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Adventiste Magazine - Nº 13 - Janvier / Février 2018

3 Interview Yolande Grezet "J'ai créé un système d'échange local" 4 Jeunesse GYD 2018 5 Dossier Tu ne tueras point - Une expérience de 28 jours 9 Santé Une perspective intéressante sur les habitudes alimentaires 1O Location saisonnière au Tessin 1O Carnet rose 11 Témoignage Marinette et Christian, deux boulangers qui ferment le samedi, le jour le plus lucratif de la semaine 13 Hommage à Gilbert Mamin

3 Interview Yolande Grezet "J'ai créé un système d'échange local"
4 Jeunesse GYD 2018
5 Dossier Tu ne tueras point - Une expérience de 28 jours
9 Santé Une perspective intéressante sur les habitudes alimentaires
1O Location saisonnière au Tessin 1O Carnet rose
11 Témoignage Marinette et Christian, deux boulangers qui ferment le samedi, le jour le plus lucratif de la semaine
13 Hommage à Gilbert Mamin

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TÉMOIGNAGE<br />

MARINETTE ET CHRISTIAN, DES BOULANGERS QUI FERMENT LE SAMEDI,<br />

LE JOUR LE PLUS LUCRATIF DE LA SEMAINE<br />

Marinette et Christian Fayet, tous<br />

deux membres de l’église de Gland,<br />

sont boulangers la semaine. Tous les<br />

jours de la semaine, sauf le samedi.<br />

Une décision qui provoque bien des<br />

réactions : l’étonnement des collègues<br />

boulangers, l’incompréhension<br />

de beaucoup de clients, le repos du<br />

couple... mais une conviction de plus<br />

en plus enracinée.<br />

Christian<br />

Marinette et moi-même nous<br />

sommes rencontrés à La Croix<br />

Bleue – association chrétienne<br />

sans étiquette – car chacun de<br />

nous accompagnait ses parents aux activités<br />

d’aide aux personnes dépendantes<br />

à l’alcool. Marinette et sa famille étaient<br />

déjà adventistes. Moi, j’étais chrétien<br />

sans vraie relation avec Dieu. Nous<br />

avons commencé à nous fréquenter.<br />

Nous nous invitions mutuellement à nos<br />

réunions de jeunesse, elle à l’église de<br />

Lausanne, moi à La Croix Bleue. Chacun<br />

nourrissait l’espoir que l’autre abandonnerait<br />

ses activités pour s’engager dans<br />

la sienne. Je vous laisse deviner qui a<br />

« gagné ». Ma rencontre et mon amitié<br />

avec Gilbert Grezet (pasteur FSRT, ndlr)<br />

et les conférences sur l’Apocalypse du<br />

pasteur Ulrich Frikart m’ont fait prendre<br />

la décision d’être baptisé à l’église adventiste,<br />

et ce, avant mon mariage avec<br />

Marinette en 1988.<br />

J’ai donc découvert le sabbat déjà<br />

adulte et au début de ma vie active.<br />

J’ai été appelé pour un nouveau poste<br />

à Gland et ai tout de suite osé demander<br />

à avoir congé le sabbat. Mon nouvel<br />

employeur, connaissant les <strong>Adventiste</strong>s<br />

grâce à la clinique de La Lignière, a accepté,<br />

me demandant de compenser<br />

mes absences du samedi par du travail le<br />

dimanche. Nous avons donc déménagé<br />

dans la région.<br />

Cette très bonne expérience professionnelle<br />

a conforté le rêve que j’avais depuis<br />

très jeune, celui d’être un boulanger indépendant.<br />

J’ai voulu me lancer et heureusement,<br />

mon épouse Marinette m’a<br />

suivi dans mon projet bien qu’elle n’ait<br />

pas, à la base, la fibre commerçante. En<br />

effet, à l’époque, elle travaillait dans le<br />

social, auprès de personnes âgées non<br />

voyantes.<br />

Marinette<br />

Au départ du projet, cela n’a<br />

pas été évident de tout lâcher.<br />

Avant de se lancer, on en a fait<br />

un sujet de prière. On s’est dit<br />

que tant que les portes s’ouvraient, on<br />

avancerait et si un obstacle se mettait<br />

sur notre route, on pourrait toujours arrêter<br />

et faire autre chose. Nous avons<br />

