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ANALYSES ET PERSPECTIVES<br />
Les défis et opportunités de<br />
l’activité croisières en région PACA<br />
et en méditerranée<br />
Mercredi 25 Novembre • Marseille • Villa Méditerranée<br />
Table ronde 1 : les enjeux d’accueil des navires et des passagers (suite)<br />
Stéphane COPPEY :<br />
On est bien dans le domaine de la concurrence,<br />
les organisations officielles sont entièrement<br />
libres de commercialiser et le font très bien<br />
d’ailleurs, puisque c’est leur source de revenus,<br />
d’un autre côté il n’y a pas de raison d’empêcher<br />
l’intervention d’autres acteurs...<br />
Franck DOSNE :<br />
Vous avez raison, mais, à travers l’exemple<br />
de Villefranche, nous avons pris conscience<br />
de l’importance pour nous de réguler le trafic,<br />
justement par des zones tampons dans lesquelles<br />
on stationne les bus pour faire descendre les<br />
personnes sans qu’il y ait d’encombrement dans<br />
la ville, pour que ce soit une vraie expérience<br />
réussie pour les croisiéristes qui doivent monter<br />
à bord de ces bus. Ce n’est pas du tout simple,<br />
on revient sur l’ambiguïté à la fois de traiter<br />
notre client armateur, c’est à lui qu’on doit cette<br />
prestation d’accueil du navire et de gestion du<br />
navire. Mais pour autant, on se doit aussi de<br />
traiter les attentes des passagers qui sont à bord<br />
du bateau, qui n’ont pas forcément des attentes<br />
de prestations de service qui sont alignées avec<br />
celles de l’armateur. C’est une forme d’ambiguïté<br />
dans l’accueil du bateau et dans l’accueil des<br />
croisiéristes, et dans l’accueil des croisiéristes,<br />
ce qui est important, c’est toute l’éducation qu’on<br />
peut avoir de la chaîne d’acteurs, de la chaîne<br />
de valeurs du service qu’il peut y avoir entre le<br />
moment où le passager descend à terre et le<br />
moment où il va aller se promener. Quelle que soit<br />
la promenade qu’il aura choisie, une promenade<br />
assistée par une excursion, une promenade<br />
libre en prenant un train, en allant se promener<br />
à pied, en allant faire du shopping, il faut qu’on<br />
soit capables, c’est parfois un peu utopique,<br />
d’éduquer toute cette chaîne d’acteurs, et de<br />
valeurs, de manière à ce que le client remontant à<br />
bord ait cette perception de l’expérience réussie.<br />
Ce qu’on monitore tous dans nos ports, est ce que<br />
vont dire les croisiéristes de leur journée, à leur<br />
compagnie, quand ils remonteront à bord, ce que<br />
j’appelle l’expérience. Est-ce qu’on aura franchi<br />
les 85 %, 90 % de satisfaction ? La compagnie ne<br />
monitore pas que ça, puisqu’elle monitore aussi<br />
le compte de résultats de la journée d’escale, de<br />
plus en plus d’ailleurs, c’est la finance qui prend<br />
le pas sur la satisfaction, mais la satisfaction<br />
reste importante. Quel ratio on va tirer de cette<br />
journée d’expérience ? C’est de ça dont il faut se<br />
soucier pour que nous puissions promouvoir nos<br />
destinations.<br />
Stéphane COPPEY :<br />
On voit qu’il y a les questions techniques,<br />
les questions plus humaines, de formation,<br />
d’accueil… Vous êtes à l’articulation avec des<br />
intervenants plus publics, que dire de l’attente<br />
par rapport aux acteurs publics, en matière<br />
de conditions d’accueil des navires et des<br />
croisiéristes ?<br />
Jérôme GIRAUD, Var Provence Cruise Club<br />
Directeur exécutif des ports de la rade de<br />
Toulon :<br />
Si la question avait été posée il y a 15 jours, on<br />
y aurait peut-être répondu différemment. Je<br />
pense qu’il y a un défi malheureusement qui se<br />
présente à nous tous de façon collective, c’est<br />
celui de mêler une exigence maximale en termes<br />
de sécurité tout en privilégiant cette qualité<br />
d’accueil qu’on essaie de promouvoir pour attirer<br />
