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Ils sont le résultat du fait qu’on n’arrive pas à<br />
s’entendre, c’est dommageable et l’exemple qui<br />
est donné par le Club de la Croisière et l’implication,<br />
que ce soit personnelle, humaine, financière,<br />
des uns et des autres, est remarquable et montre<br />
bien que quand on est unis, on réussit.<br />
Il y a un autre phénomène qui existe et que<br />
nous vivons : la concession, c’est quelque chose<br />
d’extraordinaire. A Marseille, le modèle qui a été<br />
choisi est un modèle qui n’est pas une concession<br />
purement privée. On n’a pas demandé au privé<br />
de faire à notre place. La convention qui a été<br />
mise en place est un outil où le public et le<br />
privé sont associés de façon très concrète. En<br />
termes d’investissements, les investissements<br />
maritimes sont à la charge du port et les<br />
investissements terrestres sont à la charge de<br />
ma société et en quelques années on a investi<br />
plus de 10 millions d’€. Quel est l’opérateur du<br />
port qui peut se targuer aujourd’hui en termes de<br />
passagers, d’avoir investi 10 millions d’€ sur le<br />
port de Marseille ?<br />
L’intervention public-privé se retrouve au-delà<br />
des investissements, dans la participation très<br />
directe, contractuelle, des personnels du port, à<br />
la gestion des terminaux. Les agents du port de<br />
Marseille assurent, sous notre responsabilité, les<br />
opérations, la maintenance, la réparation. Nous<br />
ne sommes que 5 personnes qui appartenons<br />
à la société Marseille Provence Cruise Terminal.<br />
Mais nous avons le support contractuel,<br />
rémunéré, mais ô combien important, des agents<br />
du port. En termes de sûreté, c’est exactement<br />
la même chose. Le contrat qui a été conclu n’est<br />
pas un contrat «d’abandon» mais un contrat<br />
de participation, où on a un mix public-privé<br />
qui fonctionne particulièrement bien, qui a<br />
tenu compte des contingences et du caractère<br />
particulier de notre ville. Si nous avions la<br />
même chose à faire à Toulon, à Nice, ailleurs, il<br />
faudrait bien évidemment intégrer, tenir compte<br />
des spécificités locales. Mais il est évident<br />
qu’arrivé à un certain point du développement<br />
de l’activité croisière, ce passage du témoin à un<br />
professionnel, à un armateur, à quelqu’un qui va<br />
amener le business, est extrêmement important.<br />
La démonstration est faite par les chiffres : on est<br />
passés de 600 000 à 1,5 million, on parle de 1,7<br />
million l’année prochaine, et la perspective des<br />
2 millions n’est qu’une progression tout à fait<br />
normale dans un marché où on est en train de<br />
remonter.<br />
Je voulais souligner la spécificité de l’accord<br />
que nous avons avec le Port, qui est une des<br />
conditions essentielles de notre réussite.<br />
Stéphane COPPEY :<br />
Vous êtes visiblement satisfait du partenariat<br />
avec le Port. D’une manière générale, et la<br />
question s’adresse peut-être à l’ensemble des<br />
intervenants, quelles sont vos attentes vis-à-vis<br />
des autres grands acteurs publics que sont<br />
l’État, la Région, le Département, la métropole<br />
concernant les conditions d’accueil des navires<br />
et des croisiéristes ? Est-ce que les moyens qui<br />
sont mis en place aujourd’hui sont à l’échelle ?<br />
Jacques MASSONI :<br />
Oui, il nous manque aujourd’hui, mais je pense<br />
que nos élus et nos responsables en ont une<br />
vision claire, un moyen de transport un peu<br />
plus massif, comme le tramway, à proximité de<br />
nos installations, cela viendrait compléter très<br />
sérieusement l’offre.<br />
Christine CABAU-WOEHREL :<br />
Une chose importante et qui me tient à cœur : la<br />
ville de Marseille en termes de circulation n’est<br />
pas une ville facile, et je pense qu’il y a un créneau<br />
qu’on peut développer de façon intelligente, c’est<br />
le transfert des passagers par la voie maritime.<br />
Il existe une offre aujourd’hui, mais qui n’est pas<br />
suffisamment développée. Une des solutions<br />
pour Marseille, à combiner avec les offres qui<br />
sont faites par voie terrestre, est de pouvoir<br />
proposer aussi aux passagers de les acheminer<br />
par voie maritime depuis le môle Léon Gourret<br />
jusqu’au cœur du vieux port. Je pense que c’est<br />
