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LA SEMAINE EN VISU<br />
plus sur air-cosmos.com<br />
CONFIDENTIEL<br />
Chine Nouvelle sélection de taïkonautes<br />
Dans le cadre des préparatifs de sa grande station<br />
modulaire Tiangong 3, qui doit être assemblée<br />
d’ici à 2022, la Chine pourrait présenter sa troisième<br />
sélection de taïkonautes d’ici le mois<br />
d’octobre. Dix à douze candidats, dont au moins deux<br />
femmes, pourraient être retenus. Alors que les 21 taïkonautes<br />
sélectionnés en 1990 et 2010 (dont 11 ont<br />
effectué au moins un vol spatial, à l’occasion de six<br />
missions Shenzhou menées entre octobre 2003 et octobre<br />
2016) étaient tous pilotes de chasse, les nouvelles<br />
recrues devraient être titulaires d’un master en ingénierie<br />
ou en recherche. De nouveaux recrutements pourraient<br />
être désormais effectués tous les quatre ans.<br />
CNSA<br />
ALITALIA<br />
>> Alitalia<br />
Deux Français à la manœuvre<br />
Deux Français, les frères Meyohas,<br />
sont à la manœuvre sur le dossier de<br />
reprise d’Alitalia. Ils dirigent le fonds<br />
d’investissements britannique<br />
Greybull Capital, qui fait partie des<br />
candidats au rachat. Sauf que seules<br />
les activités de maintenance les intéressent.<br />
Or, le gouvernement italien<br />
veut vendre Alitalia d’un seul bloc<br />
et pas en appartements. En 2014,<br />
Greybull Capital avait réalisé une<br />
entrée fracassante sur la scène du<br />
transport aérien européen en rachetant<br />
Monarch <strong>Air</strong>lines, en difficulté.<br />
>> MRO<br />
La Roumanie cherche une place<br />
Face à la demande croissante en<br />
matière de MRO, notamment face<br />
aux besoins des loueurs d’avions de<br />
WOW AIR<br />
trouver des ateliers toujours géographiquement<br />
au plus près de leurs<br />
clients pour réduire les coûts, un<br />
nombre tout aussi croissant d’acteurs<br />
secondaires cherchent à se faire une<br />
place. C’est le cas du roumain<br />
Aerostar, qui mise sur la MRO des<br />
familles de moyen-courriers <strong>Air</strong>bus<br />
A320 et Boeing 737. Aux deux hangars<br />
du site de Bacau, Aerostar en<br />
ajoutera un troisième à Iasi, une ville<br />
située à 150 km et qui dispose désormais<br />
d’un aéroport flambant neuf.<br />
>> Transatlantique<br />
Les réponses face aux low cost<br />
L’arrivée des compagnies aériennes<br />
low cost comme Norwegian et WOW<br />
<strong>Air</strong>, en attendant les autres, sur le<br />
marché transatlantique contraint les<br />
transporteurs installés à travailler sur<br />
plusieurs scénarios de réponse face à<br />
EMBRAER<br />
cette nouvelle concurrence: services<br />
en vol aux passagers adaptés, tarifs<br />
en classe économique fortement<br />
revus à la baisse ou les deux à la<br />
fois. Chaque acteur affine sa réponse<br />
commerciale face à ces nouveaux<br />
concurrents. Le temps dira celles qui<br />
auront été les plus efficaces.<br />
>> Embraer<br />
Horizon <strong>Air</strong> repousse des livraisons<br />
La filiale régionale d’Alaska <strong>Air</strong>lines a<br />
décidé de repousser les livraisons de<br />
six Embraer E175 d’une commande<br />
de 25 exemplaires fermes au motif<br />
d’un nombre de pilotes insuffisant.<br />
Une explication qui suscite l’ire du<br />
syndicat des pilotes d’Horizon <strong>Air</strong> qui<br />
soupçonne le transporteur de vouloir<br />
« refiler » ces appareils à SkyWest,<br />
qui travaille aussi pour Alaska<br />
<strong>Air</strong>lines. Sauf que SkyWest vient de<br />
commander 15 Embraer E175.<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 3
EDITORIAL<br />
par Emmanuel Huberdeau<br />
Un nouveau cycle<br />
Chaque année les Universités d’été de la Défense sont l’occasion pour la communauté de défense<br />
(militaires, industriels, parlementaires et les journalistes) de se rencontrer, d’échanger et de débattre.<br />
Cette année encore des centaines de personnes étaient réunies à Toulon pour une démonstration<br />
des capacités des armées et de nombreux ateliers. L’édition 2017 avait cependant une saveur particulière. Celle<br />
du renouveau. Car, en effet, un nouveau cycle s’est ouvert. Les armées ont depuis quelques mois un nouveau<br />
chef, une nouvelle ministre, un nouveau chef d’état-major et un<br />
nouveau délégué à l’armement. Les dernières élections législatives<br />
ont aussi conduit à un important renouvellement des députés et donc<br />
de la commission de la Défense.<br />
E. HUBERDEAU<br />
Le constat reste globalement le même. Beaucoup soulignent<br />
l’excellence de nos armées et l’engagement sans faille de nos militaires<br />
en opération à l’étranger et sur le territoire national. Mais les problèmes<br />
subsistent. Les besoins de renouvellement et de régénération ont été<br />
soulignés par le nouveau chef d’état-major des armées (CEMA), le<br />
général François Lecointre. « Il faut redonner du souffle et de la marge<br />
aux armées », a-t-il affirmé.<br />
Le CEMA et la ministre des armées Florence Parly se sont cependant voulus optimistes. Le premier<br />
a souligné l’élan donné par le président de la République. La seconde a annoncé des augmentations de budget<br />
significatives d’1,6 milliard d’euros par an jusqu’à atteindre un budget de 50 milliards d’euros d’ici 2025. Des<br />
promesses ambitieuses.<br />
Deux étapes importantes sont à venir en vue du redressement annoncé. La revue stratégique attendue<br />
pour octobre 2017 donnera le cadre des ambitions de la France en matière de défense et les aptitudes requises<br />
pour répondre à ces ambitions. La prochaine loi de programmation militaire fixera le cadre des investissements<br />
à venir. Il faudra aussi suivre la mise en place du fonds européen de défense qui pourrait profiter aux programmes<br />
menés en coopération. « <strong>Air</strong> & <strong>Cosmos</strong> » sera bien sûr là pour vous informer sur ces sujets.<br />
AIR & COSMOS<br />
4 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
&<br />
AIR COSMOS<br />
157, boulevard Macdonald<br />
75019 Paris<br />
Tél. : 01 85 08 77 51<br />
REDACTION :<br />
PRESIdEnT<br />
dIRECTEuR dE LA REdACTIon :<br />
Hubert de Caslou<br />
REdACTEuR En CHEf :<br />
Yann Cochennec (54)<br />
AIR & CoSMoS InTERnATIonAL :<br />
duncan Macrae - SECRETAIRE gEnERAL dE REdACTIon<br />
CoMMunITY MAnAgEMEnT :<br />
Jean-Baptiste Heguy (01 85 09 92 28)<br />
REDACTEURS :<br />
CIvIL :<br />
Yann Cochennec (54)<br />
Antony Angrand (53)<br />
Jean-Baptiste Heguy (01 85 09 92 28)<br />
défEnSE :<br />
Emmanuel Huberdeau (55)<br />
Justine Boquet (55)<br />
ESPACE :<br />
Pierre-françois Mouriaux (52)<br />
BuREAu dE BRuxELLES :<br />
Benoît gilson (+32 471 88 78 84)<br />
DIRECTION ARTISTIQUE - CONCEPTION :<br />
dIRECTEuR ARTISTIquE - PHoTogRAPHE :<br />
Cyrille Cosmao (56)<br />
1 ER REdACTEuR-gRAPHISTE :<br />
frédéric Bergerat (57)<br />
CREATIon ARTISTIquE :<br />
Mourad Cherfi (57)<br />
REvISIon<br />
Lionel Jaouen<br />
FABRICATION :<br />
RESPonSABLE PRoduCTIon & fABRICATIon :<br />
frédéric Bergerat (57)<br />
16<br />
20<br />
12 34<br />
40<br />
SOMMAIRE<br />
BUREAUX A L’ETRANGER :<br />
BRuxELLES : Benoît gilson, <strong>Air</strong>&<strong>Cosmos</strong> Events<br />
SIngAPouR : Job van Hasselt, développement Asie<br />
CORRESPONDANTS TERRITOIRES :<br />
Agnès Baritou (Toulouse), olivier Constant (nantes),<br />
Stéphane frachet (Tours), Claude Mandraut<br />
(Bordeaux), Régis noyé (Lyon)<br />
CORRESPONDANTS ETRANGERS :<br />
Piotr Butowski (Russie), gérard gaudin (Belgique)<br />
SERVICE COMMERCIAL : 01 85 08 77 62<br />
directeur Commercial :<br />
Cyril Mikaïloff - cmikailoff@air-cosmos.com<br />
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Chef de projet :<br />
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DIRECTION GENERALE D’AIR&COSMOS (60)<br />
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ASSISTAnTE dE dIRECTIon :<br />
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SoCIETE dES EdITIonS AIR & CoSMoS (SAS)<br />
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<strong>Air</strong> & <strong>Cosmos</strong> se réserve le droit de refuser (même en cours de programme) toute insertion publicitaire<br />
sans avoir à justifier sa décision. Copyright 2015<br />
Confidentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3<br />
Editorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />
La semaine en visu . . . . . . . . . 6<br />
En image . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8<br />
Les contrats . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />
Mouvements . . . . . . . . . . . . . . 11<br />
A LA UNE<br />
Le projet Blade<br />
<strong>Air</strong>bus va tester<br />
en vol deux voilures<br />
laminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />
DÉFENSE<br />
Drones armés :<br />
la France franchit<br />
le pas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />
Des fonds<br />
supplémentaires<br />
pour la défense . . . . . . . . . . . . 18<br />
La Royal Navy mène<br />
les premiers tirs . . . . . . . . . . . . 19<br />
Création de la<br />
62 e escadre de transport . 19<br />
L’« USS Wasp », capable<br />
d’embarquer le F-35B,<br />
déployé au Japon . . . . . . . . . 19<br />
ESPACE<br />
World Satellite<br />
Business Week 2017<br />
Des marchés bouleversés20<br />
Propulsion électrique :<br />
au service des<br />
petits satellites . . . . . . . . . . . . 24<br />
Les satellites électriques,<br />
pour quoi faire?. . . . . . . . . . . 26<br />
Mission Venμs : deux<br />
modes de propulsion . . . . 27<br />
Made in China :<br />
un danger pour<br />
l’Amérique et l’Europe . . . 28<br />
Services mobiles<br />
en bande S sur l’Europe . 30<br />
Premier échec du PSLV<br />
depuis 1997 . . . . . . . . . . . . . . . 32<br />
TRANSPORT<br />
AÉRIEN<br />
Aéroportuaire européen :<br />
les contrôles de sûreté<br />
s’éternisent . . . . . . . . . . . . . . . . . 34<br />
South African cherche<br />
toujours une relance . . . . . . . 37<br />
Arik <strong>Air</strong> n’est<br />
pas à vendre . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />
Niki Lauda voudrait<br />
racheter Niki à airberlin . . . . 38<br />
Roland-Garros fait<br />
le choix du bioclimatique . . 38<br />
ENTREPRISES<br />
ET MARCHÉS<br />
Ideatec accroît<br />
sa présence<br />
en aéronautique . . . . . . . . . . . 40<br />
Hélicoptères :<br />
lente reprise<br />
du secteur pétrolier . . . . . . . 42<br />
Chine : Boeing revoit les<br />
besoins à la hausse . . . . . . . 42<br />
En couverture : Blade (<strong>Air</strong>bus)-Tsubame (Matunagalab)-Rafale (E. Huberdeau).<br />
Ce numéro comprend une circulaire « FILLAC14 » sur toute la diffusion abonnés ou une circulaire abonnement« CIAC14 » sur toute la diffusion abonnés.<br />
Internet : http://www.air-cosmos.com. USA — <strong>Air</strong>&<strong>Cosmos</strong> (USPS # 008-449) is published weekly for 250$ per year. Printed in France. Periodicals postage<br />
paid at Champlain NY, and additional mailing offices. — Address changes should be sent to : IMS of NY, PO Box 1518, Champlain, NY 12919-1518. - For<br />
details call IMS # 1 800 428 3003<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 5
LA SEMAINE EN VISU<br />
plus sur air-cosmos.com<br />
EXPLORATION<br />
Une nouvelle<br />
théorie sur<br />
l’origine de Tchouri<br />
Dans un article paru<br />
le 31 août dans la<br />
revue « Monthly Notices<br />
of the Royal Astronomical<br />
Society », Jean-Loup<br />
Bertaux et Rosine<br />
Lallement, chercheurs<br />
au CNRS, avancent une<br />
nouvelle théorie au sujet<br />
de la comète étudiée par<br />
la sonde européenne<br />
Rosetta : la matière organique<br />
découverte dans<br />
le noyau n’aurait pas été<br />
fabriquée au moment de<br />
la formation du Système<br />
solaire mais auparavant,<br />
dans l’espace interstellaire.<br />
Elle aurait également<br />
pu atteindre un grand<br />
nombre d’autres planètes<br />
de notre galaxie…<br />
et y engendrer également<br />
la vie ?<br />
INDE<br />
Saab veut s’associer<br />
avec Adani<br />
Le groupe suédois Saab<br />
va faire équipe avec le<br />
consortium indien Adani<br />
Group pour placer son<br />
chasseur Gripen E en<br />
Inde. L’armée de l’<strong>Air</strong><br />
indienne est en effet à la<br />
recherche d’un avion de<br />
combat monomoteur.<br />
Il l’a dit<br />
« Il y a une volonté<br />
commune de voir<br />
un Européen sur<br />
la station chinoise<br />
d’ici à 2025. »<br />
PFM<br />
Thomas Pesquet,<br />
le 31 août, à l’Ajpae.<br />
Le graphe<br />
OPEX<br />
Soutien des Français<br />
à l’action des armées<br />
SOURCE : BAROMÈTRES OPEX, DICOD<br />
Chammal<br />
Serval/Barkhane<br />
85 %<br />
59 %<br />
2014 2015 2016<br />
Selon les dernières<br />
enquêtes réalisées par la<br />
Délégation à l’information<br />
et à la communication de la<br />
défense (Dicod), l’adhésion<br />
des Français aux opérations<br />
extérieures se confirme.<br />
AIRBUS<br />
GESTION DE DONNÉES<br />
<strong>Air</strong> Côte d’Ivoire choisit Safran pour ses A320<br />
L’arrivée des <strong>Air</strong>bus<br />
A320ceo acquis en propre<br />
s’accompagnera, chez <strong>Air</strong><br />
Côte d’Ivoire, de la mise en<br />
place du système de collecte<br />
et de transmission de<br />
données de vol Wefa, développé<br />
par Safran Electronics<br />
& Defense. <strong>Air</strong> Côte d’Ivoire,<br />
qui a commandé ferme cinq<br />
<strong>Air</strong>bus A320ceo et<br />
COMBAT CONTRE DAECH<br />
Les F-16 néerlandais vont retourner en Jordanie<br />
A320neo, sera la première<br />
compagnie aérienne à<br />
utiliser le système Wefa<br />
en Afrique. <strong>Air</strong> Côte d’Ivoire<br />
utilise déjà la solution de<br />
contrôle des données de vol<br />
Cassiopée de Safran<br />
Electronics & Defense sur<br />
ses <strong>Air</strong>bus A319 et A320 en<br />
exploitation, dans le cadre<br />
de contrats de location.<br />
Dès le début de l’année<br />
2018, les Pays-Bas mettront<br />
à nouveau plusieurs<br />
de leurs F-16 à la disposition<br />
de la coalition internationale<br />
contre le<br />
groupe État islamique. La<br />
décision, attendue par la<br />
Belgique, devrait être<br />
prise par le gouvernement<br />
néerlandais ce vendredi.<br />
Les Pays-Bas rétabliront<br />
ainsi le principe<br />
de relève mutuelle<br />
convenu entre les deux<br />
pays, mais qu’ils avaient<br />
interrompu début 2017<br />
en se déclarant incapables<br />
d’assurer la part<br />
qui leur était dévolue.<br />
Mais, pour avoir une<br />
chance de remporter<br />
ce marché, il faut se<br />
conformer à la politique<br />
du « Make in India ».<br />
C’est-à-dire que l’appareil<br />
sélectionné par<br />
l’Inde devra être fabriqué<br />
localement, avec<br />
une forte implication<br />
de l’industrie indienne.<br />
SAAB<br />
Le chiffre<br />
33<br />
Md$<br />
C’est le montant estimé des<br />
investissements informatiques<br />
réalisés par les aéroports<br />
et les compagnies aériennes<br />
en 2017, selon le Sita.<br />
FAB<br />
6 www.air-cosmos.com COSMOS N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017<br />
AIR<br />
&
@<strong>Air</strong>et<strong>Cosmos</strong><br />
LA PHOTO<br />
Neuron : visite en comité restreint<br />
La nouvelle ministre des Armées, Florence Parly, accompagnée du nouveau délégué<br />
général pour l’Armement, Joël Barre, s’est rendue, le 4 septembre, dans l’établissement<br />
de Dassault Aviation à Istres pour une présentation « confidentielle » du démonstrateur de<br />
drone de combat Neuron. Les deux visiteurs, en compagnie d’Eric Trappier, président de<br />
l’entreprise, ont pu suivre, depuis la salle d’écoute, un vol du Neuron dans le cadre de la<br />
reprise de ses campagnes d’essais.<br />
AIR CANADA<br />
Paris-Vancouver sans escale<br />
Du 9 juin au 15 octobre 2018, la compagnie <strong>Air</strong> Canada<br />
proposera un vol non-stop Paris-Vancouver en Boeing<br />
787. Les vols AC807 partiront de Roissy-CDG 2 à 9 h 55<br />
quatre fois par semaine les lundis, mardis, jeudis et<br />
samedis pour se poser à Vancouver à 10 h 50, heure<br />
locale. Les vols retours décolleront à 13 h 30 les lundis,<br />
mercredis, vendredis et dimanches pour atterrir à<br />
Roissy-CDG à 8 h 15, le lendemain matin.<br />
COOPÉRATION INTERNATIONALE<br />
Accord sino-russe en vue<br />
La Chine et la compagnie russe Glavcosmos<br />
devraient signer, cet automne, un accord de coopération<br />
destiné à développer des technologies spatiales<br />
avancées pour les systèmes orbitaux, l’observation<br />
de la Terre, les débris spatiaux, l’exploration<br />
lointaine, voire des missions habitées vers la Lune.<br />
L’accord, qui fait suite à des discussions visiblement<br />
engagées en juin, couvrirait la période 2018-2022.<br />
AVION DE LÉGENDE<br />
Le PC-6 ne sera<br />
plus produit en<br />
2019<br />
Certains avions marquent<br />
leur époque.<br />
C'est notamment le<br />
cas du Pilatus PC-6,<br />
qui restera un appareil<br />
légendaire. Mais toute<br />
belle histoire a une fin.<br />
Au vu de ses mauvaises<br />
ventes ces deux<br />
dernières années,<br />
l'avionneur suisse a<br />
décidé de cesser la<br />
production de ce qui<br />
fut pendant longtemps<br />
son best-seller, le PC-6<br />
Porter, construit depuis<br />
1959. Cette décision<br />
devrait prendre effet en<br />
2019, mais le constructeur<br />
aéronautique<br />
suisse déclare qu'il<br />
assurera le support et<br />
l'approvisionnement en<br />
pièces détachées pour<br />
les vingt ans à venir.<br />
500 machines ont été<br />
assemblées dans<br />
l'usine de Stans, auxquels<br />
s'ajoute une centaine<br />
d'appareils produits<br />
sous licence aux<br />
Etats-Unis.<br />
DASSAULT<br />
ROXEL<br />
Inauguration d’un<br />
nouveau bâtiment<br />
Roxel, filiale conjointe<br />
de MBDA et du groupe<br />
Safran, inaugure un<br />
nouveau bâtiment de<br />
bureaux sur son site de<br />
Saint-Médard-en-Jalles.<br />
Le spécialiste de la production<br />
de missiles<br />
tactiques et de croisière<br />
annonce la construction<br />
d’autres bâtiments. Aux<br />
4 M€ investis dans le<br />
nouveau site de bureaux<br />
s’ajouteront de nouveaux<br />
bâtiments de production<br />
de chargement de composites<br />
(préparation des<br />
structures, malaxage,<br />
coulée et finition). Enfin,<br />
les futures unités de<br />
fabrication de chargements<br />
de propergol<br />
seront réalisées dans<br />
l’emprise actuelle du site.<br />
PLANEUR<br />
Perlan 2 bat le<br />
record d’altitude<br />
Plus de 52 000 pieds, soit<br />
plus de 15 800 m. C’est<br />
au-dessus de cette altitude<br />
que le planeur<br />
d’<strong>Air</strong>bus, Perlan 2, a<br />
évolué en Patagonie, en<br />
Argentine, battant ainsi le<br />
précédent record réalisé<br />
dans Perlan 1 par Einar<br />
Enevoldson et le regretté<br />
Steve Fossett en 2006.<br />
Pour ce faire, Perlan 2<br />
a exploité le vol d’onde<br />
dans la région d’El<br />
Calafate, un des rares<br />
endroits où ce type de<br />
courant aérien atteint les<br />
couches stratosphériques.<br />
Le but ultime de Perlan 2<br />
est de réaliser une tentative<br />
de record absolu d’altitude,<br />
soit 90 000 pieds<br />
(environ 27 400 m).<br />
AIRBUS<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 7
EN IMAGE
Le Soyouz fume encore…<br />
ROSCOSMOS<br />
Dimanche 3 septembre à 7 h 21 heure locale (1 h 21 UTC), le Soyouz MS 04 s’est posé dans les steppes du Kazakhstan, après un vol de 136 jours<br />
à destination de l’ISS. A son bord, le Russe Fiodor Iourtchikhine et l’Américain Jack Fischer, qui avaient décollé à bord du Soyouz le 20 avril<br />
dernier, mais également l’Américaine Peggy Whitson, qui s’était envolée à bord du Soyouz MS 03 le 17 novembre précédent, aux côtés d’Oleg<br />
Novitski et Thomas Pesquet. C’est donc après 289 jours de micropesanteur qu’elle retrouve le plancher des vaches, au terme de sa troisième<br />
mission. A 57 ans, elle pulvérise le record du plus long séjour féminin (de 199 jours, établi en juin 2015 par l’Italienne Samantha Cristoforetti),<br />
et devient l’astronaute de la Nasa cumulant le plus de temps dans l’espace : plus de 665 jours.
