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Revue AFN Maroc N° : 17-18 Décembre 2015 

Recherche 

La géographie au Maroc durant le xx e s, évolution et 

apports à la recherche 

Evolution and contributions for research on geographical 

sciences in Morocco during the 20th century 

الجغرافيا بالمغرب خالل القرن العشرين،‏ تطورها ومساهمتها في البحث العلمي.‏ 

NABIL Lahcen 1 

Département de géographie, FLSH, Université Abdelmalek Essaâdi, Martil. 

Résumé : 

Dresser le bilan d’une science n’est pas une tâche facile. Il ne s’agit pas de 

faire le procès de l’Etat en tant que 1 er responsable en termes de politique de la 

recherche, moteur du développement du pays, ni de dénigrer l’enseignant- 

"chercheur" contraint, dans la majorité des cas, à faire une recherche aux dépends 

de ses moyens rudimentaires dans le but d’obtenir un poste budgétaire dans une 

institution publique. 

Plusieurs niveaux d’analyse s’imposent : la question se pose en termes 

d’approche, de stratégie, de politique publique de recherche pour un 

développement éventuel, de la tâche assignée à l’enseignant-« chercheur » et les 

directives d’orientation restrictives, ou en termes de spécialisation, de 

l’identification scientifique, très morcelée et sans horizons. L’affiliation, la 

nationalité, les directives extérieures posent la question d’identité, de destination et 

du devenir de la recherche. N’est-il pas question d’une recherche émigrée et 

naturalisée, mais sans apport de devise ? Aussi ne s’agit-il pas de problèmes 

d’approche méthodologique, qui se pose même aux pays plus développés, 

d’orientation de la science comme de son évaluation, d’une repensée 

épistémologique axée sur la méthodologie, les techniques et les outils pour 

orchestrer la symphonie de la recherche et la remettre au service du 

développement ? 

A travers nos investigations sur ces différents aspects et d’une analogie, de 

bilans réalisés, nous allons essayer d’en retracer une silhouette qui se veut 

synthétique et globale. 

1 Travail réalisé dans le cadre de la thèse d’Etat (NABIL, 2006), revu et mis à jour. 

2


Mots clés : 

Géographie au Maroc, bilan du 20 e siècle, Enseignement supérieur, 

recherche scientifique, identité de recherche, géographie coloniale, recherche 

émigrée, politique publique. 

Abstract : 

Reviewing a science progress in Morocco is not an easy task. This is not to 

criticize the Moroccan State as the first responsible in terms of research policy, 

locomotive development of the country, nor to denigrate the teacher-"researcher", 

generally forced to lead a research at the expense of its rudimentary means in order 

to obtain a position within a public institution. 

Several levels of analysis are required : the question arises in terms of 

approach, strategy, research policy for an eventual development, the task assigned 

to the teacher- "researcher", and restrictive policy directives, or in terms of 

specialization, scientific identification, highly fragmented and without horizons. 

The affiliation, nationality and external directives raise the question of identity, 

destination, and fate research. Would not it an immigrant and naturalized research 

without currency supply ? Also would it be a methodological approach to 

problems, which arises even in more developed countries, an orientation of science 

as its evaluation, an epistemological rethinking focused on methodology, or 

techniques and tools to orchestrate the symphony of research and its delivery to the 

development ? 

Through our investigation of these different aspects, based on an analogy 

and assessments led, we will try to trace a synthetic and global silhouette of 

geographical sciences evolution in Morocco during the last century. 

Key words : 

Geography, Morocco, 20th century, education, research, identity, 

colonialism, policy. 

الملخص 

ال شك في أن انجاز حصيلة علم من العلوم يعد مهمة صعبة إن لم نقل مخاطرة.‏ المهمة ال 

تهدف إلى محاكمة الدولة كمسؤولة أولى عن تطور هذا القطاع الحساس كرافعة أساسية لتنمية البلد،‏ 

وال للتعريض باألستاذ-"الباحث"‏ المضطر لينجز أبحاثه على حساب موارده المحدودة للحصول 

على دبلوم يؤهله لمنصب مالي في مؤسسة عمومية.‏ هناك عدة مستويات للتحليل تطرح المسألة 

بأسلوب المقاربات،‏ االستراتيجيات،‏ سياسات الدولة في البحث العلمي للتنمية،‏ مهمة موكولة 

لألستاذ-"الباحث"‏ والتعليمات التوجيهية الصارمة،‏ وحسب الكفاءات والتخصصات والهوية العلمية،‏ 

والتي أفضت إلى صراعات حول الحدود المتنازع عليها،‏ مما أدى في كثير من الحاالت إلى 

االنحراف عن مقاصدها األصلية والحقيقية.‏ االنتماء والجنسية والتعليمات الخارجية،‏ تطرح مشكلة 

هوية،‏ وتوجه،‏ ومصير البحث على اآلماد البعيدة.‏ ألسنا في الحقيقة أمام بحث في المهجر ومجنس ؟ 

لكن،‏ في الحقيقة،‏ ألسنا أمام إشكالية منهجية مستعصية،‏ حتى على الدول األكثر تقدما،‏ في توجيه 

العلوم توجيها مناسبا وفي تقييمها ؟ 

: 

3 

:


بناء على تحرياتنا على مختلف الواجهات،‏ وعلى الحصيالت المنجزة سنحاول رسم صورة 

أولية تركيبية وشمولية.‏ 

الكلمات المفاتيح 

الجغرافيا بالمغرب،‏ حصيلة القرن العشرين،‏ التعليم العالي،‏ البحث العلمي،‏ الهوية،‏ 

الجغرافية االستعمارية،‏ البحث العلمي بالمهجر.‏ 

Abréviations et sigles : 

ANAGEM Association nationale de Géographes marocains 

CNGM 

Comité National de Géographie du Maroc 

DEA 

Diplôme des Etudes approfondies 

DERRO 

Projet de Développement économique et rural du Rif Occidental 

EFC 

Etablissements de la Formation des Cadres 

EFCFT 

Etablissements de Formation de Cadres, Facultés de Technologie 

EFCSH 

Etablissements de Formation de Cadres et Science Humaines 

EHTP 

Ecole Hassania des Travaux Publics 

ENA 

Ecole Nationale d’Administration 

ENAM 

Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès 

ENAR 

Ecole Nationale d’Architecture 

ENFI 

Ecole Nationale Forestière des Ingénieurs 

ENIM 

Ecole Nationale de l’Industrie Minérale 

ENS 

Ecole Normale Supérieure (Maroc) 

ENSEFE 

ENS Ecoles de Formation des Enseignants 

ENSEM 

Ecole Supérieure d’Electricité et de Mécanique 

ESI 

Ecole Supérieure des Sciences de l'Information 

ESITH 

Ecole Supérieur d’Industries, Textiles et d’Habillement 

ESRS 

Etablissements d’Enseignement supérieur et de Recherche 

FF 

Formation des Formateurs 

IAV 

Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II 

IDH 

Indice de Développement Humain 

INPT 

Institut Nationale des Postes et Télécommunications, 

INRA 

Institut National de la Recherche agronomique 

INSEA 

Institut National de Statistiques et d’Economie Appliquée 

ISCAE 

Institut Supérieur de Commerce et d’Administration 

ISEM 

Institut Supérieur d’Etudes Maritimes 

PAS 

Plan d’Ajustement Structurel 

RDH 

Rapport de Développement Humain 

RGM 

Revue de Géographie du Maroc 

RGPSO 

Revue de Géographie des Pyrénées de Sud-Ouest (actuellement 

GEODE) 

SEN 

Sciences Exactes et Naturelles 

SHS 

Sciences Humaines et sociales 

UNIGEM 

Union des Géographes Marocains 

Qt 

Quinquennat 

: 

4


Introduction 

La géographie est une science humaine du groupe des sciences sociales. 

Ces dernières génèrent une grande diversité de par leur intérêt, leur connexion avec 

d’autres disciplines, leurs méthodologies, qu’il est imprudent de les mettre toutes 

dans la même case, ainsi, nous jugeons plus pertinent de traiter notre discipline : la 

géographie. Celle-ci étudie les relations homme-milieu, c’est une science carrefour 

qui se distingue par sa capacité de synthèse, et sa position de charnière avec 

d’autres sciences. Vue sa représentation du relief influant toute activité humaine, sa 

représentation cartographique du fait spatial, la géographie acquiert une dimension 

stratégique pertinente pour toute action d’aménagement du territoire. 

Nous concevons l’aménagement comme « des réalisations programmées, 

mettant à profit des études et techniques adéquates et bien orientées par une 

méthode synthétique pour exploiter au mieux, à moyen et à long termes, un milieu 

au profit de la société, selon une échelle bien adaptée ». 

La géographie a-t-elle assumé son rôle dans l’aménagement du territoire 

marocain ? En tant que science diagonale, ne reflètera-t-elle pas une image fidèle 

de l’évolution de l’enseignement supérieur et de la recherche au Maroc ? Répondre 

à cette question mène à en faire le bilan en essayant d’en retracer les étapes, en 

dégageant les clivages et hiatus qui entravent son déroulement. Pour se faire, une 

analyse épistémologique et critique des approches méthodologiques, des outils et 

des pratiques s’imposent afin d’en construire d’autres plus pertinentes et 

prospectives. 

1 Méthodologie 

L’échéance 2000 a été, au début, dictée par la préparation d’une thèse. Pour 

une actualisation de ce travail à thème de grand intérêt, il a fallu traiter aussi la 

phase d’après l’an 2000.Pour sortir l’enseignement supérieur et la recherche de sa 

crise, on a administré au Maroc de nouvelles réformes : en 1997 et en 2003. Cette 

dernière a été inaugurée par la Charte de l’Education et la Loi 01-00. Cette phase 

d’après 1997 pose une problématique différente et de nouvelles perspectives, d’où 

la nécessité de la traiter en publication à part. 

Les différentes évaluations qu’a connues l’enseignement fournissent un bon 

compliment pour les bases de données du départ. Nous soulignons la transition 

entre ces deux phases historiques, qui verra de nouvelles réformes radicales, en 

l’étendant à 2003. Nous n’en avions pas débattu ici de celle de 1997, même si nous 

avions étendue l’analyse à 2003, nous la jugeons plus en relation avec celle de 

2003. 

