L'Arbre n°16

44
L’ARBRE Interview réalisé par Irina Jibert-Iberklajd (traduit de l'espagnol par Marie-Laurence De Rocher)
45
Antonio Mora, photographe
Alberto Mora est passé de directeur artistique à une création artistique purement
personnelle après le récent buzz que ses photos à caractère onirique et poétique
ont connu sur les blogs et réseaux sociaux d’art.
Pouvez-vous nous dire quelle est votre principale source d’inspiration
dans la composition de ces portraits fondus dans des paysages naturels
absolument majestueux ?
J’aime dire que ce qui m’inspire ce sont les images, je suis un dévoreur compulsif
d’images, de portraits, de paysages, d’immeubles, de labyrinthes, de
montagnes… Je m’y plonge. J’aime croire que ce sont elles qui cherchent leur
moitié, celles qui ont besoin de mon intuition pour s’unir et générer une image
différente.
Comment la nature vous inspire-t-elle ?
Je me considère panthéiste à la manière des anciennes religions, je crois qu’il
y’a une âme dans les fleuves, dans les arbres et dans les montagnes. Tout est
animé par un esprit ancestral et éternel. Cette éternité me fait voir la fugacité
des êtres humains, à quel point nous sommes petits et insignifiants face à la
mer et au vent. Je suppose que c’est la raison pour laquelle j’utilise autant la
nature dans mes portraits, pour tenter de participer à cette grandeur qui nous
a été niée par notre propre nature.
Baroque
Page de droite : Haute coiffure
Comment faites vous la connexion entre notre monde humain, le monde
animal, le monde végétal et le monde minéral ?
Nous faisons tous partie d’une grande intelligence universelle, de la plus petite
pierre jusqu’au grand océan majestueux. Notre propre intelligence agit comme
un bouclier, comme une coquille qui nous empêche de voir et de nous intégrer
à cette source à laquelle nous appartenons et de laquelle nous nous éloignons
en croyant que nous la possédons. C’est seulement au cours du rêve que nous
pouvons entrevoir très brièvement notre vraie condition.
Quel pont essayez vous de construire entre ces monde à travers votre art ?
Précisément attraper ces instants fugaces dans lesquels nous pouvons faire partie
du divin. Telle une plongée dans les rêves, juxtaposant l’immensité de la nature
à nos visages, nous dessinant comme des êtres mythologiques, hybrides entre
falaises et montagnes et des êtres humains, nous unissant avec la mer comme
si nous étions Scylla ou Polyphème.
Quelle est la place de l’esthétique dans votre art ?
J’aime générer des images visuellement attractives qui puissent capter le spectateur,
lui faire sentir des sensations de déjà vu, qu’il se rappelle ce qu’il a oublié
qu’il est. Des êtres métissés à la nature.
Pouvez vous nous écrire un petit poème ?
Voici un poème que j’ai écrit il y’a quelques années.