LA SEMAINE EN VISU<br />
plus sur air-cosmos.com<br />
REVUE DE PRESSE<br />
Incident violent<br />
Les retards sont monnaie<br />
courante lors des vols<br />
estivaux. Fin juillet, un<br />
passager qui devait effectuer<br />
un vol entre Nice et Luton<br />
avec easyJet en a fait les<br />
frais. Alors qu’il cherchait à<br />
s’informer sur le retard de<br />
son vol, il s’est fait frapper<br />
par un employé de<br />
l’aéroport. La scène est déjà<br />
choquante, mais qu’en<br />
penser si on ajoute que le<br />
voyageur portait un bébé<br />
dans les bras?<br />
Malades à bord<br />
Un avion de la compagnie<br />
américaine JetBlue devant<br />
relier Boston à San Diego a<br />
été contraint d’atterrir sur<br />
l’aéroport de Buffalo après<br />
que trois membres<br />
d’équipage eurent été<br />
malades. Si la compagnie<br />
n’a pas tout de suite réagi<br />
pour expliquer les raisons de<br />
ces malaises, il semble que<br />
cela soit dû à un<br />
dégagement de fumée.<br />
Plusieurs passagers ont<br />
ainsi senti une odeur de<br />
fumée et ont été victimes de<br />
maux de tête assez intenses.<br />
Les membres d’équipage<br />
ont été transférés à l’hôpital.<br />
Abus d’alcool<br />
Lors d’un vol entre Budapest<br />
et Tel-Aviv opéré par la<br />
compagnie Bluebird, un<br />
passager a encore montré<br />
les dégâts que peut<br />
provoquer l’alcool. Ivre, il a<br />
perturbé le vol et a refusé de<br />
s’asseoir. Les membres<br />
d’équipage ont essayé à<br />
plusieurs reprises de le<br />
calmer, mais sans succès. Le<br />
passager s’en est même pris<br />
à eux, les forçant à l’attacher<br />
à son siège. Finalement,<br />
l’avion a dû être dérouté vers<br />
la Bulgarie afin de remettre<br />
ce passager aux autorités.<br />
LES CONTRATS<br />
L’Inde reprend 41 hélicoptères ALH<br />
Le ministère indien de la Défense passe commande<br />
auprès d’Hindustan Aeronautics Ltd de 41 hélicoptères<br />
légers ALH qui sont destinés à équiper l’armée de Terre<br />
et la Marine indienne. En mars dernier, une commande<br />
pour 32 ALH avait été passée pour satisfaire aux besoins<br />
de la Marine et des garde-côtes indiens.<br />
La police norvégienne<br />
choisit le Leonardo<br />
AW169<br />
La police norvégienne a<br />
choisi le Leonardo AW169<br />
pour répondre à ses besoins<br />
en matière de maintien de<br />
l’ordre. Le contrat porte sur<br />
trois appareils fermes<br />
auxquels s’ajoutent trois<br />
options. Il comprend aussi<br />
un volet MCO qui s’étend<br />
sur une durée de dix ans.<br />
Plus de 30 AW169 ont été<br />
livrés à ce jour.<br />
Commande pour les<br />
deux premiers CH-<br />
53K<br />
Les deux premiers<br />
hélicoptères lourds<br />
Sikorsky CH-53K ont été<br />
commandés. Montant du<br />
contrat : 304 M$. Version<br />
plus puissante et<br />
bénéficiant d’une avionique<br />
moderne et de commandes<br />
LEONARDO<br />
ATK<br />
de vols électriques, le CH-<br />
53K est destiné au Corps<br />
des Marines.<br />
Orbital ATK sur les<br />
AC-208 afghans<br />
Orbital ATK se voit notifier<br />
une commande d’un<br />
montant de plus de 68 M$<br />
pour fournir la force aérienne<br />
en Caravan AC-208, une<br />
version militarisée du<br />
Cessna 208 Grand Caravan<br />
pouvant être équipée de<br />
missiles Hellfire, d’un<br />
système de guidage laser<br />
air-sol et de contre-mesures.<br />
L’Irak en est déjà équipé.<br />
323 M$ de rechanges<br />
pour F/A-18<br />
Boeing se voit notifier une<br />
commande pour la<br />
fourniture sur une durée de<br />
cinq ans d’un nombre non<br />
précisé de pièces de<br />
rechange pour avions de<br />
combat F/A-18. Montant<br />
de la commande : 323 M$.<br />
HAL<br />
A NOTER<br />
SEPTEMBRE<br />
■ Le 15, à Paris (Fr.),<br />
conférence Cassini-Huygens :<br />
le « Grand Final » à la Cité des<br />
sciences et de l’industrie.<br />
■ Du 15 au 17, à Téhéran<br />
(Iran), salon Aeropersia dédié<br />
à l’aéronautique civile et aux<br />
technologies aéroportuaires.<br />
www.aeropersia.com<br />
■ Du 19 au 22, à Pékin (Chine),<br />
salon aéronautique<br />
Aviation Expo.<br />
www.beijingaviation.com<br />
■ Les 26 et 27, à Cracovie<br />
(Pol.), conférence sur les<br />
communications militaires.<br />
■ Les 27 et 29, à Prague (Rép.<br />
tchèque), conférence sur la<br />
technologie des drones en<br />
Europe centrale et de l’Est.<br />
tchung@smi-online.co.uk<br />
OCTOBRE<br />
■ Du 3 au 5, à Sydney (Austr.),<br />
conférence Pacific 2017<br />
dédiée aux industries<br />
maritimes et de défense<br />
navale.<br />
■ Les 10 et 11, à Toulouse (Fr.),<br />
Colloque international<br />
de l’Académie de l’air et<br />
de l’espace sur la thématique:<br />
« Le climat a besoin<br />
d’espace. » www.academie-airespace.com/espaceclimat<br />
■ Du 10 au 13, à Munich (All.),<br />
salon du secteur<br />
aéroportuaire<br />
Inter <strong>Air</strong>port Europe.<br />
www.interairport.com/europe<br />
■ Du 16 au 18, à Bahreïn<br />
(Bahr.), salon de défense<br />
Bidec 2017 soutenu par les<br />
forces armées du royaume.<br />
■ Du 17 au 22, à Séoul (Cor.<br />
du Sud), salon aérospatial<br />
et de défense Adex.<br />
www.seouladex.com<br />
■ Du 24 au 26 à Accra<br />
(Ghana), salon aérospatial et<br />
de défense African <strong>Air</strong> Show.<br />
www.africanairshow.com<br />
10 www.air-cosmos.com COSMOS N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017<br />
AIR<br />
&
LA SEMAINE EN VISU<br />
plus sur air-cosmos.com<br />
EN POINTE<br />
EUTELSAT<br />
Bio express<br />
• 2003-2007 : chef de la division développement industriel<br />
à la Drire Ile-de-France.<br />
• 2007-2010 : conseiller technique au cabinet<br />
du Premier ministre.<br />
• 2010-2013 : directeur de la stratégie à Eutelsat.<br />
• Juillet 2013 : directeur technique adjoint<br />
et secrétaire du Comex.<br />
• Juillet 2014 : directeur technique.<br />
Yohann Leroy<br />
directeur général délégué d’Eutelsat<br />
Un nouvel élan chez l’opérateur<br />
La nomination en avril dernier<br />
de Yohann Leroy au poste de directeur<br />
général délégué, en sus<br />
de sa fonction de directeur technique,<br />
confirme le rajeunissement<br />
des cadres engagé au sein d’Eutelsat<br />
par son nouveau patron,<br />
Rodolphe Belmer : tout comme<br />
l’opérateur commercial de satellites<br />
de télécommunications français,<br />
créé en 1977, le nouveau directeur<br />
général délégué venait juste d’avoir<br />
40 ans à l’annonce de sa nomination.<br />
Diplômé de l’Ecole polytechnique<br />
et ingénieur des Mines, Yohann<br />
Leroy a débuté sa carrière<br />
en 2003 au sein de la Direction<br />
régionale de l’industrie, de la recherche<br />
et de l’environnement de<br />
l’Ile-de-France, un service déconcentré<br />
du ministère de l’Environnement<br />
qui assurait également<br />
des missions relevant du ministère<br />
de l’Economie, de l’Industrie et<br />
de l’Emploi. Jusqu’en 2007, le<br />
jeune homme y dirigea la division<br />
du développement industriel, avant<br />
de rejoindre le cabinet du Premier<br />
ministre François Fillon, en qualité<br />
de conseiller technique. Il fut notamment<br />
en charge des dossiers<br />
relatifs à l’économie numérique,<br />
aux télécommunications et à la<br />
politique industrielle.<br />
C’est en 2010 que cet adepte<br />
de marathon a entamé une nouvelle<br />
course dans sa carrière en<br />
intégrant Eutelsat, alors dirigé par<br />
Michel de Rosen, qui lui confia<br />
d’abord la direction de la stratégie.<br />
Trois ans plus tard, il le nommait<br />
directeur adjoint en charge de l’ingénierie<br />
et secrétaire du comité<br />
exécutif de la société, puis directeur<br />
technique en 2014. Dans ce<br />
dernier poste, ce karatéka ceinture<br />
noire s’est révélé aussi à l’aise sur<br />
le tatami qu’assis à la table des<br />
négociations avec les industriels<br />
du secteur.<br />
■ PFM<br />
MOUVEMENTS<br />
DÉFENSE<br />
L’ingénieur général hors<br />
classe Vincent Imbert<br />
est élevé au rang<br />
d’ingénieur général de<br />
classe exceptionnelle<br />
et nommé inspecteur<br />
général des armées.<br />
AFNOR<br />
Marc Ventre est élu<br />
président de cette<br />
association spécialiste<br />
de normes volontaires.<br />
Egalement président<br />
de la Société des<br />
ingénieurs et<br />
scientifiques de<br />
France, Marc Ventre<br />
préside le conseil<br />
d’administration<br />
d’Ariane Group.<br />
BEAM<br />
Vincent Gillet est<br />
nommé directeur<br />
général, après avoir été<br />
directeur<br />
développement<br />
marchés chez<br />
ArcelorMittal<br />
Distribution Solutions.<br />
CNES<br />
Gilles Rabin est<br />
nommé directeur de<br />
l’innovation, des<br />
applications et de la<br />
science. Il succède à<br />
Lionel Suchet, nommé<br />
directeur général<br />
délégué du Cnes.<br />
IATA<br />
Akbar el-Baker,<br />
président de Qatar<br />
<strong>Air</strong>ways, est élu<br />
président du conseil<br />
des gouverneurs.<br />
WIZZ AIR<br />
Stephen Jones est<br />
nommé directeur<br />
général. Il était<br />
auparavant directeur<br />
de la stratégie, du<br />
réseau et des alliances<br />
chez <strong>Air</strong> New Zealand.<br />
De son côté, Heiko<br />
Holm est promu<br />
directeur technique<br />
après avoir été<br />
responsable des<br />
services techniques.<br />
Iain Wetherall est<br />
également promu<br />
directeur financier<br />
après avoir été<br />
responsable de la<br />
planification financière<br />
et relations<br />
investisseurs.<br />
CATHAY PACIFIC<br />
James Ginns est<br />
nommé directeur<br />
régional Europe. Il était<br />
précédemment directeur<br />
pour la qualité services.<br />
PANASONIC<br />
AVIONICS<br />
David Bartlett est<br />
nommé directeur de la<br />
technologie et directeur<br />
pour la sécurité de<br />
l’information.<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 11
PROGRAMMES ET DÉVELOPPEMENT<br />
LE PROJET BLADE<br />
AIRBUS VA TESTER EN VOL<br />
DEUX VOILURES LAMINAIRES<br />
L’340-300 banc d’essai volant qui servira à l’exploration des voilures laminaires, lors de sa sortie d’atelier.<br />
AIRBUS<br />
«<br />
éduire<br />
LE PROJET BLADE VISE À EXPLORER LE<br />
COMPORTEMENT EN VOL DES VOILURES LAMINAIRES EN<br />
VUE D’UNE POTENTIELLE EXPLOITATION SUR DES AVIONS<br />
DE TRANSPORT CIVILS. UN BANC D’ESSAI VOLANT, SOUS<br />
LA FORME D’UN A340-300, SERVIRA À CET EFFET DANS<br />
LE CADRE D’UNE CAMPAGNE QUI VA S’ÉTALER SUR<br />
150 HEURES DE VOL ET QUI VA DÉBUTER<br />
INCESSAMMENT.<br />
la consommation<br />
à hauteur de 5 % pour un<br />
vol de 800 nautiques, c’est l’objectif<br />
auquel nous voudrions<br />
parvenir », commente Daniel<br />
Kierbel, responsable du projet<br />
Blade chez <strong>Air</strong>bus, acronyme de<br />
Breakthrough Laminar <strong>Air</strong>craft<br />
Demonstrator in Europe, « avion<br />
démonstrateur de rupture laminaire<br />
en Europe ». C’est le but<br />
que tente d’atteindre <strong>Air</strong>bus au<br />
travers de son démonstrateur<br />
A340, qui vient juste d’effectuer<br />
sa sortie d’usine à Tarbes et qui<br />
va sous peu entamer sa première<br />
campagne de vols expérimentaux.<br />
Cet appareil diffère des autres<br />
A340 : sa voilure est très particulière.<br />
Elle est équipée de<br />
profils laminaires, qui devraient<br />
permettre cette prometteuse<br />
économie de kérosène.<br />
DU SUPERCRITIQUE<br />
AU LAMINAIRE.<br />
Depuis le Falcon 50, presque tous<br />
les avions de transport civils ont<br />
été équipés de profils dits supercritiques.<br />
Ce type de profil, dont<br />
la forme est caractérisée par une<br />
ligne moyenne à double courbure,<br />
inversée dans la partie avant avec<br />
un extrados aplati et un intrados<br />
creux dans sa partie arrière, présente<br />
de nombreux avantages aérodynamiques,<br />
en dehors d’une épaisseur<br />
relative qui peut être importante<br />
et favoriser ainsi le stockage<br />
de carburant. L’adoption de ces<br />
profils est liée à la vitesse des avions<br />
de transport civil, voisine de Mach 1,<br />
afin de juguler les phénomènes<br />
de compressibilité rencontrés notamment<br />
pendant et juste après la<br />
Seconde Guerre mondiale, au<br />
cours de piqués prolongés.<br />
Sur une voilure classique, les<br />
filets d’air subissent une accélération<br />
autour des profils, en particulier<br />
au niveau de l’extrados<br />
de l’aile, avec des vitesses d’écoulement<br />
localement supersoniques,<br />
lesquelles génèrent une onde de<br />
choc qui s’accompagne d’une<br />
importante dégradation des performances<br />
de l’avion. Sur les<br />
profils supercritiques, le nombre<br />
de Mach local maximal est atteint<br />
rapidement, et reste plus ou<br />
moins stationnaire lorsque le<br />
Mach général augmente. A traînée<br />
égale, l’avion peut ainsi évoluer<br />
plus vite.<br />
Mais à l’heure des économies,<br />
de la réduction des émissions de<br />
tous types de polluants, le profil<br />
laminaire semble être nettement<br />
plus prometteur en termes d’économies,<br />
même si la vitesse de<br />
croisière des futurs avions civils<br />
pourrait être sensiblement réduite.<br />
Le but de ces profils est de maximiser<br />
la finesse aérodynamique,<br />
raison pour laquelle ce type de<br />
profil équipe depuis la fin de la<br />
décennie 1940 la grande majorité<br />
des aéronefs œuvrant dans le<br />
domaine du vol à voile, autrement<br />
dit les planeurs.<br />
EXPLORATION<br />
DE L’ÉCOULEMENT<br />
LAMINAIRE.<br />
Si cette idée, celle de l’adoption<br />
de profils laminaires sur des avions<br />
de transport civils, semble extrêmement<br />
intéressante, il n’en<br />
AIR & COSMOS<br />
12 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
PROGRAMMES ET DÉVELOPPEMENT<br />
reste pas moins qu’elle peut se<br />
heurter à différents freins, dont<br />
certains peuvent être de taille.<br />
C’est ce qui explique la campagne<br />
d’essais lancée par <strong>Air</strong>bus<br />
dans le cadre de l’initiative Clean<br />
Sky 2, au travers du projet Blade,<br />
en coopération notamment avec<br />
Saab et Dassault, ainsi qu’un certain<br />
nombre d’instituts de recherche<br />
parmi lesquels figurent<br />
entre autres l’Onera et le<br />
DLR – il y a au total 21 partenaires<br />
européens, 500 contributeurs<br />
et 6500 pièces.<br />
Cet A340 fortement modifié<br />
a la particularité d’avoir des extensions<br />
de voilure, d’une longueur<br />
de huit mètres, permettant<br />
de tester le principe de l’écoulement<br />
laminaire. Deux designs<br />
différents d’extension seront testés,<br />
ayant chacun un procédé de<br />
fabrication différent. Car l’industrialisation<br />
des voilures est<br />
un des domaines directement<br />
concernés par les campagnes<br />
d’essais en vol. Si les profils laminaires<br />
semblent très avantageux,<br />
l’une des questions qui<br />
nécessite une réponse, laquelle<br />
ne peut être que déterminée par<br />
le biais de ces campagnes, est<br />
celle de la production de ces<br />
voilures. Les profils laminaires<br />
nécessitent une construction<br />
particulièrement soigneuse,<br />
exempte de toute perturbation<br />
potentielle du profil, car le cas<br />
échéant ce dernier générerait<br />
alors un écoulement turbulent.<br />
MSN01.<br />
Lancé en 2008, ce projet a vu<br />
sa définition gelée en 2010, avant<br />
de faire l’objet d’essais en soufflerie<br />
début 2014. Sa construction<br />
s’est effectuée entre fin 2015 et<br />
septembre 2017 (c’est-à-dire<br />
voici à peine une semaine) à<br />
Tarbes, chez Tarmac Aerosave.<br />
Cette société française, surtout<br />
connue pour son activité de recyclage<br />
d’avions sortis du service,<br />
s’est ainsi dotée d’un nouveau<br />
hall de 700 m 2 dans lequel l’A340<br />
a été modifié. Ce dernier n’est<br />
autre que le MSN 001, soit le<br />
premier avion d’essai du quadrimoteur<br />
d’<strong>Air</strong>bus. La campagne<br />
d’essais en vol devrait<br />
AIRBUS<br />
Une des deux voilures laminaires, celle-ci étant réalisée en matériaux composites, sans joints.<br />
s’étendre sur 150 heures et débuter<br />
durant la seconde moitié<br />
de ce mois-ci.<br />
Le laboratoire volant est bardé<br />
de capteurs, mais surtout de caméras<br />
destinées à enregistrer<br />
pour ensuite analyser l’écoulement<br />
sur les deux voilures laminaires.<br />
Les deux nacelles situées<br />
au niveau des saumons d’aile,<br />
ainsi que la dérive de l’A340-<br />
300, comportent des caméras<br />
thermiques qui permettront,<br />
grâce à l’apport des rayons solaires,<br />
de mettre en évidence les<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 13
PROGRAMMES ET DÉVELOPPEMENT<br />
écoulements laminaires et turbulents<br />
à partir de l’amplitude<br />
thermique relevée sur les deux<br />
ailes. La réflectométrie sera également<br />
utilisée. Un ensemble de<br />
2000 paramètres seront relevés,<br />
« soit la plus grosse installation<br />
de mesure et de relèvement jamais<br />
réalisée jusqu’alors chez<br />
<strong>Air</strong>bus », pointe Daniel Kierbel,<br />
responsable du projet Blade chez<br />
<strong>Air</strong>bus.<br />
métallique et présence d’un joint<br />
mis au point par <strong>Air</strong>bus, suffisamment<br />
lisse pour respecter les<br />
tolérances propres à l’écoulement<br />
laminaire. Si cette voilure représente<br />
un défi supplémentaire en<br />
raison du joint, industriellement<br />
parlant elle est plus intéressante,<br />
car il y a une séparation entre<br />
bord d’attaque, soit la partie la<br />
plus exposée aux chocs, et le<br />
reste de la voilure. Si nous arrivoilure,<br />
qui peut être un véritable<br />
frein pour les compagnies exploitantes.<br />
