Zeso 1_18 F
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COMMENTAIRE<br />
Le logement – un chantier socio-politique<br />
Changement de perspective: dans l’aide<br />
sociale économique, 40% sont dévolus au<br />
forfait pour l’entretien, ce qui profite avant<br />
tout au commerce de détail et aux fournisseurs<br />
d‘infrastructures. 15% supplémentaires<br />
sont destinés aux caisses-maladie,<br />
hôpitaux, médecins et au secteur pharmaceutique,<br />
qui n’encourent pas de risque de<br />
perte. Les 15% suivants profitent aux foyers,<br />
écoles, opticiens, dentistes, associations,<br />
etc. et aux prestations circonstancielles.<br />
Les derniers 30% vont aux bailleurs qui,<br />
grâce à la sécurité financière, sont incités<br />
à fournir des logements aux personnes<br />
menacées de pauvreté.<br />
L’aide sociale, qui s’élève à 2,6 milliards<br />
de francs par an, génère près de 900<br />
millions de francs de recettes fiscales qui<br />
reviennent aux bailleurs de toute la Suisse.<br />
Une belle somme pour un engagement<br />
de taille. Tant et si bien qu’aujourd’hui, ce<br />
système fonctionne relativement bien dans<br />
la plupart des endroits.<br />
En matière de logement, l’offre, les besoins<br />
et les frais n’évoluent pas en parallèle. La<br />
branche financière et les caisses de pension<br />
cherchent des opportunités d’investissement<br />
optimisées à des fins de profit;<br />
à ce titre, les loyers minimaux et petits<br />
appartements ne font à ce jour pas partie<br />
du volume d’investissement privilégié.<br />
L’aide sociale et les personnes en situation<br />
de précarité sont toutefois tributaires de<br />
logements abordables et adaptés à leur<br />
situation de vie. Si plus de la moitié sont des<br />
personnes seules, force est de constater<br />
que les petits appartements sont rares,<br />
surtout dans les agglomérations et par-delà<br />
les quartiers et communes. L’évolution des<br />
coûts est également problématique et – sur<br />
le plan politique – fortement critiquée via<br />
l’aide sociale; face aux facteurs de coûts,<br />
la politique est impuissante: malgré des<br />
logements vacants, les loyers enregistrent<br />
une hausse disproportionnée depuis des<br />
années, et il en va de même des coûts de<br />
la santé.<br />
Il est inévitable que l‘aide sociale et les<br />
contribuables remettent en question ces<br />
développements. La pénurie de logements,<br />
dans de nombreuses agglomérations,<br />
ajoute une dimension supplémentaire. Dans<br />
les zones résidentielles prisées, les taux<br />
d’aide sociale chutent, tandis qu’ailleurs,<br />
les risques de ghettos menacent. Les frais<br />
de loyer augmentent de manière disproportionnée<br />
et les communes se voient<br />
contraintes d’investir dans des logements<br />
sociaux afin de ne pas dépendre de prix du<br />
marché exorbitants. Il s’agit de processus<br />
politiques difficiles, dans le cadre desquels<br />
les victimes ne sont autres que les personnes<br />
directement concernées et le tiers<br />
inférieur des bénéficiaires de l’aide sociale,<br />
à savoir les enfants.<br />
Conclusion: l‘aide sociale fait bien d’approfondir<br />
le sujet des frais de logement. En<br />
leur qualité de spécialistes de la politique<br />
sociale, les responsables des assurances<br />
sociales et associations professionnelles<br />
doivent, eux aussi, présenter des possibilités<br />
et solutions à leurs parties<br />
prenantes quant à la gestion<br />
efficace de cette thématique<br />
très complexe.<br />
Trop souvent, les<br />
considérations<br />
politiques brident<br />
les timides efforts<br />
d’aide et premières<br />
ébauches<br />
de solution. Mon<br />
principe: „Quel<br />
investissement<br />
pour réaliser<br />
des rêves?<br />
Du courage.<br />
Juste du<br />
courage. »<br />
Thomas Michel<br />
Membre du Comité<br />
directeur de la CSIAS<br />
et responsable du<br />
département des<br />
affaires sociales<br />
Bienne/Biel<br />
1/<strong>18</strong> ZeSo<br />
5
De l'aide sociale pour les personnes<br />
exerçant une acitivité indépandante?<br />
PRATIQUE Madame Weber travaille comme coiffeuse indépendante. Ses revenus ne suffisent pas à<br />
couvrir le coût de la vie après le départ de son partenaire. Une convention est nécessaire pour que<br />
l'aide sociale couvre une prestation transitoire d'une durée limitée.<br />
Madame Weber a vécu avec son compagnon<br />
pendant plusieurs années. Coiffeuse<br />
diplômée, elle exerce une activité indépendante<br />
dans son propre salon où elle gagne<br />
environ <strong>18</strong>00 francs par mois. Mais son<br />
compagnon s'est séparé d'elle et, après<br />
avoir résilié le bail dans les délais, il a quitté<br />
le domicile commun. Madame Weber<br />