5


1.1 Quels critères retenir pour ce bilan ? 

Si des événements politiques expliquent ou coïncident avec certains 

tournants de l’histoire d’une science, ils ne sont pas suffisants à eux seuls pour 

propulser la genèse de cette histoire, surtout lorsqu’il s’agit d’une science 

complexe comme la géographie. Faire le bilan de la géographie au Maroc est une 

tâche très difficile nécessitant expérimentation et pluridisciplinarité : ce que nous 

ne prétendons pas ici. Le travail du groupe fait défaut et donc il s’agit, d’un essai 

d’approche critique de cette discipline. 

La géosystémique en tant que méthode synthétique et globale a 

révolutionné la géographie française dès les années 70, mais n’a malheureusement 

que peu d’écho au Maroc. Celle-ci est à notre avis le moyen le plus adéquat pour 

une telle approche. C’est à sa lumière que nous avions opté pour ce choix raisonné 

de traitement de ce savoir géographique. 

1.2 Une évolution chronologique s’impose 

En partant d’une trame de fond à base d’analyses socio-économiques 

soutenues et aux lectures essentielles approfondies en la matière, nous jugeons 

fondamentale d’approcher la genèse de la géographie française pour comprendre 

son prolongement au niveau de la géographie marocaine en termes de perception, 

de synthèse, d’épistémologie et de « modernité ». 

Sur cette trame, nous procéderons par méthode d’échantillonnage sur un 

bon nombre de corpus de titres bibliographiques. Ces derniers répondent à certains 

critères de diversité (nature, espace, temps...), donc de complémentarité pour être 

plus significatifs, une sorte « d’auscultation » rapide. 

Nous restons convaincus que cette analyse qui peut, à prime abord, paraître 

assez formelle, apportera des éclairages neufs quant aux politiques adoptées pour 

l’enseignement et la recherche au Maroc 2 . 

1.2.1 Corpus de base 

Période coloniale : 

Le premier corpus, concernant la « géographie coloniale », est assez 

diversifié et s’étend à certaines sciences annexes telles la sociologie et l’économie : 

NACIRI (1989) a collecté environs 700 titres classés alphabétiquement mais 

en négligeant la géographie physique, choix injustifiable et qui limite la portée 

de ce corpus. 

RAYNAL (1961) le complète, par 170 titres classés par thème. 

2 Nous remercions BEN ATTOU pour ses débats profonds et les retouches de style qu’il a 

apporté à ce document. 

6


Période postcoloniale : 

A ce niveau, nous avions suivi l’évolution des données : 

‣ Un corpus concerne les thèses soutenues en France sur le Maroc, que nous 

nommons « géographie en exil » : 

BRULE & Al., (1986), Thèses soutenues en France 1960-85. 

AFA, 1996, Thèses soutenues à Rabat de 1961- 94. 

TROIN (1986), Thèses de géo. humaine de Tours-Poitiers 1977-86. 

 

AMYAY & AKDIM (2000), Thèses 1956-2000, corpus plus complet 

intégrant les travaux soutenus dans d’autres pays que la France (CD 

thèse, Francis, Pascal, Géoref, Dissertation …). 

‣ Le corpus de la Revue de Géographie du Maroc (RGM) : 

BEAUDET (1970), Thèses 1952-61. 

BEAUDET (1970), « Notes marocaines » et « RGM » 1962-69. 

BERRIANE (1979 et 1984), Thèses 1975-83. 

Ces corpus sont difficilement classables, vue leurs imbrications 

temporelles et la divergence de leurs spécialités. Aussi sommes-nous arrêtés aux 

travaux acquis avant l’an 2000 3 , sans prétendre à l’exhaustivité. Pour publier ce 

travail, nous avions jugé nécessaire sa mise à jour en procédant à quelques 

retouches se référant à une littérature plus récente, mais surtout en traitant la 

période post 1997 4 . 

Le travail de RACHIK (2004) 5 concernant la recherche sur l’urbanisme au 

Maroc (1980 et 2004), démarqué de notre approche, a une tendance bibliométrique, 

que nous jugeons comme un parti pris, une sorte de procès du chercheur, surtout 

par une approche rétrospective pour une période où l’Etat se souciait peu de cette 

recherche 6 . A cette échelle d’analyse globale, nous jugeons de peu d’intérêt, la 

personnalisation de la recherche surtout que cela ne peut être étendu aux autres 

spécialités. L’auteur dans son investigation a ciblé les sciences sociales en général, 

alors que nous nous sommes limités à la géographie, ce qui ne peut permettre 

aucune comparaison. Aussi, il n’a su bien intégrer certains paramètres 

supplémentaires (livres, colloque, revue etc.). Ceux-ci sont absents sur nos corpus 

de base de données, ce qui ne peut permettre une analogie. Son traitement 

3 Période de rédaction de notre thèse d’Etat 1992-2002 (NABIL 2006). 

4 Dans le souci d’une approche synthétique, nous avions parfois gardé en figure une vision 

intégrale du corpus en question (auquel on fait référence pour chaque phase historique). 

5 Nous remercions BEN ATTOU pour avoir mis à notre disposition une copie de l’étude. 

6 Il s’est basé en général sur les mêmes corpus, son corpus de thèse est inclus dans le corpus 

d’AMYAY & AKDIM, 2000. Ainsi son intégration sera, en quelque sorte, une répétition 

quasi-inutile. Travail, d’ailleurs, commandité par un bailleur de fonds. 

7


statistique reste approximatif, ne se basant pas sur les techniques informatiques de 

classement par bases de données à partir d’un travail rigoureux de documentation 7 . 

1.2.2 Classification : problématique par disciplines et par thèmes 

Le problème du classement des disciplines demeure insoluble vu 

l’absence de thésaurus les hiérarchisant. Pour traiter le nouveau corpus nous avions 

jugé utile de décortiquer les différentes disciplines de la géographie pour mettre en 

relief les carences dont souffrent certaines d’entre elles. Nous avions recouru au 

traitement statistique en bases de données. 

2 Géographie au Maroc au xx e s, quel lourd héritage ! 

Le Maroc a connu des « medersa » ancestrales, ainsi celle des 

Quaraouiyine, fondée à Fès en 859 et Ben Youssef à Marrakech en 1570. On ne 

pourra omettre leur prolifération à travers le Maroc et qui subsistent jusqu’à nos 

jours soutenu par le système de zaouïa. Même si ce système d’éducation est 

classique, il a le mérite d’avoir développé un système avancé d’évaluation. De ce 

fait, c’est l’un des modèles intégrés les mieux structurés dans le monde. Les 

diplômes y sont fondés sur le corpus étudié et la spécialisation fine. Nous ne visons 

pas débattre ici de ce système classique qui mérite une publication à part. La zaouïa 

Jazoulite a fait de la science son cheval gagnant. Les « mourabitines » menaient en 

même temps la science, la religion et le « jihad » (défense contre les croisades). Le 

Maroc a toujours été le phare qui orientait l’Andalousie. Ainsi d’imminents 

géographes tels Al Idrissi Sebti (1100-1165) qui a établi une encyclopédie 

cartographique pour le roi Roger II de Sicile, l’explorateur voyageur Ibn Battouta 

Tangi (1304-1377) (Wikipedia). 

La crise qui a suivi la guerre de Tétouan en 1860, et l’option pour la 

solution de la rémunération des dégâts de guerre à l’Espagne a été fatale pour ce 

régime qui s’enfonçait dans l’abime (AYACH, 1986). Ainsi, les conditions de la 

décadence politique et socio-économique qui régnaient à la fin du XIX e S n’ont pas 

permis un épanouissement des sciences. Ainsi, apparait un nouveau savoir 

géographique, se limitant à des récits de voyages, à des rapports d’expéditions 

d’Européens qui préparaient la conquête, à tel point qu’il est difficile d’identifier la 

part de la recherche géographique dans cette littérature coloniale ! 

La géographie française n’avait jusque-là tissé aucun lien avec celle du 

Maroc, qui ne connaissait rien de la « géographie universelle » d’ELISEE 

RECLUS, ni de la géographie humaine de VIDAL DE LABLACHE, père de la 

7 

Aussi nous renvoyons à un travail approfondi sur la documentation (NABIL & 

AIT BRAHIM, 2008). 

8


géographie française 8 qui décida de son sort, par son orientation vers la géographie 

humaine dans le but de contourner les idées environnementalistes et racistes de 

l’Allemand HAICKEL avec son « déterminisme » (BERTRAND, 1974). Cette 

décision lourde de conséquences pour la géographie Française, le sera encore 

davantage pour la géographie au Maroc qui deviendra une géographie non 

seulement humaine, mais aussi « coloniale ». 

2.1 Avènement de la « géographie coloniale » au Maroc 

2.1.1 Géographie stratégique d’avant 1930 9 

Avec le déclin de la géographie humaine après VIDAL DE 

LABLACHE 10 , le « Traité de la géographie physique » de DEMARTONE (1909) 

marqua l’avènement de la géographie physique et, ainsi, la géomorphologie prend 

le devant de la géographie en France 11 . Au Maroc, la géographie en général prend 

le devant : au front, « elle sert d’abord à faire la guerre », affirme YVE 

LACOSTE. Le Maréchal LYAUTEY (Résident Général) fonda en 1916 la 

« Société de Géographie du Maroc » qu’il présidait. Elle publiait alors le « Bulletin 

de la Société de Géographie du Maroc ». Après 1920, deux périodiques, la Revue 

de Géographie du Maroc (RGM) et Hesperis Tamuda, éditent la « géographie des 

militaires » soutenue par l’Institut des Hautes Etudes Marocaines (IHEM) chargé 

des affaires indigènes. Les conditions difficiles qu’a vécues le Maroc d’après la 

2 e Guerre Mondiale ont entrainé la substitution à la RGM d’une plus modeste « Les 

Notes Marocaines, 1952-1961 ». Cette géographie coloniale (officielle) est 

présidée par les morphologues HARDY et CELERIER, convertis en géographes 

humains par nécessité (Note sur l’ANAGEM 12 ). 

La monographie régionale était l’expression la plus adaptée à cette 

situation d’exploitation. HARDY, lui-même, avait reconnu le retard de la 

géographie coloniale par rapport à celle des universitaires en France, pendant que 

celle-ci était en déclin. L’orientation vers la géographie humaine s’explique bien 

par les besoins de la colonisation, mais demeura longtemps aux mains des 

morphologues. 

8 Mais, ni son Atlas historico-géographique (1894), ni les Annales de Géographie, qu'il 

fonda en 1891, n'avaient d'écho au Maroc de cette époque. 

9 Trois événements majeurs ont marqué le changement de la politique adoptée au Maroc : le 

départ de LYAUTEY et de HARDY en 1925 ; le Dahir Berbère en 1930 et la fin de la 

Dissidence au J. Saghro (dernier bastion) en 1934. 