Si ces dernières devaient<br />
passer une heure, une<br />
heure et demie à remettre en<br />
état la voilure de l’appareil entre<br />
chaque vol pour pouvoir redécoller<br />
afin de garantir un écoulement<br />
laminaire, ce ne serait<br />
clairement pas envisageable. C’est<br />
pourquoi il faut progresser sur<br />
les aspects industriels et l’assemtout<br />
simplement de dévier les<br />
impacts de moustiques, mouches<br />
et autres moucherons au décollage<br />
de la voilure, qui sont à<br />
même une fois écrasés sur le<br />
bord d’attaque ou même plus<br />
en amont de la voilure, de dégrader<br />
l’écoulement de telle<br />
sorte qu’il passe du laminaire au<br />
turbulent. Cette solution avait<br />
été également essayée chez<br />
Boeing, sur l’Ecodemonstrator<br />
L’A340-300 dispose d’une série de caméras thermiques logées dans la nacelle au premier plan ainsi que dans la dérive.<br />
AIRBUS<br />
« Les deux voilures dont<br />
l’A340 est équipé sont celles qui<br />
sont les plus prometteuses, commente<br />
Laurent Malard, expert<br />
en vol d’essais aérodynamiques<br />
chez <strong>Air</strong>bus. L’une est constituée<br />
d’une seule pièce sortie des fours<br />
autoclaves qui part de l’intrados<br />
et qui remonte jusqu’à 60 % de<br />
corde, avec nervures intégrées,<br />
sans élément de structure à ajouter.<br />
L’autre est une voilure plus<br />
classique avec bord d’attaque<br />
vons à gérer l’écoulement laminaire<br />
sur cette dernière, ce sera<br />
évidemment un bénéfice plein. »<br />
TOLÉRANCES FINES.<br />
« Fabriquer une voilure laminaire<br />
est très contraignant, poursuit<br />
Laurent Malard, car les tolérances<br />
sont extrêmement fines au niveau<br />
de l’assemblage des composants.<br />
Le deuxième aspect et objet de<br />
cette campagne d’essais concerne<br />
celui de la contamination de la<br />
blage – raison pour laquelle il y<br />
a deux concepts de voilure laminaire<br />
présents sur le démonstrateur.<br />
C’est aussi pourquoi<br />
nous commençons à réfléchir à<br />
la contamination par le biais<br />
d’un volet Krueger. »<br />
Le volet Krueger, qui est à la<br />
base un bec de sécurité, servira<br />
dans le cadre de la campagne<br />
d’essais en vol de véritable déflecteur,<br />
puisqu’il sera situé sur<br />
le bord d’attaque. Son but est<br />
(cf. A&C n° 2448), pour tenter<br />
de dévier le vol des insectes. Avec<br />
des résultats brillants certes, mais<br />
ayant entraîné une traînée additionnelle.<br />
C’est pourquoi le<br />
constructeur de Seattle avait redessiné<br />
son volet afin qu’il puisse<br />
se rétracter sans générer de traînée<br />
excessive, propre à faire passer<br />
l’écoulement en turbulent. Le<br />
volet Krueger pose cependant<br />
un autre problème, dégagé de<br />
son influence sur la laminarité :<br />
AIR & COSMOS<br />
14 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
PROGRAMMES ET DÉVELOPPEMENT<br />
A. ANGRAND<br />
il génère une masse supplémentaire.<br />
C’est pourquoi le volet<br />
Krueger ne sera pas forcément<br />
l’élément définitivement retenu,<br />
si les essais voilure s’avèrent<br />
concluants. « Nous n’excluons<br />
pour le moment aucune solution,<br />
nous allons lancer des groupes<br />
de travail autour de ce sujet, explique<br />
Laurent Malard. Une fois<br />
que nous aurons réussi à démontrer<br />
que nous savons gérer<br />
la laminarité en vol, restera le<br />
sujet de la décontamination.<br />
Nous espérons pouvoir bientôt<br />
sélectionner deux ou trois candidats<br />
qui s’avèrent très prometteurs.<br />
On peut imaginer des matériaux<br />
“self erosive”, des<br />
matériaux visqueux qui empêcheraient<br />
les insectes de rester<br />
collés, ou encore de recourir à<br />
l’aspersion d’un produit comparable<br />
au glycol, comme les<br />
compagnies le font en hiver. »<br />
SOLUTIONS.<br />
<strong>Air</strong>bus, quoi qu’il en soit, devra<br />
montrer aux compagnies qu’il<br />
dispose d’une solution non<br />
contraignante et très efficace<br />
pour éviter ou se débarrasser de<br />
la contamination. Le volet Krueger<br />
ne sera pas forcément la<br />
meilleure solution, puisqu’une<br />
fois rangé à l’intrados et garni<br />
de moustiques, il dégradera les<br />
performances aérodynamiques<br />
en cet endroit de l’aile, dont<br />
l’écoulement deviendra en<br />
conséquence turbulent. Mais<br />
<strong>Air</strong>bus n’a de toute façon traité<br />
en laminaire que l’extrados de<br />
On voit ici la séparation entre les flux laminaires<br />
(en bleu) et turbulents (en jaune), grâce à l’une<br />
des caméras thermiques.<br />
A. ANGRAND<br />
Le pupitre des ingénieurs d’essai en vol, en cabine,<br />
qui permettra l’enregistrement des données relevées.<br />
ses deux voilures d’essai. « L’idéal<br />
serait d’avoir, de manière similaire<br />
à ce qui se pratique actuellement<br />
sur les planeurs, une voilure laminaire<br />
en intrados, extrados et<br />
même quasiment jusqu’au bord<br />
de fuite, ajoute Laurent Malard.<br />
Cependant, ce serait difficile à<br />
atteindre dans les conditions actuelles.<br />
Nous espérons aller<br />
jusqu’à 60 % de laminarité à<br />
l’extrados et pourquoi pas, dans<br />
le futur, à l’intrados. Pour le moment,<br />
il s’agit avant toute chose<br />
de démontrer que cela fonctionne<br />
à l’extrados. »<br />
MACH 0,75.<br />
<strong>Air</strong>bus vise à terme un appareil<br />
de type moyen-courrier avec<br />
une vitesse de Mach 0,75. Soit<br />
une vitesse inférieure à celle des<br />
avions de transport actuels, mais<br />
avec des gains intéressants. « On<br />
gagne sur deux tableaux, à isovitesse<br />
sur l’aspect laminaireturbulent,<br />
mais également sur<br />
l’aspect diminution des vitesses,<br />
qui réduisent les irréversibilités<br />
et donc la consommation de<br />
carburant. En court-courrier,<br />
cela représenterait énormément<br />
d’avions et des impacts immédiatement<br />
bénéfiques sans trop<br />
de conséquences ou du moins<br />
très réduites, c’est-à-dire à peine<br />
quelques minutes de vol supplémentaires.<br />
La question se pose<br />
autrement en long-courrier, où<br />
il faudrait ajouter au moins une<br />
heure de vol supplémentaire<br />
pour se rendre outre-Atlantique<br />
par exemple », commente Laurent<br />
Malard.<br />
Les voilures laminaires sont<br />
également tributaires des conditions<br />
météorologiques. « C’est<br />
ce qui constituera d’ailleurs la<br />
seconde partie des essais de<br />
l’A340 Blade, qui incorporera<br />
perturbations, défauts de surface,<br />
génération de bruit et influence<br />
sur la laminarité, vol en présence<br />
de nuages chargés de cristaux<br />
de glace. Sans aller jusqu’à l’accrétion<br />
de givre avec déformation<br />
du profil, certains types de<br />
concentrations de cristaux dans<br />
les masses d’air seront cherchés<br />
et mesurés afin de définir l’impact<br />
et les perturbations générées sur<br />
les profils. Le but de Blade est<br />
de faire un statut complet sur la<br />
laminarité, les performances, les<br />
contraintes, les facteurs d’influence<br />
», conclut Laurent Malard.<br />
■ Antony Angrand<br />
@antony_angrand<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 15
DÉFENSE<br />
Drones armés<br />
LA FRANCE<br />
FRANCHIT LE PAS<br />
LA MINISTRE DES ARMÉES A ANNONCÉ SA VOLONTÉ DE FAIRE ARMER LES DRONES<br />
ACTUELLEMENT EMPLOYÉS PAR L’ARMÉE DE L’AIR. CETTE DÉCISION S’APPLIQUERA<br />
ÉGALEMENT AUX FUTURS VÉHICULES QUI SERONT DÉVELOPPÉS OU ACQUIS PAR LA SUITE.<br />
L’annonce est tombée<br />
comme une surprise,<br />
même si la décision<br />
était attendue depuis<br />
quelque temps. La ministre<br />
des Armées, Florence Parly,<br />
a déclaré à l’occasion de son discours<br />
de clôture des universités<br />
d’été de la Défense que la France<br />
a fait le choix d’armer ses drones :<br />
« J’ai décidé de lancer le processus<br />
d’armement de nos drones de<br />
surveillance et de renseignement. »<br />
L’armée de l’<strong>Air</strong> opère actuellement<br />
deux types de drones<br />
Male (Moyenne altitude, longue<br />
endurance) : les Harfang d’<strong>Air</strong>bus<br />
Defense & Space, issus d’une<br />
coopération franco-israélienne,<br />
et le MQ-9 Reaper (Predator B)<br />
de l’américain General Atomics.<br />
Les Harfang sont en fin de carrière,<br />
ils ont déjà été retirés de<br />
l’opération Barkhane et sont<br />
désormais employés sur le territoire<br />
national pour de l’entraînement<br />
et des missions de<br />
surveillance. Leur retrait du service<br />
devrait intervenir prochainement.<br />
Six Reaper sont en service.<br />
Cinq sont déployés dans la<br />
Bande sahélo-saharienne et le<br />
dernier véhicule est à Cognac.<br />
Ce sont ces véhicules qui seront<br />
armés, a annoncé la ministre.<br />
reaper Block 5.<br />
La France a commandé quatre<br />
systèmes de drones Reaper comprenant<br />
chacun trois véhicules<br />
et deux stations sol. Les premiers<br />
véhicules livrés sont au standard<br />
Block 1, ne disposant pas d’une<br />
architecture ouverte et sur laquelle<br />
les techniciens français ne peuvent<br />
pas intervenir. La maintenance<br />
des véhicules ainsi que certaines<br />
phases de vol sont réalisées par<br />
des représentants de la société<br />
General Atomics. La France recevra<br />
dans l’avenir des Block 5<br />
et les premiers véhicules devraient<br />
être portés au même standard.<br />
Cette version ouvrira la voie à<br />
des francisations et à l’intégration<br />
de nouvelles charges utiles. Le<br />
Block 5 est opérationnel et déployé<br />
depuis cette année au sein<br />
de l’US <strong>Air</strong> Force. Ce standard<br />
comprend aussi une capacité<br />
d’imagerie haute définition, une<br />
capacité d’emport de charge<br />
ROEM (Renseignement d’origine<br />
électromagnétique), et une<br />
capacité de décollage et atterrissage<br />
automatique.<br />
Le Reaper est déjà capable<br />
d’emporter de l’armement. La<br />
France avait cependant fait le<br />
choix d’acquérir des véhicules<br />
dépourvus de cette capacité. Les<br />
Etats-Unis ou encore le<br />
Royaume-Uni se servent de cet<br />
appareil pour effectuer des frappes<br />
depuis plusieurs années. La gamme<br />
d’armes du Reaper comprend le<br />
missile AGM-114 Hellfire (Jusqu’à<br />
quatre missiles) et des bombes<br />
guidées GBU (GBU-12 à guidage<br />
laser ou GBU-38 à guidage GPS).<br />
Il est probable que la France choisisse<br />
ces mêmes armements qui<br />
sont d’ailleurs déjà employés dans<br />
les forces. Reste cependant à entamer<br />
de nouvelles négociations<br />
avec les Etats-Unis. En effet, le<br />
contrat initial ne prévoyait pas<br />
l’armement des véhicules. Il semble<br />
peu probable que Washington<br />
s’oppose à ce processus. Des drones<br />
armés ont été fournis à d’autres<br />
alliés. De plus la France et les<br />
Etats-Unis sont engagés dans le<br />
même combat contre le terrorisme.<br />
L’opération devrait cependant<br />
avoir un coût. La décision<br />
AIR & COSMOS<br />
16 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
DÉFENSE<br />
La France veut armer<br />
ses drones MQ-9 Reaper.<br />
E. HUBERDEAU<br />
Le rôle de l’équipage est essentiel.<br />
d’armer les drones français devrait<br />
concerner les Reaper Block 5.<br />
La ministre a annoncé que le<br />
futur drone européen sera lui aussi<br />
armé. Il s’agit du drone Male<br />
RPAS, projet européen attendu<br />
à l’horizon 2025. Un programme<br />
qui concerne actuellement la<br />
France, l’Allemagne, l’Italie et<br />
l’Espagne à travers <strong>Air</strong>bus Defence<br />
and Space, Dassault Aviation et<br />
Leonardo. Le programme a bénéficié<br />
d’une étude de faisabilité.<br />
Les futurs drones de combat<br />
(Ucav) n’ont pas été cités par la<br />
ministre. Mais l’armement de ce<br />
type de véhicule, qui pourrait résulter<br />
du programme FCAS<br />
conduit avec le Royaume-Uni,<br />
ne fait pas de doute. Leur nature<br />
même faisant d’eux des véhicules<br />
armés. Le démonstrateur Neuron<br />
est d’ailleurs déjà capable d’emporter<br />
et de larguer de l’armement.<br />
Le cas du Patroller n’a pas non<br />
plus été cité. Le futur drone tactique<br />
de l’armée de Terre a pourtant<br />
la capacité technique d’emporter<br />
des armes et il existe,<br />
comme pour le drone Male, un<br />
intérêt opérationnel d’être armé.<br />
evolution<br />
Des mentalités.<br />
Lorsqu’en 2013, la France avait<br />
lancé le processus d’acquisition<br />
des Reaper, elle avait fait le choix<br />
de ne pas les faire armer. A<br />
l’époque, l’idée de disposer de<br />
véhicules pilotés à distance pouvant<br />
larguer de l’armement ne<br />
faisait pas l’unanimité. Ni les<br />
forces armées ni l’opinion ne<br />
semblaient prêtes à franchir le<br />
pas. Depuis, les mentalités ont<br />
évolué. Les militaires se sont<br />
progressivement faits les avocats<br />
des bénéfices de l’armement<br />
des drones. Comme l’a rappelé<br />
Florence Parly, en BSS, les drones<br />
sont devenus des moyens incontournables.<br />
Ils participent à<br />
toutes les opérations majeures<br />
afin d’effectuer principalement<br />
des missions de surveillance.<br />
Mais les équipages ont parfois<br />
éprouvé de la frustration de ne<br />
pas pouvoir intervenir directement.<br />
Pour l’heure, les forces<br />
armées françaises doivent coordonner<br />
l’action des drones avec<br />
d’autres moyens aériens (chasseurs<br />
et donc souvent ravitailleurs,<br />
ou hélicoptères). Le drone<br />
Reaper peut d’ailleurs déjà désigner<br />
une cible pour un armement<br />
tiré par une autre plateforme.<br />
Cette situation complique<br />
la coordination, mais aussi coûte<br />
plus cher et peut nuire à la réactivité,<br />
car parfois l’opportunité<br />
de traiter une cible peut être<br />
fugace et peut disparaître le<br />
temps qu’arrive un appareil<br />
armé. L’armement des drones<br />
doit donc permettre de gagner<br />
en efficacité et d’optimiser l’emploi<br />
des moyens aériens.<br />
Les mentalités ont aussi évolué<br />
du côté des représentations de<br />
la nation. En mai 2017, un rapport<br />
parlementaire intitulé<br />
« Drones d’observation et drones<br />
armés : un enjeu de souveraineté<br />
», prenait position en faveur<br />
de l’armement des drones français<br />
: « L’avantage concret offert<br />
sur le terrain plaide pour l’armement<br />
des drones Male de<br />
l’armée de l’<strong>Air</strong>. » Avec cette<br />
décision, Florence Parly a expliqué<br />
aussi vouloir éviter le déclassement<br />
de nos forces armées.<br />
Il y a en effet un risque de se<br />
voir écarté de certaines opérations<br />
faute d’équipements adaptés.<br />
Or les principaux alliés de<br />
la France emploient aujourd’hui<br />
des drones armés.<br />
E. HUBERDEAU<br />
pas Des roBots tueurs.<br />
Pour la ministre des Armées, l’armement<br />
des drones ne pose pas<br />
de question morale, éthique ou<br />
juridique : « Un drone armé n’est<br />
pas un robot tueur », a-t-elle rappelé.<br />
En effet, les drones actuels<br />
sont des véhicules pilotés à distance.<br />
Le pilote n’est pas à bord, mais<br />
reste en permanence aux commandes<br />
depuis un cockpit déporté.<br />
Un cockpit que l’armée de l’<strong>Air</strong><br />
a décidé de localiser sur le théâtre<br />
d’opération sur une base aérienne<br />
projetée où l’unité de drone est<br />
au contact direct des autres<br />
moyens aériens et à proximité<br />
des moyens terrestres. L’emploi<br />
de la charge utile ou des armements<br />
dépend en permanence<br />
de l’homme. Un certain nombre<br />
d’armements sont déjà opérés à<br />
plusieurs centaines de kilomètres<br />
de leur cible tels que les missiles<br />
de croisière. Le drone s’inscrit<br />
dans une logique progressive et<br />
historique d’éloignement du<br />
combattant de son ennemi.<br />
Florence Parly a réaffirmé<br />
par ailleurs son attachement au<br />
droit des conflits armés. Les<br />
drones armés devraient donc<br />
être employés comme le sont<br />
les avions de combat. Dans un<br />
cadre strict avec un contrôle<br />
attentif des cibles et du contexte<br />
au sol et une volonté d’éviter<br />
les dégâts collatéraux.<br />
On peut donc penser qu’il n’y<br />
a pas lieu de débattre longuement<br />
sur les aspects moraux de l’armement<br />
des véhicules pilotés à<br />
distance. Sur le plus long terme,<br />
par contre, il serait peut-être temps<br />
de lancer un débat sur l’autonomisation<br />
attendue des drones,<br />
rendue possible grâce aux avancées<br />
de l’intelligence artificielle. Jusqu’où<br />
ira l’autonomie des drones dans<br />
l’avenir? Ces véhicules seront-ils<br />
un jour capables d’opérer de façon<br />
autonome leur armement? Les<br />
avancées dans ce domaine sont<br />
très rapides. Aussi faudrait-il d’ores<br />
et déjà ouvrir le débat pour ne<br />
plus perdre de temps et afin de<br />
profiter des bénéfices de l’intelligence<br />
artificielle tout en cadrant<br />
son emploi.<br />
■ A Toulon, Emmanuel Huberdeau<br />
@emhuberdeau<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 17
DÉFENSE<br />
BUDGET<br />
Des fonds supplémentaires<br />
pour la Défense<br />
A L’OCCASIOn DeS unIverSItéS D’été Du MeDeF, LA<br />
MInIStre DeS ArMéeS, FLOrenCe PArLy, A exPrIMé<br />
SOn SOuhAIt De POSItIOnner Le MInIStère « Au<br />
Cœur De L’InDuStrIe InnOvAnte ».<br />
Florence Parly a profité des<br />
universités d’été du Medef<br />
pour annoncer l’accroissement<br />
de l’aide destinée au<br />
PME de Défense. « Je lancerai<br />
avant la fin de l’année un fonds<br />
d’investissement dans les PME<br />