reçu l’aide du Moulin, un représentant<br />

qui oriente les boulangers désirant reprendre<br />

un commerce. Il s’est avéré que<br />

l’exploitant d’une boulangerie tout près<br />

de chez nous, à Prangins, voulait partir.<br />

Nous avons décidé de reprendre le<br />

tout petit laboratoire, tout moisi, mais<br />

qui fonctionnait très bien. Ça, c’était en<br />

1992.<br />

La première année n’a pas été évidente<br />

pour plusieurs raisons mais surtout parce<br />

que nous fermions boutique le samedi.<br />

Au début, les villageois ont eu du<br />

mal à nous suivre. Après avoir exposé<br />

nos convictions religieuses, la majorité<br />

a compris et respecté notre choix.<br />

Quelques irréductibles ont eu des mots<br />

malveillants mais cela n’a pas<br />

duré. S’est alors ajouté le<br />

problème des services d’hygiène<br />

car les installations<br />

étaient anciennes.<br />

A défaut d’être faciles, ces<br />

premières années d’entreprenariat<br />

ont été un véritable<br />

apprentissage tant<br />

professionnel que spirituel.<br />

Nous avons appris à prier à<br />

chaque étape du parcours<br />

ou avant chaque décision<br />

importante. Je me souviens<br />

du jour où un représentant<br />

est venu à la boutique, deux<br />

ans après son ouverture,<br />

pour nous vendre une machine<br />

à faire des pâtes fraiches. Son discours<br />

était si bien rôdé que nous avons été séduits<br />

et avons signé pour une machine<br />

qui n’avait rien à voir avec notre activité.<br />

Après son départ, nous nous sommes<br />

rendus compte de notre erreur. Un peu<br />

paniqués, nous avons prié pour demander<br />

l’aide de Dieu pour résoudre cette<br />

situation. Puis nous avons cherché des<br />

textes de loi pouvant nous faire sortir de<br />

notre engagement et avons découvert<br />

que nous avions 24 heures pour nous rétracter,<br />

ce que nous avons fait immédiatement.<br />

C’est une expérience qui nous<br />

a fait prendre conscience qu’il ne fallait<br />

jamais oublier de prier avant de prendre<br />

toute décision, et non après.<br />

Après plusieurs années, tout a commencé<br />

à rentrer dans l’ordre. Nous avions<br />

une clientèle fidèle et qui appréciait<br />

le bon accueil que nous offrions et qui<br />

compte pour 70% auprès des clients.<br />

Puis, encore une fois, nous avons traversé<br />

une situation dans laquelle nous<br />

ne pouvions rien faire à part laisser Dieu<br />

agir pour nous. Dix ans après notre<br />

installation à Prangins, le propriétaire<br />

a voulu récupérer ses locaux pour en<br />

faire son habitation. Nous avons obtenu<br />

une prolongation de 2 ans, mais avons<br />

fini par devoir quitter la boulangerie et<br />

chercher un autre endroit pour travailler.<br />

Nous n’avions plus l’aide des Moulins,<br />

et avons dû chercher par nous-mêmes.<br />

Nous sommes tombés sur l’annonce de<br />

la ville de Bursins (juste à côté de Prangins)<br />

qui cherchait des boulangers pour<br />

son nouveau bâtiment. Nous avons posé<br />

notre candidature.<br />

Boulangerie de Prangins<br />

Lors de l’entretien, accrochés fermement<br />

à nos convictions, tout en sachant<br />

qu’elles ne joueraient pas en notre faveur,<br />

nous avons été d’office très clair.<br />

Nous avons expliqué que nous ne travaillions<br />

pas le samedi, que notre boulangerie<br />

serait non fumeuse et que nous<br />

ne vendrions pas de nourriture avec du<br />

porc ni de l’alcool. Aujourd’hui, ce style<br />

de vie est assez à la mode, mais il y a<br />

15 ans c’était inconcevable. Et pourtant,<br />

Dieu a ouvert les portes. Nous avons été<br />

sélectionnés parmi les 11 boulangers<br />

Marinette et Christian, en 2012, fêtant leurs 20 ans de boulangerie à Prangins<br />