n'a pas trouvé de nouvel appartement.<br />
Etant donné que pour l'instant, elle n'est<br />
pas en mesure de payer complètement les<br />
coûts de la vie plus élevés (p. ex. le total du<br />
loyer), elle s'est adressée à l'aide sociale.<br />
Question<br />
Faut-il demander à Madame Weber d'abandonner<br />
tout de suite son activité indépendante<br />
et de chercher un travail comme employée?<br />
PRATIQUE<br />
Dans cette rubrique, la ZESO publie des questions exemplaires<br />
de la pratique de l'aide sociale qui ont été<br />
adressées à la «CSIAS-Line», une ofre de conseil en<br />
ligne que la CSIAS propose à ses membres. L'accès<br />
pour vos questions se fait dans l'espace membres<br />
sur le site interent: www.csias.ch espace membres<br />
se connecter CSIAS-Line.<br />
Base<br />
En ce qui concerne le soutien aux personnes<br />
exerçant une activité lucrative indépendante,<br />
les normes CSIAS font par<br />
principe la distinction entre l'objectif de<br />
l'autonomie économique et celui du maintien<br />
d'une structure journalière (normes<br />
CSIAS, chapitre H.7). Pour faire valoir son<br />
droit à une aide transitoire, la personne<br />
concernée doit être prête à faire établir une<br />
analyse professionnelle pour déterminer<br />
si les conditions de survie économique de<br />
l'entreprise sont réunies.<br />
Du fait que dans le cas présent, il s'agit<br />
de l'autonomie économique et non pas<br />
du maintien d'une structure journalière,<br />
un accord écrit est la condition de l'octroi<br />
d'aides transitoires. Cet accord doit régler<br />
les délais de l'analyse professionnelle ainsi<br />
que de la présentation des documents nécessaires<br />
à cet effet et la durée du soutien<br />
transitoire. Les rendez-vous sur place permettent<br />
de vérifier les succès économiques,<br />
les informations relatives au salaire à réaliser<br />
et la forme de la cessation de la prestation<br />
financière.<br />
Réponse<br />
Dans le cas concret, l'enjeu n'est pas le<br />
maintien de la structure journalière, mais<br />
de toute évidence l'autonomie économique.<br />
En gérant son salon avec succès, Mme Weber<br />
a su se financer pendant dix ans. Avec<br />
le départ de son compagnon, l'aide sociale<br />
doit d'abord examiner les prestations transitoires<br />
qu'elle peut proposer à Mme Weber.<br />
Dès le début du soutien, il faut demander<br />
à Mme Weber de présenter une estimation<br />
de son succès commercial. A l'aide<br />
de différents indices possibles (p. ex. réalisation<br />
d'un salaire horaire défini, mise en<br />
œuvre d'un plan commercial ou d'un business<br />
plan, évaluation à l'aide d'un recours<br />
à des experts, etc.), l'aide sociale, éventuellement<br />
en collaboration avec un centre spécialisé,<br />
examine si une poursuite de l'activité<br />
indépendante est indiquée ou s'il faut<br />
demander d'abandonner celle-ci.<br />
L'aide sociale conclut avec Mme Weber<br />
une convention contenant les composantes<br />
ci-dessus. Mme Weber doit présenter tous<br />
les mois un calcul attestant du rendement<br />
mensuel, des charges, du bénéfice net ainsi<br />
que des heures de travail effectuées. Après<br />
avoir évalué la pertinence de ces calculs,<br />
l'aide sociale peut étudier la possibilité<br />
de déduire d'autres frais de gestion, par<br />
exemple des articles de papeterie ou des<br />
matériaux d'envoi, à l'exception des dépenses<br />
plus importantes telles que celles<br />
pour des outils. Cette pratique s'inspire de<br />
la réglementation de l'assurance-chômage<br />
(voir art. 41 a, al. 5 OACI).<br />
Afin d'éviter des distorsions de concurrence,<br />
on conclut avec Mme Weber une<br />
convention d'objectifs limitée dans le<br />
temps (en règle générale à 6 mois, la durée<br />
pouvant toutefois être prolongée). Mme<br />
Weber a ainsi la possibilité de poursuivre<br />
son activité indépendante pendant cette<br />
période et de percevoir des prestations transitoires<br />
d'une durée limitée. Il faut cependant<br />
souligner que les budgets ne doivent<br />
pas être mélangés, autrement dit, que le<br />
budget commercial doit être clairement<br />
séparé du budget d'aide sociale. Les pertes<br />
commerciales ne doivent pas être compensées<br />
par des prestations de soutien (par le<br />
forfait pour l'entretien etc.).<br />
A l'échéance de cette convention d'objectifs,<br />
soit Mme Weber doit pouvoir sortir de<br />
l'aide sociale, soit on lui demande d'abandonner<br />
l'activité indépendante en tenant<br />
compte des délais de résiliation (localité,<br />
électricité, téléphone etc.). <br />
•<br />
Michael Keogh<br />
Commission Normes et pratique<br />
6 ZeSo 1/<strong>18</strong>
Quelle est la contribution que les entreprises<br />