de Défense en partenariat avec<br />
Bpifrance. » Cette participation<br />
s’élèvera à 50 M€, ce qui « permettra<br />
à l’Etat de rentrer au capital<br />
de certaines pépites technologiques,<br />
de les soutenir dans<br />
leur gouvernance et dans leurs<br />
ambitions », a détaillé Florence<br />
Parly. Ce fonds viendra compléter<br />
les aides accordées aux PME au<br />
travers du dispositif Rapid, bénéficiant<br />
lui aussi de 50 M€<br />
d’aide de la part du ministère<br />
des Armées.<br />
Le secteur de la Défense en<br />
France est en effet un domaine<br />
porteur pour l’innovation. De<br />
nombreuses avancées technologiques<br />
voient le jour dans la<br />
Défense et trouvent par la suite<br />
leurs applications civiles. Nul<br />
besoin de rappeler qu’Internet,<br />
avant d’inonder les entreprises<br />
et les ménages, fut conçu pour<br />
les besoins des militaires américains.<br />
« La Défense, avec ses<br />
besoins d’adaptation aux nouvelles<br />
menaces, pousse l’industrie<br />
française à développer des innovations<br />
(drones, aéronautique,<br />
santé, matériaux innovants, etc.)<br />
qui bénéficient aux technologies<br />
civiles », rapporte le ministère<br />
des Armées.<br />
En plus d’être un catalyseur<br />
d’innovation, le secteur de la<br />
Défense est porteur d’emplois.<br />
Il représente un tissu industriel<br />
considérable avec « plus de<br />
165000 emplois sur tout le territoire<br />
[… et] 4000 PME technologiques<br />
». La ministre a également<br />
rappelé le poids<br />
économique du domaine de la<br />
Défense et le rôle prépondérant<br />
joué par l’Etat. Ainsi, « ce sont<br />
plus de 10 Md€ investis dans<br />
l’industrie, faisant des armées le<br />
premier investisseur de l’Etat ».<br />
UN BUDGET EN HAUSSE.<br />
Mais la ministre ne compte pas<br />
s’arrêter en si bon chemin. Les<br />
efforts du ministère des Armées<br />
se traduisent également par une<br />
augmentation du budget de Défense<br />
pour 2018. Florence Parly<br />
MINISTÈRE DES ARMÉES<br />
La ministre des Armées s’est rendue<br />
aux universités d’été du Medef pour découvrir<br />
les innovations des entreprises françaises.<br />
a ainsi déclaré : « Je prends l’engagement<br />
d’augmenter sensiblement<br />
le budget alloué à la<br />
préparation de l’avenir. » Ainsi,<br />
après les coupes drastiques caractérisant<br />
l’année 2017, le budget<br />
2018 devrait atteindre 34,2 Md€,<br />
« soit 1,8 Md€ de plus par rapport<br />
à la loi de finances initiales de<br />
2017 », décrit le ministère des<br />
Armées. Pour rappel, pour l’année<br />
en cours, le budget de Défense<br />
a été amputé de 850 M€.<br />
Cette augmentation s’inscrit<br />
dans l’objectif des 2 % du PIB<br />
consacré à l’effort de Défense<br />
que le président Emmanuel Macron<br />
s’est engagé à atteindre en<br />
2025. « Afin de dessiner ce que<br />
sera la Défense dans dix, quinze<br />
ou vingt ans, je défendrai en particulier<br />
une augmentation de<br />
30 % du budget alloué aux études<br />
et aux travaux d’innovation », a<br />
annoncé la ministre. En parallèle,<br />
les 34,2 Md€ devant être consacrés<br />
à la Défense en 2018 comprendront<br />
une augmentation de<br />
200 M€ pour le budget Opex,<br />
soit une provision de 650 M€.<br />
Les militaires et leurs infrastructures<br />
devraient bénéficier de la<br />
même somme (200 M€) afin de<br />
préserver, voire améliorer, leurs<br />
conditions de travail.<br />
LPM.<br />
Pour l’année 2019, le budget de<br />
Défense dépendra de la « prochaine<br />
loi de programmation<br />
militaire pour 2019-2025, qui<br />
sera élaborée sur la base des<br />
conclusions de la Revue stratégique<br />
». Celles-ci devraient<br />
être communiquées en octobre.<br />
■ Justine Boquet<br />
TWEET AIR<br />
#Iran. Le commandant iranien de la défense antiaérienne a annoncé la réussite des tests du nouveau système<br />
antimissile Bavar 373, produit localement. #Otan. Quatre F-15C américains ont rejoint la Lituanie pour mener la<br />
mission Baltic <strong>Air</strong> Policing de l’Otan. Les Américains prennent la tête de cette opération de protection de l’espace<br />
aérien des pays Baltes et relèvent la Pologne.#Armées. Selon le ministère des Armées, une majorité de Français<br />
(82 %) se déclarent favorables au maintien ou à l’augmentation des dépenses de la Défense. Ils sont 55 % à penser<br />
que le budget actuel est insuffisant.<br />
18 www.air-cosmos.com COSMOS N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017<br />
AIR<br />
&
DÉFENSE<br />
SEA CEPTOR<br />
La Royal Navy<br />
mène les<br />
premiers tirs<br />
MBDA<br />
MBDA a annoncé le<br />
4 septembre le succès<br />
des premiers tirs<br />
de Sea Ceptor depuis une<br />
frégate de type 23, la « HMS<br />
Argyll ». L’industriel a décrit<br />
cet essai comme « une étape<br />
majeure pour la Royal Navy »<br />
britannique.<br />
Le Sea Ceptor devra remplacer<br />
à termes le système<br />
Sea Wolf sur les frégates de<br />
type 23. Cette modernisation<br />
fait partie du programme d’extension<br />
de la durée de vie des<br />
bâtiments de la Royal Navy.<br />
Grâce à ce nouveau système<br />
de défense sol-air, utilisant des<br />
missiles CAMM, les frégates<br />
britanniques de type 23 voient<br />
leurs capacités améliorées. Ainsi,<br />
MBDA déclare que le « Sea<br />
Ceptor fournira une protection<br />
accrue de la Royal Navy<br />
contre les missiles de croisière<br />
antinavires, les aéronefs et autres<br />
menaces de haut degré ».<br />
Grâce au missile CAMM<br />
mis en œuvre dans le système<br />
Sea Ceptor, les frégates posséderont<br />
une meilleure portée.<br />
Leur vitesse, leur liaison<br />
de données ainsi que l’autodirecteur<br />
radar « permettent<br />
aux missiles d’intercepter des<br />
menaces plus complexes »,<br />
rapporte MBDA.<br />
D’autres essais doivent encore<br />
être menés avant le retour<br />
en service des frégates<br />
de type 23. A termes, le<br />
Sea Ceptor devrait également<br />
être installé sur les frégates<br />
de type 26.<br />
■ JB<br />
ARMÉE DE L’AIR<br />
Création de la 62 e escadre de transport<br />
Le 5 septembre 2017,<br />
L’armée de L’air<br />
céLébrera La création<br />
de La 62 e escadre de<br />
transport sur La base<br />
d’orLéans-bricy. cette<br />
nouveLLe unité réunira<br />
L’escadron poitou, Le<br />
Franche-comté et un<br />
escadron de soutien<br />
technique<br />
aéronautique.<br />
L<br />
’US Navy a annoncé l’appareillage,<br />
depuis Norfolk,<br />
du bâtiment amphibie<br />
« USS Wasp » en direction du<br />
Japon. Le navire va être déployé<br />
à Sasebo sous la responsabilité<br />
de la 7 e flotte.<br />
La nouveauté réside dans le<br />
fait que l’« USS Wasp » a été déclaré<br />
apte à l’emport du chasseur<br />
à décollage court et appontage<br />
vertical F-35B. Il pourra donc<br />
servir de base flottante aux<br />
F-35B du Marine Fighter Attack<br />
Squadron 121 qui sont déployés<br />
au Japon depuis le début de l’année<br />
2017.<br />
Il s’agirait d’une étape importante<br />
pour le F-35B. Les Marines<br />
ont déclaré la capacité opérationnelle<br />
initiale de l’appareil à<br />
l’été 2015. Plusieurs campagnes<br />
d’essais ont déjà eu lieu à bord<br />
E. HUBERDEAU<br />
L’escadron Poitou est intégré à la 62 e escadre.<br />
Le mouvement de création<br />
(ou recréation) des escadres<br />
au sein de l’armée de l’<strong>Air</strong><br />
se poursuit. L’armée de l’<strong>Air</strong> a<br />
annoncé la création d’une troisième<br />
escadre dédiée au transport,<br />
la 62 e , sur la base aérienne 123<br />
d’Orléans-Bricy.<br />
Cette nouvelle unité est composée<br />
de l’escadron Poitou (escadron<br />
des forces spéciales <strong>Air</strong><br />
équipé de C160 Transall et de<br />
C130H Hercules) et de l’escadron<br />
Franche-Comté (équipé<br />
de C130H). Pour l’occasion, un<br />
escadron de soutien technique<br />
aéronautique (Esta) a été créé.<br />
Cette unité de mécaniciens est<br />
chargée du soutien des appareils<br />
de l’escadre. La 62 e escadre sera<br />
colocalisée avec la 61 e escadre<br />
de transport équipée d’A400M<br />
US NAVY<br />
L’« USS Wasp », capable d’embarquer<br />
le F-35B, déployé au Japon<br />
US NAVY<br />
L’« USS Wasp » appareille pour le Japon.<br />
des bâtiments amphibies de<br />
l’US Navy.<br />
En juillet 2016, le F-35B avait<br />
participé pour la première fois<br />
à l’exercice Red Flag de l’US<br />
<strong>Air</strong> Force, l’un des principaux<br />
Atlas. L’autre escadre de transport<br />
de l’armée de l’<strong>Air</strong> est la 64 e ,<br />
basée à Evreux et équipée de<br />
Transall et de Casa.<br />
La 62 e escadre de transport<br />
devrait réceptionner fin 2017 le<br />
premier des quatre C130J Super<br />
Hercules (deux C130J et deux<br />
KC130J) commandés. Les<br />
C-130H vont, eux, être modernisés.<br />
■ EH<br />
entraînements d’avions de combat<br />
aux Etats-Unis. Il s’agissait<br />
justement d’appareils du Squadron<br />
121.<br />
■ Emmanuel Huberdeau<br />
@emhuberdeau<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 19
ESPACE<br />
WORLD SATELLITE BUSINESS WEEK 2017<br />
DES MARCHÉS<br />
BOULEVERSÉS<br />
LA 21 E CONFÉRENCE SUR LE MARCHÉ DES SATELLITES<br />
ORGANISÉE PAR LE CABINET EUROCONSULT S’OUVRE<br />
LE 11 SEPTEMBRE (1). ALORS QUE LES PRÉVISIONS<br />
CONCERNANT LE NOMBRE DE LANCEMENTS DE PETITS<br />
SATELLITES SONT RÉVISÉES À LA HAUSSE POUR LA<br />
PROCHAINE DÉCENNIE, 2017 VOIT S’EFFONDRER LES<br />
COMMANDES DE SATELLITES DE TÉLÉCOMMUNICATIONS<br />
GÉOSTATIONNAIRES.<br />
AIRBUS DEFENCE AND SPACE<br />
Eutelsat 172B, le premier satellite de télécommunications haute puissance tout électrique au monde, a été<br />
construit par <strong>Air</strong>bus Defence & Space pour le compte d’Eutelsat, sur la base de la nouvelle plateforme<br />
Eurostar 3000EOR (Electric Orbit Rising). Lancé le 1 er juin dernier par une Ariane 5 (cf A&C n° 2551), il poursuit<br />
sa route vers l’orbite géostationnaire, qu’il devrait atteindre en octobre, pour débuter une série de tests<br />
avant le début de son exploitation opérationnelle en novembre, depuis la position 172° E.<br />
20 www.air-cosmos.com COSMOS N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017<br />
AIR&
ESPACE<br />
Etat des commandes de satellites<br />
de télécommunications au 1 er septembre 2017<br />
Satellites Opérateurs Constructeurs Plateformes Dates de lancement<br />
Position Pays Remarques<br />
Kacific 1/JCSat 18 Kacific/Sky Perfect - JSat Boeing Satellite Systems BSS 702MP 2019<br />
Singapour/Japon<br />
Arabsat 6D Arabsat/Kacst Taqnia Space 2019<br />
Arabie saoudite (transfert de technologies Premier satellite saoudien<br />
avec Lockheed Martin)<br />
ETS 9 (Kiku 9) Jaxa Mitsubishi Electric 2021<br />
Japon<br />
Satellite expérimental (HTS)<br />
Heinrich Hertz (H2Sat) DLR OHB-System SmallGEO (Luxor) 2021<br />
Allemagne<br />
Satellite expérimental<br />
Inmarsat GX Inmarsat Thales Alenia Space Spacebus 4000B2 2019<br />
Royaume-Uni<br />
Palapa N1 (Nusantara 1) Palapa Satellite CGWIC DFH 4 2020<br />
Nusantara Sejahtera<br />
Indonésie<br />
Jupiter 3/EchoStar 24 Hughes Network Systems Space Systems Loral SSL 1300 2021<br />
Etats-Unis<br />
AIR&<br />
COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 21
ESPACE<br />
ans une étude dévoilée<br />
en août 2016, Euroconsult<br />
s’attendait à une véritable envolée<br />
du marché des petits satellites<br />
(smallsats), avec le lancement de<br />
3 600 engins d’ici à 2025, pour<br />
une valeur de 22 Md$, construction<br />
et lancements compris. Ce<br />
taux de croissance de 76 % par<br />
rapport à la précédente décennie<br />
était alors jugé sans précédent<br />
(cf. A&C n° 2514). La mise au<br />
jour de ces chiffres, publiés en<br />
juillet dernier dans le rapport<br />
« Prospects for the Small Satellite<br />
Market », annonce désormais<br />
6 200 smallsats de moins de<br />
500 kg entre 2017 et 2026. Plus<br />
de 70 % d’entre eux sont représentés<br />
par les innombrables projets<br />
de constellations, essentiellement<br />
OneWeb et de SpaceX. Ainsi,<br />
la valeur totale de ce marché,<br />
dont l’expansion semble durable<br />
et qui confirme la vitalité du<br />
New Space, pourrait atteindre<br />
30,1 Md$ (dont 16,5 Md$ générés<br />
par la construction des satellites),<br />
à comparer aux 8,9 Md$<br />
de la précédente période (avec<br />
sept fois moins de lancements).<br />
Les explications restent les<br />
mêmes : augmentation des capacités<br />
et miniaturisation des<br />
satellites, possibilités de stockage<br />
en réseau, développement de<br />
nouveaux logiciels et progrès<br />
de l’intelligence artificielle.<br />
CHOIX CORNÉLIENS.<br />
En revanche, la baisse des commandes<br />
de satellites de télécomne<br />
dépassant pas 10 à 12 prises<br />
de commandes.<br />
La raison la plus souvent avancée<br />
réside dans l’actuelle réflexion<br />
des opérateurs, qui observent les<br />
(r)évolutions du marché, tout<br />
comme celles des technologies<br />
disponibles actuellement ou très<br />
prochainement. D’aucuns s’interrogent<br />
sur la stratégie de développement<br />
(grands relais géostationnaires<br />
reconfigurables ou<br />
constellations en MEO ?) et les<br />
solutions adaptées (faut-il, par<br />
exemple, passer au tout électrique<br />
?), tandis que la demande<br />
de connectivité – Internet à bord<br />
des avions et les objets connectés<br />
– explose. De fait, dans une<br />
autre étude publiée en mai dernier,<br />
Euroconsult estime qu’en<br />
Etats-Unis, le calme plat a quelque<br />
peu surpris les industriels – par<br />
ailleurs bien occupés à fournir<br />
les satcoms commandés jusqu’à<br />
présent –, ces derniers ne semblent<br />
pas sombrer dans la morosité, espérant<br />
seulement un décalage et<br />
une reprise dès l’an prochain. En<br />
attendant, c’est tout un travail<br />
d’accompagnement et d’aide à<br />
la décision qui est effectué aux<br />
côtés des opérateurs, en parallèle<br />
d’un effort sur la compétitivité<br />
et la productivité en interne, afin<br />
de proposer les meilleures réponses<br />
aux besoins. « Nous restons malgré<br />
tout parfaitement visibles, avec<br />
de nouveaux satellites particulièrement<br />
innovants livrés, lancés et<br />
mis en service cette année », nous<br />
rapporte un représentant de<br />
MATUNAGALAB<br />
Microsatellite japonais Tsubame.<br />
destinés à des opérateurs commerciaux.<br />
Plus de 1 100 satellites<br />
sont dédiés à l’observation de la<br />
Terre, dont plus de 970 appartenant<br />
à seulement quatre sociétés,<br />
toutes américaines : BlackSky<br />
(basée à Seattle), DigitalGlobe<br />
(Westminster), Planet (San Francisco)<br />
et Spire (San Francisco).<br />
Presque 3 100 satellites concernent<br />
six projets de constellations<br />
proposant la fourniture d’un<br />
accès à l’Internet à haut débit<br />
sur l’ensemble de la surface du<br />
globe, en particulier ceux de<br />
munications sur orbite géostationnaire,<br />
observée en 2016 (avec<br />
19 commandes, dont 5 remportées<br />
par l’industrie européenne),<br />
se confirme. Depuis le 1 er janvier,<br />
en effet, ce sont seulement sept<br />
contrats qui ont été signés à travers<br />
le monde, avec sept constructeurs<br />
différents, dont un seul européen,<br />
Thales Alenia Space (voir tableau).<br />
A moins que la conférence de la<br />
semaine prochaine ne réserve de<br />
belles annonces, l’année qui s’annonçait<br />
calme pourrait se terminer<br />
sur un score historiquement bas,<br />
2021, 17 000 avions commerciaux<br />
devraient offrir du Wi-Fi<br />
à bord (In-Flight Connectivity,<br />
ou IFC), soit une augmentation<br />
de 38 % en cinq ans (6 500 appareils<br />
connectés l’an dernier),<br />
permettant une hausse des revenus<br />
de 1 Md$ en 2016 à<br />
6,5 Md$ en 2026.<br />
LA LUMIÈRE<br />
AU BOUT DU TUNNEL.<br />
Mais, pas question pour autant<br />
de parler d’« annus horribilis ».<br />
Si, aussi bien en France qu’aux<br />
constructeur. « L’année qui vient<br />
de se dérouler n’a pas été du temps<br />
perdu, au contraire : nous avons<br />
profité de cette pause pour amener<br />
à maturité un certain nombre de<br />
changements ou de nouveautés<br />
qui nous permettront d’être dans<br />
la position idéale pour saisir la<br />
prochaine bonne vague. »<br />
■ Pierre-François Mouriaux<br />
@PFMouriaux<br />
(1) Programme disponible sur<br />
www.satellite-business.com<br />
AIR & COSMOS<br />
22 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
A LA POINTE DE<br />
L’INNOVATION<br />
Notre nouvelle génération de lanceurs, Ariane 62 et Ariane 64,<br />
entrera en service en 2020. Avec son étage supérieur polyvalent<br />
équipé d’un nouveau moteur réallumable Vinci et d’un nouveau<br />
groupe auxiliaire de puissance (APU), Ariane 6 optimisera les mises<br />
en orbite afin de réaliser une large diversité de missions, du satellite<br />
à propulsion électrique jusqu’au lancement multiple de constellations.<br />
Grâce à un volume sous coiffe élargi, Ariane 6 pourra lancer<br />
simultanément deux grands satellites. L’intégration horizontale<br />
d’Ariane 6 permettra de réduire la durée des campagnes de<br />
lancement de 31 à 9 jours.<br />
Le lanceur Vega C, dont les premières missions sont prévues en 2019,<br />
offrira pour sa part une amélioration significative des performances<br />
en termes de masse et de volume des charges utiles.<br />
© ESA-David Ducros
ESPACE<br />
TECHNOLOGIE<br />
Propulsion électrique :<br />
au service des petits satellites<br />
ACCOMPAGNANT L’ESSOR<br />
INÉDIT DES PETITS<br />
SATELLITES, LA<br />
PROPULSION ÉLECTRIQUE<br />
FAIT ACTUELLEMENT<br />