un modèle qui gagnerait à être plus développé,<br />
avis aux opérateurs intéressés par le système.<br />
Jérôme GIRAUD :<br />
Un croisiériste sur 3 qui fait une escale à Toulon<br />
utilise ensuite une navette maritime pour<br />
traverser la rade. Nous avons une contrainte<br />
essentielle sur les installations des ports de la<br />
rade de Toulon, c’est que les espaces sont très<br />
limités pour l’accueil des bus, et des cars. Nous<br />
sommes obligés de privilégier l’accueil des<br />
cars liés à l’excursion. Tout ce qui est pré-post<br />
acheminements effectués par des bus de lignes<br />
ou gérés par l’agglomération, est reporté sur la<br />
mer à l’intérieur de la rade, que ce soit par le réseau<br />
Mistral, qui est l’équivalent de ce que pourrait faire<br />
la RTM à Marseille, ou par des moyens privés,<br />
puisque là aussi il faut combiner les deux. Quand<br />
vous avez les bateliers qui mettent en place un<br />
service de pré-post acheminement en traversant<br />
la rade, mais qui assurent cette prestation en<br />
lien avec l’armateur et donnent la possibilité à<br />
l’armateur d’augmenter la contribution de son<br />
escale par la vente de ce service, ça apporte<br />
quelque chose. Quand l’armateur ne le veut pas<br />
ou ne le peut pas, nous le mettons à disposition<br />
par des moyens différents. C’est quelque chose<br />
qui fonctionne bien et dont on pourrait s’inspirer<br />
ailleurs puisque la configuration s’y prête.<br />
Pour répondre à votre question sur ce qu’on<br />
pourrait exiger ou demander au niveau de nos élus,<br />
avec la loi NOTRe, les compétences ont évolué,<br />
entre ce qui était du registre du Départemental et<br />
ce qui va basculer à la Région. On espère avoir<br />
certains effets après les élections, moi j’ai peutêtre<br />
un vœu pieu : on a une Région qui a une<br />
façade maritime exceptionnelle et j’aimerais<br />
qu’on ait une conscience maritime, que nos élus,<br />
nos décideurs, prennent conscience que la mer<br />
est une force pour notre territoire au sens large<br />
du terme et pas une difficulté ou quelque chose<br />
qui n’apporte que des contraintes, y compris<br />
dans le registre du développement économique.<br />
On ne voit la mer que comme un lieu où on peut<br />
aller à la plage quand on est en vacances ou en<br />
week-end, alors que la mer, sur la Région PACA,<br />
est l’instrument numéro 1 du développement<br />
économique d’aujourd’hui, de demain, dans le<br />
registre du tourisme, de l’industrie, comme de<br />
l’économie au sens échange international du<br />
terme. Il y a vraiment cette demande à formuler<br />
et à traduire dans les politiques qui vont être<br />
menées.<br />
© collection Port de Marseille Fos<br />
Jérôme GIRAUD :<br />
Nous avons plusieurs ports sur cette façade<br />
maritime, peut-être qu’il faudrait qu’on fasse<br />
comme nos collègues ou concurrents allemands<br />
et belges, qui sans faire des ententes, c’est<br />
interdit, savent quand même assumer le fait<br />
que l’un est plutôt spécialisé sur un segment<br />
d’activité et l’autre sur un autre, et du coup éviter<br />
des concurrences qui quelquefois sont stériles et<br />
dévastatrices, et qu’on assume certains de nos<br />
positionnements.<br />
Il n’est pas dans l’ambition du port de Toulon<br />
d’aller concurrencer Marseille nous n’avons pas<br />
les infrastructures pour pouvoir concurrencer sur<br />
l’accueil des grands navires et cette croisière de<br />
masse qui a été évoquée tout à l’heure. Mais sur<br />
des navires d’une taille plus raisonnable, avec<br />
une autre typologie de clientèle, nous pouvons<br />
proposer cette alternative. Je le dis parce que nous<br />
sommes ici à la villa Méditerranée, c’est parfois<br />
plus facile pour un armateur de vendre le Mucem<br />
et la villa Méditerranée en étant à Toulon que de<br />
le faire depuis Marseille puisque de Marseille<br />
les croisiéristes peuvent le faire à pied, et ça ne<br />
rapporte rien à l’armateur. On a aujourd’hui dans<br />
le top 5 des excursions qui sont réalisées au<br />
départ de Toulon : Marseille, Aix-en-Provence,<br />
Cassis et ensuite viennent Porquerolles et<br />
St Tropez. Il y a donc une vraie logique à l’échelle<br />
du territoire, de complémentarité entre tout ce qui<br />
peut être offert par nos ports respectifs.<br />
Le Journal Des Transports > numéro 92 , Mars 2016 17