10 Seuls apparaîtront : BRUNHE après 1910 et DEMANGEON après 1920. 

11 Naissance de la Revue de Géographie Alpine en 1913 et de la Revue d'études 

Rhodaniennes en 1923, avènement de revues régionales en France. 

12 Après 1970, elle a été renommée Association Nationale des Géographes Marocains. 

9


2.1.2 A la fin de la « dissidence », la géographie se voulait plus 

scientifique 

C’est la phase de décadence 13 de la géographie coloniale, car, pour des 

besoins de la « pacification », le pouvoir en place a choisi d’autres sciences, telles 

la sociologie et l’anthropologie. 

- La géographie passe au 2 e plan, mais CELLERIER 14 en demeure le 

patron officiel (ses publications sur le Maroc représentent 10 % du corpus de 

NACIRI). La monographie a été vite dépassée et les officiers des Affaires indigènes 

se substituaient aux géographes : c’est la phase des « militaires géographes ». 

Pendant cette phase, la géographie se voulait plus critique, mais demeure coloniale, 

humaine et décadente. 

- Le 2 e courant de la géographie non-officielle, a été représenté par 

DRESCH 15 (2 % du corpus de NACIRI). Celui-ci est resté morphologue jusqu’à la 

fin de la 2 ème Guerre mondiale, concordant ainsi avec le courant dominant dans la 

géographie française durant la même période. 

La tendance innovatrice de DRESH, partisan de l'unicité de la 

géographie, ressemble, plus ou moins aux tendances sans suites de MAX-SORRE. 

Ce dernier va exceller dans les synthèses biologiques tout comme CHOLLEY, qui 

privilégia la tendance biologique comme élément intégrateur des paramètres du 

milieu. Malheureusement, la géographie, au Maroc comme en France 16 , n’était pas 

encore bien disposée pour mieux profiter du rapprochement avec les autres 

sciences naturelles en plein essor. Leur application au Maroc a bien marqué 

l'atmosphère scientifique dès les années 30 : 

En bioclimatologie, avec GAUSSEN, EMBERGER & QUEZEL ; 

En phytosociologie, avec BRAUN BLANQUET, GAUSSEN & QUEZEL ; 

En biogéographie, palynologie avec ELHAÏ… 

En parallèle, s'étaient développées une cartographie dynamique et des 

méthodes plus proches que jamais de celles des géographes, cas de : la carte 

phyto-géographique du Maroc au 1/1 500 000 d'EMBERGER en 1938, de la carte 

13 Ce n'était pas encore sa fin, car le « Certificat de Géographie Coloniale » ne sera 

supprimé qu'à la fin des années 60. 

14 Après le départ de HARDY comme Recteur en Algérie. 

15 DRESCH a débarqué au Maroc en 1931, et y a préparé ses deux thèses (sur le Pré-Rif et 

le Haut-Atlas). 

16 Influencée par plusieurs paramètres nouveaux : tenue de colloques internationaux 

entraînant l'ouverture sur le monde extérieur, l'institution de l'enseignement gratuit, 

apparition de nouvelles revues telles la : Revue de Géographie des Pyrénées de Sud-Ouest 

(RGPSO 1930), les Cahiers d'Outre-Mer (1948), la Géomorphologie Dynamique (1950) et 

la création du CNRS. 

10


phyto-écologique de Doukkala au 1/200 000 (THERON & VINDT sous la 

direction de GAUSSEN) et qui, malheureusement, n’ont eu aucune suite. 

La génération de transition (des années 50), succédant à DRESH, a 

profité, en partie, de cette expérience vécue en coopération avec ces naturalistes 

dans des projets communs, comme l’Atlas du Maroc, tels : RAYNAL, JOLY & 

AL, dont les travaux demeurent morphologiques. Pour défendre sa cause, DRESH, 

lui, a préféré la tendance « géographie humaine » de 1945 à 1956 (date de 

l’ « indépendance » du Maroc). 

2.2 Discussion 

- En l’absence d’une géographie nationale, nous parlerons de la 

« géographie au Maroc ». Seuls quelques rares chercheurs tel que DRESH, 

maîtrisant les langues locales, pouvaient ainsi accéder directement à l’information ; 

- Dans la monographie dominant la 1 e phase, on pratiquait généralement 

des plans à tiroirs, avec une analyse très superficielle et descriptive et sous une 

logique coloniale. Mais, même bien orientée, avec une telle méthode, on ne pourra 

fonder un aménagement adéquat ; 

- Pendant la 2 e phase, les militaires se sont substitués eux-mêmes aux 

géographes et avaient pratiqué « l’aménagement » selon leur conception. La 

géographie devenue plus universitaire, passe au 2 e plan, secondée par la sociologie, 

l’histoire et l’anthropologie. Aussi, son option humaine ne pouvait lui permettre 

une symbiose avec les sciences naturelles ; 

- Contre la montée du nationalisme, après la 2 e Guerre, la France a adopté, 

pour le Maroc, une politique de réformes, renforçant ainsi la géographieaménagement 

des années 50 17 . Or, ces conditions ne pouvaient favoriser la 

recherche géographique ; le nombre des publications des « Notes marocaines » et 

leur volume, reflètent cet état de crise ; 

- Les vrais travaux de géographes français au Maroc apparaîtront surtout 

après l’indépendance (cas de la thèse de RAYNAL, 1962). 

La situation de la recherche a été résumée ainsi : « De la science coloniale 

reste un corpus de savoirs consignés et parfois ré-exploitables ; des sites dédiés 

(stations agricoles expérimentales, centres de recherche médicale) ; mais aussi, 

plus subtilement, des disciplines privilégiées (agriculture, santé), un modèle 

d’organisation (agences, employant des chercheurs à plein temps dans les 

domaines stratégiques), et peut-être une conception de la recherche (avec mission 

d’action, et d’encadrement des populations). Cependant, les établissements 

d'enseignement supérieur créés durant la période coloniale, sont embryonnaires et 

sans culture de recherche » (KLEICHE-DRAY, 2006). 

17 Des titres bibliographiques comportent les termes de : "mise en valeur" ; "aménagement". 

11


3 Géographie et aménagement du Maroc indépendant 

3.1 Géographie encore aux mains des Français (1957-72) 

La géographie a beaucoup souffert du vide qu’a provoqué le départ de la 

majorité des Français et de la réduction des subventions et crédits de recherche. 

Ainsi, la phase transitoire a duré longtemps malgré la création du Ministère de 

l’Education Nationale (ME), Rabat en 1956. La scolarisation des compagnes a été 

entreprise par le gouvernement progressiste d’ABDELLAH IBRAHIM, et, par 

conséquent, la formation des enseignants a été privilégiée, aux dépens de la 

recherche. Et c'est à l’Université Mohamed V de Rabat, créée en 1959 18 , d’assurer 

seule la tâche 19 . 

Les programmes devaient se conformer à cette tendance et négligeaient la 

méthodologie et le travail de terrain : c’était la « géographie pédagogique » ou de 

« l’enseignement ». En 1970 encore, 80 % des étudiants de la Faculté étaient aussi 

inscrits à l’Ecole Normale Supérieure (ENS.) (BRULE & AL. 1986). 

L’absence de la recherche s’explique par l’absence de chercheurs 

marocains. En effet, la période 1956-1970 n’a connu que 1.9 % des thèses 

soutenues sur le Maroc (dont le 1 e quinquennat ne représente que 0.2 %). La 

géographie physique et la géographie humaine (avec 0.8 %) devançaient la 

géographie économique et la géographie globale (0.3 % du corpus). La 

géomorphologie (avec 0.6 % du corpus pour la même période) occupait la 

1 ère place, suivie de la géographie rurale (0.5 %) et de la monographie régionale 

(0.3 %). Evidemment aucune thèse n’a été soutenue au Maroc pendant cette 

période (Tableau 1 ; Figures 2 à 4). 

Parallèlement, de grands projets d’aménagement ont été lancés avec la 

coopération des organisations internationales, genre FAO, et surtout les projets 

Sebou et DERRO. Les géographes marocains avaient ainsi une dernière occasion à 

saisir pour s’ouvrir en coopération-projets sur les autres sciences surtout 

biologiques. Malheureusement, peu de cadres marocains étaient alors en mesure 

d'en profiter. Les géomorphologues étaient les plus prédisposés à saisir cette 

18 Décret Royal du 21/07/1959. 

Universités : - l’université Mohammed V, Rabat en 1957 (RAFIQ, 2010). 

19 La période 1956 -1974 a connu la création de plusieurs institutions : 

- Formation des Cadres sous tutelle du Ministère des Affaires Economiques, du Plan et de 

la Formation des Cadres (MAEPFC) ; 

- Multiplication des Ecoles sous tutelle de divers Ministères dont l’Ecole Nationale 

Forestière des Ingénieurs (1970), l’Institut Supérieur de Commerce, Administration & 

Economie, l’Ecole Nationale des Postes & Télécommunication, l’Ecole Hassania des 

Travaux publics (1971), l’Ecole Nationale d’Industrie minérale, l’Ecole Supérieure 

d’Electricité & Mécanique (1972) et l’Ecole Supérieure des Sciences de l'Information (ESI, 

1974) (KLEICHE-DRAY, 2006). 

12


occasion, ainsi plusieurs thèses ont vu le jour : JOLY, RAYNAL (1961) ; 

MAURER (1968) et BEAUDET (1969) : c’était l’avènement de la géomorphologie 

dynamique avec l’érosion dans le Rif. Aussi des prémices de travaux importants 

ont fait apparition dans le Rif (Les cartes de végétation de la région de Tanger au 

1/100 000 e ont vu le jour : « Types de végétation », « Occupation des terres » et 

« Ressources pastorales » IONESCO & AL. 1966. 

La géographie française, elle, avait fait un grand bond en avant, lorsque le 

géomorphologue BERTRAND (de Toulouse) s’était orienté vers la « méthode 

systémique et la théorie des paysages » à l’instar de l’ex-URSS. La géographie a 

ainsi retrouvé sa vision globale et sa dimension biologique. En parallèle, l'école 

hydrologique de LAMBERT a développé l’aménagement géographique à base de 

l'hydro-climatologie. 

Au Maroc, la politique d’arabisation de l’enseignement secondaire puis 

supérieur, ayant entraîné le départ de la majorité des enseignants français en 1972, 

a mis fin à cette phase. C’était, en même temps, la fin du projet Sebou et la 

« paupérisation du DERRO ». Cette fin coïncidait surtout avec l’arrivée de la 

première rame de diplômés marocains, fruits de la scolarisation de la compagne du 

début des années 60. 