L’OBJET DE NOMBREUSES<br />
RECHERCHES, À L’IMAGE<br />
DE CELLES MENÉES AU<br />
SEIN DU LABORATOIRE<br />
ICARE DU CNRS, À<br />
ORLÉANS.<br />
Grâce à une technologie<br />
de plus en plus accessible<br />
et abordable, et de nouvelles<br />
offres de lancement adaptées,<br />
on s’attend à une explosion<br />
du nombre de petits satellites à<br />
lancer ces prochaines années.<br />
Cette tendance actuelle à rapetisser<br />
les satellites se caractérise<br />
par une production de masse et<br />
des taux de remplacement plus<br />
élevés, qui garantiront la fiabilité<br />
des satellites qui tombent en<br />
panne – des satellites jetables en<br />
quelque sorte, dont la taille varie<br />
d’1 à 10 kg pour les nanosatellites,<br />
et de 10 à 200 kg pour les microsatellites.<br />
Une évolution du<br />
marché contraint les constructeurs<br />
de satellites à trouver de<br />
nouveaux systèmes de propulsion<br />
adaptés à ces petits satellites, en<br />
s’affranchissant des moteurs à<br />
carburant chimique pour passer<br />
au tout électrique.<br />
Un peu partout dans le<br />
monde, des recherches sont en<br />
cours pour faire des propulseurs<br />
à effet Hall miniatures existants<br />
des systèmes compétitifs pour<br />
les nano et microsatellites. Des<br />
ergols (solide du type diiode<br />
pour réduire le volume) à la<br />
durée de vie (jouer sur la topologie<br />
magnétique pour augmenter<br />
la durée de vie sans détériorer<br />
S. MAZOUFFRE & L. GRIMAUD - CNRS-ICARE<br />
Propulseur à effet Hall ISCT100 opérant à 100 watts<br />
avec du xénon. La poussée délivrée est de 7 millinewtons.<br />
les performances), et de la cathode<br />
(design simple, robuste,<br />
qui consomme peu d’énergie)<br />
à l’architecture (matériaux, géométrie),<br />
tout est étudié pour réduire<br />
les coûts.<br />
ENjEu.<br />
La propulsion ionique, plus communément<br />
appelée propulsion<br />
électrique, apparaît « particulièrement<br />
bien adaptée à ces petits<br />
satellites. Elle offre plus de souplesse<br />
pour un gain de masse significatif<br />
», nous explique Stéphane<br />
Mazouffre, directeur de<br />
recherche au sein du laboratoire<br />
Icare du CNRS, à Orléans. Ce<br />
physicien supervise des études<br />
sur la propulsion spatiale à plasma<br />
et travaille avec son équipe à<br />
l’optimisation et la miniaturisation<br />
de moteurs électriques.<br />
« Notre objectif est de mettre<br />
au point une gamme de propulseurs<br />
à plasma consommant<br />
quelques dizaines de watts et<br />
capables de générer une poussée<br />
de 1 à 10 millinewtons. »<br />
Aujourd’hui, les moteurs à<br />
effet Hall et les moteurs ioniques<br />
à grilles sont les deux types de<br />
propulsion électrique en service<br />
sur les satellites et les sondes. Le<br />
moteur à grille est plutôt destiné<br />
à des missions « nécessitant une<br />
faible consommation de carburant<br />
», c’est-à-dire les « missions<br />
interplanétaires ou pour la correction<br />
d’orbite ». Le propulseur<br />
à effet Hall, grâce à sa poussée<br />
plus importante, « est mieux<br />
adapté aux transferts d’orbites ».<br />
Il existe bien d’autres types de<br />
propulsion électrique, et on peut<br />
citer par exemple les propulseurs<br />
électrothermiques de type Helicon<br />
et ECR, les propulseurs à<br />
effet de champ et les propulseurs<br />
à force de Lorentz. « Mais à<br />
l’heure actuelle aucun type ne<br />
semble prendre le dessus pour<br />
les petits satellites », considère<br />
Stéphane Mazouffre.<br />
« Les moteurs à effet Hall ont<br />
beaucoup d’avantages, mais peuton<br />
les miniaturiser en maintenant<br />
les performances ? C’est<br />
tout l’enjeu d’une partie de nos<br />
travaux. » La propulsion à effet<br />
Hall consiste à créer un champ<br />
magnétique pour piéger les électrons<br />
du plasma et permettre<br />
ainsi la formation d’une région<br />
à fort champ électrique. La poussée<br />
est ensuite assurée par l’extraction<br />
et l’accélération des<br />
ions positifs issus du plasma. Le<br />
but est de trouver le « bon ratio<br />
et compromis entre, d’une part,<br />
les performances, le rendement,<br />
l’impulsion spécifique et une<br />
faible consommation et, d’autre<br />
part, la simplicité du système<br />
(propulseur, alimentation, car-<br />
AIR & COSMOS<br />
24 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
ESPACE<br />
burant) et un prix de revient le<br />
plus bas possible ».<br />
mOTEur « saNs parOI ».<br />
Un autre objectif des travaux<br />
du laboratoire Icare est de « modifier<br />
radicalement l’architecture<br />
du propulseur à effet Hall pour<br />
augmenter sa durée de vie et le<br />
rendre plus compact tout en garantissant<br />
un haut rendement ».<br />
L’idée, c’est un moteur « sans<br />
paroi », qui « consiste à produire<br />
et accélérer les ions à l’extérieur<br />
du réacteur, dans le vide », de<br />
façon à éviter les « interactions<br />
directes entre le plasma et les<br />
parois du moteur ». On empêche<br />
ainsi l’usure du moteur, ce qui<br />
allonge de fait sa durée de vie.<br />
« L’usure du moteur est due au<br />
fait qu’une fraction des ions percute<br />
la paroi en sortie du propulseur,<br />
ce qui érode la céramique »,<br />
explique Stéphane Mazouffre. Le<br />
concept de propulseur sans paroi<br />
« permet également d’opérer les<br />
moteurs à plus haute tension, ce<br />
qui réduit encore la consommation<br />
de carburant ».<br />
Une autre voie de recherche<br />
est « l’utilisation d’ergols alternatifs<br />
au xénon ». Cet élément<br />
présente l’inconvénient de devoir<br />
être stocké à haute pression,<br />
entre 200 et 300 bars, avec de<br />
forts risques d’explosion. Il faut<br />
donc se tourner vers des ergols<br />
liquides ou solides. Enfin, des<br />
travaux visent à simplifier le<br />
système de propulsion.<br />
Puisqu’un propulseur de type<br />
à effet Hall opère en mode tension<br />
continue, l’idée est « d’utiliser<br />
les panneaux solaires pour<br />
alimenter directement le moteur,<br />
sans utiliser un dispositif électrique<br />
de conversion ». Pour<br />
Stéphane Mazouffre, ce « direct<br />
drive », qui consiste à coupler<br />
directement le propulseur aux<br />
panneaux solaires sans passer<br />
par un conditionneur-convertisseur<br />
électrique, permet des<br />
gains « en masse, en simplicité<br />
et en coût », mais une perte au<br />
niveau de la flexibilité, car « la<br />
tension est fixée par l’architecture<br />
des panneaux solaires ». Il<br />
y a également un risque de fluctuation<br />
de la puissance électrique,<br />
ce qui « pourrait ne pas<br />
être sans conséquence sur la<br />
mission ». ■ Rémy Decourt<br />
ExpErTIsE<br />
Les satellites électriques, pour quoi faire ?<br />
RACHEL VILLAIN,<br />
DIRECTRICE ESPACE AU<br />
CABINET EUROCONSULT,<br />
PASSE EN REVUE AVEC<br />
NOUS LES PRINCIPAUX<br />
INTÉRÊTS ET<br />
INCONVÉNIENTS<br />
D’ÉQUIPER LES PETITS<br />
SATELLITES DE MOTEURS<br />
ÉLECTRIQUES.<br />
Ace jour, il y existe encore<br />
assez peu de satellites « tout<br />
électrique » en service, qui<br />
permettraient de dresser un bilan<br />
précis de l’intérêt de ce type de<br />
propulsion. On citera en exemple<br />
Deimos 2, de la société canadienne<br />
Urthecast, DubaiSat, des<br />
Emirats arabes unis, et la petite<br />
constellation DMC 3 exploitée<br />
par une société chinoise. Pour<br />
Rachel Villain, directrice Espace<br />
au cabinet Euroconsult, il y a<br />
évidemment des « bénéfices à<br />
disposer de moteurs électriques<br />
pour des missions d’observation<br />
de la Terre ». C’est notamment<br />
vrai pour la « circularisation de<br />
l’orbite et l’augmentation de la<br />
durée de vie de la mission ». Le<br />
bénéfice de durées de vie accrues<br />
pour l’observation de la Terre<br />
est immédiat. « L’augmentation<br />
EIAST<br />
Vue d’artiste du satellite émirien DubaiSat 2 (300 kg),<br />
maintenu à poste depuis novembre 2013 par un système<br />
de propulsion à effet Hall.<br />
du temps d’observation améliorant<br />
les capacités de production<br />
d’images », l’attrait de ces petits<br />
satellites est plus fort et « améliore<br />
le plan d’affaire de la mission qui<br />
n’est pas facile à financer pour<br />
des durées de vie très courtes ».<br />
Cela dit, ces effets positifs sont<br />
contrebalancés par des désavantages<br />
comme le « coût encore<br />
élevé de la propulsion électrique<br />
». Principal point dur, ces<br />
moteurs ne « permettent pas<br />
encore une rapidité dans les manœuvres<br />
orbitales et les corrections<br />
de trajectoire ». C’est un<br />
« frein pour les missions opérationnelles<br />
d’observation de la<br />
Terre, et cela peut poser problème<br />
pour le “tasking” (positionnement<br />
au-dessus de sa zone d’observation)<br />
et l’évitement de débris<br />
». Quant aux satellites encore<br />
plus petits (moins de 50 kg), le<br />
défi technico-économique est<br />
très important. Avant d’envisager<br />
une production en série, il faut<br />
arriver à « réaliser des micromoteurs<br />
électriques avec un rendement<br />
et une impulsion spécifique<br />
suffisants », à des coûts<br />
qui ne représentent évidemment<br />
pas la « valeur totale des nanosats<br />
et cubesats, avec le risque de limiter<br />
la faisabilité financière de<br />
la mission ».<br />
COmpENsEr La TraîNéE<br />
aTmOspHérIquE.<br />
La propulsion électrique pourra<br />
probablement être utile pour<br />
compenser les « effets de la traînée<br />
générée par l’atmosphère résiduelle<br />
sur les satellites en orbite basse ».<br />
Deux missions, la franco-israélienne<br />
Venµs (voir article ciaprès)<br />
et la japonaise Slats (Super<br />
Low Altitude Test Satellite), rebaptisée<br />
Tsubame, « testeront le<br />
recours à un moteur électrique<br />
pour compenser cette traînée atmosphérique<br />
». Autres idées, utiliser<br />
des moteurs électriques pour<br />
monter les satellites à leur emplacement<br />
définitif, « à partir de<br />
l’altitude à laquelle les déposent<br />
les lanceurs » et désorbiter les satellites<br />
en fin de vie.<br />
Mais aujourd’hui, si l’intérêt<br />
technique d’utiliser des moteurs<br />
électriques sur de petits satellites<br />
ne fait guère de doute, « on ne<br />
sait pas très bien comment économiquement<br />
atteindre cet objectif<br />
». Il sera intéressant de<br />
suivre le retour d’expérience<br />
d’Aoba-Velox 3, le « premier<br />
cubesat réputé avoir de la propulsion<br />
électrique et lancé en<br />
décembre 2016 »… ■ RD<br />
AIR & COSMOS<br />
26 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
ESPACE<br />
mIssION VENus<br />
Deux modes de propulsion<br />
APRÈS SA MISSION<br />
D’OBSERVATION DE LA<br />
TERRE, PROGRAMMÉE<br />
POUR DURER DEUX ANS ET<br />
DEMI, LE PETIT SATELLITE<br />
FRANCO-ISRAÉLIEN VA<br />
TESTER SUR ORBITE UN<br />
DÉMONSTRATEUR DE<br />
MOTEUR À EFFET HALL.<br />
Lancé lors de la mission VV10<br />
le 2 août dernier (cf. A&C<br />
n° 2559), le satellite francoisraélien<br />
d’observation de la Terre<br />
Venμs (264 kg) doit utiliser deux<br />
modes de propulsion différents :<br />
un moteur classique par hydrazine<br />
pour la mission scientifique, et<br />
un propulseur à effet Hall de<br />
300 W, développé par Rafael et<br />
baptisé HET 300. Il sera testé en<br />
vol par l’Agence spatiale israélienne<br />
lors de la dernière année de fonctionnement<br />
du satellite. Après une<br />
période de 2,5 ans consacrée à<br />
l’objectif scientifique de la mission<br />
depuis une orbite de 720 km, le<br />
satellite sera descendu à 410 km<br />
pour les tests du moteur électrique.<br />
IAI/MBT<br />
Le satellite Venµs en intégration en Israël.<br />
rETard EurOpéEN.<br />
« Le HET 300 est un propulseur<br />
à effet Hall à architecture classique<br />
opérant au xénon, proche<br />
du design du SPT50 russe, qui<br />
peut fonctionner entre 200 et<br />
600 W », explique Stéphane<br />
Mazouffre, directeur de recherche<br />
au sein du laboratoire<br />
Icare. Ce moteur a été qualifié<br />
au sol, mais la mission Venμs va<br />
« permettre aux Israéliens de<br />
vérifier en vol les performances<br />
de l’ensemble du système tels<br />
que l’électronique, le moteur,<br />
la cathode et le contrôle de l’ergol<br />
». Ces informations seront<br />
« très utiles pour l’amélioration<br />
des systèmes et leur fiabilisation-optimisation<br />
». L’Europe<br />
ne dispose pas à ce jour d’un<br />
propulseur à effet Hall de 300 W<br />
validé et qualifié. Or ce niveau<br />
de puissance est très intéressant<br />
pour des « microsatellites d’une<br />
masse de 100 à 200 kg, c’est-àdire<br />
dimensionnés pour des missions<br />
de télécommunications et<br />
d’observation de la Terre ».<br />
Concernant la constellation<br />
OneWeb et ses 648 premiers<br />
satellites, bien que le choix du<br />
moteur ne soit pas officiellement<br />
connu, il y a de fortes chances<br />
qu’il s’agisse d’un propulseur à<br />
effet Hall de 200 ou 300 W. Le<br />
retard européen dans cette<br />
gamme de puissance (Israël ne<br />
faisant pas partie de l’Europe)<br />
laisse à penser que One Web<br />
utilisera un propulseur à effet<br />
Hall américain. ■ Rémy Decourt<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 27
ESPACE<br />
MADE IN CHINA<br />
Un danger pour l’Amérique<br />
et l’Europe?<br />
Outre une année de vaches maigres pOur les<br />
cOnstructeurs « traditiOnnels » de satellites<br />
géOstatiOnnaires, 2017 cOnfirme les ambitiOns de<br />
la chine, qui cOmmercialise des prOduits basés<br />
sur les platefOrmes dfh 4 et 5.<br />
Tandis que le marché est<br />
plus rétracté que jamais, la<br />
Chine vient jouer les trouble-fête.<br />
En mai dernier, la société<br />
CGWIC (China Great Wall Industry<br />
Corp) a remporté le<br />
contrat de construction du satellite<br />
de télécommunications<br />
Palapa N1 (Nusantara 1) pour<br />
l’opérateur indonésien PT Satelit<br />
Nusa Sejahtera, qui doit être<br />
lancé en 2020. Un accord-cadre<br />
a par la même occasion été signé<br />
pour la fourniture d’un second<br />
satellite en 2022, PSN 7, qui<br />
fournirait 100 Gbps.<br />
Ce nouveau succès fait suite au<br />
contrat signé en octobre 2016<br />
avec la société thaïlandaise Shin<br />
Satellite pour TCStar-1 (Thaicom<br />
9), satellite à haut débit en<br />
bande Ka prévu pour 2019. Cela<br />
confirme les ambitions chinoises<br />
sur le marché commercial international,<br />
et le rôle grandissant de<br />
la Casc (China Aerospace Science<br />
& Technology Corp) et de la Cast<br />
(China Academy of Space Technology),<br />
via la CGWIC.<br />
Aux côtés des acteurs historiques<br />
occidentaux, Boeing,<br />
Lockheed Martin, MDA/Space<br />
Systems Loral, <strong>Air</strong>bus Defence<br />
& Space, Thales Alenia Space et<br />
Mitsubishi Electric, Pékin affiche<br />
de sérieux atouts : un service<br />
complet avec livraison sur orbite<br />
par des lanceurs Longue<br />
Marche 3 depuis Xichang, des<br />
aides au financement facilitées<br />
par rapport aux agences de crédit<br />
Eximbank (Banque d’importexport<br />
des Etats-Unis) et Coface<br />
(Compagnie française d’assurances<br />
pour le commerce extérieur).<br />
Par contre, la transparence<br />
sur la fiabilité et l’efficacité fait<br />
quelque peu défaut, vu que l’organisation<br />
du spatial en Chine<br />
reste sous le contrôle des instances<br />
militaires avec le Sastind (State<br />
Administration for Science, Technology<br />
& Industry for National<br />
Defense). La Cast développe les<br />
satellites géostationnaires de télécommunications<br />
pour l’armée<br />
chinoise et de l’opérateur public<br />
China Satcom, ce qui lui permet<br />
d’amortir les investissements et<br />
de commercialiser des satellites<br />
à prix réduit.<br />
Les satellites DFH chinois proposés<br />
sur le marché international<br />
Plateforme Masse totale Puissance totale Particularité<br />
(durée de vie) (charge utile) (charge utile)<br />
DFH 4 (jusqu’à quinze ans) 5250 kg (600 kg) 10 kW (7500 W) Bus de référence<br />
DFH 4E (quinze ans) 5500 kg (1000 kg) 16 kW (11 kW)<br />
DFH 4S (quinze ans) 4200 kg (450 kg) 7800 kW (4 kW)<br />
DFH-4SP* (quinze ans) 5400 kg (1500 kg) 19 kW (16 kW) Bus tout électrique ou hybride<br />
DFH 4SP** (quinze ans) 2500 kg (500 kg) 16 kW (9 kW) Bus tout électrique<br />
DFH 5 (seize ans) 8000 kg (1500 kg) 28 kW (18 kW) Bus nouvelle génération<br />
* version lancement simple ** version lancement double<br />
CGWIC<br />
Signature du contrat Palapa N1 à Jakarta, le 17 mai 2017.<br />
PRÉCÉDENTS ACCORDS.<br />
Jusqu’à présent, la CGWIC avait<br />
décroché des commandes dans<br />
le cadre d’accords politiques de<br />
coopération économique. On<br />
a peu d’informations sur les performances<br />
des satellites made in<br />
China, pas plus que sur la suite<br />
qui pourrait leur être donnée.<br />
• Le Venezuela, avec le ministère<br />
de la Science et de la Technologie<br />
et l’ABAE (Agencia Bolivariana<br />
para Actividades Espaciales), met<br />
en œuvre depuis octobre 2008<br />
le Venesat 1, alias Simon Bolivar 1.<br />
Il propose de la capacité dans les<br />
bandes C (quatorze), Ku (douze)<br />
et Ka (deux).<br />
• Le Pakistan, via la Suparco<br />
(Space & Upper Atmosphere Research<br />
Commission), s’est équipé<br />
du Paksat 1R, qui fut lancé en<br />
août 2011. Commercialisé par<br />
l’opérateur Paksat, il propose des<br />
répéteurs dans les bandes C<br />
(douze) et Ku (dix-huit).<br />
• Le Nigeria, pour la Nigerian<br />
Communication Satellite Ltd,<br />
exploite le NigComSat 1R avec<br />
28 répéteurs (deux en bande L,<br />