sociales fournissent à l'intégration<br />
sociale et professionnelle?<br />
Un grand nombre d'entreprises sociales mettent<br />
à disposition des possibilités de travail et<br />
des offres d'occupation pour les clients de<br />
l'aide sociale. Les places d'affectation dans<br />
le deuxième marché du travail fournissent<br />
une contribution essentielle à l'insertion<br />
professionnelle et à l'intégration sociale. Bien<br />
que les entreprises sociales soient financées<br />
dans une large mesure par des allocations des<br />
pouvoirs publics, les réglementations étatiques<br />
concernant les salaires et les conditions de<br />
travail dans le deuxième marché de l'emploi font<br />
quasiment défaut.<br />
La Suisse compte aujourd'hui quelque 400 entreprises sociales<br />
qui occupent plus de 10 000 collaborateurs et proposent des possibilités<br />
de travail et une occupation pour 50 000 per-sonnes environ.<br />
Les places d'affectation, au sein des entreprises sociales, sont<br />
destinées aux personnes prises en charge par l'AI, par l'assurance-chômage<br />
et par l'aide sociale. Alors que dans le domaine de<br />
l'invalidité, de nombreux ateliers destinés à l'insertion des personnes<br />
en situation de handicap ont été créés depuis 1920 environ,<br />
l'histoire des entreprises sociales dans l'aide sociale suisse est<br />
relativement récente. Dans ce domaine, le mouvement des entreprises<br />
sociales n'a débuté que dans les années 1990, à la suite de<br />
l'augmentation des taux de chômage.<br />
Ce n'est pourtant qu'avec la révision des normes CSIAS que les<br />
entreprises sociales ont été inscrites au catalogue des instruments<br />
de l'aide sociale. A cette époque, le principe de la contre-prestation<br />
dans l'aide sociale a été renforcé et les possibilités d'obliger les personnes<br />
dans le besoin à fournir des prestations de travail ont été<br />
élargies. Depuis l'introduction des suppléments d'intégration et de<br />
la franchise sur le revenu, le montant des prestations so-ciales dépend<br />
également des efforts d'intégration des personnes soutenues.<br />
Le chômage, un problème structurel<br />
Du fait que depuis la fin des années 70, il est plus en plus évident<br />
que le chômage n'est plus seulement un problème individuel et<br />
passager, mais, dans une mesure croissante, un pro-blème structurel<br />
et durable, il s'est révélé nécessaire de «mettre en place des<br />
offres com-plémentaires au marché du travail qui se restructure»<br />
(A.3-2). Des offres spécifiques de-vaient permettre d'agir contre<br />
l'exclusion des personnes au chômage. C'est pourquoi les normes<br />
CSIAS stipulent, depuis 2005, que «pour éviter l'exclusion économique<br />
et sociale des sans-emploi, l'aide sociale développe des<br />
offres spécifiques de travail et d'intégration». Les normes mentionnent<br />
désormais explicitement les «programmes d'activité et<br />
d'occupation» ainsi que les «offres dans le marché secondaire de<br />
l'emploi» (D3-1) comme des instruments de l'insertion professionnelle<br />
et de l'intégration sociale.<br />
En raison de la mondialisation croissante de l'économie et de<br />
la pression accrue en termes de concurrence et de marges qui y est<br />
liée, un grand nombre d'emplois destinés avant tout aux personnes<br />
faiblement qualifiées a été démantelé au cours de ces dernières décennies.<br />
Il devient de plus en plus manifeste que le marché suisse<br />
du travail n'est plus en mesure d'insérer un nombre croissant de personnes<br />
souffrant de problèmes de santé et à la perfor-mance limitée.<br />
En même temps, la pression s'est intensifiée à l'encontre de<br />
l'aide sociale pour que celle-ci aide ces personnes à être actives.<br />
Cette pression poursuivait principalement deux objectifs: d'une<br />
part, il s'agissait, à l'aide de programmes d'occupation, de rapprocher<br />
à nouveau du marché du travail les personnes sans emploi.<br />
D'autre part, on espérait que ces programmes apporteraient une<br />
14 ZeSo 1/<strong>18</strong> Dossier
Marché DU travial<br />
ciale et à d'autres groupes de personnes qui n'ont pas de chances de<br />
trouver un emploi dans le premier marché du tra-vail une possibilité<br />
de participer à la vie active ou de retrouver leur employabilité».<br />
Les dispositions étatiques pour le deuxième marché du travail<br />
dans le domaine de l'aide so-ciale en matière de financement, de<br />
rémunération, de conditions de travail, de formation continue<br />
ou de surveillance par la collectivité publique sont pratiquement<br />
inexistantes. Ceci est étonnant puisque ce deuxième marché du<br />
travail est subventionné par les pouvoirs pu-blics. Il ne peut mettre<br />
