <strong>la</strong>mentablement échoué dans sesefforts pour faire face à cette situation. Il est d’autant plusnécessaire à chacun <strong>de</strong> revenir à <strong>la</strong> source et <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rà nouveau: « Pourquoi Dieu a-t-il créé l’homme et <strong>la</strong> femmeet leur a-t-il donné <strong>la</strong> première p<strong>la</strong>ce? » Dieu a créé chaquepersonne à son image; chaque homme, femme ou enfant surcette terre a une tâche spécifique à accomplir, et Dieu veutque nous <strong>la</strong> menions à bien. Nul ne peut négliger le <strong>de</strong>ssein


À l’image <strong>de</strong> Dieu 25<strong>de</strong> Dieu vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> création ou <strong>de</strong> lui-même sans souffrird’un profond besoin intérieur (Ps 7.14-16).<strong>Le</strong> matérialisme <strong>de</strong> notre temps a vidé notre vie <strong>de</strong> sesobjectifs moraux et spirituels. Ce<strong>la</strong> nous empêche <strong>de</strong> considérerle mon<strong>de</strong> avec respect et émerveillement, et <strong>de</strong> voirquelle est notre véritable tâche. Notre âme et notre esprit sontma<strong>la</strong><strong>de</strong>s à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> surconsommation et ce<strong>la</strong> a envahi siprofondément notre conscience qu’elle n’est plus capable <strong>de</strong>distinguer c<strong>la</strong>irement le bien du mal. Cependant, il y a toujoursen chacun <strong>de</strong> nous un besoin profond qui nous faitdésirer ce qui est bien.Nous ne pouvons guérir que si nous croyons fermementque Dieu est notre créateur, et que c’est lui qui procure vie,amour et grâce. Nous lisons au troisième chapitre <strong>de</strong> l’évangileselon Jean (v. 16-17, BC): « Dieu a tant aimé le mon<strong>de</strong>qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en luine périsse point mais qu’il ait <strong>la</strong> vie éternelle. Dieu, en effet,n’a pas envoyé son Fils dans le mon<strong>de</strong> pour juger le mon<strong>de</strong>,mais pour que le mon<strong>de</strong> soit sauvé par lui. »Dans <strong>la</strong> personne du Fils <strong>de</strong> Dieu – Jésus – l’image duCréateur apparaît avec une c<strong>la</strong>rté et une finalité extrêmes(Col 1.15). Image parfaite <strong>de</strong> Dieu et seul chemin vers lePère, Jésus nous donne vie et unité, joie et épanouissement.Ce n’est que lorsque nous vivons en lui que nous pouvonsconnaître sa vérité et sa bonté; c’est en lui seulement quenous découvrons notre véritable <strong>de</strong>stinée: être à l’image <strong>de</strong>Dieu; dominer <strong>la</strong> terre selon son esprit, qui est un esprit <strong>de</strong>création et d’amour, porteur <strong>de</strong> vie.


CHAPITRE 2Il n’est pas bon que l’hommesoit seulL’Éternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soitseul, je lui ferai une ai<strong>de</strong> qui soit son vis-à-vis.Alors l’Éternel Dieu plongea l’homme dans un profondsommeil. Pendant que celui-ci dormait, il prit une <strong>de</strong> sescôtes et referma <strong>la</strong> chair à sa p<strong>la</strong>ce. Puis l’Éternel Dieuforma une femme <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte qu’il avait prise <strong>de</strong> l’homme,et il l’amena à l’homme. Alors l’homme s’écria: Voicibien cette fois celle qui est os <strong>de</strong> mes os, chair <strong>de</strong> ma chair.Elle sera appelée « femme » car elle a été prise <strong>de</strong>l’homme.Genèse 2.18, 21-23Peu <strong>de</strong> choses sont aussi difficiles à supporter pour l’êtrehumain que <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>. Des prisonniers maintenus à l’isolementont dit leur joie <strong>de</strong> voir ne serait-ce qu’une araignée –c’était au moins quelque chose <strong>de</strong> vivant. Dieu nous a crééspour que nous vivions en communauté. Cependant, notremon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne est affreusement dépourvu <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tionshumaines. Dans <strong>de</strong> nombreux domaines, les progrès technologiquesont conduit à une détérioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté.De plus en plus, <strong>la</strong> technologie a permis <strong>de</strong> croire que l’onpouvait se passer <strong>de</strong>s personnes.


Il n’est pas bon que l’homme soit seul 27Quand les personnes âgées sont p<strong>la</strong>cées dans <strong>de</strong>s maisons<strong>de</strong> retraite ou <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> soins, quand les ouvriers<strong>de</strong>s usines sont remp<strong>la</strong>cés par <strong>de</strong>s robots <strong>de</strong> haute technologie,quand les jeunes – hommes et femmes – cherchent annéeaprès année un travail qui ait du sens, ils peuvent finir parsombrer dans le désespoir. Certains trouvent <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> auprès<strong>de</strong> thérapeutes ou <strong>de</strong> psychologues, d’autres cherchent <strong>de</strong>séchappatoires telles que l’alcool, <strong>la</strong> drogue ou le suici<strong>de</strong>.Coupés <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> personnesvivent dans une désespérance silencieuse.Vivre isolé <strong>de</strong>s autres détruit cette unité et conduit audésespoir. Thomas Merton écrit:<strong>Le</strong> désespoir est le suprême <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> l’amour-propre. Ony parvient en tournant le dos à tout secours étranger afin <strong>de</strong>goûter <strong>la</strong> triste volupté <strong>de</strong> se savoir perdu […]<strong>Le</strong> désespoir est le <strong>de</strong>rnier développement d’un orgueil sigrand, si obstiné, qu’il choisit l’absolue misère <strong>de</strong> <strong>la</strong> damnationplutôt que d’accepter le bonheur <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Dieu nevou<strong>la</strong>nt pas reconnaître que Dieu est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> nous etque nous ne sommes pas capables par nous-mêmesd’accomplir notre <strong>de</strong>stinée.Mais un homme véritablement humble ne peut désespérercar, dans l’homme humble il n’y a plus rien qui ressembleà <strong>de</strong> <strong>la</strong> pitié pour soi-même 4 .Nous voyons là que l’orgueil est un fléau qui conduit à <strong>la</strong>mort. L’humilité, quant à elle, conduit à l’amour. L’amour estle plus grand don fait à l’humanité, c’est ce à quoi nous sommesvéritablement appelés. C’est le « oui » à <strong>la</strong> vie, le « oui » à<strong>la</strong> communauté. Seul l’amour comble l’attente <strong>de</strong> notre êtrele plus profond.4. Thomas MERTON, Semences <strong>de</strong> contemp<strong>la</strong>tion, Paris, Seuil, 1953, p. 91-92.


28 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéDieu nous a créés pour vivre avec et pour les autresDieu a mis en chacun <strong>de</strong> nous le désir instinctif <strong>de</strong> lui ressemblerdavantage, désir qui nous pousse vers l’amour, <strong>la</strong>communauté et l’unité. Dans sa <strong>de</strong>rnière prière, Jésus a soulignél’importance <strong>de</strong> ce désir: « Ce n’est pas seulement poureux que je te prie; c’est aussi pour ceux qui croiront en moigrâce à leur témoignage. Je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’ils soient tous un.Comme toi, Père, tu es en moi et comme moi je suis en toi,qu’ils soient un en nous pour que le mon<strong>de</strong> croie que c’est toiqui m’as envoyé » (Jn 17.20-21).Nul ne peut vivre véritablement sans amour: Dieu veutque chacun soit un « toi » pour l’autre. Chacun est appelé àaimer et à ai<strong>de</strong>r, au nom <strong>de</strong> Dieu, ceux qui se trouvent autour<strong>de</strong> lui (Gn 4.8-10).Dieu veut que nous formions une communauté et quenous nous aidions les uns les autres dans l’amour. Nul douteque lorsque nous savons ce qu’il y a au plus profond du cœur<strong>de</strong> nos frères et sœurs, nous pouvons les ai<strong>de</strong>r, car « notre »ai<strong>de</strong> vient <strong>de</strong> Dieu lui-même. Comme Jean le dit: « Quant ànous, nous savons que nous sommes passés <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort à <strong>la</strong>vie parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas<strong>de</strong>meure dans <strong>la</strong> mort » (1 Jn 3.14). Notre vie n’est satisfaisanteque lorsque l’amour est suscité, qu’il est approuvé etqu’il porte du fruit.Jésus nous dit que les <strong>de</strong>ux comman<strong>de</strong>ments les plusimportants sont d’aimer Dieu <strong>de</strong> tout son cœur, <strong>de</strong> toute sonâme, <strong>de</strong> toute sa force et d’aimer son prochain comme soimême.On ne peut pas séparer ces <strong>de</strong>ux comman<strong>de</strong>ments:l’amour <strong>de</strong> Dieu a toujours pour corol<strong>la</strong>ire l’amour du prochain.Nous ne pouvons pas être en re<strong>la</strong>tion avec Dieu sinous rejetons les autres (1 Jn 4.19-21). <strong>Le</strong> chemin vers Dieupasse par nos frères et sœurs, et dans le mariage, par notrepartenaire.


Il n’est pas bon que l’homme soit seul 29Si nous sommes remplis <strong>de</strong> l’amour <strong>de</strong> Dieu, nous nesouffrirons jamais <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, et ne resterons pas repliés surnous-mêmes bien longtemps. Nous aurons toujoursquelqu’un à aimer. Dieu et notre prochain seront toujoursprès <strong>de</strong> nous. Tout ce que nous avons à faire, c’est <strong>de</strong> les trouver.Un jeune homme <strong>de</strong> notre communauté a récemmentpartagé sa joie toute nouvelle d’aller vers les autres. Seanvivait à Baltimore et travail<strong>la</strong>it bénévolement à <strong>la</strong> construction<strong>de</strong> logements pour les personnes défavorisées. Il pensaitque c’était suffisant. Cependant, lorsqu’il rentrait chez lui à <strong>la</strong>fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée, il ne savait que faire:Je ne faisais que perdre mon temps <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> télévision.Ma joie <strong>de</strong> vivre al<strong>la</strong>it rapi<strong>de</strong>ment en diminuant. Puisquelqu’un m’a parlé d’un programme d’ai<strong>de</strong> pour lesenfants du centre ville, le soir. Ils cherchaient désespérément<strong>de</strong>s volontaires. Alors, j’ai décidé d’essayer. Maintenant, jevais apporter <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> tous les soirs. Je n’arrive pas à croirecombien ma façon <strong>de</strong> voir <strong>la</strong> vie a complètement changé. Jene savais pas auparavant combien j’avais besoin d’aimer cesenfants.Souvent, lorsque nous souffrons <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, c’est simplementparce que nous voulons recevoir <strong>de</strong> l’amour au lieud’en donner. <strong>Le</strong> bonheur véritable vient <strong>de</strong> l’amour que l’ondonne aux autres. Nous <strong>de</strong>vons aimer et rechercher <strong>la</strong> communionavec notre prochain, encore et toujours, et pour cefaire, il nous faut <strong>de</strong>venir l’ai<strong>de</strong>, le frère ou <strong>la</strong> sœur <strong>de</strong> cemême prochain. Demandons à Dieu <strong>de</strong> libérer notre cœurobstrué pour cet amour-là, sachant que nous ne le trouveronsque dans l’humilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix.


30 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéChacun peut être un instrument <strong>de</strong> l’amour <strong>de</strong> DieuDans l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> création d’Adam et Ève, il est c<strong>la</strong>irque l’homme et <strong>la</strong> femme ont été créés pour s’ai<strong>de</strong>r, se souteniret se compléter l’un l’autre. Quelle joie ce<strong>la</strong> a dû être pourDieu <strong>de</strong> donner <strong>la</strong> femme à l’homme – et l’homme à <strong>la</strong>femme. Parce que nous sommes tous faits à l’image <strong>de</strong> Dieu,à sa ressemb<strong>la</strong>nce, nous <strong>de</strong>vons tous trouver joie et amour lesuns avec les autres, que nous soyons mariés ou pas.En donnant Ève à Adam, Dieu montre à tous les humainsquelle est leur véritable vocation: être <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s qui révèlentson amour au mon<strong>de</strong>. Et en nous donnant son Fils, Jésus, ilnous montre qu’il ne nous <strong>la</strong>issera jamais seuls, ni sans ai<strong>de</strong>.Jésus lui-même dit: « Non, je ne vous <strong>la</strong>isserai pas seulscomme <strong>de</strong>s orphelins, mais je reviendrai vers vous ». Il nouspromet: « Celui qui m’aime vraiment, c’est celui qui retientmes comman<strong>de</strong>ments et les applique. Mon Père aimera celuiqui m’aime; moi aussi, je lui témoignerai mon amour et je meferai connaître à lui » (Jn 14.18, 21).Qui peut comprendre <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ces paroles etl’espérance qu’elles apportent à notre mon<strong>de</strong> troublé? <strong>Le</strong>spersonnes les plus seules, les plus découragées ou désillusionnéespeuvent être sûres que Dieu ne les abandonnerapas. Même si elles sont incapables <strong>de</strong> nouer <strong>de</strong>s amitiéshumaines, elles ne seront jamais seules aussi longtempsqu’elles s’accrocheront à Dieu.Dieu a réuni Adam et Ève pour les guérir <strong>de</strong> leur solitu<strong>de</strong>et les libérer <strong>de</strong> leur partialité. Son p<strong>la</strong>n est le même pour touthomme et toute femme qu’il réunit dans le mariage. Néanmoins,le mariage en lui-même ne peut apporter <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong>.Si nous ne <strong>de</strong>meurons pas en Christ, nous ne porterons pas <strong>de</strong>fruit. Si nous l’aimons, lui qui seul est notre soutien, notre espéranceet notre vie, alors nous arriverons à nous connaître etnous aimer l’un l’autre. Mais si nous nous éloignons du Christ


Il n’est pas bon que l’homme soit seul 31intérieurement, alors rien ne passera bien. Lui seul unit touteschoses et nous donne accès à Dieu et aux autres (Col 1.17-20).Dieu est source et objet <strong>de</strong> l’amour véritable<strong>Le</strong> mariage n’est pas le but suprême <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Nous renvoyonsune image <strong>de</strong> Dieu plus bril<strong>la</strong>nte et plus complètelorsque nous l’aimons lui, ainsi que nos frères et sœurs. Ainsi,dans tout mariage chrétien véritable, le mari conduira safemme et ses enfants non vers lui, mais vers Dieu. De <strong>la</strong>même manière, <strong>la</strong> femme soutiendra son mari en étant sonai<strong>de</strong>, et ensemble, ils apprendront à leurs enfants à les respecteren tant que père et mère et à aimer Dieu leur créateur.Ai<strong>de</strong>r l’autre au nom <strong>de</strong> Dieu n’est pas seulement uneobligation, mais un don. Combien nos re<strong>la</strong>tions seraient différentessi nous redécouvrions ce<strong>la</strong>! Nous vivons un tempsoù <strong>la</strong> peur et <strong>la</strong> méfiance sont perceptibles partout. Où estl’amour, celui qui bâtit <strong>la</strong> communauté et l’Église?Il existe <strong>de</strong>ux sortes d’amour. L’un est tourné sans égoïsmevers les autres et leur bien-être. L’autre est possessif etse borne à satisfaire l’ego. Saint Augustin a dit: « Considérezl’amour naturel: n’est-il pas comme <strong>la</strong> main du cœur? Sicette main tient un objet, elle ne saurait en tenir un autre, etpour recevoir ce qu’on lui donne, il faut qu’elle <strong>la</strong>isse cequ’elle tient 5 . » L’amour <strong>de</strong> Dieu ne désire rien. Il donne et sesacrifie, car là est sa joie.L’amour est toujours enraciné en Dieu. Puisse Dieu nousaccor<strong>de</strong>r d’être à nouveau saisis par <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> sonamour. Il nous conduira aux autres, il nous amènera à partagernotre vie avec eux. Mais plus encore, il nous conduira auroyaume. L’amour est le secret du royaume <strong>de</strong> Dieu à venir.5. Sermon CXXV, 7 in Œuvres complètes <strong>de</strong> saint Augustin, traduction sous <strong>la</strong>direction <strong>de</strong> M. l’abbé Raulx, tome sixième, Bar-le-Duc, L. Guérin, 1866,p. 506.


CHAPITRE 3Ils <strong>de</strong>viendront une seule chairC’est pourquoi un homme se séparera <strong>de</strong> son père et <strong>de</strong> samère et s’attachera à sa femme, et les <strong>de</strong>ux ne feront plusqu’un.Genèse 2.24<strong>Le</strong> mariage est sacré. Dans l’Ancien Testament, les prophètesl’utilisent pour décrire <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre Dieu et sonpeuple Israël: « Puis, pour toujours, je te fiancerai à moi. Je tefiancerai à moi en donnant comme dot et <strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> droiture,l’amour et <strong>la</strong> tendresse. Je te fiancerai à moi en donnantpour toi <strong>la</strong> fidélité et tu connaîtras l’Éternel » (Os 2.21-22).Dieu révèle <strong>de</strong> manière spéciale son amour envers tous leshommes dans le lien unique entre l’homme et <strong>la</strong> femme.<strong>Le</strong> mariage est plus que vivre heureux ensembleDans le Nouveau Testament, le mariage est utilisé commesymbole pour décrire l’unité du Christ avec son Église. Dansl’évangile selon Jean, Jésus est comparé à un marié et dansl’Apocalypse nous lisons: « Voici bientôt les noces <strong>de</strong>l’Agneau, sa fiancée s’est préparée » (voir Ap 19.7-9).Que Jésus ait changé l’eau en vin au cours d’un mariagen’est pas sans signification; certainement, il se réjouissait


Ils <strong>de</strong>viendront une seule chair 33beaucoup <strong>de</strong> ce mariage. Néanmoins, il nous semble toutaussi c<strong>la</strong>ir que, pour lui, le mariage est une chose sacrée.Jésus le prend tellement au sérieux qu’il parle avec une sévèreintransigeance contre <strong>la</strong> moindre démarche visant à ledétruire: « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu auni » (voir Mt 19.6-9).La sévérité <strong>de</strong> Jésus nous montre l’horreur que constituel’adultère aux yeux <strong>de</strong> Dieu. La Bible tout entière protestecontre lui, <strong>de</strong>puis les livres <strong>de</strong>s prophètes où l’adorationd’une idole par les enfants d’Israël est appelée adultère (Jr13.25-27), jusqu’à l’Apocalypse où nous voyons <strong>la</strong> colère <strong>de</strong>Dieu contre <strong>la</strong> prostituée. Lorsque le lien du mariage estbrisé, l’amour – l’unité d’esprit et d’âme entre les <strong>de</strong>uxconjoints – est anéanti et détruit, et pas seulement entrel’homme adultère et son épouse, mais aussi entre lui et Dieu.Dans notre culture actuelle, l’institution du mariage est aubord du désastre. Ce que l’on appelle amour n’est généralementque désir égoïste. Même en étant mariés, <strong>de</strong> nombreuxcouples vivent ensemble <strong>de</strong> manière égoïste. <strong>Le</strong>s gens setrompent en pensant que l’on peut s’épanouir pleinementsans sacrifices ni fidélité, et même s’ils vivent ensemble, ilsont peur <strong>de</strong> s’aimer <strong>de</strong> manière inconditionnelle.Cependant, au milieu <strong>de</strong> tous ces mariages mal en point etdétruits, l’amour <strong>de</strong> Dieu reste éternel et réc<strong>la</strong>me fidélité etdévotion. Au fond <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> nous, une voix, bienqu’assourdie, nous engage encore à <strong>la</strong> fidélité. D’une certainefaçon, nous espérons tous nous unir à quelqu’un – d’un cœurlibre et ouvert –, à un autre « toi ». Et si nous nous tournonsvers Dieu en croyant qu’une telle unité est possible, notredésir sera satisfait.On ne peut véritablement se réaliser qu’en donnant <strong>de</strong>l’amour à une autre personne. Néanmoins, l’amour ne cherchepas uniquement à donner; il désire également unir. Sij’aime réellement l’autre, je chercherai à savoir ce qu’il y a en


34 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretélui et serai désireux <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> ma partialité. Dans l’amouret l’humilité, je l’ai<strong>de</strong>rai à s’éveiller pleinement, d’abord àDieu, puis aux autres. L’amour véritable n’est jamais possessif.Il conduit toujours à <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> fidélité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté.La fidélité entre mari et femme est le reflet <strong>de</strong> <strong>la</strong> fidélitééternelle <strong>de</strong> Dieu, car c’est Dieu qui forme tout lien véritable.Dans cette fidélité <strong>de</strong> Dieu, nous trouvons <strong>la</strong> force nécessairepour <strong>la</strong>isser l’amour jaillir <strong>de</strong> nos vies et <strong>la</strong>isser l’autre découvrirnos dons. Dans l’unité et l’amour <strong>de</strong> l’Église, il est possibled’être un en esprit avec les frères et sœurs, mais aussi un<strong>de</strong> cœur et d’âme (Ac 4.32).L’amour sexuel donne à l’amour <strong>de</strong> Dieu une formevisibleL’amour d’un couple fiancé ou marié est différent <strong>de</strong>l’amour entre d’autres hommes et femmes. On ne trouvenulle part ailleurs que dans le mariage quelqu’un quidépen<strong>de</strong> autant <strong>de</strong> l’autre. Une joie toute spéciale remplit lecœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne mariée lorsque son (sa) bien-aimé(e) està proximité; et lorsqu’ils sont séparés, il y a toujours ce lientrès spécial entre eux. À travers <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion unique dumariage, quelque chose se passe, que l’on peut même voir surles visages d’un couple. Comme von Gagern 6 le dit, « c’estsouvent grâce à sa femme que le mari <strong>de</strong>vient véritablementhomme, et grâce à son mari que <strong>la</strong> femme arrive à <strong>la</strong> vraieféminité 7 ».Dans un mariage authentique, chaque partenaire recherchel’épanouissement <strong>de</strong> l’autre. En se complétant l’unl’autre, l’union entre mari et femme grandit. Dans leuramour l’un pour l’autre, par leur fidélité l’un à l’autre, et dans6. Friedrich E.F. von GAGERN (1914-), psychiatre catholique allemand.7. Friedrich E.F. von GAGERN, Der Mensch als Bild: Beiträge zur Anthropologie,2 e édition, Francfort, Ver<strong>la</strong>g Joseph Knecht, 1955, p. 32


Ils <strong>de</strong>viendront une seule chair 35leur fécondité, le mari et <strong>la</strong> femme reflètent l’image <strong>de</strong> Dieu<strong>de</strong> façon mystérieuse et magnifique.Dans le lien unique du mariage, nous découvrons quel estle sens profond <strong>de</strong> « <strong>de</strong>venir une seule chair ». Bien sûr,« <strong>de</strong>venir une seule chair » veut dire <strong>de</strong>venir un physiquementet sexuellement, mais ce<strong>la</strong> va bien au-<strong>de</strong>là! C’est le symbole<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnes unies et soudées – cœur, corps et âme –dans le don mutuel et l’unité totale.Lorsque <strong>de</strong>ux personnes <strong>de</strong>viennent une seule chair, ellesne sont plus <strong>de</strong>ux, mais réellement un. <strong>Le</strong>ur union est le fruit<strong>de</strong> bien plus qu’être un compagnon ou un partenaire pourl’autre; c’est l’intimité <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong>. Comme l’écrit FriedrichNietzsche, elle est produite par « <strong>la</strong> résolution que prennent<strong>de</strong>ux personnes <strong>de</strong> créer une unité qui va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>ceux qui l’ont créée. Ce qui exige un grand respect l’un pourl’autre et pour l’accomplissement d’une telle résolution » 8 .C’est seulement dans ce respect et cette unité que lemariage obéit aux exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience sexuelle. Par <strong>la</strong>volonté d’avoir <strong>de</strong>s enfants, d’être féconds et <strong>de</strong> se multiplier,et par l’unité qui reflète l’union <strong>de</strong> Dieu avec sa créationet son peuple, le mariage donne une forme visible à l’amourdébordant <strong>de</strong> Dieu.Lorsque Dieu est au centre du mariage, une complèteunité <strong>de</strong> cœur, d’âme et <strong>de</strong> corps est alors possibleSelon l’ordre divin, il y a, dans le mariage, au moins troisniveaux différents que nous pouvons expérimenter. <strong>Le</strong> premier,le plus extraordinaire, c’est l’unité d’esprit: unité <strong>de</strong>cœur et d’âme en Dieu. Dans cette unité, nous pouvons êtreen communion non seulement avec notre épouse, mais aussiavec tous les croyants. <strong>Le</strong> second niveau, c’est l’unité <strong>de</strong>8. Citation <strong>de</strong> Hans MEIER, So<strong>la</strong>nge das Licht Brennt, Norfolk, HutterianBrethren, 1990, p. 17.


36 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretésentiments: le courant d’amour d’un cœur à un autre est sifort que <strong>la</strong> personne sent – si l’on peut l’exprimer ainsi – battrele cœur <strong>de</strong> l’autre. <strong>Le</strong> troisième niveau, c’est l’unitéphysique: l’expression d’unité ressentie lorsque <strong>de</strong>ux corpsse fon<strong>de</strong>nt dans une parfaite union.Trop <strong>de</strong> couples aujourd’hui se contentent du troisièmeou peut-être du <strong>de</strong>uxième niveau. Un mariage basé uniquementsur le physique et l’émotionnel doit s’attendre à <strong>de</strong>sdéceptions. Bien que les attractions physique ou émotionnellesoient naturelles, elles peuvent <strong>la</strong>isser <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s blessuressi on ne les p<strong>la</strong>ce pas sous l’autorité du Christ. Il y a peu<strong>de</strong> temps une femme ayant grandi dans notre communautém’a écrit pour me confier qu’elle-même et son mari enétaient <strong>de</strong>venus membres uniquement pour pouvoir semarier. (Au Bru<strong>de</strong>rhof, les gens ne se marient que lorsqu’ilssont <strong>de</strong>venus membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté.) « Mon mari etmoi n’avons jamais parlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision <strong>de</strong> Dieu pour nos viesou <strong>de</strong> ce que nous voulions avant ou après le mariage » écritelle.« Nous n’étions pas sur <strong>la</strong> même longueur d’on<strong>de</strong>s ».Son mari les a maintenant abandonnés, elle et leurs cinqenfants. Parce que leur engagement mutuel n’était pas fondéen Christ, leur mariage n’avait pas <strong>de</strong> fondations soli<strong>de</strong>s etdurables: elle en a douloureusement conscience.Pour qu’un mariage se porte réellement bien, il doit êtrefondé sur l’ordre donné par Dieu – unité d’esprit, <strong>de</strong> cœur etd’âme. Aujourd’hui, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gens, y compris ceux quiaffirment être chrétiens, n’ont aucune idée <strong>de</strong> ce que Dieu aen réserve pour ceux qui l’aiment et l’honorent vraiment.Lorsque nous obéissons à l’ordre divin concernant nos re<strong>la</strong>tions,nous expérimentons les bénédictions <strong>de</strong> Dieu. Dans unengagement, un mariage authentique, Dieu nous donne <strong>de</strong>vivre <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s expériences – côté cœur – que nous nel’imaginons. Parmi nous, trop <strong>de</strong> personnes vivent uniquementdans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sens – dormir, manger, boire – et ne


Ils <strong>de</strong>viendront une seule chair 37prennent pas le temps <strong>de</strong> considérer ce qui est bien plus vital:notre vie intérieure. Ceci est vrai <strong>de</strong> nos jours pour <strong>de</strong> trèsnombreux mariages. On se focalise sur le sexe, et souvent, onne recherche pas l’unité <strong>de</strong> cœur; on n’en parle même pas.Est-il alors étonnant que si peu <strong>de</strong> couples restent fidèles l’unenvers l’autre leur vie entière?Qui a vécu près <strong>de</strong> l’océan connaît quelque peu <strong>la</strong> puissance<strong>de</strong> <strong>la</strong> nature dans <strong>la</strong> force d’attraction <strong>de</strong>s marées hauteset basses. Dans le mariage, comme en amitié, il y a <strong>de</strong>shauts et <strong>de</strong>s bas. Quand une re<strong>la</strong>tion est au plus bas, il estbien trop facile <strong>de</strong> perdre patience, <strong>de</strong> nous éloigner <strong>de</strong> notrepartenaire et même d’abandonner nos efforts pour raviverl’amour. Lorsque Dieu est au centre <strong>de</strong> nos vies, nous pouvonsnous tourner vers lui et trouver en lui foi et force mêmesi nous sommes au plus bas.Plus nous vivons conformément à l’image <strong>de</strong> Dieu, selon<strong>la</strong>quelle nous avons été créés, plus nous sentons fortementque Dieu doit rester au centre <strong>de</strong> nos vies, et que ses comman<strong>de</strong>mentssont bons pour nous. Nous sentons que sescomman<strong>de</strong>ments ne nous sont pas imposés comme <strong>de</strong>s loisou <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong> l’extérieur. Nous voyons plutôt qu’ils sontconformes à notre vraie nature, c’est-à-dire à celle <strong>de</strong> personnescréées à son image. Mais plus nous trahissons et détruisonsl’image <strong>de</strong> Dieu en nous, plus sa direction noussemblera étrangère, comme une obligation morale qui nousécrase.Porter du fruit l’un pour l’autre en se complétant dansl’amour, et être féconds en ayant <strong>de</strong>s enfants, ce sont ces butsqui ren<strong>de</strong>nt le mariage béni et saint, et le ciel s’en réjouit.Même si tel est le cas, dans l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> création, avantl’ordre donné par Dieu d’être féconds, il y a d’abord unebénédiction: le don d’une partenaire au premier homme. Enfaisant ce don à l’homme, c’est comme si Dieu nous disait:« Mon image vit en toi ». Si nous envisageons <strong>de</strong> nous marier,


38 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéil nous faut considérer ce<strong>la</strong> avec un grand respect. Chaquepersonne et chaque mariage porte en lui <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong>montrer une image <strong>de</strong> Dieu authentique 9 .9. Der Mensch als Bild, p. 33-34.


CHAPITRE 4<strong>Le</strong> péché premier<strong>Le</strong> Serpent était le plus tortueux <strong>de</strong> tous les animaux <strong>de</strong>schamps que l’Éternel Dieu avait faits. Il <strong>de</strong>manda à <strong>la</strong>femme: Vraiment, Dieu vous a dit: « Ne mangez du fruitd’aucun <strong>de</strong>s arbres du jardin! »? (…)Alors le Serpent dit à <strong>la</strong> femme: Mais pas du tout! Vousne mourrez pas! Seulement Dieu sait bien que le jour oùvous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serezcomme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et lemal.Genèse 3.1, 4-5Lorsque Dieu créa le mon<strong>de</strong>, il vit que tout ce qu’il avaitfait était bon. La terre était vraiment son royaume et <strong>la</strong> vieétait dirigée par l’esprit <strong>de</strong> paix. Toutes ses créatures, y comprisl’homme et <strong>la</strong> femme, vivaient ensemble dans l’unité etl’harmonie et prenaient grand p<strong>la</strong>isir les unes avec les autres,ainsi qu’avec tout ce que Dieu avait fait. Avec crainte, respectet émerveillement, Adam et Ève se tenaient <strong>de</strong>vant l’arbre <strong>de</strong><strong>la</strong> vie dans le jardin d’É<strong>de</strong>n. Mais ensuite le serpent trompaAdam et Ève. Immédiatement, le mal fit son entrée dans <strong>la</strong>création <strong>de</strong> Dieu et tenta <strong>de</strong> <strong>la</strong> détruire complètement.<strong>Le</strong> serpent tenta Ève en lui posant une seule et uniquequestion: « Vraiment, Dieu vous a dit…? » et en <strong>la</strong> faisantsuivre d’une simple promesse: « Mais pas du tout! Vous ne


40 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretémourrez pas! » Il est important que nous comprenions ce quece<strong>la</strong> veut dire. Satan, le séducteur, tenta Ève avec <strong>la</strong> parole <strong>de</strong>Dieu, comme plus tard, il tenta Jésus avec cette même parole.L’orgueil nous sépare <strong>de</strong> Dieu et les uns <strong>de</strong>s autresQu’était-ce d’autre, sinon <strong>de</strong> l’orgueil, lorsque Èveregarda l’arbre et convoita son fruit, vou<strong>la</strong>nt se faire l’égale <strong>de</strong>Dieu? N’était-elle pas en train <strong>de</strong> mettre Dieu à l’épreuvepour voir s’il al<strong>la</strong>it réellement tenir parole? <strong>Le</strong> serpent mit ledoute dans son cœur et Ève l’écouta avec une gran<strong>de</strong> curiosité.C’était déjà, en soi, une trahison envers Dieu et ce<strong>la</strong> nousmontre comment Satan agit encore aujourd’hui.Satan veut toujours nous séparer <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> nos frères etsœurs et <strong>de</strong> notre prochain. Et si nous n’y prêtons pas attention,il le fera en nous posant une question tout aussi innocente,qui sèmera dans nos cœurs <strong>la</strong> méfiance et <strong>la</strong> division.Satan se déguise en ange <strong>de</strong> lumière (2 Co 11.14), mais enréalité il est calomniateur, manipu<strong>la</strong>teur, père du mensonge,meurtrier <strong>de</strong>puis le commencement; il essaye <strong>de</strong> nous précipiterdans le désordre, <strong>la</strong> confusion et le doute, et bien souvent,il y réussit.Dans l’évangile selon Matthieu, nous lisons que, lorsqueJésus se retira dans le désert, peu après son baptême, Satan letenta. Sachant que Jésus était faible physiquement après unjeûne <strong>de</strong> quarante jours, Satan s’approcha <strong>de</strong> lui avec unefeinte compassion et montra son soi-disant respect en luisuggérant que tous les royaumes <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre <strong>de</strong>vraient luiappartenir.Déjà au cours <strong>de</strong> cette première pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> tentation,Jésus reconnut Satan comme le tentateur et celui qui tord <strong>la</strong>vérité. Sa confiance en Dieu était inconditionnelle et il n’étaitpas question pour lui d’écouter Satan ne serait-ce qu’un


<strong>Le</strong> péché premier 41instant; mais il choisit plutôt <strong>de</strong> faire confiance, d’obéir et <strong>de</strong>dépendre <strong>de</strong> Dieu. Satan n’eut pas accès à son cœur.Ce n’est pas seulement le fruit défendu qui a séduit Adamet Ève, mais l’orgueil et le désir égoïste d’être comme Dieu.Par leur manque d’obéissance, <strong>de</strong> confiance et <strong>de</strong> dépendance,ils se sont coupés <strong>de</strong> lui. Finalement, comme ils nel’honoraient plus, chacun est <strong>de</strong>venu l’idole <strong>de</strong> l’autre.<strong>Le</strong> plus grand fléau <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>stinée humaine est quenous voulons <strong>de</strong>venir comme Dieu. Bonhoeffer dit: « Il[l’homme] est <strong>de</strong>venu comme Dieu. Mais contre Dieu. C’esten ce<strong>la</strong> que consiste l’imposture du serpent. L’homme sait cequi est bien et ce qui est mal; cependant, puisqu’il n’est pasl’origine, le bien et le mal qu’il connaît ne sont pas <strong>de</strong> Dieu,mais contre Dieu (…) C’est comme “antidieu” que l’hommeest <strong>de</strong>venu semb<strong>la</strong>ble à Dieu 10 . » En conséquence, l’esprithumain est profondément ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. L’image <strong>de</strong> Dieu estmaintenant une image volée et déformée par l’idolâtrie et <strong>la</strong>rébellion contre lui; ce<strong>la</strong> entraîne une profon<strong>de</strong> obscurité etcrée une gran<strong>de</strong> détresse (Rm 1.23-32).L’amour mensonger empêche <strong>la</strong> joie du don totalAdam et Ève ont tous les <strong>de</strong>ux péché contre l’amour. Ilsont été trompés par un amour mensonger. Combien <strong>de</strong> chosesont lieu aujourd’hui au nom <strong>de</strong> l’amour, et ne sont en faitque <strong>de</strong>struction et meurtre <strong>de</strong> l’âme!L’amour véritable désire que Dieu rayonne à travers lebien-aimé. Dieu reste celui par lequel on mesure l’amour etl’objet final <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> l’amour. Mais l’être humain,dans son amour mensonger envers son (sa) bien-aimé(e), s’estdétourné <strong>de</strong> ce qu’il y a d’excellent et il est <strong>de</strong>venu impossibleà Dieu <strong>de</strong> s’exprimer à travers le (<strong>la</strong>) bien-aimé(e) 11 .10. Dietrich BONHOEFFER, Éthique, Genève, Labor et Fi<strong>de</strong>s, 1965, p. 3.11. Der Mensch als Bild, p. 58


42 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéNous <strong>de</strong>vrions considérer ce<strong>la</strong> comme un sérieux avertissement,que nous soyons mariés ou que nous ayons l’intention<strong>de</strong> le <strong>de</strong>venir. Dieu seul doit avoir <strong>la</strong> première p<strong>la</strong>ce dansnos vies, pas notre partenaire, ni nos enfants. Dans notremariage, ma femme et moi avons appris que, lorsque Dieun’a pas <strong>la</strong> toute première p<strong>la</strong>ce dans notre re<strong>la</strong>tion et quenous ne nous tournons pas vers lui pour être guidés dans lesplus petites choses, alors nous nous éloignons rapi<strong>de</strong>mentl’un <strong>de</strong> l’autre. Ceci affecte aussi nos enfants (bien qu’ils n’ensoient pas conscients); ce<strong>la</strong> les rend désobéissants et querelleurs.J’ai vu <strong>la</strong> même chose se produire dans <strong>de</strong> nombreusesfamilles: lorsqu’un couple se sépare peu à peu, les enfantsagissent en fonction <strong>de</strong> leurs insécurités. Il en est pour nouscomme pour <strong>de</strong> nombreux autres couples: dès lors que mafemme et moi-même nous sommes à nouveau tournés versDieu et avons cherché à reconstruire notre re<strong>la</strong>tion, nosenfants ont réagi positivement.Lorsque nous faisons <strong>de</strong> notre partenaire ou <strong>de</strong> nosenfants <strong>de</strong>s idoles, notre amour <strong>de</strong>vient mensonger. Nous nepouvons pas parler librement <strong>de</strong> nos défauts ou <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>nos proches. Comme Adam, nous n’aimons plus vraimentDieu, ou alors nous ne voyons plus son visage. Nous voyonsseulement celui <strong>de</strong> notre épouse ou ceux <strong>de</strong> nos enfants. Aulieu d’abor<strong>de</strong>r les problèmes <strong>de</strong> front, nous les passons soussilence. En agissant <strong>de</strong> cette façon, nous perdons le contactavec Dieu, et l’un avec l’autre. Pire, nous ouvrons <strong>la</strong> porte aumal, spécialement dans le domaine sexuel, ainsi qu’à <strong>la</strong> mortet à l’isolement intérieurs. Adam et Ève ont perdu leur innocenceparce qu’ils ont perdu leur unité avec Dieu. Et dans levi<strong>de</strong> terrible qui a suivi, l’homme a blâmé <strong>la</strong> femme et a cherchéà <strong>la</strong> dominer, et <strong>la</strong> femme, pleine <strong>de</strong> ressentiment enversl’homme, a blâmé Satan. Toute unité était détruite, l’hommeet <strong>la</strong> femme sont <strong>de</strong>venus rivaux, et ils n’ont plus jamais étéun (Gn 3.7-19).


<strong>Le</strong> péché premier 43Lorsque nos mariages sont séparés <strong>de</strong> Dieu, <strong>la</strong> rivalitéprend rapi<strong>de</strong>ment racine et c’est l’égoïsme qui nous dirige.En étant le concurrent <strong>de</strong> notre partenaire pour faire <strong>la</strong> loi,nous nous efforçons <strong>de</strong> créer notre propre petit paradis, à nosconditions, et nous sombrons rapi<strong>de</strong>ment dans le vi<strong>de</strong> et unmécontentement profond. Notre lien intérieur est détruit etnous restons attachés à l’autre uniquement parce que nousnous en sommes entichés. Nous nous blâmons constammentl’un l’autre et cherchons notre propre avantage ainsi quenotre indépendance. La joie du don total s’est enfuie et il nereste que le fléau du manque d’enthousiasme.Une volonté d’indépendance et le désir <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r, voilàl’ennemi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie en Dieu. Comme l’a écrit mon grand-pèreEberhard Arnold 12 , cette volonté c’est « l’esprit mercantile <strong>de</strong>Mamon, l’esprit légaliste <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions basées sur <strong>la</strong> propriété,<strong>la</strong> séparation du désir sexuel <strong>de</strong> l’âme, ainsi que <strong>de</strong> l’unité et<strong>la</strong> communion d’esprit […] tout ceci, c’est <strong>la</strong> mort; il n’y aplus <strong>de</strong> lien avec <strong>la</strong> vie » 13 .Tout ce qui s’oppose à <strong>la</strong> vie et à l’amour relève du mal etnous ne <strong>de</strong>vrions jamais sous-estimer sa puissance. <strong>Le</strong> péchéconduit toujours à <strong>la</strong> séparation et le sa<strong>la</strong>ire du péché reste <strong>la</strong>mort (Rm 6.3). <strong>Le</strong> fruit amer du péché d’orgueil, c’est êtrealiéné et séparé <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> notre vrai moi, <strong>de</strong>s autres et <strong>de</strong> <strong>la</strong>terre. Satan et le péché brisent nos re<strong>la</strong>tions les plus fondamentales.Depuis les temps anciens, les chrétiens ont dépeint Satancomme une créature ayant <strong>de</strong>s pieds fourchus et <strong>de</strong>s cornes.Une telle notion n’a aucun fon<strong>de</strong>ment biblique. Satan et sesdémons entourent <strong>la</strong> terre en tant que force du mal, commeune atmosphère (Ep 2.1-2; 6.12). Son unique objectif est12. Eberhard ARNOLD (1883-1935), écrivain, théologien et co-fondateur (avecson épouse Emmy) <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté du Bru<strong>de</strong>rhof.13. Eberhard ARNOLD, Love and Marriage in the Spirit, Rifton, <strong>Plough</strong>, 1965,p. 152.


44 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéd’aveugler les hommes en jouant <strong>de</strong> leur intérêt propre et <strong>de</strong>leur égoïsme: « Vous serez comme Dieu ». Et au lieu <strong>de</strong> choisir<strong>la</strong> simple obéissance, nous préférons <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> tentation.Comme Adam et Ève, nous sommes tous aliénés etdivisés par notre péché<strong>Le</strong> premier péché d’Adam et Ève symbolise <strong>la</strong> chute <strong>de</strong>chacun <strong>de</strong> nous. Nous ne pouvons ignorer que l’image originelle<strong>de</strong> Dieu en nous a été terriblement déformée. Au lieu <strong>de</strong>nous satisfaire <strong>de</strong> refléter l’image <strong>de</strong> Dieu, nous nous efforçonsd’être son égal. Nos plus gran<strong>de</strong>s qualités, nous lesavons retournées contre <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu. Dans <strong>la</strong> « liberté »<strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, nous ne sommes plus concernés par Dieu, nipar son image originelle. Nous sommes séparés <strong>de</strong> lui, etnous n’avons d’intérêt que pour les affaires <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>.Nous sommes brouillés avec nous-mêmes et piégés par <strong>la</strong>culpabilité <strong>de</strong> notre propre division.Ainsi, coupés <strong>de</strong> Dieu, nous nous p<strong>la</strong>çons nous-mêmes aucentre <strong>de</strong> l’univers et essayons <strong>de</strong> trouver <strong>la</strong> paix dans les possessionset le p<strong>la</strong>isir. Mais ces idoles nous <strong>la</strong>issent troublés,dans l’anxiété et l’angoisse. Vient alors le moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièrequestion pleine <strong>de</strong> méfiance: « Pourquoi? », puis <strong>de</strong> <strong>la</strong>secon<strong>de</strong>: « Dieu est-il vraiment présent? ». Nous commençonsà douter <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l’Esprit et <strong>de</strong>mandons:« Pourquoi est-ce si dur pour moi? », et « Pourquoi moi? ».De telles questions entament notre confiance non seulementen Dieu, mais l’un envers l’autre et, lorsque nous nousles posons, nous ne sommes pas loin <strong>de</strong> pécher. La confiancetotale permet <strong>de</strong> prendre <strong>la</strong> main que Dieu nous tend etd’aller dans <strong>la</strong> direction où il nous conduit. Même si le cheminpasse par l’obscurité ou <strong>la</strong> souffrance, par <strong>de</strong>s difficultés,par <strong>de</strong>s obstacles ou <strong>de</strong>s déserts, <strong>la</strong> confiance nous permettra


<strong>Le</strong> péché premier 45<strong>de</strong> continuer. Si nous saisissons <strong>la</strong> main <strong>de</strong> Dieu, rien ne peutnous arriver. Mais dès que nous « lâchons » Dieu et le mettonsen cause, nous commençons à désespérer. Voilà le défipermanent auquel nous sommes confrontés: nous accrocherà Dieu.Jésus a dû endurer toute <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong>s souffrances humaines.Rien ne lui a été épargné: ni <strong>la</strong> faim, ni <strong>la</strong> soif, ni <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>,ni le supplice. Mais il n’a pas cherché à y échapper. Ilest près <strong>de</strong> nous, toujours prêt à nous ai<strong>de</strong>r, à nous donner <strong>la</strong>force <strong>de</strong> vaincre (He 2.14-18). Même les tentations les plussataniques, les heures d’obscurité les plus terribles, sont vaincuespar ces paroles <strong>de</strong> Jésus: « Tu adoreras le Seigneur tonDieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte » (Mt 4.10).Voilà le secret. Là, Satan perd tout pouvoir sur nous et lepéché premier ne nous lie plus.


CHAPITRE 5Restaurer l’image <strong>de</strong> Dieu<strong>Le</strong> Seigneur, c’est l’Esprit, et là où est l’Esprit duSeigneur, là règne <strong>la</strong> liberté. Et nous tous qui, le visagedécouvert, contemplons, comme dans un miroir, <strong>la</strong> gloiredu Seigneur, nous sommes transformés en son imagedans une gloire dont l’éc<strong>la</strong>t ne cesse <strong>de</strong> grandir. C’est làl’œuvre du Seigneur, c’est-à-dire <strong>de</strong> l’Esprit. Ainsi, celuiqui est uni au Christ est une nouvelle créature: ce qui estancien a disparu, voici: ce qui est nouveau est déjà là.2 Corinthiens 3.17-18; 5.17Notre re<strong>la</strong>tion à Dieu est plus forte que toute autre re<strong>la</strong>tionhumaine. Toutes les autres en sont simplement <strong>de</strong>s symboles.En tout premier lieu, nous sommes <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> Dieu etnous <strong>de</strong>vons encore et toujours respecter hautement ce fait.<strong>Le</strong> plus grand espoir pour celui qui cherche, ainsi quepour toute re<strong>la</strong>tion ou tout mariage, c’est <strong>de</strong> reconnaître que,bien que nous ayons déformé cette image et soyons séparés<strong>de</strong> Dieu, nous <strong>la</strong> reflétons encore faiblement. Malgré notrecorruption, Dieu ne veut pas que nous perdions notre <strong>de</strong>stinée<strong>de</strong> créatures faites à son image. C’est pourquoi il aenvoyé son Fils Jésus, le second Adam, afin qu’il vienne ennos cœurs. Par Jésus, l’image <strong>de</strong> Dieu peut être rétablie enchaque homme et en chaque femme, et dans chaque re<strong>la</strong>tion.


