Air & Cosmos

ESPACE
MADE IN CHINA
Un danger pour l’Amérique
et l’Europe?
Outre une année de vaches maigres pOur les
cOnstructeurs « traditiOnnels » de satellites
géOstatiOnnaires, 2017 cOnfirme les ambitiOns de
la chine, qui cOmmercialise des prOduits basés
sur les platefOrmes dfh 4 et 5.
Tandis que le marché est
plus rétracté que jamais, la
Chine vient jouer les trouble-fête.
En mai dernier, la société
CGWIC (China Great Wall Industry
Corp) a remporté le
contrat de construction du satellite
de télécommunications
Palapa N1 (Nusantara 1) pour
l’opérateur indonésien PT Satelit
Nusa Sejahtera, qui doit être
lancé en 2020. Un accord-cadre
a par la même occasion été signé
pour la fourniture d’un second
satellite en 2022, PSN 7, qui
fournirait 100 Gbps.
Ce nouveau succès fait suite au
contrat signé en octobre 2016
avec la société thaïlandaise Shin
Satellite pour TCStar-1 (Thaicom
9), satellite à haut débit en
bande Ka prévu pour 2019. Cela
confirme les ambitions chinoises
sur le marché commercial international,
et le rôle grandissant de
la Casc (China Aerospace Science
& Technology Corp) et de la Cast
(China Academy of Space Technology),
via la CGWIC.
Aux côtés des acteurs historiques
occidentaux, Boeing,
Lockheed Martin, MDA/Space
Systems Loral, Airbus Defence
& Space, Thales Alenia Space et
Mitsubishi Electric, Pékin affiche
de sérieux atouts : un service
complet avec livraison sur orbite
par des lanceurs Longue
Marche 3 depuis Xichang, des
aides au financement facilitées
par rapport aux agences de crédit
Eximbank (Banque d’importexport
des Etats-Unis) et Coface
(Compagnie française d’assurances
pour le commerce extérieur).
Par contre, la transparence
sur la fiabilité et l’efficacité fait
quelque peu défaut, vu que l’organisation
du spatial en Chine
reste sous le contrôle des instances
militaires avec le Sastind (State
Administration for Science, Technology
& Industry for National
Defense). La Cast développe les
satellites géostationnaires de télécommunications
pour l’armée
chinoise et de l’opérateur public
China Satcom, ce qui lui permet
d’amortir les investissements et
de commercialiser des satellites
à prix réduit.
Les satellites DFH chinois proposés
sur le marché international
Plateforme Masse totale Puissance totale Particularité
(durée de vie) (charge utile) (charge utile)
DFH 4 (jusqu’à quinze ans) 5250 kg (600 kg) 10 kW (7500 W) Bus de référence
DFH 4E (quinze ans) 5500 kg (1000 kg) 16 kW (11 kW)
DFH 4S (quinze ans) 4200 kg (450 kg) 7800 kW (4 kW)
DFH-4SP* (quinze ans) 5400 kg (1500 kg) 19 kW (16 kW) Bus tout électrique ou hybride
DFH 4SP** (quinze ans) 2500 kg (500 kg) 16 kW (9 kW) Bus tout électrique
DFH 5 (seize ans) 8000 kg (1500 kg) 28 kW (18 kW) Bus nouvelle génération
* version lancement simple ** version lancement double
CGWIC
Signature du contrat Palapa N1 à Jakarta, le 17 mai 2017.
PRÉCÉDENTS ACCORDS.
Jusqu’à présent, la CGWIC avait
décroché des commandes dans
le cadre d’accords politiques de
coopération économique. On
a peu d’informations sur les performances
des satellites made in
China, pas plus que sur la suite
qui pourrait leur être donnée.
• Le Venezuela, avec le ministère
de la Science et de la Technologie
et l’ABAE (Agencia Bolivariana
para Actividades Espaciales), met
en œuvre depuis octobre 2008
le Venesat 1, alias Simon Bolivar 1.
Il propose de la capacité dans les
bandes C (quatorze), Ku (douze)
et Ka (deux).
• Le Pakistan, via la Suparco
(Space & Upper Atmosphere Research
Commission), s’est équipé
du Paksat 1R, qui fut lancé en
août 2011. Commercialisé par
l’opérateur Paksat, il propose des
répéteurs dans les bandes C
(douze) et Ku (dix-huit).
• Le Nigeria, pour la Nigerian
Communication Satellite Ltd,
exploite le NigComSat 1R avec
28 répéteurs (deux en bande L,
quatre en bande C, quatorze en
AIR & COSMOS
28 www.air-cosmos.com
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017