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On se plaindrait même, à l’occasion, d’un excès de beau langage. Mais ce serait oublier les nécessités<br />
de l’heure : pour échapper au verbiage, à la phrase gauche et sans accent du XIV e siècle, le style avait<br />
besoin de cette rhétorique-là. Le dialogue, d’un intérêt si réel, est encore encadré dans la fiction banale<br />
d’un songe. C’est une dernière concession aux exigences traditionnelles. Un pas de plus et la littérature,<br />
rejetant les vieilles défroques et les oripeaux surannés, entrerait dans le vif de la vie contemporaine. »<br />
(Larousse – Histoire de la littérature française.)<br />
« Ce qui porte à son comble sa réputation déjà grande, c’est la “Belle Dame sans merci” (1424),<br />
présente dans cette édition. Le poète a perdu celle qu’il aimait et qui gît sous la lame où elle a emporté<br />
son cœur. Tout en promenant sa tristesse profonde, il rencontre une fête dans un verger, avec sonneries<br />
de menestrels et abondant repas, telle qu’on en voit dans les belles tapisseries du temps, par exemple<br />
celle de la Dame à la Licorne. A table, il remarque un amoureux de noir vêtu, qui s’efforce de dominer<br />
son sentiment. Il entre dans la danse, comme il y en a de si bien décrites dans les Œuvres du XIII e siècle,<br />
mais restant toujours avec la même femme.<br />
L’auteur, qu’on appelait alors<br />
l’acteur, suit le couple et, caché dans<br />
une treille, l’observe, écoutant les<br />
propos échangés entre lui et elle,<br />
dans le verger. En vain, celui-là<br />
tente d’émouvoir l’insensible qui<br />
proclame : “Je suis franche (libre)<br />
et franche je veux être, Sans moi de<br />
mon cœur dessaisir Pour en faire<br />
un autre le maître.” Elle l’envoie se<br />
pourvoir ailleurs, à quoi il ne saurait<br />
consentir : “Ah ! Cœur plus dur que<br />
le marbre En qui merci ne peut<br />
entrer.” Ce qui justifie le titre... »<br />
L’illustration se compose de 8<br />
figures gravées sur bois.<br />
« Les images sont charmantes, toutes<br />
placées dans de jolis encadrements ».<br />
(Jean-Paul Barbier, Ma bibliothèque<br />
poétique.)<br />
Le volume s’achève sur le colophon<br />
indiquant que les Œuvres d’Alain<br />
Chartier ont été imprimées par Maître<br />
Pierre Vidoue pour Galliot du Pré<br />
« lan mil CCCC XXIX » à Paris.<br />
Cette édition des Œuvres de<br />
Chartier ne se trouve plus en<br />
vélin de l’époque ni en reliure<br />
du XVI e siècle. Les plus beaux<br />
exemplaires sont en maroquin du<br />
XVIII e siècle.<br />
N°3 - Superbe exemplaire, grand de marges (hauteur 138 mm contre 136 mm pour l’exemplaire<br />
Jean-Paul Barbier relié en maroquin rouge de Derome et décrit comme « très bel exemplaire à très<br />
grandes de marges) relié en beau maroquin rouge du XVIII e siècle provenant des bibliothèques du<br />
Duc de Valentinois, Honoré III de Monaco (1720-1795) avec son ex‐libris calligraphié sur le feuillet<br />
de titre ; Lord Gosford avec ex-libris (Paris, 1882, n° 159) ; Sir Abdy avec ex-libris ; Marquis de la<br />
Grange avec ex-libris. Le dernier exemplaire relié en maroquin rouge identique, plus court de marges, fut<br />
catalogué et vendu 23 000 € (Réf : Manuscrits et <strong>Livres</strong> précieux, Cat xxxvi – 2007, n° 12).<br />
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