Restaurer l’image <strong>de</strong> Dieu 47Jésus ouvre le chemin vers Dieu et nous donne accèsles uns aux autresJésus est le réconciliateur: il est venu nous réconcilier avecDieu et avec les autres et nous ai<strong>de</strong>r à vaincre toute discor<strong>de</strong>intérieure dans nos vies (Ep 2.11-19). Lorsque nous sommesdécouragés ou déprimés, nous <strong>de</strong>vons – plus que jamais –chercher Dieu. C’est une promesse. Jérémie dit: « Vous voustournerez vers moi et vous me trouverez lorsque vous voustournerez vers moi <strong>de</strong> tout votre cœur » (Jr 29.13). Et dansles évangiles, nous trouvons ces paroles merveilleuses: « Carcelui qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> reçoit; celui qui cherche trouve; et l’onouvre à celui qui frappe » (Lc 11.10). Ces paroles sont vraiesaujourd’hui et si nous les prenons au sérieux, Dieu viendravivre en nos cœurs.<strong>Le</strong> chemin vers Dieu est ouvert à chacun. Aucun êtrehumain n’est exclu <strong>de</strong> ce don, parce que Jésus s’est faithomme. Dieu l’a envoyé pour restaurer en nous son image.Par lui, nous avons accès au Père. Ceci se produit uniquementsi l’expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte – l’expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong>repentance personnelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> conversion et <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi – <strong>de</strong>vientpour nous une brû<strong>la</strong>nte réalité.<strong>Le</strong> miracle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte, quand l’Esprit <strong>de</strong>scendit surterre avec puissance et amour, peut se produire n’importe oùdans le mon<strong>de</strong>, à n’importe quel moment. Il a lieu partout oùles gens s’écrient: « Frères, que <strong>de</strong>vons-nous faire? » et partoutoù ils sont prêts à entendre <strong>la</strong> réponse sécu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Pierre:« Changez, et que chacun <strong>de</strong> vous se fasse baptiser au nom <strong>de</strong>Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés.Alors vous recevrez le don du Saint-Esprit… Recevez le salut,séparez-vous <strong>de</strong> cette génération dévoyée » (Ac 2.37-40).


48 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéLa liberté vient <strong>de</strong> <strong>la</strong> soumission, elle ne vient pas <strong>de</strong>sforces humainesNous trouvons pardon et salut uniquement à <strong>la</strong> croix. À <strong>la</strong>croix, nous passons par <strong>la</strong> mort. Cette mort nous libère <strong>de</strong>tout ce qui faisait obstacle à notre re<strong>la</strong>tion avec Dieu et avecles autres, et renouvelle ces re<strong>la</strong>tions. En abandonnant lepéché et le mal dont nous étions esc<strong>la</strong>ves, nous trouvons enJésus <strong>la</strong> liberté. Nous ne pouvons pas nous sauver nousmêmes,ni nous améliorer par nos propres forces. En fin <strong>de</strong>compte, tout ce que nous pouvons faire, c’est nous soumettreentièrement à Jésus et son amour, pour que notre vie ne nousappartienne plus, mais lui appartienne.Mon père, J. Heinrich Arnold, écrit:Si nous voulons guérir les blessures causées par les tourset les flèches <strong>de</strong> Satan […] nous <strong>de</strong>vons avoir une confianceabsolue en Jésus, égale à celle que lui-même avait en Dieu.En définitive, tout ce que nous avons, c’est notre péché.Mais nous <strong>de</strong>vons le déposer <strong>de</strong>vant lui avec confiance.Alors, il nous pardonnera, nous purifiera et nous donnera <strong>la</strong>paix du cœur; et tout ce<strong>la</strong> conduit à un amour in<strong>de</strong>scriptible14 .Que veut dire « déposer notre péché <strong>de</strong>vant lui avecconfiance »? La liberté et <strong>la</strong> réconciliation ne sont possiblesque si nous confessons ce dont notre conscience nous accuse.<strong>Le</strong> péché se développe dans l’obscurité et tient à y rester.Mais lorsque – comme le montre l’histoire <strong>de</strong> Darlène, une<strong>de</strong> nos connaissances – nous mettons en lumière le péché quinous accable et le reconnaissons sans réserve, nous sommespurifiés et libérés:14. J. Heinrich ARNOLD, Discipleship, Farmington, <strong>Plough</strong>, 1994, p. 42.


Restaurer l’image <strong>de</strong> Dieu 49Dès <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> troisième, j’avais choisi mon « futurmari ». Je passais <strong>de</strong> nombreuses heures à écrire à son sujetdans mon journal, rêvant <strong>de</strong> lui et observant sa maison dansl’espoir <strong>de</strong> l’apercevoir à travers une fenêtre. Plusieurs annéesplus tard, il épousa quelqu’un d’autre et mon mon<strong>de</strong> imaginaires’écrou<strong>la</strong>.Pendant mes années <strong>de</strong> lycée, j’essayais <strong>de</strong> faire partie <strong>de</strong>s« gens branchés », étant très attentive à ce que je disais, faisaisou portais. Jusqu’à l’obtention <strong>de</strong> mon diplôme, j’avais flirtéavec un nombre incalcu<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> garçons, et bien que je mesentisse coupable à cet égard à cause <strong>de</strong> mon éducation, jechoisissais tout simplement <strong>de</strong> l’ignorer. J’étouffais les protestations<strong>de</strong> ma conscience et arrivais à me convaincre queje pouvais gérer n’importe quelle situation.Après le lycée, je suis partie en Israël, pour passer un andans un kibboutz. Au début, j’étais choquée par les fêtes continuelleset <strong>la</strong> préoccupation constante <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> là-basconcernant le sexe, mais bientôt, je traînais dans les chambres<strong>de</strong>s garçons, et j’al<strong>la</strong>is à <strong>de</strong>s fêtes discos ou d’autres bien arrosées,comme n’importe quel autre jeune. Je me disais que jepourrais sortir <strong>de</strong> cette situation n’importe quand, et au fil<strong>de</strong>s semaines, je me suis <strong>la</strong>issée entraîner dans une re<strong>la</strong>tionavec un garçon qui affirmait m’aimer vraiment. Je vou<strong>la</strong>is tellementle croire que je lui cédais, tout en sachant qu’il était leDon Juan du kibboutz. Je me sentais <strong>de</strong> plus en plus coupable.Je voyais bien que je faisais exactement ce à quoi j’avaisaffirmé être assez forte pour résister. Lorsque je l’ai vu quelquesnuits plus tard avec une autre fille, je me suis affolée.Je suis retournée chez moi et pendant les <strong>de</strong>ux années suivantes,j’ai pensé avoir surmonté mon problème. Mais c’étaitfaux. Je suis retombée dans ce piège.Un homme me promettait un avenir merveilleux. Il medisait constamment combien il m’aimait et combien j’étaisbelle. Je vou<strong>la</strong>is désespérément le croire. Bien vite, nous avonscommencé à nous tenir par <strong>la</strong> main, à nous tenir en<strong>la</strong>cés, ànous embrasser, à nous toucher, une chose en entraînant uneautre. Comme il m’en <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> plus en plus, je refou<strong>la</strong>is


50 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretétous les sentiments <strong>de</strong> profon<strong>de</strong> culpabilité et d’horreur quim’accab<strong>la</strong>ient. Lorsqu’il a voulu <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuelles, j’aicédé. J’ai choisi <strong>de</strong> tomber encore plus profondément dans lepéché plutôt que d’affronter le gâchis total dans lequel je metrouvais. J’ai voulu partir pour vivre avec lui et j’ai promis <strong>de</strong>l’aimer et <strong>de</strong> lui être loyale, même lorsqu’il a menacé <strong>de</strong> metuer si je par<strong>la</strong>is à quiconque <strong>de</strong> notre re<strong>la</strong>tion. <strong>Le</strong> jour suivant,il a disparu et je ne l’ai jamais revu.Très déprimée, j’ai alors songé à me suici<strong>de</strong>r. J’avais constamment<strong>de</strong>s maux <strong>de</strong> tête et d’estomac. Je pensais que j’al<strong>la</strong>is<strong>de</strong>venir folle. J’étais obsédée par le sexe. Je ne voyais pas commentcontinuer sans un homme pour « m’aimer ». Je passaisd’un garçon à un autre; <strong>de</strong>ux d’entre eux étaient d’ailleursfiancés à d’autres filles. Mon désespoir augmentait et je pleuraisen secret pendant <strong>de</strong>s heures. À travers tout ce<strong>la</strong>, et malgrémon impression d’être une prostituée, j’essayais <strong>de</strong>montrer à ma famille une image heureuse et sereine.Cette double vie ne pouvait pas toujours durer et je fus unjour prise en train <strong>de</strong> mentir. J’ai alors réalisé que Dieu medonnait une autre chance. Je n’aurais peut-être jamais plusune telle occasion <strong>de</strong> me libérer <strong>de</strong> mon péché. J’ai alorsrenoncé à mes mensonges et, me tournant vers mes parents,leur ai tout avoué. <strong>Le</strong> diable n’était pas pressé <strong>de</strong> me <strong>la</strong>isserpartir, il me tourmentait dans mon sommeil; mais l’amour <strong>de</strong>Dieu <strong>de</strong>vint très réel pour moi dans les semaines et les moisqui suivirent. Ma famille et mon Église priaient constammentpour moi et me montraient leur amour; ils n’avaient jamaisperdu espoir à mon sujet. Je crois que <strong>la</strong> prière a éloigné bonnombre d’esprits mauvais qui semb<strong>la</strong>ient souvent rô<strong>de</strong>rautour <strong>de</strong> moi, spécialement pendant ces premières semaines.Après <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> bataille âprement disputée, je fus finalementlibérée <strong>de</strong> mon esc<strong>la</strong>vage du mal. Puis vint le momentinoubliable où le pardon <strong>de</strong> mes péchés fut proc<strong>la</strong>mé au nom<strong>de</strong> Dieu par mon pasteur. La force et <strong>la</strong> joie <strong>de</strong> ce momentn’eurent pas <strong>de</strong> limites.


Restaurer l’image <strong>de</strong> Dieu 51Quand nous sommes écrasés par le péché, c’est un donprécieux <strong>de</strong> trouver quelqu’un à qui en parler. Ouvrir soncœur à une autre personne, c’est comme ouvrir une vannedans une digue – l’eau s’engouffre et <strong>la</strong> pression disparaît. Si<strong>la</strong> confession est honnête et vient du cœur, elle apporte unprofond sentiment <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>gement, car c’est un premier pasvers le pardon. Mais finalement, il nous faut nous tenir<strong>de</strong>vant Dieu. Nous ne pouvons pas nous enfuir ou nouscacher, comme Adam et Ève ont essayé <strong>de</strong> le faire après avoirdésobéi. Si nous choisissons <strong>de</strong> nous tenir <strong>de</strong>vant lui dans <strong>la</strong>lumière <strong>de</strong> son Fils Jésus, il effacera notre culpabilité.Tout comme Dieu a donné au premier homme et à <strong>la</strong> premièrefemme paix et joie dans le jardin d’É<strong>de</strong>n, il donne àchaque croyant cette tâche: travailler à l’établissement <strong>de</strong>l’ordre nouveau <strong>de</strong> son royaume <strong>de</strong> paix. Pour l’accomplir,nous <strong>de</strong>vons joyeusement accepter sa direction dans nos vies,et suivre entièrement le chemin qui fut celui <strong>de</strong> Jésus: commencerpar l’étable <strong>de</strong> Bethléem et finir par <strong>la</strong> croix à Golgotha.C’est une marche très lente et humble. Mais c’est le seulchemin qui mène vers <strong>la</strong> pleine lumière et l’espérance.Il n’y a que Jésus qui puisse pardonner et enlever nospéchés, car lui seul est libre <strong>de</strong> toute souillure. Il peut remuernos consciences et les libérer <strong>de</strong> toute impureté, amertumeou discor<strong>de</strong> (He 9.14). Si nous acceptons ce que nous ditnotre conscience, ainsi que le jugement et <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu,peu importe combien nous avons été pécheurs et corrompus.En Christ, cette conscience qui était notre ennemie, <strong>de</strong>vientnotre amie.<strong>Le</strong> pardon a le pouvoir <strong>de</strong> transformer nos vies<strong>Le</strong> pardon que Jésus offre est si puissant qu’il va complètementchanger <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui l’accepte. Tout cequi nous fait peur et nous isole, tout ce qui est impur et trom-


52 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretépeur, cé<strong>de</strong>ra si nous nous donnons à lui. Tout ce qui est élevésera abaissé, et tout ce qui est abaissé sera élevé. Ce changementcommence au cœur même <strong>de</strong> notre être, et ainsi, notrevie, à <strong>la</strong> fois intérieure et extérieure, sera transformée, y compristoutes nos re<strong>la</strong>tions.Qu’une personne ait été transformée <strong>de</strong> cette façon, ouqu’elle ne l’ait pas été, se remarque particulièrement aumoment <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort. Ceux qui se sont trouvés au chevet d’unmourant savent l’importance, ô combien extrême et ultime<strong>de</strong> par sa signification, <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion personnelle avec Dieu.Ils savent qu’à <strong>la</strong> fin, lors du <strong>de</strong>rnier souffle, ce lien est <strong>la</strong>seule chose qui compte.Chacun doit se préparer à rencontrer Dieu, c’est l’œuvre<strong>de</strong> toute une vie. Jésus nous montre comment le fairelorsqu’il dit: « Vraiment, je vous l’assure: chaque fois quevous avez fait ce<strong>la</strong> au moindre <strong>de</strong> mes frères que voici, c’est àmoi-même que vous l’avez fait ». Il nous dit également:« Heureux ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres,car le royaume <strong>de</strong>s cieux leur appartient ». J’ai personnellementfait l’expérience au chevet <strong>de</strong> mourants que, lorsquequelqu’un a vécu pour les autres, comme Jésus l’a fait, Dieuest très proche <strong>de</strong> lui dans ses <strong>de</strong>rniers moments. J’ai égalementvu à l’heure <strong>de</strong> leur mort le tourment <strong>de</strong> ceux quiavaient vécu dans le péché et dans l’égoïsme.Tous, mariés ou célibataires, nous avons besoin <strong>de</strong> nousaccrocher plus fortement aux paroles éternelles <strong>de</strong> guérison<strong>de</strong> Jésus: « Et voici: je suis moi-même avec vous chaque jour,jusqu’à <strong>la</strong> fin du mon<strong>de</strong> » (Mt 28.20). En Jésus sont <strong>la</strong> vie,l’amour et <strong>la</strong> lumière. En lui, nos vies et nos re<strong>la</strong>tions peuventêtre purifiées <strong>de</strong> tout ce qui nous accable et s’oppose àl’amour, et l’image <strong>de</strong> Dieu en nous peut être restaurée.


CHAPITRE 6La sexualité et le domaine<strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualité 15En effet, tout ce que Dieu a créé est bon, rien n’est àrejeter, pourvu que l’on remercie Dieu en le prenant. Cartout ce qu’il a créé est saint lorsqu’on l’utiliseconformément à sa Parole et avec prière.1 Timothée 4.4-5La Bible parle du cœur comme étant le centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieintérieure <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. C’est le cœur qui prend les décisionset donne <strong>la</strong> direction, c’est lui qui indique quel espritnous allons suivre (Jr 17.10). Mais nous sommes <strong>de</strong>s êtressensuels, c’est ainsi que Dieu nous a créés. Tout ce que nouspercevons avec nos sens entre dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualité,y compris l’attirance sexuelle. <strong>Le</strong> parfum d’une fleur, <strong>la</strong>chaleur du soleil ou le premier sourire d’un bébé nous donnent<strong>de</strong> <strong>la</strong> joie. En nous dotant <strong>de</strong> sens, Dieu nous a fait undon magnifique, et si nous nous en servons pour le louer etl’honorer, ils nous apporteront beaucoup <strong>de</strong> bonheur.15. Pour les chap. 6 et 7, l’auteur s’est inspiré du philosophe catholique Dietrichvon HILDEBRAND (1889-1977) et plus particulièrement <strong>de</strong> son livre Purity:The Mystery of Christian Sexuality, Steubenville, Franciscan UniversityPress, 1989.


54 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéCependant, tout comme le domaine <strong>de</strong> l’expérience sensuellepeut nous rapprocher <strong>de</strong> Dieu, il peut aussi nous égareret nous conduire à l’obscurité satanique. Nous allons bientrop souvent vers le superficiel et nous nous privons <strong>de</strong> <strong>la</strong>force et <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> ce que Dieu autrement pourraitnous donner. Trop souvent, en nous accrochant à ce quenous vivons par nos sens, nous oublions Dieu et nous nousprivons <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> vivre toute l’étendue <strong>de</strong> sa volontéà notre égard.La joie durable ne se trouve pas dans nos sens, mais enDieuRejeter les sens, qui font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, c’est rejeter Dieuet son œuvre (1 Tm 4.1-3). L’Esprit ne veut pas que nousrejetions le corps ou ses capacités émotionnelles. Maisn’oublions pas que Satan cherche à attaquer tout ce qui estbon; il est manipu<strong>la</strong>teur et il cherche constamment à noustromper, spécialement dans ce domaine.Il est généralement admis que l’âme est reliée à Dieu parl’esprit, mais elle est rattachée au physique par le corps. <strong>Le</strong>physique n’est pas le véritable ennemi <strong>de</strong> l’esprit, et il ne doitjamais être méprisé. L’ennemi véritable, c’est Satan quiessaye constamment d’attaquer l’âme humaine et <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparer<strong>de</strong> Dieu. La volonté <strong>de</strong> Dieu est que chaque partie <strong>de</strong> cequi fait <strong>la</strong> vie – l’esprit, l’âme et le corps – soit sous son contrôleet à son service (1 Co 10.31).<strong>Le</strong> domaine <strong>de</strong>s sens n’est pas mauvais en soi. Après tout,tout ce que nous faisons, que ce soit marcher ou dormir, est,à un certain niveau, une expérience <strong>de</strong>s sens. Mais parce quenous ne sommes pas <strong>de</strong> simples animaux, parce que noussommes faits à l’image <strong>de</strong> Dieu, on attend beaucoup plus <strong>de</strong>notre part.


La sexualité et le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualité 55Lorsque <strong>de</strong>ux personnes tombent amoureuses l’une <strong>de</strong>l’autre, au départ leur joie vient du domaine sensuel: ils seregar<strong>de</strong>nt les yeux dans les yeux, ils s’écoutent parler, ilsaiment se tenir par <strong>la</strong> main, sentir <strong>la</strong> chaleur et <strong>la</strong> proximité <strong>de</strong>l’autre. Bien sûr, ce<strong>la</strong> va au-<strong>de</strong>là du fait <strong>de</strong> voir, entendre ousentir, mais tout débute réellement par cette expérience <strong>de</strong>ssens.Cependant, l’amour humain ne reste jamais à ce niveau, ilva beaucoup plus loin. Lorsque le côté sensuel <strong>de</strong>vient un buten soi, tout semble éphémère et temporaire, et nous sommespoussés à chercher <strong>la</strong> satisfaction dans <strong>de</strong>s expériences d’uneintensité <strong>de</strong> plus en plus forte (Ep 4.17-19). Dépenser notreénergie à intoxiquer nos sens épuise et ruine rapi<strong>de</strong>mentnotre capacité à puiser à <strong>la</strong> force essentielle <strong>de</strong> vie. Et nousperdons également notre capacité à vivre <strong>de</strong>s expériencesintérieures plus profon<strong>de</strong>s. Un homme <strong>de</strong> notre communauté,marié <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> trente ans, m’a dit:Lorsque ma femme et moi nous nous sommes mariés, jevou<strong>la</strong>is toujours qu’elle s’habille <strong>de</strong> façon élégante et sexy.C’était alors l’apogée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mini-jupe et je trouvais qu’elleavait beaucoup d’allure ainsi vêtue. Je ne voyais pas le tortcausé par cette attitu<strong>de</strong>, à elle, aux autres hommes et à moimême.En fait, j’encourageais les regards <strong>de</strong> convoitise, ceque Jésus avait c<strong>la</strong>irement dénoncé. C’est seulement plustard, lorsque ma femme et moi l’avons réalisé, que nouspûmes nous libérer <strong>de</strong> l’attention malsaine que nous portionsà l’apparence physique <strong>de</strong> l’autre, et nous avons progressévers une re<strong>la</strong>tion plus authentique.Si nous ne nous soumettons pas respectueusement à Dieu(y compris dans le domaine <strong>de</strong>s sens), nous ne pourronsexpérimenter pleinement les choses <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. J’ai vu àmaintes reprises combien les personnes qui mettent l’accentsur <strong>la</strong> gratification <strong>de</strong>s sens finissent par avoir <strong>de</strong>s vies sans


56 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéobjet et superficielles. Lorsque ce sont nos sens qui comman<strong>de</strong>nt,nous nous retrouvons frustrés et troublés. Mais en Dieunous pouvons faire l’expérience <strong>de</strong> l’éternel à travers les sens.En lui nous pouvons satisfaire les attentes les plus profon<strong>de</strong>s<strong>de</strong> notre cœur pour ce qui est authentique et durable.Si nous soumettons notre sexualité à Dieu, elle<strong>de</strong>vient un donEn tant que don <strong>de</strong> Dieu, <strong>la</strong> sensualité est un mystère;sans Dieu, elle perd son mystère et n’est plus sacrée. Ceci estparticulièrement vrai dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité. La viesexuelle est en elle-même synonyme <strong>de</strong> profon<strong>de</strong> intimité,intimité que nous cachons instinctivement aux autres. Lasexualité est le jardin secret <strong>de</strong> chacun, quelque chose quiaffecte et exprime ce qu’il y a au plus profond <strong>de</strong> notre être.Toute révé<strong>la</strong>tion dans ce domaine dévoile un peu <strong>de</strong> ce quiappartient à l’intime et au personnel et introduit une autrepersonne dans ce domaine secret. C’est pourquoi le domainesexuel – bien qu’il soit l’un <strong>de</strong>s plus grands dons <strong>de</strong> Dieu –est aussi celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> honte. Nous avons honte <strong>de</strong> dévoilernotre jardin secret <strong>de</strong>vant les autres. Il y a une raison à ce<strong>la</strong>:tout comme Adam et Ève avaient honte <strong>de</strong> leur nudité <strong>de</strong>vantDieu parce qu’ils savaient qu’ils avaient péché, nous savonstous que nous sommes pécheurs par nature. <strong>Le</strong> reconnaîtren’est pas signe d’une perturbation mentale malsaine, commel’affirment <strong>de</strong> nombreux psychologues. C’est une réponseinstinctive pour protéger ce qui est saint et qui nous a étédonné par Dieu, et ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vrait conduire chacun à <strong>la</strong> repentance.L’union sexuelle doit être l’expression et l’accomplissementd’un amour durable et sacré. Elle représente l’abandonsuprême à une autre personne, parce qu’elle implique <strong>la</strong>révé<strong>la</strong>tion mutuelle du jardin secret le plus intime <strong>de</strong> chaque


La sexualité et le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualité 57partenaire. C’est pourquoi s’engager dans une activitésexuelle <strong>de</strong> quelque nature que ce soit, sans être unis par lelien du mariage, est une profanation. La pratique répandue<strong>de</strong> « l’expérimentation » <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuelles pré-maritales,même avec le partenaire que l’on a l’intention d’épouser,n’en est pas moins terrible, et elle peut gravement compromettrele futur mariage. <strong>Le</strong> voile <strong>de</strong> l’intimité entre unhomme et une femme ne doit pas être enlevé sans <strong>la</strong> bénédiction<strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> l’Église dans le mariage (He 13.4).Et même dans le mariage, le domaine <strong>de</strong> l’intimité sexuelledoit être soumis au Christ, si l’on veut qu’il donne <strong>de</strong> bonsfruits. <strong>Le</strong> contraste entre un mariage où le Christ est au centreet un autre où l’on se focalise sur le côté charnel est parfaitementdépeint par l’apôtre Paul dans sa lettre auxGa<strong>la</strong>tes:Tout le mon<strong>de</strong> voit bien ce qui procè<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’homme livréà lui-même: l’immoralité, les pratiques dégradantes et <strong>la</strong>débauche, l’adoration <strong>de</strong>s idoles et <strong>la</strong> magie, les haines, lesquerelles, <strong>la</strong> jalousie, les accès <strong>de</strong> colère, les rivalités, les dissensions,les divisions, l’envie, l’ivrognerie, les orgies etautres choses <strong>de</strong> ce genre. Je ne puis que répéter ce que j’aidéjà déc<strong>la</strong>ré à ce sujet: ceux qui commettent <strong>de</strong> telles actionsn’auront aucune part à l’héritage du royaume <strong>de</strong> Dieu. Maisle fruit <strong>de</strong> l’Esprit c’est l’amour, <strong>la</strong> joie, <strong>la</strong> paix, <strong>la</strong> patience,l’amabilité, <strong>la</strong> bonté, <strong>la</strong> fidélité, <strong>la</strong> douceur, <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> soi.La Loi ne condamne certes pas <strong>de</strong> telles choses. Or, ceux quiappartiennent à Jésus-Christ ont crucifié l’homme livré à luimêmeavec ses passions et ses désirs (Ga 5.19-24).<strong>Le</strong>s gens qui considèrent <strong>la</strong> luxure <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manièreque <strong>la</strong> gloutonnerie, ne comprennent pas <strong>la</strong> signification dudomaine sexuel. Lorsque nous succombons aux tentations<strong>de</strong> <strong>la</strong> luxure ou <strong>de</strong> l’impureté sexuelle, nous sommes salisd’une façon bien différente que si nous avions succombé à <strong>la</strong>gloutonnerie, bien que cette <strong>de</strong>rnière aussi soit condamnée


58 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretépar Paul. La luxure et l’impureté nous blessent au plus profond<strong>de</strong> notre cœur et <strong>de</strong> notre être. Elles attaquent le cœurmême <strong>de</strong> l’âme jusqu’à <strong>la</strong> moelle. Si jamais nous tombonsdans l’impureté sexuelle, nous <strong>de</strong>venons <strong>la</strong> proie d’un maldémoniaque, et notre être tout entier est corrompu. C’estalors uniquement par <strong>la</strong> repentance et <strong>la</strong> conversion que nouspouvons être libérés.<strong>Le</strong> contraire <strong>de</strong> l’impureté n’est pas le légalismeCependant, le contraire <strong>de</strong> l’impureté ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualitén’est pas <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>rie, le moralisme ou <strong>la</strong> fausse piété. Jésusnous met sérieusement en gar<strong>de</strong> contre ces choses (Mt23.25-28)! Dans tout ce dont nous faisons l’expérience parnos sens, notre joie doit être authentique et libre. Pascal dit:« <strong>Le</strong>s passions sont toujours vivantes dans ceux qui y veulentrenoncer » (Pensées, 413). Lorsque <strong>la</strong> sensualité est répriméepar <strong>la</strong> contrainte morale plutôt que disciplinée <strong>de</strong> l’intérieur,elle se fraie <strong>de</strong> nouveaux chemins par l’infidélité et <strong>la</strong> perversité(Col 2.21-23).Dans notre époque corrompue et sans scrupule, il est <strong>de</strong>plus en plus difficile d’enseigner aux enfants un profond respect<strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> toute sa création. Nous <strong>de</strong>vons d’autantplus nous efforcer d’élever nos enfants <strong>de</strong> telle façon qu’ils<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes qui s’engagent à unevie <strong>de</strong> pureté, qu’ils choisissent ou non <strong>de</strong> se marier une foisadultes.Soyons attentifs à ce que nos enfants ne parlent pas <strong>de</strong>manière irrévérencieuse <strong>de</strong> tout ce qui a trait au domainesexuel. Cependant, dans le même temps, nous ne pouvonspas ignorer le sujet. Nous <strong>de</strong>vons plutôt leur enseigner à considérerces questions avec respect. Nous <strong>de</strong>vons les ai<strong>de</strong>r àcomprendre <strong>la</strong> signification et <strong>la</strong> sainteté <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité telleque Dieu l’a prévue, et les convaincre <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> gar-


La sexualité et le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualité 59<strong>de</strong>r leurs corps purs et vierges en vue du mariage. Ils doiventapprendre à ressentir, tout comme nous, que <strong>la</strong> sexualitétrouve son plus grand accomplissement, et donc procure lep<strong>la</strong>isir le plus grand, dans un mariage pur et saint.Dieu éprouve <strong>de</strong> <strong>la</strong> joie lorsqu’un couple <strong>de</strong> jeunes mariésfait l’expérience <strong>de</strong> l’union totale, d’abord d’esprit, puis <strong>de</strong>cœur à cœur, d’âme à âme, et ensuite <strong>de</strong>s corps. Lorsqu’unhomme et une femme se dévoilent sur le p<strong>la</strong>n sexuel dans lerespect <strong>de</strong> Dieu, en re<strong>la</strong>tion avec lui et dans l’unité qui vient<strong>de</strong> lui, cette union l’honore. Chaque couple doit s’efforcerd’atteindre ce profond respect, car « ceux qui ont le cœur purverront Dieu ».


CHAPITRE 7Ceux qui ont le cœur purHeureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu.Matthieu 5.8Mes amis, puisque nous possédons ce qui nous a étépromis en ces termes, purifions-nous <strong>de</strong> tout ce quicorrompt le corps et l’esprit, pour mener ainsi une viepleinement sainte en révérant Dieu.2 Corinthiens 7.1Søren Kierkegaard dit que <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong> cœur, c’est <strong>de</strong> vouloirune chose. Cette simple et unique chose, c’est Dieu et savolonté. Loin <strong>de</strong> Dieu, nos cœurs restent malheureusementdivisés. Qu’est-ce que l’impureté, alors? L’impureté, c’est <strong>la</strong>séparation d’avec Dieu. Dans le domaine sexuel, c’est lemauvais usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité, c’est ce qui se produitlorsqu’on utilise <strong>la</strong> sexualité d’une manière – quelle qu’ellesoit – interdite par Dieu.L’impureté ne nous pollue pas <strong>de</strong> l’extérieur. Elle ne peutpas être ôtée <strong>de</strong> l’extérieur par <strong>la</strong> volonté. Prenant sa sourcedans notre imagination, elle sort <strong>de</strong> l’intérieur <strong>de</strong> nouscomme une p<strong>la</strong>ie infectée (Mt 15.16-20). Un esprit impurn’est jamais satisfait, jamais comblé: il désire toujours volerquelque chose pour lui-même, et même s’il y parvient, il con-


Ceux qui ont le cœur pur 61voite encore davantage. L’impureté souille l’âme, corrompt <strong>la</strong>conscience, détruit <strong>la</strong> cohérence <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, et finit par mener à<strong>la</strong> mort spirituelle.Un cœur impur n’est jamais satisfait, ni libreÀ chaque fois que nous permettons à notre âme d’êtretouchée par l’impureté, nous ouvrons <strong>la</strong> porte à une forcedémoniaque qui est assez puissante pour contrôler chaquedomaine <strong>de</strong> notre vie, pas seulement le domaine sexuel.L’impureté peut prendre <strong>la</strong> forme d’une passion idolâtrepour les sports professionnels; ce peut être les effortsdéployés dans <strong>la</strong> recherche ar<strong>de</strong>nte du prestige ou pourl’acquisition du pouvoir sur les autres. Quel que soit ce quidirige notre vie, si ce n’est pas le Christ, nous vivons dansl’impureté.Dans le domaine sexuel, l’impureté c’est utiliser une autrepersonne dans le seul but <strong>de</strong> satisfaire son désir. C’est le caschaque fois qu’une personne commence à être intime sexuellementavec une autre, sans intention <strong>de</strong> forger <strong>de</strong> liens durables.La forme <strong>la</strong> plus absolue d’impureté, c’est lorsqu’ons’engage dans un rapport sexuel (ou tout autre acte sexuel)pour <strong>de</strong> l’argent. Celui qui agit ainsi « <strong>de</strong>vient comme uneprostituée » ainsi que le dit l’apôtre Paul, parce qu’il utilise lecorps <strong>de</strong> l’autre comme une chose, comme un moyend’auto-gratification. En agissant <strong>de</strong> cette manière, il commetun crime contre l’autre personne, mais aussi contre luimême:celui qui s’unit à une prostituée <strong>de</strong>vient meurtrier <strong>de</strong>sa propre vie (1 Co 6.15-20). Même dans le mariage, le sexepour le sexe, c’est <strong>la</strong> sexualité sans Dieu. Comme l’écrit vonHil<strong>de</strong>brand, <strong>la</strong> sexualité possè<strong>de</strong> une douceur empoisonnéequi paralyse et détruit.


62 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéCependant, ce serait une gran<strong>de</strong> erreur d’imaginer quel’opposé <strong>de</strong> l’impureté soit l’absence <strong>de</strong> sensibilité sexuelle.En réalité, le manque <strong>de</strong> conscience sexuelle ne constitue pasnécessairement un terrain propice pour <strong>la</strong> pureté. Celui quin’est pas sensible à <strong>la</strong> sexualité est véritablement une personneincomplète: il lui manque quelque chose, non seulementdans ses dispositions naturelles, mais également dans cequi donne <strong>de</strong> l’éc<strong>la</strong>t à tout son être.Ceux qui recherchent <strong>la</strong> pureté ne méprisent pas <strong>la</strong> sexualité.Ils sont simplement libres <strong>de</strong> toute pudibon<strong>de</strong>rie et <strong>de</strong>démonstrations hypocrites <strong>de</strong> dégoût. Mais ils conservent lerespect dû au mystère <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité, et s’en tiennent à distancerespectueuse jusqu’à ce que Dieu les autorise à s’enapprocher dans le mariage.Pour les chrétiens célibataires, <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s pulsionssexuelles n’est pas <strong>la</strong> réponse appropriée; c’est seulement ense soumettant entièrement au Christ qu’ils pourront trouver<strong>la</strong> pureté. Dans le mariage, <strong>de</strong>ux personnes confient l’une àl’autre <strong>la</strong> sainteté particulière du domaine sexuel. Cependant,dans le sens le plus profond, ce n’est pas eux qui se fontmutuellement ce don, mais Dieu, qui a fait <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>s êtressexués. C’est pourquoi, chaque fois que nous cédons à <strong>la</strong> tentation– même si c’est seulement en pensée – nous péchonscontre Dieu qui a créé <strong>la</strong> sexualité dans l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> saintetédu mariage.Dieu veut donner à chaque cœur une harmonie intérieureet une c<strong>la</strong>rté vitale. En ceci rési<strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté (Jc 4.8). Commel’écrit Eberhard Arnold:Si le cœur n’est pas c<strong>la</strong>ir et entier – « un » comme Jésus l’adécrit – alors il sera faible, mou et indolent, incapabled’accepter <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisionsimportantes et d’agir <strong>de</strong> manière ferme. C’est pourquoiJésus attachait <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> importance à l’unicité <strong>de</strong> cœur,<strong>la</strong> simplicité, l’unité, <strong>la</strong> solidarité et <strong>la</strong> fermeté. La pureté <strong>de</strong>cœur, ce n’est rien moins que l’intégrité absolue qui peut


Ceux qui ont le cœur pur 63vaincre les désirs qui affaiblissent et divisent. La fermetéd’un cœur résolu, c’est ce dont le cœur a besoin pour êtreréceptif, fidèle et droit, confiant, courageux, ferme et fort 16 .La clé <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté, c’est l’humilitéDans les Béatitu<strong>de</strong>s, Jésus bénit les purs et les doux <strong>de</strong>cœur; il dit qu’ils hériteront <strong>la</strong> terre et verront Dieu. Lapureté et <strong>la</strong> douceur sont liées, car elles viennent toutes les<strong>de</strong>ux d’une entière soumission à Dieu. En vérité, elles dépen<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> cette soumission. Mais <strong>la</strong> pureté et <strong>la</strong> douceur ne sontpas innées; il faut constamment se donner du mal pour lesatteindre. Cependant il y a peu <strong>de</strong> qualités <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>sefforts au chrétien qui soient aussi merveilleuses.La lutte contre l’impureté sexuelle n’est pas uniquementun problème pour les jeunes adultes. Pour <strong>de</strong> nombreusespersonnes, elle ne disparaît pas au fur et à mesure qu’ilsvieillissent et <strong>de</strong>viennent plus matures, mais reste une luttesérieuse leur vie durant. C’est certain, un désir <strong>de</strong> pureté estbon et nécessaire, cependant il nous est impossible <strong>de</strong>« prendre <strong>la</strong> résolution » <strong>de</strong> ne plus jamais succomber à <strong>la</strong>tentation. C’est seulement par le pardon que le don <strong>de</strong> <strong>la</strong>pureté nous est fait. Et même alors, <strong>la</strong> lutte contre les tentationscontinue. Toutefois, prenons courage. Peu importe <strong>la</strong>fréquence et <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong> nos tentations, Jésus p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ra pournous auprès <strong>de</strong> Dieu si nous le lui <strong>de</strong>mandons. En lui nousavons <strong>la</strong> victoire sur toute tentation (1 Co 10.13).Mais seuls les humbles connaissent <strong>la</strong> bonté infinie <strong>de</strong>Dieu, les orgueilleux jamais. Ces <strong>de</strong>rniers ouvrent leur cœurà toutes sortes <strong>de</strong> maux: impureté, mensonge, vol et esprit <strong>de</strong>meurtre. Là où l’on constate un <strong>de</strong> ces péchés, les autres nesont guère loin. Ceux qui essaient d’atteindre <strong>la</strong> pureté parleurs propres forces trébucheront toujours. Sûrs d’eux en16. Eberhard ARNOLD, Inner Land, Rifton, <strong>Plough</strong>, 1976, p. 55-56.


64 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéapparence, ils sombrent dans l’obscurité et le péché car ilspensent pouvoir gérer eux-mêmes leurs problèmes.Nous connaissons tous <strong>de</strong>s tentations dans le domainesexuel, et notre seul espoir <strong>de</strong> les surmonter est d’accepter <strong>de</strong>confesser nos luttes à quelqu’un en qui nous avons confiance.Lorsque nous le faisons, nous découvrons que nous ne sommesabsolument pas seuls.Frank, un jeune homme qui m’a confié sa lutte pour surmonterses faiblesses, écrit:Dès ma petite enfance, je me suis vu comme quelqu’un<strong>de</strong> spécial, <strong>de</strong> « spirituel ». Une fois ceci établi, il m’était trèsdifficile <strong>de</strong> partager mes problèmes avec mes parents oun’importe qui d’autre. En grandissant, j’ai mis toute monénergie à être un « bon » garçon. J’observais les gens que jetrouvais « cool » et essayais <strong>de</strong> les imiter. Cette obsession <strong>de</strong>moi-même a continué pendant mes années d’université. J’aichoisi <strong>de</strong> suivre ce que faisait <strong>la</strong> majorité et me suis <strong>la</strong>isséporter là où le courant m’entraînait.En vieillissant, j’ai vu mes collègues <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s adultesqui assument leur rôle. Par peur <strong>de</strong> rester à <strong>la</strong> traîne, j’airedoublé d’efforts afin <strong>de</strong> cacher ma profon<strong>de</strong> insécurité,qui s’était amplifiée jusqu’à <strong>de</strong>venir une ma<strong>la</strong>die mentale.Plutôt que <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s exemples faciles, je me suistourné vers <strong>de</strong>s hommes qui me semb<strong>la</strong>ient avoir <strong>de</strong>s donsspirituels et j’ai cherché à les imiter.Au fil <strong>de</strong>s années, <strong>la</strong> peur que quelque chose pourrait nepas aller dans ma vie augmentait. À cause <strong>de</strong> mon orgueil,j’étais tourmenté et harcelé par le manque <strong>de</strong> confiance, lesdoutes et <strong>la</strong> haine. Dans le même temps, je menais en secretune vie d’impureté sur le p<strong>la</strong>n sexuel. Mais je réprimais toutce<strong>la</strong> et vivais dans <strong>la</strong> peur constante d’être découvert.J’ai trop souvent vu <strong>de</strong>s personnes que l’on aurait pu ai<strong>de</strong>rplus tôt, perdre espoir et sombrer plus avant dans le péchédans le domaine sexuel. <strong>Le</strong>urs problèmes faisaient boule <strong>de</strong>


Ceux qui ont le cœur pur 65neige, comme dans une ava<strong>la</strong>nche. Certains sont même tombésdans le crime, dans une vie <strong>de</strong> dépendance aux drogueset à l’alcool, parce qu’ils ne savaient pas comment s’en sortir.Souvent, tout ce dont une personne dans cette situation abesoin, c’est d’un ami ou d’un pasteur qui lui indique le cheminvers Dieu et l’encourage à atteindre <strong>la</strong> pureté qu’il désirear<strong>de</strong>mment. (Par <strong>la</strong> suite, Frank a fait part <strong>de</strong> son besoindésespéré et a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>.) La personne trop absorbéepar elle-même, ce qui est souvent <strong>de</strong> l’orgueil déguisé, sesoustrait à cette gran<strong>de</strong> promesse que toute tentation pourraêtre vaincue, à condition d’admettre ses manquements et <strong>de</strong>se détourner <strong>de</strong> soi-même.D’un autre côté, les humbles vivent avec <strong>la</strong> force que Dieuleur donne. Il leur arrive <strong>de</strong> tomber mais Dieu les relève toujourset les empêche <strong>de</strong> tomber toujours plus bas.Bien sûr, ce ne sont pas seulement nos luttes que nous<strong>de</strong>vons remettre à Jésus, mais notre vie tout entière. Jésuspeut vaincre les désirs qui nous déchirent et gaspillent nosforces. Plus son esprit nous saisira fermement, plus nousnous rapprocherons <strong>de</strong> notre vraie personnalité.Qui a le cœur pur?Dans le Sermon sur <strong>la</strong> montagne, nous voyons combienJésus a pris au sérieux cette lutte quotidienne pour <strong>la</strong> pureté.Il nous dit que, si nous regardons quelqu’un avec convoitise,nous avons déjà commis l’adultère dans notre cœur (Mt 5.27-30). <strong>Le</strong> fait que Jésus parle <strong>de</strong>s pensées <strong>de</strong> convoitise – sansparler <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> même nature – montre combien uneattitu<strong>de</strong> nette du cœur est primordiale dans ce combat.Bonhoeffer écrit: « Qui a le cœur pur? Celui-là seul qui atotalement abandonné son cœur à Jésus afin qu’il y règne


66 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretésans partage; celui qui ne souille son cœur ni avec le mal qu’ilcommet, ni non plus avec le bien qu’il fait 17 .»<strong>Le</strong>s hommes et les femmes qui ont le cœur pur sont capables<strong>de</strong> discerner le bien et le mal dans le domaine sexuel. Ilsen connaissent les qualités intrinsèques et sont tout à faitconscients <strong>de</strong> tout ce qu’il y a <strong>de</strong> bon en lui et <strong>de</strong> sa beauté, entant que don <strong>de</strong> Dieu. Mais ils sont également profondémentconscients que <strong>la</strong> moindre mauvaise utilisation <strong>de</strong> ce donpeut ouvrir <strong>la</strong> porte à <strong>de</strong>s esprits mauvais, et ils savent qu’ilsne peuvent pas se libérer <strong>de</strong> ces esprits par leurs propres forces.C’est pourquoi ils évitent toute situation qui pourraitsouiller l’âme et haïssent l’idée d’entraîner les autres dans lepéché.Il est d’une importance vitale que, dans le combat pour <strong>la</strong>pureté, nous rejetions tout ce qui appartient au domaine <strong>de</strong>l’impureté sexuelle, y compris <strong>la</strong> cupidité, <strong>la</strong> vanité et touteautre forme <strong>de</strong> sybaritisme. Notre attitu<strong>de</strong> envers <strong>la</strong> luxure nepeut être une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> fascination « partielle », mais <strong>de</strong> rejettotal. Si nous avons le cœur pur, nous réagirons instinctivementcontre tout ce qui menacerait d’altérer ce comportement.Ici l’Église a <strong>la</strong> lour<strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> lutter au quotidienpour qu’il règne une atmosphère <strong>de</strong> pureté parmi ses membres(Ep 5.3-4). <strong>Le</strong> combat pour <strong>la</strong> pureté doit aller <strong>de</strong> pairavec celui pour <strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> communauté parce qu’il n’y apas <strong>de</strong> véritable pureté <strong>de</strong> cœur sans sentiment <strong>de</strong> justice (Jc1.26-27). La pureté n’est pas une question qui se rapporteuniquement au domaine sexuel; savoir qu’un voisin a faim etaller se coucher sans lui avoir donné <strong>de</strong> nourriture, c’estsouiller son cœur. C’est pourquoi les premiers chrétiens mettaienten commun tout ce qu’ils possédaient – nourriture etboissons, biens, force, et même travail intellectuel et créatif –17. Dietrich BONHOEFFER, <strong>Le</strong> prix <strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce, Paris/Genève, Cerf/Labor etFi<strong>de</strong>s, 1985, p. 83.


