Diversités magazine numéro 18
Diversités magazine le magazine de toutes les diversités
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Le débat<br />
On est chez nous !<br />
Paniques identitaires<br />
Avec « Paniques identitaires », Laurence De Cock et<br />
Régis Meyran ont coordonné un livre utile sur des<br />
questions qui taraudent nos sociétés occidentales.<br />
« Chez nous ! » n’est pas seulement le titre de l’excellent<br />
film de Lucas Belvaux sorti durant la campagne<br />
pour les élections présidentielles françaises. Non, c’est<br />
aussi l’expression du trouble qui gagne une part d’individus<br />
fâchée avec la mutation multiculturelle de son<br />
cadre de vie sur fond de crise économique et sociale.<br />
Certes, on semble glisser d’un racisme global sur les<br />
étrangers vers un racisme plus relatif qui concerne<br />
surtout une partie d’entre eux. Nous pensons tout particulièrement<br />
à ceux auxquels on impute la pratique<br />
de l’islam. Le critère de nationalité s’étiole dans une<br />
généralisation de la défiance.<br />
C’est tout l’intérêt de cet ouvrage que de proposer un<br />
regard souvent acéré sur la manière dont les médias,<br />
une partie de la classe politique voire quelques intellectuels<br />
(ou présumés tels) s’emparent de la question<br />
de l’identité pour éclairer ou enfumer l’opinion. Passons<br />
en revue quelques-unes des balises que les auteurs<br />
ont posées pour appréhender mieux le contenu<br />
de leur livre.<br />
Paniques identitaires et nouveaux régimes de vérité<br />
Sur les causes de cet emballement sur l’identité, plusieurs<br />
explications sont avancées. La question sociale<br />
semble supplantée par la question culturelle.<br />
A l’heure où une inflation de rapports d’organismes<br />
réputés n’a de cesse de souligner le creusement des<br />
inégalités, on semble s’égarer dans ce qui ne questionne<br />
pas les causes de notre désarroi. S’ajoute à<br />
cela la fin des idéologies porteuses de récits structurants<br />
pour lire le réel et ambitionner de le changer.<br />
A cet égard, la chute du Mur de Berlin marque un<br />
tournant historique. Les auteurs distillent encore que<br />
« la base sociale des partis politiques a en grande<br />
partie disparu, et tous les partis produisent désormais<br />
des éléments de langage fabriqués par des « communicants<br />
».<br />
Paniques morales et paniques identitaires<br />
Un type particulier de ces paniques morales intéresse<br />
les auteurs. Il s’agit de « la panique identitaire, qui met<br />
en jeu à la fois les représentations de soi d’un groupe<br />
social – sa supposée identité, pensée de façon essentialiste<br />
et culturaliste – et la perception que ce groupe<br />
a d’un autre groupe social – pensé lui aussi de façon<br />
essentialiste et culturaliste, présenté comme une menace<br />
et dès lors diabolisé. ».<br />
Ils pointent l’affaire du burkini, feuilleton de l’été 2016<br />
comme une notable illustration. Ceux qui suscitent l’inquiétude<br />
sont « les musulmans », le groupe d’appartenance<br />
idéalisé étant « la vraie France » (sous-entendue<br />
blanche, chrétienne, « de souche », etc.), les entrepreneurs<br />
de morale se nommant Nicolas Dupont-Aignan,<br />
Manuel Valls ou Florian Philippot – ainsi qu’un certain<br />
nombre d’éditorialistes qui leur ont emboîté le pas.<br />
Le débat