L’arrêt de la RGM de 1974 à 1976, qui se manifeste sur le diagramme, 

exprime bien la situation de double crise (manque de chercheurs et tarissement des 

fonds de soutiens). Désormais la revue est devenue bilingue (Figure 2). 

Tableau 1. Typologie des titres parus dans la RGM, 1951-1983 (%/discipline) 

Géologie, Géomorphologie. 

géophysique, 

Océanographie 

Climatologie 

Biogéographie, 

Botanique 

Cartographie 

Géo. rurale 

GGéographieEcon 

Géo. économique. 

1952-57 1,9 71,4 26,3 44,4 40,0 9,1 10,6 11,5 8,3 0,0 66,7 0,0 13,9 

1957-62 26,4 14,3 15,8 22,2 30,0 13,0 12,1 26,9 8,3 0,0 16,7 0,0 17,0 

1962-67 37,7 14,3 21,1 22,2 30,0 40,3 22,7 15,4 8,3 0,0 0,0 0,0 27,6 

1967-72 7,5 0,0 26,3 11,1 0,0 22,1 45,5 19,2 25,0 0,0 0,0 0,0 22,1 

1972-77 7,5 0,0 5,3 0,0 0,0 1,3 1,5 0,0 8,3 0,0 0,0 0,0 2,7 

1976-83 18,9 0,0 5,3 0,0 0,0 14,3 7,6 26,9 41,7 100,0 16,7 100,0 16,7 

T : II 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 

Source : NABIL, d'après les corpus de : BEAUDET 1951-1970, BERRIANE, 1970 et 1984 

Urbanisme. 

Population. 

Environnement. 

Hydrologie. 

Géo. régionale. 

Total : I 

13


Figure 1. Typologie des titres parus dans la RGM, 1952-1983 (% par discipline) 

Total : I 

Régionale 

Hydrologie 

Environnement 

Géol., géoph., océano. 

100 

Biogéogrphie, botanique 

Cartographie 

75 

Population 

Climatologie 

% 50 

Urbanisme 

Géomorphologie. 

25 

Economie 

Rurale 

0 

1952-57 

1957-62 

1962-67 

1967-72 

1972-77 

1976-83 

Source : NABIL, d'après les corpus de : BEAUDET, 1951-70, BERRIANE, 1970 et 1984. 

Figure 2. Typologie des titres parus dans la RGM, 1952-1983 (%/qt) 

T: II-2 

50 

% 

40 

1976-83 

1972-77 

30 

1967-72 

20 

1962-67 

10 

1957-62 

1952-57 

0 

Rurale 

Economie 


Urbanisme 

Climatologie 

Population 

Cartographie 



Environnement 

Hydrologie 

Régionale 

Source : NABIL, d'après les corpus de BEAUDET, 1951-70 et de BERRIANE, 1970 et 84. 

14


Figure 3. Typologie des titres parus dans la RGM, 1952-1983 (%/total global) 

% 

30 

25 

20 

15 

10 

5 

0 

Rurale 

Economie 


Urbanisme 

Climatologie 

Population 

Cartographie 


Source : NABIL, d'après les corpus de BEAUDET, 1951-1970, BERRIANE, 1970 et 1984. 

3.2 Après 1972, la géographie est arabisée et la recherche 

commence à émigrer 


Avec le départ des coopérants français, il a fallu recourir aux arabisants 

marocains, en promotion pour combler le vide, ou se tourner vers le Moyen 

Orient : Syriens, Egyptiens et Irakiens... Ce parachutage d’enseignants, sans 

affinités avec la culture du Maroc, généralement issus de l’école anglo-saxonne, 

n’était pas en mesure de stimuler ni l’enseignement ni la recherche. Le Maroc a 

connu une crise aiguë en matière d’enseignants surtout dans le supérieur. Il n’était 

donc pas question de privilégier la recherche. Ainsi, vers la fin des années 70, la 

ruée vers l’Europe, pour la préparation des diplômes universitaires, s’inscrit dans la 

même logique. Dans d'autres établissements marocains, certains Français sont 

restés, et des thèses de 3 e cycle ou d'Etat ont été soutenues pendant cette phase ; 

évoquons seulement celles de MARTIN & COUVREUR en 1977, en 

géomorphologie. Mais dès le début des années 80, la majorité des orientaux étaient 

déjà parti, et vers 1985, la plupart de ces postes étaient déjà saturés. 

Notons, au niveau des thèses soutenues à l’étranger sur le Maroc, 

l’apparition d’une première rupture. En effet, le 1 er quinquennat enregistre 3 % des 

thèses du corpus contre 0.2 % soutenues au Maroc. La période 1970-1985 

enregistre 32.5 % du corpus, contre 3.3 % soutenues à Rabat. Pendant cette 

période, la géographie humaine est passée au 1 er plan, avec 14.7 % des thèses du 

corpus, contre 8.7, 7.3 et 2.5 % successivement pour la géographie économique, la 

Environnement 

Hydrologie 

Régionale 

Total : I 

1952-57 

1962-67 

1957-62 

1972-77 

1967-72 

T: II-2 

1976-83 

15


géographie physique et la géographie globale. Et ainsi, la géomorphologie passe au 

2 e rang après l’urbanisme (4.7 contre 9.3 % respectivement) ; viennent ensuite la 

géographie rurale, la géographie agraire et le tourisme (Figure 3). 

L’épreuve était dure pour cette géographie qui se voulait nationale. Et on 

se demande s’il fallait arabiser subitement ! 

3.3 Réorganisation de l’enseignement supérieur 1975-1978 

L’inauguration et l’organisation de l’université Marocaine 20 commence 

avec le premier Statut des enseignants chercheurs et la création du Ministère de 

l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS, 1976). Il s’en 

suit la fondation des universités de Casablanca en 1974, Fès en 1975, Marrakech, 

Oujda, Meknès, Kenitra et Al Jadida (1978). 

Aussi on entame l’Arabisation des matières scientifiques à l’Université 

avec la création du Centre National de la Coordination et de la Planification de la 

Recherche Scientifique et Technique (CNCPRST), Rabat 21 (KLEICHE- 

DRAY, 2006). 

Figure 4. Thèses soutenues sur le Maroc, au Maroc et à l'étranger, 1956-2000 

100 

% 

80 

60 

40 

20 

0 

Monographie. Rég. 

Aménagement 

Développement. 

Biogéographie 

Hydrologie 

Climatologie 

Environnement 

Géomorphologie 

Tourisme 

Commerce 

Pêche 

Géo. Minière 

Energies 

Industrie 

Transport 

Autres A.E. 

Agraire 

Démographie 

Maldies 

Indéterminés 

Rurale 

Urbananisme 

Migration 

Total : I 

Au Maroc A l'étranger 

A l'étranger 

Au Maroc 

Source : NABIL, d'après le corpus d'AMYAY & AKDIM, 2000. 

20 Dahir portant loi n°1.75.102 du 13 Safar 1395 25 février 1975. 

21 Dahir du 5 août 1976. Ce CNCPRST n'entrera en activité qu'en 1981 sous la tutelle 

administrative du MESRS (KLEICHE-DRAY, 2006). 

16


3.4 A partir de 1980 : un début de nationalisation de la 

géographie 

De 1981 à 1986, on assiste aux Premières Assises de la Recherche 

Scientifique avec une vague de création d’Instituts et de Centres publics de 

recherche (R & D) 22 (KLEICHE-DRAY, 2006). 

3.4.1 Années 1980, phase de saturation, 1 ère réforme de 

l’enseignement supérieur 

3.4.1.1 L’enseignement supérieur 

La 1 ère réforme de l’enseignement supérieur du début des années 80 : 

Cette citation en témoigne :« La première étape de la réflexion sur le 

changement des programmes pédagogiques a connu son démarrage en 1983 avec 

l'idée de la mise en place des unités de valeurs … Pour se libérer du cadre de la 

loi de 1975 où tous les chapitres des programmes sont assignés et régis par dahir 

qui fixe tous les détails y compris ceux des paragraphes des contenus 

pédagogiques » (ANONYME, ND). 

Le 1 er flux de jeunes diplômés arrivant surtout de la France, avec une 

volonté pour moderniser le système pédagogique marocain, armés de nouvelles 

méthodologies et spécialités, a bouleversé l’université marocaine malgré l’esprit 

conservateur des structures en place. 

En 1987, une 2 e réforme à l’instar de celle des Facultés des Sciences et 

Techniques (FST), commence à se mettre en place avec l'esprit de la nouvelle 

approche pédagogique du système modulaire introduit. Son originalité réside dans 

le but de mettre en place les nouvelles institutions répondant aux objectifs d'une 

vision moderne et consistant en l'adaptation des formations aux besoins du marché 

par le biais des interconnexions avec les entreprises via un système de modules 

capitalisables une foi acquis et de filières à cursus diversifiés trônés de différents 

diplômes : DEUG, DEUT, MSS et MST. Les principes de base de la réforme 

actuelle ont ainsi été déjà débattus (ANONYME, ND). L’extension de cette 

expérience aux autres institutions a échouée. 

La période 1970-1997 a connu une prolifération d’établissements 

universitaires (Tableau 2). L’effectif d'étudiants croît au rythme exponentiel de 

15 %/an, passant à 100 000 en 1985, et à 200 000 étudiants en 1990 (KLEICHE- 

DRAY, 2006). 

22 Citons : l’Institut National de Recherche Agricole (INRA, 1982), l’Institut National 

d’Urbanisme et d’Aménagement du Territoire (1985), le Centre National de l’Energie, des 

Sciences et des Techniques Nucléaires (CNESTEN) (1986) et le Laboratoire de 

Géophysique au CNCPRST (1988). 

17


Pour une telle progression, ni les infrastructures, ni les effectifs 

d’enseignants-chercheurs ne suivent. On ne pourra oublier à Fès des cours fédérant 

les 3 branches de Droit, et le recours aux salles de la foire pour ces effectifs 

colossaux. Notons enfin le changement latéral de la tendance de la courbe des 

étudiants à partir de 1990 (Tableau 3). 

Figure 5. Croissance d’effectifs étudiants et enseignants-chercheurs 

Source : KLEICHE-DRAY, 2006 adapté. 