Ceux qui ont le cœur pur 67et ils remettaient tout à Dieu. Parce qu’ils étaient unis <strong>de</strong>cœur et d’âme, et mettaient tout en commun, ils pouvaienttout surmonter, en ne faisant qu'un.<strong>Le</strong> mariage n’est pas une garantie <strong>de</strong> puretéIl est illusoire <strong>de</strong> croire que <strong>la</strong> lutte pour <strong>la</strong> pureté se terminedès que l’on se marie. <strong>Le</strong> mariage peut même <strong>de</strong>venirun piège. De nombreux jeunes pensent que tous leurs problèmesseront résolus à <strong>la</strong> minute même où ils se marieront,mais à <strong>la</strong> vérité, ce ne sera pour beaucoup que le début <strong>de</strong>sproblèmes.C’est certain, l’union entre mari et femme est une grâceimmense. Elle peut avoir une action ré<strong>de</strong>mptrice, spécialementpour adoucir l’ego. Mais cet effet ré<strong>de</strong>mpteur ne peuten lui-même être total. Nul ne peut répondre au besoin d’uneconscience coupable, même si c’est celle <strong>de</strong> son partenaire.La pleine ré<strong>de</strong>mption ne se trouve qu’en Jésus.Un certificat <strong>de</strong> mariage n’est pas une garantie <strong>de</strong> pureté.Lorsqu’il n’y a pas <strong>de</strong> véritable re<strong>la</strong>tion avec Dieu, l’actesexuel perd vite sa véritable profon<strong>de</strong>ur et sa dignité, et<strong>de</strong>vient un but en soi. Même dans le mariage, <strong>la</strong> superficialitédans le domaine sexuel amène <strong>la</strong> ruine, car elle détruit lemystère du lien entre l’homme et <strong>la</strong> femme.Il est tragique <strong>de</strong> voir que <strong>de</strong> nombreuses personnesaujourd’hui, même parmi les chrétiens, se servent dumariage comme d’un permis pour satisfaire tous leurs désirs.J’ai rencontré un jour un couple d’âge moyen qui m’a confiéque, dans l’intimité <strong>de</strong> leur chambre, ils regardaient <strong>de</strong> tempsà autre <strong>de</strong>s vidéos pornographiques pour les ai<strong>de</strong>r à « gar<strong>de</strong>rvivante leur vie amoureuse ». Ils n’y voyaient rien <strong>de</strong> mal.« Dieu ne veut-il pas qu’un couple ait du p<strong>la</strong>isir l’un avecl’autre? », c’était là leur raisonnement. Ils ne voyaient pascombien leur vie amoureuse était pervertie et <strong>de</strong> peu <strong>de</strong>


68 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretévaleur. <strong>Le</strong>urs tentatives pour substituer d’autres vies auxleurs ne servaient qu’à entretenir leur insatisfaction mutuelle.Rien ne <strong>de</strong>vrait davantage révéler le besoin <strong>de</strong> l’approbationparticulière <strong>de</strong> Dieu que le mariage. C’est pourquoilorsqu’un homme et une femme s’unissent, ils <strong>de</strong>vraientadopter l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Moïse lorsqu’il s’est approché du buissonar<strong>de</strong>nt: « N’approche pas d’ici, enlève tes sandales, car lelieu où tu te tiens est un lieu sacré » (Ex 3.5). Il leur faut toujoursrespecter leur Créateur et le mystère du mariage.Comme l’union d’un homme et d’une femme sous leregard <strong>de</strong> Dieu, <strong>la</strong> sexualité remplit <strong>la</strong> fonction qui lui a étédonnée par Dieu d’une manière profon<strong>de</strong>: tendre, paisible etmystérieuse. Loin d’être un acte d’agression et <strong>de</strong> convoitisetel que le pratiquent les animaux, l’acte sexuel crée etexprime un lien unique, fait d’amour profond, d’un amourqui se donne.Lorsqu’un couple en fait l’expérience <strong>de</strong> cette façon, ilcomprend que le but <strong>de</strong> leur union n’est pas <strong>la</strong> seule procréation.Dans le même temps, ils ne doivent pas oublier que leurunion peut produire une nouvelle vie. Si leur respect est vrai,ils ressentiront une telle révérence pour le caractère saint <strong>de</strong>cet acte, que leur union sera comme une prière à Dieu.Sans le Christ, l’homme ou <strong>la</strong> femme qui a vécu dansl’impureté ne peut comprendre <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur mystérieuse dudomaine sexuel. Mais en Christ, <strong>la</strong> guérison peut être complète.« Nous savons que lorsque le Christ paraîtra, nousserons semb<strong>la</strong>bles à lui, car nous le verrons tel qu’il est. Tousceux qui fon<strong>de</strong>nt sur le Christ une telle espérance se ren<strong>de</strong>nteux-mêmes purs, tout comme le Christ est pur » (1 Jn 3.2b-3).


PARTIE 2Ce que Dieu a uni


CHAPITRE 8<strong>Le</strong> mariage dans le Saint-EspritJe vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> donc instamment <strong>de</strong> vous conduired’une manière digne <strong>de</strong> l’appel qui vous a été adressé:soyez toujours humbles, aimables et patients, supportezvousles uns les autres avec amour. Efforcez-vous <strong>de</strong>conserver l’unité que donne l’Esprit, dans <strong>la</strong> paix quivous lie les uns aux autres.Éphésiens 4.1-3Tout mariage passe par <strong>de</strong>s épreuves et <strong>de</strong>s crises, maiscelles-ci peuvent permettre à l’amour <strong>de</strong> grandir, et toutjeune couple <strong>de</strong>vrait s’en souvenir. L’amour véritable donne<strong>la</strong> force d’affronter chaque épreuve. Ce<strong>la</strong> se traduit par <strong>de</strong>sactions, <strong>de</strong>s actes pour ai<strong>de</strong>r l’autre dans une humble soumissionmutuelle. L’amour véritable vient du Saint-Esprit.Nous oublions souvent <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> cette vérité. Soitnous rejetons l’amour véritable comme une sorte <strong>de</strong> pauvreconte <strong>de</strong> fées, soit nous mettons tellement d’énergie à le trouverque nous passons complètement à côté. Mais l’amourvrai qui vient <strong>de</strong> l’Esprit saint ne peut pas provenir <strong>de</strong>s effortshumains, quels qu’ils soient. Un couple marié qui connaîtcette bénédiction voit son amour grandir d’année en année,malgré les épreuves rencontrées. Après plusieurs décennies<strong>de</strong> mariage, ils ont toujours <strong>de</strong> <strong>la</strong> joie à se rendre heureux l’un


72 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretél’autre. Comme l’écrit Heidi, une <strong>de</strong> mes cousines, mariée<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> quarante ans, exprimer son amour ne<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas que l’on sonne <strong>de</strong> <strong>la</strong> trompette. C’est souvent legeste le plus simple qui parle le plus.Mon mari K<strong>la</strong>us et moi-même sommes passés par <strong>de</strong>nombreuses luttes dans notre re<strong>la</strong>tion, ainsi qu’avec nosenfants. Mais à travers tout ce<strong>la</strong>, notre amour est <strong>de</strong>venuplus fort. Nous sommes toujours émerveillés du don mutuelque Dieu nous a fait. Je ne pense pas que notre re<strong>la</strong>tionpourrait exister sans romance – les petites joies ou surprisesmutuelles sont ce qui confirme et renouvelle notre amourencore et toujours. Je suis toujours heureusement surpriselorsque K<strong>la</strong>us m’écrit un nouveau poème ou lorsqu’il fait unpetit <strong>de</strong>ssin sur une pierre qu’il a trouvée. Et combien i<strong>la</strong>pprécie lorsque je mets une rose en bouton ou un bouquetfraîchement cueilli sur sa table <strong>de</strong> chevet, ou lorsqu’unebonne tasse <strong>de</strong> thé l’attend à son retour du travail!Nous avons découvert que rien n’est plus revivifiantqu’un bon éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> rire lorsque nous nous racontons les petitesexpériences <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée, ou lorsqu’il me fait marcher àpropos <strong>de</strong> quelque chose… C’est vrai que le mariage est unengagement sérieux pour <strong>la</strong> vie, cependant je pense quenous pouvons rester très enfantins à son sujet et faire confianceà <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Dieu, pas après pas. Nous trébuchonsle long du chemin; nous faisons <strong>de</strong>s erreurs; nousavons nos désaccords et nos discussions. Mais après tout,nous ne nous en aimons que davantage.L’Esprit ouvre une perspective complètementdifférenteLorsque <strong>de</strong>ux personnes cherchent à établir une re<strong>la</strong>tion,elles le font en général sur <strong>la</strong> base d’émotions réciproques, <strong>de</strong>valeurs communes, d’idées partagées, et d’une certaine bienveil<strong>la</strong>ncel’une envers l’autre. Sans mépriser tout ce<strong>la</strong>, nous


<strong>Le</strong> mariage dans le Saint-Esprit 73<strong>de</strong>vons reconnaître que le Saint-Esprit ouvre une perspectivetotalement différente entre mari et femme.C’est certain, l’amour conjugal basé sur les é<strong>la</strong>ns émotionnelspeut être merveilleux, mais il peut bien trop vite basculerdans le désespoir et le malheur. À long terme, ce n’est pasune fondation stable. L’amour donne certitu<strong>de</strong> et stabilitéseulement s’il est dirigé par l’Esprit.Si nous cherchons uniquement l’unité et l’amour possiblesd’un point <strong>de</strong> vue humain, nous sommes semb<strong>la</strong>bles à <strong>de</strong>snuages qui flottent et passent. Lorsque nous cherchonsl’unité dans l’Esprit, Dieu peut susciter en nous un amourfidèle qui durera jusqu’à <strong>la</strong> fin. L’Esprit consume tout ce quine résiste pas. Il purifie notre amour. L’amour véritable nevient pas <strong>de</strong> nous, mais est répandu sur nous.<strong>Le</strong> mariage dans le Saint-Esprit implique <strong>la</strong> fidélité. Là oùil n’y a pas <strong>de</strong> loyauté, il n’y a pas d’amour vrai. Dans notresociété, les mariages sont éprouvés comme jamais auparavant,mais ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vrait affiner et augmenter <strong>la</strong> fidélité <strong>de</strong>sconjoints l’un envers l’autre. La fidélité découle <strong>de</strong> <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>intérieure <strong>de</strong> notre appel. Elle vient <strong>de</strong> <strong>la</strong> soumission àl’ordre <strong>de</strong> Dieu.Dans sa Confession of Faith [Confession <strong>de</strong> Foi] (1540),l’anabaptiste Peter Rie<strong>de</strong>mann décrit les trois niveaux quecomporte le mariage selon l’ordre <strong>de</strong> Dieu. En premier vientle mariage <strong>de</strong> Dieu à son peuple, et du Christ à son Église, et<strong>de</strong> l’Esprit à notre esprit (1 Co 6.17). En second vient <strong>la</strong>communion entre les membres du peuple <strong>de</strong> Dieu – <strong>la</strong> justiceet l’unité fraternelle d’esprit et d’âme. En troisième vientl’unité entre l’homme et <strong>la</strong> femme (Ep 5.31), « visible et compréhensiblepar tous » 18 .18. Cf. Peter RIEDEMANN, Confession of Faith, 1540, Rifton, <strong>Plough</strong>, 1974,p. 98.


74 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéL’unité <strong>de</strong> foi est le fon<strong>de</strong>ment le plus sûr du mariageL’apôtre Paul met en parallèle le mariage et l’unité spirituellelorsqu’il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux maris d’aimer leur femme« comme le Christ a aimé l’Église: il a donné sa vie pour elle »(Ep 5.25). Pour les chrétiens, le mariage est le reflet <strong>de</strong>l’union <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong>: celle <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> son Église. C’estpourquoi dans un mariage chrétien, c’est l’unité du royaume<strong>de</strong> Dieu, en Christ, et dans l’Esprit saint qui importe le plus.Finalement, c’est <strong>la</strong> seule fondation soli<strong>de</strong> sur <strong>la</strong>quelle unmariage peut se construire. « Faites donc du règne <strong>de</strong> Dieu et<strong>de</strong> ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, ettoutes ces choses vous seront données en plus » (Mt 6.33).<strong>Le</strong> mariage <strong>de</strong>vrait toujours permettre à <strong>de</strong>ux croyants <strong>de</strong>se rapprocher <strong>de</strong> Jésus et <strong>de</strong> son royaume. Il ne suffit pas à uncouple <strong>de</strong> se marier à l’Église, ou que le mariage soit célébrépar un homme <strong>de</strong> Dieu. Pour s’approcher davantage duChrist, chacun individuellement doit d’abord se consacrerpleinement dans son esprit au royaume <strong>de</strong> Dieu, et à <strong>la</strong> communautéqui le sert sous sa direction. Il doit y avoir en premierunité <strong>de</strong> foi et d’esprit. Alors seulement il y aura aussiunité véritable d’âme et <strong>de</strong> corps.C’est pourquoi dans nos communautés du Bru<strong>de</strong>rhof,nous ne pouvons permettre l’union d’un <strong>de</strong> nos membresavec un homme ou une femme qui ne partagerait pas notrefoi ainsi que l’appel à vivre dans nos communautés (2 Co6.14). (Dans le livre d’Esdras, aux chapitres 9 et 10, nouslisons comment le prophète a dû venir à Dieu et se repentirprofondément pour tous les Israélites qui s’étaient mariés à<strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> nations païennes.) D’un côté, nous croyonsque celui qui est véritablement animé par l’esprit <strong>de</strong> fraternitéet <strong>de</strong> justice ne restera pas un « étranger »; <strong>de</strong> l’autre, nouspensons que le mariage <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong> nos membres avecquelqu’un qui ne serait pas porté vers l’Église et sa recherche


<strong>Le</strong> mariage dans le Saint-Esprit 75<strong>de</strong> communion totale, est impensable. Ce serait s’opposer àl’unité <strong>de</strong> l’Esprit qui constitue le niveau le plus haut dumariage.Cependant, si une personne déjà mariée à un partenaire<strong>de</strong> croyance différente désirait rejoindre notre communauté,nous ferions tout pour sauver leur mariage, tant que le nouveaumembre ne serait pas gêné dans sa foi par le partenairequi ne partage pas sa foi.Lorsque <strong>de</strong>ux personnes qui désirent se marier p<strong>la</strong>centleur amour sous l’autorité et <strong>la</strong> direction du Saint-Esprit,lorsque cet amour sert <strong>la</strong> justice et l’unité du royaume <strong>de</strong>Dieu, il n’y a pas <strong>de</strong> raison que les <strong>de</strong>ux ne se marient pas.Mais lorsqu’un couple manque d’unité spirituelle, il ne<strong>de</strong>vrait pas être question <strong>de</strong> mariage dans l’Église. Si l’Égliseest véritablement le Corps du Christ, l’unité <strong>de</strong> ses membres<strong>de</strong>vant Dieu doit primer sur toute autre considération.Ici, il faut souligner que les exigences d’un mariage dansl’Esprit ne peuvent jamais être remplies par un système <strong>de</strong>réponses humain, ou résolues par le truchement <strong>de</strong> principes,règles ou règlements. On ne peut y faire face que dans <strong>la</strong>lumière <strong>de</strong> l’unité, par ceux qui ont fait l’expérience <strong>de</strong>l’esprit d’unité, qui l’ont accepté personnellement et ontcommencé à vivre en accord avec lui.L’essence même <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu est l’unité (Jn17.20-23). C’est <strong>la</strong> volonté d’unité <strong>de</strong> Dieu qui a apporté <strong>la</strong>Pentecôte au mon<strong>de</strong>. Par l’effusion <strong>de</strong> l’Esprit, les cœurs ontété touchés, les gens se sont repentis et ont été baptisés. <strong>Le</strong>sfruits <strong>de</strong> cette unité ne furent pas seulement spirituels. <strong>Le</strong>saspects matériels et pratiques <strong>de</strong> leurs vies furent égalementtouchés et même révolutionnés. Ils rassemb<strong>la</strong>ient leurs bienset les vendaient, et en déposaient le montant aux pieds <strong>de</strong>sapôtres. Par amour, chacun vou<strong>la</strong>it donner tout ce qu’il possédait.Malgré ce<strong>la</strong>, personne n’était dans <strong>la</strong> gêne et chacunrecevait ce dont il ou elle avait besoin. Il n’y avait ni lois, ni


76 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéprincipes à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> cette révolution. Même Jésus n’a pasprécisé exactement comment les choses <strong>de</strong>vaient se passer, i<strong>la</strong> seulement dit: « Va vendre tes biens, distribue le produit <strong>de</strong><strong>la</strong> vente aux pauvres » (Mt 19.21). À <strong>la</strong> Pentecôte, ce<strong>la</strong> s’estsimplement produit: l’Esprit est <strong>de</strong>scendu et a uni les cœurs<strong>de</strong> tous ceux qui ont cru (Ac 2.42-47).L’Esprit nous libère <strong>de</strong> notre mesquinerie et apportel’unité <strong>de</strong> cœurL’unité authentique, tout comme <strong>la</strong> joie ou l’amour, nepeut être produite ou créée artificiellement. Seul l’Esprit peutnous libérer <strong>de</strong> notre mesquinerie et <strong>de</strong>s forces provenant <strong>de</strong><strong>la</strong> culpabilité et du péché, forces qui nous séparent <strong>de</strong> Dieu etles uns <strong>de</strong>s autres. Nous pouvons essayer <strong>de</strong> nous en libérerpar notre propre volonté, et nous pourrons les vaincre dansune certaine mesure et pour un temps. Mais nous <strong>de</strong>vonsnous rappeler que, en définitive, seul l’esprit d’amour peutvaincre <strong>la</strong> chair.À nouveau, nous ne <strong>de</strong>vons jamais oublier que nousdépendons du Saint-Esprit pour être guidés (Ga 5.25).Même dans le mariage, si notre unité est basée uniquementsur <strong>de</strong>s sentiments partagés ou <strong>de</strong>s valeurs communes, et passur l’Esprit, elle court le risque d’être engloutie par le côtépurement sexuel et émotionnel. Nous ne sommes pas capablesnous-mêmes <strong>de</strong> produire l’unité d’esprit véritable quifait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cœurs un seul. Ce<strong>la</strong> arrive seulement si nousnous <strong>la</strong>issons saisir et transformer par quelque chose <strong>de</strong> plusgrand que nous.Lorsqu’un mariage est ancré dans le Saint-Esprit, les<strong>de</strong>ux partenaires sentent que leur amour n’est pas un bienprivé, mais un fruit et un don <strong>de</strong> l’amour <strong>de</strong> Dieu, lequel estporteur d’unité. Il se peut qu’ils luttent encore contre l’égoïsme,<strong>la</strong> désunion, <strong>la</strong> superficialité ou d’autres problèmes,


<strong>Le</strong> mariage dans le Saint-Esprit 77mais si leurs cœurs restent ouverts, l’Esprit les ai<strong>de</strong>ra à regar<strong>de</strong>rplus haut vers Dieu et l’ai<strong>de</strong> qu’il peut leur apporter.Nous <strong>de</strong>vons tous être remplis <strong>de</strong> l’Esprit encore etencore, que nous soyons mariés ou non. L’Esprit veut transformertout notre cœur et nous donner <strong>la</strong> force d’aimer.Dans sa première lettre aux Corinthiens, par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’amour,Paul écrit: « En toute occasion, il pardonne, il fait confiance,il espère, il persévère. L’amour n’aura pas <strong>de</strong> fin. » L’amournaît <strong>de</strong> l’Esprit saint et c’est seulement dans l’Esprit qu’unmariage authentique peut être conçu – et perdurer.


CHAPITRE 9<strong>Le</strong> mystère du mariageEt parce que vous révérez le Christ, vous voussoumettrez les uns aux autres, vous femmes, enparticulier, chacune à son mari, et ce<strong>la</strong> par égard pour leSeigneur. <strong>Le</strong> mari, en effet, est le chef <strong>de</strong> sa femme commele Christ est le chef, <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> l’Église qui est son corps etdont il est le Sauveur. Mais comme l’Église se soumet auChrist, <strong>de</strong> même <strong>la</strong> femme se soumet en toutecirconstance à son mari. Quant à vous, maris, quechacun <strong>de</strong> vous aime sa femme comme le Christ a aimél’Église: il a donné sa vie pour elle afin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rendre digne<strong>de</strong> Dieu après l’avoir purifiée par sa Parole, comme parle bain nuptial. Il a ainsi voulu se présenter cette Église àlui-même, rayonnante <strong>de</strong> beauté, sans tache, ni ri<strong>de</strong>, niaucun défaut, mais digne <strong>de</strong> Dieu et irréprochable. Voilàcomment chaque mari doit aimer sa femme comme si elleétait son propre corps: ainsi celui qui aime sa femmes’aime lui-même. Car personne n’a jamais haï sa proprechair; au contraire, chacun <strong>la</strong> nourrit et l’entoure <strong>de</strong>soins, comme le Christ le fait pour l’Église, parce quenous sommes les membres <strong>de</strong> son corps. C’est pourquoil’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à safemme et les <strong>de</strong>ux ne seront plus qu’une seule chair. Il y alà un grand mystère: je parle <strong>de</strong> ce que je viens <strong>de</strong> dire ausujet du Christ et <strong>de</strong> l’Église.Éphésiens 5.21-32


<strong>Le</strong> mystère du mariage 79Selon l’ordre divin, le mariage et <strong>la</strong> famille ont leur sourcedans l’Église. L’Église est l’expression première <strong>de</strong> l’amour et<strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> Dieu dans le mon<strong>de</strong>. Dans l’Église, le mariagepeut s’accomplir et il prend sa vraie valeur. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>l’Église, il est voué à être vaincu par les forces dominatrices et<strong>de</strong>structrices <strong>de</strong> <strong>la</strong> société.<strong>Le</strong> mariage est plus qu’un lien entre mari et femmeTrès peu <strong>de</strong> personnes comprennent aujourd’hui que lemariage renferme un mystère bien plus profond que le lienconjugal, ce mystère c’est l’unité éternelle du Christ avec sonÉglise. Dans un mariage authentique, l’unité du mari et <strong>de</strong> <strong>la</strong>femme reflétera cette unité plus profon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> mariage n’estpas seulement un lien entre un homme et une femme. Eneffet il est scellé par un plus grand lien: celui <strong>de</strong> l’unité entreDieu et son peuple, et ce lien doit toujours venir en premier.C’est le lien que nous célébrons au baptême et que nous réaffirmonsà chaque célébration <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte cène, et nous<strong>de</strong>vrions le rappeler à chaque mariage. Sans lui, même lemariage le plus heureux ne portera pas <strong>de</strong> fruit durable.<strong>Le</strong> lien du mariage se réduit à tellement peu <strong>de</strong> chosequand il n’est qu’une promesse ou un contrat entre <strong>de</strong>uxpersonnes! Combien l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille mo<strong>de</strong>rne serait différentsi partout les chrétiens p<strong>la</strong>çaient <strong>la</strong> loyauté au Christ et àson Église au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> leur mariage.Pour ceux qui ont <strong>la</strong> foi, le Christ – celui qui unit véritablement– est toujours entre l’aimant(e) et sa/son bienaimé(e).C’est son Esprit qui leur donne un libre accès l’un àl’autre. C’est pourquoi lorsque le péché entre dans unmariage et voile <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong> l’amour, le disciple fidèle suivraJésus dans l’Église, et ne suivra pas son ou sa partenaire quiveut n’en faire qu’à sa tête.


80 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéL’amour sentimental refusera <strong>de</strong> le faire parce qu’il estenclin à ne pas tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité. Il peut mêmeessayer <strong>de</strong> cacher <strong>la</strong> lumière crue qui vient <strong>de</strong> Dieu. Il estincapable et refuse d’abandonner une re<strong>la</strong>tion, même quandcelle-ci <strong>de</strong>vient fausse et manque d’authenticité. Maisl’amour véritable ne fait jamais le mal: il se réjouit <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité(1 Co 13.6). <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires doivent reconnaître quel’unité <strong>de</strong> foi est plus importante que le lien émotionnel <strong>de</strong>leur mariage. Quiconque affirme être un disciple doit se<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r: « Si ma fidélité première ne va pas au Christ et àson Église, à qui va-t-elle? » (voir Lc 9.57-60).Lorsque l’unité plus faible d’un couple marié est p<strong>la</strong>céesous l’unité plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Église, leur mariage <strong>de</strong>vient stableet sûr d’une façon nouvelle et plus profon<strong>de</strong>, parce queleur mariage prend sa p<strong>la</strong>ce dans l’unité <strong>de</strong> tous les croyants.Il n’est pas surprenant que cette idée soit étrangère à <strong>la</strong> plupart<strong>de</strong>s gens, cependant elle contient une vérité dont j’ai ététémoin à maintes reprises. Voyez l’histoire <strong>de</strong> Harry et Betty,un couple du Bru<strong>de</strong>rhof que j’ai appris à bien connaître pendantleurs <strong>de</strong>rnières années ensemble. Betty écrit:Harry et moi nous nous sommes mariés en juin 1937, enAngleterre. Bien qu’au début nous pensions notre mariagefondé sur l’unité <strong>de</strong> l’Église, il s’écou<strong>la</strong> peu <strong>de</strong> temps avantque nous ne commencions à nous disputer. Harry me futinfidèle et quitta notre communauté. Il essaya plusieurs fois<strong>de</strong> régler les choses mais ne semb<strong>la</strong> jamais capable <strong>de</strong> briserle péché qui le liait. Au cours <strong>de</strong> nos longues années <strong>de</strong> séparation,<strong>de</strong> nombreux frères et sœurs se sont tenus à ses côtéset aux miens, et ce fut un grand soutien.Lorsque je recevais <strong>de</strong>s lettres angoissées <strong>de</strong> Harry, je medécourageais et je cessais quelquefois <strong>de</strong> prier pour lui. Maisje recommençais toujours car c’était <strong>la</strong> seule chose que jepouvais faire pour l’ai<strong>de</strong>r. Je savais qu’avec Dieu, tout estpossible, et qu’un jour Harry pourrait revenir au Christ et àson Église…


<strong>Le</strong> mystère du mariage 81Maintenant je ne cesse <strong>de</strong> m’émerveiller du miracle <strong>de</strong>son retour dans <strong>la</strong> communauté sur ses vieux jours. Noussommes restés séparés pendant plus <strong>de</strong> quarante ans. Pendantles <strong>de</strong>rnières années que nous avons partagées, j’aibeaucoup aimé être avec lui, il était si différent. Il était humbleet simple dans sa façon <strong>de</strong> penser. Il aimait beaucoup lesfrères et sœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté et eux l’aimaient. Harry etmoi lisions <strong>la</strong> Bible ensemble ainsi que ses cantiques favoris.Il était très proche <strong>de</strong> Jésus dans ses <strong>de</strong>rniers mois.Je pense à lui tous les jours et je chérirai toujours le tempsque nous avons passé ensemble. Je pense qu’il était plus prochedu royaume que je ne le suis. Je manque d’amour encoreet toujours et je vois trop tard ce que j’aurais pu faire. MaisDieu est fidèle et tient sa promesse. J’ai foi en ce<strong>la</strong> et je suisen paix.Betty elle-même ne le dira sans doute jamais, mais sans sesprières constantes et sa fidélité à Jésus, Harry n’aurait peutêtrejamais retrouvé le chemin <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> l’Église, sansparler <strong>de</strong> lui revenir. <strong>Le</strong>urs <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années ensemblesont un témoignage <strong>de</strong> foi ainsi que du pouvoir <strong>de</strong> guérisond’un amour sans compromis. Quel contraste avec notre culturecontemporaine où tant <strong>de</strong> gens pensent que plus unmariage se construit <strong>de</strong> façon indépendante, plus il est soli<strong>de</strong>.Certains pensent même que plus un couple s’affranchit <strong>de</strong>s« contraintes » du <strong>de</strong>voir l’un envers l’autre, plus ils serontheureux. C’est une supposition complètement fausse. C’estseulement lorsqu’un mariage est basé sur l’ordre <strong>de</strong> Dieu etson amour qu’il dure. Si le mariage n’est pas bâti sur lerocher <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi, il est bâti sur le sable.


82 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéL’homme et <strong>la</strong> femme ont <strong>de</strong>s rôles différents et ilsdoivent se compléter l’un l’autreCroire que l’amour envers le Christ et son Église doit primersur tout le reste est également important pour comprendre<strong>la</strong> différence entre l’homme et <strong>la</strong> femme. Dieu ac<strong>la</strong>irement donné à chacun <strong>de</strong>s natures et <strong>de</strong>s rôles différentset lorsque ceux-ci trouvent leur accomplissement dans unmariage dans l’Église, alors l’harmonie et l’amour abon<strong>de</strong>nt.Je cite mon père, J. Heinrich Arnold:C’est évi<strong>de</strong>nt, il y a <strong>de</strong>s différences biologiques chezl’homme et <strong>la</strong> femme. Mais c’est complètement matérialiste<strong>de</strong> penser que cette différence est purement biologique. Unefemme désire recevoir son bien-aimé en elle. Elle est parnature faite pour recevoir et supporter; pour concevoir, porter,prendre soin et protéger. L’homme, au contraire, désirepénétrer sa bien-aimée et faire un avec elle; il est fait pourêtre l’initiateur et pour pénétrer plutôt que pour recevoir 19 .On dit que le corps est façonné par l’âme, et c’est là unepensée profon<strong>de</strong>. L’âme, le souffle <strong>de</strong> Dieu, l’essence secrète<strong>la</strong> plus intime <strong>de</strong> chaque être humain, forme pour chacun uncorps différent. Il n’est jamais question <strong>de</strong> qui est le plusgrand. L’homme et <strong>la</strong> femme sont tous <strong>de</strong>ux faits à l’image <strong>de</strong>Dieu et que peut-il y avoir <strong>de</strong> plus grand que ce<strong>la</strong>? Il y acependant une différence: Paul compare l’homme au Christet <strong>la</strong> femme à l’Église (Ep 5.22-24). L’homme, en tant queTête, dépeint le service du Christ. La femme, en tant queCorps, décrit <strong>la</strong> vocation <strong>de</strong> l’Église. Il y a une différencedans l’appel, mais aucune différence sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur.Marie est un symbole <strong>de</strong> l’Église. En elle nous reconnaissons<strong>la</strong> vraie nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> féminité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> maternité. Lafemme est semb<strong>la</strong>ble à l’Église parce qu’elle reçoit et porte <strong>la</strong>19. Discipleship, p. 160-161


<strong>Le</strong> mystère du mariage 83Parole en elle (Lc 1.38) et met au mon<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie en faisant <strong>la</strong>volonté <strong>de</strong> Dieu. C’est le plus grand compliment que l’onpuisse faire à un être humain.L’amour d’une femme est différent <strong>de</strong> celui d’un homme.Il est plus constant, plus conforme à sa nature fidèle. Il seconsacre à gui<strong>de</strong>r et protéger tous ceux qui sont à sa charge.Tandis que l’amour <strong>de</strong> l’homme va trouver les autres et leur<strong>la</strong>ncer <strong>de</strong>s défis. C’est l’amour pionnier <strong>de</strong> l’apôtre, du représentantdu Christ: « Allez donc dans le mon<strong>de</strong> entier, faites<strong>de</strong>s disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom duPère, du Fils et du Saint-Esprit » (voir Mt 28.18-20). Mais <strong>la</strong>tâche <strong>de</strong> l’homme, comme celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme, est toujours enre<strong>la</strong>tion avec celle <strong>de</strong> l’Église.Paul et Pierre mentionnent tous les <strong>de</strong>ux que l’homme estle chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme, non en lui-même mais en Christ (1 Co11.3). Ce<strong>la</strong> ne signifie pas que l’homme soit « plusestimable »; le fait que <strong>la</strong> femme ait été prise <strong>de</strong> l’homme etque l’homme naisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme montre qu’ils dépen<strong>de</strong>ntl’un <strong>de</strong> l’autre dans tous les domaines (1 Co 11.11-12). Je ledis encore, les dons et les responsabilités <strong>de</strong> l’un n’ont pasmoins <strong>de</strong> valeur que ceux <strong>de</strong> l’autre; ils sont simplement différents.Dans un mariage bien ordonné, l’homme et <strong>la</strong>femme trouvent tous <strong>de</strong>ux leur vraie p<strong>la</strong>ce, mais aucun nedirige l’autre. Ce sont l’amour et l’humilité qui gouvernent.Ce<strong>la</strong> fait partie du mal <strong>de</strong> notre époque que <strong>de</strong> voirl’homme et <strong>la</strong> femme fuir tous les <strong>de</strong>ux les responsabilitésque Dieu leur a confiées. <strong>Le</strong>s femmes se révoltent contre lesdésagréments <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse et <strong>la</strong> douleur <strong>de</strong> l’accouchement,et les hommes contre <strong>la</strong> charge <strong>de</strong>s obligations familialesenvers leurs enfants et <strong>la</strong> femme qui les portent. Cetterébellion est le fléau <strong>de</strong> notre temps. Elle détournera du droitchemin les générations futures. Dieu a <strong>de</strong>stiné les femmes àavoir <strong>de</strong>s enfants, et un homme véritable n’en respectera etn’en aimera sa femme que davantage. Pierre nous y exhorte:


84 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéVous <strong>de</strong> même, maris, vivez chacun avec votre femme enfaisant preuve <strong>de</strong> discernement: elles ont une nature plusdélicate. Traitez-les avec respect: elles doivent recevoir avecvous <strong>la</strong> vie que Dieu accor<strong>de</strong> dans sa grâce. Agissez ainsiafin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières (1 P 3.7).Il est c<strong>la</strong>ir que <strong>la</strong> différence entre l’homme et <strong>la</strong> femme n’apas un caractère absolu. Chez une femme authentique ontrouve aussi une masculinité courageuse, et chez un hommevéritable <strong>la</strong> soumission et l’humilité <strong>de</strong> Marie. Mais parce quel’homme est le chef, dans un mariage authentique, c’est luiqui dirigera, même si c’est une personne très faible. Ceci neveut pas dire que l’homme est le seigneur et <strong>la</strong> femme sa servante.Si un homme n’exerce pas <strong>la</strong> direction dans l’amour etl’humilité – s’il ne dirige pas dans l’esprit <strong>de</strong> Jésus – sa direction<strong>de</strong>vient tyrannie. La tête a sa p<strong>la</strong>ce dans le corps maiselle ne domine pas.Dans nos communautés du Bru<strong>de</strong>rhof, lors <strong>de</strong>s mariages,on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> toujours au marié s’il a <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> diriger safemme « dans tout ce qui est bon », ce qui veut simplementdire, l’amener plus près <strong>de</strong> Jésus. De <strong>la</strong> même manière, on<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>la</strong> mariée si elle a le désir <strong>de</strong> suivre son mari. Maislà il est simplement question que tous <strong>de</strong>ux suivent Jésusensemble.Diriger <strong>de</strong> façon juste c’est servir dans l’amourDans sa lettre aux Éphésiens, Paul insiste sur l’amour quise sacrifie, cet amour que l’on retrouve dans une directionauthentique: « Quant à vous, maris, que chacun <strong>de</strong> vous aimesa femme comme le Christ a aimé l’Église: il a donné sa viepour elle » (Ep 5.25). Cette tâche, <strong>la</strong> tâche d’aimer, est véritablementcelle <strong>de</strong> tout homme et <strong>de</strong> toute femme, qu’ilssoient ou non mariés.


<strong>Le</strong> mystère du mariage 85Si nous avons à cœur ces paroles <strong>de</strong> Paul, nous feronsl’expérience d’une unité intérieure vraie, ce qui caractériseune re<strong>la</strong>tion dirigée par l’amour – les cœurs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partenairess’adressant ensemble à Dieu. C’est seulement à cettecondition que <strong>la</strong> bénédiction <strong>de</strong> Dieu reposera sur nos mariages.Nous désirerons constamment <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> notre bienaiméet chercherons continuellement <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> nousservir mutuellement dans l’amour. <strong>Le</strong> plus merveilleux <strong>de</strong>tout, c’est que nous y trouverons une joie éternelle. Commel’a écrit Tertullien, un Père <strong>de</strong> l’Église:Où vais-je puiser <strong>la</strong> force <strong>de</strong> décrire <strong>de</strong> manière satisfaisantele bonheur du mariage que l’Église ménage, […] quescelle <strong>la</strong> bénédiction?Quel couple que celui <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chrétiens, unis par uneseule espérance, un seul désir, une seule discipline, le mêmeservice! Tous <strong>de</strong>ux enfants d’un même père, serviteurs d’unmême maître; rien ne les sépare, ni dans l’esprit ni dans <strong>la</strong>chair; au contraire, ils sont vraiment <strong>de</strong>ux en une seule chair.Là où <strong>la</strong> chair est une, un aussi est l’esprit. Ensemble ilsprient, ensemble ils se prosternent […] ils s’instruisentmutuellement, s’exhortent mutuellement, s’encouragentmutuellement.Ils sont l’un et l’autre à égalité dans l’Église <strong>de</strong> Dieu, àégalité au banquet <strong>de</strong> Dieu, à égalité dans les épreuves, lespersécutions, les conso<strong>la</strong>tions. […] Entre eux <strong>de</strong>ux, psaumeset hymnes retentissent; ils se provoquent mutuellement poursavoir qui chante le meilleur chant à son Seigneur. <strong>Le</strong> Christse réjouit à cette vue et à ce concert. Il leur envoie sa paix 20 .20. TERTULLIEN, À son épouse, II, VIII, 6-8, Paris, Cerf, Sources chrétiennes273, 1980, p. 149.


CHAPITRE 10<strong>Le</strong> caractère sacré <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualitéQue chacun respecte le mariage et que les époux restentfidèles l’un à l’autre, car Dieu jugera les débauchés et lesadultères.Hébreux 13.4Il y a <strong>de</strong>ux dangers dans <strong>la</strong> sexualité: d’un côté <strong>la</strong> peur dudon <strong>de</strong> soi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> proximité qu’exige une re<strong>la</strong>tion physique,et <strong>la</strong> peur que <strong>la</strong> sexualité soit sale et honteuse; <strong>de</strong> l’autre, ledésir sans frein et le péché. C’est évi<strong>de</strong>nt, le domaine sexueln’est pas incorruptible. Même dans le cadre du mariage, sesbénédictions possibles se transforment en dangers si l’onabor<strong>de</strong> ce domaine sans Dieu qui l’a créé. Au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> passion,on trouve alors <strong>la</strong> convoitise pure, au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> tendressel’agression, et même <strong>la</strong> brutalité, et au lieu du don <strong>de</strong> soimutuel un désir incontrô<strong>la</strong>ble.L’Église ne <strong>de</strong>vrait jamais gar<strong>de</strong>r le silence à ce propos(1 Co 5.1-5). L’esprit d’impureté cherche toujours à noustenter, et il se glissera dans le sanctuaire du mariage si jamaisnous lui ouvrons <strong>la</strong> porte. Dès que l’impureté a fait sonentrée dans un mariage, il <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus difficile <strong>de</strong>rester concentrés sur l’amour <strong>de</strong> Dieu, et <strong>de</strong> plus en plusfacile <strong>de</strong> s’éviter l’un l’autre et <strong>de</strong> succomber aux mauvaisestentations.


<strong>Le</strong> caractère sacré <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité 87Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir <strong>de</strong>s espritsimpurs qui entraînent les gens à faire le mal, même dans lemariage. Une fois sous leur contrôle, <strong>la</strong> sexualité perd sesnobles qualités et <strong>de</strong>vient quelque chose <strong>de</strong> « bradé ». Ce quia été créé comme un don merveilleux <strong>de</strong> Dieu se transformeen sinistre expérience, <strong>de</strong>structrice <strong>de</strong> vie. C’est par <strong>la</strong> seulerepentance que l’on parviendra à <strong>la</strong> guérison et au rétablissement.Par l’acte conjugal, une union sans pareille peut seproduireNous reconnaissons très c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> vraie nature dudomaine sexuel lorsque nous considérons son caractère sacrécomme l’accomplissement <strong>de</strong> l’amour conjugal tel que Dieul’a voulu. Il en est <strong>de</strong> même pour l’acte sexuel lui-même, lemoment où l’amour marital trouve sa pleine expression sur lep<strong>la</strong>n physique. Parce que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion sexuelle est une expérienceà connotation dramatique forte, il est vital qu’elle soitancrée en Dieu. Si l’on ne reconnaît pas <strong>la</strong> sexualité commeun don <strong>de</strong> Dieu, et qu’on ne <strong>la</strong> lui soumet pas, elle peut <strong>de</strong>venirpour nous une idole. Cependant, abordé avec un grandrespect, l’acte sexuel « éveille ce qu’il y a <strong>de</strong> plus intime, <strong>de</strong>plus sacré, <strong>de</strong> plus vulnérable dans le cœur humain » 21 .Dans un mariage authentique, <strong>la</strong> sexualité est dirigée parautre chose que les désirs <strong>de</strong> chaque partenaire, elle est dirigéepar l’amour qui les lie. Lorsque chaque partenaire sedonne dans une entière soumission à l’autre, alors se réaliseune union d’une profon<strong>de</strong>ur sans pareille. Ce n’est pas seulement« l’amour physique », mais l’expression et l’accomplissementd’un amour total, un acte <strong>de</strong> don inconditionnelet <strong>de</strong> profon<strong>de</strong> satisfaction.21. Jean VANIER, Homme et femme, Il les fit, Paris/Montréal, Fleurus/Bel<strong>la</strong>rmin,1984, p. 145.


88 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéC’est une expérience remarquable et magnifique <strong>de</strong> sedonner physiquement à une autre personne. L’orgasme, lepoint culminant ou le sommet <strong>de</strong> l’union physique, est uneexpérience forte et bouleversante, qui a un effet puissant surl’esprit. Ici, l’expérience du corps est si puissante qu’il est difficile<strong>de</strong> <strong>la</strong> distinguer <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’esprit. Dans une harmoniephysique <strong>de</strong> corps et <strong>de</strong> cœur, <strong>de</strong>ux êtres humains atteignentle point culminant <strong>de</strong> <strong>la</strong> joie <strong>de</strong> l’amour. Dans l’union totale,les <strong>de</strong>ux per<strong>de</strong>nt leurs personnalités propres et sont uniesdans <strong>la</strong> communion <strong>la</strong> plus étroite possible. Au moment <strong>de</strong>l’orgasme, <strong>la</strong> personne est – si l’on peut s’exprimer ainsi –totalement ba<strong>la</strong>yée, engloutie si bien que <strong>la</strong> sensation d’êtreune personne indépendante <strong>de</strong> l’autre disparaît momentanément.L’union physique <strong>de</strong>vrait toujours exprimer l’unité <strong>de</strong>cœur et d’espritNous n’aurons jamais trop <strong>de</strong> respect pour l’acte sexuel.Même en refusant <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>rie, une certaine réticence nousfait hésiter à en parler à d’autres. Bien sûr, un homme et unefemme unis dans le mariage doivent être capables <strong>de</strong> parlerouvertement l’un avec l’autre, même <strong>de</strong>s sujets les plus intimes.Mais ils ne le feront jamais sans le profond respectdécou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> leur amour mutuel.Il est d’une importance vitale qu’un couple n’aille pas secoucher sans s’être au préa<strong>la</strong>ble tourné vers le Seigneur. Ungrand discours n’est pas nécessaire: il sait toujours ce quenous voulons dire et ce dont nous avons besoin. Nous <strong>de</strong>vonsnon seulement le remercier mais lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> nous gui<strong>de</strong>r– si nous ne frappons pas à sa porte, il ne pourra pas le faire.Ceci, bien sûr, vaut également pour le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée.Si notre mariage est fondé sur le Christ, son amour et sapureté, nous trouverons <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qui convient l’un envers


<strong>Le</strong> caractère sacré <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité 89l’autre à tous les niveaux. Ici nous <strong>de</strong>vons tenir compte <strong>de</strong>l’avertissement <strong>de</strong> Paul: « Mettez-vous en colère, mais necommettez pas <strong>de</strong> péché; que votre colère s’apaise avant lecoucher du soleil. Ne donnez aucune prise au diable » (Ep4.26-27). La prière est primordiale pour ap<strong>la</strong>nir les différencesqui surgissent dans le mariage. S’unir physiquementlorsqu’il n’y a pas unité d’esprit est hypocrite. C’est enleverau lien d’amour son caractère sacré.L’union physique doit toujours exprimer <strong>la</strong> communiontotale d’esprit et d’âme; elle ne <strong>de</strong>vrait jamais être seulementle moyen d’obtenir <strong>la</strong> satisfaction physique. En Jésus, chaqueacte d’amour physique est un don <strong>de</strong> soi mutuel, le signe <strong>de</strong><strong>la</strong> résolution prise <strong>de</strong> vivre l’un pour l’autre. Elle n’a rien àvoir avec <strong>la</strong> domination, ou l’idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité comme lieud’exercice <strong>de</strong> son pouvoir <strong>de</strong> séduction.Quiconque utilise son partenaire pour sa seule satisfactionpersonnelle commet une insulte à sa propre dignité et à celle<strong>de</strong> son partenaire. Il utilise <strong>la</strong> sexualité à <strong>de</strong>s fins égoïstes.C’est pourquoi <strong>la</strong> Bible considère que c’est un péché lorsquel’homme se détourne <strong>de</strong> sa femme avant l’orgasme et <strong>la</strong>isse sasemence « tomber à terre » (Gn 38.9-10). Bien sûr, si ce<strong>la</strong> seproduit contre sa volonté, prématurément ou pendant qu’ilrêve, ce n’est pas considéré comme un péché. Pour <strong>la</strong> mêmeraison, les rapports sexuels oraux et anaux constituent aussiun péché. Parce qu’ils ont lieu dans le seul but égoïste d’excitationsexuelle, ce type <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions sexuelles est en réalité uneforme <strong>de</strong> masturbation mutuelle.La véritable plénitu<strong>de</strong> sexuelle se trouve dans <strong>la</strong>soumission mutuelle<strong>Le</strong> désir sexuel peut être re<strong>la</strong>tivement en sommeil chez uncouple <strong>de</strong> jeunes mariés, en particulier si aucun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux n’aeu <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions sexuelles pré-maritales, ou ne s’est adonné


90 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretérégulièrement à <strong>la</strong> masturbation. En fait, il est possible qu’unmari doive éveiller le besoin <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions sexuelles chez sonépouse. Parce que ce<strong>la</strong> peut prendre du temps, il doit êtretrès patient et n’amorcer l’union sexuelle que lorsque safemme est prête. Pour une femme vierge, <strong>la</strong> première re<strong>la</strong>tionpeut être douloureuse et occasionner un petit saignement. Ilne faut pas s’en a<strong>la</strong>rmer, mais chaque mari <strong>de</strong>vrait être conscientdu désagrément que ce<strong>la</strong> implique pour sa femme.Un mari aimera assez sa femme pour prêter attention àson état et voir si elle est prête, et ne précipitera pas <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tiondu fait <strong>de</strong> sa propre impatience. Parce qu’il ne se soucie pasuniquement <strong>de</strong> sa propre satisfaction, il sera sensible au faitque <strong>la</strong> femme a souvent besoin <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> temps qu’unhomme pour atteindre l’orgasme, et après <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion, il nes’endormira pas tranquillement pendant que son épousereste éveillée avec un sentiment <strong>de</strong> profon<strong>de</strong> déception et <strong>de</strong>frustration.<strong>Le</strong> bonheur sexuel d’une femme dépend davantage quecelui d’un homme <strong>de</strong>s circonstances qui accompagnent leurunion; <strong>de</strong> l’unité ressentie entre elle-même et son mari, et <strong>de</strong>spetits moments <strong>de</strong> tendresse ou <strong>de</strong>s paroles affectueuses. Sonbonheur ne dépend pas uniquement <strong>de</strong> l’orgasme. Être simplementavec son bien-aimé peut lui donner un sentiment <strong>de</strong>plénitu<strong>de</strong> extrêmement profond.Un couple ne <strong>de</strong>vrait pas craindre <strong>de</strong> se préparer mutuellementà l’union physique. Une stimu<strong>la</strong>tion aimante est unebonne affirmation <strong>de</strong> l’unité mutuelle, et en plus d’augmenterleur capacité à s’unir, elle entretient <strong>la</strong> confiance, et enveloppele couple d’un sentiment <strong>de</strong> sécurité. L’homme et <strong>la</strong>femme doivent tous <strong>de</strong>ux apprendre ce qui p<strong>la</strong>ît et stimuleleur partenaire. Lorsqu’il écrit à propos <strong>de</strong>s femmes, parexemple, von Gagern dit: « Il y a <strong>de</strong>s parties du corps quisont particulièrement réceptives aux caresses, <strong>la</strong> bouche, les


<strong>Le</strong> caractère sacré <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité 91seins, sous les bras, <strong>la</strong> colonne vertébrale – mais l’amour uniqued’un couple les gui<strong>de</strong>ra toujours à chaque fois 22 .»Comme l’autodiscipline, l’abstinence peut renforcerl’amour du couplePhysiquement, les re<strong>la</strong>tions sexuelles sont toujours possibles,mais le mari <strong>de</strong>vrait être prêt à s’abstenir pour <strong>la</strong> santé<strong>de</strong> sa femme, spécialement avant et après une naissance.Dans nos communautés du Bru<strong>de</strong>rhof, nous recommandonsl’abstinence pendant les règles et pendant six semaines aumoins avant <strong>la</strong> naissance d’un enfant. Après <strong>la</strong> naissance, lecouple <strong>de</strong>vrait s’abstenir aussi longtemps qu’il s’en sent capable,pour permettre à <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> récupérer à <strong>la</strong> fois physiquementet émotionnellement. Parce que chaque couple estdifférent, il est difficile <strong>de</strong> suggérer un <strong>la</strong>ps <strong>de</strong> temps précis;l’important est l’attention portée à <strong>la</strong> femme. Si le mari prendvraiment sa femme en considération, il sera désireux <strong>de</strong> sediscipliner en étant abstinent aussi longtemps que possible(1 Th 4.3-5). Dans ces moments d’abstinence, <strong>la</strong> femme<strong>de</strong>vra, par amour pour son mari, être attentive à ne pas l’excitersexuellement.Naturellement, l’amour entre l’homme et <strong>la</strong> femme, entre<strong>de</strong>ux personnes qui vivent ensemble, dorment ensemble ets’appartiennent, rendra l’abstinence plus difficile que pourun (ou une) célibataire. <strong>Le</strong>s époux <strong>de</strong>vront veiller d’autantplus à ne pas <strong>de</strong>venir proches l’un <strong>de</strong> l’autre sexuellementpour s’abstenir ensuite.Que l’abstinence soit fondamentalement négative et frustranteest une idée infondée, mais répandue. Si elle découle<strong>de</strong> l’amour, elle peut véritablement créer une re<strong>la</strong>tion pluscréative et plus enrichissante. Elle peut même avoir un effet22. Friedrich von GAGERN, Man and Woman, An introduction to the Mystery ofMarriage, Cork, Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Mercier, 1957, p. 26-27


92 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>de</strong> guérison. John Kippley, directeur du ministère nationalconcernant les couples, raconte comment une femme qu’ilconnaît, maltraitée par son père, connut <strong>la</strong> guérison grâce àson mari, car celui-ci respectait ses besoins. « À cause <strong>de</strong> samodération » dit-elle, « j’ai pu découvrir, pour <strong>la</strong> premièrefois, que j’étais davantage qu’un corps. Je pouvais être aiméesans avoir à faire preuve <strong>de</strong> performance sur le p<strong>la</strong>n sexuel.J’avais une vraie valeur en tant que personne, pas seulementen tant qu’objet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir. »Lorsqu’une femme arrive à <strong>la</strong> cinquantaine, il n’est pasinhabituel que son p<strong>la</strong>isir ou son intérêt pour les re<strong>la</strong>tionssexuelles aille en diminuant. Ce<strong>la</strong> peut être difficile pourl’homme qui doit, cependant, être attentif à ce que sonamour pour sa femme ne faiblisse pas. De leur côté, les femmes<strong>de</strong>vraient se donner par amour à leurs maris, autantqu’elles le peuvent, même si ce faisant, leur p<strong>la</strong>isir n’est pasaussi grand que dans les années passées (1 Co 7.3-4). Autrement,le mari pourrait être tenté <strong>de</strong> chercher d’autres échappatoiresà ses pulsions sexuelles. Ce qui est le plus important,c’est qu’il y ait toujours unité d’esprit et d’âme avant l’unionphysique et que lorsque l’abstinence s’avère nécessaire, cellecine <strong>de</strong>vienne pas prétexte à un refroidissement <strong>de</strong> l’amour.Paul écrit:Ne vous refusez donc pas l’un à l’autre. Vous pouvez,certes, en plein accord l’un avec l’autre, renoncer pour untemps à vos re<strong>la</strong>tions conjugales afin <strong>de</strong> vous consacrerdavantage à <strong>la</strong> prière, mais après ce<strong>la</strong>, reprenez vos rapportscomme auparavant. Il ne faut pas donner à Satan l’occasion<strong>de</strong> vous tenter par votre incapacité à dominer vos instincts(1 Co 7.5).C’est pourquoi il faut toujours envisager l’abstinence dans<strong>la</strong> prière et le jeûne – comme une autodiscipline. Lorsqu’on


<strong>Le</strong> caractère sacré <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité 93l’accepte <strong>de</strong> cette manière, volontairement, elle peut unir uncouple <strong>de</strong> façon plus profon<strong>de</strong> que jamais.Au final, dans un couple, tout dépend <strong>de</strong> l’engagement <strong>de</strong>chacun <strong>de</strong>s partenaires envers Jésus et <strong>de</strong> leur volonté à suivresa direction. <strong>Le</strong>s couples <strong>de</strong>vraient se rappeler que c’estDieu qui les a unis, et qu’il est le seul à pouvoir les maintenirensemble, particulièrement dans les moments difficiles. Jésusdit: « Celui qui perd sa vie <strong>la</strong> retrouvera » (cf. Lc 9.24). C’estégalement vrai du mariage chrétien: tant que les partenairessont désireux <strong>de</strong> se soumettre l’un à l’autre et au Christencore et toujours, ils se réaliseront pleinement dans l’unité et<strong>la</strong> liberté.