à disposition des offres d'intégration que grâce aux allocations des<br />
cantons et des communes.<br />
Les quelques 400 entreprises sociales suisses emploient 50 000 personnes. <br />
Photos: Palma Fiacco<br />
stabilisation individuelle et sociale aux personnes dans le besoin.<br />
Dès lors, des activités dans le monde du travail devaient assurer,<br />
ou du moins favoriser, l'insertion professionnelle et l'intégration<br />
sociale. C'est dans ce contexte qu'un deuxième marché du travail<br />
s'est développé dans l'aide sociale. Celui-ci est marqué par de nombreuses<br />
entre-prises sociales réparties dans toute la Suisse, dont la<br />
moitié environ est active dans le sec-teur industriel et la moitié<br />
dans le secteur des services.<br />
Un deuxième marché du travail non réglementé<br />
Aussi importantes que les entreprises sociales soient aujourd'hui<br />
pour le travail d'intégration des services sociaux, aussi vagues sont<br />
les bases conceptuelles, économiques et juridiques du deuxième<br />
marché du travail. Alors que les institutions de réinsertion de l'AI<br />
et les mesures relatives au marché de l'assurance-chômage sont régies<br />
par des dispositions de droit fédéral, les entreprises sociales<br />
dans l'aide sociale opèrent dans un espace très peu régle-menté.<br />
Le fonctionnement du deuxième marché du travail et la définition<br />
d'une entreprise sociale ne sont que très peu fixés par des<br />
normes étatiques, mais déterminés avant tout par l'auto-perception<br />
des entreprises et de leurs associations professionnelles. A cet<br />
égard, la défini-tion du Fachverband unternehmerisch geführter<br />
Sozialfirmen (F.U.G.S) relative au deuxième marché du travail est<br />
exemplaire: «Le deuxième marché du travail offre aux chômeurs de<br />
longue durée, aux chômeurs en fin de droit qui vivent de l'aide so-<br />
Toute activité est convenable<br />
En revanche, ce qui est réglementé, du moins dans les grandes<br />
lignes, ce sont les conditions dans lesquelles une personne soutenue<br />
peut être obligée à participer à un programme d'intégration.<br />
Ainsi, la loi sur l'aide sociale du Canton de Berne stipule que les personnes<br />
soutenues sont tenues «d'accepter un travail convenable ou<br />
de participer à une mesure d'insertion appropriée». Est considéré<br />
comme convenable tout travail «adapté à l'âge, à l'état de santé, à la<br />
situation personnelle et aux aptitudes de la personne dans le besoin».<br />
Malgré cette réglementation axée sur la situation de vie et les<br />
ressources de la personne soutenues, dans la pratique, quasiment<br />
n'importe quel travail ou occupation est considéré comme convenable.<br />
La jurisprudence du Tribunal fédéral admet aujourd'hui que<br />
même les personnes bénéficiant d'une formation qualifiée peuvent<br />
être obligées à des travaux les plus simples. D'après la jurisprudence<br />
du Tribunal fédéral, une sous-exploitation est admissible, contrairement<br />
à une surexploitation. En revanche, le placement dans un<br />
programme d'inser-tion est exclu en cas de problèmes de santé.<br />
Fonds publics indispensables<br />
La Suisse ne connaît pas de définition généralement reconnue du<br />
terme d'entreprise sociale. Les différentes descriptions du terme<br />
ont cependant en commun qu'elles considèrent les entreprises sociales<br />
comme des entreprises ayant un objectif à la fois social et éco- <br />
Dossier 1/<strong>18</strong> ZeSo<br />
15<br />
nomique. Leur but principal est de créer des emplois et des offres<br />
d'insertion pour des personnes dé-favorisées sur le marché du travail<br />
régulier. D'autres critères clairs définissant une entreprise sociale<br />
n'existent pratiquement pas. Ainsi, on note de grandes différences<br />
en ce qui concerne les groupes cible de l'institution, le degré<br />
d'autonomie financière, le montant des allocations publiques, la<br />
durée des activités ou la forme organisationnelle.<br />
Le modèle commercial suivant est largement répandu: une<br />
commune achète à une entre-prise sociale une place d'insertion<br />
pour un bénéficiaire de l'aide sociale au chômage de longue durée.<br />
Elle paie approximativement le montant qui correspond aux prestations<br />
so-ciales octroyées jusque-là. L'entreprise sociale conclut un<br />
contrat de travail avec le bénéfi-ciaire de l'aide sociale et elle paie<br />
le montant versé par la commune désormais sous forme de salaire,<br />
alors qu'en même temps, l'aide sociale et supprimée ou réduite<br />
de la somme salariale. Grâce à cette approche pour les personnes<br />
prises en charge, l'entreprise sociale n'a pratiquement pas de dépenses<br />
salariales, elle ne doit réaliser que les salaires des personnes<br />
