Le Relais
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CULTURE<br />
MUSEE AFRICAIN<br />
la propagande coloniale auprès de la population<br />
nationale. <strong>Le</strong> projet scientifique est<br />
ici doublé d’une vocation propagandiste et<br />
l’objectif général, assigné par Léopold II<br />
lui-même, est de concourir «à l’éducation<br />
coloniale de ses compatriotes»<br />
Voilà cependant qu’en décembre 1955,<br />
après le voyage du Roi Baudoin 1er au<br />
Congo, le Professeur Jeef VAN BILSEN a<br />
lancé l’idée d’un «plan de 30 ans», qui a<br />
mis en mouvement la réflexion politique<br />
et intellectuelle à l’origine de l’Indépendance<br />
.<br />
Tandis que l’Exposition Universelle de<br />
Bruxelles de 1958 a démytifié la Belgique<br />
aux yeux des leaders nationalistes congolais<br />
tandis qu’en Belgique l’idée d’un autre<br />
rapport avec le Congo en cours de décolonisation<br />
a fait son chemin …<br />
En 1960, le Musée se «décolonise» ! Il devient<br />
le «Musée Royal de l’Afrique Centrale»<br />
(MRAC) ; mais ce changement de nom ne<br />
se traduit pas par une transformation de<br />
son orientation muséographique. <strong>Le</strong> MRAC<br />
reste comme figé dans le passé et la<br />
présentation de ses collections témoigne<br />
de la permanence de son regard colonial<br />
sur l’Afrique.<br />
Il faudra attendre près de 50 ans, un contexte<br />
politique favorable, une opinion publique<br />
de plus en plus critique, pour que le<br />
MRAC envisage timidement sa Rénovation,<br />
ou mieux, sa «véritable décolonisation».<br />
L’objectif est de forger une nouvelle image<br />
du musée auprès d’une opinion publique<br />
plus jeune, devenue plus exigeante et critique<br />
sur la vision véhiculée par l’Institution.<br />
L’époque est à la protection et à la promotion<br />
de la diversité des expressions culturelles,<br />
reconnue comme source de créativité et d’innovation<br />
et force d’inclusion sociale et de<br />
participation.<br />
Cette démarche s’inscrit dans une dynamique<br />
plus globale qui vise, tant au<br />
niveau de la Belgique que de l’Europe,<br />
à intégrer la diversité des sociétés contemporaines<br />
en tant qu’enjeu de démocratie<br />
inclusive<br />
L’impérieuse nécessité de la Rénovation, de<br />
la «décolonisation» du Musée s’impose à la<br />
Direction et à sa tutelle, comme une urgence<br />
pour d’une part, répondre aux exigences<br />
d’une société belge, jeune, enrichie<br />
par sa diversité et sa multi-culturalité, sans<br />
référence avec la vision et le passé colonial,<br />
et d’autre part pour assurer la pérennité<br />
de l’Institution.<br />
La Rénovation du MRAC<br />
C’est dans ce contexte que le processus de<br />
Rénovation est lancé et l’expo «ExitCongo-<br />
Museum» (2000-2001), marque la volonté de<br />
rupture avec l’image d’une Institution vouée<br />
à glorifier un passé colonial révolu et controversé.<br />
<strong>Le</strong> Plan Stratégique, lancé en 2001, annonce<br />
l’ambition ! Il s’agit de faire du<br />
MRAC, un musée dynamique, contemporain<br />
et orienté vers la société ; un «centre<br />
mondial pour la diffusion de la recherche<br />
et de la connaissance du passé, du présent<br />
des sociétés et des environnements naturels<br />
de l’Afrique, et en particulier l’Afrique Centrale<br />
(...).<br />
La rénovation implique une profonde réforme<br />
de l’institution, bâtie sur les cendres<br />
des Administrations Coloniales. Pour faire du<br />
MRAC, ce lieu de mémoire, cette plate-forme<br />
dynamique de rencontre et de dialogue<br />
des visiteurs de générations et de cultures<br />
différentes, compris ceux issus des communautés<br />
d’origine de son «patrimoine», la participation<br />
de tous est requise. (…).<br />
Et le MRAC veut se démarquer ! Il fait de<br />
«la participation des diasporas d’Afrique<br />
Centrale», son originalité, sa marque de<br />
fabrique, la singularité de son processus de<br />
rénovation par rapport aux autres musées<br />
ethnographiques européens. 1 Cette démarche<br />
inédite suscite l’intérêt d’autres<br />
Instituions belges figées dans leur conservatisme<br />
et d’autres Musées coloniaux<br />
des pays Européens qui doivent aussi entamer<br />
la relecture de leur passé colonial.<br />
LE COMRAF<br />
<strong>Le</strong> Comité de Concertation du MRAC avec<br />
les Associations Africaines est l’instrument<br />
de mise en œuvre de l’objectif fixé.<br />
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