CHAPITRE 11<strong>Le</strong> don <strong>de</strong>s enfants:<strong>de</strong>venir parentsVous, enfants, obéissez à vos parents à cause du Seigneur,car c’est là ce qui est juste. Honore ton père et ta mère:c’est le premier comman<strong>de</strong>ment auquel une promesse estrattachée: pour que tu sois heureux et que tu jouissesd’une longue vie sur <strong>la</strong> terre. Vous, pères, n’exaspérez pasvos enfants, mais élevez-les en les éduquant et en lesconseil<strong>la</strong>nt d’une manière conforme à <strong>la</strong> volonté duSeigneur.Éphésiens 6.1-4Nous vivons dans un mon<strong>de</strong> où <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie familialesubit <strong>de</strong> profonds changements, à <strong>la</strong> fois dans les paysriches et dans les pays pauvres. <strong>Le</strong> concept <strong>de</strong> <strong>la</strong> famillecomme unité stable et cohérente <strong>de</strong>vient vite dépassé. Nousavons même peur <strong>de</strong> définir ce qu’est une famille, car nousne voulons offenser personne.Pendant <strong>de</strong>s années, les psychologues nous ont avertis <strong>de</strong>sconséquences <strong>de</strong>s mariages brisés, <strong>de</strong>s grossesses d’adolescentes,<strong>de</strong>s foyers violents et autres maux <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, maisleurs avertissements sont restés vains. Maintenant, <strong>la</strong> moissonest amère. Il nous faut plus que jamais redécouvrir


<strong>Le</strong> don <strong>de</strong>s enfants: <strong>de</strong>venir parents 95l’intention première <strong>de</strong> Dieu quand il créa l’homme et <strong>la</strong>femme, et les bénit en leur donnant <strong>de</strong>s enfants 23 .Avoir <strong>de</strong>s enfants aujourd’hui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du courageLa société mo<strong>de</strong>rne méprise <strong>la</strong> famille. Une famille nombreusea <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté à trouver une maison et, dans <strong>de</strong>nombreux endroits, il est impossible <strong>de</strong> louer un appartementmême si l’on a qu’un seul enfant. <strong>Le</strong>s enfants ne sonttout simplement pas désirés. De nombreuses personnes trouventregrettable d’abandonner leur travail ou d’autres occupationspour avoir <strong>de</strong>s enfants, et elles méprisent souvent lesfemmes qui choisissent <strong>de</strong> rester à <strong>la</strong> maison pour élever leursenfants au lieu <strong>de</strong> poursuivre une carrière plus « valorisantesocialement ».Il est vrai qu’avoir <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> nos jours <strong>de</strong>man<strong>de</strong>beaucoup <strong>de</strong> courage, mais c’est ce que <strong>la</strong> foi signifie: ignorerce que l’avenir nous réserve et cependant croire que Dieudirige toutes choses et qu’il aura le <strong>de</strong>rnier mot. Plus quejamais, les parents ont besoin d’avoir confiance en Dieu. Lasanté d’une société (et celle <strong>de</strong> toute Église ou mouvement àl’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> société) dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> force <strong>de</strong> ses mariages.Là où il y a respect pour Dieu, les familles sont stables et fortes,mais dès que ce respect se perd, les familles se désagrègentet déclinent rapi<strong>de</strong>ment.Ceux qui savent ce que représente le premier sourire d’unenfant, <strong>de</strong> l’aimer et d’être aimé en retour, connaissent unpeu <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Dieu, et <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’éternité danschaque enfant. Ils savent que leur enfant est unique et quenul autre ne pourrait le remp<strong>la</strong>cer dans leurs cœurs. Ils vontaussi se rendre compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité effrayante que23. J’ai abordé ce thème <strong>de</strong> façon plus profon<strong>de</strong> dans mon livre A Little ChildShall <strong>Le</strong>ad Them: Hopeful Parenting in a Confused World, Farmington,<strong>Plough</strong>, 1997


96 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéreprésente le fait <strong>de</strong> mettre un enfant au mon<strong>de</strong> – responsabilitéqui ne fait que grandir avec l’enfant – et s’apercevrontqu’ils sont trop faibles et trop pécheurs pour élever ne seraitcequ’un seul enfant par leurs propres forces.Mais reconnaître nos insuffisances ne <strong>de</strong>vrait pas nousconduire au désespoir. Ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vrait nous ai<strong>de</strong>r à réalisercombien nous dépendons <strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu. Seul l’adultedont l’attitu<strong>de</strong> est celle d’un enfant <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieuest fait pour élever un enfant.Sur quelle base bâtir une famille?Si nous avons l’intention <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une famille, notre premièrequestion <strong>de</strong>vrait être: sur quelle base? Une entière consécrationau Christ et à son Église est <strong>la</strong> seule fondationva<strong>la</strong>ble. Sur lui seul, nous pouvons bâtir une vie <strong>de</strong> familleriche et accomplie, et qui combattra les forces qui l’attaquent<strong>de</strong> l’extérieur.Chaque couple a pour tâche d’élever ses enfants au nom<strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> représenter le Créateur. Particulièrement pour lepetit enfant, le père et <strong>la</strong> mère représentent Dieu. C’est pourquoi,dès le départ, le comman<strong>de</strong>ment d’honorer son père etsa mère est si essentiel dans l’éducation d’un enfant. Sansce<strong>la</strong>, le comman<strong>de</strong>ment d’honorer Dieu n’a pas grand sens.En fait, chaque enfant aspire instinctivement à <strong>la</strong> sécuritéd’un père, d’une mère et <strong>de</strong> Dieu. C’est alors terrible lorsqueles parents ne comblent pas cette attente et considèrent l’éducationparentale uniquement comme un rôle à jouer et nesont pas véritablement <strong>de</strong>s pères et <strong>de</strong>s mères. <strong>Le</strong>s enfants seren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> cette hypocrisie à chaque fois qu’elleexiste; et ils <strong>de</strong>viennent rancuniers, amers et rebelles en grandissant.C’est également vrai si un couple vit dans <strong>la</strong> discor<strong>de</strong> – si<strong>la</strong> femme ne soutient pas son mari dans sa tâche <strong>de</strong> chef <strong>de</strong>


<strong>Le</strong> don <strong>de</strong>s enfants: <strong>de</strong>venir parents 97famille par exemple, ou si un homme n’aime pas et n’honorepas sa femme. Lorsque les enfants ne trouvent pas l’image <strong>de</strong>Dieu dans leurs parents, ils ont du mal à trouver un fon<strong>de</strong>mentsûr et sain pour leurs vies futures. Ils peuvent mêmeéprouver <strong>de</strong>s difficultés émotionnelles.J’ai récemment conseillé une famille dont je connais lesquatre enfants <strong>de</strong>puis leur plus jeune âge. <strong>Le</strong>s parents avaient<strong>de</strong> très bonnes intentions, cependant ils n’étaient pasd’accord sur lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>vait diriger <strong>la</strong> famille. Alorsqu’ils présentaient aux visiteurs et aux étrangers une imageassez paisible, à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille les tensions et <strong>la</strong> rivalitése développaient. Et leurs enfants grandissant, les parentsétaient trop désunis pour les diriger <strong>de</strong> façon appropriée, etc’est pourquoi ils furent un piètre exemple à suivre.Maintenant leurs enfants sont adultes. Ils sont tous aimables,bril<strong>la</strong>nts et pleins <strong>de</strong> talent, cependant ils pataugent.Parce que leurs parents n’ont jamais affronté les éléments <strong>de</strong>manque <strong>de</strong> confiance et <strong>de</strong> désunion dans leur mariage, cesjeunes adultes ont maintenant du mal à faire confiance à quiconque.Comme leurs parents, il leur est difficile d’être sincèreset honnêtes envers eux-mêmes, et ils ont toujoursbesoin <strong>de</strong> se sentir maîtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation. C’est triste <strong>de</strong> voirqu’ils ne se ren<strong>de</strong>nt pas compte combien ce<strong>la</strong> les coupe <strong>de</strong>sautres et ils sont <strong>de</strong>venus solitaires et sans illusions. <strong>Le</strong> pire <strong>de</strong>tout, c’est qu’ils sont totalement irréalistes dans leurs attenteset semblent croire que le mon<strong>de</strong> leur doit le succès.Il est <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus haute importance que, dès le premier jour,un enfant soit entouré d’amour, et du respect dû à Dieu. Lasécurité intérieure dont un enfant a besoin pour se développeret grandir sera à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> l’amour qu’il ressent entreses parents.En matière <strong>de</strong> discipline, il est préférable que l’homme et<strong>la</strong> femme s’accor<strong>de</strong>nt pleinement sur leurs attentes en termes<strong>de</strong> comportement. <strong>Le</strong>s enfants ne <strong>de</strong>vraient pas avoir à déci-


98 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>de</strong>r lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parents a raison. <strong>Le</strong>ur attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vraitêtre une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> confiance, pas <strong>de</strong> jugement. Ils recherchent<strong>de</strong>s limites soli<strong>de</strong>s et <strong>la</strong> sécurité qui vient <strong>de</strong> l’unité, <strong>de</strong>l’amour et du respect mutuel. C’est là <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’amour véritablepour les enfants.<strong>Le</strong>s enfants ont besoin <strong>de</strong> paroles vécues, pas <strong>de</strong>paroles pieuses<strong>Le</strong>s cinq premières années <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie d’un enfant sont lesplus formatrices; c’est donc pour les parents <strong>la</strong> meilleurepério<strong>de</strong> pour présenter Jésus et l’Évangile <strong>de</strong> façon vivante àleurs enfants. Ce<strong>la</strong> peut se faire tout à fait simplement en leurracontant <strong>la</strong> naissance, <strong>la</strong> mort et <strong>la</strong> résurrection <strong>de</strong> Jésus. <strong>Le</strong>récit <strong>de</strong> ces événements peut émouvoir le cœur <strong>de</strong> l’enfant àun âge particulièrement bas, et éveiller en lui un amour pourDieu et pour Jésus.Cependant, nous ne pouvons amener nos enfants à Jésus,si celui-ci n’est qu’un personnage <strong>de</strong> notre Bible. <strong>Le</strong>s enfantsvoudront toujours venir à Jésus, mais ils se rebelleront instinctivementcontre une fausse piété. Comme Blumhardt l’adit une fois, « si nous essayons d’entraîner nos enfants dans leroyaume grâce à notre religiosité, ils fuiront nos foyers pieuxdès qu’ils en auront <strong>la</strong> possibilité » 24 . C’est pourquoi faisonsattention à ne pas exercer <strong>de</strong> pression à caractère religieuxsur nos enfants ou à les accabler <strong>de</strong> discours sur <strong>de</strong>s péchésqu’ils ne peuvent ni comprendre, ni commettre. Nous voulonsqu’ils aient une attitu<strong>de</strong> d’enfant vis-à-vis <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong>Jésus et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible. Il ne sert à rien, par exemple, <strong>de</strong> faireapprendre aux enfants <strong>de</strong>s passages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible, même trèscourts, si Dieu ne parle pas directement à leurs cœurs. Plutôtque d’essayer « d’enseigner » <strong>la</strong> foi aux enfants, il est <strong>de</strong> loin24. Johann Christoph et Christoph Friedrich BLUMHARDT, Thoughts AboutChildren, Rifton, <strong>Plough</strong>, 1980, p. 29


<strong>Le</strong> don <strong>de</strong>s enfants: <strong>de</strong>venir parents 99préférable que les parents montrent leur foi par l’exemple, et<strong>la</strong> vivent, <strong>de</strong> façon spontanée et authentique. Lorsque nosenfants verront que nous, leurs parents, nous comptons surDieu en toutes choses, ils éprouveront le besoin <strong>de</strong> le prier et<strong>de</strong> le suivre <strong>de</strong> leur propre chef.Notre tâche est <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>r nos enfants, non <strong>de</strong> lescontrôlerÉlever <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une discipline journalière,mais nous ne <strong>de</strong>vrions jamais oublier qu’en prendre soin aunom <strong>de</strong> Dieu signifie les gui<strong>de</strong>r, et non les contrôler. <strong>Le</strong>senfants doivent être encouragés à se dépasser et à regar<strong>de</strong>rau-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur petit univers dès leur plus jeune âge, etapprendre à aimer et à respecter les autres. On ne peut les<strong>la</strong>isser aller au gré <strong>de</strong> leurs humeurs et suivre chaque penchantégoïste sans limitation. Des directions c<strong>la</strong>ires et <strong>de</strong>slimites soli<strong>de</strong>s sont toujours nécessaires. En réalité, <strong>la</strong> disciplineest le plus grand amour dont nous puissions leur témoigner(He 12.10-11). Mais ce n’est jamais un amour qui lescontraint ou les écrase.Rappelons-nous que chaque enfant est une pensée <strong>de</strong>Dieu (Ps 139.13-17) et essayons <strong>de</strong> comprendre pourquoi ilest dit qu’« un petit enfant les conduira » (Es 11.6). En guidantnos enfants, nous ne pouvons et ne <strong>de</strong>vons pas essayer<strong>de</strong> les façonner selon nos propres intentions ou nos p<strong>la</strong>ns.Nous ne pouvons les contraindre à quoi que ce soit qui n’aitpris naissance en eux, ait été éveillé <strong>de</strong> l’intérieur, ou leur aitété donné par Dieu. Dieu a un but spécifique pour chaqueenfant; il a un p<strong>la</strong>n pour chacun d’eux, et il s’y tiendra. Notretâche consiste à ai<strong>de</strong>r chaque enfant à trouver quel est le but<strong>de</strong> Dieu le concernant et à l’accomplir.Mener à bien cette tâche signifie user constammentd’abnégation dans nos propres efforts humains pour diriger


100 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretél’enfant. Ce<strong>la</strong> peut quelquefois vouloir dire éviter <strong>de</strong> détournerles enfants <strong>de</strong> leurs propres pensées. Blumhardt remarquecombien nous sommes prompts à nuire à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion avecnos enfants en interrompant leurs pensées et leur bonne dispositionet en essayant <strong>de</strong> les influencer par nos idées et nosconseils: « c’est lorsqu’on ne les dérange pas que les enfantsapprennent le mieux l’obéissance et le respect 25 ».Naturellement, nous <strong>de</strong>vons prendre gar<strong>de</strong> au <strong>la</strong>xisme. Lamollesse est souvent le fruit d’un sentimentalisme malsainentre le parent et l’enfant. Elle paralyse l’esprit <strong>de</strong> l’enfant carelle le soumet au manque <strong>de</strong> caractère d’un adulte qui aperdu <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté du Christ. Nous <strong>de</strong>vons toujours veiller à ceque nos enfants n’aient pas à vivre <strong>de</strong> telles re<strong>la</strong>tions.L’autorité véritable rend l’enfant plus fort et lestimule<strong>Le</strong>s enfants ne doivent jamais se sentir manipulés si onleur parle ou les admoneste durement. Ils doivent apprendreà se prendre eux-mêmes en main et à faire face à ce qui s’estpassé lorsqu’on leur a montré qu’ils avaient tort. Ils ne doiventpas donner <strong>de</strong> réponses approximatives qui pourraientsignifier ceci ou ce<strong>la</strong>. Cependant, même si une certainedureté envers l’enfant est quelque chose <strong>de</strong> sain, l’impatiencene l’est pas, particulièrement lorsqu’elle conduit à un châtimentcorporel. C'est, comme l’écrit Eberhard Arnold, une«déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> faillite ».Rejetons à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> dureté du châtiment physique et lepouvoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion: ce sont tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s formesd’autoritarisme qui ne prennent pas l’enfant au sérieux entant que porteur <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> Dieu. L’une manque <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>,l’autre d’honnêteté. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux manquent d’amour.La véritable autorité stimule et renforce ce qu’il y a <strong>de</strong> bon en25. Ibid, p. 21


<strong>Le</strong> don <strong>de</strong>s enfants: <strong>de</strong>venir parents 101chaque enfant en l’aidant à prendre ses propres décisionsconcernant le bien et le mal. C’est seulement lorsque nousdirigeons nos enfants en leur faisant confiance et en lesaimant qu’ils ressentiront le besoin <strong>de</strong> lutter contre le mal quiessaie d’agir en eux et en chacun <strong>de</strong> nous.Je remercie Dieu d’avoir eu un père qui pouvait se montrertrès strict envers nous, lorsque ce<strong>la</strong> s’avérait nécessaire.Comme tout enfant, je me suis quelquefois rebellé contrecette fermeté, mais à chaque fois je savais que c’était le signe<strong>de</strong> son amour pour moi. Depuis ma plus tendre enfance, nosparents ont instillé en nous <strong>la</strong> valeur du cinquième comman<strong>de</strong>ment,à savoir celui d’honorer son père et sa mère. Noussavions que si nous ne les aimions et ne les honorions pas,c’est en vérité Dieu que nous n’honorions pas.Concernant ma mère, mon père tenait à ce que nous luitémoignions du respect. Il n’aurait pas toléré <strong>de</strong> désobéissanceà son égard. C’est seulement ces <strong>de</strong>rnières années queje me suis rendu compte <strong>de</strong> sa sagesse. C’est le rôle du père<strong>de</strong> faire observer le respect vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère, puisque c’estelle qui a <strong>la</strong> tâche <strong>la</strong> plus lour<strong>de</strong> dans l’éducation <strong>de</strong>s enfants,particulièrement lorsqu’ils sont petits et ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.Bien que mon père ait pu être sévère, je n’ai jamais étéeffrayé par lui. À chaque fois que j’étais réprimandé pouravoir fait quelque chose <strong>de</strong> mal, je pouvais compter sur sonentier pardon et son amour total, une fois que j’avais reconnuma responsabilité et que j’étais désireux <strong>de</strong> réparer. Je savaisque le mal commis serait oublié et que je pourrais alors repartirà zéro.Mon père m’a montré <strong>la</strong> signification d’une autoritéaimante, une autorité que seul Dieu peut donner. Dans lecœur <strong>de</strong> chaque enfant se trouve le désir d’entendre un« non » quand ce « non » est nécessaire et le désir <strong>de</strong> réparerquand il sait avoir fait quelque chose <strong>de</strong> mal. Une autorité


102 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéparentale véritable apporte <strong>la</strong> sécurité intérieure à l’enfant,parce qu’elle lui donne <strong>la</strong> stabilité en fixant <strong>de</strong>s limites.La majorité <strong>de</strong>s pères et <strong>de</strong>s mères n’induisent pas leursenfants en erreur intentionnellement. En vérité, ce ne sontpas seulement leurs enfants qui souffrent, mais eux-mêmeségalement lorsqu’ils n’arrivent pas à être <strong>de</strong> vrais parents quiagissent pour Dieu. Chaque couple peut être guidé par Dieuet trouver le pardon en le <strong>de</strong>mandant dans <strong>la</strong> prière, et en setournant vers les frères et sœurs auxquels ils font confiancepour être aidés. Faire confiance à l’Église pour l’éducationd’un enfant en agissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte, ne doit jamais se faire auprix <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion parent-enfant. Dans nos communautés duBru<strong>de</strong>rhof, néanmoins, où nous avons nos propres enseignants,nous trouvons que ce<strong>la</strong> renforce souvent cette re<strong>la</strong>tionparent-enfant, car ce<strong>la</strong> donne à l’enfant <strong>la</strong> sécurité d’unamour bien plus profond et plus fort que celui d’une seulefamille. En définitive, bien sûr, ce n’est pas nous qui élevonsnos enfants, mais c’est Dieu. Mon père écrit à ce sujet:<strong>Le</strong> Christ nous appelle à être semb<strong>la</strong>bles à <strong>de</strong>s enfants, etce<strong>la</strong> signifie que nous <strong>de</strong>vons tout <strong>la</strong>isser tomber et <strong>de</strong>venircomplètement dépendants <strong>de</strong> Dieu, et les uns <strong>de</strong>s autres. Sinous, parents, aimons Dieu <strong>de</strong> tout notre cœur et <strong>de</strong> toutenotre âme, nos enfants auront le respect qui convient à notreégard, et nous aurons également du respect pour eux et visà-visdu merveilleux mystère qui consiste à naître et être unenfant. <strong>Le</strong> respect à l’égard <strong>de</strong> l’esprit qui agit entre parent etenfant est l’élément fondamental d’une vraie vie <strong>de</strong> famille 26 .26. J. Heinrich ARNOLD, Discipleship, op. cit., p. 169.


CHAPITRE 12La pureté <strong>de</strong> l’enfanceC’est pourquoi le plus grand dans le royaume <strong>de</strong>s cieuxest celui qui s’abaisse lui-même comme cet enfant, et celuiqui accueille, en mon nom, un enfant comme celui-ci,m’accueille moi-même. Si quelqu’un <strong>de</strong>vait faire tomberdans le péché l’un <strong>de</strong> ces petits qui croient en moi, ilvaudrait mieux qu’on lui attache au cou une <strong>de</strong> cespierres <strong>de</strong> meule que font tourner les ânes, et qu’on leprécipite au fond du <strong>la</strong>c.Matthieu 18.4-6<strong>Le</strong>s paroles <strong>de</strong> Jésus nous enseignent que l’âme d’un petitenfant a une gran<strong>de</strong> valeur aux yeux <strong>de</strong> Dieu. Spirituellement,chaque enfant est proche du trône <strong>de</strong> Dieu, du cœur<strong>de</strong> Dieu et a un ange gardien qui « se tient constamment enprésence du Père céleste » (Mt 18.10).Lorsqu’un bébé vient au mon<strong>de</strong>, c’est comme s’il apportaitavec lui l’air pur du ciel. À chaque naissance nous sentonsque c’est un peu <strong>de</strong> Dieu qui est né, qu’un peu d’éternité estvenu jusqu’à nous. L’innocence d’un enfant est une trèsgran<strong>de</strong> bénédiction.


104 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéL’esprit <strong>de</strong> l’enfant doit être protégé mais égalementnourriCependant, malgré leur innocence, il y a en chacun d’euxune inclination au péché (Pr 22.15). C’est pourquoi entraînerun enfant au mal est un péché si terrible! <strong>Le</strong>s enfants sontcorrompus non seulement par ceux qui les conduisent àpécher intentionnellement, mais aussi par l’exposition à toutce qui viole l’atmosphère d’innocence autour d’eux, et lesprive <strong>de</strong> leur nature enfantine. Il y a tant d’images auxquellesles enfants sont confrontés aujourd’hui – chez eux à <strong>la</strong> télévision,dans les centres commerciaux, et à l’école – qui sontcréées par <strong>de</strong>s adultes obsédés par le sexe, <strong>la</strong> violence, le pouvoiret l’argent. Est-ce alors surprenant qu’ils per<strong>de</strong>nt leuresprit d’innocence et leur enfance même, alors qu’ils sontencore enfants?La meilleure chose que nous puissions faire pour nosenfants est <strong>de</strong> veiller à ce que l’atmosphère dans <strong>la</strong>quelle ilsvivent soit remplie d’un esprit <strong>de</strong> pureté et dirigée parl’amour. L’éducation intérieure <strong>de</strong>s enfants – les amener àaimer et respecter Dieu, leurs parents, leurs professeurs, etchacun autour d’eux – est un saint privilège. Il est <strong>de</strong> <strong>la</strong> plushaute importance <strong>de</strong> prier que l’Esprit <strong>de</strong> Dieu éveille <strong>la</strong>volonté <strong>de</strong> nos enfants pour tout ce qui est pur, authentiqueet bon. Gui<strong>de</strong>r les enfants à faire ce qui est bon est bien plusimportant que <strong>de</strong> leur enseigner à réciter <strong>de</strong>s versets ou à dire<strong>de</strong>s prières qui pourraient ne pas venir du cœur. Dans noscommunautés, en général, nous évitons ce type d’instructionreligieuse formelle. Nous pensons que les enfants sont mieuxà même d’apprendre à aimer Dieu par <strong>de</strong>s chants simples et<strong>de</strong>s histoires bibliques, et par l’exemple quotidien autourd’eux d’adultes qui s’aiment.Pour amener les enfants à Jésus, il est important que nousmêmesayons une attitu<strong>de</strong> d’enfant à l’égard <strong>de</strong> ses comman-


La pureté <strong>de</strong> l’enfance 105<strong>de</strong>ments et <strong>de</strong> ses paroles, à l’égard du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s anges et <strong>de</strong><strong>la</strong> Bible dans son ensemble. <strong>Le</strong>s enfants ont une telle facilité àintégrer rapi<strong>de</strong>ment et simplement ces choses dans leurscœurs!Nous pouvons également les amener à Dieu par le mon<strong>de</strong>qui nous entoure, en les aidant à sentir Dieu dans tout cequ’ils voient, dans le soleil, <strong>la</strong> lune et les étoiles; les oiseaux etles animaux; les arbres et les fleurs; les montagnes et les tempêtes.Chaque enfant a le désir <strong>de</strong> vivre dans et avec <strong>la</strong> nature,et chaque enfant éprouve <strong>de</strong> l’amour pour <strong>la</strong> terre, <strong>de</strong> <strong>la</strong> joieà <strong>la</strong> vue du ciel semé d’étoiles, et une chau<strong>de</strong> affection pourtout ce qui vit. Pour l’enfant, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> sesanges est souvent plus proche et plus réel que nous ne le supposons.Par <strong>la</strong> nature et par <strong>la</strong> Bible, les enfants seront confrontésà <strong>la</strong> souffrance et à <strong>la</strong> mort dès leur jeune âge. Alors qu’il estimportant <strong>de</strong> leur enseigner à avoir compassion <strong>de</strong> ceux quisouffrent, il est aussi important <strong>de</strong> ne pas les accabler ni <strong>de</strong>les effrayer. En général, trop d’éléments du cycle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie – <strong>la</strong>reproduction, <strong>la</strong> naissance et <strong>la</strong> mort – peuvent blesser <strong>la</strong> perceptionintérieure <strong>de</strong> l’enfant concernant le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu.La naissance et <strong>la</strong> mort sont <strong>de</strong>s mystères qui ne peuvent êtrecompris qu’en re<strong>la</strong>tion avec Dieu, et il y a danger <strong>de</strong> manque<strong>de</strong> respect si l’on en dit trop.À cet égard, nous <strong>de</strong>vons avoir une plus gran<strong>de</strong> crainte etun plus grand respect pour <strong>la</strong> grossesse et <strong>la</strong> naissance. Cen’est pas sans raison que Jésus compare <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s temps et <strong>la</strong>venue d’un mon<strong>de</strong> nouveau à une mère en train d’accoucher,et à <strong>la</strong> joie immense <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie nouvelle après toute <strong>la</strong>souffrance et l’angoisse. Chaque fois qu’un couple attend unenfant, p<strong>la</strong>ne un grand mystère. Nous pouvons causer unegran<strong>de</strong> blessure interne si nous p<strong>la</strong>isantons à propos <strong>de</strong> <strong>la</strong>grossesse ou si nous y prêtons trop d’attention. Une anticipa-


106 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretétion tranquille et humble instillera chez les enfants un respectnaturel pour le don divin d’une vie nouvelle.Dans le domaine sexuel, particulièrement, il n’est toutsimplement pas nécessaire à l’enfant ou à l’adolescent <strong>de</strong> toutsavoir. Il est trop facile <strong>de</strong> détruire le caractère sacré et mystérieux<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie chez nos enfants par trop <strong>de</strong> discussion etd’éta<strong>la</strong>ge. Aujourd’hui plus que jamais, les parents doiventêtre attentifs aux dangers insidieux <strong>de</strong> notre culture, tropportée sur le sexe, et qui peut trop facilement s’immiscerdans nos foyers – à travers ce que nous-mêmes et nos enfantsvoyons, entendons et lisons.Je ne suggère d’aucune manière que les enfants soientéduqués dans l’ignorance <strong>de</strong>s principaux événements <strong>de</strong> <strong>la</strong>vie. Je veux simplement dire que ces choses ne <strong>de</strong>vraient pasêtre séparées du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> principal est que nousne troublions pas <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong> l’enfance – <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion naturelle<strong>de</strong> chaque enfant avec son Créateur.Éduquer c’est inciter l’enfant à choisir le bienProtéger <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong>s enfants veut dire les gagner à <strong>la</strong>cause du bien. Nous nous trompons en supposant qu’unenfant n’est pas tenté par le mal. En tant que parents, nous<strong>de</strong>vons toujours être prêts à combattre le mal chez nosenfants, que celui-ci s’exprime sous forme <strong>de</strong> mensonges, <strong>de</strong>vol, <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> respect ou d’impureté sexuelle. Mais nous<strong>de</strong>vons le faire sans trop <strong>de</strong> règles (Col 2.20-22). <strong>Le</strong> moralisme,qui inclut toujours suspicion et méfiance, détruitl’esprit d’enfant. L’obéissance ne suffit pas. La soumissionseule ne forme pas le caractère <strong>de</strong> l’enfant. D’un côté, on nepeut pas <strong>la</strong>isser les enfants sans protection, les <strong>la</strong>issant <strong>de</strong>venirainsi <strong>la</strong> proie du mal qu’ils viendraient à rencontrer. Del’autre, nous ne <strong>de</strong>vrions pas les décourager en les sermonnantconstamment à propos <strong>de</strong> leurs fautes. Éduquer vérita-


La pureté <strong>de</strong> l’enfance 107blement ne veut pas dire façonner ou écraser un enfant par<strong>de</strong>s critiques perpétuelles. Ce<strong>la</strong> signifie lui enseigner à choisirle bien et à rejeter le mal.Néanmoins dès leur plus tendre enfance, nous <strong>de</strong>vons êtreattentifs à ne pas gâter nos enfants. Gâter ses enfants conduità l’égoïsme, au manque <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> soi, et à un mécontentementprofond; en d’autres termes, ce<strong>la</strong> conduit au péché.<strong>Le</strong>s parents qui gâtent leurs enfants confon<strong>de</strong>nt souventamour et sentimentalisme. Ils pensent gagner leurs enfantsen s’accrochant à eux, mais en réalité, ils ne font que lesempêcher <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s personnes indépendantes et saines.Traiter ses enfants comme sa propriété émotionnelle, c’estleur manquer <strong>de</strong> respect en tant qu’images <strong>de</strong> Dieu à partentière.Parmi les enfants plus âgés, le manque <strong>de</strong> respect à l’égard<strong>de</strong> leurs condisciples, leurs éducateurs et leurs parents estcourant. <strong>Le</strong> manque <strong>de</strong> respect s’exprime <strong>de</strong> différentesmanières. Parmi les garçons, il peut prendre <strong>la</strong> forme dumachisme (qui est en gran<strong>de</strong> partie une façon <strong>de</strong> cacher sapeur, et dont on fait éta<strong>la</strong>ge uniquement en présence <strong>de</strong>sautres), ou un manque <strong>de</strong> considération pour autrui, ou bienun comportement irrespectueux et <strong>de</strong>structeur. On peutmépriser le chant en le considérant comme efféminé, on peutse moquer <strong>de</strong>s marques d’affection envers les bébés, et toutce qui est religieux ou moral peut être sujet à moquerie.Parmi les filles, le manque <strong>de</strong> respect s’exprime souvent par<strong>de</strong>s bavardages cruels, <strong>de</strong>s médisances, <strong>de</strong>s secrets et unesensibilité exacerbée aux critiques.<strong>Le</strong>s enfants qui font preuve <strong>de</strong> telles inclinations manquent<strong>de</strong> sécurité et c’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle ils ont tendanceà cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> pression et recherchent souvent le soutiend’une ban<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s parents et les professeurs doivent y êtreattentifs, car le caractère exclusif d’une ban<strong>de</strong>, même <strong>la</strong> plusamicale, n’est jamais quelque chose <strong>de</strong> sain. <strong>Le</strong> meilleur anti-


108 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretédote à ce phénomène consiste en une direction positive, uneattention et un intérêt authentiques pour chaque enfant.Chaque enfant désire instinctivement avoir bonneconscienceLa question <strong>de</strong> l’impureté sexuelle chez les enfants exigesensibilité et discernement particuliers. Mon père écrit à cesujet:Comment combattre le péché chez les enfants est unequestion très difficile. S’il y a <strong>de</strong>s actes d’indécence, parexemple – ce qui commence <strong>la</strong> plupart du temps chez lesenfants par <strong>de</strong> l’exhibitionnisme vis-à-vis <strong>de</strong>s autres enfantset quelquefois par du toucher mutuel – l’enfant sentira instinctivementque ce n’est pas bien. Associés à ce manque <strong>de</strong>pu<strong>de</strong>ur, il y a presque toujours <strong>de</strong>s mensonges. Lorsqu’il estquestion <strong>de</strong> ces choses parmi les enfants, nous <strong>de</strong>vons êtreattentifs à ne pas en faire une montagne. Ce<strong>la</strong> ne pourraitque focaliser leur attention sur le domaine sexuel. Lameilleure chose, peut-être, serait <strong>de</strong> les sermonner, et <strong>de</strong>clore ainsi le sujet, puis <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à penser à autre chose.Nous, qui avons grandi, oublions trop facilement que <strong>de</strong>nombreuses choses n’ont pas <strong>la</strong> même signification pour unenfant que pour nous, et nous ne <strong>de</strong>vons jamais projeter nosidées, sentiments et expériences sur l’esprit d’un enfant (Tt1.15). Nous ne <strong>de</strong>vons jamais oublier non plus qu’il est enquelque sorte naturel que les enfants passent par <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s<strong>de</strong> curiosité sexuelle. Ceci ne doit pas être pris pour unpéché, car ce n’en est pas un. Mais nous <strong>de</strong>vons diriger nosenfants <strong>de</strong> manière à ce que leurs âmes restent pures et innocentes.Trop questionner l’enfant peut lui nuire, car, par <strong>la</strong>peur que les questions engendrent, il peut s’enferrer <strong>de</strong> plusen plus dans le mensonge.C’est une gran<strong>de</strong> injustice <strong>de</strong> coller <strong>de</strong>s étiquettes à <strong>de</strong>senfants ou <strong>de</strong>s adolescents, particulièrement à ceux qui ontpéché dans le domaine sexuel. Dans notre évaluation <strong>de</strong>


La pureté <strong>de</strong> l’enfance 109leurs péchés, nous <strong>de</strong>vons nous gar<strong>de</strong>r d’en venir trop vite à<strong>de</strong> ru<strong>de</strong>s conclusions concernant le caractère d’un enfant ouson développement futur. Nous <strong>de</strong>vrions plutôt l’ai<strong>de</strong>r àtrouver <strong>de</strong> nouveaux centres d’intérêt et à prendre joyeusementun nouveau départ.Nous savons que nous pouvons toucher le cœur d’unenfant en faisant appel à sa conscience. Tout enfant aspiresincèrement et <strong>de</strong> façon instinctive à une conscience pure; etnous <strong>de</strong>vrions soutenir ce désir afin qu’il ne souffre pasd’une conscience chargée.Il arrive un point où les enfants ne sont plus <strong>de</strong>s enfantsdans le vrai sens du terme. Dès qu’ils pèchent <strong>de</strong> façon consciente,ils cessent d’être <strong>de</strong>s enfants. C’est alors aux parentset aux enseignants <strong>de</strong> les amener à se repentir, à prendreconscience <strong>de</strong> ce que Jésus a vécu à <strong>la</strong> croix et à se convertirpour le pardon <strong>de</strong> leurs péchés. Par <strong>la</strong> croix, une enfanceperdue peut être restaurée 27 .La pureté, comme l’impureté, s’apprend parl’exempleOn n’insistera jamais trop sur l’importance, pour lesparents, d’établir une re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> confiance avec leurs enfants<strong>de</strong>puis leur plus jeune âge. Il ne faut pas attendre que <strong>de</strong>sproblèmes surviennent, car ils peuvent ne surgir qu’à l’âge <strong>de</strong>cinq ou six ans. Si nous ne bâtissons pas une re<strong>la</strong>tion avec nosenfants lorsqu’ils sont encore jeunes, nous ne pourronsjamais obtenir <strong>la</strong> confiance et le respect nécessaires pourrésoudre les problèmes plus sérieux qui viendront avec l’adolescence.<strong>Le</strong>s années entre treize et vingt et un ans sont bien sûr,particulièrement décisives car c’est au cours <strong>de</strong> ces années-làque les enfants sont <strong>de</strong> plus en plus conscients <strong>de</strong> leur sexua-27. Johann Christoph et Christoph Friedrich BLUMHARDT, Thoughts AboutChildren, op. cit., p. 9.


110 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretélité. Il est si facile pour les parents – et pour les Églises – <strong>de</strong>faire comme s’ils ne les voyaient pas et <strong>de</strong> leur faire faux bond<strong>la</strong>mentablement, simplement en les ignorant. Combien noscollèges et nos lycées seraient différents si les parents prenaientdu temps pour leurs adolescents! De nombreuxparents les mettent en gar<strong>de</strong> contre l’alcool, les drogues et lesexpériences sexuelles, mais combien passent du temps pourles gui<strong>de</strong>r dans leurs centres d’intérêt et les encourager à utiliserleur temps <strong>de</strong> manière créative, à faire plus que regar<strong>de</strong>rles <strong>de</strong>rnières vidéos à <strong>la</strong> télé ou traîner au centre commercial?<strong>Le</strong>s parents engagés resteront proches <strong>de</strong> leurs enfants à traversles hauts et les bas <strong>de</strong> l’adolescence. <strong>Le</strong>s pères et lesmères ne seront pas seulement <strong>de</strong>s pères et <strong>de</strong>s mères pourleurs enfants, ils seront également <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s amis.<strong>Le</strong>s jeunes ont toujours besoin <strong>de</strong> quelqu’un à qui se confier.Que ce soit un parent, un pasteur, un conseiller ou unami, ils doivent avoir une personne <strong>de</strong> confiance avec quipartager librement joies et luttes, et avec qui parler ouvertement<strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité sans honte ou sans embarras.On présente aux adolescents d’aujourd’hui beaucouptrop d’options. Notre culture croit que <strong>la</strong> variété est <strong>la</strong> clé <strong>de</strong><strong>la</strong> liberté, mais loin <strong>de</strong> là, elle peut être celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> confusion.Trop peu <strong>de</strong> gens désirent mettre les adolescents en gar<strong>de</strong>contre les douloureuses blessures émotionnelles qui suiventles re<strong>la</strong>tions sexuelles sans engagement. Il y en a encoremoins qui soient capables <strong>de</strong> leur montrer qu’il y a un espoirdans le pardon, lorsqu’ils ont failli.C’est pour cette raison que l’on a particulièrement besoin<strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> confiance, servant d’exemples. <strong>Le</strong>s enfantspassent seuls plus <strong>de</strong> temps que jamais auparavant; dans toutesles c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, les enfants avec <strong>la</strong> clé du domicileautour du cou sont <strong>de</strong> plus en plus fréquents. Ce n’est pas unhasard si les enfants d’aujourd’hui ont été qualifiés par certainsexperts <strong>de</strong> « Génération solitaire », ou si <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s uti-


La pureté <strong>de</strong> l’enfance 111lisent pour les décrire <strong>de</strong>s termes tels que « abandonnés »,« aliénés » ou « seuls ».N’oublions pas que <strong>la</strong> pureté, comme l’impureté,s’apprend d’abord et avant tout par l’exemple (Tt 2.6-8).<strong>Le</strong>s enfants doivent voir que l’amour qui unit leurs parentsest indissoluble, et apprendre que certains regards, certainescaresses et certaines paroles d’affection ne sont appropriéesqu’entre mari et femme. Ils doivent voir que l’intimité physiquen’appartient qu’au mariage et que les expériences préa<strong>la</strong>bles,<strong>de</strong> quelque sorte qu’elles soient, ne font qu’entacherun mariage à venir. Ils ont bien sûr besoin qu’on leur épargne<strong>la</strong> confusion et <strong>la</strong> douleur venant <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions brisées et dupéché dans le domaine sexuel parmi les adultes qui les entourent.C’est pourquoi il est si important que l’Église ait une p<strong>la</strong>ceessentielle dans <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> famille. <strong>Le</strong>s enfants doivent pouvoirobserver <strong>de</strong>s exemples vivants <strong>de</strong> pureté non seulement chezleurs parents, mais chez toutes les personnes qui les entourent,qu’elles soient mariées ou célibataires.La meilleure protection contre le péché c’est l’amourLa pureté ne peut jamais être encouragée dans le vi<strong>de</strong>.Nos enfants et nos jeunes doivent avoir un cœur gagné àJésus et à sa cause <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> justice sociale. Lorsqu’ils ontle cœur rempli <strong>de</strong> Dieu et motivé pour sa cause, ils réagissentinstinctivement contre le mal. Si nous les sensibilisons auxbesoins <strong>de</strong>s autres, ils chercheront à y répondre par l’amour.L’idée que les enfants n’ont aucune conscience sociale,aucun sentiment pour ceux qui souffrent, pour l’injustice et<strong>la</strong> culpabilité <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>, n’est tout simplement pas vraie– ceci ne se produira que s’ils sont élevés dans un environnementartificiel qui tourne autour <strong>de</strong> leur propre confort et <strong>de</strong>leur p<strong>la</strong>isir. Lorsque <strong>de</strong>s enfants sincères seront confrontés


112 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéaux besoins <strong>de</strong>s autres, ou lorsqu’ils en verront ai<strong>de</strong>r ceux quisont dans le besoin, ils éprouveront le désir ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> développerleur amour <strong>de</strong> façon pratique.La meilleure barrière contre le péché est toujours l’amour.L’amour réunit toutes les vertus dans une unité parfaite (Col3.14). L’amour, voilà le message que nous <strong>de</strong>vons apporter ànos enfants et à nos jeunes, et le plus important est que nousdémontrions cet amour par tout ce que nous disons et faisons.Tant <strong>de</strong> jeunes aujourd’hui vivent pour eux-mêmes etleurs propres intérêts. Ils travaillent durement pour obtenir<strong>de</strong> bons diplômes, pour exceller en sport, pour être reconnusgrâce à leur savoir, tout ce<strong>la</strong> est bien. Mais combien se soucient<strong>de</strong> leurs voisins ou <strong>de</strong>s besoins du mon<strong>de</strong> autour d’eux?Nous <strong>de</strong>vons mettre nos jeunes au défi et les pousser àéchanger avec les autres, spécialement avec ceux qui ontd’autres croyances ou viennent <strong>de</strong> milieux différents.Souvent, les parents essaient <strong>de</strong> protéger leurs adolescentsen les soustrayant à toutes les situations d’impureté et <strong>de</strong> violence,particulièrement au lycée ou à l’université. Néanmoins,ce dont ils ont vraiment besoin, c’est peut-être ducontraire: l’occasion <strong>de</strong> s’assumer et <strong>de</strong> témoigner <strong>de</strong> cequ’ils croient, pas seulement <strong>de</strong> ce que leurs parents croient.Nos enfants ont besoin <strong>de</strong> sortir et d’apprendre ce queleurs contemporains pensent et ressentent. Ils ont besoind’établir <strong>de</strong>s rapports avec leurs condisciples et <strong>de</strong> communiquersur les sujets brû<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> leur temps, sociaux, politiqueset économiques. Ils doivent avoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> compassion face audésespoir <strong>de</strong> ceux qui se tournent vers <strong>la</strong> drogue ou l’alcool,et pour ceux qui souffrent <strong>de</strong> maltraitance dans leurs foyers.Sans <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> comprendre et d’avoir <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions avecles autres en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur propre mon<strong>de</strong>, ils n’auront jamaisaucun lien réel avec le mon<strong>de</strong> qui les entoure et n’aurontjamais l’occasion <strong>de</strong> mettre leurs convictions personnelles àl’épreuve.