d'encadrement et l'infrastructure de l'entreprise. A cet effet, elle<br />
exécute des mandats de l'industrie ou fournit des services.<br />
Dumping salarial et distorsions de concurrence?<br />
Pour faire rentrer des mandats, l'entreprise sociale doit souvent travailler<br />
à des prix infé-rieurs à ceux de la concurrence à orientation<br />
commerciale. Cela permet de créer des places d'insertion et d'empêcher<br />
la délocalisation de certains travaux à l'étranger. D’un autre<br />
côté, il y a le risque de distorsions de concurrence par une «maind'œuvre<br />
bon marché subven-tionnée par l'Etat», comme le critique<br />
le sociologue st-gallois Peter Schallberger. En effet, les salaires versés<br />
par les entreprises sociales sont nettement inférieurs au niveau<br />
habituel ailleurs: seuls 4% des entreprises, dans le deuxième marché<br />
du travail, versent des salaires habituels dans la branche – à<br />
condition qu'elle paie des salaires. Dans de nombreux cas, les bénéficiaires<br />
de l'aide sociale qui participent à un programme d'insertion<br />
continuent à per-cevoir les prestations sociales antérieures<br />
plus un supplément d'intégration. Du point de vue de la personne<br />
soutenue, le travail n’est payé que dans une mesure limitée, entraînant<br />
une rémunération financière qui n'est que légèrement supérieure<br />
aux prestations de l'aide so-ciale. Le fait que le travail au sein<br />
d'une entreprise sociale ne soit la plupart du temps pas volontaire,<br />
mais ordonné par les services sociaux, est source de critiques supplémentaires<br />
à l'égard du modèle des entreprises sociales.<br />
Avoir une structure quotidienne, se connecter au marché du travail.<br />
Nombreuses questions ouvertes<br />
Pour les personnes à employabilité réduite, les missions dans le<br />
deuxième marché du travail sont souvent la seule chance de renouer<br />
avec le monde du travail ou d'obtenir une structure journalière.<br />
En revanche, on ne sait que peu de choses sur le succès d'insertion<br />
du deuxième marché du travail dans son ensemble. Des<br />
analyses et statistiques nationales ne sont pas disponibles concernant<br />
des placements réussis et durables dans le premier marché du<br />
tra-vail. De même, il n'existe pas de statistiques faisant ressortir si<br />
le nombre d'entreprises so-ciales et leur chiffre d'affaires continuent<br />
à augmenter ou si, suite à l'augmentation de la rationalisation<br />
et de la numérisation de l'économie, ces entreprises subissent<br />
elles-mêmes une pression économique croissante.<br />
En raison de la grande importance du deuxième marché du<br />
travail pour l'insertion profes-sionnelle et l'intégration sociale, importance<br />
qui risque d'augmenter encore en raison des évolutions<br />
dans le domaine de l'asile, la réglementation faible des entreprises<br />
sociales se révèle être de plus en plus un problème. De nombreuses<br />
questions fondamentales et de droits fondamentaux sont encore<br />
sans réponse et elles devraient être réglées par la législa-tion. C'est<br />
également et tout particulièrement du fait que les entreprises sociales<br />
sont finan-cées par des fonds publics et que le deuxième<br />
marché du travail ne fait justement pas partie de l'économie libre<br />
que des conditions cadre définies par l'Etat en matière d'entreprises<br />
sociales sont de plus en plus indiquées. <br />
•<br />
Felix Wolffers<br />
Coprésident de la CSIAS<br />
16 ZeSo 1/<strong>18</strong> Dossier
Faibles marges de manœuvre face<br />
à des clients endettés<br />
ARTICLE SPÉCIALISÉ Les centres de conseil en matière de dettes sont spécialisés dans le<br />
désendettement des personnes présentant un revenu fiable. Cependant, les offres destinées aux<br />
chômeurs et personnes en fin de droit font défaut. Lancé à Vienne, le compte géré constitue une<br />
solution potentielle.<br />
En Suisse, la population présente le taux<br />
d’endettement le plus élevé d’Europe.<br />
Alors que l’endettement lié à la propriété<br />
immobilière comporte généralement peu<br />
de risques, le surendettement des ménages<br />
à faible revenu pose des problèmes considérables.<br />
Les dettes fiscales, arriérés de<br />
loyer, de primes d'assurance-maladie, de<br />
frais de télécommunication et de charges<br />
locatives sont monnaie courante chez les<br />
personnes à faible revenu, comme le<br />
montre clairement le rapport SILC 2013<br />
(Statistics on Income and Living Conditions).<br />
Parmi les groupes de population vivant<br />
le plus souvent dans un ménage avec<br />
au moins trois types de dettes figurent en<br />
effet, selon le rapport, les personnes en situation<br />
de privation de biens matériels<br />
(36,4%) et les chômeurs (16,8%).<br />
Les bénéficiaires de l'aide sociale surendettés<br />