quatre en bande C, quatorze en<br />
AIR & COSMOS<br />
28 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
PRÉ-<br />
ENREGISTREMENT<br />
VISITEURS<br />
DISPONIBLE DÈS<br />
MAINTENANT SUR<br />
NOTRE SITE<br />
Le Pavillon Spatial et la Conférence aborderont les futurs missions et projets<br />
aux Émirats Arabes Unis tout en apportant une perspective mondiale en<br />
matière d’investissement et d’innovation.<br />
Le Pavillon proposera un programme de conférence sur deux jours en marge<br />
d’une exposition dédiée au Dubai <strong>Air</strong>show.<br />
THÈMES CLÉS DE LA CONFERENCE<br />
• MISSION ÉMIRATS MARS<br />
• PROJET MARS 2117<br />
• LE PROGRAMME SPATIAL NATIONAL<br />
• SATELLITES<br />
12-16 NOVEMBRE 2017 DUBAI, ÉMIRATS ARABES UNIS<br />
WWW.DUBAIAIRSHOW.AERO/SPACE
ESPACE<br />
bande Ku, huit en bande Ka).<br />
En service à partir de décembre<br />
2011, il remplaçait le Nig-<br />
ComSat 1 qui, satellisé en<br />
mai 2007, fut rapidement victime<br />
d’une panne de ses panneaux<br />
solaires.<br />
• La Bolivie, sous les auspices<br />
de l’ABE (Agencia Bolivian Espacial),<br />
s’est dotée du Tupac Katari<br />
1 en bande C (deux), Ku<br />
(26) et Ka (deux). En service depuis<br />
décembre 2013, il est décrit<br />
comme un outil efficace pour la<br />
communication et l’éducation.<br />
• L’opérateur APStar (APT Satellite<br />
Company) de Hong Kong,<br />
qui compte China Satcom parmi<br />
ses actionnaires, a acquis un satellite<br />
DFH 4 avec APStar 9 en bande C<br />
(32) et Ku (quatorze). Lancé en<br />
octobre 2015, il couvre l’Asie-<br />
Pacifique. APStar a commandé<br />
deux autres satellites à la Cast,<br />
pour des lancements en 2018 :<br />
APStar 6C, avec 45 répéteurs<br />
dans les bandes C, Ku et Ka, ainsi<br />
qu’APStar 6D – un puissant<br />
DFH 5?–, pour des liaisons haut<br />
débit en bande Ka.<br />
• Le Laos a commandé le Laosat<br />
1 (quatorze répéteurs bande C,<br />
huit bande Ku); son lancement<br />
a eu lieu en novembre 2015.<br />
• La Biélorussie est le premier<br />
Etat d’Europe à avoir passé commande<br />
d’un satellite DFH 4 (vingt<br />
bande C, dix-huit bande Ku);<br />
lancé en janvier 2016, il est depuis<br />
exploité sous le nom de Belintarsat<br />
1 et de Chinasat 15.<br />
• L’Algérie sera le prochain<br />
pays à mettre en œuvre un<br />
DFH 4, sous le nom d’Alcomsat<br />
1; ce satellite gouvernemental<br />
devrait être lancé cette année,<br />
avec de la capacité dans les<br />
bandes UHF, X, EHF, Ku et Ka.<br />
D’autres pays ont également<br />
manifesté de l’intérêt pour des<br />
satellites géostationnaires made<br />
in China, qui se sont d’ores et<br />
déjà traduit par des préaccords :<br />
la République démocratique du<br />
Congo, le Sri Lanka, le Nicaragua.<br />
NOUVELLE GÉNÉRATION.<br />
Pékin entend proposer des satellites<br />
hybrides, tout électrique,<br />
à forte puissance et grande capacité.<br />
Le bus modulaire DFH 5<br />
est présenté comme le plus puissant<br />
sur le marché. Un démonstrateur<br />
technologique, avec le satellite<br />
Shijian 18 de 7,6 t en orbite<br />
de transfert géostationnaire, se<br />
trouvait à bord de la deuxième<br />
Longue Marche 5 qui ne put<br />
réussir son lancement le 2 juillet<br />
dernier. Sa charge utile comprenait<br />
un système à très haut débit en<br />
bande Ka, un relais en mode optique<br />
pour des liaisons intersatellites,<br />
un terminal expérimental<br />
pour des communications quantiques.<br />
De quoi préparer la nouvelle<br />
génération de satellites de<br />
communications chinois.<br />
■ Théo Pirard<br />
HIGH THROUGHPUT SATELLITE<br />
Services mobiles en bande S sur l’Europe<br />
les Opérateurs de systèmes spatiaux sOnt<br />
intéressés par la fOurniture de services à large<br />
bande pOur les mObiles, nOtamment dans le<br />
cadre du transpOrt aérien.<br />
La mise en œuvre de satellites<br />
avec faisceaux reconfigurables<br />
haut débit, dits<br />
HTS (High Throughput Satellite),<br />
est proposée en orbite géostationnaire<br />
aux compagnies aériennes<br />
par de plus en plus<br />
d’opérateurs : Intelsat, Inmarsat,<br />
Viasat, SES, Eutelsat… Cet été,<br />
deux puissants satellites de télécommunications<br />
MSS (Mobile<br />
Satellite Service) en bande S<br />
(2,5-2,6 GHz) étaient lancés à<br />
vingt jours d’intervalle : Echostar<br />
21 le 8 juin (au moyen du<br />
premier Proton de l’année), et<br />
Hellas Sat 3/Inmarsat S-EAN<br />
(European Aviation Network)<br />
le 28 juin (avec une Ariane 5).<br />
Ils sont respectivement positionnés<br />
à 10,25° E et 39° E.<br />
Cette exploitation en Europe<br />
de la bande S par satellites re-<br />
monte à mai 2009. La Commission<br />
européenne attribuait<br />
alors à deux opérateurs l’exploitation<br />
de 2 × 15 MHz dans la<br />
bande S pour des services mobiles<br />
dans l’Union : Solaris Mobile<br />
(une coentreprise d’Eutelsat<br />
et de SES) et Inmarsat (projet<br />
Europasat). Seule la société irlandaise<br />
Solaris Mobile a testé<br />
ses services au moyen d’une<br />
charge utile (avec grande parabole)<br />
sur le satellite Eutelsat W2A<br />
(réalisé par Thales Alenia Space<br />
à partir de la plateforme Spacebus<br />
4000C4), mais l’antenne mal<br />
déployée n’a pu permettre une<br />
utilisation optimale à des fins<br />
commerciales. Solaris Mobile<br />
était vendue à Echostar qui a<br />
créé à cet effet une filiale européenne.<br />
Echostar Mobile avait<br />
modifié le TerreStar 2 afin de le<br />
THALES ALENIA SPACE<br />
Préparatifs du satellite Hellas Sat 3/Inmarsat S-EAN.<br />
configurer pour couvrir l’Europe<br />
avec l’appellation Echostar 21.<br />
Inmarsat pour sa part a décidé<br />
d’offrir des connexions en<br />
bande S pour les compagnies<br />
aériennes avec Inmarsat S-EAN<br />
qui utilise la position grecque<br />
(Hellas Sat) de 39° E. Ce satellite<br />
construit par Thales Alenia Space<br />
(plateforme Spacebus 4000C4)<br />
est financé conjointement par<br />
Inmarsat et par Arabsat (qui a<br />
acquis la société Hellas Sat afin<br />
d’exploiter la position pour la<br />
diffusion TV en bande Ku). S-<br />
EAN se présente comme une<br />
nouvelle mission, laquelle est<br />
contestée par les opérateurs Eutelsat<br />
et Viasat, qui préparent des<br />
satellites en bande Ka pour les<br />
liaisons avec les avions.<br />
■ Théo Pirard<br />
AIR & COSMOS<br />
30 www.air-cosmos.com<br />
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2560 FAM 2017
ESPACE<br />
INDE<br />
Premier échec du PSLV depuis 1997<br />
LE 31 AoûT, L’INDE N’A<br />
pAS réUSSI à pLACEr<br />
SUr orbITE IrNSS H LE<br />
SATELLITE qUI DEVAIT<br />
pALLIEr LES pANNES<br />
D’HorLoGE<br />
rENCoNTréES pAr LE<br />
SySTèmE DE NAVIGATIoN<br />
NAVIC. LE LANCEUr<br />
poLAIrE ALLAIT FêTEr<br />
VINGT ANS DE SUCCèS<br />
D’AFFILéE.<br />
L<br />
’objectif de la mission C39<br />
(41 e lancement du lanceur<br />
indien PSLV XL depuis<br />
septembre 1993) était de placer<br />
sur orbite de transfert géostationnaire<br />
le satellite de navigation<br />
IRNSS H (1425 kg). Après un<br />
décollage intervenu depuis la<br />
base de Sriharikota, le 31 août<br />
à 19 heures heure locale (13 h 30<br />
UTC), puis un fonctionnement<br />
sans histoire des trois premiers<br />
étages du lanceur, c’est la coiffe<br />
protectrice de la charge utile<br />
qui a refusé de se séparer, et par<br />
la même occasion l’allumage du<br />
quatrième et dernier étage qui<br />
n’a pu être enclenché. L’Agence<br />
spatiale indienne (Isro) étudie<br />
sérieusement, depuis, la piste de<br />
la défaillance des éléments pyrotechniques<br />
censés enclencher<br />
le largage de la coiffe.<br />
A LA RESCOUSSE<br />
D’IRNSS A.<br />
Rebaptisée Navic (Navigation<br />
with Indian Constellation) pour<br />
ISRO<br />
et environ 20 M$ par lanceur.<br />
Mais, en juillet 2016,<br />
IRNSS A, le premier satellite<br />
de la constellation, est devenu<br />
inexploitable, victime de pannes<br />
d’au moins trois de ses horloges.<br />
Depuis, quatre autres horloges<br />
sur d’autres satellites ont également<br />
présenté des dysfonctionson<br />
emploi commercial, la<br />
constellation indienne IRNSS<br />
(Indian Regional Navigation Satellite<br />
System) est un système de<br />
positionnement par satellite à vocation<br />
régionale. Il est dédié aux<br />
services de navigation commerciaux,<br />
avec une précision de 10 à<br />
20 m, mais peut également aider<br />
à la gestion des catastrophes naturelles<br />
et aux déplacements militaires.<br />
Il a été décidé en 2006<br />
par le gouvernement indien et<br />
Préparatifs de la mission C39.<br />
engagé en 2013 par l’Isro. Son<br />
déploiement s’était achevé en<br />
avril 2016 avec l’envoi<br />
d’IRNSS G. Il était alors composé<br />
de trois satellites évoluant sur orbite<br />
géostationnaire, et de quatre<br />
satellites sur orbite géosynchrone,<br />
prévus pour fonctionner chacun<br />
douze ans. Tous équipés d’une<br />
horloge atomique (atome de rubidium),<br />
ils généraient des signaux<br />
en bande L5 et S, compatibles<br />
avec les systèmes GPS et Galileo.<br />
IRNSS couvrait ainsi une zone<br />
s’étendant sur 1500 km au-delà<br />
des frontières du pays : un rectangle<br />
compris entre les latitudes<br />
30° S et 50° N, et les longitudes<br />
30° E et 130° E. Le coût de développement<br />
du système s’élève<br />
à 221 M$, dont 47 M$ pour le<br />
segment sol, 23 M$ par satellite<br />
nements, provoquant la décision<br />
de lancer IRNSS H, l’un des<br />
quatre satellites de secours commandés<br />
par l’Isro début 2016.<br />
Pour la première fois, celui-ci a<br />
été fabriqué à 25 % par la société<br />
Alpha Design Technologies<br />
(ADTL), créée en 2003 à Bangalore,<br />
en étroite relation avec<br />
les équipes de l’Isro.<br />
LE CHEVAL DE BATAILLE<br />
DE L’INDE SPATIALE.<br />
Le lanceur polaire indien n’avait<br />
pas connu d’échec en vol depuis<br />
le 29 septembre 1997, à l’issue<br />
duquel le satellite d’observation<br />
de la Terre IRS D avait été placé<br />
sur une orbite trop basse – mais<br />
finalement rattrapée. Depuis,<br />
36 missions avaient été réalisées<br />
sans anicroche, et la version XL<br />
du PSLV, introduite en octobre<br />
2008 et équipée de six propulseurs<br />
d’appoint, avait effectué<br />
un sans-faute, avec dix-sept lancements<br />
réussis d’affilée.<br />
Ce revers intervient au moment<br />
où l’Inde, aujourd’hui cinquième<br />
puissance spatiale mondiale<br />
par le nombre de<br />
lancements orbitaux annuels (ex<br />
aequo avec le Japon), envisageait<br />
une sérieuse augmentation de<br />
ses cadences de lancement du<br />
PSLV XL. Le 6 juin dernier, elle<br />
avait inauguré son nouveau lanceur<br />
géostationnaire, GSLV<br />
Mark III, capable de placer sur<br />
orbite de transfert géostationnaire<br />
des charges utiles de 4 tonnes.<br />
■ Pierre-François Mouriaux<br />
@PFMouriaux<br />
TWEET AIR<br />
#Report. Le 5 septembre, quelques secondes après l’allumage du moteur Vulcain, le lancement de la mission VA 239<br />
d’Ariane 5 a été interrompu. #SES. L’opérateur luxembourgeois va permuter les lancements des satellites SES 12 et 14,<br />
prévus au premier trimestre 2018. #Première. A l’aide de ses trois cubesats Diamond, la start-up australienne Sky and<br />
Space Global a réalisé le premier appel téléphonique utilisant des nanosatellites. #DLA. Une réorganisation de la direction<br />
des lanceurs du Cnes va mobiliser des ingénieurs précédemment affectés au contrôle de conformité. #JSC. Fermé après le<br />
passage de l’ouragan Harvey sur le Texas, le centre Johnson de la Nasa à Houston a rouvert ses portes le 5 septembre.<br />
AIR & COSMOS<br />
32 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
Ariane 5 : lancement de deux satellites réussi !<br />
ESA-CNES-ARIANESPACE-OPTIQUE VIDÉO DU CSG<br />
AVEC L’APPLI<br />
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TRANSPORT AÉRIEN<br />
AÉROPORTUAIRE EUROPÉEN<br />
les contrôles de<br />
sûreté s’éternisent<br />
Le renforcement des contrôles d’identité dans l’espace Schengen génère de longues files d’attente.<br />
AFP<br />
Une lettre oUverte, notamment cosignée par l’iata<br />
(association internationale dU transport aérien)<br />
et aci eUrope, a été adressée le 24 août aU conseil<br />
des ministres de l’Union eUropéenne, pointant,<br />
entre aUtres, des dérapages à paris-orly.<br />
Plus que jamais, le nécessaire<br />
renforcement<br />
des mesures de sûreté<br />
liées à la menace terroriste<br />
ne fait pas bon<br />
ménage avec la fluidité du parcours<br />
des passagers dans les aéroports,<br />
à plus forte raison<br />
lorsque le transport aérien continue<br />
régulièrement à croître. Depuis<br />
que le règlement UE<br />
2017/458 a été publié, le 15 mars<br />
2017, et mis en application en<br />
France le 7 avril, les files d’attente<br />
dans les aéroports s’allongent<br />
sans qu’il semble pour l’instant<br />
possible de trouver une solution<br />
au problème.<br />
Qu’impose le règlement en<br />
question ? « Tous les voyageurs,<br />
qu’ils soient ressortissants des<br />
pays tiers ou des pays de l’Union<br />
européenne, sont soumis à un<br />
contrôle systématique en entrée<br />
et en sortie de l’espace Schengen<br />
aux frontières aériennes, maritimes<br />
et terrestres (22 Etats membres<br />
sur les 28 de l’Union européenne,<br />
dont la France, plus<br />
4 Etats associés – Islande, Norvège,<br />
Suisse et Liechtenstein).<br />
Auparavant, les ressortissants européens<br />
n’étaient soumis qu’à<br />
un contrôle minimal, or il est<br />
indispensable d’établir des<br />
contrôles aux frontières extérieures<br />
pour assurer la sécurité<br />
de l’espace Schengen », précisait<br />
ainsi un communiqué du ministère<br />
de l’Intérieur français, le<br />
7 avril dernier. « Ce contrôle<br />
comprend la vérification de l’authenticité<br />
du document de<br />
voyage présenté afin de prévenir<br />
toute tentative de falsification<br />
ou d’usurpation, et la consultation<br />
de bases de données nationales,<br />
européennes et internationales<br />
afin de s’assurer que la<br />
personne ne fait pas l’objet d’une<br />
fiche de signalement », ajoutait<br />
le communiqué.<br />
AIR & COSMOS<br />
34 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
TRANSPORT AÉRIEN<br />
trois questions à Vincent capo-canellas,<br />
sénateur-maire du Bourget et spécialiste de la sûreté aéroportuaire<br />
« Il faut tester l’analyse comportementale<br />
et le contrôle différencié »<br />
Que pensez-vous du renforcement des contrôles d’identité<br />
préconisé par le règlement Ue 2017/458 ? le fait que les<br />
ressortissants de l’Union européenne soient traités comme<br />
des non-communautaires vous semble-t-il indiqué ?<br />
les mesures de sécurité et de contrôle des passagers<br />
dans les aéroports ont été notablement renforcées par<br />
le règlement européen 2017/458 afin de prévenir les<br />
menaces contre l’ordre public et les actes terroristes.<br />
entrées en application à partir d’avril dernier, elles ont<br />
engendré des files d’attente considérables dans les aéroports<br />
et de très nombreux retards de vols cet été. ces<br />
contrôles supplémentaires apparaissent néanmoins utiles<br />
et pertinents car ils renforcent la sécurité des citoyens<br />
européens dans un contexte où la menace terroriste<br />
reste très forte. de fait, il ne me semble pas envisageable,<br />
en l’état, de revenir sur les contrôles systématiques<br />
de l’ensemble des voyageurs, y compris des ressortissants<br />
des pays de l’Union européenne. le problème vient<br />
principalement de la mise en œuvre de cette réglementation<br />
et du manque de moyens déployés aux frontières<br />
aéroportuaires par chaque etat membre.<br />
les etats ont-ils les moyens de remédier aux longues files<br />
d’attente générées par ces renforcements ?<br />
Bien sûr, les pouvoirs publics disposent de moyens pour<br />
améliorer la fluidité des contrôles aux frontières. la situation<br />
qu’on a connue cet été dans les aéroports parisiens est liée<br />
au manque chronique d’effectifs de police en charge des<br />
contrôles d’identité dans les aéroports. cela fait plusieurs<br />
mois que les acteurs de l’aérien demandent aux pouvoirs<br />
publics d’affecter plus de moyens à la police aux frontières<br />
(paF) et aux douanes. mi-juillet, face à la longueur des files<br />
d’attente de voyageurs et aux délais d’attente à orly et à<br />
roissy, le ministre de l’intérieur a donc annoncé en urgence<br />
l’affectation de 100 policiers supplémentaires. encore<br />
s’agit-il de crs dont la mission ne peut se limiter qu’à la<br />
sécurisation des aérogares, et non d’effectifs de la paF…<br />
mais ce problème est récurrent, et ne survient pas uniquement<br />
pendant la saison touristique. ces renforts en moyens<br />
humains doivent être pérennes et le gouvernement doit les<br />
maintenir après la période estivale afin d’assurer des conditions<br />
d’accueil satisfaisantes aux passagers.<br />
l’autre moyen, c’est la mise en place et le déploiement<br />
de systèmes automatisés de contrôle des passeports.<br />
l’enjeu, c’est donc que les aéroports s’en équipent rapidement<br />
et en nombre<br />
suffisant, car ils font<br />
gagner un temps considérable<br />
aux postes de<br />
contrôle. ainsi,<br />
aéroports de paris a<br />
accéléré le déploiement<br />
de bornes parafe de<br />
contrôle automatisé<br />
des passeports en installant<br />
à ses frais, faute<br />
de financement de<br />
l’etat, 87 de ces sas à<br />
roissy-cdg et orly<br />
d’ici à la fin de l’année. ces sas parafe de nouvelle<br />