La pureté <strong>de</strong> l’enfance 113Nous n’aurons jamais <strong>de</strong>s enfants parfaits, mais nouscroyons fermement qu’il est possible d’élever <strong>de</strong>s enfants quiréagiront à notre direction et notre discipline en dépit <strong>de</strong> <strong>la</strong>terrible corruption et <strong>de</strong> l’obscurité <strong>de</strong> notre époque (Pr22.6). Tant que nous sommes capables <strong>de</strong> maintenir unere<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> respect mutuel et <strong>de</strong> déférence, nous trouverons lemoyen d’avancer avec nos enfants. Ce<strong>la</strong> exigera que nousluttions, quelquefois même durement, cependant, pour lebien <strong>de</strong> l’âme d’un enfant, cette lutte vaut toujours <strong>la</strong> peine.Néanmoins, en grandissant, il est possible que nos enfantschoisissent une façon <strong>de</strong> vivre différente <strong>de</strong> celle que nousaurions choisie pour eux. Mais si nous prions chaque jourJésus <strong>de</strong> nous gui<strong>de</strong>r, nous pouvons avoir confiance qu’il lefera, pour nous et pour eux.


CHAPITRE 13Pour ceux qui envisagent<strong>de</strong> se marierL’exercice physique a son utilité, certes, mais celle-ci estlimitée. L’attachement à Dieu, lui, est utile à toutpuisqu’il possè<strong>de</strong> <strong>la</strong> promesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie pour le présent etpour l’avenir… Que personne ne te méprise pour tonjeune âge, mais efforce-toi d’être un modèle pour lescroyants par tes paroles, ta conduite, ton amour, ta foi etta pureté.1 Timothée 4.8, 12Il est choquant <strong>de</strong> constater avec quel manque <strong>de</strong> sérieux,quel égoïsme et quelle naïveté, les jeunes gens se <strong>la</strong>ncentaujourd’hui dans <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions, et même dans le mariage.Comment les jeunes <strong>de</strong>vraient-ils gérer les attirances naturelleset les amitiés qui se développent entre eux? Quelle est <strong>la</strong>bonne approche? Comment les jeunes gens peuvent-ils setenir à l’écart <strong>de</strong> l’érotisme superficiel <strong>de</strong> notre temps et avoir<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions vraiment libres et naturelles? Et comment peuvent-ilsse préparer au mieux pour les responsabilités et lesexigences du mariage?


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 115<strong>Le</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous conventionnels déprécient le sens <strong>de</strong>l’engagementNous <strong>de</strong>vrions nous réjouir <strong>de</strong>s amitiés entre <strong>de</strong>s jeunesgens et <strong>de</strong>s jeunes filles ou lorsqu’ils ont l’occasion d’échangermutuellement <strong>de</strong> façon positive dans leur vie quotidienne.Avoir peur <strong>de</strong> ce qui pourrait mal se passer entre euxse révèle souvent injustifié et constitue un signe <strong>de</strong> méfiance.<strong>Le</strong>s jeunes doivent avoir l’occasion <strong>de</strong> communiquer les unsavec les autres dans <strong>de</strong>s groupes où ils peuvent travailler, partager,chanter et se détendre ensemble. Former <strong>de</strong>s couplesou <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions exclusives est malsain et inapproprié: dansl’Église, les jeunes <strong>de</strong>vraient apprendre à se connaîtred’abord en tant que frères et sœurs. Ils doivent être libresd’être vus ensemble sans que leur amitié entraîne toutes sortes<strong>de</strong> bavardages ou <strong>de</strong> spécu<strong>la</strong>tions. La pression qu’entraînentces commentaires entrave <strong>la</strong> liberté. Elle abîme et minetout ce qu’il y a <strong>de</strong> bon dans une re<strong>la</strong>tion.Il est typique <strong>de</strong> l’immaturité <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse <strong>de</strong> « tomberamoureux » d’abord <strong>de</strong> quelqu’un, puis <strong>de</strong> quelqu’und’autre, comme une abeille butinant <strong>de</strong> fleur en fleur. Il estnaturel <strong>de</strong> vouloir chercher « <strong>la</strong> bonne personne », maisl’Église ne peut pas tolérer <strong>la</strong> formation puis <strong>la</strong> dissolutioncontinuelles <strong>de</strong> nouvelles re<strong>la</strong>tions. L’attitu<strong>de</strong> désinvolte d’unjeune homme ou d’une jeune fille qui passe d’un petit ami oud’une petite amie à l’autre n’est jamais bonne. Elle émousse<strong>la</strong> conscience et rabaisse le sens <strong>de</strong> l’engagement. <strong>Le</strong>s vagues<strong>de</strong> l’attraction émotionnelle qui accompagnent toute amitiéentre un garçon et une fille sont parfaitement normales maissi on ne les remet pas au Christ, elles peuvent <strong>la</strong>isser <strong>de</strong>s blessuresà vie.À cause <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, nous rejetons dans nos communautés<strong>la</strong> pratique conventionnelle <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous (dating). Dans<strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, ce<strong>la</strong> est <strong>de</strong>venu un jeu dans notre


116 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretésociété – un rituel qui consiste à former <strong>de</strong>s couples avecun petit ami ou une petite amie sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’attirancephysique et émotionnelle. Ce rituel est basé sur une mauvaisecompréhension <strong>de</strong> l’amitié et n’a souvent rien à voiravec l’amour authentique ou <strong>la</strong> fidélité. Dans <strong>de</strong> nombreuxcas, cette pratique <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous est centrée surune préoccupation malsaine <strong>de</strong> « l’image » personnelle. Etlorsque <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuelles viennent s’ajouter, celles-cipeuvent peser si lour<strong>de</strong>ment sur <strong>la</strong> conscience qu’il faudra<strong>de</strong>s années pour en guérir.Vanité et superficialité vont <strong>de</strong> pair avec <strong>la</strong> pratique conventionnelle<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous. Il en va <strong>de</strong> même pour le fait <strong>de</strong>faire du charme – attirer l’attention sur soi dans le but d’attirerl’autre sexuellement. Faire du charme révèle une insécuritéet un manque <strong>de</strong> bonheur intérieurs, et constitue uneinsulte à Dieu.Depuis quelques années, <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> parents etd’Églises recherchent d’autres alternatives à <strong>la</strong> pratique conventionnelle<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous. Quelques-uns, par exemple,cherchent à faire revivre <strong>la</strong> pratique « désuète » consistant àfaire sa cour, qui met l’accent sur le fait d’avoir un gui<strong>de</strong>, surl’engagement familial et <strong>de</strong>s activités enrichissantes pour lespersonnes. <strong>Le</strong>s statistiques montrent également que <strong>la</strong> pratiqueconventionnelle <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous diminue sur les campusuniversitaires. De nombreuses universités mixtes préfèrentmaintenant organiser <strong>de</strong>s voyages en « groupes sans petit(e)ami(e) », dans lesquels l’activité <strong>de</strong> groupe met l’accent sur <strong>la</strong>responsabilité personnelle. Ce sont là <strong>de</strong>s signes vraimentencourageants et ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vrait inciter les parents, les pasteurs,et les dirigeants d’Églises à être encore plus actifs et à s’engagerdavantage dans ce domaine.


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 117Des sentiments réciproques ne suffisent pas à bâtirune re<strong>la</strong>tion durableComment un jeune homme ou une jeune fille trouvera-til(elle) le bon partenaire? Pour un chrétien, le facteur décisif<strong>de</strong>vrait toujours être l’unité <strong>de</strong> cœur et d’âme dans l’Esprit.<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires doivent sentir que leur re<strong>la</strong>tion les rapproche<strong>de</strong> Jésus, car seule sa volonté peut réunir <strong>de</strong>ux personnesfaites l’une pour l’autre. Sans Jésus et l’unitéparticulière qu’il apporte entre <strong>de</strong>ux personnes, un couple nesurvivra pas aux luttes et aux tempêtes qui sont le lot <strong>de</strong> toutmariage, en particulier dès qu’il y a <strong>de</strong>s enfants. Mêmelorsqu’un jeune couple est sûr <strong>de</strong> sa volonté d’aller plus avantdans leur re<strong>la</strong>tion – en se fiançant par exemple – il <strong>de</strong>vraitmettre son amour à l’épreuve pour un temps, afin <strong>de</strong> voir sic’est simplement le feu <strong>de</strong> paille d’une attirance romantiqueou s’il y a quelque chose <strong>de</strong> plus profond. Nous le redisonsencore, l’attirance physique et émotionnelle est naturelle maiselle ne constitue pas <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment suffisant pour se marierou fon<strong>de</strong>r une famille, et ne peut jamais être un facteur décisifpour un engagement. Une re<strong>la</strong>tion basée uniquement surl’attirance est superficielle et finira par s’effondrer. La vraiequestion à se poser <strong>de</strong>vrait toujours être celle-ci: « Qu’est-ceque Dieu veut pour notre vie et notre avenir ensemble? » Savolonté est le fon<strong>de</strong>ment le plus sûr.Nous avons tous entendu dire: « C’est ce qu’il y a à l’intérieurqui compte », mais quant à savoir si nous le croyonsréellement, c’est une autre affaire. Consciemment ou inconsciemment,nous avons tous jugé d’autres personnes à leuraspect physique. Dans une culture où il est normal d’entendredire: « C’est une jeune femme très attirante », ou « Il estdu genre très élégant » et ainsi <strong>de</strong> suite, il n’est pas inutile <strong>de</strong>réfléchir au message subtil que nous envoyons à ceux quenous ne décrivons pas <strong>de</strong> cette façon.


118 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéLa question <strong>de</strong> juger les gens à leur apparence, l’importancedu « look », est particulièrement importante pour lesjeunes couples qui envisagent <strong>de</strong> se marier. Une jeune femmepourra remarquer le garçon le plus élégant dans son entourage,ou un jeune homme <strong>la</strong> plus jolie fille dans le lot. Maisqu’en sera-t-il <strong>de</strong> leur re<strong>la</strong>tion dix ou vingt années plus tard?S’aimeront-ils encore lorsqu’il <strong>de</strong>viendra chauve, ou qu’elleaura <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>s ou pris du poids? L’attraction physique faitpartie <strong>de</strong> toute re<strong>la</strong>tion, c’est certain, mais elle ne peut jamaisconstituer <strong>la</strong> base d’un engagement à vie fait <strong>de</strong> loyauté etd’amour. Comme Ésaïe l’a dit, « tout homme est pareil àl’herbe et toute gloire humaine comme <strong>la</strong> fleur <strong>de</strong>s champs;car l’herbe se <strong>de</strong>ssèche et <strong>la</strong> fleur se flétrit… » (Es 40.6, 7).Il n’est pas facile <strong>de</strong> voir avec les yeux du cœur, surtout sil’on est jeune. Demandons à Dieu <strong>de</strong> nous donner cettevision particulière. Si nos cœurs sont ouverts à sa sagesse,nous verrons <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong> chaque personne rencontrée, etl’aimerons en tant qu’ami créé à l’image <strong>de</strong> Dieu.Je connais Rose <strong>de</strong>puis qu’elle est petite. Adulte, elle a rencontréTom et en est tombée amoureuse. Tom est sévèrementhandicapé par une paralysie cérébrale et a passé toute sa vieen fauteuil rou<strong>la</strong>nt; ils se sont cependant mariés et ont maintenant<strong>de</strong>ux enfants charmants. Pour Rose, Tom est l’hommele plus merveilleux au mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s autres ne voient peut-êtreque son handicap, mais Rose voit <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong> son âme.Victor et Hilda, un couple <strong>de</strong> notre communauté d’originebritannique, ont vécu jusqu’à quatre-vingt-dix ans; ilssont restés profondément amoureux jusqu’à <strong>la</strong> fin. Hildan’était pas belle au sens du mon<strong>de</strong>: à soixante-dix ans, elleétait sévèrement voûtée et un tic nerveux défigurait le côtédroit <strong>de</strong> son visage. Néanmoins, pour Victor, elle était toujours« ma princesse ». <strong>Le</strong>ur amour était fondé sur quelquechose <strong>de</strong> beaucoup plus profond que l’apparence.


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 119Pendant les trente années que j’ai passées à conseiller <strong>de</strong>jeunes couples, beaucoup ont partagé avec moi leurs joies etleurs luttes, mais je suis toujours ému lorsqu’un jeunehomme ou une jeune fille se tourne vers moi et me fait confiance.Il y a peu <strong>de</strong> temps, une jeune fille m’a écrit pour mefaire part <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> sa re<strong>la</strong>tion avec un jeune homme.Kate et Andy sont tous <strong>de</strong>ux membres <strong>de</strong> notre communautéreligieuse et participent au groupe <strong>de</strong> jeunes. Ce sont <strong>de</strong>spersonnes ordinaires, mais alors que leur re<strong>la</strong>tion continue <strong>de</strong>se développer, ils ont reçu un don spécial – un enracinementsoli<strong>de</strong> pour leur quête commune. Kate écrit:Depuis le début, ce fut une intense expérience intérieure,et nous sommes <strong>de</strong>venus très proches, particulièrement enlisant <strong>la</strong> Bible et en priant ensemble. Je dirais cependant, quenotre plus gran<strong>de</strong> lutte a été d’abandonner notre visionromantique et émotionnelle <strong>de</strong> l’amour, car celle-ci tientréellement si peu <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce. Il est arrivé que notre conversationreste au niveau <strong>de</strong> l’attirance humaine, et l’effet en estdévastateur car ce<strong>la</strong> mine ce que nous avons vécu ensembleà un niveau intérieur, spirituel […] Mais lorsque Dieu est aucentre, nous avons accès <strong>de</strong> manière beaucoup plus profon<strong>de</strong>au cœur <strong>de</strong> l’autre.En apprenant à mieux nous connaître, et à savoir quelssont nos luttes et nos manquements, jour après jour, noussommes également capables <strong>de</strong> nous exhorter et <strong>de</strong> nousencourager l’un l’autre. En conséquence, nous nous sentonstous <strong>de</strong>ux plus proches <strong>de</strong> Dieu. Je vois <strong>de</strong> façon <strong>de</strong> plus enplus c<strong>la</strong>ire combien une re<strong>la</strong>tion n’est pas établie une foispour toutes, mais qu’elle doit se construire quotidiennement– pierre après pierre – et avec une confiance constante. Jesuis très reconnaissante <strong>de</strong> ce qu’Andy et moi-même pouvonspasser du temps ensemble, afin d’établir vraiment unebase ferme à notre re<strong>la</strong>tion. Et je suis également reconnaissanteque tout n’ait pas été « un long fleuve tranquille », caron n’obtient rien <strong>de</strong> va<strong>la</strong>ble sans lutte.


120 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéL’histoire <strong>de</strong> Kate et Andy est encourageante. Mêmeaujourd’hui, il est encore possible pour <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong>considérer leur re<strong>la</strong>tion suffisamment sérieusement pourchercher avant toute autre chose à s’approcher <strong>de</strong> Dieu. Àcet égard, nous <strong>de</strong>vrions nous rappeler les paroles <strong>de</strong> Jésus:« Cherchez d’abord le royaume <strong>de</strong> Dieu et toutes choses vousseront données en plus. »Si <strong>la</strong> foi est <strong>la</strong> seule fondation soli<strong>de</strong> pour un mariage chrétien,il s’ensuit que chaque partenaire doit s’engager pour leChrist et pour l’Église avant <strong>de</strong> s’engager envers l’autre. Et là,on n’insistera jamais assez sur l’importance du baptême.Comme expression <strong>de</strong> repentance du péché, et attestationd’une conscience pure envers Dieu, le baptême est l’un <strong>de</strong>splus grands dons qu’une personne puisse expérimenter.J’irais même jusqu’à dire que, sans baptême, il n’y a pas <strong>de</strong>fon<strong>de</strong>ment sûr pour un mariage chrétien.Bien évi<strong>de</strong>mment, nul ne <strong>de</strong>vrait être baptisé pourl’amour d’un mari, d’une femme ou d’enfants (Lc 14.26).Pas plus que le désir <strong>de</strong> baptême ne <strong>de</strong>vrait se trouver mêléau désir <strong>de</strong> trouver un partenaire possible pour un mariage.Si l’on veut que le baptême ait véritablement un sens, il doitêtre le fruit d’une profon<strong>de</strong> repentance, d’une conversion etd’une foi.Une re<strong>la</strong>tion saine <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du temps et un certainsoinJésus dit que nous ne pouvons servir <strong>de</strong>ux maîtres (Mt6.24). Il enseigne que si nous faisons confiance à Dieu seul,et si nous lui faisons totalement confiance, il répondra à tousnos besoins, y compris celui d’un partenaire. « Faites doncdu règne <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> ce qui est juste à ses yeux votre préoccupationpremière, et toutes ces choses vous seront donnéesen plus » (Mt 6.33). Ce conseil est important non


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 121seulement pour ceux qui seraient préoccupés par le mariage<strong>de</strong> façon malsaine, mais pour chacun d’entre nous.Je n’attends jamais d’une jeune personne qu’elle renonceau mariage comme l’apôtre Paul l’a fait; <strong>la</strong> vocation au célibatdoit être ressentie <strong>de</strong> l’intérieur. Mais, sauf si le mariage estbien <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu (et ceci est souvent difficile à discerner),chacun d’entre nous <strong>de</strong>vrait être prêt à y renoncer (Ph3.8). Lorsque <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> Jésus pénètre dans notre vie,nous trouvons <strong>la</strong> force <strong>de</strong> nous soumettre à lui <strong>de</strong> façon siradicale que chaque chose prend sa vraie mesure.Contrairement à l’opinion <strong>la</strong>rgement répandue selon<strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> plus saine serait <strong>la</strong> plus privée, nouspensons que les fiançailles et le mariage concernent l’Églisetout entière, et pas seulement les <strong>de</strong>ux individus engagés.C’est pourquoi lorsque <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong> nos communautéssont attirés mutuellement les uns envers les autres, ils se tournentd’abord vers leurs parents et leurs pasteurs. Dès lors,leur re<strong>la</strong>tion est p<strong>la</strong>cée sous <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’Église. Nos jeunesgens ne le considèrent pas comme une obligation, nicomme un moyen <strong>de</strong> les chaperonner. Au contraire, ils sontreconnaissants <strong>de</strong> l’occasion qui leur est donnée d’être guidésdans un domaine où l’immaturité et l’impureté apportent lemalheur à beaucoup d’autres.Ceci dit, cette approche peut sembler <strong>la</strong> plus appropriéepour un groupe <strong>de</strong> personnes très engagées et il revient àchaque couple <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r si elle convient à sa situation. Pourcertains, il peut s’avérer difficile <strong>de</strong> comprendre quel estl’objectif à atteindre en cherchant à être guidés. D’autrespeuvent complètement s’effaroucher à cette idée. Cependant<strong>la</strong> simple leçon qui consiste à s’ouvrir à <strong>de</strong>s personnes à quil’on fait confiance mérite vraiment attention.Ray et sa fiancée Helen se sont rencontrés dans notrecommunauté. Laissons Ray nous partager leur histoire:


122 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>Le</strong> samedi soir, lorsque je ne travail<strong>la</strong>is pas tard chezArmani Exchange, je faisais les boîtes <strong>de</strong> nuit avec quelquesamis. Ou parfois nous allions dans Third Street à SantaMonica, ou nous roulions jusqu’à <strong>la</strong> jetée et restions là. Lascène était toujours <strong>la</strong> même. Juste les filles. Rien <strong>de</strong> sérieux,jamais rien ne « se passait », juste quelqu’un avec qui partagerl’addition sur quelques tournées, ou utiliser <strong>la</strong> piste <strong>de</strong> danse.Quelquefois j’ai rencontré quelqu’un que je pensais êtrespécial, quelqu’un que je vou<strong>la</strong>is mieux connaître. Nouséchangions nos numéros <strong>de</strong> téléphone, et parfois nous nousdonnions ren<strong>de</strong>z-vous pour dîner et aller au cinéma. Toutétait si anodin, si facile.Enfin, c’était comme ça que je voyais les choses, il y a près<strong>de</strong> trois ans, avant <strong>de</strong> rencontrer Helen.Nous avons tous les <strong>de</strong>ux été élevés au Bru<strong>de</strong>rhof. Nousnous sommes rencontrés lorsque nous étions adolescents, etbien que chacun ait ressenti quelque chose pour l’autre, nousne l’avons pas dévoilé. Après le lycée, nous avons déménagéchacun <strong>de</strong> notre côté. Elle est partie à l’université et plus tarda rejoint <strong>la</strong> communauté; je suis allé dans « le mon<strong>de</strong> ». Maisaprès une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> six mois comme volontaire à l’étranger,<strong>de</strong>ux semestres à l’université <strong>de</strong> retour chez moi, et uneannée à parcourir le sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Californie, je me suis finalementretrouvé au pied du mur, avec le sentiment persistantque ma vie était une farce. J’ai dû admettre ce que j’avaisessayé <strong>de</strong> nier pendant si longtemps – à savoir qu’un vi<strong>de</strong> etune apathie intenses se cachaient <strong>de</strong>rrière mon attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>« dur ». Ma façon <strong>de</strong> vivre ne pouvait en rien satisfaire mondésir <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>. Mes rencontres avec d’autres personnes,particulièrement avec <strong>de</strong>s femmes, étaient au mieux superficielles.Au pire, elles causaient <strong>de</strong>s dégâts.Pour <strong>la</strong> première fois <strong>de</strong> ma vie, j’ai réalisé combien j’avaisbesoin du pouvoir <strong>de</strong> guérison que seul le Christ peut accor<strong>de</strong>r.Je savais que je ne pouvais pas le trouver tout seul, j’avaisbesoin du soutien d’autres personnes auxquelles je pouvaisfaire confiance, alors j’ai <strong>de</strong>mandé à rentrer chez moi. Sûrque mon désir était que Dieu soit au centre <strong>de</strong> ma vie, je me


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 123suis engagé envers lui et envers les frères et sœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté.Entre-temps, j’avais fait part à mon pasteur et à mesparents <strong>de</strong> mes sentiments pour Helen, et ils m’ont conseillé<strong>de</strong> <strong>la</strong>isser les choses se développer naturellement, au tempschoisi par Dieu: « Si notre re<strong>la</strong>tion entre dans <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>Dieu, ce<strong>la</strong> arrivera, et nul ne pourra s’y opposer ». Mais ilsm’ont encouragé à aller <strong>de</strong> l’avant et à lui parler.Ce que j’ai fait. Il n’a pas fallu longtemps pour nous rendrecompte que quelque chose se passait entre nous. À cemoment-là, aucun d’entre nous n’aurait osé appeler ce<strong>la</strong>amour – c’était trop neuf, trop précieux. Mais au fur et àmesure que les semaines <strong>de</strong>venaient <strong>de</strong>s mois, nous sentionsqu’un lien profond grandissait entre nous. Nous avons passédu temps ensemble, parfois avec nos familles, parfois toutseuls. Nous discutions <strong>de</strong> questions ayant trait à <strong>la</strong> foi, nouslisions <strong>la</strong> Bible, nous priions, ou bien restions tranquillementassis ensemble. Plus tard, lorsque je me suis installé dans uneautre communauté, nous nous sommes écrits pratiquementtous les jours.Comme notre amitié <strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus profon<strong>de</strong>,notre ouverture l’un à l’autre grandissait. Mais <strong>la</strong> confiance,nous l’avons appris, prend du temps. Au début, ce futcomme une révé<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> réaliser que nous avions tous <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>s défauts. Nous pouvions nous blesser, et parfois mêmetrahir l’amour qui se développait entre nous. Cependant, àchaque fois que nous nous retranchions <strong>de</strong>rrière nos propreslimitations, nos parents et nos dirigeants d’Église étaient làpour nous ai<strong>de</strong>r à aller plus loin.Évi<strong>de</strong>mment, s’ouvrir à quelqu’un fut parfois douloureux,même embarrassant – particulièrement lorsque leschoses ne se passaient pas bien. Et les conseils <strong>de</strong> nos parents,ou d’autres membres <strong>de</strong> l’Église, ne nous convenaient pastoujours. Mais dès que nous avons découvert <strong>la</strong> valeurincroyable d’avoir fait confiance à d’autres, et <strong>de</strong> s’être confiés,nous avons réalisé que c’était l’occasion <strong>de</strong> développernotre re<strong>la</strong>tion dans un environnement qui nous soutient.


124 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéMaintenant, alors que notre mariage approche, noussommes reconnaissants pour l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ceux qui nous ont dirigésvers le Christ. Sans eux, Helen et moi-même n’aurionssans aucun doute jamais trouvé le cœur <strong>de</strong> l’autre. Dansnotre environnement, nous savons quel don rare représentele fait que notre re<strong>la</strong>tion ait pu s’approfondir sans les pressionsdues à ce qui tourne autour du sexe. Et nous savonsque, quoi que puisse nous apporter le futur, le Christ resteranotre gui<strong>de</strong>.L’histoire <strong>de</strong> Ray et Helen illustre combien il est essentielpour un couple <strong>de</strong> passer du temps à se connaître intérieurementavant <strong>de</strong> s’engager. Lorsque <strong>de</strong>ux personnes cherchentà se marier, il est essentiel qu’elles cherchent à découvrir toutce qui vient <strong>de</strong> Dieu en eux. Il existe maintes activités sainespour un couple qui poursuit cet objectif: <strong>la</strong> lecture, <strong>la</strong> randonnée,<strong>la</strong> visite <strong>de</strong> leurs familles respectives, <strong>la</strong> participationcommune à un projet <strong>de</strong> service dans <strong>la</strong> communauté.S’écrire est aussi un bon moyen <strong>de</strong> se connaître plus intimement.Cette correspondance doit en premier lieu être sansengagement – comme celle d’un frère à une sœur et viceversa.L’attrait émotionnel pour l’amour romantique et le fait<strong>de</strong> bien aller ensemble n’ont aucune p<strong>la</strong>ce à ce niveau. Ellesne feraient qu’obscurcir le discernement nécessaire pourdéci<strong>de</strong>r si un engagement futur est réellement ou non <strong>la</strong>volonté <strong>de</strong> Dieu.Dans nos communautés, nous encourageons nos jeunescouples à montrer leur correspondance à leurs parents oupasteurs et à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> les gui<strong>de</strong>r. Naturellement,ce<strong>la</strong> ne signifie pas que ces <strong>de</strong>rniers contrôlent <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion ouson issue, mais ils apportent une contribution, un soutien etune direction spirituelle. On peut seulement se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rcombien <strong>de</strong> mariages seraient sauvés si partout les jeunescouples étaient assez humbles pour se tourner vers leursparents (ou un autre couple plus âgé auquel ils font con-


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 125fiance) pour être conseillés, même si ce n’est pas <strong>de</strong> cettefaçon particulière.Nous le réaffirmons, une re<strong>la</strong>tion saine ne peut pas êtreprécipitée. Comme une fleur, on doit lui permettre <strong>de</strong> sedévelopper selon le temps choisi par Dieu, on ne doit pas seprécipiter dans l’espoir d’une floraison précoce. Pour qu’unmariage dure, il doit être bâti sur un fon<strong>de</strong>ment préparé avecattention.Ce qui importe le plus, dans <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> se marier,c’est <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> DieuL’honnêteté est quelque chose <strong>de</strong> fondamental dans toutere<strong>la</strong>tion véritable. Si un couple n’a pas le sentiment <strong>de</strong> <strong>de</strong>venirplus proche l’un <strong>de</strong> l’autre et <strong>de</strong> Dieu, il doit s’en ouvrir àl’autre. L’Église également doit se soucier assez <strong>de</strong> ses membrespour être honnête avec eux et ai<strong>de</strong>r un couple à discerners’ils sont réellement faits l’un pour l’autre et à voir si leuramitié porte <strong>de</strong> bons fruits. Même si nulle promesse n’a étéfaite, <strong>la</strong> fin d’une re<strong>la</strong>tion est toujours douloureuse. Mais ilvaut mieux une fin douloureuse que <strong>la</strong> douleur sans fin d’unere<strong>la</strong>tion qui ne mène nulle part.C’est seulement lorsque les <strong>de</strong>ux jeunes, indépendammentl’un <strong>de</strong> l’autre mais avec <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong> leursparents et <strong>de</strong> leur pasteur, acquièrent au cours du temps <strong>la</strong>certitu<strong>de</strong> d’aller ensemble pour <strong>la</strong> vie, qu’ils sont prêts à sefiancer. C’est seulement lorsqu’ils sentent au fond <strong>de</strong> leurscœurs que leur partenaire est <strong>la</strong> personne faite pour eux etque c’est Dieu seul qui les a réunis, qu’ils sont véritablementprêts à se lier pour <strong>la</strong> vie.Une fois fiancés, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s couples veulent participerpleinement à leur amour et l’exprimer activement en donnantet en recevant. Ils désirent dans leurs cœurs se rendre l’unl’autre aussi heureux et aussi comblés que possible, et ils sont


126 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéprêts à tout faire pour réaliser cet objectif. Ces couples doiventd’autant plus réaliser que les pouvoirs <strong>de</strong> l’amour sontbien plus grands qu’eux-mêmes et ils doivent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quotidiennementà Dieu <strong>la</strong> force <strong>de</strong> se discipliner.<strong>Le</strong>s longues embrassa<strong>de</strong>s, les caresses, les baisers sur <strong>la</strong>bouche, et tout ce qui peut conduire à l’excitation sexuelle sontà éviter. <strong>Le</strong> désir <strong>de</strong> proximité physique est naturel, mais aulieu <strong>de</strong> tourner autour <strong>de</strong> ce désir, les fiancés <strong>de</strong>vraientd’abord apprendre à se connaître <strong>de</strong> l’intérieur <strong>de</strong> façon plusintime, et nourrir leur amour réciproque pour Jésus et l’Église.Lorsque <strong>de</strong>ux personnes apprennent à se connaître,l’engagement sexuel freine le développement d’une re<strong>la</strong>tionbien fondée. Dès que <strong>la</strong> sexualité entre en scène, elle vole <strong>la</strong>ve<strong>de</strong>tte. L’excitation sexuelle est par nature progressive: dèsque vous avez commencé, vous n’êtes jamais satisfait si vousfaites marche arrière. Lorsque <strong>de</strong>ux personnes s’excitentmutuellement <strong>de</strong> manière intentionnelle, elles s’engagentdans une espèce <strong>de</strong> pré-re<strong>la</strong>tion. Qu’elles le reconnaissent ounon, elles se préparent émotionnellement et physiquement à<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sexuelles. Il leur reste uniquement <strong>de</strong>uxpossibilités: aller jusqu’au bout ou arrêter et faire l’expérience<strong>de</strong> <strong>la</strong> frustration émotionnelle résultant <strong>de</strong> l’excitationsexuelle sans <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière. <strong>Le</strong>s désirs qu’ilsont éveillés en eux ne peuvent être apaisés sans pécher. C’estpourquoi « aller jusqu’à mi-chemin » est douloureux, car ce<strong>la</strong>interfère avec <strong>la</strong> construction d’une intimité future.Un mariage qui débute avec <strong>la</strong> conscience chargée d’unpéché non confessé est un mariage sans fon<strong>de</strong>ment soli<strong>de</strong>, etil ne pourra être redressé que par <strong>la</strong> confession et <strong>la</strong> repentance.La bonne santé d’un mariage dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre dans<strong>la</strong>quelle il s’épanouit. Si elle est <strong>la</strong>bourée par <strong>la</strong> charrue <strong>de</strong> <strong>la</strong>pureté et <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi, elle portera <strong>de</strong> bons fruits et sera bénie parDieu.


Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier 127Essayez <strong>de</strong> comprendre l’esprit, non <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> ce que j’aiécrit. Cherchez au plus profond du cœur l’un <strong>de</strong> l’autre, ettournez-vous vers le Christ dans une confiance absolue pourqu’il vous donne sa réponse à chaque question. Il ne manquerapas <strong>de</strong> vous diriger c<strong>la</strong>irement.


CHAPITRE 14Servir comme célibataire<strong>Le</strong>s disciples lui dirent: – Si telle est <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>l’homme par rapport à <strong>la</strong> femme, il n’est pas intéressantpour lui <strong>de</strong> se marier. Il leur répondit:– Tous les hommes ne sont pas capables d’accepter cetenseignement. Ce<strong>la</strong> n’est possible qu’à ceux qui en ontreçu le don. En effet, il y a ceux qui ne peuvent pas semarier parce que, <strong>de</strong> naissance, ils en sont incapables;d’autres le sont <strong>de</strong>venus par une intervention humaine.D’autres, enfin, renoncent à se marier à cause duroyaume <strong>de</strong>s cieux. Que celui qui est capable d’acceptercet enseignement, l’accepte!Matthieu 19.10-12<strong>Le</strong> don <strong>de</strong> l’unité, que ce soit avec d’autres personnes ouavec Dieu, ne dépend en aucun cas du mariage. En réalité, leNouveau Testament enseigne qu’une consécration plus profon<strong>de</strong>au Christ peut se trouver en abandonnant le mariagepour le bien du royaume <strong>de</strong> Dieu. Ceux qui renoncent à toutpour Jésus, y compris au don du mariage, reçoivent <strong>de</strong> luiune gran<strong>de</strong> promesse: il sera particulièrement proche d’euxà son retour (Ap 14.1-5). Que ces personnes se retrouventsans partenaire pour <strong>la</strong> vie à cause d’un abandon, d’un <strong>de</strong>uil,ou d’un manque d’occasion, elles peuvent recevoir un appelplus grand que celui du mariage, si elles sont capables au


Servir comme célibataire 129fond <strong>de</strong> leur cœur d’accepter leur célibat. Elles peuvent, <strong>de</strong>façon toute spéciale, consacrer leur vie au service exclusif duroyaume <strong>de</strong> Dieu.Vivre pleinement, c’est vivre pour le ChristTout homme et toute femme sur terre qui désire suivre leChrist doit être totalement transformé par lui. Ce défi revêtune signification plus profon<strong>de</strong> pour ceux qui sont célibataires(pour quelque raison que ce soit) et qui acceptent leurcélibat au nom <strong>de</strong> Jésus. Cette personne aura avec Jésus unere<strong>la</strong>tion spéciale.Une vie vécue pour Jésus est une vie qui prend tout sonsens (Jn 10.10). Nous ne <strong>de</strong>vons jamais l’oublier, c’est notreappel le plus profond. Si nous aimons véritablement le Christl’Époux d’un cœur entier, nous serons immergés en lui, toutcomme nous sommes immergés dans l’eau au baptême. Sinous vivons en Christ, notre amour pour lui gui<strong>de</strong>ra notreamour pour nos frères et sœurs, et tous ceux qui nous entourent.L’histoire <strong>de</strong> François d’Assise et <strong>de</strong> son amitié avecC<strong>la</strong>ire montre <strong>de</strong> façon merveilleuse le sens <strong>de</strong> l’amour fraternel,même s’il ne conduit pas au mariage. Lorsque tous sesfrères et ses amis l’eurent abandonné, François se tourna versC<strong>la</strong>ire. En elle, il avait une amie sur <strong>la</strong>quelle il pouvaits’appuyer. Même après sa mort, elle lui resta loyale et continuaà assurer sa mission, malgré l’opposition. C’était là unere<strong>la</strong>tion qui n’avait rien à voir avec le mariage, mais qui étaitpourtant véritablement intime – une amitié faite <strong>de</strong> pureté etd’unité authentiques en Dieu.Il y aura toujours <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes commeC<strong>la</strong>ire et François qui ne se marieront pas pour l’amour duChrist. Cependant, nous <strong>de</strong>vons reconnaître que le dond’une re<strong>la</strong>tion telle que <strong>la</strong> leur n’est pas donné à tout le


130 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretémon<strong>de</strong>. Dans leur combat pour <strong>la</strong> pureté, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s célibatairesne diffèrent pas <strong>de</strong>s personnes mariées. <strong>Le</strong> célibatn’est pas une protection contre l’impureté – dans chaquecœur, <strong>la</strong> pureté exige une attention constante, un combatjournalier contre <strong>la</strong> chair, et une attitu<strong>de</strong> ferme contre lepéché.Si nous le lui permettons, Jésus remplira tout vi<strong>de</strong><strong>Le</strong>s Écritures ne promettent jamais <strong>de</strong> nous épargner lestentations. Mais nous avons l’assurance qu’elles ne nousvaincront pas (1 Co 10.13). Si nous supportons l’épreuvedans <strong>la</strong> patience et <strong>la</strong> fidélité, Dieu nous ai<strong>de</strong>ra. Ceci ne signifiepas qu’il est possible <strong>de</strong> rester pur par <strong>la</strong> seule force <strong>de</strong> <strong>la</strong>volonté. Cependant, par <strong>la</strong> puissance du Saint-Esprit et grâceà l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> frères et sœurs attentifs, il est possible d’atteindre<strong>la</strong> liberté et <strong>la</strong> victoire (Ga 6.1-2).Pour ceux qui ne trouvent pas <strong>de</strong> partenaire pour semarier, mais ne ressentent pas d’appel particulier à restercélibataire, il y a le danger <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir amer. Si un profonddésir <strong>de</strong> se marier reste irréalisé, particulièrement sur unelongue pério<strong>de</strong>, ce<strong>la</strong> peut endurcir le cœur. À ce moment-là,seule <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu peut protéger l’âme et <strong>la</strong> rendre capable<strong>de</strong> renoncer au mariage et <strong>de</strong> trouver néanmoins <strong>la</strong> paix.Cynthia, une célibataire, membre du Bru<strong>de</strong>rhof, approchant<strong>la</strong> quarantaine, nous dit comment éviter une vie vi<strong>de</strong> ettrouver un épanouissement durable:« Moi, célibataire pour le restant <strong>de</strong> mes jours? » Beaucoupd’entre nous doivent affronter cette réalité. Pourquoi?– parce que nous avons choisi <strong>de</strong> nous engager d’abor<strong>de</strong>nvers Dieu. Il a besoin d’instruments sans attaches familialespour le servir. Ce<strong>la</strong> signifie-t-il moins d’épanouissement,une croissance arrêtée, et l’abandon d’un plein engagementdans <strong>la</strong> vie? Non, si l’on est capable <strong>de</strong> souscrire, et non <strong>de</strong>se rebeller, au p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> Dieu pour sa vie. En réalité c’est une


Servir comme célibataire 131vie consacrée au service qui attend ceux qui sacrifient lemariage ou y renoncent pour être totalement à <strong>la</strong> disposition<strong>de</strong> Dieu.Pensez à <strong>de</strong>s célibataires comme l’écrivain Amy Carmichael,qui partit en In<strong>de</strong> comme jeune missionnaire, nesachant pas quel type <strong>de</strong> service Dieu attendait d’elle. Elleeut bientôt en charge un orphelinat, en expansion, remplid’enfants sauvés <strong>de</strong> l’esc<strong>la</strong>vage qui les attendait dans les griffes<strong>de</strong>s prêtres <strong>de</strong>s temples hindous. Ou pensez à MèreTeresa qui fonda un ordre <strong>de</strong> religieuses pour s’occuper <strong>de</strong>splus pauvres parmi les plus pauvres à Calcutta. Cet ordres’est étendu partout dans le mon<strong>de</strong>. Ou pensez à Paul, ou àd’autres apôtres qui, du fait <strong>de</strong> leur célibat, pouvaient voyagercontinuellement pour répandre l’Évangile.Bien sûr, vous n’avez pas besoin <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir missionnaire,religieuse ou apôtre pour vous accomplir dans <strong>la</strong> vie si vousêtes célibataire. J’aurais pu ressentir <strong>de</strong> l’amertume et <strong>de</strong> <strong>la</strong>frustration <strong>de</strong> ne pas m’être mariée, mais au contraire, j’y aitrouvé <strong>de</strong> nombreuses occasions <strong>de</strong> servir les autres journellement,là où je suis.Je visite, presque toutes les semaines, <strong>de</strong>s détenues à <strong>la</strong>prison locale. Lors <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière visite, les femmes <strong>de</strong> <strong>la</strong>prison étaient impatientes d’étudier <strong>la</strong> Bible, c’est pourquoinous avons lu l’histoire du bon Samaritain et discuté <strong>de</strong> samise en pratique au jour le jour. Après avoir discuté <strong>de</strong> quisavait ou ne savait pas chanter, nous nous sommes toutesmises à chanter <strong>de</strong>s spirituals et <strong>de</strong>s cantiques comme« Precious Lord » et « Amazing Grace ».Inutile <strong>de</strong> dire que toutes les soirées ne sont pas aussisatisfaisantes que celle-là. La solitu<strong>de</strong> peut être une part bienréelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> tout célibataire. Elle peut inciter <strong>la</strong> personneà <strong>la</strong> pitié <strong>de</strong> soi, mais comme toute tentation, on peutrefuser d’y cé<strong>de</strong>r. Dans son livre Passion et Pureté 28 , ÉlisabethElliot conseille: « Acceptez votre solitu<strong>de</strong>. C’est uneétape, et seulement l’une <strong>de</strong>s étapes d’un voyage qui va vous28. Élisabeth ELLIOT, Passion et Pureté, Marne-<strong>la</strong>-Vallée, Farel, 1995, p. 74-75.


132 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéamener vers Dieu. Elle ne va pas toujours durer. Offrezvotre solitu<strong>de</strong> à Dieu comme le petit garçon qui a offert àJésus ses cinq pains et ses <strong>de</strong>ux poissons. Dieu peut transformervotre solitu<strong>de</strong> pour le bien <strong>de</strong>s autres. Ai<strong>de</strong>z les autres.Qui que vous soyez et quel que soit le lieu où vous vous trouviez,il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire,quelqu’un qui a besoin <strong>de</strong> vous. »Voilà <strong>la</strong> clé, rendre service à d’autres. L’enseignement,les soins, le conseil ou rendre visite à <strong>de</strong>s prisonniers,n’importe <strong>la</strong>quelle <strong>de</strong> ces activités peut vous conduire à unevie <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>. Car le mon<strong>de</strong> est rempli <strong>de</strong> gens qui souffrentet qui ont besoin d’un supplément d’amour, et les célibatairesparmi nous sont tout spécialement libres d’être làpour eux.Renoncer à ses désirs est un processus qui n’est jamaisfacile, et ce<strong>la</strong> peut quelquefois peser très lourd sur <strong>la</strong> personne.Mais lorsque les célibataires sont capables <strong>de</strong> remettretotalement à Jésus leurs espoirs et leurs rêves, celui-ci remplirale vi<strong>de</strong> qui autrement pourrait peser sur eux. Ils se souviendront<strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont il a fini sa vie sur <strong>la</strong> croix, et ilsauront <strong>de</strong> <strong>la</strong> joie à supporter leur célibat comme un sacrificepour lui. Ceux qui continuent d’aspirer ar<strong>de</strong>mment aumariage, malgré le fait que Dieu ne le leur a pas accordé, nepeuvent connaître cette joie. <strong>Le</strong> mariage est un grand don,mais appartenir totalement et entièrement au Christ en est unplus grand.En fin <strong>de</strong> compte, soyons prêts à ce que Dieu nous utilisecomme bon lui semble et trouvons le contentement quellesque soient les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons(Ph 4.11-13). Nous ne <strong>de</strong>vrions jamais penser que Dieune nous aime pas. Une telle pensée vient du diable.Bien sûr, quelle que soit <strong>la</strong> consécration <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnecélibataire, il ou elle fera encore l’expérience <strong>de</strong> moments, <strong>de</strong>jours, et même <strong>de</strong> semaines <strong>de</strong> tristesse et <strong>de</strong> lutte. Savoir que


Servir comme célibataire 133le mariage et les enfants sont hors d’atteinte apportera toujours<strong>de</strong>s petites pointes d’envie et un sentiment <strong>de</strong> perte.Mais plutôt que <strong>de</strong> rester l’esprit fixé sur ces choses, il vautmieux (même si c’est plus difficile) regar<strong>de</strong>r à Dieu et setourner vers les frères et sœurs <strong>de</strong> l’Église. Bonhoeffer écrit:La souffrance est un ange du ciel qui nous révèle <strong>de</strong>s trésorsqui autrement seraient restés cachés pour toujours;grâce à lui, <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes ont plus grandi quepar toutes les joies du mon<strong>de</strong>. Il doit en être ainsi et dans masituation actuelle, je me le répète sans cesse. La peine <strong>de</strong> <strong>la</strong>souffrance et <strong>de</strong> l’attente, qui souvent se ressentent même <strong>de</strong>manière physique, doit être présente, et nous ne pouvons etne <strong>de</strong>vons pas <strong>la</strong> chasser. Mais elle doit à chaque fois êtresurmontée, et pour ce faire, c’est un ange encore plus saintque celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur qui vient, c’est l’ange <strong>de</strong> <strong>la</strong> joie enDieu 29 .<strong>Le</strong> célibat peut être perçu comme un far<strong>de</strong>au – oucomme un appel supérieur<strong>Le</strong>s célibataires ne doivent pas tomber dans le piège quiconsiste à se détacher <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>de</strong> l’amour dans l’amertume.Ils ne doivent pas réprimer ce qu’il y a <strong>de</strong> meilleur eneux ou se <strong>la</strong>isser aller à <strong>de</strong>s rêves ou <strong>de</strong>s désirs qui ne peuventêtre satisfaits. Ils ne doivent pas <strong>la</strong>isser <strong>de</strong>s rêves obsédantsbloquer l’épanouissement <strong>de</strong> tout ce que Dieu leur a donné.S’ils peuvent accepter leur célibat comme un don ou unappel particulier, ils ne permettront pas qu’une seule parcelle<strong>de</strong> leur énergie ou <strong>de</strong> leur amour reste inutilisée. <strong>Le</strong>urs attentesseront comblées dans le don: dans un torrent d’amourqui s’épanche d’eux vers le Christ et l’Église. Comme Paul ledit:29. Dietrich BONHOEFFER, The Martyred Christian, 160 Readings, New York,Collier Macmil<strong>la</strong>n, 1985, p. 170.