représentent un défi majeur pour les<br />
services sociaux, surtout au vu de l'absence<br />
de possibilités d’assainissement. Le cadre<br />
juridique actuel n'offre aucune possibilité<br />
de désendettement pour les personnes<br />
fortement endettées. L'aide sociale vise<br />
donc la stabilisation de la situation des<br />
personnes concernées et mise sur leur aptitude<br />
à vivre avec les dettes. Cette approche<br />
n’est pas satisfaisante et principalement<br />
conditionnée par le cadre légal dans lequel<br />
les services sociaux doivent évoluer. Au niveau<br />
national, d'autres possibilités d'action<br />
urgentes s’imposent quant à la gestion des<br />
bénéficiaires surendettés par l’aide sociale.<br />
Une procédure de libération des dettes<br />
ouvertes permettrait l’exécution judiciaire<br />
d’un plan d’assainissement, même sans<br />
le consentement des créanciers. Avec l’introduction<br />
d’une telle procédure, l’aide<br />
sociale pourrait accomplir ses tâches prioritaires,<br />
même dans les cas de surendettement.<br />
Un projet adéquat est en préparation<br />
auprès de l’Administration fédérale.<br />
Il serait également judicieux d’assurer une<br />
meilleure coordination du système fiscal et<br />
du droit des poursuites avec l’aide sociale.<br />
Elle pourrait contribuer à la réduction du<br />
nombre de personnes tombant dans la spi-<br />
rale de l’endettement et veiller à ce que davantage<br />
d’individus puissent s’extraire de<br />
cette spirale. Les personnes faisant l’objet<br />
de saisies sur salaire sont souvent confrontées<br />
à de nouvelles dettes fiscales, puisque<br />
Compte géré – un instrument<br />
efficace contre l'endettement<br />
Depuis un certain temps, les banques poussent sans cesse<br />
leurs clients à utiliser l'e-banking. Pour certaines personnes, un<br />
réel avantage, pour d’autres, un désavantage. Avec le «compte<br />
géré» et l’application «kontoservice», la ville de Vienne tente<br />
de rendre les progrès de la numérisation accessibles aux<br />
personnes ayant des difficultés à respecter les priorités de<br />
paiement.<br />
A ce jour, l’accompagnement financier indiqué<br />
pour certains cas a souvent échoué<br />
en raison des trois facteurs suivants :<br />
• L’aide à la gestion financière implique<br />
en général un contrôle global et constitue<br />
donc une ingérence massive dans<br />
les droits de la personnalité des individus<br />
concernés.<br />
• A ce jour, la gestion financière requérait<br />
un investissement personnel considérable<br />
qui, souvent, ne pouvait être<br />
fourni ni par les personnes concernées<br />
ni par le domaine social.<br />
• Toute personne ayant fourni une aide<br />
en matière de gestion financière a<br />
également pu constater qu’outre une<br />
documentation complète, l’activité<br />
comportait un degré de responsabilité<br />
élevé en cas d’erreur.<br />
Celle ou celui qui n’est pas apte à gérer de<br />
l’argent et néglige des paiements importants<br />
(p.ex. loyer) s’est donc longtemps vu<br />
dispenser de précieux conseils qui, par expérience,<br />
n’ont toutefois pas produit l’effet<br />
escompté. Après 20 années de conseil en<br />
matière de dettes et l’expérience de quelque<br />
150 000 clients d’horizons variés, le développement<br />
du «compte géré» et de l’application<br />
informatique «kontoservice» a été<br />
initié il y a 10 ans. Entre-temps bien implanté<br />
à Vienne, le service est surtout utilisé<br />
pour garantir l’accès à des programmes<br />
de logement aux anciens sans-abri.<br />
28 ZeSo 1/<strong>18</strong>
les impôts ne sont pas pris en compte dans<br />
le calcul des besoins du minimum vital en<br />
matière de droit des poursuites. Une exonération<br />
fiscale du minimum vital pourrait<br />
désamorcer ce problème. Dans la pratique,<br />
il arrive par ailleurs que les bénéficiaires<br />
de l’aide sociale présentent un revenu saisissable<br />
selon le droit des poursuites. Dans<br />
ces cas, l’effet incitatif des franchises sur<br />
le revenu et suppléments d’intégration est<br />
compromis par la saisie sur salaire engagée.<br />
Normes CSIAS relatives à la gestion<br />
des dettes<br />
• Par principe, les dettes ne sont pas<br />
prises en compte dans le calcul du budget.<br />
L’aide sociale s’oriente au principe<br />
de la couverture des besoins et fournit<br />
des prestations liées à la situation de détresse<br />
individuelle, concrète et effective.<br />
Elle n’octroie pas de prestations rétroactives<br />
(A.4).<br />
• Les normes stipulent explicitement que<br />
ni les impôts courants ni les arriérés d‘impôts<br />
ne sont pris en charge (C.1.5). En<br />
outre, les éventuelles dettes alimentaires<br />
(F.3.1) ne sont pas prises en compte, car<br />