Avant 1990, s’est développé un rush vers les institutions technologiques au 

service du marché et se décalent de la recherche académique ; ce qui fait profiter 

les premiers du soutien financier. Après cette date, une réorientation de 

l’académique vers la professionnalisation (diplômes techniques, ou « Licences 

appliquées » dans les institutions classiques) va désavantager les sciences sociales 

peu compétitives dans ce domaine. Les Sciences de l’ingénierie n’ont été intégrées 

à l’université qu’à partir de 1990. 

Tableau 2. L’enseignement supérieur au Maroc/Université, 1996. 

Création Université, ville 

Etudiants Chercheurs 

Encadrement 

(10*3) (10*3) 

1974 Hassan II, Casa-Mohammadia 43,721 2,271 19,3 

1956 Mohamed V, Rabat 43,721 2,271 19,3 

1975 S. M. Ben Abdellah, Fès 34,788 1,078 32,3 

1978 

Cadi Ayad, Marrakech, Safi, 

B. Mellal, Er-Rachidia. 

32,684 1,269 25,8 

1978 My Ismaïl, Meknès 24,879 0,663 37,5 

1978 Mohamed 1 er , Oujda 19,535 0,587 33,3 

1982 A. Essaâdi, Tétouan, Tanger 13,133 0,575 22,8 

1985 Ibn Zohr, Agadir 12,59 0,466 27 

1978 Ibn Tofail, Kenitra 8,707 0,405 21,5 

1978 Ch. Doukkali, Al Jadida 8,374 0,438 19,1 

1985 Hassan 1 er , Settat 4,491 0,189 23,8 

1999 11 249,253 9,867 25,3 

Source : NABIL, d’après les données de KLEICHE-DRAY, 2006. 

18


Tableau 3. Etablissements de la Formation des Cadres au Maroc/Centres de 

Recherche, 1996. 

Etudiants Chercheurs Encadrement 

Etablissement Effectif % Effectif % % 

ENAR 395 5,2 13 0,5 30,4 

ESI 348 4,6 20 0,8 17,4 

ISCAE 889 11,7 56 2,3 15,9 

ISEM 128 1,7 20 0,8 6,4 

ENAM 397 5,2 74 3,1 5,4 

ENSEM 347 4,6 69 2,9 5 

IAV 1560 20,5 328 13,6 4,8 

ENFI 111 1,5 23 1 4,8 

ESITH 115 1,5 26 1,1 4,4 

EHTP 294 3,9 71 3 4,1 

INSEA 159 2,1 50 2,1 3,2 

40 EFC 7623 100 2405 100 3,2 

ENIM 258 3,4 83 3,5 3,1 

INPT 131 1,7 46 1,9 2,8 

Autres 1337 17,5 542 22,5 2,5 

ENS 1106 14,5 943 39,2 1,2 

ENA 48 0,6 41 1,7 1,2 


A ceci s’ajoute la mise en place du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) 

qui avait réduit le nombre de bourses attribuées aux étudiants de 3 e cycle surtout à 

l’étranger. Le PAS avait aussi entravé les recrutements, gelé les salaires et les 

promotions. Le salaire d’un maître-assistant ne dépassait pas 4000,00Dh (soit 

l’équivalent d’une bourse d’étudiant algérien à l’étranger pour les années 80 et 90). 

Malgré l’attribution de primes d’ « encadrement pédagogique » et de « recherche » 

en 1988, le salaire demeure extrêmement limité pour un chercheur, surtout 

comparé à des carrières en principe moins gradées (ingénieur, médecin) 23 . 

Nous déplorons le fait que les responsables avaient opté pour une 

formation particulière : la « formation des formateurs » (FF). Ces diplômés avec 

leur DEA avaient, d'office, un poste budgétaire de Maître-assistant auprès des 

Facultés. Ce qui va se répercuter sur le recrutement d’autres diplômés mieux 

formés. Du même coup, cela a porté préjudice à la recherche scientifique et au 

statut de chercheurs. Sous la pression du corps enseignant, un bref délai leur a été 

accordé pour soutenir leur thèse. Quelques-uns ont été ainsi dispensés, mais la 

majorité a soutenu, parfois même des travaux plats. Cette anomalie vient accentuer 

l’état critique du niveau académique de l’enseignant-chercheur, et a participé à une 

dévalorisation du statut du chercheur (Figure 6). 

23 Cette question sera débattue dans un deuxième temps (NABIL, 2015, b). 

19


Avec le retour des diplômés marocains de la France, l’enseignement de la 

géographie s’est développé par l’usage de nouvelles méthodes, telle la 

« géosystémique », et l’introduction de nouvelles spécialités comme la 

biogéographie, la climatologie et l’hydrologie dynamique... La gouvernance 

centralisée et conservatiste de l’enseignement supérieur, ne peut permettre 

l’épanouissement, et le climat universitaire demeure étouffant pour ces nouvelles 

tendances. 

Une 2 ème réforme a été entamée au début des années 90 : 

La réunion de Marrakech du 9/3/1991 avait pour but la présentation 

devant les chefs des départements de toutes les Facultés à polarisation de masse 

(Sciences, Lettres et Droit) des projets préparés par des commissions dites 

spécialisées de tous les champs disciplinaires. L’objectif étant de lancer un débat 

général sur cette réforme. Ainsi, à partir de 1992, de nombreuses facultés ont vu 

l'ouverture de formations spécialisées « licences appliquées ou professionnelles ». 

Celles-ci annonçaient une certaine autotomie du choix du type de formation, de la 

sélection des candidats, au niveau de l'évaluation des connaissances et au niveau de 

la qualification pour l'accession à l'emploi et des cursus et visaient l'ouverture sur 

le partenariat extérieur. 

Cette réforme n’avait pas un grand éclat, en l’absence de subventions 

suffisantes et de cadre structuré de formation, et surtout du cadre contractuel avec 

les sociétés en matière de stages de formation et de recrutement 24 , mais sa formule 

est encore en usage dans la dernière réforme (Figure 6). 

Figure 6. L’enseignement supérieur au Maroc en 1996 

Hassan 1er, Settat 

Ch. Doukkali, El Jadida 

Ibn Tofail, Kénitra 

Ibn Zohr, Agadir 

A. Saadi, Tétouan, T 

Mohamed 1er, Oujda 

My Ismaïl, Meknès 

C. Ayad, Ma, Sa, B M, Er. 

S M Ben Abdellah, Fès 

Mohamed V, Rabat 

Hassan II, Casa-M 

Chercheurs (10*2) 

Encadrement 

Etudiants (10*3) 

0 10 20 30 40 50 


24 Ceci concerne surtout les Facultés à polarisation de masse. 

20


3.4.1.2 L'organisation de la recherche 

Il a fallu attendre le début du 3 e millénaire pour que l’Etat se décide 

d’orienter la recherche. « L'organisation des recherches qui se développaient 

spontanément avec l'expansion du système éducatif, le dessin d'une politique 

nationale et sa mise en œuvre à la fois souple et suivie n'ont pas été de véritables 

priorités », surtout dans les sciences sociales ; celles-ci « n'appellent ni regard ni 

soutien de l'Etat » (KLEICHE-DRAY, 2006). 

Les thèses, elles, ce fil d’Ariane de la recherche, s’est vite rompu vers 

1985 avec le « nouveau régime de doctorat », qui a mis fin à la thèse d’Etat en 

France, alors que peu de Marocains encore avaient ce diplôme et étaient, par 

conséquent, habilités à encadrer les recherches. Une solution a été trouvée dans 

l’ouverture sur d’autres pays. 

Une 2 e rupture apparaît après 1980. Le 1 er quinquennat des années 80 a 

enregistré le maximum de la courbe (21.8 %). Cette période (1985-2000), plus 

fertile, accapare 65.9 % des thèses du corpus, contre 15 % soutenues au Maroc. La 

géographie physique, qui était au 3 e rang, prend le devant (25.8 % contre 22.7 et 

16.1 % respectivement pour la géographie humaine et économique). La 

géomorphologie a retenu son avance (15.2 %), suivi cette fois de l’urbanisme 

(11.8 %) (Figure s 10 et 11). 

La RGM marque une 2 e rupture en 1986 en réduisant le volume et le 

format (seuls les numéros doubles sont volumineux). Aussi, dès le début des 

années 90, les universités étrangères assimilant études et migrations avaient 

presque fermé leurs portes aux inscriptions des étrangers avec une barrière de 

conditions quasi-infranchissables. 

L’on peut se demander après cette satisfaction des besoins en enseignants 

si la volonté affichée d’avoir de la recherche est fondée. La situation en 

dégradation de l’enseignement, le taux fort élevé de diplômés-chômeurs et les 

restrictions sur l’inscription en thèse au Maroc comme à l’étranger défavorisent ce 

choix 25 . Nous pouvons affirmer, à présent, qu’on a des géographes marocains, 

mais, a-t-on vraiment une géographie nationalisée ? Cette recherche, de marocains, 

est née en émigration, et nécessite un effort de rapatriement pour se naturaliser 

marocaine, en attendant la naissance d’une génération de recherches plus 

autochtones. 

25 S'agit-il de recommandations de la Banque mondiale ? 

21


Figure 7. Thèses sur le Maroc soutenues à l'étranger 1956-2000 (%/discipline) 

100 

90 

1956-60 

1961-65 

1966-70 

1971-75 

1976-80 

1981-85 

1986-90 

1991-95 

1996-2000 

indéter. 

Monographie Rég. 

Aménagement 



Climatologie 

Hydrologie 


Environnement 

Agraire 

Tourisme 

Industrie 

Commerce 

Transport 

Pêche 

Minière 

Energies 

Autres A.E. 

Urbanisme 

Ruralisme 

Migration 

Démographie 

Maldies 

Indéterminé 

Total : I 

Source : NABIL, d'après le corpus D'AMYAY & AKDIM, 2000. 

Figure 8. Thèses soutenues sur le Maroc à Rabat 1956-2000 (en %)° 

80 

70 

60 

50 

40 

30 

20 

10 

0 

1956-60 

1966-70 

1976-80 

1986-90 

1996-2000 

45 

40 

35 

30 

25 

20 

15 

10 

% 

ST : II-2 


Aménagement 



Climatologie 

Hydrologie 


Environnement 

Agraire 

Tourisme 

Industrie 

Commerce 

Transport 

Pêche 

Minière 

Energies 

Autres A.E. 

Urbanisme 

Ruralisme 

Migration 

Démographie 

Maldies 

Indéterminé 

Total : I 

5 

0 


22


3.4.1.3 Les thèses en géographie, une répartition spatiale déséquilibrée 

Nous avions retenu deux niveaux d’échelle spatiale : le Rif et la région 

Tanger-Tétouan 26 . 