134 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéCelui qui n’est pas marié se préoccupe <strong>de</strong>s intérêts duSeigneur. Son seul souci est <strong>de</strong> lui p<strong>la</strong>ire. Celui qui est mariés’occupe <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, pour p<strong>la</strong>ire à sa femme;et le voilà tiraillé <strong>de</strong> part et d’autre. De même <strong>la</strong> veuve et <strong>la</strong>jeune fille n’ont pas d’autre souci que les intérêts du Seigneur,pas d’autre désir que <strong>de</strong> se dévouer à lui corps etesprit. La femme mariée, elle, se préoccupe <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong>ce mon<strong>de</strong>, pour p<strong>la</strong>ire à son mari. Je dis ce<strong>la</strong> dans votre propreintérêt et non pour vous tendre un piège, mais pour quevous meniez une vie bien ordonnée, et que vous soyez attachésau Seigneur sans partage (1 Co 7.32-35).Plus avant dans cette même lettre, Paul fait référence àune autre bénédiction du célibat: l’absence d’attention et <strong>de</strong>souci à manifester envers son conjoint et ses enfants, particulièrementdans les moments difficiles. « Mais si tu te maries,tu ne commets pas <strong>de</strong> péché. Ce n’est pas non plus un péchépour une jeune fille <strong>de</strong> se marier. Mais les gens mariés connaîtrontbien <strong>de</strong>s souffrances et je voudrais vous lesépargner » (1 Co 7.28).<strong>Le</strong>s veuves, comme les célibataires peuvent également servirl’Église et ceux qui sont dans le besoin à <strong>de</strong>s moments où<strong>la</strong> personne mariée ne peut le faire. Paul dit: « La veuve quiest restée vraiment seule et privée <strong>de</strong> soutien met son espéranceen Dieu et passe ses jours et ses nuits à faire toutes sortes<strong>de</strong> prières » (1 Tm 5.5). Dans l’Église primitive àJérusalem, on <strong>de</strong>mandait aux veuves <strong>de</strong> servir les pauvres, etd’autres responsabilités leur étaient également confiées.« Même dans <strong>la</strong> plus petite <strong>de</strong>s communautés religieuses, lesurveil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>vait être l’ami du pauvre, et il y avait au moinsune veuve dont <strong>la</strong> tâche était <strong>de</strong> veiller à ce qu’aucun ma<strong>la</strong><strong>de</strong>ni qui que ce soit dans le besoin ne soit négligé 30 .»Combien il est triste <strong>de</strong> voir qu’aujourd’hui ce sont souventles veuves – et les autres célibataires hommes et30. Eberhard ARNOLD, The Early Christians, Rifton, <strong>Plough</strong>, 1972, p. 18.


Servir comme célibataire 135femmes – qui sont eux-mêmes négligés et solitaires! Puissel’Église être toujours prête à répondre aux besoins <strong>de</strong> ces frèreset sœurs (1 Co 12.26). Il nous faut trouver, en particulieravec l’éc<strong>la</strong>tement <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, <strong>de</strong> nouvelles façons <strong>de</strong> montreraux célibataires <strong>de</strong> nos Églises un amour et une attentionsupplémentaires et <strong>de</strong> les inclure dans les vies <strong>de</strong> nos familleset assemblées. Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire que nous les poussions àtrouver une épouse et que nous les p<strong>la</strong>ignions s’ils n’y parviennentpas – cette attitu<strong>de</strong> ne ferait qu’ajouter à leur peine.Ce<strong>la</strong> veut dire encourager leurs dons et services dans l’Église,leur trouver <strong>de</strong>s tâches utiles, et les intégrer dans <strong>la</strong> vieinterne <strong>de</strong> l’Église pour qu’ils puissent s’épanouir.Quelle que soit notre situation, nous sommes appelésà aimerCeux d’entre nous qui sont mariés <strong>de</strong>vraient reconnaîtreque notre bonheur est un don – quelque chose à partager et àtransmettre. Nous <strong>de</strong>vrions avoir le désir <strong>de</strong> toucher ceux quise débattent avec <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> plus importantest que tous – que nous soyons mariés ou célibataires –nous rappelions que joie et épanouissement véritables ne setrouvent qu’au service les uns <strong>de</strong>s autres dans un esprit <strong>de</strong>communauté. Nous sommes appelés à un amour qui donne<strong>de</strong> manière inconditionnelle – pas à l’amour égoïste d’unmariage confortable, ni à l’amour comp<strong>la</strong>isant <strong>de</strong> <strong>la</strong> pitié <strong>de</strong>soi qui isole.En tant que chrétiens, nous savons que c’est en Jésus quese trouve <strong>la</strong> forme <strong>la</strong> plus parfaite <strong>de</strong> l’amour vrai. Beaucoupd’entre nous ont été touchés par Jésus, ou appelés et utiliséspar lui. Mais ce n’est pas assez. Chacun <strong>de</strong> nous doit <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rà Dieu <strong>de</strong> le <strong>la</strong>isser le connaître personnellement au plusprofond <strong>de</strong> notre cœur. Nous <strong>de</strong>vons fixer nos regards sur lui


136 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéet sur lui seul afin <strong>de</strong> le voir véritablement tel qu’il est, et nepas nous <strong>la</strong>isser abattre par le découragement (He 12.2-3).La vie est courte et, comme Paul nous en avertit, le mon<strong>de</strong>dans sa forme présente va disparaître (1 Co 7.29-31). C’estdu Christ dont nous avons le plus besoin aujourd’hui, maispas seulement comme un gui<strong>de</strong> ou une image <strong>de</strong>vant nosyeux. Il doit <strong>de</strong>venir une force vivante dans notre vie quotidienne.Il a dit: « Je suis venu jeter un feu sur <strong>la</strong> terre; commeje voudrais qu’il soit déjà allumé! » (Lc 12.49).Où le Christ est-il le plus c<strong>la</strong>irement révélé, tel qu’il était etest toujours? Nous <strong>de</strong>vons le chercher avec nos frères etsœurs. Nous <strong>de</strong>vons <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qu’il se révèle aujourd’hui etchaque jour parmi nous. Plus encore, nous <strong>de</strong>vons réc<strong>la</strong>merle courage <strong>de</strong> témoigner <strong>de</strong> lui, en le montrant tel qu’il estexactement, avec tendresse, douceur et humilité, mais égalementavec vérité, c<strong>la</strong>rté et netteté. Nous ne <strong>de</strong>vons ni ajouter,ni retrancher quoi que ce soit. Voilà l’essence d’un cœurentier, et le service du célibat.


PARTIE 3L’esprit <strong>de</strong> notre temps


CHAPITRE 15Avec ou sans DieuPuisque vous êtes les enfants bien-aimés <strong>de</strong> Dieu, suivezl’exemple <strong>de</strong> votre Père. Que toute votre vie soit dirigéepar l’amour, comme ce<strong>la</strong> a été le cas pour le Christ: ilnous a aimés et a livré lui-même sa vie à Dieu pour nouscomme une offran<strong>de</strong> et un sacrifice dont le parfum p<strong>la</strong>ît àDieu. Quant à l’immoralité et aux pratiques dégradantessous toutes leurs formes, et à <strong>la</strong> soif <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r, qu’il n’ensoit pas même question entre vous: ce ne sont pas <strong>de</strong>ssujets <strong>de</strong> conversation pour ceux qui appartiennent àDieu, pas plus que les propos grossiers ou stupi<strong>de</strong>s, et lesp<strong>la</strong>isanteries équivoques. C’est inconvenant! Exprimezplutôt votre reconnaissance envers Dieu. Car, sachez-lebien: aucun homme qui se livre à l’inconduite, àl’impureté ou à <strong>la</strong> soif <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r qui est une idolâtrien’a d’héritage dans le royaume du Christ et <strong>de</strong> Dieu.Que personne ne vous trompe par <strong>de</strong>s arguments sansvaleur: ce sont ces désordres qui attirent <strong>la</strong> colère <strong>de</strong> Dieusur ceux qui refusent <strong>de</strong> lui obéir.Éphésiens 5.1-6À travers toute l’Écriture, l’alliance <strong>de</strong> Dieu avec son peupleet l’unité du Christ avec son Église sont comparées àl’union conjugale. Dans notre culture, cependant, le mariage– ce que, précisément, nous <strong>de</strong>vrions honorer et célébrer plus


140 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéque l’amour – a été attaqué, traîné dans <strong>la</strong> boue et détruit parun esprit d’impureté et d’irrespect.Pour beaucoup aujourd’hui, l’amour est une illusionLa profanation <strong>de</strong> l’amour est l’une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s tragédies<strong>de</strong> notre temps. De plus en plus, l’amour n’est comprisque comme un désir égoïste et <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> ce désirest considérée comme un épanouissement. <strong>Le</strong>s gens parlent<strong>de</strong> libération sexuelle mais restent esc<strong>la</strong>ves <strong>de</strong> leurs désirssexuels; ils parlent d’amour véritable mais vivent dans unéloignement égoïste. Notre époque est une époque privéed’amour: partout il y a <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions et <strong>de</strong>s cœurs brisés, on sedébarrasse <strong>de</strong> millions <strong>de</strong> vies humaines avant même qu’ellesaient commencé, <strong>de</strong>s centaines d’enfants sont maltraités ouabandonnés; <strong>la</strong> peur et <strong>la</strong> méfiance abon<strong>de</strong>nt au cœur même<strong>de</strong> mariages supposés en bonne santé. On a réduit l’amour ausexe. À cause <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, l’amour n’est pour beaucoup rien <strong>de</strong>plus qu’une illusion, une intimité <strong>de</strong> courte durée suivie d’unvi<strong>de</strong> et d’une angoisse dévorants.Comment redécouvrir le vrai sens <strong>de</strong> l’amour? Tant <strong>de</strong>choses dans le mon<strong>de</strong> actuel minent notre croyance dans unamour durable et inconditionnel! Beaucoup <strong>de</strong> ce qui a trait à« l’amour » se rapporte en réalité à l’excitation et à <strong>la</strong> passiondu désir sexuel. Nous vivons dans une société obsédée par lesexe, folle <strong>de</strong> sexe, où tout sent le sexe à plein nez – publicité,littérature, mo<strong>de</strong> et loisirs. <strong>Le</strong> mariage a été <strong>la</strong> premièrevictime: sa signification a été tellement déformée que son vraisens s’est perdu.Bien sûr, si l’on est honnête, on ne peut en rejeter <strong>la</strong> responsabilitésur les médias ou sur quelque vague force <strong>de</strong> <strong>la</strong>société. <strong>Le</strong>s médias, c’est certain, ont troublé <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong>personnes et les ont rendues plus endurcies. Mais les responsablesc’est nous, chacun d’entre nous, nous dont l’âme est


Avec ou sans Dieu 141chargée du péché <strong>de</strong> notre propre convoitise, dont les mariagessont désintégrés, nous dont les enfants se sont détournésdu droit chemin. Nous ne pouvons ignorer nos propresméfaits; nous <strong>de</strong>vons assumer <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> nos propresactions, chaque fois que nous avons accepté l’espritd’impureté et <strong>la</strong>issé le mal entrer dans nos cœurs. Nousavons méprisé et déformé l’image <strong>de</strong> Dieu et nous nous sommesséparés <strong>de</strong> notre Créateur. Il nous faut apprendre à êtreà nouveau attentifs aux cris les plus profonds <strong>de</strong> notre cœur,nous repentir et revenir à Dieu.Plus <strong>de</strong> trente ans ont passé <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolutionsexuelle et ses répercussions désastreuses <strong>de</strong>vraient êtreévi<strong>de</strong>ntes pour chacun: débauche <strong>la</strong>rgement répandue, taux<strong>de</strong> suici<strong>de</strong> et <strong>de</strong> grossesse à l’adolescence en augmentation,dizaines <strong>de</strong> millions d’avortements, essor <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>diessexuellement transmissibles, érosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille et <strong>de</strong> <strong>la</strong> viefamiliale, émergence d’une nouvelle génération violente. « Ilsont semé le vent, ils moissonneront <strong>la</strong> tempête » (Os 8.7).Notre époque surestime gran<strong>de</strong>ment l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong>sexualité. Que ce soit dans les kiosques, dans les petits magasins<strong>de</strong> proximité ou sur les présentoirs <strong>de</strong>s supermarchés, sap<strong>la</strong>ce est exagérée d’une manière totalement malsaine.L’amour entre homme et femme n’est plus considéré commesacré ou noble; il est <strong>de</strong>venu un produit que l’on considèreuniquement d’un point <strong>de</strong> vue animal, comme une pulsionincontrô<strong>la</strong>ble à satisfaire.En tant qu’instrument <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolution sexuelle, l’éducationsexuelle mo<strong>de</strong>rne, plus que toute autre chose, en est responsable.L’éducation sexuelle <strong>de</strong>vait nous apporter <strong>la</strong>liberté, une attitu<strong>de</strong> éc<strong>la</strong>irée, <strong>la</strong> responsabilité et <strong>la</strong> sécurité.N’est-il pas évi<strong>de</strong>nt aujourd’hui que ce fut une erreur?N’avons-nous pas compris maintenant que <strong>la</strong> connaissancene constitue nullement un gar<strong>de</strong>-fou et que l’éducation


142 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretésexuelle telle qu’elle est enseignée dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s écolesn’a fait qu’accroître l’activité sexuelle?Une véritable éducation pour <strong>la</strong> vie sexuelle induit lerespectLa plupart <strong>de</strong>s parents n’ont que peu, sinon aucune, idée<strong>de</strong> ce que l’on enseigne à leurs enfants dans les cours d’éducationsexuelle. L’éducation sexuelle n’a jamais été une simpleprésentation <strong>de</strong> faits biologiques. Dans <strong>de</strong> nombreuxcursus, on instruit les étudiants sur différentes pratiquessexuelles (parfois par <strong>la</strong> projection <strong>de</strong> films) y compris <strong>la</strong>masturbation, et sur le sexe « protégé ». Dans d’autres programmes,on discute ouvertement et explicitement <strong>de</strong>s perversionssexuelles et on les présente comme <strong>de</strong>s moyensnormaux <strong>de</strong> parvenir à « l’épanouissement » sexuel. Danscertaines zones sco<strong>la</strong>ires, on encourage l’appréciation et <strong>la</strong>compréhension du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie homosexuel: c’est, dit-onaux enfants, une alternative parfaitement acceptable aumariage hétérosexuel. Certaines écoles p<strong>la</strong>cent même les étudiantspar couples afin <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong> sujets tels que les préliminaireset l’orgasme. On présente certains médicaments etl’avortement comme <strong>de</strong>s trousses <strong>de</strong> secours à utiliser lorsque<strong>la</strong> contraception et les pratiques sexuelles protégées ontéchoué. L’abstinence est mentionnée seulement en passant,quand elle n’est pas totalement ignorée. Comme l’écritWilliam Bennett, ancien secrétaire d’État à l’Éducation:Notre époque est faite <strong>de</strong> grossièreté, d’insensibilité, <strong>de</strong>cynisme, <strong>de</strong> banalité et <strong>de</strong> vulgarité. Il y a trop <strong>de</strong> signes quimontrent que <strong>la</strong> civilisation est en train <strong>de</strong> pourrir. Et le pireconcerne nos enfants: nous vivons dans une culture quisemble parfois se consacrer à <strong>la</strong> corruption <strong>de</strong>s jeunes, àassurer <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> leur innocence avant l’heure 31 .31. The Wall Street Journal, 10 décembre 1993.


Avec ou sans Dieu 143L’éducation sexuelle c’est davantage que <strong>la</strong> formation à <strong>la</strong>sexualité sans risques. Au départ elle fut instaurée pouressayer <strong>de</strong> contenir les feux <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité <strong>de</strong>s adolescents;mais elle n’a fait qu’attiser les f<strong>la</strong>mmes 32 . La plupart <strong>de</strong>s genssemblent tenir pour acquis que les adolescents <strong>de</strong>vraients’exprimer sur le p<strong>la</strong>n sexuel et qu’ils le feront. Notre ère estcelle <strong>de</strong> millions d’avortements, d’innombrables mères célibatairesdépendant du soutien public, et d’une épidémie <strong>de</strong>ma<strong>la</strong>dies sexuellement transmissibles. Évi<strong>de</strong>mment, l’idéequ’un savoir précis induise un comportement responsablen’est rien <strong>de</strong> moins qu’un grand mythe.D’une manière générale, beaucoup <strong>de</strong> ce qui est enseigné<strong>de</strong> nos jours au nom <strong>de</strong> l’éducation sexuelle est une horreur,et en tant que chrétiens, nous <strong>de</strong>vons protester contre cetteréalité. Ce n’est souvent pas plus qu’un entraînement conventionnelà l’irrespect, l’impureté et <strong>la</strong> rébellion contre le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>Dieu.L’éducation véritable à <strong>la</strong> vie sexuelle s’exerce au mieuxentre parent et enfant dans un environnement <strong>de</strong> respect et<strong>de</strong> confiance. Éduquer quelqu’un en matière sexuelle à travers<strong>de</strong>s images anonymes et une information impersonnellene peut qu’éveiller prématurément les pulsions sexuellesd’un enfant et séparer, dans son esprit, <strong>la</strong> sexualité <strong>de</strong>l’amour et <strong>de</strong> l’engagement.Évi<strong>de</strong>mment, nous ne <strong>de</strong>vrions pas avoir peur <strong>de</strong> parlerlibrement avec nos propres enfants <strong>de</strong>s questions sexuelles,particulièrement lorsqu’ils arrivent à l’adolescence. Si nousne le faisons pas, ils se renseignent sur ces choses en premierlieu auprès <strong>de</strong> leurs condisciples, et rarement dans uneatmosphère <strong>de</strong> respect. D’un autre côté, il y a un danger à32. De nombreuses étu<strong>de</strong>s, y compris celles menées par le « p<strong>la</strong>nning familial »concluent que les adolescents ayant suivi un cours c<strong>la</strong>ssique d’éducationsexuelle, ont un taux d’activité sexuelle <strong>de</strong> 50 % plus élevé que ceux quin’en ont pas suivi.


144 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéfournir à un enfant trop <strong>de</strong> faits biologiques concernant lesexe. Souvent, une approche factuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité <strong>la</strong> prive<strong>de</strong> son mystère divin.Pour le parent chrétien, l’éducation sexuelle consiste àgui<strong>de</strong>r <strong>la</strong> conscience sexuelle <strong>de</strong> ses enfants pour qu’ils aientle sens <strong>de</strong> leur propre dignité et <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s autres. Ce<strong>la</strong> veutdire les ai<strong>de</strong>r à comprendre que le p<strong>la</strong>isir égoïste, qu’il« blesse » quelqu’un d’autre ou pas, est contraire à l’amour(Ga 5.13). Ce<strong>la</strong> signifie leur enseigner que, séparés <strong>de</strong> Dieu,les re<strong>la</strong>tions sexuelles ou toute autre activité sexuelle pèsentsur <strong>la</strong> conscience et minent les re<strong>la</strong>tions honnêtes. Ce<strong>la</strong> veutdire leur ouvrir les yeux pour qu’ils voient que c’est un vi<strong>de</strong>profond qui conduit les gens – et pourrait les conduire euxaussi – à un péché d’ordre sexuel.Un enfant peut acquérir tout naturellement une saine attitu<strong>de</strong>envers son corps et <strong>la</strong> sexualité, simplement en apprenantque son corps, en tant que temple <strong>de</strong> l’Esprit, est saint,et que toute souillure du corps est un péché. Je n’oublieraijamais l’impression profon<strong>de</strong> ressentie alors que j’étais jeuneadolescent, quand mon père m’emmena faire une promena<strong>de</strong>avec lui, et me par<strong>la</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte pour une vie pure, et <strong>de</strong>l’importance <strong>de</strong> me gar<strong>de</strong>r pour <strong>la</strong> femme que je trouveraispeut-être et avec <strong>la</strong>quelle je pourrais me marier un jour. Ilm’a dit: « Si tu peux vivre une vie pure maintenant, ce<strong>la</strong> seraplus facile pour le restant <strong>de</strong> tes jours. Mais si tu cè<strong>de</strong>s maintenantà l’impureté personnelle, il te sera <strong>de</strong> plus en plus dur<strong>de</strong> résister à <strong>la</strong> tentation, même si tu te maries. »<strong>Le</strong>s parents qui veulent protéger leurs enfants <strong>de</strong> l’impureté<strong>de</strong>vraient se rappeler que <strong>la</strong> discipline du travail – que cesoit à travers les travaux ménagers, l’exercice physique oud’autres activités – est l’une <strong>de</strong>s meilleures protections. <strong>Le</strong>senfants à qui l’on a appris à s’atteler à une tâche, et à <strong>la</strong> menerà bien seront mieux équipés pour faire face aux tentations


Avec ou sans Dieu 145sexuelles que ceux que l’on a dorlotés ou dont on a satisfaitles moindres désirs.Tout mauvais usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité nous coupe <strong>de</strong>notre vraie personnalité et <strong>de</strong>s autres<strong>Le</strong>s jeunes sous-estiment le pouvoir <strong>de</strong>s forces démoniaquesqu’ils <strong>la</strong>issent entrer dans leur vie lorsqu’ils s’abandonnentà l’impureté. Prenez, par exemple, <strong>la</strong> masturbation.Quand les enfants <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s jeunes gens, leurs désirssexuels augmentent et, souvent, leur besoin le plus immédiatest <strong>de</strong> trouver une certaine gratification sexuelle par <strong>la</strong> masturbation.De plus en plus, parents, éducateurs et hommesd’Église d’aujourd’hui préten<strong>de</strong>nt que <strong>la</strong> masturbation estquelque chose <strong>de</strong> sain, <strong>de</strong> naturel; beaucoup <strong>la</strong> considèrentseulement comme un autre moyen d’évacuer le stress. Etl’activité sexuelle à <strong>la</strong>quelle elle conduit souvent, même parmi<strong>de</strong>s enfants ayant à peine atteint <strong>la</strong> puberté, est considéréepar certains comme normale.Pourquoi nous, parents et éducateurs, avons-nous si peur<strong>de</strong> dire <strong>la</strong> vérité – d’avertir nos enfants <strong>de</strong>s dangers non seulement<strong>de</strong> <strong>la</strong> débauche sexuelle, mais aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> masturbation(Pr 5.1)? Ne sont-elles pas toutes les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong>l’âme? Ne profanent-elles pas et ne trahissent-elles pas le liendu mariage? La masturbation ne peut jamais apporter <strong>de</strong>vraie satisfaction. C’est un acte solitaire. C’est une auto-stimu<strong>la</strong>tion,une auto-gratification, une auto-maltraitance – ellenous enferme dans un mon<strong>de</strong> imaginaire et nous prive <strong>de</strong>re<strong>la</strong>tions authentiques. Lorsqu’elle <strong>de</strong>vient une habitu<strong>de</strong> (cequi est souvent le cas), elle aggrave l’isolement et <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>et intensifie les sentiments <strong>de</strong> futilité et <strong>de</strong> frustration. Aupire, en tant que brèche dans le lien d’unité et d’amour pourlequel le sexe a été créé, elle est comparable à l’adultère. J’aiconseillé <strong>de</strong> nombreux jeunes, esc<strong>la</strong>ves <strong>de</strong> <strong>la</strong> masturbation: ils


146 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretédésirent ar<strong>de</strong>mment être libérés <strong>de</strong> cette pratique, mais ils ysuccombent encore et encore.La personne qui se débat avec ce problème <strong>de</strong> masturbationa souvent trop honte pour en parler à quiconque. Néanmoins,il est important <strong>de</strong> réaliser que puisque les acteshonteux se font dans le secret, leur pouvoir ne sera détruitque lorsqu’ils seront mis en lumière. Il est certain que partagerson far<strong>de</strong>au et ses sentiments intimes avec un mentor ouun pasteur peut être douloureux, mais c’est le seul recourspour celui qui veut être réellement libre.Certaines personnes peuvent avoir à lutter contre <strong>la</strong> masturbationjusqu’à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> leur vie. J’ai conseillé <strong>de</strong>s hommesapprochant les quatre-vingts ans qui ne s’en étaient pasencore libérés. La question est <strong>de</strong> savoir s’il y a quelquechose à faire pour se débarrasser <strong>de</strong> ce fléau. Mon conseil àceux qui en sont esc<strong>la</strong>ves est <strong>de</strong> chercher <strong>la</strong> force dans <strong>la</strong>prière. Vous ne vaincrez pas votre dépendance par le seulpouvoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté. Avant <strong>de</strong> vous coucher le soir, tournezvos pensées vers Dieu et lisez quelque chose <strong>de</strong> spirituel.Même à ce moment-là, vous pouvez être tenté <strong>de</strong> vous masturber.Si ce<strong>la</strong> arrive, trouvez quelque chose qui vous empêched’y penser – sortez faire une promena<strong>de</strong> ou attelez-vousà une tâche ménagère. Une simple activité est souvent lemeilleur moyen <strong>de</strong> surmonter ces fortes tentations.Être esc<strong>la</strong>ve <strong>de</strong> <strong>la</strong> masturbation est fréquemment lié à uneautre forme <strong>de</strong> dépendance: <strong>la</strong> pornographie. Très peu <strong>de</strong>gens admettront être dépendants <strong>de</strong> <strong>la</strong> pornographie. Mais lefait que ce soit une industrie dont le chiffre d’affaires en augmentationse compte en milliards <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs montre à quelpoint elle est répandue, même parmi les « chrétiens ».De nombreuses personnes affirment qu’il ne faut pas diaboliser<strong>la</strong> pornographie, car elle ne fait pas <strong>de</strong> victimes.Cependant, tout ce qui encourage l’impureté, même sous <strong>la</strong>forme d’une excitation sexuelle solitaire, est un crime, car


Avec ou sans Dieu 147ce<strong>la</strong> dégra<strong>de</strong> le corps humain qui a été créé à l’image <strong>de</strong> Dieucomme temple <strong>de</strong> l’âme (1 Co 6.19). <strong>Le</strong>s prétendues frontièresérigées entre <strong>la</strong> pornographie, <strong>la</strong> masturbation, les re<strong>la</strong>tionsd’une nuit, et <strong>la</strong> prostitution ne sont en réalitéqu’illusion. Toutes ces pratiques sont <strong>de</strong>s moyens pour arriverà <strong>la</strong> satisfaction sexuelle sans le « far<strong>de</strong>au » <strong>de</strong> l’engagement.Toutes réduisent le mystère du sexe à une techniquepour satisfaire <strong>la</strong> convoitise. Et toutes sont honteuses – lecaractère secret <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> ceux qui s’y adonnent trahitcette réalité plus c<strong>la</strong>irement que toute autre chose (Rm13.12-13).La prière et <strong>la</strong> confession peuvent nous délivrer dufar<strong>de</strong>au <strong>de</strong> l’impuretéNul ne peut se libérer lui-même <strong>de</strong> l’impureté, ou <strong>de</strong> toutautre péché, par ses propres forces. La liberté s’obtient parune attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pauvreté intérieure, en se tournant continuellementvers Dieu. Chacun a à lutter contre <strong>la</strong> tentation etaura toujours à le faire, mais par <strong>la</strong> prière et <strong>la</strong> confession, lepéché peut être vaincu.Chaque fois que nous baissons <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> dans le combatpour <strong>la</strong> pureté – chaque fois que nous <strong>la</strong>issons <strong>la</strong> passion et <strong>la</strong>convoitise nous vaincre – nous courons le danger <strong>de</strong> gâchercomplètement notre vie. Nous ne sommes alors pas capables<strong>de</strong> chasser les esprits mauvais que nous avons <strong>la</strong>issé entrer, etl’intervention du Christ lui-même sera nécessaire pour nouslibérer. Sans elle, il n’y aura que dépression plus profon<strong>de</strong> etdésespoir.Dans les cas les plus extrêmes, le désespoir apporté parune vie secrète d’impureté se termine par un suici<strong>de</strong>. On nepeut que le décrire comme une rébellion contre Dieu, uneaffirmation qui stipule: « Il n’y a plus d’espoir pour moi – mesproblèmes sont trop grands, même pour Dieu. » <strong>Le</strong> suici<strong>de</strong>


148 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureténie que <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu soit plus gran<strong>de</strong> que notre faiblesse.Si nous nous trouvons dans l’abîme du désespoir, <strong>la</strong> seuleréponse consiste à chercher Dieu et à lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r compassionet grâce. Même si nous sommes « au bout du rouleau »,Dieu veut nous redonner espoir et courage, même si nousestimons notre trahison très profon<strong>de</strong> envers lui. Dieu est toujoursprêt à pardonner tout péché (1 Jn 1.9). Nous n’avonsqu’à être assez humbles pour le lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r. Quandquelqu’un est tenté par <strong>de</strong>s pensées <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>, le plus importantà faire est <strong>de</strong> lui montrer <strong>de</strong> l’amour, <strong>de</strong> lui rappeler quechacun <strong>de</strong> nous a été créé par et pour Dieu et que chacun a unbut à accomplir.Se détourner du péché et réaliser que nous sommes crééspour Dieu est toujours une révé<strong>la</strong>tion et une joie. Si nousnous tournons vers Dieu fidèlement dans cette vie ici-bas,nous reconnaîtrons <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> notre magnifique tâche,celle <strong>de</strong> recevoir son amour et <strong>de</strong> le partager avec d’autres.Aucun appel n’est plus merveilleux.


CHAPITRE 16Trop honteux pour en parler?Autrefois, certes, vous apparteniez aux ténèbres, mais àprésent, par votre union avec le Seigneur, vousappartenez à <strong>la</strong> lumière. Comportez-vous donc comme<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière car ce que produit <strong>la</strong> lumièrec’est tout ce qui est bon, juste et vrai. Comme <strong>de</strong>s enfants<strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière, efforcez-vous <strong>de</strong> discerner ce qui p<strong>la</strong>ît auSeigneur. Ne participez pas aux pratiques stériles quefavorisent les ténèbres, mais démasquez-les plutôt. Cartout ce que ces gens-là font en cachette est si honteuxqu’on n’ose même pas en parler.Éphésiens 5.8-12En juin 1995, une commission <strong>de</strong> l’Église d’Angleterrerecommandait que l’expression « vivant dans le péché » soitabandonnée et que l’on « encourage et soutienne » les couplesnon mariés, aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels, dansleurs styles <strong>de</strong> vie et qu’on les accueille plus volontiers dansles congrégations anglicanes. Suggérant que les « re<strong>la</strong>tions etles actes amoureux homosexuels » n’étaient – <strong>de</strong> manièreintrinsèque – pas moins va<strong>la</strong>bles que ceux <strong>de</strong>s hétérosexuels,<strong>la</strong> commission a proposé que l’amour puisse s’exprimer dans« <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions variées » 33 . Bien qu’une telle affirmation soit àpeine surprenante dans le mon<strong>de</strong> d’aujourd’hui, il est cho-33. « Church report accepts cohabiting couples », The Tablet, 10 juin 1995.


150 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéquant qu’elle provienne d’une Église établie, et il est choquant<strong>de</strong> savoir que d’autres dénominations ont émis <strong>de</strong>sidées simi<strong>la</strong>ires.Nous <strong>de</strong>vons aimer les pécheurs, mais nous <strong>de</strong>vonségalement oser dénoncer le péchéJ’ai récemment participé à une commission parents-enseignantsd’un lycée et j’ai pu observer combien le mouvementen faveur <strong>de</strong> l’homosexualité était <strong>de</strong>venu puissant, commentil s’était introduit dans chaque aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie publique. <strong>Le</strong>comité <strong>de</strong> conseil sur <strong>la</strong> santé et <strong>la</strong> sécurité du district sco<strong>la</strong>ireavait si peur <strong>de</strong> s’aliéner les homosexuels et les lesbiennesqu’il hésitait même à définir « <strong>la</strong> famille », sans parler <strong>de</strong> prendreposition sur ce que l’on appelle les valeurs familiales. Enfin <strong>de</strong> compte, ils s’accordèrent sur <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> famillecomme « <strong>de</strong>ux personnes prenant un engagement ».De nombreux politiciens et un nombre croissant <strong>de</strong> membresdu clergé craignent <strong>de</strong> s’exprimer contre une telle définitionpar peur <strong>de</strong> perdre le soutien <strong>de</strong>s électeurs ou leurtravail. Très peu osent s’y opposer et dire: « Ça suffit! ». Maisen refusant <strong>de</strong> définir le mariage comme un contrat entre unhomme et une femme, ils ne font pas que remettre en questionl’institution <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille dans son ensemble, mais nientcarrément l’ordre <strong>de</strong> Dieu concernant <strong>la</strong> création. Ilsenvoient à nos enfants ce message: tout va bien et l’engagement<strong>de</strong> toute une vie envers un partenaire <strong>de</strong> sexe opposén’est que l’une <strong>de</strong>s nombreuses options possibles.Il peut sembler à certains lecteurs que je me fais l’avocat<strong>de</strong> <strong>la</strong> haine envers les homosexuels, <strong>de</strong> <strong>la</strong> « chasse auxhomosexuels ». Je peux vous assurer que ce n’est pas le cas.Nous sommes tous pécheurs et tous les jours nous péchons,et faire <strong>de</strong> l’homosexualité un péché pire que les autres nerepose sur aucune base biblique. Se moquer <strong>de</strong> l’homosexua-


Trop honteux pour en parler? 151lité ou juger un homosexuel actif plus durement qu’une autrepersonne ayant péché, ou le ou <strong>la</strong> regar<strong>de</strong>r avec une attitu<strong>de</strong><strong>de</strong> condamnation est un péché: nous savons, d’après lesévangiles, que nul péché sexuel n’est trop terrible pour êtrepardonné ou pour être guéri (Ep 2.3-5). Cependant, noussavons que Jésus hait le péché, même s’il aime le pécheur etsouhaite sa ré<strong>de</strong>mption.Affirmer son homosexualité, c’est nier l’intentioncréatrice <strong>de</strong> DieuL’attitu<strong>de</strong> homosexuelle est un péché. C’est « contrenature », contre le <strong>de</strong>ssein créateur <strong>de</strong> Dieu, et c’est uneforme d’auto-adoration et d’idolâtrie (Rm 1.26). Commeacte sexuel entre <strong>de</strong>ux personnes <strong>de</strong> même sexe, c’est lepéché «très grave » <strong>de</strong> Sodome et Gomorrhe (Gn 19.1-29).Dans le Lévitique, au chapitre 18, versets 22 et 23, Dieuqualifie les re<strong>la</strong>tions homosexuelles d’abomination: « Tu necoucheras pas avec un homme comme on couche avec unefemme; c’est une abomination. » Et au chapitre 20, verset 13,nous lisons: « Si <strong>de</strong>ux hommes ont <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions homosexuelles,ils ont commis un acte abominable; ils seront mis à mortet porteront seuls <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> leur mort. » Laissezceux qui minimisent <strong>de</strong> tels interdictions et avertissements enexpliquant que nous ne sommes « plus sous <strong>la</strong> loi, mais sous<strong>la</strong> grâce », puis expliquez pourquoi l’inceste, l’adultère, <strong>la</strong>bestialité et les sacrifices humains ne doivent pas être ignorés.Dans les versets suivants, tous ces actes sont condamnés:« Tu n’auras pas <strong>de</strong> rapports sexuels avec une bête pour terendre impur avec elle. Une femme n’ira pas s’accoupler avecun animal; c’est une dépravation. »<strong>Le</strong> Nouveau Testament condamne également l’homosexualité.Paul écrit dans Romains 1.26-28:


152 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>Le</strong>urs femmes ont renoncé aux re<strong>la</strong>tions sexuelles naturellespour se livrer à <strong>de</strong>s pratiques contre nature. <strong>Le</strong>s hommes,<strong>de</strong> même, dé<strong>la</strong>issant les rapports naturels avec le sexeféminin, se sont enf<strong>la</strong>mmés <strong>de</strong> désir les uns pour les autres;ils ont commis entre hommes <strong>de</strong>s actes honteux et ont reçuen leur personne le sa<strong>la</strong>ire que méritaient leurs égarements.Et dans 1 Corinthiens 6.9-10, Paul écrit:Ne savez-vous pas que ceux qui pratiquent l’injusticen’auront aucune part au royaume <strong>de</strong> Dieu? Ne vous y trompezpas: il n’y aura point <strong>de</strong> part dans l’héritage <strong>de</strong> ceroyaume pour les débauchés, les idolâtres, les adultères, lespervers ou les homosexuels…Nombreux sont ceux qui réinterprètent les Écritures,disant qu’elles ne condamnent que le viol homosexuel, <strong>la</strong>débauche, ou un comportement homosexuel « non naturel »ou <strong>la</strong>scif <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d’hétérosexuels. Ils affirment que ce que<strong>la</strong> Bible condamne, c’est un comportement homosexuel (ethétérosexuel) offensant. Mais n’est-il pas évi<strong>de</strong>nt que lorsquePaul parle <strong>de</strong>s « hommes qui couchent avec <strong>de</strong>s hommes »(NBS), il parle <strong>de</strong> l’offense que constitue l’homosexualitéelle-même? Si seuls les actes homosexuels <strong>de</strong> nature« choquante » étaient mauvais, alors qu’en est-il <strong>de</strong> ce quePaul mentionne dans ce même passage: l’adultère, l’idolâtrie,etc.Que pourrait-il y avoir <strong>de</strong> plus c<strong>la</strong>ir que les mots <strong>de</strong> Pauldans l’épître aux Romains où quand il évoque l’homosexualité,il parle <strong>de</strong> « passions du cœur qui portent à <strong>de</strong>s pratiquesdégradantes » et dit qu’elle avilit et que ce sont <strong>de</strong>s « acteshonteux »? Ou bien ses paroles dures et sans équivoque contrele fait <strong>de</strong> faire « <strong>de</strong>s choses indignes » (Rm 1.24-28,NBS)? <strong>Le</strong>s actes homosexuels sont toujours <strong>de</strong> nature perversecar ils dénaturent <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu concernant <strong>la</strong>création. L’Écriture ne les défend jamais, <strong>de</strong> quelque façon


Trop honteux pour en parler? 153que ce soit. Et ceci est tout aussi vrai lorsqu’ils ont lieu dansle cadre d’une re<strong>la</strong>tion « aimante » à vie. <strong>Le</strong>s aventures adultèreshétérosexuelles peuvent aussi être ressenties commeaimantes et être durables mais ce<strong>la</strong> ne les rend pas justes pourautant.Il est typique aujourd’hui d’entendre les gens se p<strong>la</strong>indre<strong>de</strong> l’injustice consistant à rendre les homosexuels responsablesd’une orientation ou d’une façon <strong>de</strong> vivre qu’ils n’ontpas nécessairement choisie. Mais il s’agit là seulement d’uneexcuse pour le péché. Que les homosexuels soient ou nonresponsables <strong>de</strong> leur orientation sexuelle n’a aucun rapportavec le fait qu’ils aient raison ou tort <strong>de</strong> se comporter ainsi.Expliquer un comportement est une chose. <strong>Le</strong> justifier en estune bien différente 34 .Quelle que soit son origine ou sa nature, une tentationd’ordre sexuel peut être vaincue<strong>Le</strong>s besoins sexuels d’un homosexuel peuvent être aigus,mais ce peut être le cas pour ceux <strong>de</strong> n’importe qui d’autre.Nous sommes tous « naturellement » prédisposés à faire ceque nous ne <strong>de</strong>vrions pas faire. Mais si nous croyons enDieu, nous <strong>de</strong>vons également croire qu’il peut nous donner<strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> vaincre dans les luttes que nous pouvons avoir àmener. « Ma grâce te suffit, c’est dans <strong>la</strong> faiblesse que mapuissance se manifeste pleinement » (2 Co 12.9-10).En prenant position contre l’homosexualité, nous <strong>de</strong>vonsnous rappeler que, bien que l’Écriture condamne le comportementhomosexuel, elle ne nous permet pas <strong>de</strong> condamnerles personnes qui adoptent un tel comportement. En tant quechrétiens, nous ne pouvons absolument pas excuser le déni34. Thomas E. SCHMIDT, L’homosexualité. Perspectives bibliques et réalités contemporaines,coll. Terre Nouvelle, Cléon d’Andran, Excelsis, 2002, p. 180-220.


154 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>de</strong>s droits élémentaires <strong>de</strong> quiconque, pour quelque raisonque ce soit. Il est trop facile d’oublier que <strong>la</strong> Bible parle beaucoupplus d’orgueil, <strong>de</strong> cupidité, <strong>de</strong> ressentiment, et d’autojustificationque d’homosexualité. Néanmoins, nous nousopposons toujours au programme <strong>de</strong> ceux qui cherchent àredéfinir l’homosexualité comme « une autre façon <strong>de</strong> vivre »– particulièrement lorsque ce<strong>la</strong> influe sur <strong>la</strong> légalisation <strong>de</strong>mariages entre personnes <strong>de</strong> même sexe – et sur les effortspour forcer <strong>de</strong>s groupes religieux à accepter <strong>de</strong>s homosexuels– et vivants comme tels – comme membres et mêmecomme dirigeants d’Église (1 Co 5.11).Il est important, également, <strong>de</strong> faire <strong>la</strong> différence entreune tendance ou une « orientation » homosexuelle et le fait <strong>de</strong>vivre activement son homosexualité. Alors qu’une orientationhomosexuelle peut apparaître à cause d’influences psychologiques,<strong>de</strong> l’environnement social, et peut-être (seloncertains scientifiques) du caractère génétique, vivre <strong>de</strong> façonactive l’homosexualité est un choix. Argumenter que notreculture, notre famille ou nos gènes nous ren<strong>de</strong>nt impuissantsà choisir ou à combattre le péché, c’est renier le concept <strong>de</strong>libre arbitre.Même en tant qu’orientation, l’homosexualité est un étatqui a <strong>de</strong>s racines particulièrement profon<strong>de</strong>s et ceux qui ontà lutter méritent compassion et ai<strong>de</strong>. C’est pourquoi nous<strong>de</strong>vons toujours être prêts à recevoir dans notre communautél’homme ou <strong>la</strong> femme homosexuel(le), et à nous tenir à sescôtés, dans <strong>la</strong> patience et l’amour, mais aussi avec c<strong>la</strong>rté,refusant que <strong>la</strong> personne continue à pécher sur le p<strong>la</strong>n sexuel.Par-<strong>de</strong>ssus tout, nous <strong>de</strong>vons rappeler, à ceux qui portent lefar<strong>de</strong>au d’une attirance pour ceux <strong>de</strong> leur sexe, le p<strong>la</strong>n originel<strong>de</strong> Dieu pour sa création, et les ai<strong>de</strong>r à discerner que nulhomme ou femme n’est vraiment complet sans l’autre sexe.J’ai conseillé <strong>de</strong> nombreuses personnes qui luttaient contre<strong>de</strong>s tentations à caractère homosexuel. La situation <strong>de</strong>


Trop honteux pour en parler? 155quelqu’un peut parfois paraître sans espoir, mais j’ai apprisque même les plus enracinés dans leur façon <strong>de</strong> vivre pouvaientêtre aidés. Cependant, qu’une personne homosexuelleen lutte suive ou non ses tentations, une chose <strong>de</strong>meure: si ellese tourne d’un cœur entier vers Jésus, elle pourra être aidée etlibérée; si au fond <strong>de</strong> son cœur, elle est divisée, même ses plusvail<strong>la</strong>nts efforts face à <strong>la</strong> tentation <strong>la</strong> gêneront intérieurement.Un coup d’œil, même furtif, en direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> perversion,montre que <strong>la</strong> personne n’a pas pris <strong>de</strong> décision – Jésusappelle ce<strong>la</strong> commettre l’adultère en son cœur. La libertédurable ne se trouve que dans <strong>la</strong> décision.C’est pourquoi il est d’autant plus important que ceux quine portent pas le far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> l’homosexualité essaient <strong>de</strong> comprendrele formidable besoin intérieur <strong>de</strong> ceux sur lesquels ilpèse. <strong>Le</strong>ur désir sexuel dép<strong>la</strong>cé vient souvent d’un intensedésir <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions vraiment aimantes avec les autres. De nombreuxhomosexuels n’ont jamais reçu d’amour inconditionnelet ne se sont jamais sentis acceptés <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>leur sexe. Dans notre pays, dans les foyers sans père, il existeun vi<strong>de</strong> capable d’éveiller <strong>de</strong>s sentiments homosexuels chezles enfants. Et dans notre culture, dirigée par <strong>la</strong> compétitionet <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> domination, il est facile pour certains <strong>de</strong> sesentir rejetés; et ce<strong>la</strong> peut les conduire à se tourner versl’homosexualité.Je connais Howard et sa femme <strong>de</strong>puis qu’ils ont rejointnotre communauté, il y a vingt ans, mais ce n’est que récemmentque j’ai pleinement compris <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutted’Howard. Maltraité par son oncle étant enfant, dé<strong>la</strong>issé parson père « accro » au travail, et ridiculisé par ses condisciplespour son manque <strong>de</strong> qualités athlétiques, Howard a grandi ense sentant incompris et hors <strong>de</strong> son élément. Il réc<strong>la</strong>maitar<strong>de</strong>mment l’attention <strong>de</strong> son père, d’autres hommes, et <strong>de</strong>sgarçons <strong>de</strong> son âge. Dès le milieu <strong>de</strong> son adolescence, il était<strong>de</strong>venu un homosexuel actif. Bien qu’Howard ne rejette pas


156 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s choix qu’il fit plus tard dans sa vie surson éducation, son histoire <strong>de</strong>vrait avertir tout parent <strong>de</strong> cequi peut arriver lorsque les enfants grandissent sans le soutiend’une famille aimante.À seize ans, j’ai commencé à avoir <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions avec <strong>de</strong>sgarçons. Il n’a pas fallu longtemps pour que je <strong>la</strong>isse <strong>de</strong>shommes plus âgés « faire <strong>de</strong>s expériences » avec moi. Cesexpériences sexuelles m’excitaient mais me <strong>la</strong>issaient un fortsentiment <strong>de</strong> culpabilité. Je ne pouvais m’ouvrir à personne<strong>de</strong> ce que je vivais. J’ai même menti à mon père lorsqu’ils’adressa à moi <strong>de</strong> façon directe et me <strong>de</strong>manda si j’avais <strong>de</strong>tels sentiments.À l’âge <strong>de</strong> vingt et un ans, j’avais déjà expérimenté toutacte homosexuel virtuellement possible. Rien ne me satisfaisait.Mes rencontres avec <strong>de</strong>s hommes étaient vi<strong>de</strong>s; je préféraisregar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s photos et créer mes propres rêves. Je n’aijamais essayé <strong>de</strong> comprendre mon attirance pour les hommes,prenant pour excuse que je ne pouvais pas « m’enempêcher ». Même lorsque mon assurance médicale a payépour que je suive une psychothérapie à cause d’un stress etd’une anxiété dus au travail, je n’ai rien dit <strong>de</strong> personnel aupsychiatre. J’en étais convaincu: il ne servait à rien <strong>de</strong> parlerà quelqu’un; personne ne me comprendrait et, <strong>de</strong> toutefaçon, je ne pouvais pas changer.J’ai épousé <strong>la</strong> première femme avec <strong>la</strong>quelle j’ai eu <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions sexuelles. Ann m’aimait et acceptait ce qu’elle connaissait<strong>de</strong> moi. Nous avons parlé <strong>de</strong> nos sentiments personnels,mais c’est seulement après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> mariage que j’aitrouvé le courage <strong>de</strong> lui faire part <strong>de</strong> mon secret. Naturellement,elle a réagi par une très gran<strong>de</strong> stupeur. Elle n’arrivaitpas à comprendre comment ce<strong>la</strong> était possible. Je lui ai parlé<strong>de</strong> mon enfance, ainsi que <strong>de</strong>s pensées et <strong>de</strong>s désirs quipesaient sur moi. Je lui ai dit que je ne vou<strong>la</strong>is rien avoir àfaire avec ces choses; elle l’a accepté et a semblé espérer queje puisse changer. Bien qu’il me soit encore arrivé <strong>de</strong> retomberdans <strong>de</strong>s rencontres <strong>de</strong> hasard avec <strong>de</strong>s hommes, elle m’atoujours pardonné.


