Gaumont Pathé! Le mag - Octobre 2017

DANS BLADE RUNNER 2049,
DE DENIS VILLENEUVE, RYAN
GOSLING INTERPRÈTE UN FLIC
DU FUTUR À LA RECHERCHE
DU LÉGENDAIRE RICK DECKARD,
JOUÉ PAR HARRISON FORD.
RENCONTRE AVEC UN ACTEUR
QUI RENTRE ICI DANS UNE
TOUT AUTRE DIMENSION.
Ryan, vous avez construit toute votre
carrière en évitant les blockbusters.
Blade Runner 2049 est votre premier
film à gros budget. Cela change-t-il
quelque chose pour vous ?
Je n’ai jamais sciemment évité les gros
films hollywoodiens. C’est juste que
tous ceux qu’on m’offrait sonnaient
faux et ne racontaient pas grandchose.
Quand Denis Villeneuve m’a
proposé Blade Runner 2049, j’ai vu
tout de suite la richesse du script, sa
mélancolie, ses thèmes très riches…
Il avait réussi à capturer l’âme du film
original.
Justement, quelle est votre relation avec
le Blade Runner de Ridley Scott ?
J’étais trop jeune pour le voir en salles
au moment de sa sortie. Par contre,
j’ai vu tous les films qui l’avaient
pillé ! Quand je l’ai finalement
découvert, à 13 ou 14 ans, ce fut
une véritable révélation. J’ai été
stupéfait de constater à quel point
ce film avait influencé toute mon
époque, comment Ridley Scott avait
inventé toute la SF que j’aimais. Je
l’ai vu et revu plusieurs fois depuis.
Récemment, ce qui m’a frappé c’est
son aspect prophétique. Le film
n’a pas seulement créé un système
esthétique, il a devancé la réalité. On
a l’impression que certains éléments
de notre réel ont été imaginés par
Ridley Scott et son équipe.
C’est ce qui en fait un classique selon
vous ?
Oui, entre autres. Le look, l’histoire,
le mélange entre la mélancolie néonoire
et la SF. Ridley, Harrison Ford
et Rutger Hauer évidemment, la
synergie entre les performances
des acteurs, le visuel somptueux,
la musique de Vangelis... Ce que
j’aime aussi, c’est que tout est très
ancré : le réel et les personnages ont
l’air vrai.
Denis Villeneuve nous expliquait que
vous sentiez que vos chances de réussite
étaient infimes. Pourquoi alors avoir
accepté le projet ?
C’est Blade Runner ! Avoir la
possibilité d’arpenter ce monde,
y aller avec Harrison... C’était
surréaliste. Impossible à refuser. Vous
savez, je ne me souviens pas de ma
vie avant Blade Runner. Quand je suis
arrivé sur le set, j’avais l’impression
de revenir à la maison.
Qu’est-ce qui vous a le plus étonné
durant le tournage ?
Plein de choses ! Mais j’avoue que
l’intelligence de Denis, sa science
du cadre, du scénario et de l’histoire
originale m’ont vraiment bluffé.
Ses choix esthétiques étaient toujours
très inspirés. Il trouvait à chaque
fois, pour chaque scène, la manière
la plus élégante et la plus efficace
de raconter l’histoire à travers son
objectif. Quand Roger Deakins, son
chef opérateur, imagine un cadre,
en tant qu’acteur, la moitié de notre
boulot est déjà fait.
Comment s’est passée votre
collaboration avec Harrison Ford ?
Avant de travailler avec l’acteur, il
y a d’abord l’homme. Et ce qu’il
représente. Quand on se promène
avec lui, on se rend compte à quel
point tous les moments de cinéma
qui comptent dans notre vie sont liés
à ce type ! Indiana Jones qui flingue
le mec dans le bazar, le « Je t’aime »,
« Je sais », de Star Wars... C’est lui !
Mais en plus, Harrison est un acteur
immense. Les premiers jours il n’était
pas là, alors Denis m’avait conseillé
d’imaginer qu’il était caché dans un
coin et qu’il observait chaque scène.
Du coup, je me demandais tout le
temps s’il serait satisfait du résultat.
Quand il est enfin arrivé sur le plateau
ce fut un soulagement. Il a retroussé
ses manches et s’est mis au boulot.
Comme ça. On s’est assis à une table
et on a eu des conversations très
réalistes sur nos deux personnages.
C’est un partenaire de jeu incroyable.
Honnêtement, lorsqu’il est arrivé, j’ai
enfin senti que le film commençait.
Et avec Ridley Scott ?
Ridley Scott est à l’origine de
l’histoire, qu’il a écrite avec
Hampton Fancher, mais il filmait
Alien : Covenant quand on tournait
2049. C’est un homme très occupé.
Il a eu de nombreuses discussions
avec Denis Vilenneuve pendant la
préparation. Moi, j’ai parlé un peu
avec lui avant le tournage. Mais mon
partenaire sur le film, c’était Denis.
C’était son équipe. Et Blade Runner
2049, sa vision.
Harrison Ford.
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