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ESPACE<br />
TECHNOLOGIE<br />
Propulsion électrique :<br />
au service des petits satellites<br />
ACCOMPAGNANT L’ESSOR<br />
INÉDIT DES PETITS<br />
SATELLITES, LA<br />
PROPULSION ÉLECTRIQUE<br />
FAIT ACTUELLEMENT<br />
L’OBJET DE NOMBREUSES<br />
RECHERCHES, À L’IMAGE<br />
DE CELLES MENÉES AU<br />
SEIN DU LABORATOIRE<br />
ICARE DU CNRS, À<br />
ORLÉANS.<br />
Grâce à une technologie<br />
de plus en plus accessible<br />
et abordable, et de nouvelles<br />
offres de lancement adaptées,<br />
on s’attend à une explosion<br />
du nombre de petits satellites à<br />
lancer ces prochaines années.<br />
Cette tendance actuelle à rapetisser<br />
les satellites se caractérise<br />
par une production de masse et<br />
des taux de remplacement plus<br />
élevés, qui garantiront la fiabilité<br />
des satellites qui tombent en<br />
panne – des satellites jetables en<br />
quelque sorte, dont la taille varie<br />
d’1 à 10 kg pour les nanosatellites,<br />
et de 10 à 200 kg pour les microsatellites.<br />
Une évolution du<br />
marché contraint les constructeurs<br />
de satellites à trouver de<br />
nouveaux systèmes de propulsion<br />
adaptés à ces petits satellites, en<br />
s’affranchissant des moteurs à<br />
carburant chimique pour passer<br />
au tout électrique.<br />
Un peu partout dans le<br />
monde, des recherches sont en<br />
cours pour faire des propulseurs<br />
à effet Hall miniatures existants<br />
des systèmes compétitifs pour<br />
les nano et microsatellites. Des<br />
ergols (solide du type diiode<br />
pour réduire le volume) à la<br />
durée de vie (jouer sur la topologie<br />
magnétique pour augmenter<br />
la durée de vie sans détériorer<br />
S. MAZOUFFRE & L. GRIMAUD - CNRS-ICARE<br />
Propulseur à effet Hall ISCT100 opérant à 100 watts<br />
avec du xénon. La poussée délivrée est de 7 millinewtons.<br />
les performances), et de la cathode<br />
(design simple, robuste,<br />
qui consomme peu d’énergie)<br />
à l’architecture (matériaux, géométrie),<br />
tout est étudié pour réduire<br />
les coûts.<br />
ENjEu.<br />
La propulsion ionique, plus communément<br />
appelée propulsion<br />
électrique, apparaît « particulièrement<br />
bien adaptée à ces petits<br />
satellites. Elle offre plus de souplesse<br />
pour un gain de masse significatif<br />
», nous explique Stéphane<br />
Mazouffre, directeur de<br />
recherche au sein du laboratoire<br />
Icare du CNRS, à Orléans. Ce<br />
physicien supervise des études<br />
sur la propulsion spatiale à plasma<br />
et travaille avec son équipe à<br />
l’optimisation et la miniaturisation<br />
de moteurs électriques.<br />
« Notre objectif est de mettre<br />
au point une gamme de propulseurs<br />
à plasma consommant<br />
quelques dizaines de watts et<br />
capables de générer une poussée<br />
de 1 à 10 millinewtons. »<br />
Aujourd’hui, les moteurs à<br />
effet Hall et les moteurs ioniques<br />
à grilles sont les deux types de<br />
propulsion électrique en service<br />
sur les satellites et les sondes. Le<br />
moteur à grille est plutôt destiné<br />
à des missions « nécessitant une<br />
faible consommation de carburant<br />
», c’est-à-dire les « missions<br />
interplanétaires ou pour la correction<br />
d’orbite ». Le propulseur<br />
à effet Hall, grâce à sa poussée<br />
plus importante, « est mieux<br />
adapté aux transferts d’orbites ».<br />
Il existe bien d’autres types de<br />
propulsion électrique, et on peut<br />
citer par exemple les propulseurs<br />
électrothermiques de type Helicon<br />
et ECR, les propulseurs à<br />
effet de champ et les propulseurs<br />
à force de Lorentz. « Mais à<br />
l’heure actuelle aucun type ne<br />
semble prendre le dessus pour<br />
les petits satellites », considère<br />
Stéphane Mazouffre.<br />
« Les moteurs à effet Hall ont<br />
beaucoup d’avantages, mais peuton<br />
les miniaturiser en maintenant<br />
les performances ? C’est<br />
tout l’enjeu d’une partie de nos<br />
travaux. » La propulsion à effet<br />
Hall consiste à créer un champ<br />
magnétique pour piéger les électrons<br />
du plasma et permettre<br />
ainsi la formation d’une région<br />
à fort champ électrique. La poussée<br />
est ensuite assurée par l’extraction<br />
et l’accélération des<br />
ions positifs issus du plasma. Le<br />
but est de trouver le « bon ratio<br />
et compromis entre, d’une part,<br />
les performances, le rendement,<br />
l’impulsion spécifique et une<br />
faible consommation et, d’autre<br />
part, la simplicité du système<br />
(propulseur, alimentation, car-<br />
AIR & COSMOS<br />
24 www.air-cosmos.com<br />
N° 2560 8 SEPTEMBRE 2017