Trop honteux pour en parler? 157À cette époque, <strong>de</strong> nombreux homosexuels faisaient leur« coming out », révé<strong>la</strong>nt à leur famille et amis leur façon <strong>de</strong>vivre et cherchant à être acceptés. J’avais peur <strong>de</strong> le faire, carj’étais sûr <strong>de</strong> ne pas être accepté. En vérité, au fond <strong>de</strong> moncœur, je ne vou<strong>la</strong>is pas l’acceptation; je vou<strong>la</strong>is que l’onm’ai<strong>de</strong> à surmonter mon problème. En fin <strong>de</strong> compte, j’airaconté mon histoire à un prédicateur auquel je faisais confiance.Il m’a aidé à trouver <strong>la</strong> force <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer mon combatcontre l’homosexualité <strong>de</strong>vant un petit groupe <strong>de</strong> personnesque je connaissais et dont je me sentais proche. Au début, ilsfurent choqués, mais ils m’apportèrent également leur soutien,sachant qu’eux-mêmes connaissaient <strong>de</strong>s luttes. Cecifut le début <strong>de</strong> mon chemin vers <strong>la</strong> guérison. Mais seulementle début.Plus tard, ma femme et moi-même avons rejoint les communautésdu Bru<strong>de</strong>rhof, sentant que nous étions arrivés làoù nous pourrions trouver <strong>la</strong> paix véritable et <strong>la</strong> guérison.Pour une gran<strong>de</strong> part, c’était vrai, mais parfois, lorsque jeme sentais à p<strong>la</strong>t et déprimé, je m’abandonnais encore à <strong>de</strong>spensées et <strong>de</strong>s regards <strong>de</strong> convoitise, ce qui à plusieurs occasionsa bien failli me ramener à mes anciennes habitu<strong>de</strong>s.C’était c<strong>la</strong>ir, jamais je ne pourrais surmonter mes problèmespar mes propres forces. En même temps, je me faisais <strong>de</strong>sillusions en croyant que je le pourrais, et j’ai convaincu mafemme que tout al<strong>la</strong>it bien. Pendant ce temps-là, je faisaisobstruction aux paroles <strong>de</strong> Jésus sur les regards <strong>de</strong> convoitise.Ma conscience <strong>de</strong>vint <strong>de</strong> plus en plus émoussée. Moncœur était <strong>de</strong> plus en plus dur.Ann continua à me faire confiance et Dieu nous donna <strong>de</strong>uxfils. Néanmoins, malgré ces bénédictions, je tombai <strong>de</strong> plusen plus bas. Puis, un jour, un ami me surprit en train <strong>de</strong>regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s images pornographiques. Bien que j’aied’abord essayé <strong>de</strong> m’en sortir par le mensonge, j’ai ensuitetrouvé le courage d’admettre mon péché, <strong>de</strong>vant ma femme,et <strong>de</strong>vant les frères et sœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté. « Tout lemon<strong>de</strong> » savait maintenant et je m’attendais à ce qu’on mefasse « quitter <strong>la</strong> ville ». Mais bien que personne n’excusât


158 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretémon comportement, je ne me sentis pas condamné. Deshommes que je pensais totalement dégoûtés <strong>de</strong> moi, m’ontsoudain regardé droit dans les yeux avec un amour fraternelvrai. Mon cœur endurci commença à fondre…Ma femme et moi-même nous sommes séparés pendantplusieurs semaines pour que je puisse retrouver mes repères.Pendant cette pério<strong>de</strong>, Ann resta fidèle à son engagementenvers l’Église et envers moi. Par <strong>la</strong> suite, elle m’a dit:« Lorsque nous nous sommes mariés, je n’avais aucune idée<strong>de</strong> ce qui nous attendait. Nous avons promis <strong>de</strong> rester fidèles– à Dieu, à l’Église et l’un envers l’autre – que viennentl’enfer ou les épreuves. Nous n’avions aucune idée <strong>de</strong> ce quenous promettions, mais je sais que c’est cette promesse quinous a protégés. C’est ce qui nous a à nouveau réunis. »Ann avait raison, bien sûr. C’est seulement par <strong>la</strong> grâce<strong>de</strong> Dieu que j’ai pu reconnaître combien j’avais besoin <strong>de</strong> mepurifier complètement, d’ouvrir plus <strong>la</strong>rgement mon cœurcomme jamais je ne l’avais fait auparavant, et <strong>de</strong> réparertoute mauvaise action ou attitu<strong>de</strong> ancrée du passé. J’ai comprisque mon égoïsme était à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> mon problème. Petità petit, j’ai senti se briser mon esc<strong>la</strong>vage vis-à-vis <strong>de</strong>s ténèbres.Au fur et à mesure que ma repentance <strong>de</strong>venait plus profon<strong>de</strong>,mon cœur <strong>de</strong>venait plus léger et mon esprit plus libre.Je suis finalement revenu auprès <strong>de</strong> ma femme et <strong>de</strong> mesenfants. Nous sommes maintenant une famille plus unie quenous ne l’avons jamais été. Et <strong>la</strong> malédiction avec <strong>la</strong>quelle j’aivécu toute ma vie s’est transformée en joie profon<strong>de</strong>. Dieum’a fait don d’une conscience pure – il n’y a pas <strong>de</strong> plusgrand don. Ce<strong>la</strong> me donne le courage <strong>de</strong> faire face à tout cequi pourrait se passer dans le futur. Je sais que je vais êtretenté toute ma vie, mais je sais aussi que l’on peut s’en sortir.Je peux recevoir une ai<strong>de</strong> qui va bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> mes propresforces.


Trop honteux pour en parler? 159Tout homme ou femme peut être réellement libre, et c’està nous <strong>de</strong> le croire (Ga 5.1) 35 . L’histoire <strong>de</strong> Ann et Howard<strong>de</strong>vrait nous rappeler qu’il ne faut pas prétendre que <strong>la</strong> victoireest facile. Elle ne peut pas l’être. Pour une personne quitrouve <strong>la</strong> guérison, il y en a <strong>de</strong>s dizaines d’autres qui doiventlutter contre <strong>de</strong>s tentations pendant <strong>de</strong>s années, et certainspour le reste <strong>de</strong> leur vie. Est-ce cependant différent pournous? Il n’y a pas beaucoup <strong>de</strong> chrétiens qui n’ont pas espéréet prié, apparemment sans résultat, pour être délivrés d’unpéché obsédant. Mais nous ne <strong>de</strong>vrions jamais douter que,puisque nous sommes tous créés à l’image <strong>de</strong> Dieu, il y a unespoir <strong>de</strong> guérison et <strong>de</strong> restauration pour chacun <strong>de</strong> nous(He 9.14). <strong>Le</strong> Christ nous délivrera si nous nous donnons àlui.35. Dans L’homosexualité (en particulier p. 210-220), T. SCHMIDT passe enrevue différents programmes et organisations pour les hommes et les femmesqui cherchent à sortir <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie homosexuel.


CHAPITRE 17La guerre secrèteOui, c’est bien toi qui, <strong>de</strong>puis ma naissance, m’asprotégé. Tu m’as mis en sécurité sur le sein <strong>de</strong> ma mère.Dès mon jeune âge, j’ai été p<strong>la</strong>cé sous ta gar<strong>de</strong>. Dès avantma naissance, tu es mon Dieu. Ne reste pas si loin <strong>de</strong> moicar le danger est proche, et il n’y a personne qui viennepour m’ai<strong>de</strong>r.Psaume 22.10-12Il y a près <strong>de</strong> soixante-dix ans, en réponse à l’idée <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nningfamilial « mo<strong>de</strong>rne », Eberhard Arnold a écrit: « Dansnos familles, nous espérons autant d’enfants que Dieu endonnera. Nous louons Dieu pour sa puissance créatrice etconsidérons les gran<strong>de</strong>s familles comme l’un <strong>de</strong> ses plusgrands dons » 36 .Que dirait-il aujourd’hui, dans une époque où <strong>la</strong> contraceptionest pratique courante et où <strong>de</strong>s millions d’enfants ànaître sont tués chaque année? Où est passée notre joied’avoir <strong>de</strong>s enfants et celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> famille? Où est passéenotre reconnaissance pour les dons <strong>de</strong> Dieu? Où est notrerespect pour <strong>la</strong> vie et notre compassion pour ceux qui sont lesmoins capables <strong>de</strong> se défendre eux-mêmes? Jésus dit très36. Eberhard ARNOLD, God’s Revolution, Farmington, <strong>Plough</strong>, 1992, p. 151.


La guerre secrète 161c<strong>la</strong>irement que personne n’entrera dans le royaume <strong>de</strong> Dieus’il ne <strong>de</strong>vient pas comme un petit enfant.La sexualité sans considération du don <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie estune mauvaise choseL’esprit <strong>de</strong> notre temps est diamétralement opposé nonseulement à l’esprit <strong>de</strong> l’enfant, mais également aux enfantseux-mêmes. C’est l’esprit <strong>de</strong> mort et on le trouve partoutdans <strong>la</strong> société mo<strong>de</strong>rne: dans le taux croissant <strong>de</strong> meurtreset <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>s, dans <strong>la</strong> violence domestique qui se répand,dans l’avortement, <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> mort et l’euthanasie. Notreculture semble décidée à emprunter <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, àprendre en mains ce qui est du domaine <strong>de</strong> Dieu. Et l’Étatn’est pas le seul fautif.Combien d’Églises approuvent les meurtres d’enfants ànaître sous le prétexte <strong>de</strong> soutenir les droits <strong>de</strong>s femmes? La« libération » sexuelle <strong>de</strong> notre société a entraîné une incroyable<strong>de</strong>struction. C’est une fausse libération basée sur <strong>la</strong>recherche égoïste <strong>de</strong> <strong>la</strong> satisfaction et du p<strong>la</strong>isir. Elle ignore <strong>la</strong>discipline et <strong>la</strong> responsabilité, et <strong>la</strong> vraie liberté qui endécoule. Comme le dit Stanley Hauerwas, elle reflète « unprofond manque <strong>de</strong> confiance dans le fait que nous avonsquelque chose qui vaut <strong>la</strong> peine d’être transmis à <strong>la</strong> nouvellegénération… Nos morts, nous les voulons » 37 .Il suffit <strong>de</strong> constater que ce<strong>la</strong> ne pose aucun cas <strong>de</strong> conscienceà <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gens aujourd’hui quand on empêche<strong>la</strong> vie d’un petit être d’advenir ou qu’on <strong>la</strong> détruit. <strong>Le</strong>senfants, autrefois considérés comme <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> bénédiction<strong>de</strong> Dieu, ne sont considérés aujourd’hui qu’en termes <strong>de</strong>coût: ils sont un far<strong>de</strong>au et une menace pour <strong>la</strong> liberté et lebonheur <strong>de</strong> l’individu.37. Stanley HAUERWAS, Unleashing the Scripture. Freeing the Bible from Captivityto America, Nashville, Abingdon, 1993, p. 131.


162 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéDans un mariage authentique, il y a un lien étroit entreamour conjugal et vie nouvelle (Ml 2.15). Lorsque mari etfemme <strong>de</strong>viennent une seule chair, ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vrait toujours êtreavec <strong>la</strong> conscience respectueuse que, par cet acte, une vienouvelle peut se former. De cette manière, l’amour conjugal<strong>de</strong>vient une expression d’amour créatif, une alliance en vue<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Mais combien <strong>de</strong> couples aujourd’hui envisagentleur vie sexuelle <strong>de</strong> cette façon? Pour <strong>la</strong> plupart, <strong>la</strong> pilule atransformé les re<strong>la</strong>tions sexuelles en un acte insouciant,dénué <strong>de</strong> toute responsabilité et supposé être sans conséquences.En tant que chrétiens, nous <strong>de</strong>vons être prêts à nous élevercontre cette mentalité pro-contraception qui a envahi notresociété. Trop <strong>de</strong> couples aujourd’hui ont simplement adopté<strong>la</strong> mentalité popu<strong>la</strong>ire faite d’indulgence sexuelle et <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nningfamilial à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, jetant au panier les vertus <strong>de</strong> <strong>la</strong>maîtrise <strong>de</strong> soi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> confiance. <strong>Le</strong> sexe pour le sexe, mêmedans le cadre du mariage, non seulement dévalorise l’acteconjugal mais éro<strong>de</strong> ce sur quoi il se fon<strong>de</strong>: l’amour désintéressé,nécessaire pour élever <strong>de</strong>s enfants. Faire du p<strong>la</strong>isirsexuel un but en soi, sans considération pour le don <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie,est mauvais. Ce<strong>la</strong> signifie fermer <strong>la</strong> porte aux enfants et, cefaisant, mépriser à <strong>la</strong> fois le don et le Donneur (Jb 1.21).Comme mère Teresa l’a dit un jour:En détruisant le pouvoir <strong>de</strong> donner <strong>la</strong> vie par <strong>la</strong> contraception,le mari ou <strong>la</strong> femme est en train <strong>de</strong> se faire quelquechose à lui-même. Il porte l’attention sur lui-même, et ce faisant,détruit le don d’amour en lui ou en elle. Dans l’amour,le mari et <strong>la</strong> femme doivent porter leur attention l’un enversl’autre, comme ce<strong>la</strong> se passe dans le p<strong>la</strong>nning familial naturel,et non envers eux-mêmes, comme c’est le cas dans <strong>la</strong>contraception.


La guerre secrète 163La contraception sape l’accomplissement et les fruits <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>venus un, et pour cette raison, nous <strong>de</strong>vrions éprouver<strong>de</strong> <strong>la</strong> répulsion vis-à-vis <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> consistant à chercherconstamment à éviter <strong>la</strong> responsabilité d’avoir <strong>de</strong>s enfants.Tout ceci ne suggère nullement que nous <strong>de</strong>vrions mettreau mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> manière irresponsable, ou en mettanten péril <strong>la</strong> santé <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère, ou son bien-être. La tailled’une famille et l’espacement <strong>de</strong>s naissances est une questiond’une très gran<strong>de</strong> responsabilité. C’est quelque chose quechaque couple doit envisager <strong>de</strong>vant Dieu, dans <strong>la</strong> prière et lerespect. Avoir <strong>de</strong>s enfants particulièrement rapprochés peutêtre une charge particulièrement difficile à porter pour <strong>la</strong>mère. C’est un domaine où le mari doit témoigner un respectaimant et être compréhensif à l’égard <strong>de</strong> sa femme 38 . Redisons-le,il est vital que le couple se tourne ensemble vers Dieuet lui remette ses incertitu<strong>de</strong>s et ses craintes dans <strong>la</strong> foi (Mt7.7-8). Si nous sommes attentifs à <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Dieu, jesuis certain qu’il nous montrera le chemin.Avorter, c’est se moquer <strong>de</strong> DieuCette mentalité en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> contraception n’est quel’une <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> mort, et c’est pourquoiune vie nouvelle est si mal accueillie dans tant <strong>de</strong> foyers. Il ya aujourd’hui, partout dans <strong>la</strong> société, une guerre secrète,une guerre contre <strong>la</strong> vie. Tant <strong>de</strong> petites âmes sont profanées.Et parmi celles dont on n’empêche pas <strong>la</strong> venue au mon<strong>de</strong>38. Dieu nous a donné <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s naturelles pour espacer les enfants. Lapremière est une forme d’al<strong>la</strong>itement qui retar<strong>de</strong> le retour <strong>de</strong> <strong>la</strong> fertilité pendantplus d’un an en moyenne. Il est appelé « al<strong>la</strong>itement écologique » pourdistinguer ses fréquentes tétées <strong>de</strong> « l’al<strong>la</strong>itement culturel » qui n’a que peuou pas d’effet sur le retour <strong>de</strong> <strong>la</strong> fertilité. La <strong>de</strong>uxième forme <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nningfamilial naturel est basée sur l’abstinence périodique. <strong>Le</strong> couple note lessignes corporels (température, g<strong>la</strong>ire cervicale, etc.) <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fertilitéet d’infertilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme et s’abstient pendant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> fertilité s’ilpense avoir <strong>de</strong>s raisons suffisamment sérieuses pour éviter une grossesse.


164 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretépar <strong>la</strong> contraception, combien sont détruites sans pitié parl’avortement!<strong>Le</strong> caractère généralisé <strong>de</strong> l’avortement est si grand dansnotre société qu’il rend en comparaison presque banal lemassacre <strong>de</strong>s Innocents par Héro<strong>de</strong>. L’avortement est unmeurtre, il n’y a aucune exception. S’il y en avait, le message<strong>de</strong>s évangiles serait inconséquent et dénué <strong>de</strong> sens. Mêmel’Ancien Testament affirme c<strong>la</strong>irement que Dieu déteste quel’on verse le sang innocent (Ps 6.16-17). L’avortementdétruit <strong>la</strong> vie et se moque <strong>de</strong> Dieu, à l’image duquel tout bébéà naître est créé.Dans l’Ancien Testament, on trouve <strong>de</strong> nombreux passagespar<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence active <strong>de</strong> Dieu dans chaque viehumaine, même si elle est encore en train d’être formée dansl’utérus. Dans le chapitre 4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Genèse, au verset 1, aprèsqu’Ève a conçu et donné naissance à Caïn, elle dit: « Avecl’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Éternel, j’ai formé un homme ». Elle ne dit pas:« avec l’ai<strong>de</strong> d’Adam », mais « avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Éternel ».Au Psaume 139, nous lisons:Tu m’as fait ce que je suis,et tu m’as tissé dans le ventre <strong>de</strong> ma mère.Merci d’avoir fait <strong>de</strong> moi une créature aussi merveilleuse:tu fais <strong>de</strong>s merveilles,et je le reconnais bien.Mon corps n’était pas caché à tes yeuxquand, dans le secret, je fus façonné et tissé comme dans lesprofon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre.Je n’étais encore qu’une masse informe, mais tu me voyaiset, dans ton registre, se trouvaient déjà inscritstous les jours que tu m’avais <strong>de</strong>stinésalors qu’aucun d’eux n’existait encore(Ps 139.13-16).Job s’exc<strong>la</strong>me: « Celui qui m’a tissé dans le sein <strong>de</strong> mamère, ne les a-t-il pas faits, eux, tout autant que moi? Oui,


La guerre secrète 165c’est le même Dieu qui nous a tous formés dans le seinmaternel » (Jb 31.15; 10.8-12).Et Dieu dit au prophète Jérémie: « Avant <strong>de</strong> t’avoir formédans le sein <strong>de</strong> ta mère, je t’ai choisi; et avant ta naissance, jet’ai consacré: je t’ai établi prophète pour les nations » (Jr 1.5).Nous lisons également dans le Nouveau Testament queles enfants à naître sont appelés par Dieu avant leur naissance(Ga 1.15) et que leurs dons uniques sont prophétisés alorsqu’ils sont encore dans le ventre <strong>de</strong> leur mère. On trouvedans Luc peut-être l’un <strong>de</strong>s plus merveilleux passages sur unenfant à naître:Au moment où Élisabeth entendit <strong>la</strong> salutation <strong>de</strong> Marie,elle sentit son enfant remuer en elle. Elle fut remplie duSaint-Esprit et s’écria d’une voix forte: « Tu es bénie plusque toutes les femmes et l’enfant que tu portes est béni.Comment ai-je mérité l’honneur que <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> mon Seigneurvienne me voir? Car, vois-tu, au moment même où jet’ai entendu me saluer, mon enfant a bondi <strong>de</strong> joie au<strong>de</strong>dans<strong>de</strong> moi » (Lc 1.41-44).Ici, un enfant à naître, Jean-Baptiste, le précurseur <strong>de</strong>Jésus, a bougé dans le ventre d’Élisabeth lorsqu’il a reconnuJésus, qui n’avait été conçu qu’une ou <strong>de</strong>ux semaines auparavant.Deux enfants à naître, l’un capable <strong>de</strong> répondre auSaint-Esprit, et l’autre – nul autre que le Christ lui-même –conçu par le Saint-Esprit (Mt 1.20-21).C’est certain, l’idée qu’une nouvelle petite vie vient aumon<strong>de</strong> grâce à quelque chose <strong>de</strong> purement physique ou biologique,est complètement fausse. C’est Dieu qui agit enapportant <strong>la</strong> vie dans l’utérus (Ps 71.6). L’avortement détruittoujours cette action.C’est pourquoi <strong>la</strong> Didachè, <strong>la</strong> première instruction <strong>de</strong>stinéeaux nouveaux convertis (I er siècle), ne <strong>la</strong>isse aucun douteà ce sujet: « Tu ne tueras point d’enfants, par avortement ou


166 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéaprès <strong>la</strong> naissance ». Et Clément d’Alexandrie a même écritque celles qui participent à un avortement « font avorter enmême temps que le fœtus leurs sentiments humains » 39 .Où est <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté <strong>de</strong> l’Église aujourd’hui? Même parmiceux qui se disent chrétiens, <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cruauté et <strong>de</strong> <strong>la</strong>mort menée contre <strong>de</strong>s enfants innocents encore à naître est<strong>de</strong>venue un fait, dont les horreurs épouvantables et les techniquesbrutales se cachent <strong>de</strong>rrière le masque <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cineet <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi, ou sont même « justifiées » par toutes les circonstancesimaginables.Qui sommes-nous pour juger si une vie est désirableou pas?Je sais qu’il est impopu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> dire que l’avortement estun meurtre. Je sais que les gens vont dire que je suis en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité – et que même certains théologiens chrétiensont pour le moins <strong>de</strong> l’indulgence pour l’avortement.Néanmoins, je crois que Dieu n’en montre jamais. Sa loi est<strong>la</strong> loi <strong>de</strong> l’amour. Elle est éternelle, elle ne se soucie pas <strong>de</strong>sépoques et <strong>de</strong>s circonstances qui changent: « Tu ne tueraspas ».La vie humaine est sacrée, <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception à <strong>la</strong> mort. Sinous le croyons réellement, nous ne pourrons jamais accepterl’avortement, sur quelque base que ce soit; même lesarguments les plus persuasifs sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie ou une difformitéphysique sévère, ou un retard mental ne nousinfluenceront pas. Qui sommes-nous pour déci<strong>de</strong>r si unepetite âme verra ou pas <strong>la</strong> lumière du jour? Dans le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>Dieu, les personnes retardées physiquement ou mentalementpeuvent être utilisées pour <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong> Dieu (Jn 9.1-3). « Qui39. La Didaché, II, 2 in <strong>Le</strong>s Pères apostoliques, Paris, Cerf, coll. Foi vivante, 1990,p. 47; Clément d’Alexandrie, <strong>Le</strong> Pédagogue, II, 10, 96, Paris, Cerf, SC 108,1965, p. 185.


La guerre secrète 167a doté l’homme d’une bouche? Qui le rend muet ou sourd,voyant ou aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? » (Ex 4.11).Comment osons-nous juger qui est désirable et qui ne l’estpas? <strong>Le</strong>s crimes du Troisième Reich – où les « bons » bébés,<strong>de</strong> type nordique, étaient élevés dans <strong>de</strong>s nurseries spéciales,alors que les bébés, les enfants et les adultes retardés étaientenvoyés dans les chambres à gaz, <strong>de</strong>vraient être un avertissementsuffisant. Comme l’écrit Dietrich Bonhoeffer: « La distinctionentre <strong>la</strong> vie digne et indigne d’être vécue détruit tôtou tard <strong>la</strong> vie elle-même » 40 .Même lorsque <strong>la</strong> vie d’une femme enceinte est en danger,l’avortement n’est jamais <strong>la</strong> réponse. Aux yeux <strong>de</strong> Dieu, <strong>la</strong> vied’un enfant à naître et <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> sa mère sont pareillementsacrées. Faire le mal « afin qu’il en sorte du bien », c’ests’approprier <strong>la</strong> souveraineté et <strong>la</strong> sagesse <strong>de</strong> Dieu (Rm 3.5-8). Dans <strong>de</strong>s situations atroces comme celle-ci, le couple<strong>de</strong>vrait se tourner vers les anciens <strong>de</strong> l’Église:L’un <strong>de</strong> vous passe-t-il par <strong>la</strong> souffrance? Qu’il prie. Unautre est-il dans <strong>la</strong> joie? Qu’il chante <strong>de</strong>s cantiques. L’un <strong>de</strong>vous est-il ma<strong>la</strong><strong>de</strong>? Qu’il appelle les responsables <strong>de</strong> l’Église,qui prieront pour lui, après lui avoir fait une onction d’huileau nom du Seigneur. La prière faite avec foi sauvera lema<strong>la</strong><strong>de</strong> et le Seigneur le relèvera. S’il a commis quelquepéché, il lui sera pardonné (Jc 5.13-15).Il y a une puissance immense et une protection admirabledans <strong>la</strong> prière d’une Église unie et <strong>la</strong> foi que <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>Dieu s’accomplira à <strong>la</strong> fois pour <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère et pour celle<strong>de</strong> l’enfant à naître. Au bout du compte – et je dis ce<strong>la</strong> entremb<strong>la</strong>nt – c’est ce qui importe.40. Dietrich BONHOEFFER, Éthique, Genève, Labor et Fi<strong>de</strong>s, 1965, p. 131.


168 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéNous <strong>de</strong>vons proposer d’autres solutions, pas unecondamnation moraleEn tant que chrétiens, nous ne pouvons pas simplementexiger <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s avortements, sans offrir une alternative positive.Eberhard Arnold écrit:<strong>Le</strong>s philosophes moralistes peuvent exiger que <strong>la</strong> viesexuelle soit purifiée en insistant sur <strong>la</strong> pureté avant et dansle mariage. Mais même les meilleurs d’entre eux sont hypocriteset injustes s’ils ne définissent pas c<strong>la</strong>irement quel est lefon<strong>de</strong>ment réel pour <strong>de</strong> si hautes exigences. Même <strong>la</strong> <strong>de</strong>structiond’une vie naissante […] <strong>de</strong>meure inattaquable lorsqueles gens ne croient pas au royaume <strong>de</strong> Dieu. La culturesoi-disant avancée <strong>de</strong> notre époque continuera à pratiquer cemassacre aussi longtemps que le désordre social et l’injusticeperdureront. On ne peut combattre l’avortement tant quel’on permet à <strong>la</strong> vie privée et à <strong>la</strong> vie publique <strong>de</strong> rester cequ’elles sont.Si nous voulons combattre <strong>la</strong> thésaurisation ainsi que <strong>la</strong>supercherie et l’injustice <strong>de</strong>s distinctions sociales, nous<strong>de</strong>vons combattre par <strong>de</strong>s moyens pratiques en apportant <strong>la</strong>preuve que, non seulement une façon <strong>de</strong> vivre différente estpossible, mais qu’elle existe réellement. Si nous ne le faisonspas, nous ne pouvons exiger ni <strong>la</strong> pureté dans le mariage, ni<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’avortement; et nous ne pouvons pas souhaiter quemême les meilleures familles soient bénies par les nombreuxenfants voulus par <strong>la</strong> puissance créatrice <strong>de</strong> Dieu 41 .Sur ce p<strong>la</strong>n, l’Église a <strong>la</strong>mentablement échoué. Il y a tant<strong>de</strong> mères adolescentes confrontées quotidiennement à cettequestion, et qui cependant, ne reçoivent aucun conseil spirituel,aucun soutien émotionnel ou économique. Beaucoupont le sentiment <strong>de</strong> n’avoir pas d’autre choix que d’avorter:elles ont été victimes d’abus sexuels; ou elles ont peur <strong>de</strong> leur41. Inner Land, op. cit., p. 155


La guerre secrète 169petit ami qui est violent; ou bien leurs parents ont fait pressionsur elles, leur disant que si elles gardaient le bébé, ellesne pourraient pas revenir à <strong>la</strong> maison.En par<strong>la</strong>nt à <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> femmes qui s’étaient faitesavorter, l’auteur Fre<strong>de</strong>rica Mathewes-Green a découvert unconsensus quasi unanime sur les raisons <strong>de</strong> ces avortements:dans pratiquement chaque cas, c’est à cause <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tionshumaines. Mais les femmes ne veulent pas avorter, écrit-elle,elles veulent un soutien et un espoir.J’ai découvert qu’une femme sera plus susceptible <strong>de</strong>choisir l’avortement pour protéger ou p<strong>la</strong>ire aux personnesqui comptent pour elle. Elle découvre souvent trop tard qu’ily a quelqu’un d’autre envers qui elle a <strong>de</strong>s obligations: sonenfant à naître. La douleur qui suit l’avortement vient <strong>de</strong> <strong>la</strong>conviction que, dans <strong>la</strong> crise, cette re<strong>la</strong>tion a été brisée <strong>de</strong>façon irrémédiable.Soutenir les femmes qui ont <strong>de</strong>s grossesses imprévuessignifie continuer ce que les centres <strong>de</strong> grossesse font: fournirun logement, une ai<strong>de</strong> médicale, <strong>de</strong>s vêtements, <strong>de</strong>s conseils,etc. Mais nous <strong>de</strong>vons également être attentifs à<strong>de</strong>venir un ami fidèle, l’ai<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus importante que nouspuissions apporter est <strong>de</strong> faire tout ce que nous pouvonspour réparer les re<strong>la</strong>tions au sein du cercle familial 42 .C’est pourquoi, lorsque nous nous élevons contre l’avortement,n’oublions pas que peu <strong>de</strong> péchés occasionnentautant <strong>de</strong> chagrin ou d’angoisse spirituelle. Aujourd’hui, peu<strong>de</strong> femmes se voient offrir d’autres solutions, et pratiquementaucune ne se voit proposer le chemin qui mène à Dieu,qui seul peut répondre à leur besoin. Une femme qui a avortéest très tourmentée dans sa conscience, et son isolement et sapeine continuelle ne peuvent être guéris qu’à <strong>la</strong> croix – entrouvant le Christ. <strong>Le</strong>s chrétiens ont besoin <strong>de</strong> ressentir <strong>la</strong>42. Fre<strong>de</strong>rica MATHEWES-GREEN, « Perspective », The <strong>Plough</strong> 56, printemps1998, p. 33


170 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretépeine immense que tant <strong>de</strong> femmes portent en leur cœurpour les enfants qu’elles ont perdus. Qui parmi nous jettera <strong>la</strong>première pierre (Jn 8.7)? Malheur à nous si nous nous montronsfroids avec une femme qui a avorté!Dieu aime l’enfant à naître d’une manière toute particulière.Après tout, il a envoyé son fils unique Jésus, sur <strong>la</strong> terre,comme un bébé, dans le sein d’une mère. Comme le soulignemère Teresa, même si une mère se retourne contre son enfantà naître, Dieu ne l’oubliera pas. Il a gravé chaque bébé dans <strong>la</strong>paume <strong>de</strong> sa main, et a un p<strong>la</strong>n pour chaque vie, non seulementsur terre, mais pour l’éternité. À ceux qui sont assezdésespérés pour contrecarrer le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> Dieu, nous disonsavec mère Teresa: « S’il vous p<strong>la</strong>ît, ne tuez pas l’enfant. Donnez-moile bébé. »


CHAPITRE 18Que penser du divorceet du remariage?Celui qui divorce d’avec sa femme et se remarie commetun adultère, et celui qui épouse une femme divorcéed’avec son mari commet un adultère.Luc 16.18La question du divorce et du remariage est sans doute lesujet le plus ardu auquel l’Église ait à faire face <strong>de</strong> nos jours.Il est <strong>de</strong> plus en plus difficile <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s couples qui prennentces paroles au sérieux: « Que l’homme ne sépare doncpas ce que Dieu a uni » – <strong>de</strong>s couples qui croient que semarier signifie pour l’homme et <strong>la</strong> femme être fidèle l’unenvers l’autre jusqu’à ce que <strong>la</strong> mort les sépare (Mt 19.6).Un mariage peut se briser, mais il ne peut jamais êtredissousLa majorité <strong>de</strong>s chrétiens aujourd’hui croit que le divorceet le remariage sont permis, d’un point <strong>de</strong> vue moral et biblique.Ils avancent que, bien que Dieu déteste le divorce, il lepermette comme concession à notre condition <strong>de</strong> pécheurs.À cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> dureté <strong>de</strong> nos cœurs, disent-ils, les mariages


172 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretépeuvent « mourir » ou se dissoudre. En d’autres termes, Dieureconnaît notre faiblesse et accepte le fait que, dans unmon<strong>de</strong> perdu, on ne puisse pas toujours atteindre l’idéal.Grâce au pardon <strong>de</strong> Dieu, on peut toujours redémarrer,même si c’est au sein d’un nouveau mariage.Mais qu’en est-il <strong>de</strong> l’alliance contractée par les <strong>de</strong>ux personnes<strong>de</strong>vant Dieu – que ce soit en connaissance <strong>de</strong> causeou pas? <strong>Le</strong> pardon <strong>de</strong> Dieu signifie-t-il que nous puissionsnier ce lien? Permet-il l’infidélité? Tout comme l’unité <strong>de</strong>l’Église est éternelle et immuable, <strong>de</strong> même, un mariageauthentique reflète cette unité et est indissoluble. Comme lespremiers chrétiens, je crois que, tant que les <strong>de</strong>ux partenairessont vivants, il ne peut y avoir remariage après un divorce. Ceque Dieu a uni dans l’unité <strong>de</strong> l’Esprit est uni jusqu’à ce que<strong>la</strong> mort sépare le couple. L’infidélité, qu’elle provienne <strong>de</strong>l’un ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partenaires, ne change pas ce fait. Aucunchrétien n’est libre d’épouser quelqu’un d’autre tant que sonconjoint est vivant. <strong>Le</strong> lien <strong>de</strong> l’unité est en jeu.Jésus dit c<strong>la</strong>irement que c’est à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> dureté du cœurque Moïse, sous <strong>la</strong> loi, a autorisé le divorce (Mt 19.8). Néanmoins,parmi ses disciples – ceux nés <strong>de</strong> l’Esprit – <strong>la</strong> dureté<strong>de</strong> cœur n’est plus une excuse va<strong>la</strong>ble. Moïse dit:« Quiconque divorce <strong>de</strong> sa femme, qu’il lui donne un certificat<strong>de</strong> divorce. » Mais Jésus dit: « Celui qui divorce d’avec safemme – sauf en cas d’immoralité sexuelle – l’expose à <strong>de</strong>veniradultère, et celui qui épouse une femme divorcée commetlui-même un adultère » (Mt 5.31-32). <strong>Le</strong>s disciples comprirentc<strong>la</strong>irement ces paroles importantes <strong>de</strong> Jésus: « Si telle est<strong>la</strong> situation <strong>de</strong> l’homme par rapport à <strong>la</strong> femme, il n’est pasintéressant pour lui <strong>de</strong> se marier » (Mt 19.10). Moïse a donné<strong>la</strong> permission <strong>de</strong> divorcer par pure nécessité, mais ce<strong>la</strong> nechange pas vraiment le fait que, dès le début, le mariage étaitconçu pour être indissoluble. Un mariage ne peut être dissous(même s’il est brisé), ni par le mari qui abandonne sa


Que penser du divorce et du remariage? 173femme adultère, ni par <strong>la</strong> femme qui abandonne son mariadultère. L’ordre <strong>de</strong> Dieu ne peut aussi facilement ou aussilégèrement être aboli 43 .Paul écrit aux Corinthiens avec <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>rté:Quant aux couples chrétiens, voici ce que j’ordonne, ouplutôt ce que le Seigneur lui-même leur comman<strong>de</strong>: Que <strong>la</strong>femme ne se sépare pas <strong>de</strong> son mari. Au cas où elle en seraitséparée, qu’elle reste sans se remarier ou qu’elle se réconcilieavec son mari. <strong>Le</strong> mari, <strong>de</strong> son côté, ne doit pas quitter safemme (1 Co 7.10-11).Il écrit également: « Une femme <strong>de</strong>meure liée à son mariaussi longtemps qu’il vit; mais si le mari vient à mourir, elleest libre <strong>de</strong> se remarier avec qui elle veut, à condition, bienentendu, que ce soit avec un chrétien » (1 Co 7.39). Et dansl’épître aux Romains, il dit: « Donc si, du vivant <strong>de</strong> son mari,elle appartient à un autre homme, elle sera considéréecomme adultère » (Rm 7.3).Parce que l’adultère est <strong>la</strong> trahison <strong>de</strong> l’union mystérieuseentre un homme et une femme qui <strong>de</strong>viennent une seulechair, c’est l’une <strong>de</strong>s pires formes <strong>de</strong> tromperie. L’Église doittoujours affronter l’adultère carrément en face et appeler <strong>la</strong>personne adultère à <strong>la</strong> repentance et à <strong>la</strong> discipline (1 Co5.1-5).43. Si le divorce et le remariage ne sont jamais justifiés, pourquoi alors Jésuspermet-il à l’infidélité conjugale <strong>de</strong> constituer une exception (Mt 5.32;19.9)? Sans entrer dans les détails, nous pouvons dire <strong>de</strong>ux choses.D’abord, du temps <strong>de</strong> Jésus, <strong>la</strong> loi juive exigeait du mari qu’il divorce <strong>de</strong> safemme adultère (voir Mt 1.19). Ensuite, dans Matthieu 5.32, Jésus affirmequ’un homme qui divorce <strong>de</strong> sa femme infidèle (ce que <strong>la</strong> loi lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> faire) n’est pas responsable, ce faisant, <strong>de</strong> son adultère à elle. Dansn’importe quel autre cas <strong>de</strong> divorce, cependant, c’est lui le coupable d’adultère.Ceci ne signifie pas que le divorce soit justifiable ou requis. C’est pourquoien Matthieu 19.9, l’exception <strong>de</strong> l’infidélité conjugale doit êtrecomprise comme ne s’appliquant qu’au divorce, et pas au remariage.


174 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéLa réponse à une re<strong>la</strong>tion brisée rési<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> fidélitéet l’amourMême si Jésus permet le divorce pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> fornicationou d’adultère, il ne <strong>de</strong>vrait jamais être une conséquenceinévitable, ou une excuse pour se remarier. L’amour<strong>de</strong> Jésus réconcilie et pardonne. Ceux qui cherchent à divorcerauront toujours <strong>la</strong> conscience entachée d’amertume.Aussi gran<strong>de</strong> que soit <strong>la</strong> douleur émotionnelle causée par lepartenaire infidèle, le conjoint blessé doit être prêt à pardonner.C’est seulement si nous pardonnons que nous pouvonsespérer recevoir nous-mêmes le pardon <strong>de</strong> Dieu (Mt 6.14-15). Un amour fidèle, envers notre conjoint, mais particulièrementenvers le Christ, est <strong>la</strong> seule réponse à une re<strong>la</strong>tionbrisée.Kent et Amy, qui exercent maintenant un même ministèredans une Église du Colorado, ont un jour divorcé. <strong>Le</strong>ur situationétait aussi désespérée qu’un mariage peut l’être. Cependant,et parce qu’ils ont gardé <strong>la</strong> porte ouverte au Christ, ilsse sont retrouvés. Kent raconte:Depuis le premier jour, notre mariage avait d’énormesproblèmes et pendant trois ans, nous étions pris dans unespirale <strong>de</strong>scendante <strong>de</strong> confusion totale. Je pensais que lemariage c’était seulement habiter avec sa femme et faire <strong>de</strong>schoses amusantes ensemble. Je n’avais aucune idée du travaildifficile que ce<strong>la</strong> impliquait. Au fil du temps je suis <strong>de</strong>venuquelqu’un <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>, et j’ai même parfois méprisé <strong>la</strong> vie.J’essayais <strong>de</strong> faire toutes les choses « spirituelles » que j’étaissupposé faire: lire <strong>la</strong> Bible, prier et parler avec les autres.Mais tout semb<strong>la</strong>it si futile. Amy et moi venions <strong>de</strong> milieuxtotalement opposés et, en dépit <strong>de</strong> tous nos efforts, nousn’arrivions pas à communiquer.La douleur est <strong>de</strong>venue si gran<strong>de</strong> que nous avons décidé<strong>de</strong> nous séparer et d’entamer une procédure <strong>de</strong> divorce.C’était absolument contraire à <strong>la</strong> façon dont j’avais été élevé


Que penser du divorce et du remariage? 175à l’Église, mais je me sentais pris au piège, sans espoir, et je<strong>de</strong>vais en sortir. Cependant, même après avoir décidé <strong>de</strong>divorcer, <strong>la</strong> douleur persistait. Je <strong>de</strong>vins si épuisé émotionnellementque certains matins, je n’arrivais même pas à boutonnerma chemise. Incapable <strong>de</strong> faire face, j’ai démissionné<strong>de</strong> mon poste <strong>de</strong> pasteur. Pendant tout ce temps, Amy étaitcomplètement anéantie. Je savais qu’elle vou<strong>la</strong>it que les chosessoient différentes, mais tout était trop accab<strong>la</strong>nt pourmoi. Malgré notre engagement envers le Christ, et l’unenvers l’autre, nous étions tous <strong>de</strong>ux complètement perdus.Pour faire face à ma peine, je me suis remis au travail. Jesavais que j’al<strong>la</strong>is m’attirer <strong>de</strong>s ennuis pour longtemps si jeme permettais d’être oisif, ou <strong>de</strong> m’impliquer dans une autrere<strong>la</strong>tion. Alors j’ai travaillé, et travaillé – et travaillé encore.Inconsciemment, je pense que Amy et moi essayions <strong>de</strong> faireconfiance à Dieu, mais chaque jour, je me jurais <strong>de</strong> ne jamaisrevenir avec elle. À chaque fois que nous avons essayé <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rifierles choses, ce<strong>la</strong> s’est terminé en pugi<strong>la</strong>t. C’était sansespoir.C’en était arrivé à un point tel que je ne pouvais mêmeplus me tourner vers Dieu. Tout <strong>de</strong>venait si fa<strong>de</strong>, si mort.Qu’est-ce que tout ce<strong>la</strong> pouvait bien faire? Après tout, pourquoiest-ce que je travail<strong>la</strong>is si dur? Qui essayais-je <strong>de</strong>tromper? Pourquoi essayer <strong>de</strong> faire <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu si rien<strong>de</strong> bon n’en ressortait?Mais une nuit – il était tard – en sortant du travail, <strong>la</strong> luneet les étoiles attirèrent mon attention. Quelque chose meserra le cœur et je sentis à nouveau <strong>la</strong> majesté et <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong>Dieu. En quelques secon<strong>de</strong>s, j’étais en <strong>la</strong>rmes. Dans masouffrance et mon désespoir, j’ai commencé à sentir, pour <strong>la</strong>première fois peut-être, à <strong>la</strong> fois mon véritable besoin etl’amour inconditionnel <strong>de</strong> Dieu. Bien que j’eusse été infidèleà mes promesses envers lui et envers ma femme, Dieum’assurait qu’il m’était toujours fidèle et qu’il ne m’avait pasabandonné. Cette nuit fut vraiment un tournant pour moi.Par le miracle <strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu, quelque chose en moicommença à changer.


