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LA GAZETTE DE NICOLE 009

LA GAZETTE DE NICOLE ESTEROLLE N°9 AVEC : ADRIAN COX, SILVIO CADELO, DAMIAN MICHAELS,,FRANCK LUNDANGUI, FRITZ BORNSTRUCK, JIM NUTT, MARC JALLARD, MARGAUX SALMI, ODDNER DRUM, MARIE-CHRISTINE JALADON, SOPHIE HERNIOU, TOUIS.

LA GAZETTE DE NICOLE ESTEROLLE N°9 AVEC : ADRIAN COX, SILVIO CADELO, DAMIAN MICHAELS,,FRANCK LUNDANGUI, FRITZ BORNSTRUCK, JIM NUTT,
MARC JALLARD, MARGAUX SALMI, ODDNER DRUM, MARIE-CHRISTINE JALADON, SOPHIE HERNIOU, TOUIS.

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Vivons caché<br />

Né en 1944 en Suède, où sa mère avait<br />

fui l’Allemagne nazie, il a étudié l’art dans<br />

les académies de Stockholm et d’Oslo,<br />

puis aux Beaux-arts de Düsseldorf,<br />

auprès de Josef Beuys qui n’a pas su<br />

le détourner de son envie de peindre<br />

des sujets inquiétants, oniriques et<br />

existentiels, à la manière des maîtres<br />

anciens. Célèbre en Europe du Nord et<br />

de l’Est, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis<br />

(où ses toiles valent plus de 200 000 $ en<br />

ventes publiques) Nerdum vit solitaire, en<br />

Islande, en Norvège et depuis trois ans en<br />

France, à Maisons-Laffitte, où il a acquis<br />

une étrange demeure néoclassique, dans<br />

un pays où il demeure parfaitement<br />

inconnu.<br />

C’est là que nous l’avons rencontré, grâce<br />

à la complicité de l’un de nos lecteurs,<br />

le peintre Jérôme Delépine. Si l’artiste<br />

a refusé – comme toujours - d’être<br />

photographié de face, il nous a parlé. Fait<br />

exceptionnel, car il a rompu tout lien avec<br />

la presse depuis plus de vingt ans, tant il<br />

était déçu par les articles, lui reprochant<br />

de ne pas être moderne.<br />

L’important est de préserver, au<br />

cœur du monde qui est ce qu’il est,<br />

sa propre liberté, sur une petite île<br />

que personne ne peut perturber. Mes<br />

peintres préférés sont Jean-François<br />

Millet et Eugène Carrière, parce qu’ils<br />

représentent la chose importante : la<br />

famille, cultivant son petit jardin. L’intimité.<br />

C’est ça, mon idéal. Je peins des soldats,<br />

mais je peins aussi ma femme, mes<br />

enfants, et parfois l’un de mes élèves,<br />

auquel je trouve une étrangeté<br />

particulière. Plutôt que mes cauchemars,<br />

c’est cela que j’aimerais peindre, de<br />

manière universelle, intemporelle et<br />

anonyme, comme l’ont fait Leonard de<br />

Vinci et Rembrandt. Peindre comme<br />

eux, encore et encore, des êtres qui<br />

pourraient tout aussi bien être des<br />

empereurs grecs que des moines<br />

asiatiques, jusqu’à la mort... Je n’aime pas<br />

les pays, je n’aime pas les drapeaux.<br />

Quand j’étais à l’Académie, le Pop-Art était<br />

à la mode. J’écrivais des vers, voulais<br />

suivre mes désirs. Mon père m’a mis<br />

en garde : attention, si tu veux aller au<br />

Paradis, il faut suivre la mode. C’est le<br />

seul moyen d’atteindre le succès. C’est<br />

vrai que lorsqu’on est médiocre, on a<br />

beaucoup d’amis. J’ai compris qu’il existait<br />

deux mondes. Et qu’à cette époque,<br />

revendiquer l’héritage gréco-romain, la<br />

beauté, était jugé démoniaque. Il fallait<br />

liquider les vieilles choses. C’était<br />

politique, pas spirituel. Moi, le diable est<br />

mon meilleur ami. Choisir la liberté, la<br />

fantaisie, échapper au consensus, c’est<br />

effectivement dangereux. Il faut être<br />

inconscient, ou masochiste.<br />

Naître artiste, talentueux, en réalité,<br />

c’est catastrophique. Les critiques<br />

m’ont assassiné lorsqu’ils ont vu mes<br />

premières toiles. Ils pensaient qu’ils<br />

allaient voir des femmes, superficielles,<br />

comme celles que peignaient Warhol, et<br />

je leur montrai la condition humaine. J’ai<br />

vraiment été persécuté. J’ai fait beaucoup<br />

d’expositions mais j’ai rencontré beaucoup<br />

de gens me disant qu’elles n’étaient ni<br />

bonnes, ni correctes, kitsch tout au plus.<br />

C’était du racisme. La plupart des<br />

historiens d’art ne valent pas mieux que<br />

certains soldats américains.<br />

Ce sont des tueurs. Programmés. En<br />

revanche, dès l’âge de dix-neuf ans, j’ai<br />

commencé à avoir des élèves.

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