Air & Cosmos

PROGRAMMES ET DÉVELOPPEMENT
LE PROJET BLADE
AIRBUS VA TESTER EN VOL
DEUX VOILURES LAMINAIRES
L’340-300 banc d’essai volant qui servira à l’exploration des voilures laminaires, lors de sa sortie d’atelier.
AIRBUS
«
éduire
LE PROJET BLADE VISE À EXPLORER LE
COMPORTEMENT EN VOL DES VOILURES LAMINAIRES EN
VUE D’UNE POTENTIELLE EXPLOITATION SUR DES AVIONS
DE TRANSPORT CIVILS. UN BANC D’ESSAI VOLANT, SOUS
LA FORME D’UN A340-300, SERVIRA À CET EFFET DANS
LE CADRE D’UNE CAMPAGNE QUI VA S’ÉTALER SUR
150 HEURES DE VOL ET QUI VA DÉBUTER
INCESSAMMENT.
la consommation
à hauteur de 5 % pour un
vol de 800 nautiques, c’est l’objectif
auquel nous voudrions
parvenir », commente Daniel
Kierbel, responsable du projet
Blade chez Airbus, acronyme de
Breakthrough Laminar Aircraft
Demonstrator in Europe, « avion
démonstrateur de rupture laminaire
en Europe ». C’est le but
que tente d’atteindre Airbus au
travers de son démonstrateur
A340, qui vient juste d’effectuer
sa sortie d’usine à Tarbes et qui
va sous peu entamer sa première
campagne de vols expérimentaux.
Cet appareil diffère des autres
A340 : sa voilure est très particulière.
Elle est équipée de
profils laminaires, qui devraient
permettre cette prometteuse
économie de kérosène.
DU SUPERCRITIQUE
AU LAMINAIRE.
Depuis le Falcon 50, presque tous
les avions de transport civils ont
été équipés de profils dits supercritiques.
Ce type de profil, dont
la forme est caractérisée par une
ligne moyenne à double courbure,
inversée dans la partie avant avec
un extrados aplati et un intrados
creux dans sa partie arrière, présente
de nombreux avantages aérodynamiques,
en dehors d’une épaisseur
relative qui peut être importante
et favoriser ainsi le stockage
de carburant. L’adoption de ces
profils est liée à la vitesse des avions
de transport civil, voisine de Mach 1,
afin de juguler les phénomènes
de compressibilité rencontrés notamment
pendant et juste après la
Seconde Guerre mondiale, au
cours de piqués prolongés.
Sur une voilure classique, les
filets d’air subissent une accélération
autour des profils, en particulier
au niveau de l’extrados
de l’aile, avec des vitesses d’écoulement
localement supersoniques,
lesquelles génèrent une onde de
choc qui s’accompagne d’une
importante dégradation des performances
de l’avion. Sur les
profils supercritiques, le nombre
de Mach local maximal est atteint
rapidement, et reste plus ou
moins stationnaire lorsque le
Mach général augmente. A traînée
égale, l’avion peut ainsi évoluer
plus vite.
Mais à l’heure des économies,
de la réduction des émissions de
tous types de polluants, le profil
laminaire semble être nettement
plus prometteur en termes d’économies,
même si la vitesse de
croisière des futurs avions civils
pourrait être sensiblement réduite.
Le but de ces profils est de maximiser
la finesse aérodynamique,
raison pour laquelle ce type de
profil équipe depuis la fin de la
décennie 1940 la grande majorité
des aéronefs œuvrant dans le
domaine du vol à voile, autrement
dit les planeurs.
EXPLORATION
DE L’ÉCOULEMENT
LAMINAIRE.
Si cette idée, celle de l’adoption
de profils laminaires sur des avions
de transport civils, semble extrêmement
intéressante, il n’en
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N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017