Les travaux concernant la région Tanger-Tétouan ne représentent que 

5.1 % du corpus des thèses, contre 12 % pour les travaux réalisés à l’échelle du Rif 

en général et 10.3 % pour ceux réservés à tout le territoire national. 

Selon les grandes options géographiques en péninsule tingitane, la 

géographie économique et humaine réalisent un taux de 1.7 %, laissant la 2 e place à 

la géographie physique. Par contre, à l’échelle du territoire national, la géographie 

économique préside (4.4 % contre 3.5 pour la géographie humaine). Or, dans le 

Rif, c’est la géographie physique qui prend le devant (5.5 % du corpus), secondant 

la géographie humaine, et c’est cette tendance que reflète la totalité du corpus des 

thèses (Figure 9). 

Figure 9. Thèses soutenues sur le Nord du Maroc 1956-2000 (en %) 

% 100 

80 

60 

40 

20 

0 

Aménagement 



Biogéographie. 

Hydrologie 

Environnement 


Climatologie 

Commerce 

Agraire 

Autres A.E. 

Industrie 

Tourisme 

Transport 

Pêche 

Minière 

Energies 


Migration 

Démographie 

Ruralisme 

Urbanisme 

Maldies 

Total : I 

Reste du Maroc 

Reste du Rif 

Tanger-Tétouan. 


Au sein de ces options, si les thèses sur la géographie du tourisme et la 

géographie urbaine secondent la géomorphologie dans la région Tanger-Tétouan, 

celle-ci occupe la 1 ere place, suivie de l’urbanisme, de la monographie régionale et 

de la géographie agraire pour le reste du Rif. A l’échelle du territoire national, les 

études rurales ont la priorité, devant la géographie du transport, la géographie 

26 Il n’est pas facile de choisir une échelle spatiale ni de ventiler les recherches sur celle-ci. 

Les deux échelles choisies nous paraissent pertinentes relativement favorisées et servaient 

de cadre à nos recherches. 

23


agraire et la climatologie. Enfin pour le total du corpus, c’est d’abord l’urbanisme 

qui prime, puis la géomorphologie. Si l’hypothèse de départ sur l’adéquation de 

chaque échelle à une catégorie de spécialités (dont l’option technologique ou 

méthodologique dicte un zoom déterminé) est vérifiée en partie, il demeure que 

l’impact de l’héritage et des conditions du chercheur sont loin d’être négligeables. 

Figure 10. Thèses soutenues sur le Nord Maroc 1956-2000 (en %/qt et discipline) 

% 

50 

40 

30 

20 

10 

0 

Total : I 


Maldies 

Démographie 

Migration 

Ruralisme 

Urbanisme 

Autres A.E. 

Energies 

Minière 

Pêche 

Transport 

Commerce 

Industrie 

Tourisme 

Agraire 

Environnement 

Biogéographie. 

Hydrologie 

Climatologie 



Aménagement 


1956-60 

1961-70 

1971-80 

1981-90 

1991-00 

1956-60 

1961-70 

1971-80 

1981-90 

1991-00 

1956-60 

1961-70 

1971-80 

1981-90 

1991-00 

Indéterminé 

R. Tanger- 

Tétouan. 

Reste du Rif 

Reste du Maroc 


(Remarque : les valeurs, 100 %, sont amputées pour la lisibilité du document). 

Par ailleurs, la région Tanger-Tétouan souffre de la quasi-absence de 

thèses dans le domaine de l’agriculture, des activités commerciales, des migrations, 

24


de démographie, de l’environnement et de carences aiguës à propos de la 

biogéographie et de la géomorphologie. 

Le fait que moins du cinquième du corpus des thèses soit soutenu à Rabat 

(18.6 %) confirme cette logique. Non seulement la géomorphologie est la seule 

discipline à avoir franchi le seuil de 15 %, mais aussi, soulignons que la 

biogéographie, le tourisme, le commerce, l’halieutique et la démographie n’ont eu 

aucune présence parmi les thèses soutenues au Maroc et cela trouvera explication 

dans le commentaire historique ci-après (échelle temporelle). 

3.4.1.4 Les publications en RGM, une répartition temporelle 

déséquilibrée 

Pourcentage par quinquennat (qt) (Figures 11 et 12) : 

Durant le 1 e quinquennat (1957-1960) la priorité a été donnée à l’hydrologie 

(33.5 %), et curieusement les disciplines : géomorphologie, biogéographie, 

géographie économique et géologie se répartissaient équitablement le reste 

des titres publiés. 

Figure 11. Publications parues dans la RGM sur le Nord du Maroc 1957-75 

(%/discipline) 

Sources : NABIL, d'après le recueil de NAOUI, inédit. 

Durant le 2 e quinquennat (1961-1965), la géomorphologie prend le devant 

avec 43 % des titres et la disparition des disciplines précédentes au profit de 

la géographie rurale et de la démographie. La géographie sociale demeure 

timide. 

25


Le 3 e quinquennat (1966-1970) revalorise encore mieux la géomorphologie 

(50 % des publications) ; la géographie rurale, la géographie régionale et la 

pédologie se partagent le reste. 

Le 4 e quinquennat (1971-1975) avait réduit la part de la géomorphologie à 

25 % l’égalisant avec la géographie rurale et avantageant la géographie 

régionale, la biogéographie, la climatologie et la géologie. 

Figure 12. Publications parues dans la RGM sur le Nord du Maroc 1957-75 

(%/T corpus) 

% 

50 

40 

30 

T : II 

20 

10 

0 


Ruralisme 

Monog. Régionale 


Hydrologie 

Climatologie 

Pédologie 

Economie 

Démographie 

Géologie 

Sociologie 

T.I 

1971-76 

1966-71 

1961-66 

1957-61 

Sources : NABIL, d'après le corpus de NAOUI, inédit. 

Cette évolution perturbée reflète le fait que la géographie était à la 

recherche d’une identité perdue et d’équilibre rompu. 

L’absence de revues géographiques régionales confirme encore le maintien 

de ce monopole de Rabat de plus en plus contesté, à tel point que l’Association 

nationale de Géographes marocains (ANAGEM) demeure sans moyens. Elle est 

même concurrencée par la création à Fès en 2000 de l’Union des Géographes 

marocains (UNIGEM) qui a organisé 2 ou 3 manifestations, dont le 8 ème colloque de 

géographie maghrébine et édite une revue, « Espaces maghrébins », sont parus 

entre 2002 et 2009, 4 numéros dont 3 doubles. 

26


Au niveau régional, d’autres associations ont vu le jour telle l’Association 

Forum du Nord du Maroc en 1998 27 . 

3.4.2 Recherche bloquée en France, elle opte pour d’autres 

destinations (1990-2000) 

La « thèse nationale » (Régime Français) avait déréglé le système de 

thèse au Maroc et les chercheurs, évitant la France, partent en Belgique, Canada et 

Espagne pour le Ph.D. 

L’école de géomorphologie de Rabat, en pénurie en matière de 

spécialités, ne peut drainer que peu de chercheurs en quête d’encadrement pour la 

thèse d’Etat. Hors de la capitale, les encadrants, même pour la thèse de 3 e cycle, 

demeurent très limités, sinon catégoriquement absents. 

Le début des années 90 a permis des inscriptions dans des universités 

marocaines, même avec des étrangers ; ce qui a donné une nouvelle bouffée d’air à 

la continuité de la recherche qui demeure émigrée. Mais vite cet apaisement 

s’étouffe ; l’encadrement est régulé par l’accréditation centralisée. A la fin de la 

décennie, on a opté pour l’abandon de la thèse d’Etat, le contexte européen oblige. 

Et une phase de transition a été fixée, mais va être dérogée à maintes reprises. 

Toutes ces perturbations ne pourraient favoriser la recherche, ni au niveau 

quantitatif ni qualitatif. Et jusqu’en 2000, aucune soutenance en géographie dans 

tout le Maroc n’a eu lieu hors de Rabat. D’ailleurs, même à Rabat, une seule thèse 

d’Etat a été soutenue (en 1993). En l’an 2000, au Maroc, encore un grand nombre 

de départements de géographie n’ont aucun Docteur d’Etat, on a recouru à 

l’encadrement de Français principalement. 

Pour cette période, l’émigration de la « géographie marocaine » est 

devenue plus éparpillée tout en étant plus spécialisée. 

Au niveau de la recherche centralisée, des institutions, telles l’Institut 

Scientifique 28 et l’INRA créés respectivement en 1920 et 1960, assurent la majorité 

des besoins de la recherche en matière d’aménagement, ainsi l’université est plutôt 

orientée vers la pédagogie et l’enseignement ! 

Là aussi la concurrence n’est pas exclue. Ainsi, le Comité national de 

Géographie du Maroc (CNGM), créé par Dahir du 14-11-1959, hébergé par 

l’Institut Scientifique 29 qui lui offrait support administratif, personnel, laboratoire 

de cartographie et une partie du financement, avait publié l’Atlas du Maroc. Ses 

27 Avec un esprit interdisciplinaire, elle entama l’édition de sa revue en 2005 et une version 

électronique en 2009. Et pour mettre en valeur sa renommée et la qualité de ses 

publications, elle a été indexée dès 2012. 

28 Ces institutions abritaient aussi des géographes tels : EL GHARBAOUI & EL FELLAH 

à l'Institut scientifique avec le laboratoire de géomorphologie, NACIRI, PASCON... 

29 En a été éjecté au début des années 70. 

27


activités, relancées plus tard, visait confectionner des cartes de l’Atlas qu’il devait 

adapter à l’unité du Maroc (avec l’annexion du Sahara). Mais en 1993, un Comité 

national de la Cartographie, présidé par le Ministre de l’Agriculture, fut créé, et 

devient concurrent (BERRIANE, 2007). 

Conclusion 

La décentralisation n’a pas été bien assurée par l’inauguration d’autres 

universités au début des années 80 ; Celles-ci demeurent marginalisées au niveau 

des moyens, comme de celui des participations aux projets d’aménagement en 

coopération avec d’autres pays (et organismes). 

4 Gestion de crise de l’Enseignement supérieur et de la 

recherche au Maroc 

4.1 L’enseignement supérieur, un constat négatif 

L’enseignement en général, fondant la recherche, nécessite grand intérêt. 