qui avaient postulé. Cerise sur le gâteau,<br />

la commune elle-même nous a prêté<br />

l’argent pour nous aider à nous installer.<br />

Mieux encore, face aux remarques désobligeantes<br />

des habitants concernant<br />

la fermeture de la boulangerie le samedi,<br />

là encore la commune a toujours pris<br />

notre défense.<br />

Boulangerie et atelier de Bursins<br />

Pendant que les autres commerçants se<br />

demandent si nous ne sommes pas fous<br />

de fermer boutique le jour qui rapporte<br />

potentiellement le plus d’argent (après le<br />

dimanche), nous avons en nous la ferme<br />

assurance de faire ce qui est juste. Notre<br />

fidélité à nos croyances a, de toute évidence,<br />

entraîné des défis dans notre vie<br />

que nous n’aurions jamais connus si nous<br />

n’étions pas adventistes. Mais ces défis<br />

n’ont jamais entraîné notre défaite. Au<br />

départ, nous avons perdu beaucoup de<br />

clients à cause de la fermeture de notre<br />

boulangerie le samedi. Cela ne fait pas<br />

plaisir. Mais aujourd’hui, en regardant en<br />

arrière, vingt-cinq ans après notre première<br />

entreprise, nous voyons les fruits<br />

de notre travail et de la bonté de Dieu<br />

dans nos vies.<br />

Les critiques que nous avons pu essuyer<br />

initialement n’existent plus. A la place,<br />

nous avons construit des relations<br />

de confiance avec la<br />

communauté de Bursins qui<br />

dépassent tout préjugé. En<br />

faisant partie de la fanfare<br />

de la commune, nous avons<br />

connu une bonne partie des<br />

habitants du village et avons<br />

créé de vrais liens d’amitié.<br />

Nous ne sommes plus les<br />

boulangers qui ferment le<br />

samedi mais nous sommes<br />

Marinette et Christian.<br />

Christian<br />

Peut-être que notre force<br />

est justement dans le fait que<br />

nous n’avons jamais dissimulé<br />

qui nous étions et notre manière<br />

de vivre, parce que nous sommes<br />

convaincus de ce en quoi nous croyons.<br />

Il arrive que la fanfare se réunisse le samedi<br />

et nous disons clairement que nous<br />

ne sommes pas disponibles le samedi<br />

car nous allons à l’église (sauf parfois,<br />

si c’est pour une activité sociale, auprès<br />

des personnes âgées par exemple). Dans<br />

la fanfare, plusieurs sont vignerons mais<br />

nous disons clairement que nous ne buvons<br />

pas d’alcool. Aujourd’hui personne<br />

ne s’en offusque.<br />

C’est pour cela que je crois fermement<br />

que la clé est d’être convaincu de ses<br />

principes de foi. Pour nous, le sabbat<br />

est vraiment un jour béni car toute la<br />

semaine nous avons plein de problèmes<br />

à régler au travail (un employé malade,<br />

une machine qui tombe en panne, un<br />

client mécontent...). Le samedi est le seul<br />

jour où notre esprit est complètement<br />

tranquille. Il n’y aura pas de problème<br />

à gérer puisque la boulangerie est fermée.<br />

Si nous avions un seul doute au niveau<br />

du sabbat, nous n’arriverions pas à<br />

convaincre nos interlocuteurs. C’est pareil<br />

pour n’importe quel précepte de foi.<br />

Et même si nos principes de foi amènent<br />

des défis, voire des échecs, il faut toujours<br />

garder confiance. Si on perd d’un<br />

côté, Dieu donnera autre chose. Il faut<br />

être fort dans ses convictions tout en<br />

étant disposé à faire ce qu’il faut pour<br />

y arriver. Par exemple, se rendre disponible<br />

d’autres jours pour compenser<br />

l’absence du samedi.<br />

En associant son travail et ses convictions<br />

religieuses à la direction de Dieu,<br />

il y aura toujours un chemin ouvert<br />

devant soi.<br />

POUR RÉAGIR À L’ARTICLE<br />

contact@adventistemagazine.com<br />

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