les clients croisiéristes. En liminaire je voudrais<br />
insister sur ce point puisque les schémas que<br />
nous avons développés jusqu’ici vont être<br />
considérablement impactés par cette nouvelle<br />
donne, même si elle y était déjà intégrée depuis<br />
longtemps. Il va falloir voir l’impact que cela va<br />
avoir sur l’ensemble de la chaîne de valeurs qu’on<br />
vient d’évoquer, que ce soit dans les centres-villes<br />
comme au pied des bateaux.<br />
L’avantage peut-être c’est qu’on va être capables<br />
vis-à-vis de nos clients, quels qu’ils soient,<br />
d’imposer des choses qu’on n’était pas capables<br />
de faire jusqu’à présent. L’inconscient collectif<br />
aujourd’hui est prêt à accepter des mesures<br />
qu’on n’aurait pas imaginé proposer à ces<br />
mêmes acteurs il y a quelques mois. Au-delà de<br />
ça, et Franck Dosne l’a bien évoqué, la question<br />
porte sur les défis de l’accueil de la croisière et<br />
des croisiéristes. Il s’agit bien de deux défis qui se<br />
rejoignent à un moment donné, qui sont à traiter<br />
d’une façon un peu différente. Notre clientèle<br />
se divise en deux, les armateurs d’un côté et<br />
les croisiéristes de l’autre avec des attentes qui<br />
ne sont pas forcément les mêmes. L’armateur<br />
croisières a une vision très objective de la<br />
situation, il a un compte de résultats, l’escale<br />
en termes de contribution est rentable ou pas et<br />
c’est fondamental dans sa capacité à choisir un<br />
port d’escale ou pas.<br />
Stéphane COPPEY :<br />
Et vous vous sentez plus concernés par l’équilibre<br />
financier, la vie économique du croisiériste ou<br />
par l’importance de faire que les croisiéristes<br />
qui viennent pour la première fois aient envie de<br />
revenir consommer sur votre territoire ?<br />
Jérôme GIRAUD :<br />
Le deuxième facteur, plus subjectif, c’est ce que<br />
va vivre en termes d’expérience le croisiériste<br />
et l’appréciation qu’il va donner à l’armateur<br />
de ce qu’il aura vécu. La pierre angulaire de<br />
cet écosystème, c’est l’excursion puisqu’elle<br />
contribue de façon très significative au choix du<br />
port d’escale du navire. Pour le croisiériste, en<br />
tant que touriste sur un territoire, la qualité de<br />
l’excursion va définir de façon considérable la<br />
perception qu’il va avoir de son escale et qui n’est<br />
pas liée à la façon dont le bateau va accoster,<br />
va être accueilli. C’est la constante qui est la<br />
nôtre. Face à cela, je vois trois défis principaux,<br />
notamment liés aux excursions.<br />
Le premier défi, c’est celui de l’intégration<br />
territoriale au sens large du terme. On a une<br />
chaîne de valeurs, et lorsqu’il y a un maillon faible<br />
où qu’il soit, que ce soit dans le port, à proximité<br />
quand les passagers prennent le bus, quand la<br />
clim tombe en panne à 40 km, quand il y a un<br />
bouchon, quand un commerçant se comporte<br />
mal ou quand un vigneron décide de bâcler la<br />
prestation qu’il avait prévu de faire dans le cadre<br />
d’un accueil sur son site, c’est toute la chaîne<br />
malheureusement qui est fragilisée. Il y a donc<br />
une vraie question à se poser : jusqu’où va-t-on<br />
dans le cadre des différents outils que nous<br />
avons développés de façon collaborative comme<br />
les cruise friendly ou les chartes d’accueil,<br />
jusqu’où va-ton et où est-ce qu’on s’arrête ?<br />
La deuxième problématique est celle de<br />
l’intégration des modèles et des économies<br />
collaboratives. Franck Dosne a évoqué la<br />
question des bus dits «pirates», qu’il va falloir<br />
gérer. Il y a eu le phénomène Uber pour les<br />
taxis, on aurait pu avoir des épiphénomènes en<br />
termes d’événements assez marquants sur les<br />
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Observatoire Régional des Transports PACA