Les initiatives d’enseignement au secondaire visent : la réforme des curricula, le 

renouvellement des programmes et des manuels scolaires sur la base du Livre 

Blanc (2002), et l’option pédagogique de l’ « Approche par compétences ». Ces 

mesures n’ont pas produit d’amélioration visible sur les processus d’enseignement 

et d’apprentissage (TAWIL & AL, 2010). Le résultat a été même jugé négatif 

comme le témoigne le rapport de l’UNESCO, qui en a résumé ainsi les principales 

défaillances : « d’autres problèmes persistent ou s’aggravent. En témoignent : les 

taux élevés de déperditions, les redoublements à tous les niveaux, les faibles 

niveaux des acquis des apprentissages de base, ou encore l’inadéquation entre le 

profil des sortants du système et les besoins du marché du travail ». 

4.2 Politique de gestion de la crise, assistée d’organisations 

internationales 

Sans oublier les procédures ségrégatives du protectorat, le lancement « de 

l’enseignement pour tous » des années 1960 fut malheureusement suivi de la 

déscolarisation des années 1980 avec le PAS. Ces constats semblent pointer une 

crise sérieuse de la qualité de l’éducation à deux niveaux : 

L’« Elargissement de l’accès à l’enseignement obligatoire » après 1997 

s’est fait aux dépens de la qualité ; constat établi dès la fin des années 90 ; celle-ci 

entraine une double crise liée aux effectifs scolarisés, puis celle de la qualité de 

l’éducation (TAWIL & AL., 2010). 

La politique « Enseignement obligatoire », repose rarement sur la 

conviction des intéressés. On force les paysans à envoyer leurs enfants aux écoles 

sans aucun horizon ni aboutissement, et dans des conditions de scolarité 

lamentables surtout en milieu rural. 

28


Pour provoquer la réussite de ce système appuyé pour ne pas dire 

sponsorisé des institutions internationales, on intervient sur le système 

d’évaluation. Ceci en appliquant un quota de réussite, quitte à gonfler les notes et 

tolérant la fraude etc. Ce qui a entrainé une chute grave de niveau de 

l’enseignement supérieur et porté atteinte à la recherche. 

Le système scolaire public d’avant les années 90 a pu, malgré 

l’insuffisance des moyens, persister grâce au nationalisme et à la bonne volonté des 

parties prenantes avisées de la ségrégation protectorale. Des aperçus sur l’échec des 

années 80, ont été donnés pour le Moyen-Atlas (NABIL, 1985) 30 . Dans le Rif 

durant les années 90, nous avions encadré un nombre de mémoires de licence, à 

base d’enquête ménage mettant en exergue l’aspect scolarité. 

Le vrai problème consiste dans le fait qu’il est devenu difficile pour ne pas 

dire impossible de rétablir la confiance et la crédibilité du système éducatif. 

4.3 Des évaluations tardives et quasi-inutiles 

Alerté par la crise, l’Etat entama la politique de diagnostics après l’année 

2000. Citons en quelques contraintes majeures : élargissement de la pauvreté 

surtout après 1980 en milieu montagnard, éloignement des écoles, infrastructures 

défaillantes et en régression, qualité de formation rétrograde malgré les progrès 

technologiques, demande de masse, déficit de la formation initiale et dévalorisation 

du statut des enseignants, système d’inspection et d’évaluation répressif, peu 

performant et rarement encourageant. 

« Si l’on constate une baisse régulière du taux d’analphabétisme chez les 

adultes au cours des années passées, le nombre absolu d’adultes incapables de lire 

ou d’écrire dans une langue a augmenté jusqu’au début des années 2000. Cette 

reproduction de l’analphabétisme témoigne essentiellement de l’échec de 

l’enseignement obligatoire qui s’est montré incapable d’assurer une éducation de 

qualité universelle pour tous » (TAWIL & AL., 2010). Et pour camoufler ces 

échecs, la responsabilité est, généralement, sur le compte de l’enseignant. 

Une série d’évaluations internationales, nationales et régionales, permettent 

d’établir un bilan global du système d’éducation et de formation au Maroc et 

devaient avoir lieu avant 1999 pour préparer l’actuelle réforme : 

Au Maroc : 

Des résultats de Trends in International Mathematics and Sciences Study 

(TIMSS, 2003 et 2007) ; 

Le bilan à mi-parcours de la réforme (MEN, 2006) ; 

Le Rapport sur le développement humain (2006) ; 

L’enquête sur l’analphabétisme, la non scolarisation et la déscolarisation 

(SECAENF 2006) ; 

30 Pour ne citer ici que les travaux réalisés avant l’an 2000. 

29


Le Bilan à mi-parcours de l’EPT au Maroc (MEN 2007) ; 

Du bilan de l’éducation dans le monde arabe de la Banque mondiale (2007) ; 

Du 1 er rapport annuel de l’éducation du Conseil Supérieur de l’Enseignement 

(CSE, 2008) ; 

Education au Maghreb : Tendances, défis et perspectives (UNESCO, 2010) ; 

Etat et perspectives du système d’éducation et de formation (Conseil 

Supérieur de l’Enseignement 2008) (TAWIL & ALAMA, 2010) ; 

Cadre zonal ; 

De la revue à mi-parcours de l’Education pour tous dans le monde arabe 

(UNESCO 2008) ; 

The Road not Travelled : Education Reform in the Middle East and North 

Africa (BANQUE MONDIALE 2008) ; 

Du bilan du développement de l’éducation au Maghreb (UNESCO 2008) ; 

De Progress in International Reading Literacy Study (PIRLS, 2006). 

Parmi les résultats, on peut retenir que : « les analyses pointent des 

défaillances sérieuses quant à la performance du système. La gravité de ces 

défaillances se traduit non seulement par la non-réalisation de certains objectifs 

…, mais également par la tendance au recul de certains indicateurs » (TAWIL & 

AL., 2010). Constat normalement prévisible pour les institutions nationales comme 

internationales ! 

Sauf pour les licences appliquées entamées en 1990, pour qui il s’agissait 

d’évaluation à posteriori, succédant à une pré-évaluation, à notre sens, ces 

évaluations n’avaient plus de sens, sachant que les hautes instances internationales 

ont déjà soufflé à l’Etat un programme de réforme type Bologne. Les diagnostics 

sont trop nombreux, très tardifs et ne visent à tirer aucune leçon des expériences 

précédentes. Le but principal étant de dénigrer l’ancien système. A notre sens, cela 

nécessite une évolution en processus dont les conséquences doivent être plus sures 

et plus pertinentes. Procès à contumace, il a fallu à tout prix convaincre 

l’opposition et le public pour participer à la réussite de la réforme. Autrement les 

évaluations n’ont jamais été assez franches et négatives. Sans défendre le système 

classique, nous témoignons de l’invalidité du verdict injuste prononcé à son égard. 

5 Ressources de l’Enseignement supérieur 

5.1 Ressources humaines 

Des discontinuités dans les effectifs d’étudiants dans différents spécialités 

sont désormais constatées. Nous évoluons à plusieurs vitesses : rapide dans le cas 

notamment des Facultés des Sciences Humaines et Sociales, qui restent alors 

stagnantes dans les ENS (Figure 13). 

30

Fac. S H S 

Fac. SEN 

Fac. S Médicales 

E S de l’ingénieur 

Fac. de Technologie 

Total 

EFCFT 

EFCSH 

ENS EFE 

Total 


Figure 13. Evolution des effectifs d’établissements d’enseignement supérieur et de 

recherche 

80 

60 

40 

20 

0 

1956 

1956 

1975 

1985 

1995 

2002 

E ESR 

EFC 


Légende : 

EFC = Etablissements de Formation de Cadres, 

EFCFT = Etablissements de Formation de Cadres, Facultés de Technologie, 

EFCSH = Etablissements de Formation de Cadres et Science Humaines, 

ENSEFE =ENS Ecoles de Formation des Enseignants, 

ESRS = Etablissements d’Enseignement supérieur et de Recherche, 

SEN = Sciences Exactes et Naturelles, 

SHS = Sciences Humaines et sociales. 

Le secteur privé n’a vraiment démarré qu’avec le PAS (Figure 15). 

Certaines spécialités comme la médecine ont vu leur effectif rétrograder. 

L’approche par spécialité révèle une disparité énorme en en termes 

d’effectifs d’étudiants voire en 5 classes, selon les « priorités » de l’Etat : La classe 

« Sc. Juridiques Economiques et Sociales, Lettres et sciences humaines », à 

polarisation ouverte est, généralement, la plus défavorisée de toutes les disciplines 

et à tous les niveaux (Tableau 4). 

Les priorités de la politique engendrent une dynamique rapide et une forte 

distorsion dans l’évolution du taux d’encadrement (Tableau 5 et Figure 17). 

31

C Rech. Publics 

C Rech. autonomes 

Fac de Technologie 

S Médicales 

S Humaines et Sociales 

S Exactes et Naturelles 

Fac. Technologie 

C Recherche 


Figure 14. Evolution des effectifs et nature des établissements d’enseignement 

supérieur et de recherche au Maroc 

16 

14 

12 

10 

8 

6 

4 

2 

0 

1995 

1975 

1939 

1914 

Public 


Tableau 4. Effectifs d’étudiants et d’enseignants, par domaine, aux établissements 

marocains d’enseignement supérieur et de recherche 

1998-1999 2003-2004 

Domaine Etudiants Enseignants Etudiants Enseignants 

Sc. Juridiques Economiques et 

110055 

Sociales 

1007 115278 1191 

Lettres et sciences humaines 69044 2300 92548 2383 

Sciences 42703 3259 38956 3313 

Sc. et techniques 6732 1013 7610 1026 

Médecine-Pharmacie 6521 1027 6942 1120 

Enseignement originel 7132 130 6075 129 

Sc.de l’ingénierie 1928 316 3357 406 

Technologie 2241 349 3026 369 

Commerce et gestion 1558 93 2029 103 

Médecine dentaire 959 67 1035 88 

Sc. de l’éducation 314 112 499 105 

Traduction 66 10 73 16 

Total 249253 9683 277428 10249 

Source : NABIL d’après les données de KLEICHE-DRAY, 2006. 

