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LES DANOIS
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SE CONFRONTER À SES MYTHES
Comment soupçonner qu’Ærø ait acquis une telle
renommée quand tant de détours élisent ceux qui
mériteront son accès ? À mesure que l’île approche,
l’espace- temps se contracte : les lignes à
grande vitesse françaises et allemandes, un train régional
s’avançant sur le pont transbordeur de Rendsburg pour passer
le canal de Kiel, un bus entre Flensburg et Sønderborg pour
enfin gagner un embarcadère solitaire à Fynshav sur l’île d’Als.
L’absence de pont relève de l’exception pour une île de la taille
d’Ærø (88 kilomètres carrés), tant la continuité territoriale est
une priorité absolue partout ailleurs au Danemark. Ici, les liaisons
ferries avec la Fionie ou l’île d’Als existent depuis le
xvii e siècle. Trois villes, longtemps concurrentes, structurent
l’espace : Søby, le port de l’ouest, ville de pêcheurs et de chantiers
navals (premier employeur de l’île), Ærøskøbing, au nord,
capitale administrative et ancienne cité marchande resserrée
autour de son église, Marstal, à l’est, dont les rues étroites
coulant vers la mer témoignent d’un riche passé maritime.
Tant de marins ont été formés à Ærø pour s’élancer ensuite
par les détroits le temps d’un détour maritime à travers le
monde. Pendant leur longue absence, lorsque la traversée les
avait emportés ou pour protéger un futur voyage, leurs familles
priaient dans les églises de l’île, où pendent encore des navires
votifs. Dans les villages, les bateaux ont même fini en bouteille,
ainsi miniaturisés par des marins revenus à terre à l’image de
Peter Jacobsen dit « Flaske-Peter » dont les 1 700 maquettes
remplissent aujourd’hui un petit musée. Arriver à Marstal suppose
de se confronter à un passé qui aurait pu être écrasant,
à de longs dithyrambes, à une immersion dans l’île des narrations.
Les slogans touristiques de l’île témoignent de cette fierté
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