elles ne sont pas destinées à l’entretien<br />
propre, ni à celui du ménage. Exceptionnellement,<br />
l’aide sociale prend en charge<br />
les dettes lorsque cette démarche permet<br />
d’éviter une situation de détresse imminente<br />
(par exemple arriérés de loyer).<br />
• S’il existe une base légale cantonale,<br />
les prestations d’aide sociale perçues<br />
légalement doivent être remboursées<br />
pendant la période de perception et<br />
après la sortie de l’aide sociale (E.3).<br />
Dans ces cas, le service d’aide sociale<br />
compétent endosse le rôle de créancier<br />
et les prestations d’aide sociale perçues<br />
deviennent des dettes. La CSIAS<br />
recommande d’appliquer des limites<br />
de revenu généreuses et de restreindre<br />
la durée des remboursements afin de ne<br />
pas compromettre la réussite d’une sortie<br />
de l’aide sociale.<br />
• Quant au conseil social, l’aide sociale<br />
devrait financer les prestations des<br />
centres de conseil en matière de dettes<br />
pour les cas requérant une expertise<br />
spécifique et évoluant en dehors du domaine<br />
de compétences des travailleurs<br />
sociaux (H.5).<br />
•<br />
Ingrid Hess<br />
Eléments du compte géré<br />
• L’élément central du compte géré est<br />
l’application informatique «kontoservice»,<br />
développée par la société<br />
«Schuldnerberatung Wien»<br />
• Une banque partenaire met son infrastructure<br />
de comptes à disposition, à un<br />
prix avantageux<br />
• Les aidants sont informés en cas d‘irrégularités<br />
Pour chaque client, la banque met à<br />
disposition deux comptes séparés pour<br />
les revenus et les dépenses. Le conseil en<br />
matière de dettes dispose uniquement<br />
du droit de signature pour le compte des<br />
revenus. Il peut donc demander des informations<br />
à la banque et organiser des virements.<br />
Contractuellement, le client s'engage<br />
à faire verser ses gains sur le compte<br />
des revenus, sans pour autant accéder<br />
à ce compte. Le conseil en matière de<br />
dettes s'engage à régler le loyer et les frais<br />
de consommation d’énergie à partir du<br />
compte des revenus et à virer le solde immédiatement<br />
sur le compte des dépenses.<br />
Le contrat définit par ailleurs les personnes<br />
à informer en cas d’irrégularités,<br />
p.ex. en l’absence de rentrée de fonds sur<br />
le compte des revenus entraînant le potentiel<br />
non-paiement du loyer.<br />
Plusieurs fois par jour, le programme<br />
contrôle les mouvements (entrées) sur<br />
tous les comptes des revenus. Pour ces<br />
entrées, il compare automatiquement les<br />
actions à réaliser et donne les ordres à la<br />
banque, bien entendu par voie électronique.<br />
En d’autres termes, la banque n'a<br />
pas d'ordre permanent, par ex. pour payer<br />
le loyer, puisque les ordres sont générés<br />
par «kontoservice». Cette démarche évite<br />
ainsi les éventuels frais d'annulation auprès<br />
de la banque. Chaque ordre de virement<br />
exécuté est automatiquement communiqué<br />
par SMS: «Aujourd'hui, le loyer<br />
d’un montant de xxx a été viré». Les transactions,<br />
modifications et échanges de<br />
correspondance sont automatiquement<br />
enregistrés, en excluant toute possibilité<br />
de falsification.<br />
En cas d’irrégularités – par ex. en l’absence<br />
d’un virement du service social parce<br />
que le client a manqué le délai d'annonce<br />
– «l’aidant» est automatiquement informé<br />
par courriel ou SMS. Il peut alors réfléchir<br />
aux démarches à entreprendre pour éviter<br />
la plus grande des catastrophes: la perte du<br />
logement.<br />
Maintien de l'autonomie financière<br />
En revanche, seul le client a accès au<br />
compte des dépenses. Il (ou elle) seul peut<br />
en disposer. Ce faisant, l'autonomie financière<br />
du client devrait en grande partie<br />
être préservée. Les expériences actuelles<br />
liées au compte géré sont très positives.<br />
Les clients ne cessent de réitérer qu'ils se<br />
sentent très soulagés de savoir que le montant<br />
sur le compte des dépenses est réellement<br />
disponible et que le paiement de leur<br />
loyer est assuré, malgré p.ex. une maladie<br />
mentale ou un problème d’addiction.<br />
Pour le compte géré, il est sans importance<br />
de savoir si le client a des dettes ou<br />
non. Cependant, certaines personnes ont<br />
réussi à assainir leurs dettes grâce à la<br />
mise en ordre des finances inhérente au<br />
compte géré. Il existe déjà une «spin-off»<br />
du compte géré: l'application d’assistance<br />
destinée aux professions de soins/de prise<br />
en charge. Elle permet aux professionnels<br />
des soins d’effectuer p.ex. de petites transactions<br />
financières, bien documentées,<br />