32 

Privé 

1914 

1920 

1939 

1956 

1975 

1985 

1995 

2002


Tableau 5. Evolution d’encadrement, par domaine, aux établissements marocains 

ESR 

Domaine Etudiants Enseignants Encadrement 

(étudiants/ense 

Evolution 

encadrement 

ignants) 

1998- 2003- 1998- 2003- 1998- 2003- 2003-1998 

1999 2004 1999 2004 1999 2004 

Lettres SH 69044 92548 2300 2383 30 38,8 8,8 

Commerce Gestion 1558 2029 93 103 16,8 19,7 2,9 

Sc. Ingénierie 1928 3357 316 406 6,1 8,3 2,2 

Sc. de l’éducation 314 499 112 105 2,8 4,8 1,9 

Technologie 2241 3026 349 369 6,4 8,2 1,8 

Sc. Techniques 6732 7610 1013 1026 6,6 7,4 0,8 

Médecine-Pharmacie 6521 6942 1027 1120 6,3 6,2 -0,2 

Sciences 42703 38956 3259 3313 13,1 11,8 -1,3 

Traduction 66 73 10 16 6,6 4,6 -2 

Médecine Dentaire 959 1035 67 88 14,3 11,8 -2,6 

Enseignement. 7132 6075 130 129 54,9 47,1 -7,8 

originel 

Sc. Juridiques ES 110055 115278 1007 1191 109,3 96,8 -12,5 

Total 249253 277428 9683 10249 25,7 27,1 1,3 

Source : NABIL d’après les données de KLEICHE-DRAY, 2006 

Figure 15. Evolution d’encadrement par domaine aux établissements marocains 

ESR 1998-2003 

Sc. Juridiques ES 

Ens. originel 

Médecine D 

Traduction 

Sciences 

Médecine-Ph 

Sc. Techniques 

Technologie 

Sc. de l’éducation 

Sc. Ingénieur 

Commerce G 

Lettres SH 

-15 -10 -5 0 5 10 


On enregistre d’autres disparités énormes en effectifs d’étudiants comme 

en taux d’encadrement par université. Certaines spécialités sont boudées (cas des 

sciences originelles). Cela n’est pas propre aux universités de marges, et même les 

universités des cités impériales n’ont pas pu éviter cette submersion ! 

33


L’évolution de l’encadrement au Maroc par université met en relief 

d’autres disparités en effectifs d’étudiants et par conséquent du taux d’encadrement 

par université ; ce qui confirme le fait que la politique de l’Etat n’est pas orientée 

pour rétablir l’équilibre et corriger ces disparités. Certaines universités n’arrivent 

pas à garder leur dynamisme de polarisation. Elles passent d’un classement 

avantageux à un classement désavantageux d’une période à l’autre. Si l’on 

comptabilise les disparités par discipline, la situation est alors davantage 

déstabilisée (Tableau 4 et Figure 19). 

Les statistiques, même antérieures à 2004, confirment ce que les diagnostics 

ont reflété en matière de régression. Toutes ces disqualifications confirment, du 

moins, d’après les indicateurs analysés, le fait que la politique de décentralisation, 

est encore au stade immature, et que les efforts engagés ne sont pas suffisants pour 

inverser la tendance des courbes. La situation s’est bien empirée à en croire les 

échos sur certaines universités telles Agadir, Fès et Taza. Partout, l’encadrement 

n’évolue pas au même rythme que celui de l’effectif des étudiants. 

Tableau 6. L’évolution de l’encadrement au Maroc par université 

Encadrement 

Universités 1998-1999 2003-2004 1998-2004 

Ibn Zohr, Agadir 25,9 46,2 20,3 

Abdelmalek Essaâdi, Tétouan 21,1 28,4 7,3 

Med I, Oujda 33,3 40,1 6,8 

Hassan I, Settat 23,8 27,8 4,1 

Hassan II, Mohammedia 24,7 28,3 3,6 

Ibn Tofail, Kenitra 21,5 23,9 2,4 

Med V Souissi, Rabat 14,3 16,5 2,2 

Kadi Ayyad, Marrakech 25,7 26,5 0,8 

Sidi Med Ben Abdellah, Fès 30,1 30,3 0,2 

Chouaib Doukkali, Al Jadida 19,1 17,6 -1,5 

Med V Agdal, Rabat 23,4 20,1 -3,4 

Hassan II Ain Chok, Casa 23,9 20,3 -3,6 

My Ismaïl, Meknès 37,5 33,6 -3,9 

Quaraouyine, Fès 54,9 47,1 -7,8 

Total 25,3 26,6 1,4 


34


Figure 16. L’état d’encadrement au Maroc, par universités, en 2004 

Hassan 1er, Settat Chercheurs (10*2) 

Encadrement 

Etudiants (10*3) 

Ch. Doukkali, El Jadida 

Ibn Tofail, Kénitra 

Ibn Zohr, Agadir 

A. Saadi, Tétouan, T 

Mohamed 1er, Oujda 

My Ismaïl, Meknès 

C. Ayad, Ma, Sa, B M, Er. 

S M Ben Abdellah, Fès 

Mohamed V, Rabat 

Hassan II, Casa-M 

0 10 20 30 40 50 


5.2 Infrastructures et ressources financières 

5.2.1 Infrastructures 

Des efforts ont été déployés pour une répartition spatiale convenable. Les 

effectifs n’indiquent pas grand-chose, les ENS ont resté longtemps vacantes, faute 

de postes budgétaires et de litige sur leur affiliation (Tableau 7). 

Tableau 7. Etablissements d’ESR au Maroc (2004-2005) 

2004-2005 Effectifs 

Universités 15 

Villes 18 

Etablissements universitaires 83 

Instituts universitaires de recherche 4 

Etablissements de formation des cadres 56 

Etablissements publics de recherche affiliés aux Ministères 15 

5.2.2 Financement de la recherche universitaire 

Le budget de la Recherche est discuté au Parlement, séparément du budget 

de l’Education, et un des Conseillers du Roi, est chargé de suivre en continu les 

initiatives en la matière (KLEICHE-DRAY, 2006). Le budget de l’enseignement 

n’est pas en concordance totale avec celui de l’Etat surtout pour 2004-2005. Cette 

augmentation après 2000 ne s’explique pas par l’engagement d’une réforme de 

l’Enseignement Supérieur comme on peut s’y attendre ; il n’est même pas 

proportionnel au budget de l’Etat pour l’année 2004. Le budget de la recherche a 

35


demeuré stagnant entre 1998 et 2004, même avec le départ de la nouvelle réforme 

(Figure 21 et Tableau 8). 

Figure 17. Budget de l’Enseignement Supérieur Universitaire au Maroc (M Dh) 

Source : NABIL, d’après les données in KLEICHE-DRAY, 2006. 

(Echelle du budget de l’Etat à droite) 

Tableau 8. Budget de fonctionnement du MESFCRS 

Rubriques 1998-1999 % 1999-2000 % 2003-2004 

Salaire du personnel 1907,27 64,98 2141,50 67,25 2883,43 

Bourses 556,85 18,97 541,85 17,02 428,00 

Subvention de fonctionnement 426,02 14,51 456,15 14,33 ? 

Recherche scientifique 45,00 1,53 45,00 1,41 45,10 

Total 2935,14 3184,5 4287,00 

Source : KLEICHE-DRAY, 2006. 

Notons le recul des rubriques au profit des salaires du personnel sans que 

celui-ci progresse à rythme normal, on s’attendait à une certaine croissance à 

l’amorce de la nouvelle réforme. 

36


Figure 18 Budget de fonctionnement du MESFCRS 

3000 

2000 

1000 

0 

2003-2004 

1998-1999 

Source : NABIL, d’après les données citées in KLEICHE-DRAY, 2006. 

Récapitulons : 

Nous regrettons l’exemption des chercheurs à exercer l’encadrement de 

recherches en master et doctorat durant plus de 20 ans. Les chercheurs diplômés du 

doctorat de 3 e cycle comme de doctorat national n’avaient droit d’encadrer la 

recherche ni de Master, ni de thèse ; leur promotion se faisait selon un long 

processus nécessitant près de 20 ans pour grimper l’échelle d’avancement en 

grade 31 . 

Ce n’est qu’en 2001 que les textes régissant l’habilitation ont vu le jour 32 . 

Ce Décret 33 , explicite les conditions de candidature et de formulation de dossier. 

Ainsi faut-il attendre que l’institution délivre le doctorat, pour y avoir droit, comme 

le stipule l’article 2 de ce décret. Ainsi durant plus de 20 ans, les chercheurs ont été 

exemptés de l’encadrement de la recherche, comme d’une promotion méritée pour 

améliorer leurs conditions de vie, pendant qu’on parlait de la « Promotion de 

31 Chaque ministère a son propre système de promotion de ses employés et c’est un bon 

moyen pour le favoritisme et la balkanisation. L’enseignant chercheur ne pouvait atteindre 

l’échelon C qu’à la fin de sa carrière. 

32 Décret N° 2 . 333.10 du 2 Rabia 2 1422 /4/juillet/2001, modifiant et complétant le décret 

N° 99.2 . 497 du 11 Choual 1417/19-février/1997, concernant les conditions relatives à 

l’organisation de l’habilitation, BO 4920 (2001). 

33 Ces conditions sont post-fixées, donc ne tenant pas compte des conditions du chercheur. 

Entre autres, on a cité l’encadrement du Master (auquel le chercheur non habilité n’avait 

pas droit, sauf exception). 

37


chercheurs et de la recherche ». Et toute une génération de chercheurs a été spoliée 

(soient les efforts du Maroc de 1960 à 2001). Avec un tel blocage du chercheur et 

de la recherche, comment ose-t-on faire le procès du chercheur et le juger sur sa 

production scientifique ? 

En tout cas, cette ouverture, complétant celle de la soutenance d’un nombre 

de thèses d’Etat a décongestionné momentanément l’encadrement de la recherche 

au Maroc. Ces docteurs d’Etat, peuvent opter pour l’organisation des formations en 

DESA, puis de Master et de Doctorat. Les professeurs habilités ou non peuvent 

participer à ces formations devenues collégiales. 

Conclusion 

On peut tout de même dire que le recul de la géographie, retrace 

manifestement les vicissitudes d’une dure épreuve non seulement durant le 

protectorat mais aussi après l’indépendance. La géographie marocaine avait du mal 

à retrouver son identité vu les politiques adaptées et les blocages de la recherche 

scientifique. 

La précarité demeurait maitresse de la situation après l’indépendance. 

Une politique de gestion de crise ne pouvait fonder ni l’enseignement, ni la 

recherche, à défaut de cadres compétents pour entamer la relève. Contrainte à une 

dépendance, l’expérience du Maroc a ainsi cumulé échec et indignation. Jusqu’à 

l’an 2000, on ne voyait pas encore le bout du tunnel. 

Nous ne voulons pas nous étendre sur cette conclusion, car nous 

continuons notre dissertation sur les réformes de 1997 et surtout celle de 2003 

(NABIL, 2015 b et c). 

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