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LES DANOIS
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« Comment es-tu arrivé jusqu’ici ?, interroge l’un d’entre eux.
– Par le ferry de Marstal », répond l’autre. La précision a son
importance tant la concurrence latente est forte entre Marstal
et Ærøskøbing. Les habitants préféraient souvent faire un détour
plutôt que d’effectuer la traversée depuis la ville voisine.
Autour de la table familiale se trouvent Marguerite, Tommy,
leur fille Katja, qui a quitté Aalborg pour revenir à Ærø travailler
à l’école de navigation, son mari Knud, pilote d’avion
pour l’armée danoise à Aalborg, et leurs filles Klara et Rose,
12 et 8 ans. L’insularité ne semble pas différente ici avec des
jeunes qui partent souvent et reviennent parfois, un rôle important
des traditions, des liens interpersonnels très marqués. Ærø
ressemble à une petite communauté avec ses repères, ses codes,
sa palette de signes fédérateurs. L’un d’entre eux consiste à
lever l’index vers le haut pour saluer un automobiliste arrivant
en sens inverse, sentiment garanti d’appartenir à un cercle
d’initiés au bout des doigts.
Si une telle cohésion peut paraître doucereuse, elle s’avère
pesante lorsque la loi de Jante est appliquée à la lettre. S’habiller
de manière trop élégante à la fête d’été relève facilement
de l’affront qu’un étranger s’installant à Ærø pourrait bien
commettre… Les valeurs de l’île sont tout autres : ne pas faire
de remous, ne pas attendre trop de la vie, accepter de souffrir,
considérer la dureté du réel comme une manière de se rapprocher
de Dieu. Le proverbe danois « Il faut fournir un travail
avant de pouvoir en jouir » (Man skal yde før man kan nyde) résume
bien cette rigueur protestante. Le contrôle social affecte le
moindre rituel et la frontière de l’anodin est souvent rebattue.
« Au Danemark, témoignent Marguerite et Tommy, il est courant
de hisser un drapeau danois devant la maison afin de
signaler la présence des occupants. Nous avons choisi de ne
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