génération sont beaucoup plus performants, permettant<br />
de contrôler très rapidement les passagers détenteurs<br />
d’un passeport biométrique et à terme (une fois la certification<br />
de cette fonctionnalité par les autorités françaises)<br />
tous les passagers de l’Union européenne,<br />
puisqu’ils seront équipés de la fonction de reconnaissance<br />
faciale.<br />
DR<br />
Vous êtes l’auteur d’un rapport prônant une meilleure efficacité<br />
des mesures de sûreté dans le transport aérien. Quelles<br />
seraient, selon vous, les mesures à mettre en place en priorité<br />
pour concilier protection contre les menaces terroristes et<br />
continuité du flux de passagers dans les aéroports ?<br />
la menace terroriste est protéiforme et en évolution<br />
constante ; il convient d’adapter sans cesse nos outils et<br />
les technologies pour faire preuve d’une réactivité. parmi<br />
les pistes pour sécuriser les aérogares, il y a l’analyse<br />
comportementale. Fondée sur des techniques d’observation,<br />
elle permet à des personnels de repérer les attitudes<br />
« anormales » de personnes, dans les aérogares,<br />
susceptibles de présenter un danger. associée à des<br />
dispositifs de vidéoprotection, à des patrouilles, à des<br />
équipes cynophiles ou encore à des contrôles aléatoires,<br />
cette technique permet d’élever le niveau de sûreté des<br />
parties publiques des aéroports sans entraver les déplacements<br />
des passagers. Je plaide aussi pour qu’on<br />
expérimente le contrôle différencié des passagers selon<br />
des critères objectifs – tels que la destination, la récurrence<br />
et l’historique des vols, etc. – et tels que mis en<br />
place dans de grands aéroports internationaux.<br />
NO SHOWS.<br />
Au-delà des files d’attente, ce renforcement<br />
des contrôles a eu de<br />
nombreuses conséquences néfastes<br />
qui sont pointées dans une lettre<br />
ouverte en date du 24 août qui<br />
a été adressée au Conseil des ministres<br />
de l’Union européenne,<br />
cosignée par les associations <strong>Air</strong>lines<br />
for Europe, <strong>Air</strong>e (<strong>Air</strong>lines International<br />
Representation in Europe),<br />
ACI Europe (branche européenne<br />
du Conseil international<br />
des aéroports), ERA (Association<br />
des compagnies régionales européennes)<br />
et IATA (Association<br />
internationale de transport aérien).<br />
« Le nombre de vols retardés à<br />
cause des problèmes de contrôles<br />
aux frontières s’est accru de 97 %<br />
entre avril et juin 2017 (comparativement<br />
à 2016), après que la<br />
nouvelle réglementation est entrée<br />
en vigueur. De fait, en juin 2017,<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 35
TRANSPORT AÉRIEN<br />
ADP<br />
Les travaux en cours à Orly, notamment la jonction des terminaux Sud et Ouest,<br />
amplifient les perturbations.<br />
la contribution au temps de retard<br />
moyen – par vol retardé – des<br />
problèmes liés aux contrôles aux<br />
frontières a augmenté de 30 %,<br />
comparativement à 2016 », constatent<br />
les associations signataires.<br />
« Environ 319 millions de passagers<br />
par an vont être affectés par le<br />
renforcement des contrôles préconisé<br />
par le règlement 2017/458,<br />
c’est-à-dire presque la moitié des<br />
passagers transitant par les aéroports<br />
européens. Nous constatons actuellement<br />
que les nouveaux<br />
contrôles systématiques augmentent<br />
les temps de traitement aux<br />
contrôles des frontières d’environ<br />
20 secondes par passager. Cela signifie<br />
que près d’une heure supplémentaire<br />
est nécessaire pour<br />
contrôler chaque vol, poursuivent-elles.<br />
Dans certains cas, ces<br />
retards ont pour conséquence<br />
que 5 % des passagers ratent leur<br />
vol quotidiennement. A Paris-<br />
Orly, les nouvelles mesures ont<br />
augmenté les temps d’attente aux<br />
contrôles des frontières de plus<br />
d’une heure, et ce pour 40 % des<br />
jours écoulés sur la période observée.<br />
»<br />
CAUSES MULTIPLES.<br />
La Fnam (Fédération nationale<br />
de l’aviation marchande) a été<br />
une des premières à tirer le signal<br />
d’alarme auprès des pouvoirs<br />
publics en France. « D’autres aéroports<br />
en Europe sont touchés<br />
par ces situations perturbées, mais<br />
aucun au niveau d’Orly, précise<br />
Alain Battisti, président de la<br />
Fnam. Nous ne demandons pas<br />
forcément une augmentation<br />
des effectifs de la PAF (Police de<br />
l’air et des frontières). Longtemps,<br />
il y a eu un manque d’adéquation<br />
entre les effectifs mis en place et<br />
les moments de forte affluence,<br />
notamment en heures de pointe.<br />
De gros efforts ont déjà été fournis,<br />
mais il faut encore améliorer<br />
la gestion des personnels en cas<br />
de situation perturbée, insistet-il.<br />
La difficulté est que, alors<br />
que le trafic aérien augmente en<br />
moyenne de 5 à 6 % par an, il<br />
n’en est pas de même des effectifs<br />
des personnels de la PAF. »<br />
Mais, dans le cas de l’aéroport<br />
d’Orly, les personnels insuffisants<br />
sont loin d’être la seule cause de<br />
perturbations. « Cette situation<br />
difficile est encore amplifiée par<br />
le fait que la plateforme connaît<br />
actuellement une phase lourde<br />
de travaux, avec notamment le<br />
projet One Roof qui vise à réunir<br />
les deux terminaux Sud et Ouest,<br />
explique Guy Tardieu, délégué<br />
général de la Fnam. Cela empiète<br />
sur les espaces disponibles et amplifie<br />
encore les difficultés. »<br />
Les temps d’attente sont aussi<br />
accrus à cause d’une particularité<br />
liée aux vols vers les<br />
DOM-TOM. « Alors même<br />
que nous sommes toujours en<br />
France, les vols vers les Antilles<br />
ou La Réunion sont considérés<br />
comme des vols “étrangers”,<br />
donc contrôlés très strictement<br />
», détaille Guy Tardieu.<br />
Les autorités françaises justifient<br />
cette particularité par l’existence<br />
de visas « inter-îles » dans les<br />
Caraïbes qui permettraient notamment<br />
à des ressortissants<br />
d’autres îles caribéennes,<br />
comme Haïti, de passer illégalement<br />
les contrôles.<br />
MANQUE DE FIABILITÉ.<br />
Mais les conséquences des problèmes<br />
de logistique informatique<br />
constituent l’essentiel des<br />
difficultés. « Le contrôle de<br />
l’identité de chaque passager se<br />
fait aussi à distance. Et les différentes<br />
administrations travaillant<br />
en relation avec les menaces<br />
terroristes n’ont pas été en mesure<br />
d’uniformiser les banques<br />
de données. Ce qui fait que<br />
chaque policier est obligé de<br />
faire trois vérifications sur six<br />
banques de données différentes,<br />
souligne Guy Tardieu. Par ailleurs,<br />
les sas Parafe (Passage automatisé<br />
rapide aux frontières<br />
extérieures) qui sont censés pouvoir<br />
résoudre tous les cas de figure<br />
et accélérer le traitement<br />
du passager ont un taux de fiabilité<br />
très faible. Le logiciel utilisé<br />
est très compliqué et interroge<br />
les mêmes bases de données que<br />
les contrôles faits par les policiers<br />
de la PAF. Du coup, alors que,<br />
le matin, le passage peut se faire<br />
sans problème, le serveur informatique<br />
qui gère l’ensemble<br />
s’engorge totalement aux heures<br />
de grande affluence. »<br />
Ces difficultés ne concernent<br />
que l’aéroport d’Orly. Dans les<br />
aéroports qui gèrent moins d’un<br />
million de passagers par an, ce<br />
sont les douaniers qui opèrent<br />
les contrôles en lieu et place des<br />
policiers de la PAF. Et les<br />
contrôles renforcés sont dans ce<br />
cas tous effectués manuellement.<br />
« C’est moins médiatisé que les<br />
grandes plateformes, mais nous<br />
pouvons nous retrouver avec<br />
des contrôles qui durent près<br />
de trois heures pour des vols<br />
densifiés avec des compagnies<br />
low cost », déplore Guy Tardieu.<br />
Selon la Fnam, pour que les<br />
contrôles gagnent en efficacité,<br />
il faudrait que la France se mette<br />
en capacité d’utiliser le PNR<br />
(Passenger Name Record) ou fichier<br />
des données passagers.<br />
« Après un long débat juridique,<br />
la France a finalement accepté<br />
ce système. Les compagnies aériennes<br />
ont d’ores et déjà la possibilité<br />
de fournir ces données,<br />
mais l’Etat n’a fait aucun investissement<br />
pour les traiter. Si c’était<br />
le cas, comme dans 49 pays au<br />
monde, on gagnerait beaucoup<br />
en efficacité et on pourrait même<br />
effectuer des contrôles beaucoup<br />
plus ciblés », assure Alain Battisti.<br />
PAS DE DÉROGATIONS.<br />
Les problématiques liées au renforcement<br />
des mesures de sûreté<br />
dans les aéroports français et européens<br />
sont donc multiples. Pour<br />
autant, il faut remarquer que le<br />
règlement européen prévoit des<br />
dérogations à l’application de ces<br />
mesures renforcées, quand elles<br />
peuvent avoir un « effet disproportionné<br />
sur la fluidité du trafic »,<br />
avec des périodes transitoires de<br />
mise en conformité qui peuvent<br />
être éventuellement prolongées.<br />
Pour autant, la France n’a pas souhaité<br />
demander ces dérogations.<br />
Certains observateurs lient cette<br />
volonté au fait que, parmi les Etats<br />
membres, la France était justement<br />
en pointe pour demander le renforcement<br />
de ces contrôles à l’intérieur<br />
de l’espace Schengen.<br />
Quoi qu’il en soit, il faut à présent<br />
trouver des solutions avant que<br />
cela n’ait des conséquences trop<br />
lourdes sur l’ensemble de la chaîne<br />
du transport aérien.<br />
■ Jean-Baptiste Heguy<br />
36 www.air-cosmos.com COSMOS N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017<br />
AIR<br />
&
TRANSPORT AÉRIEN<br />
RESTRUCTURATION<br />
South African cherche toujours une relance<br />
PLOMBÉE PAR SES DETTES, SOUTH AFRICAN AIRWAYS<br />
TRAVAILLE SUR PLUSIEURS SCÉNARIOS POUR SE<br />
RELANCER. COMME CELUI D’UNE FUSION AVEC SES<br />
FILIALES SAA EXPRESS ET MANGO AIRLINES.<br />
La tâche du nouveau directeur<br />
général de South African<br />
<strong>Air</strong>ways (SAA) n’est<br />
pas aisée. Il s’agit en effet de<br />
convaincre les multiples créanciers<br />
de la compagnie aérienne,<br />
les banques et de nouveaux investisseurs<br />
que SAA vaut toujours<br />
d’être soutenue sur le long terme.<br />
Dynamique, avec derrière lui<br />
une solide expérience chez l’opérateur<br />
télécoms Vodacom, Vuyani<br />
Jarana multiplie donc les rendez-vous<br />
avec les milieux financiers,<br />
n’hésitant pas à laisser entendre<br />
« qu’il existe une stratégie<br />
pour stopper l’hémorragie et<br />
qu’il est possible de négocier<br />
des plans de refinancement ».<br />
Malgré des plans d’économies<br />
et de restructuration à répétition<br />
au cours des dernières années,<br />
SAA a besoin d’une recapitalisation<br />
urgente d’au moins 770 M$. Une<br />
somme que le principal actionnaire,<br />
l’Etat sud-africain, envisage<br />
de trouver en revendant une partie<br />
de sa participation de 39 % dans<br />
l’opérateur de télécommunications<br />
Telkom SA. Mais ce n’est qu’un<br />
scénario parmi d’autres. Il s’agit<br />
surtout de montrer aux autres investisseurs<br />
que l’Etat sud-africain<br />
est toujours derrière la compagnie<br />
aérienne nationale.<br />
SCÉNARIOS.<br />
D’autant que Vuyani Jarana, qui<br />
travaille sur plusieurs scénarios<br />
de relance, a d’ores et déjà prévenu<br />
que ceux-ci « ne peuvent prospérer<br />
sans l’injection d’argent<br />
frais ». Parmi les scénarios : rationaliser<br />
l’exploitation de SAA et<br />
SOUTH AFRICAN<br />
Une flotte disparate.<br />
de ses filiales régionales SAA Express<br />
et la low cost Mango <strong>Air</strong>lines<br />
en les fusionnant. La première est<br />
dédiée au réseau intérieur, mais<br />
desservant aussi le Mozambique,<br />
la Namibie, le Botswana et la<br />
Zambie au moyen d’un mixte<br />
de Bombardier CRJ200/700<br />
(quatorze) et de Q400 (dix).<br />
Mango <strong>Air</strong>lines exploite, quant<br />
à elle, du Boeing 737-800, sur<br />
les lignes intérieures à gros volume<br />
dont certaines en concurrence<br />
avec SAA Express, mais<br />
aussi avec la maison mère qui<br />
exploite de son côté un parc<br />
d’<strong>Air</strong>bus A319-A320 sur le marché<br />
intérieur et régional. A priori,<br />
le groupe couvre ainsi tous les<br />
segments de marché possibles.<br />
La cohérence commerciale est<br />
là, sauf que l’équation financière<br />
ne s’y retrouve pas.<br />
■ Yann Cochennec<br />
RACHAT<br />
Arik <strong>Air</strong> n’est pas à vendre<br />
ARIK AIR<br />
Quand Arik <strong>Air</strong> voulait du 747-8.<br />
Coup de théâtre à Lagos.<br />
Amcon, la structure de<br />
défaisance du gouvernement<br />
nigérian, a démenti toute<br />
discussion avec Ethiopian <strong>Air</strong>lines<br />
sur le rachat d’Arik <strong>Air</strong>. « Asset<br />
Management Corporation of<br />
Nigeria (Amcon) n’est pas au<br />
courant de telles négociations<br />
et si ces négociations existaient<br />
nous en serions les premiers informés<br />
», a indiqué le porte-parole<br />
d’Amcon. Croulant sous<br />
une dette de 840 M$, Arik <strong>Air</strong><br />
a été reprise par Amcon au mois<br />
de février dernier. Il y a moins<br />
d’une semaine, des dirigeants<br />
d’Ethiopian <strong>Air</strong>lines avaient<br />
confirmé que leur compagnie<br />
aérienne avait déposé une offre<br />
sur Arik <strong>Air</strong>.<br />
« Sur la base des termes et<br />
conditions fixés par le gouvernement<br />
du Nigeria, Ethiopian<br />
<strong>Air</strong>lines a soumis son offre de<br />
reprise d’Arik <strong>Air</strong>. Nous sommes<br />
en compétition avec d’autres<br />
compagnies aériennes. Si nous<br />
parvenons à un accord, nous<br />
sommes prêts à prendre en<br />
charge la gestion de cette compagnie<br />
», avait déclaré Esayas<br />
Weldemariam, directeur pour<br />
les affaires internationales<br />
d’Ethiopian <strong>Air</strong>lines.<br />
Les appétits de cette dernière<br />
au Nigeria ont une logique. Ce<br />
pays génère un important volume<br />
de trafic aérien intérieur<br />
au regard de sa population et de<br />
sa géographie.<br />
Or, si Arik <strong>Air</strong> a de gros soucis<br />
financiers, elle n’en demeure pas<br />
moins le plus important transporteur<br />
sur le marché intérieur<br />
nigérian avec près de 60 % de<br />
parts de marché. De quoi venir<br />
nourrir les lignes long-courriers<br />
d’Ethiopian <strong>Air</strong>lines. Une position<br />
de force qui a aussi généré<br />
des ambitions démesurées sur<br />
le segment du long-courrier au<br />
sein de l’ancienne équipe dirigeante.<br />
Au point qu’Arik <strong>Air</strong><br />
passera commande pour deux<br />
Boeing 747-8 avant de les transformer<br />
en deux Boeing 787-9.<br />
La compagnie a également des<br />
<strong>Air</strong>bus A340-500 en flotte aux<br />
côtés d’une douzaine de Boeing<br />
737-700/800 et de Bombardier<br />
CRJ900 et Q400. ■ YC<br />
AIR & COSMOS<br />
8 SEPTEMBRE 2017 N° 2560 www.air-cosmos.com 37
TRANSPORT AÉRIEN<br />
FAILLITE<br />
Niki Lauda voudrait<br />
racheter Niki à <strong>Air</strong> Berlin<br />
L’ancien piLote de FormuLe 1, avait Fondé niki en<br />
2003, avant de La vendre à air BerLin en 2011.<br />
Bien qu’il ait arrêté de piloter<br />
des formules 1 depuis sition dominante si Lufthansa<br />
pointe les risques d’abus de po-<br />
trente-deux ans, Niki met la main sur airberlin.<br />
Lauda a gardé l’esprit de compétition.<br />
Il est bien décidé à ne pour Niki qui devra être prêt<br />
« Je prépare un plan d’offre<br />
pas laisser les mains libres à Lufthansa<br />
pour la reprise d’airberlin, je n’ai pas encore décidé des<br />
avant la fin de la semaine, mais<br />
qui a déposé son bilan le 15 août conditions », a déclaré à l’agence<br />
dernier, après la volonté de son de presse Reuters l’ancien champion<br />
du monde autrichien.<br />
actionnaire principal Etihad <strong>Air</strong>ways<br />
de cesser tout soutien financier.<br />
Ce dernier, qui a annoncé<br />
son intention en marge Les parties intéressées ont jusqu’à<br />
NOMBREUX CANDIDATS<br />
du grand prix d’Italie de Monza, la date du 15 septembre pour<br />
soumettre des offres de reprise<br />
des actifs d’airberlin, que ce soit<br />
la flotte ou les créneaux d’atterrissage<br />
en Allemagne. Dans sa<br />
démarche, Lufthansa est soutenue<br />
par le gouvernement allemand<br />
D’autres transporteurs se sont<br />
aussi déclarés, comme easyJet, qui<br />
pourrait reprendre une quarantaine<br />
d’avions et est aussi très intéressée<br />
à mettre la main sur des<br />
créneaux horaires, comme à Düsseldorf,<br />
par exemple. Condor, la<br />
compagnie charter du groupe<br />
touristique Thomas Cook, devrait<br />
aussi faire partie des candidats<br />
■ Jean-Baptiste HEGUY<br />
DR<br />
LA RÉUNION<br />
Roland-Garros<br />
fait le choix du<br />
bioclimatique<br />
Dans le cadre de son plan<br />
stratégique 2017-2022<br />
Welcome, la chambre<br />
de commerce et d’industrie<br />
de La Réunion (CCIR) a<br />
dévoilé les travaux d’aménagement<br />
qu’allait connaître<br />
l’aéroport Roland-Garros de<br />
Saint-Denis-de-La-Réunion.<br />
Près de 180 M€ vont être<br />
investis au total, notamment<br />
pour la construction d’un<br />
tout nouveau terminal de<br />
départs, alors que le terminal<br />
actuel traitera les arrivées.<br />
Surtout, la CCIR a prévu<br />
une conception révolutionnaire,<br />
bioclimatique, avec<br />
notamment un ensemble de<br />
3000 m 2 de panneaux photovoltaïques<br />
