Adventiste-Magazine > Juillet / Août 2016
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> Edito : Vive les vacances ! Par David Jennah
> Jeunesse : La foi en vacances... Par Pierrick Avelin
> Interview : Priscille Bargibant
> Dossier : Des vacances pas comme les autres, Par Doris Vargas Hordosch
> Témoignage : Voyager pour se re-poser, Par Gabriel Monet
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ardent (Exode 4), où Moïse se déchausse en signe de<br />
reconnaissance devant la sainteté du Seigneur, exprimant<br />
dépouillement et humilité à travers son corps.<br />
fondir notre relation avec le Seigneur et d’être une lumière<br />
dans les rencontres qu’il nous permet de vivre !<br />
Puis, cette chaleur qui nous collait au corps et nous laissait<br />
moites toute la journée. Au début je me douchais<br />
cinq fois par jour ! Très vite, nous sommes tombés «<br />
amoureux » des ventilateurs et de la climatisation.<br />
Je me souviens encore avec quel<br />
bonheur j’ai accueilli la mousson, la saison<br />
des pluies, qui faisait aussi baisser la<br />
température. De toute façon, pendant<br />
une année nous n’avons porté que<br />
des tongs, et, lors des fortes pluies,<br />
nous avions parfois les pieds dans<br />
l’eau jusqu’à la cheville. Mais curieusement<br />
il faut remarquer que notre corps<br />
dispose d’une étonnante faculté d’adaptation<br />
et qu’on s’habitue à tout et surtout,<br />
on apprend à vivre comme les gens du pays.<br />
Alors qu’à Pondichéry bien des « ex-patriés<br />
» vivaient confortablement entre<br />
eux, nous avons choisi de nous éloigner<br />
un peu de l’ancien quartier français.<br />
Nous nous sommes installés dans<br />
un carrefour de quartiers où, depuis<br />
notre terrasse, nous pouvions voir le<br />
clocher de la cathédrale catholique, où,<br />
à différentes heures de la journée, nous<br />
entendions l’appel à la prière des mosquées<br />
et dans notre rue même, il y avait un<br />
petit temple hindou où les fidèles apportaient<br />
leurs offrandes. J’ai été frappée de constater comme<br />
les adeptes des différentes religions vivaient ensemble<br />
en bonne intelligence. Comparée à d’autres régions en<br />
Inde, Pondichéry est assez exemplaire quant à la tolérance<br />
vécue entre les différentes communautés religieuses.<br />
Toutefois, je voudrais ajouter que vers la fin de<br />
notre année sabbatique, quand nous avons entrepris<br />
un voyage de deux mois pour faire notre « tour » de<br />
l’Inde, jamais nous n’avons rencontré d’hostilité de la<br />
part des Indiens, ni à cause de notre « blancheur », ni à<br />
cause de notre religion. A plusieurs reprises, nous nous<br />
sommes même sentis entourés d’une façon particulièrement<br />
bienveillante. Les Indiens étaient toujours prêts<br />
à nous rendre service et à nous aider, même si parfois<br />
la communication nous coûtait des efforts 2 . Il est vrai<br />
que nous aussi avons fait le pari de l’accueil de la différence<br />
et de l’ouverture. Quand, en tant que chrétien,<br />
on vient en Inde et on découvre l’hindouisme<br />
qui en est la religion principale (900 millions<br />
de fidèles seulement dans le pays !), on est<br />
tout d’abord frappé, voire choqué par ses<br />
nombreuses divinités 3 , par le système<br />
des castes et les idées telles que la réincarnation,<br />
etc. Que faire ? Visiter les<br />
temples comme des musées, admirer<br />
leur majesté et leur beauté tout en<br />
ignorant les fidèles qui y viennent avec<br />
un zèle religieux impressionnant ? Dire<br />
que tout cela est faux et que tous ces millions<br />
de gens sont dans l’erreur et seront perdus<br />
? Pas acceptable non plus. J’ai donc fait<br />
le choix d’observer comment ils vénèrent<br />
leurs dieux et sont en lien avec eux 4 et de<br />
respecter leurs manières d’appréhender<br />
le mystère divin, ayant moi-même<br />
l’intime conviction qu’on peut toujours<br />
apprendre quelque chose des<br />
autres. Alors que chez nous, même la<br />
foi et la religion doivent passer par le<br />
filtre de la raison de façon à tout aborder<br />
de façon cérébrale, j’ai été interpellée par<br />
l’approche plus globale de la pratique hindoue,<br />
qui fait appel à tous les sens : juste pour<br />
donner quelques exemples, il y a à voir (les temples<br />
sont très colorés), à toucher (les statues sont parfois<br />
lavées avec du lait (!), habillées, maquillées), à sentir<br />
(l’encens), et le corps est aussi fortement impliqué (les<br />
gens se prosternent devant les divinités et portent des<br />
traits sur leur front). En Inde, on ne restera pas indifférent<br />
face à la ferveur spirituelle des fidèles. Il y a d’ailleurs<br />
aussi un côté culturel, car quel que soit le lieu<br />
saint dans lequel on pénètre (temple hindou, jain ou<br />
sikh, mosquée ou église chrétienne), on se déchausse<br />
toujours. Ainsi, avant d’entrer dans une église adventiste<br />
en Inde, on laisse ses tongs aux côtés de celles<br />
des autres personnes qui sont déjà entrées. Cette pratique<br />
n’est pas sans me rappeler l’épisode du buisson<br />
Quand nous vivions à Pondichéry, nos enfants fréquentaient<br />
le Lycée français et poursuivaient donc normalement<br />
leur scolarité, ce qui a considérablement structuré<br />