176 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéJ’aimerais pouvoir dire qu’il y a eu beaucoup d’événementsmiraculeux qui ont contribué à nous réunir, Amy etmoi. Mais ce ne fut pas le cas. Pour nous retrouver, il a fallubeaucoup travailler et ce fut difficile. Il n’y a pas eu <strong>de</strong>retrouvailles instantanées; ce<strong>la</strong> a pris <strong>de</strong>ux ans. Nous avonsdû beaucoup parler et beaucoup pardonner. Mais par ceséchanges, une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance et <strong>de</strong>s émotionsque nous éprouvions auparavant s’est envolée. À <strong>la</strong> fin, c’estDieu qui nous a sauvés. C’est lui qui nous a aidés à <strong>la</strong>isser <strong>la</strong>porte ouverte, pour lui, et l’un pour l’autre – malgré nous.C’est lui qui nous a épargné ce mensonge consistant à croireque l’on résout mieux ses problèmes en s’impliquant avecquelqu’un d’autre, quelqu’un qui vous convient mieux.Notre mariage passe toujours par <strong>de</strong>s moments difficiles.Peut-être ce<strong>la</strong> sera-t-il toujours le cas. Nous sommes toujourstrès différents l’un <strong>de</strong> l’autre. Et si je pense trop à mesfaiblesses ou à celles d’Amy, il est tentant <strong>de</strong> chercher unmoyen <strong>de</strong> s’en sortir. Mais <strong>la</strong> fidélité <strong>de</strong> Dieu nous réunit etpréserve notre amour mutuel. Et c’est cette fidélité qui mepermet <strong>de</strong> rester concentré et <strong>de</strong> tenir mes engagements.Bien sûr, chaque bataille conjugale ne se termine pas <strong>de</strong>façon aussi heureuse. À plusieurs reprises, dans nos communautésdu Bru<strong>de</strong>rhof, un partenaire marié est <strong>de</strong>venu infidèle,nous a quittés, et a divorcé par <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> son conjointpour en épouser un autre. Presque à chaque fois, le partenairedé<strong>la</strong>issé a décidé <strong>de</strong> rester dans l’Église, et <strong>de</strong> resterfidèle à ses vœux d’appartenance à <strong>la</strong> communauté ainsi qu’àceux <strong>de</strong> son mariage. Bien que ce choix soit naturellementdouloureux, et <strong>de</strong>ux fois plus lorsqu’il y a <strong>de</strong>s enfants, ce<strong>la</strong>fait partie du coût du discipu<strong>la</strong>t. Si nous croyons en Dieu, ilnous donnera <strong>la</strong> force <strong>de</strong> tenir bon.Voici ce que nous <strong>de</strong>mandons au couple lors <strong>de</strong> chaquemariage dans nos communautés:Mon frère, vous promettez <strong>de</strong> ne jamais suivre votrefemme – et ma sœur, vous promettez <strong>de</strong> ne jamais suivre


Que penser du divorce et du remariage? 177votre mari – dans ce qui est mal? Si l’un <strong>de</strong> vous <strong>de</strong>vait sedétourner <strong>de</strong> Jésus et vou<strong>la</strong>it abandonner l’Église, p<strong>la</strong>ceriezvoustoujours <strong>la</strong> foi dans notre Maître, Jésus <strong>de</strong> Nazareth, etl’unité dans le Saint-Esprit au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> votre mariage,quand bien même vous <strong>de</strong>vriez faire face aux autoritésgouvernementales? Je vous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong> car vous savez qu’unmariage est bâti sur le sable s’il n’est pas bâti sur le rocher <strong>de</strong><strong>la</strong> foi, <strong>la</strong> foi en Jésus, le Christ.Bien que certains puissent trouver cette question impitoyable,elle recèle une profon<strong>de</strong> sagesse. D’une certainefaçon, nous <strong>la</strong> posons pour rappeler simplement à chacun lechoix que doivent faire tous ceux qui se disent disciples:sommes-nous prêts à suivre Jésus, quel qu’en soit le prix? Nenous a-t-il pas lui-même avertis: « Si quelqu’un vient à moi etn’est pas prêt à renoncer à son père, sa mère, sa femme, sesenfants, ses frères, ses sœurs, et même à son propre moi, il nepeut être mon disciple » (Lc 14.26)?Si un couple prend cet avertissement au sérieux, ce<strong>la</strong> peutoccasionner une séparation, mais <strong>la</strong> sainteté <strong>de</strong> leur lien conjugalsera protégée. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas seulementle mariage en tant que tel, mais l’unité plus profon<strong>de</strong> <strong>de</strong><strong>de</strong>ux personnes unies en Christ et en l’Esprit saint (1 Co7.15-16).Tant qu’un homme ou une femme <strong>de</strong>meure loyal(e)envers son ou sa partenaire – quelque infidèle que puisse êtrece partenaire – il témoigne <strong>de</strong> cette unité. La fidélité éternelle<strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> son Église peut toujours engendrer un nouvelengagement et un nouvel espoir. Nous en avons fait l’expérienceplus d’une fois: <strong>la</strong> fidélité du partenaire croyant peutramener le non-croyant vers Jésus, vers l’Église et vers lemariage.Ann et son mari Howard (dont l’histoire est racontée auchapitre 16) en sont un exemple. Même lorsqu’Howard estretombé dans le péché, l’engagement d’Ann envers le Christ


178 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéet l’Église n’a jamais faibli. Cependant, bien qu’elle refusât <strong>de</strong>participer à <strong>la</strong> faute d’Howard, elle ne l’a jamais jugé. Aucontraire, elle l’a mené tranquillement dans son combat pour<strong>la</strong> repentance et un nouveau départ. Une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s conséquences<strong>de</strong> <strong>la</strong> ténacité d’Ann, fut non seulement le rétablissement<strong>de</strong> leur mariage, mais aussi celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi d’Howard.La fidélité véritable n’est pas simplement l’absenced’adultèreBien que Dieu déteste le divorce, il jugera également tousles mariages morts ou sans amour, et ceci <strong>de</strong>vrait être unavertissement pour chacun <strong>de</strong> nous. Combien parmi nous sesont montrés froids envers leur conjoint à un moment ou àun autre? Combien <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> couples, au lieu <strong>de</strong>s’aimer, ne font que coexister? La véritable fidélité n’est passimplement l’absence d’adultère. Elle doit être un engagementdu cœur et <strong>de</strong> l’âme. Chaque fois qu’un mari et unefemme ne s’engagent pas assez l’un envers l’autre, vivent <strong>de</strong>svies parallèles ou se brouillent, <strong>la</strong> séparation ou le divorce nesont pas loin.C’est le rôle <strong>de</strong> toute Église <strong>de</strong> combattre l’esprit d’adultère,partout où il dresse <strong>la</strong> tête. Ici, je ne parle pas uniquement<strong>de</strong> l’adultère en tant qu’acte physique; d’une certainefaçon, tout ce qui, dans le mariage, affaiblit l’amour, l’unité et<strong>la</strong> pureté, ou détruit le respect mutuel, est adultère, parce quece<strong>la</strong> nourrit l’esprit d’adultère. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelleDieu nomme l’infidélité du peuple d’Israël adultère (Ml2.10-16).Dans l’Ancien Testament, les prophètes utilisent <strong>la</strong> fidélitédans le mariage comme image <strong>de</strong> l’engagement <strong>de</strong> Dieuenvers Israël, son peuple élu – son épouse (Os 3.1). De <strong>la</strong>même façon, l’apôtre Paul compare le mariage à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionqui unit Christ le marié, à son Église, l’épouse. C’est seule-


Que penser du divorce et du remariage? 179ment dans l’esprit <strong>de</strong> ces images bibliques que nous pouvonsconsidérer c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> question du divorce et du remariage.Quand une Église ne fait rien pour nourrir les mariages <strong>de</strong>ses membres, comment peut-elle proc<strong>la</strong>mer son innocencelorsque ces mariages se désintègrent? Lorsqu’elle ne témoignepas que « ce que Dieu a uni; nul ne <strong>de</strong>vrait le séparer »,comment peut-elle espérer voir ses couples mariés rester unispour <strong>la</strong> vie?En abordant ces questions, nous <strong>de</strong>vons éviter <strong>de</strong>ux pièges.Premièrement, nous ne pouvons jamais approuver ledivorce; <strong>de</strong>uxièmement, nous ne <strong>de</strong>vons jamais traiter ceuxqui en souffrent, qui sont dans le besoin et <strong>la</strong> peine, avec rigiditéou légalisme. Tout en rejetant le divorce, nous ne pouvonspas rejeter <strong>la</strong> personne divorcée, même si elle estremariée. Nous <strong>de</strong>vons toujours nous rappeler que, bien queJésus ait parlé très durement contre le péché, il n’a jamaismanqué <strong>de</strong> compassion. Mais, parce qu’il espère ar<strong>de</strong>mmentapporter à tout pécheur <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption et <strong>la</strong> guérison, il exigeque nous nous repentions <strong>de</strong> chaque péché. Ceci est vrai égalementpour chaque mariage brisé.C’est c<strong>la</strong>ir, nous ne <strong>de</strong>vons jamais juger. Néanmoins, dansle même temps, nous <strong>de</strong>vons être fidèles au Christ par-<strong>de</strong>ssustout. Nous <strong>de</strong>vons faire nôtre toute sa vérité, et pas seulementles parties qui semblent répondre à nos besoins (Mt23.23-24). Dans notre communauté, aucun membre baptiséne peut par conséquent divorcer ou se remarier si l’un <strong>de</strong>sprécé<strong>de</strong>nts conjoints est toujours vivant, <strong>de</strong> même, aucuncouple divorcé ou remarié ne peut <strong>de</strong>venir membre à partentière tout en continuant à vivre maritalement. <strong>Le</strong> remariageaggrave le péché du divorce et exclut <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong>réconciliation avec le premier conjoint. Nous sommes pourune fidélité <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> vie dans le mariage. Aucune autreposition n’est compatible avec l’amour véritable et <strong>la</strong> confiance.


180 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté<strong>Le</strong> sens <strong>de</strong> l’engagement du mariage a besoin d’être redécouvert.Nous commençons seulement à faire face au malque le divorce cause à nos enfants. Pour eux, sans parler <strong>de</strong>sadultes, le divorce est quelque chose dont on ne « se remet »pas facilement. Des étu<strong>de</strong>s récentes montrent que <strong>la</strong> majorité<strong>de</strong>s enfants dont les parents ont divorcé sont <strong>de</strong>s enfants soucieux,qui n’obtiennent pas <strong>de</strong>s résultats sco<strong>la</strong>ires conformesà leurs possibilités et qui se dévalorisent. Même dix ans après<strong>la</strong> séparation <strong>de</strong>s parents, ils souffrent encore d’importantsproblèmes émotionnels comme <strong>la</strong> peur et <strong>la</strong> dépression, etmanifestent un comportement antisocial.<strong>Le</strong>s familles recomposées n’apportent pas <strong>de</strong> réponse. Lastructure originelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille ne peut être recréée bien quecertains essayent <strong>de</strong> l’imiter. En fait, les enfants qui viventavec <strong>de</strong>s beaux-parents montrent souvent plus d’insécuritéque ceux vivant avec un seul <strong>de</strong> leurs parents 44 . Une générationd’enfants est en train <strong>de</strong> grandir sans parents qui jouentvraiment leur rôle <strong>de</strong> modèle – et beaucoup d’enfants n’onttout simplement pas <strong>de</strong> vrais parents. Même si beaucoup <strong>de</strong>jeunes gens d’aujourd’hui sont bien intentionnés, où peuvent-ilstrouver un soutien quand il est temps pour eux <strong>de</strong> semarier et <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une famille?Avec Dieu, tout est possibleNaturellement, si l’on veut éviter les divorces, l’Église doitoffrir à ses membres direction et soutien pratique bien avantque leurs mariages ne s’effondrent (He 10.24; 12.15). Mêmes’il n’existe que <strong>de</strong> légers signes qu’un mariage soit en danger,il vaut mieux être honnête et ouvert à ce propos. Quand44. Pour un compte-rendu détaillé <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont le divorce affecte lesenfants, voir le chapitre 5 <strong>de</strong> Why Marriage Matters. Reasons to Believe inMarriage in Post Mo<strong>de</strong>rn Society par Glenn T. STANTON, ColoradoSprings, Pinon Press, 1997.


Que penser du divorce et du remariage? 181<strong>de</strong>s conjoints <strong>de</strong>viennent peu à peu <strong>de</strong>s étrangers l’un pourl’autre, ce<strong>la</strong> peut leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r du temps et <strong>de</strong> l’espace pourque chacun retrouve le cœur <strong>de</strong> l’autre. Dans une telle situation,comme dans celle où l’un <strong>de</strong>s partenaires a maltraitél’autre, une séparation temporaire peut être nécessaire. Lorsquec’est le cas, l’Église doit trouver <strong>de</strong>s moyens concretsd’ai<strong>de</strong>r les <strong>de</strong>ux partenaires – d’abord à chercher <strong>la</strong> repentance,puis à retrouver <strong>la</strong> confiance mutuelle et le pardonnécessaires à <strong>la</strong> restauration du mariage.Il est triste <strong>de</strong> constater que, dans <strong>la</strong> société d’aujourd’hui,<strong>la</strong> fidélité est <strong>de</strong>venue si rare qu’on <strong>la</strong> considère comme unevertu « héroïque ». Ne <strong>de</strong>vrait-on pas <strong>la</strong> considérer commenormale en tant que fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> notre foi (Ga 5.22)? Entant que disciples du Christ, ne <strong>de</strong>vrions-nous pas tous êtredécidés à tenir bon contre vents et marées, jusqu’à <strong>la</strong> mort,avec le Christ, avec l’Église et avec notre mari ou notrefemme? Ce n’est qu’en prenant cette résolution que nouspouvons espérer rester fidèles à nos vœux <strong>de</strong> mariage.<strong>Le</strong> chemin du disciple est étroit, mais à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix,quiconque entend les paroles <strong>de</strong> Jésus peut les mettre en pratique(Mt 5.24). Si l’enseignement <strong>de</strong> Jésus sur le divorce etle remariage est dur, c’est seulement parce que beaucoup <strong>de</strong>nos jours ne croient plus à <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> repentance et dupardon. C’est parce que nous ne croyons plus que ce queDieu a uni peut, par sa grâce, rester uni, et que, comme le ditJésus, « tout est possible à Dieu ».Rien ne <strong>de</strong>vrait nous être trop difficile, si c’est une exigence<strong>de</strong> l’Évangile (Mt 11.28-30). Si nous considérons l’enseignement<strong>de</strong> Jésus sur le divorce et le remariage avec cette foi, nousverrons qu’il comporte une immense promesse, un réel espoiret une vraie force. C’est un enseignement dont <strong>la</strong> justice estbien plus gran<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong>s moralistes et <strong>de</strong>s philosophes.C’est <strong>la</strong> justice du royaume et elle est basée sur <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> <strong>la</strong>résurrection et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie nouvelle.


CHAPITRE 19Veillons doncLa nuit tire à sa fin, le jour va se lever. Débarrassonsnous<strong>de</strong> tout ce qui se fait dans les ténèbres, et revêtonsnous<strong>de</strong> l’armure <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière. Vivons correctement,comme il convient en plein jour, sans orgies ni beuveries,sans débauche ni immoralité, sans querelle ni jalousie.Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vouspréoccupez pas <strong>de</strong> satisfaire les désirs <strong>de</strong> l’homme livré àlui-même.Romains 13.12-14Malgré l’impudicité et <strong>la</strong> promiscuité sexuelle <strong>de</strong> notretemps, nous croyons que <strong>la</strong> pureté et l’amour fidèle sont toujourspossibles aujourd’hui. Même si les Églises établies ontnégligé <strong>de</strong> proc<strong>la</strong>mer que le bonheur sexuel n’est possibleque dans le cadre <strong>de</strong> l’engagement du mariage, nous restonsconvaincus <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>. Il ne fait aucun doute qu’aujourd’huibeaucoup aspirent profondément à <strong>la</strong> pureté et à <strong>la</strong> fidélité.Mais le désirer ar<strong>de</strong>mment n’est pas suffisant. Ce n’est que sinous acceptons <strong>de</strong> suivre et d’obéir à <strong>la</strong> direction du Saint-Esprit, quoi qu’il en coûte, que nous pourrons connaître cesgran<strong>de</strong>s bénédictions dans notre vie quotidienne. Croyonsnousassez profondément dans <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> l’Esprit?


Veillons donc 183Acceptons-nous <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser Dieu transformer notre cœur <strong>de</strong>façon si totale que nos vies en sont bouleversées (Rm 12.2)?<strong>Le</strong> combat pour <strong>la</strong> pureté exige une résolutionquotidienneNous connaissons tous <strong>la</strong> tentation et nous y avons toussuccombé. Nous avons tous échoué à un moment ou à unautre – dans nos re<strong>la</strong>tions au travail et à <strong>la</strong> maison, dans notremariage et notre vie personnelle. Plus tôt nous y ferons face,mieux ce sera. Nous pouvons cependant trouver du réconfort,même si nous passons par <strong>de</strong>s hauts et <strong>de</strong>s bas, même sinos moments <strong>de</strong> victoire sont suivis par <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong>doute. Même Jésus fut tenté et il le fut <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon quenous (He 4.15). Avec son ai<strong>de</strong>, nous pouvons trouver <strong>la</strong>pureté qui nous protège <strong>de</strong> chaque tentation. Jacques dit:« Heureux l’homme qui tient ferme face à <strong>la</strong> tentation » (Jc1.12). Ce qui importe ici, c’est ce que nous voulons au plusprofond <strong>de</strong> notre cœur – cette volonté qui parle en nous, chaquefois que nous nous tournons vers Dieu dans <strong>la</strong> prière.Lorsque nous luttons pour être fidèles, il est <strong>de</strong> <strong>la</strong> plusgran<strong>de</strong> importance que toute notre volonté soit déterminéedans cette recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté. Un cœur divisé ne serajamais capable <strong>de</strong> tenir bon (Jc 1.6-7). Mais <strong>la</strong> volonté seulene suffit pas à procurer <strong>la</strong> constance dans <strong>la</strong> résolution. Sinous vivons dans une frénésie intérieure, même si nous arrivonsà gar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> tête hors <strong>de</strong> l’eau, nous serons vite épuisés etcoulerons. Ce n’est que si nous nous en remettons à Jésus quele pouvoir <strong>de</strong> sa grâce pourra nous remplir et nous donner <strong>de</strong>nouvelles forces et une nouvelle détermination.En luttant contre l’esprit <strong>de</strong> notre temps, nous <strong>de</strong>vons lutternon seulement contre les péchés manifestes <strong>de</strong> fornication,tromperie, meurtre, etc., mais aussi contre l’apathie et <strong>la</strong>peur. Presque personne ne dira qu’il est contre <strong>la</strong> fidélité et


184 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretél’amour, ou opposé à <strong>la</strong> justice et à <strong>la</strong> paix, mais combienparmi nous sont prêts à lutter pour ces choses en paroles eten actes? L’esprit <strong>de</strong> ce temps nous a engourdis d’une tellecomp<strong>la</strong>isance mortelle que nous nous contentons <strong>la</strong> plupartdu temps <strong>de</strong> détourner les yeux. Mais si nous ne nous élevonspas par notre façon <strong>de</strong> vivre contre le mal qui sévit <strong>de</strong> nosjours, nous sommes tout aussi coupables que ceux quipèchent délibérément. Nous <strong>de</strong>vons tous changer, et commencerpar lutter contre l’indifférence dans notre propre vie.Il y a moins d’un <strong>de</strong>mi-siècle, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gens reconnaissaientque les re<strong>la</strong>tions sexuelles pré-maritales, le divorce,l’homosexualité active et d’autres pratiques <strong>de</strong> ce genreétaient mauvais du point <strong>de</strong> vue moral. Mais aujourd’hui onconsidère ces choses comme <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> vie acceptables. Etil est triste <strong>de</strong> constater que <strong>de</strong> nombreuses Églises adoptentcette position également. De plus en plus <strong>de</strong> personness’accor<strong>de</strong>nt maintenant à considérer <strong>la</strong> zoophilie (les re<strong>la</strong>tionssexuelles avec <strong>de</strong>s animaux), <strong>la</strong> pédophilie (les re<strong>la</strong>tionssexuelles avec les enfants) et le sado-masochisme comme <strong>de</strong>smoyens « d’expression sexuelle ». Il y a seulement quelquesdizaines d’années, on ne par<strong>la</strong>it pas <strong>de</strong> transsexualité – le fait<strong>de</strong> changer <strong>de</strong> sexe grâce à une intervention chirurgicale.Aujourd’hui cette pratique prend <strong>de</strong> l’ampleur dans lemon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal. Rien que le coût énorme <strong>de</strong> ces interventionsest un crime contre l’humanité lorsque l’on pense à <strong>la</strong>faim et à <strong>la</strong> pauvreté qui sévissent dans le tiers-mon<strong>de</strong> et danscertains <strong>de</strong> nos quartiers.Aussi effrayantes que soient ces tendances, les parents nedoivent pas avoir peur d’avertir leurs enfants <strong>de</strong>s horreurs <strong>de</strong>ces perversions. Car, même si Jésus a dit que tout péché peutêtre pardonné, mon expérience <strong>de</strong> conseiller m’a montré queceux qui s’engagent dans <strong>de</strong> telles pratiques peuvent blesserleur âme <strong>de</strong> façon définitive.


Veillons donc 185Que doit penser Dieu <strong>de</strong> l’impudicité <strong>de</strong> notre temps?Dans les Frères Karamazov, Dostoïevski nous rappelle que« s’il n’y a pas d’immortalité <strong>de</strong> l’âme, il n’y a pas <strong>de</strong> vertu ettout est permis » 45 . Ne voyons-nous pas maintenant ce« tout »? Quand allons-nous nous arrêter et prendre conscience<strong>de</strong> l’horrible esprit <strong>de</strong> rébellion <strong>de</strong>rrière notre état <strong>de</strong>pécheurs, et nous souvenir <strong>de</strong>s avertissements <strong>de</strong> Dieu concernantsa colère sur les pécheurs qui se manifestera dans les<strong>de</strong>rniers temps? Rappelons-nous les paroles <strong>de</strong> Paul: « Onrécolte ce que l’on a semé » (Ga 6.7). Demandons à Dieu <strong>de</strong>nous juger selon sa grâce, avant qu’il ne soit trop tard.Demandons-lui <strong>de</strong> réveiller nos consciences engourdies, <strong>de</strong>nous purifier et <strong>de</strong> nous donner une vie nouvelle.Aujourd’hui, nous avons désespérément besoin <strong>de</strong> personnescomme Jean-Baptiste. Mais où sont-elles? Où sont« les voix dans le désert » appe<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> repentance, <strong>la</strong> conversion,<strong>la</strong> foi et <strong>la</strong> vie nouvelle? <strong>Le</strong> message <strong>de</strong> Jean était simple:« Repentez-vous, car le royaume <strong>de</strong>s cieux est proche » (Mt3.2, BC). Il n’avait pas peur d’affronter tout un chacun, ycompris les dirigeants <strong>de</strong> son temps. Il a même tenu tête auroi Héro<strong>de</strong> à propos <strong>de</strong> son mariage adultérin, lui disant:« Tu n’as pas le droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> prendre pour femme » (Mt 14.3-4). Peut-être plus significatif encore, il a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong>s comptesaux dévots et aux religieux, les gens « bien »: « Espèces <strong>de</strong>vipères! Qui vous a enseigné à fuir <strong>la</strong> colère <strong>de</strong> Dieu qui va semanifester? Montrez plutôt par vos actes que vous avezchangé <strong>de</strong> vie » (Mt 3.7-8).45. F.M. Dostoïevski, <strong>Le</strong>s Frères Karamazov, Paris, Garnier Frères, trad. KyraSanine, 1969, p. 109 (I re partie, livre II, chap. VII; cf. I re partie, livre II,chap. VI, p. 91).


186 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéDans <strong>la</strong> lutte pour le royaume <strong>de</strong> Dieu, les bonnesactions ne suffisent pasDans l’évangile selon Matthieu, Jésus dit à ses disciples:« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peunombreux! » (Mt 9.37). Ô combien c’est encore plus vraiaujourd’hui! Tant <strong>de</strong> personnes atten<strong>de</strong>nt impatiemment <strong>la</strong>liberté du Christ, mais restent asservies à leurs péchés. Si peuosent prendre <strong>de</strong>s risques. La tâche est immense.La plupart d’entre nous ont <strong>de</strong> bonnes intentions. Nousdésirons honnêtement faire <strong>de</strong> bonnes actions. Mais ce<strong>la</strong> nesuffit pas. Nous ne <strong>de</strong>vons pas oublier que le combat pour leroyaume <strong>de</strong> Dieu n’est pas seulement contre <strong>la</strong> naturehumaine: nous avons affaire à quelque chose <strong>de</strong> bien pluspuissant, aux pouvoirs et aux principautés (Ep 6.12), et àl’esprit démoniaque et <strong>de</strong>structeur que Jean appelle « <strong>la</strong> bêtequi monte <strong>de</strong> l’abîme » (Ap 11.7).Cette bête tient sous sa domination tous les pays et lesgouvernements, et on observe sa marque partout <strong>de</strong> nosjours: dans <strong>la</strong> disparition d’amitiés et <strong>de</strong> communautés durables,dans l’oppression <strong>de</strong>s pauvres et dans l’exploitation <strong>de</strong>sfemmes et <strong>de</strong>s enfants. On <strong>la</strong> voit à l’œuvre dans le massacre<strong>de</strong>s enfants à naître et dans l’exécution <strong>de</strong>s prisonniers. On <strong>la</strong>voit surtout dans le fait que <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> gens sont désespérémentseuls.Nous vivons à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s temps. C’est <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière heure(1 Jn 2.18). Nous <strong>de</strong>vons être constamment attentifs si nousne voulons pas tomber sous le jugement à <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière heure<strong>de</strong> tentation. Nous <strong>de</strong>vons trouver <strong>la</strong> force intérieure et lecourage <strong>de</strong> prendre <strong>la</strong> parole pour Dieu et sa cause, même sipersonne ne semble vouloir nous écouter.La parabole <strong>de</strong>s dix vierges, racontée par Jésus, <strong>de</strong>vraitêtre pour nous tous un avertissement et un défi. Jésus, danscette parabole, ne parle pas du mon<strong>de</strong> perdu d’un côté, et <strong>de</strong>


Veillons donc 187l’Église <strong>de</strong> l’autre: dans l’histoire, les dix femmes sont viergeset toutes se préparent à rencontrer Jésus. Il met l’Église audéfi:Ce jour-là, il en sera du royaume <strong>de</strong>s cieux comme <strong>de</strong> dixjeunes filles qui prirent leurs <strong>la</strong>mpes et s’en allèrent à <strong>la</strong> rencontredu marié. Cinq d’entre elles étaient insensées, lescinq autres étaient avisées: les jeunes filles insensées prirentleurs <strong>la</strong>mpes sans penser à emporter <strong>de</strong> réserve d’huile, maiscelles qui étaient avisées prirent, avec leurs <strong>la</strong>mpes, <strong>de</strong>s f<strong>la</strong>conscontenant <strong>de</strong> l’huile. Comme le marié se faisait attendre,elles s’assoupirent toutes et finirent par cé<strong>de</strong>r ausommeil.À minuit, un cri retentit: « Voici l’époux! Allez à sarencontre! » Toutes les jeunes filles se levèrent et préparèrentleurs <strong>la</strong>mpes. Alors les jeunes filles insensées s’adressèrent àcelles qui étaient avisées: « Donnez-nous <strong>de</strong> votre huile, carnos <strong>la</strong>mpes sont en train <strong>de</strong> s’éteindre. »Mais celles-ci leur répondirent: « Non! Il n’y en auraitjamais assez pour nous et pour vous. Courez plutôt vous enacheter chez le marchand. » Elles partirent en chercher. Pendantce temps, le marié arriva: celles qui étaient prêtes entrèrentavec lui dans <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> noces, et l’on ferma <strong>la</strong> porte.Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour;mais elles eurent beau crier: « Seigneur, Seigneur, ouvrenous!» Il leur répondit: « Vraiment, je vous l’assure: je nesais pas qui vous êtes. »C’est pourquoi, ajouta Jésus, tenez-vous en éveil, carvous ne savez ni le jour, ni l’heure <strong>de</strong> ma venue (Mt 25.1-13).Sommes-nous prêts à faire <strong>la</strong> preuve qu’une voienouvelle existe?Nous ne pouvons pas simplement fuir face au défi dupéché. Au contraire, nous <strong>de</strong>vons vivre en affrontant active-


188 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretément tout ce qui s’oppose à Dieu. Nous <strong>de</strong>vons combattreouvertement tout ce qui dévalorise ou détruit <strong>la</strong> vie, tout cequi conduit à <strong>la</strong> séparation et à <strong>la</strong> division. Mais nous <strong>de</strong>vonsaussi reconnaître que <strong>la</strong> seule protestation, qui conduit souventà <strong>la</strong> violence, ne suffit pas. Renoncer simplement aumon<strong>de</strong>, rejeter le mariage ou refuser tout p<strong>la</strong>isir serait stérile.Nous <strong>de</strong>vons faire <strong>la</strong> preuve qu’une nouvelle voie existe etmontrer au mon<strong>de</strong> une nouvelle réalité, celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et<strong>de</strong> <strong>la</strong> sainteté <strong>de</strong> Dieu, contraire à l’esprit <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Nous<strong>de</strong>vons montrer par notre exemple qu’il est possible auxhommes et aux femmes <strong>de</strong> vivre dans <strong>la</strong> pureté, <strong>la</strong> paix,l’unité et l’amour partout où ils consacrent leurs énergies àœuvrer pour le bien commun; et pas seulement en créant unecommunauté spirituelle, mais en pratiquant une vie <strong>de</strong> partage.Par-<strong>de</strong>ssus tout, nous <strong>de</strong>vons témoigner <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance<strong>de</strong> l’amour. Chacun <strong>de</strong> nous peut consacrer sa vie aux autresdans un service d’amour. C’est <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu pourl’humanité (Jn 13.34-35).Pour montrer quelle est <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu, l’Église doitentreprendre <strong>de</strong>s démarches concrètes pour constituer unevéritable contre-culture sexuelle. Ceci exige un effortd’engagement. <strong>Le</strong>s programmes <strong>de</strong> chasteté ne suffisent pas.<strong>Le</strong>s mariages et les familles continueront à voler en éc<strong>la</strong>ts sil’Église ne pratique pas une vie communautaire sur <strong>de</strong>s basestotalement différentes. <strong>Le</strong>s familles chrétiennes, avec leursresponsables religieux, doivent s’engager à vivre leur viesociale et personnelle en contraste avec celles du mon<strong>de</strong>. Sinos re<strong>la</strong>tions les uns avec les autres ne diffèrent pas <strong>de</strong> cellesdu mon<strong>de</strong>, nous n’aurons pas grand chose à dire ni beaucoup<strong>de</strong> raisons <strong>de</strong> protester. Si nous voulons être sérieux dans <strong>la</strong>recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté, dans ce mon<strong>de</strong>, alors nous avonsbesoin <strong>de</strong> nous tenir, en tant que frères et sœurs, pour responsablesles uns <strong>de</strong>s autres. Ceci s’applique à <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> tousles jours: <strong>la</strong> façon dont nous nous habillons et notre appa-


Veillons donc 189rence, ce que nous <strong>la</strong>issons entrer dans nos foyers, ainsi que<strong>la</strong> façon dont nous-mêmes et nos enfants nous nous comportonsavec le sexe opposé.<strong>Le</strong> témoignage visible d’une telle communauté sera beaucoupplus efficace pour convaincre notre société qu’un million<strong>de</strong> brochures sur l’abstinence. <strong>Le</strong>s idéaux chrétienspeuvent être expliqués, mais les principes moraux ne sontjamais suffisants. Ce n’est que lorsque le mon<strong>de</strong> aura <strong>la</strong>preuve vivante qu’une vie sexuelle vécue sous le regard duChrist est possible – une vie où <strong>la</strong> vraie liberté va <strong>de</strong> pair avecle respect et <strong>la</strong> responsabilité – que les gens accepteront cesvaleurs et ces normes.Cependant, partout où l’on vit en accord avec <strong>la</strong> volonté<strong>de</strong> Dieu, ce<strong>la</strong> sera mal compris et sera considéré comme uneprovocation (1 P 4.4). Deux mille ans n’ont pas rendu lemon<strong>de</strong> actuel plus tolérant envers le message <strong>de</strong> Jésus quecelui <strong>de</strong> son temps. Ceux qui ne veulent pas accepter sa voieéprouveront toujours du ressentiment et seront même vindicatifsenvers ceux qui en témoignent et une opposition serainévitable (Jn 15.18-20). Mais si nous, qui prétendons suivrele Christ craignons <strong>de</strong> vivre selon ses comman<strong>de</strong>ments parpeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> persécution, qui le fera? Et si ce n’est pas à l’Église<strong>de</strong> révéler l’obscurité du mon<strong>de</strong> à <strong>la</strong> lumière du Christ, <strong>de</strong> quiest-ce le rôle?Notre espérance est dans le royaume <strong>de</strong> Dieu à venir, dansle festin <strong>de</strong>s noces <strong>de</strong> l’Agneau. Attendons fidèlement ce jour.Chaque parole que nous disons, chaque chose que nous faisons,<strong>de</strong>vrait être inspirée et influencée par cette attente. Chaquere<strong>la</strong>tion, chaque mariage <strong>de</strong>vrait en être le symbole. Jésus,l’Époux, compte sur une mariée prête et qui l’attend. Maisquand il viendra, serons-nous prêts? Serons-nous une Église« rayonnante <strong>de</strong> beauté, sans tache, ni ri<strong>de</strong> » (Ep 5.27)? Oubien aurons-nous toutes sortes d’excuses (Lc 14.15-24)?


190 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéN’ayons pas peur du ridicule et <strong>de</strong> <strong>la</strong> calomnie que notretémoignage pourrait nous apporter. C’est l’avenir <strong>de</strong> Dieu,l’avenir merveilleux <strong>de</strong> son royaume, qui <strong>de</strong>vrait nous passionneret nous motiver, et non les « réalités » présentes <strong>de</strong> <strong>la</strong>société humaine. La <strong>de</strong>rnière heure <strong>de</strong> l’histoire est entre lesmains <strong>de</strong> Dieu, et chaque jour <strong>de</strong> nos vies <strong>de</strong>vrait nous y préparer.


<strong>Le</strong> point <strong>de</strong> vue d’une lectriceVous avez fini <strong>de</strong> lire le Défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté. Et maintenant? Laréponse dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon sérieuse ou pas dont vous relèverezle défi <strong>de</strong> prendre part à une « contre-culture sexuelle »,une culture dans <strong>la</strong>quelle <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions saines ont une chance<strong>de</strong> se développer. Ce<strong>la</strong> ne doit pas être théorique. Et commel’illustre <strong>la</strong> lettre ci-<strong>de</strong>ssous, il n’est pas nécessaire d’avoir àlutter seul. Ensemble, nous pouvons faire passer ce message:une vie pure, une vie <strong>de</strong> liberté et <strong>de</strong> joie véritables peut êtrele lot <strong>de</strong> chacun d’entre nous, à condition d’être prêt à y travailler.Cher monsieur Arnold,J’ai découvert en vacances le Défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté, dans unelibrairie. Je n’avais jamais entendu parler <strong>de</strong> vous, ni <strong>de</strong> votrecommunauté auparavant, mais le titre du livre a retenu monattention, et le nom <strong>de</strong> mère Teresa en couverture m’a convaincue<strong>de</strong> l’acheter. (Elle a eu une influence extrêmementforte dans ma vie.) Tout ce que je sais, c’est que je l’ai lud’un seul trait et qu’ensuite, j’ai appelé chacun <strong>de</strong> mes amiset leur ai dit: « Ce livre va changer ta vie ».Je sais que les livres affectent les gens <strong>de</strong> différentesmanières, selon là où ils en sont dans le voyage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Jesuis née et j’ai été élevée dans une famille profondémentcatholique et toute ma vie, j’ai pu témoigner du mariage stable,plein <strong>de</strong> paix et centré sur le Christ <strong>de</strong> mes parents. Ils


192 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureténous ont rendu <strong>la</strong> vie heureuse, et même innocente, à nousleurs enfants. Dès que nous avons été assez grands pour lecomprendre, mes parents nous ont enseigné à rejeter toute <strong>la</strong>culture <strong>de</strong> l’avortement et du contrôle <strong>de</strong>s naissances, et ànous attacher à <strong>la</strong> vérité concernant ces questions re<strong>la</strong>tives à<strong>la</strong> vie. Ils ont fait <strong>de</strong> leur mieux pour nous apprendre à vivrepour le Christ seul.Mais il se trouve qu’au moment où j’ai lu le Défi <strong>de</strong> <strong>la</strong>pureté, j’en étais au point où, <strong>de</strong> nouveau, j’avais besoin <strong>de</strong>réponses nettes, bien définies. Votre livre a sauvé ma vie – i<strong>la</strong> sauvé ma virginité, mes convictions intimes, et ma dignité.J’ai décidé une fois pour toutes que batailler pour gar<strong>de</strong>r machasteté ne serait plus un problème pour moi, que si j’aimaisréellement Jésus, j’al<strong>la</strong>is le lui prouver en m’engageant enfaveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté. Je sais que nous aurons toujours à lutteren matière <strong>de</strong> désirs sexuels; je sais que <strong>la</strong> tentation ne cessepas d’entourer ceux qui s’efforcent <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir saints. Maisj’avais seulement besoin <strong>de</strong> voir ces vérités <strong>de</strong> façon beaucoupplus c<strong>la</strong>ire: je ne suis pas obligée <strong>de</strong> m’engager dans <strong>de</strong>sre<strong>la</strong>tions sexuelles difficiles. On peut arrêter les choses avantqu’elles n’aient vraiment commencé. Je l’ai toujours su, maisvotre livre m’a confirmé une fois pour toutes que c’était vrai.J’ai alors distribué le Défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté à tous mes amis. <strong>Le</strong>slettres et les appels téléphoniques que j’ai reçus en retour ontété extraordinaires: « Ma vie est différente maintenant », ou,« ce<strong>la</strong> a aidé mon mariage », et même, « j’en envoie tout <strong>de</strong>suite un exemp<strong>la</strong>ire à ma mère et à mes beaux-parents ». Unefille l’a montré à son amie qui l’a lu <strong>de</strong> bout en bout et a dit:« Je dois aller me confesser ». Elle ne l’avait pas fait <strong>de</strong>puisneuf ans. J’ai montré ce livre à toutes sortes d’amis – <strong>de</strong>scatholiques, <strong>de</strong>s baptistes, <strong>de</strong>s épiscopaliens – et pu constaterle pouvoir étonnant <strong>de</strong> ce livre à rassembler <strong>la</strong> communautéchrétienne.Quant à moi, je sais maintenant, plus fortement quejamais, que tout ce que je fais doit l’être pour Jésus. La lecturedu Défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté, m’a montré que ma re<strong>la</strong>tion avec


<strong>Le</strong> point <strong>de</strong> vue d’une lectrice 193mon ami <strong>de</strong>vait se terminer. Je fus triste <strong>de</strong> le quitter, mais jecrois que j’ai accompli pour lui un plus grand acte d’amouren ne poursuivant pas notre re<strong>la</strong>tion qu’en l’entraînant, ouen le <strong>la</strong>issant m’entraîner, dans une situation <strong>de</strong> péché. Celivre a aussi accru mon désir <strong>de</strong> lire <strong>la</strong> Bible. J’ai maintenantplus <strong>de</strong> respect et <strong>de</strong> révérence pour le miracle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>la</strong>vie sexuelle que je n’en avais auparavant. C’est avec <strong>la</strong> plusprofon<strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> que je vous remercie pour ce don <strong>de</strong>rajeunissement que vous m’avez fait, ainsi qu’à beaucoupd’autres.En Christ,M. B.


In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s références bibliquesGenèseGn 1.26-28 19Gn 2 22Gn 2.7 21Gn 2.15-23 203Gn 2.18 26Gn 2.21-23 26Gn 2.24 32Gn 2.44 244Gn 3.1 39Gn 3.4-5 39Gn 3.7-19 42Gn 4.1 164Gn 4.8-10 28Gn 9.4-7 199Gn 9.6 20Gn 19.1-29 151241Gn 38.9-10 89Exo<strong>de</strong>Ex 2.24 204Ex 3.5 68Ex 4.11 167Ex 6.4-5 204LévitiqueLv 18.22-23Lv 20.13DeutéronomeDt 4.31 204Dt 7.8-9 204151241151241Ancien TestamentDt 24.1-4 245Dt 31.1-8 2041 Samuel1 S 25.26-34 2001 Rois1 R 8.23-24 2041 R 8.56-58 204EsdrasEsd 9-10 74JobJb 1.21 162Jb 10.8-12 165Jb 31.15 165PsaumesPs 6.16-17 164Ps 7.14-16 25Ps 8 199Ps 22.10-12 160Ps 24.1 213Ps 24.3-4 215Ps 51.10 215Ps 71.6 165Ps 89.1-8 204Ps 94.14 204Ps 119.89-91 204Ps 132.11-12 204Ps 139.13-16 164Ps 139.13-17 99


250 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puretéProverbesPr 5.1 145Pr 22.6 113Pr 22.15 104ÉsaïeEs 11.6 99Es 40.6 118Es 40.7 118JérémieJr 1.5 165Jr 13.25-27 33Jr 17.10 53Jr 29.13 47OséeOs 2.19-20 204Os 2.21-22 32Os 3.1 178245Os 8.7 141Os 11.1-4 245Ma<strong>la</strong>chieMl 2.10-16 178Ml 2.15 162MatthieuMt 1.19 173Mt 1.20-21 165Mt 3.2 185Mt 3.7-8 185Mt 4.1-11 208Mt 4.10 45Mt 5.8 60Mt 5.24 181Mt 5.27-30 65205Mt 5.31-32 172245Mt 5.32 173Mt 6.10 213Mt 6.14-15 174245Mt 6.24 120Mt 6.28-33 213Mt 6.33 74120Mt 7.7-8 163Mt 9.37 186Mt 11.28-30 181Mt 14.1-12 247Mt 14.3-4 185Mt 15.16-20 60Mt 15.19-20 238Mt 18.4-6 103Nouveau TestamentMt 18.10 103Mt 19.4-6 244Mt 19.6 171Mt 19.6-9 33Mt 19.8Mt 19.8-9 245Mt 19.9 173Mt 19.10 172Mt 19.10-12 128Mt 19.21 76Mt 22.1-14 248Mt 23.23-24 179Mt 23.25-28 58Mt 25.1-13 187172245Mt 28.18-20 83Mt 28.20 52204MarcMc 6.14-29 247Mc 10.15 229LucLc 1.5-17 247Lc 1.38 83Lc 1.41-44 165Lc 3.4-18 247


In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s références bibliques 251Lc 9.24 93Lc 9.57-60 80Lc 11.10 47Lc 12.49 136Lc 14.15-24 189Lc 14.26 120177Lc 16.18 171Lc 22.24-27 221JeanJn 1.10-13 210Jn 2.15-17 213Jn 3.1-21 210Jn 3.16-17 25Jn 8.7 170Jn 9.1-3 166Jn 10.10 129Jn 13.1-17 221Jn 13.34-35 188Jn 14.18 30Jn 14.21 30Jn 15.18-20 189Jn 17.20-21 28Jn 17.20-23 75218ActesAc 2.24-47 218Ac 2.37-40 47210Ac 2.42-47 76Ac 4.32 34218RomainsRm 1.18-20 213Rm 1.23-32 41Rm 1.24-28 152241Rm 1.26 151Rm 1.26-28 151Rm 2.14-16 22200Rm 3.5-8 167Rm 5.5-7 218Rm 5.12-19 209Rm 6.1-7 241Rm 6.3 43Rm 6.11-14 213Rm 7.3 173245Rm 7.4-6 210Rm 8.29 200Rm 9.1 200Rm 10.9-13 210Rm 12.1 213Rm 12.2 183Rm 12.17-21 245Rm 13.11-14 213Rm 13.12-13 147Rm 13.12-14 182Rm 13.13 2381 Corinthiens1 Co 4.1-5 2001 Co 5.1-5 861731 Co 5.11 1542381 Co 6.9-10 1522411 Co 6.12-20 2381 Co 6.15-20 611 Co 6.17 731 Co 6.19 1471 Co 7.3-4 921 Co 7.3-5 2211 Co 7.5 921 Co 7.10-11 1732451 Co 7.12-16 2181 Co 7.15-16 1771 Co 7.28 1341 Co 7.29 2451 Co 7.29-31 1361 Co 7.32-35 1342361 Co 7.39 1731 Co 8.7-13 2001 Co 10.13 631302041 Co 10.31 542131 Co 11.2-26 221


252 <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> pureté1 Co 11.3 831 Co 11.11-12 831 Co 12.26 1351 Co 13.6 802 Corinthiens2 Co 3.17-18 462002 Co 4.1-2 2002 Co 4.4-6 2002 Co 4.7-18 2132 Co 5.17 462102412 Co 6.14 742 Co 6.16 2152 Co 7.1 602152 Co 7.10 2102 Co 11.14 402 Co 12.9-10 153Ga<strong>la</strong>tesGa 1.15 165Ga 5.1 159210Ga 5.13 144Ga 5.13-18 213Ga 5.19-24 57Ga 5.22 181Ga 5.25 76Ga 6.1-2 130Ga 6.7 185ÉphésiensEp 2.1-2 43Ep 2.1-11 210Ep 2.3-5 151Ep 2.11-19 47209Ep 4.1-3 71218Ep 4.17-19 55Ep 4.20-24 199210Ep 4.26-27 89Ep 5.1-6 139238Ep 5.3-4 66Ep 5.8-12 149Ep 5.21-32 78Ep 5.21-33 221Ep 5.22-24 82Ep 5.25Ep 5.27 189Ep 5.31 73Ep 6.1-4 947484Ep 6.4 230Ep 6.12 43186PhilippiensPh 2.1-5 218Ph 3.8 121Ph 3.20-21 210Ph 4.11-13 132ColossiensCol 1.15 25Col 1.15-23 209Col 1.17-20 31Col 2.9-15 210Col 2.20-22 106230Col 2.21-23 58Col 3.1-17 210Col 3.5-6 238Col 3.5-10 199Col 3.12-17 218Col 3.14 112Col 3.18-21 221Col 3.21 2301 Thessaloniciens1 Th 4.3-5 911 Timothée1 Tm 4.1-3 541 Tm 4.1-5 2131 Tm 4.2 2001 Tm 4.4-5 531 Tm 4.8 1141 Tm 4.12 1141 Tm 5.5 134


In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s références bibliques 253TiteTt 1.15 108200215Tt 2.1-15 221Tt 2.6-8 111Tt 2.11-14 215Tt 3.3-8 210HébreuxHe 2.14-18 45208He 4.14-16 208He 4.15 183He 6.10-19 204He 7.18-28 210He 9.11-28 210He 9.14He 10.24 180He 12.2-3 136He 12.10-11 99He 12.15 18051159200241He 13.4 5786He 13.4-5 238JacquesJc 1.6-7 183Jc 1.12 183Jc 1.26-27 66Jc 3.1-14 215Jc 4.8 62Jc 5.13-15 167Jc 5.16 2101 Pierre1 P 1.3 2101 P 1.22 2151 P 3.1-6 2181 P 3.1-7 2211 P 3.7 841 P 4.1-6 2411 P 4.4 1892 Pierre2 P 2.19 2142 P 3.8 201 Jean1 Jn 1.7-9 2151 Jn 1.9 1482101 Jn 2.18 1861 Jn 3.2b-3 681 Jn 3.14 281 Jn 4.7-17 2021 Jn 4.19-21 28ApocalypseAp 11.7 186Ap 14.1-5 128Ap 19.7-9 32248


Table <strong>de</strong>s matièresAvant-propos ...............................................................................7Préface .........................................................................................9Introduction ...............................................................................11Partie 1. Au commencement ..............................................17Chapitre 1. À l’image <strong>de</strong> Dieu ...................................................19Chapitre 2. Il n’est pas bon que l’homme soit seul .....................26Chapitre 3. Ils <strong>de</strong>viendront une seule chair ................................32Chapitre 4. <strong>Le</strong> péché premier ....................................................39Chapitre 5. Restaurer l’image <strong>de</strong> Dieu .......................................46Chapitre 6. La sexualité et le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensualité ..............53Chapitre 7. Ceux qui ont le cœur pur ........................................60Partie 2. Ce que Dieu a uni .................................................69Chapitre 8. <strong>Le</strong> mariage dans le Saint-Esprit ..............................71Chapitre 9. <strong>Le</strong> mystère du mariage ............................................78Chapitre 10. <strong>Le</strong> caractère sacré <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité ..........................86Chapitre 11. <strong>Le</strong> don <strong>de</strong>s enfants: <strong>de</strong>venir parents .....................94Chapitre 12. La pureté <strong>de</strong> l’enfance .........................................103Chapitre 13. Pour ceux qui envisagent <strong>de</strong> se marier ................114Chapitre 14. Servir comme célibataire .....................................128Partie 3. L’esprit <strong>de</strong> notre temps ......................................137Chapitre 15. Avec ou sans Dieu ..............................................139Chapitre 16. Trop honteux pour en parler? ............................149Chapitre 17. La guerre secrète .................................................160Chapitre 18. Que penser du divorce et du remariage? ............171Chapitre 19. Veillons donc ......................................................182<strong>Le</strong> point <strong>de</strong> vue d’une lectrice ..................................................191Gui<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong> ..........................................................................195In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s références bibliques .................................................249


Dépôt légal: octobre 2003Imprimé en Italie par <strong>Le</strong>goprint S.p.A.

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