qui seront en<br />
2018 posés sur le toit du<br />
nouveau terminal. Par ailleurs,<br />
à mesure que se développera<br />
sa production<br />
d’électricité solaire, la société<br />
aéroportuaire intégrera progressivement<br />
des véhicules<br />
dans sa flotte.<br />
Par ailleurs, en concertation<br />
avec les acteurs touristiques<br />
de l’île, la société aéroportuaire<br />
prospecte aéroports et compagnies<br />
aériennes en Europe,<br />
pour favoriser l’ouverture<br />
d’une nouvelle route par an<br />
jusqu’en 2022. L’objectif est<br />
d’atteindre un trafic de 3 millions<br />
de passagers annuels en<br />
2025, contre 2,1 millions de<br />
passagers en 2016. ■ JBH<br />
TWEET AIR<br />
#Promotion. Jusqu’au 12 septembre 2017, la compagnie Hop! air France propose des tarifs à 39 euros<br />
ttc sur tout son réseau pour des voyages à réaliser entre le 16 octobre 2017 et le 25 mars 2018. #Low cost<br />
long-courrier. La compagnie islandaise Wow air lancera à partir du 23 mai 2018 trois vols hebdomadaires<br />
vers dallas au départ de paris, via reykjavik. #Nouvelle ligne. air canada a annoncé qu’elle ouvrirait une<br />
liaison non-stop paris-vancouver opérée quatre fois par semaine entre le 9 juin et le 15 octobre 2018. Les ventes<br />
sont d’ores et déjà ouvertes.<br />
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ENTREPRISES ET MARCHÉS<br />
PME-PMI<br />
RELAIS DE CROISSANCE<br />
IDEATEC ACCROÎT SA PRÉ-<br />
SENCE EN AÉRONAUTIQUE<br />
LA SOCIÉTÉ CHARENTAISE A DÉVELOPPÉ UN NOUVEAU<br />
SYSTÈME DE DISTRIBUTION FLEXIBLE À MÊME DE<br />
RÉPONDRE AUX BESOINS DES ÉQUIPEMENTIERS,<br />
INTÉGRATEURS ET AUTRES SOUS-TRAITANTS. CETTE<br />
INNOVATION DEVRAIT LUI PERMETTRE DE DOUBLER<br />
LA PART DE SON ACTIVITÉ RÉALISÉE DANS LE SECTEUR<br />
DE L’AÉRONAUTIQUE, D’ICI TROIS À QUATRE ANS.<br />
Trente-cinq ans après sa<br />
création à La Couronne,<br />
près d’Angoulême,<br />
Ideatec a très clairement<br />
fait de<br />
l’aéronautique l’un de ses relais<br />
de croissance pour l’avenir. Elle<br />
entend, en effet, doubler son activité<br />
dans ce secteur d’ici trois,<br />
quatre ans. Spécialisée dans l’approvisionnement<br />
de pièces au<br />
moyen de robots, la société prévoit<br />
ainsi de passer d’une part<br />
actuelle de 15 % sur un chiffre<br />
d’affaires prévisionnel de 5,3 M€,<br />
à 30 %, et un chiffre d’affaires<br />
porté à 6 M€ à l’horizon 2021.<br />
DEUX ANS DE RETOUR<br />
SUR INVESTISSEMENT.<br />
Seule parmi les cinq sociétés du<br />
groupe Rouby intervenant dans<br />
le secteur, Ideatec profite incontestablement<br />
de deux facteurs.<br />
Le premier est lié à l’augmentation<br />
des cadences. Comme<br />
l’explique Thierry Slawy, directeur<br />
commercial d’Ideatec et<br />
président, « dans le domaine aéronautique,<br />
nous voyons apparaître<br />
de plus en plus de mouvements<br />
répétitifs, mais à des<br />
cadences moindres, toutefois,<br />
que dans l’automobile. C’est<br />
pour cette raison que l’on peut<br />
envisager d’installer des systèmes<br />
d’alimentation de pièces. Cette<br />
aide apportée aux opérateurs est<br />
réalisée au moyen de robots collaboratifs,<br />
également appelés cobots.<br />
Ces outils conviennent<br />
bien, en effet, au monde de l’aéronautique<br />
pour le façonnage<br />
des pièces, leur usinage, ainsi que<br />
pour le préassemblage des pièces<br />
et des sous-ensembles. Surtout,<br />
le retour sur investissement intervient<br />
au bout de deux ans en<br />
moyenne ».<br />
DISTRIBUTION FLEXIBLE.<br />
Le second facteur a trait à la difficulté<br />
de recruter des opérateurs.<br />
Ideatec (37 salariés) a donc investi<br />
70 000 € pour créer une nouvelle<br />
distribution flexible. Au-delà de<br />
la gamme d’équipements d’automatisation<br />
modulable à 100 %<br />
française adaptée à toute industrie,<br />
la société Ideatec est allée plus<br />
loin en développant un nouveau<br />
système doté de la vision et de<br />
la robotique pour l’orientation.<br />
Présentée en avril 2017, au<br />
salon Industrie de Lyon, cette<br />
distribution flexible est en mesure<br />
de traiter plusieurs types de<br />
pièces, de formes et de dimensions<br />
différentes. Elle est, par ailleurs,<br />
évolutive car elle offre la<br />
possibilité, après un simple paramétrage,<br />
de changer le produit<br />
à distribuer. Ainsi, une seule cellule<br />
de distribution permet de<br />
répondre à plusieurs applications.<br />
Elle augmente, enfin, considérablement<br />
la productivité de la<br />
chaîne en ce sens que c’est au<br />
IDEATEC<br />
Système flexible d’alimentation de pièces.<br />
minimum une personne par<br />
poste qui est gagnée par rapport<br />
au précédent processus.<br />
Qu’on ne s’y trompe pas, toutefois.<br />
La distribution flexible<br />
présente aussi pour avantage de<br />
requalifier les postes d’opérateurs,<br />
tout en évitant que la production<br />
ne soit décentralisée dans des<br />
pays à bas coûts.<br />
CLIENTS MULTIPLES.<br />
Les applications de la distribution<br />
flexible d’Ideatec conviennent<br />
parfaitement à des équipementiers<br />
comme Lisi<br />
Aerospace ou à des intégrateurs<br />
comme Spie. Elles peuvent également<br />
répondre aux besoins<br />
des sous-traitants dans la partie<br />
préparation et sous-ensembles,<br />
mais pas forcément à ceux des<br />
constructeurs. En effet, les cadences<br />
sont encore trop faibles<br />
pour justifier de la mise en place<br />
du nouveau système de distribution,<br />
dont la durée de vie est<br />
estimée entre dix et quinze ans.<br />
Autres investissements réalisés<br />
par Ideatec, ceux liés aux<br />
installations de la société.<br />
Celles-ci bénéficieront d’un<br />
premier million d’euros d’investissements<br />
d’ici deux ans,<br />
la surface des bâtiments passant<br />
alors de 6 000 à 8 000 m².<br />
Un second million d’euros<br />
ira à l’amélioration des installations<br />
d’ici quatre ans, en<br />
particulier sur la partie usinage,<br />
que la société souhaite<br />
reprendre en interne pour<br />
gagner en flexibilité.<br />
Les effectifs seront accrus de<br />
cinq personnes, recrutées dans<br />
les domaines de la robotique, de<br />
la chaudronnerie et de l’usinage.<br />
■ A Nantes, Olivier Constant<br />
AIR & COSMOS<br />
40 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
ENTREPRISES ET MARCHÉS<br />
HÉLICOPTÈRES<br />
Lente reprise du secteur pétrolier<br />
Le président d’<strong>Air</strong>bus<br />
HeLicopters,<br />
GuiLLAume FAury, ne<br />
voit pAs de retour à LA<br />
situAtion des Années<br />
2014 sur Le mArcHé du<br />
« oiL & GAs » pour LA<br />
FiLière HéLicoptères.<br />
Au mois d’août dernier,<br />
<strong>Air</strong>bus Helicopters a livré<br />
à CHC Helicopter son<br />
tout premier H175. L’opérateur<br />
canadien est un des principaux<br />
acteurs du transport de personnel<br />
et de fret sur les plateformes pétrolières.<br />
D’une masse maximale<br />
au décollage de 8 tonnes et capable<br />
de transporter seize passagers,<br />
le H175 est entré en service<br />
commercial au mois de<br />
décembre 2014 sous les couleurs<br />
d’un autre poids lourd du marché<br />
« oil & gas », le belge NHV. Sur<br />
les quinze H175 livrés depuis,<br />
treize sont actifs sur les plateformes<br />
pétrolières.<br />
A première lecture, le marché<br />
du « oil & gas » semble donc<br />
donner des signes de reprise<br />
après plusieurs années de baisse<br />
Le groupe Mecadaq, toujours<br />
associé à la société<br />
de capital-investissement<br />
Activa Capital, vient de réaliser<br />
sa deuxième opération de croissance<br />
externe en un an. Le<br />
groupe présidé par Julien Dubecq<br />
vient en effet de racheter<br />
la société Armoa, spécialisée<br />
dans l’usinage de précision de<br />
pièces d’aérostructures en aluminium<br />
de petite et moyenne<br />
dimensions. Implantée à Chanteloup-les-Vignes<br />
et réalisant<br />
un chiffre d’affaires de 18 M€,<br />
Armoa travaille notamment<br />
pour Stelia, Daher ou encore<br />
Premier H175 pour CHC Helicopter.<br />
d’activités due à la forte baisse<br />
des cours du pétrole. « Les investissements<br />
dans le secteur pétrolier<br />
reprennent lentement,<br />
mais l’activité reste à un niveau<br />
faible pour le marché des hélicoptères<br />
», a néanmoins indiqué<br />
Guillaume Faury, président d’<strong>Air</strong>bus<br />
Helicopters, en marge de<br />
l’Université de la défense qui<br />
s’est déroulée à Toulon.<br />
« Après une période de baisse<br />
d’activité, comme il y a une stabilisation,<br />
les acteurs reprennent<br />
CROISSANCE<br />
Le groupe Mecadaq rachète Armoa<br />
Thales. Le groupe Mecadaq<br />
poursuit donc sa stratégie de<br />
consolidation dans les métiers<br />
de la sous-traitance aéronautique.<br />
En septembre 2016, le groupe<br />
Mecadaq avait en effet déjà racheté<br />
Marignier.<br />
Cette dernière, basée dans la<br />
vallée de l’Arve, était alors filiale<br />
autonome du groupe industriel<br />
RBDH. Marignier est spécialisé<br />
dans l’usinage d’engrenages de<br />
précision et travaille pour Zodiac<br />
Aerospace, Somfy, Dura Automotive<br />
Systems, Alkan ou encore<br />
Hutchinson. En rachetant<br />
Armoa, le groupe Mecadaq porte<br />
des projets, des remplacements,<br />
quelques nouveaux investissements.<br />
Mais je ne vois pas de<br />
signe de retour à la situation des<br />
années 2014 et avant, marquée<br />
par de forts investissements », a<br />
ajouté Guillaume Faury. Selon<br />
les données de la Gama, les livraisons<br />
d’<strong>Air</strong>bus Helicopters<br />
sont reparties à la hausse au premier<br />
semestre 2017 (cf. A&C<br />
n° 2559), mais sans retrouver les<br />
volumes de l’année 2013.<br />
■ Yann Cochennec<br />
son chiffre d’affaires à plus de<br />
50 M€. L’opération a été financée<br />
« par endettement bancaire ainsi<br />
que par fonds propres additionnels<br />
apportés par Activa Capital<br />
et le management ».<br />
Mais le rachat d’Armoa n’est<br />
qu’une étape pour le groupe<br />
Mecadaq, qui poursuit sa stratégie<br />
de consolidation, menant actuellement<br />
des discussions « avec<br />
plusieurs acteurs de la sous-traitance<br />
aéronautique », étrangers<br />
compris. Une opération qui<br />
« pourra être financée grâce à<br />
de nouvelles lignes d’acquisition<br />
mises en place cet été ». ■YC<br />
AIRBUS HELICOPTERS<br />
CHINE<br />
Boeing revoit les<br />
besoins à la hausse<br />
Les prévisionnistes de<br />
Boeing viennent de<br />
revoir à la hausse les<br />
besoins du marché chinois<br />
en avions de ligne sur les<br />
vingt prochaines années.<br />
L’étude de marché prévoit<br />
désormais la livraison de<br />
7240 avions neufs pour une<br />
valeur globale proche de<br />
1 100 Md$. Les prévisions<br />
de Boeing incluent les jets<br />
régionaux jusqu’à une capacité<br />
de 90 sièges et les livraisons<br />
prévues sur les vingt<br />
prochaines années portent<br />
sur 150 unités. Les moyencourriers<br />
(90 à 230 sièges)<br />
sont estimés à 5 420 exemplaires,<br />
tandis que les deux<br />
catégories d’appareils à large<br />
fuselage affichent respectivement<br />
940 (200 à<br />
300 sièges) et 550 (plus de<br />
300 sièges) livraisons.<br />
S’ajoutent 180 gros-porteurs<br />
cargos d’ici 2036. La<br />
précédente étude de Boeing<br />
prévoyait des besoins chinois<br />
pour un total de 6 810 livraisons<br />
d’avions neufs. La<br />
progression de la demande<br />
en jets régionaux ne porte<br />
que sur dix unités supplémentaires.<br />
Les moyen-courriers<br />
s’arrondissent de plus<br />
de 300 exemplaires d’une<br />
prévision à l’autre, tandis<br />
que les gros-porteurs passent<br />
à un total de 1670 unités<br />
contre 1 560, un an plus<br />
tôt. Sauf que les très grosporteurs<br />
(plus de 400 sièges)<br />
ont disparu d’une étude à<br />
l’autre.<br />
Boeing prévoyait encore<br />
60 très gros-porteurs en<br />
2016. De même, apparaît<br />
désormais la catégorie<br />
avions-cargos, alors qu’elle<br />
était auparavant diluée dans<br />
le segment gros-porteurs.<br />
■YC<br />
AIR & COSMOS<br />
42 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017
OFFRES D’EMPLOI<br />
LA DIRECTION GENERALE DE L’AVIATION CIVILE<br />
RECRUTE :<br />
UN INGÉNIEUR NAVIGABILITÉ (H/F)<br />
LocaLisation : Paris XV<br />
Missions :<br />
• Management de projets de certification relatifs à la conception d’aéronefs<br />
légers (dans le cadre national puis dans le cadre européen<br />
pour le compte de l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA))<br />
• Instruction de demandes d’autorisation de vol d’aéronefs télépilotés<br />
(drones) (élaboration des conditions techniques appropriées,<br />
contrôles sur terrain lorsque nécessaire)<br />
• Instruction de demandes de laissez-passer et dérogations (en lien<br />
avec l’Organisme de sécurité de l’aviation civile (OSAC))<br />
• Management de l’activité d’un ou plusieurs régimes de navigabilité<br />
spéciaux (aéronefs en kit (CNSK), aéronefs de collection (CNRAC),<br />
aéronefs expérimentaux ou scientifiques)<br />
coMpétences cLés<br />
• 5 ans d’expérience aéronautique dont 3 ans d’expérience relative<br />
aux techniques de conception et à la navigabilité des aéronefs<br />
• Connaissance des règlements relatifs à la navigabilité<br />
• Expériences spécifiques qui seraient appréciées<br />
Connaissances des techniques et activités relatives aux drones, et/ou<br />
Connaissances des techniques et activités relatives aux aérostats, Pilotage<br />
• Maîtrise indispensable de la langue anglaise (parlé, lu et écrit)<br />
Date limite candidature : 30 septembre 2017<br />
Renseignements ou candidature (CV + lettre motivation)<br />
dsac-centrale-rf-bf@aviation-civile.gouv.fr<br />
dsac-nav-bf@aviation-civile.gouv.fr<br />
<strong>Air</strong>&<strong>Cosmos</strong><br />
LocaLisation : Paris XV<br />
LA DIRECTION GENERALE DE L’AVIATION CIVILE<br />
RECRUTE :<br />
UN INGÉNIEUR NAVIGABILITÉ DES DRONES (H/F)<br />
Missions : Management de l’activité navigabilité des drones :<br />
• Instruction des demandes complexes d’autorisation de vol (expérimentations<br />
ou activités particulières en dehors des scénarios prédéfinis)<br />
• Développement et mise en œuvre des méthodes et outils de gestion<br />
de l’activité<br />
• Information et accompagnement des usagers<br />
• Gestion des évolutions réglementaires (nationales et internationales) :<br />
- Participation aux groupes de travaux nationaux et internationaux<br />
- Mise en œuvre des nouveautés (impacts méthodes, outils, formation<br />
des agents, guides usagers)<br />
ProfiL requis des PostuLants<br />
• 3 ans d’expérience dans la conception et, si possible, l’exploitation<br />
des drones<br />
• Expériences complémentaires qui seraient appréciées :<br />
Pilotage de drones, Expérience relative aux techniques de conception<br />
et à la navigabilité des aéronefs ou des équipements embarqués,<br />
et/ou expérience de l’analyse de sécurité<br />
• Maîtrise de la langue anglaise (parlé, lu et écrit)<br />
date limite candidature : 30 septembre 2017<br />
Renseignements ou candidature (CV + lettre motivation)<br />
dsac-centrale-rf-bf@aviation-civile.gouv.fr<br />
dsac-nav-bf@aviation-civile.gouv.fr<br />
<strong>Air</strong>&<strong>Cosmos</strong><br />
AIR & COSMOS<br />
Ils recrutent sur www.air-cosmos.com<br />
recrute<br />
1 Helicopter Pilot<br />
1 <strong>Air</strong>craft Technician<br />
1 <strong>Air</strong>craft Maintenance administrative<br />
Assistant Part 145<br />
1 Technical Advisor to the Chief Operating<br />
Officer<br />
recrute :<br />
1 Permanent Technique<br />
1 Agent Technique Moteur<br />
recrute 1 Chargé(e) de Communication<br />
Externe pour le Spatial<br />
recrute 1 Responsable du Service<br />
Devis et Démonstrations Techniques<br />
Pour diffuser vos offres d’emploi,<br />
contactez Marie-France DAVID :<br />
01 86 95 97 06<br />
LA DIRECTION GENERALE DE L’AVIATION CIVILE<br />
RECRUTE :<br />
UN INSPECTEUR DES OPÉRATIONS ARIENNES (H/F)<br />
LocaLisation : Athis Mons<br />
Missions :<br />
Inspecteur des opérations aériennes, contribuant à :<br />
• la certification des compagnies aériennes (expertise des dossiers,<br />
délivrance des actes correspondant aux autorisations opérationnelles<br />
sollicitées par les exploitants),<br />
• la surveillance des compagnies aériennes (audits, inspections ou<br />
contrôles).<br />
ProfiL requis des PostuLants<br />
• Maîtrise des règlements européens concernant les opérations aériennes<br />
• Expérience souhaitable d’auditeur dans le domaine des opérations<br />
aériennes<br />
• Expérience souhaitable en tant que cadre d’une compagnie aérienne<br />
• Formation au pilotage (PPL, CPL, ATPL…) appréciée<br />
• Maîtrise indispensable de la langue anglaise (parlé, lu et écrit)<br />
• Qualités humaines : disponibilité et capacité à travailler en équipe,<br />
aptitude à l'initiative et à la prise de responsabilités, esprit de<br />
rigueur, d'analyse et de synthèse<br />
• Note : formation qualifiante prise en charge par la DGAC (formation<br />
théorique de 5 à 6 semaines suivie d’une formation pratique sous<br />
supervision d’un inspecteur qualifié)<br />
date limite candidature : 30 septembre 2017<br />
Renseignements ou candidature (CV + lettre motivation)<br />
dsac-centrale-rf-bf@aviation-civile.gouv.fr<br />
dsac-pn-secretariat-bf@aviation-civile.gouv.fr<br />
<strong>Air</strong>&<strong>Cosmos</strong><br />
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THE CHALLENGES OF THE FUTURE CALL FOR A<br />
FIGHTER DESIGNED FOR IT.<br />
AT LOCKHEED MARTIN,<br />
WE’RE ENGINEERING A BETTER TOMORROW.<br />
© 2017 LOCKHEED MARTIN CORPORATION