notre vie quotidienne. Ce qui reste gravé dans notre<br />
mémoire, c’est la qualité de leurs amitiés nouées sur<br />
place. Comme les enfants pouvaient librement circuler<br />
dans la ville, en rickshaw, en vélo ou en scooter (les<br />
règles liées à la circulation sont un peu moins strictes<br />
qu’ici), mes enfants ont gardé la sensation d’une grande<br />
liberté. Pendant leur temps libre, ils pouvaient circuler<br />
en ville et voir leurs amis. Nous, les adultes, avons aussi<br />
apprécié le fait d’avoir du temps : du temps pour<br />
lire 5 , du temps pour nous promener, du temps pour observer<br />
les gens et leur vie 6 , pour admirer les couleurs<br />
(des saris, des fleurs vendues au kilo, des marchés, des<br />
temples…), du temps pour manger les spécialités bien<br />
épicées du sud de l’Inde, de boire du<br />
« coconut water » ou un vrai « chai 7 »<br />
dans une petite échoppe au bord de<br />
la route… Bref, nous avons choisi de<br />
donner du temps au temps.<br />
Notre année sabbatique vécue loin<br />
du monde occidental et de tout ce<br />
qui nous était familier me fait penser<br />
à l’expérience du peuple d’Israël<br />
dans le désert qui devait complètement<br />
dépendre du Seigneur et avancer<br />
petit à petit. Cela implique aussi<br />
pour nous de voir les petites expériences<br />
apparemment sans importance<br />
comme des bénédictions du<br />
Seigneur.<br />
Notre expérience me fait aussi penser<br />
à Jésus qui, en venant sur notre<br />
terre, a quitté le ciel et est venu nous<br />
rejoindre dans notre humanité. Nous<br />
avons fait l’expérience d’être étrangers,<br />
différents et même bizarres<br />
pour une majorité qui nous entourait.<br />
Même si c’est dans une toute autre<br />
dimension, Jésus a vécu cela aussi.<br />
Nous nous sommes sentis soutenus par sa présence,<br />
nous avons mieux saisi que Jésus est venu de loin pour<br />
vivre parmi nous. Et en plus, cette rencontre avec des<br />
gens d’autres cultures nous a transformés, a brisé certains<br />
préjugés et nous a permis de vivre notre vulnérabilité<br />
comme une force (2 Corinthiens 12.10).<br />
Pendant cette période estivale, certains parmi nous<br />
pourraient être tentés de « prendre des vacances<br />
» même de notre foi. Ce n’est pas une bonne idée.<br />
Quand le Seigneur nous permet de partir en vacances<br />
et de découvrir d’autres contrées et d’autres cultures,<br />
c’est pour imprimer en nous cette importante vérité<br />
que nous aussi sommes « étrangers et voyageurs sur<br />
cette terre ». Que l’essentiel est de vivre cette période<br />
sous son regard, de profiter de la détente pour appro-<br />
Doris Vargas Hordosch vit en France voisine avec son mari,<br />
Esly, qui est le pasteur des Eglises adventistes d’Annemasse<br />
et de Thonon. Pendant des années, elle a enseigné aux<br />
facultés adventistes de Théologie de Collonges et de Sagunto<br />
(Espagne). Elle a aussi été responsable de l’EDS des<br />
adultes à la FFS. Elle écrit régulièrement pour des publications<br />
adventistes (Signes des Temps, A l’écoute du texte).<br />
1<br />
Pondichéry a été un comptoir français jusqu’en<br />
1954, mais aujourd’hui, même si certaines institutions<br />
françaises sont toujours présentes<br />
(Ambassade, Lycée français, Alliance française,<br />
Centre de recherche …), la ville est devenue<br />
une vraie ville indienne de taille moyenne avec<br />
une forte dimension internationale.<br />
2<br />
A Pondichéry, qui est un territoire indépendant<br />
de la région (state) du Tamil Nadu, la<br />
langue officielle est le Tamoul, une des 18 langues<br />
officielles (y compris l’anglais). Dans toute<br />
l’Inde, il est assez facile de communiquer en<br />
anglais.<br />
3<br />
Brahma, Vishnou, Krishna, ainsi que leurs<br />
épouses respectives Saraswati, Lakshmi et<br />
Parvati, mais aussi le dieu éléphant Ganesh et<br />
beaucoup d’autres.<br />
4<br />
Pour les hindous, il s’agit bien évidemment<br />
de dieux au pluriel, mais qui bien souvent sont<br />
compris comme des manifestations particulières<br />
(avatars) de l’Un.<br />
5<br />
Si vous avez envie de vous plonger dans la<br />
littérature indienne, lisez Rabindranath Tagore<br />
(1861-1941), un grand poète, écrivain (qui obtint<br />
le prix Nobel de littérature en 1913), philosophe<br />
et penseur avant-gardiste. Son langage<br />
est d’une grande beauté et amène son lecteur<br />
à la découverte de l’Inde de son époque avec<br />
beaucoup de sensibilité, de poésie et de profondeur.<br />
6<br />
Le kolam est un dessin que la maîtresse de<br />
maison fait tous les jours sur le seuil de sa<br />
porte (dans la rue) avec de la farine de riz. Il<br />
est pour l’hôte qui marche dessus un signe de<br />
bienvenue et bénédiction.<br />
7<br />
Le jus de noix de coco se boit directement<br />
dans la noix (encore verte) avec une paille<br />
et a un effet dépuratif et reminéralisant. Le<br />
thé indien (masala tea) est du thé noir bouilli<br />
avec du lait et du sucre mélangé avec de la<br />
cardamome, du gingembre et parfois d’autres<br />
épices. Il paraît qu’il aide à supporter la chaleur<br />
humide.<br />
POUR RÉAGIR À L’ARTICLE<br />
contact@adventistemagazine.com<br />
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