pour les personnes alitées.<br />
En raison du succès du compte géré,<br />
les réflexions ont été poursuivies: en cas de<br />
perte de l’aptitude à gérer ses biens (p.ex.<br />
en raison d’une pathologie démentielle),<br />
le compte géré peut contribuer à garantir<br />
le minimum d’existence aussi longtemps<br />
que possible et retarder l’interdiction. La<br />
nouvelle «loi sur la protection de l’adulte»,<br />
qui entre en vigueur en milieu d’année<br />
en Autriche, cite donc expressément le<br />
compte géré comme mesure concrète. •<br />
Alexander Maly<br />
Directeur Schuldnerberatung Wien<br />
1/<strong>18</strong> ZeSo<br />
29
Claire Aeschimann est depuis longtemps à la retraite, mais elle fait du bénévolat pour les personnes en situation précaire. Photo: Guy Perrenoud<br />
Dentiste pour tous<br />
PORTRAIT Madame Claire Aeschimann, dentiste-traitante réduit ses tarifs pour les patients démunis<br />
au centre de soins «Point d’Eau» à Lausanne. Pour cette octogénaire, l’altruisme et l’entre-aide sont<br />
des attitudes qui vont de soi.<br />
Dans le brouhaha caractéristique des lieux<br />
communautaires, une porte s’ouvre. Silhouette<br />
furtive en blouse blanche, Claire<br />
Aeschimann sort du cabinet pour aider son<br />
patient à prendre un prochain rendez-vous.<br />
Ensuite, c’est à mon tour. Depuis ce matin,<br />
cette dentiste à la retraite n’a pas arrêté de<br />
travailler et n’a pas encore mangé, alors<br />
qu’il est treize heures. L’octogénaire se<br />
prête au jeu de l’entretien avec bonne humeur,<br />
dans le style direct qui est le sien.<br />
Nous sommes à Point d’Eau, un centre<br />
de soins fréquenté par des personnes sans<br />
domicile ou mal logées, démunies, la plupart<br />
du temps sans travail. Ici, on peut se<br />
doucher, laver son linge, recevoir des soins<br />
médicaux ou infirmiers - et depuis près de<br />
20 ans aussi les soins dentaires, instaurés<br />
par Claire Aeschimann. Prix de la consultation<br />
avec un dentiste: 40 CHF Détartrage<br />
par l’hygiéniste: 20 CHF Si l’on compare<br />
ces tarifs avec ceux pratiqués «en ville», on<br />
comprend que le carnet de rendez-vous<br />
déborde ! Au cours des années, d’autres<br />
praticiens sont venus se joindre à l’aventure.<br />
Le cabinet est maintenant tenu, en<br />
rotation, par une quinzaine de dentistes<br />
bénévoles. Mais il faut soigner de plus en<br />
plus de gens : migrants, étudiants ou seniors<br />
autochtones au budget serré. «Nous<br />
avons besoin de jeunes médecins-dentistes<br />
prêts à prendre la relève !» s’exclame Claire<br />
Aeschimann. Elle-même a embrassé la profession<br />
en aidant son père, dentiste, qui<br />
avait des problèmes de santé. Aider, c’est le<br />
maître mot.<br />
Au moment de la retraite et de quitter<br />
son cabinet privé, Claire Aeschimann a<br />
décidé de s’engager pour la population de<br />
Point d’Eau en tant que bénévole. «Je suis<br />
très contente d’avoir fait cela. Et d’avoir le<br />
contact avec toutes ces personnes.» Deux<br />
matinées par semaine, six à sept patients<br />
par session… La plupart du temps, il faut<br />
intervenir pour des douleurs aiguës. Il<br />
«Ce sont des<br />
personnes en<br />
situation précaire.<br />
Certaines ont<br />
toujours négligé<br />
d’aller chez le<br />
dentiste.»<br />
s’agit principalement de traitements de<br />
racines suivis de leur reconstitution en<br />
composite. «Parfois, on ne sait pas comment<br />
reconstruire quelque chose. On fait<br />
de l’acrobatie ! Ce sont des personnes en<br />
situation précaire. Certaines ont toujours<br />
négligé d’aller chez le dentiste.»<br />
Pour cette protestante qui a travaillé<br />
en Afrique, l’altruisme et l’humanité<br />
sont des attitudes qui ne demandent pas<br />
d’explication. Au Congo et en Afrique du<br />
Sud, elle a organisé la formation et l’installation<br />
d’équipes de soins dentaires. Elle<br />
faisait alors partie du groupe d’entraide<br />
médicale au Département Missionnaire.<br />
Aujourd’hui, son implication continue<br />
par voie électronique et lors de visites<br />
annuelles. Avec ses petits haussements<br />
d’épaules comme pour dire, «mais oui,<br />
c’est normal…», Claire Aeschimann est un<br />
personnage attachant.<br />
Elle rit souvent, elle est en pleine forme.<br />
Peut-on lui demander la formule pour une<br />
telle énergie ? Toute sa vie, elle a gravi des<br />
montagnes. Au moment où nous publions,<br />
Claire Aeschimann sera peut-être en train<br />
de faire de la peau de phoque dans les Préalpes.<br />
Ou autre chose. Ce qui est certain,<br />
c’est qu’elle sera occupée. <br />
•<br />
Nicole Dana-Classen<br />
www.pointdeau-lausanne.ch<br />
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